17/03/2014
Louis Roy, du nouveau...
Grâce à mon camarade de la Patience, le broc' Lalane, je suis re-tombé sur une peinture de Louis Roy, dont un marchand m'avait également parlé suite à ma précédente note (du 12 août 2008) sur ce peintre classé parmi les Naïfs par Anatole Jakovsky.
Louis Roy, sans titre, sans date, 45x55 cm ; en comparaison de cette photo, le coloris des champs est plus jaune, presque fluo, dans la réalité
Comme dans le premier cas qui représentait une scène d'accident de la route entre un corbillard tiré par des chevaux et une voiture automobile début de siècle, le tableau ci-dessus se veut cocasse et malicieux, avec le même graphisme enfantin concernant les personnages animant la composition. Il s'agit visiblement d'une promenade équestre à travers la campagne, les personnages ne pouvant être dessinés autrement que de profil et très sommairement, ce qui personnellement me charme par-dessus tout. Un cavalier sur la gauche, son cheval remontant le talus qui longe la rivière que lui et l'homme viennent de traverser avec difficulté semble-t-il, paraît avoir bien du mal à se remettre droit sur sa selle. En arrière, sur la gauche du tableau, un gendarme gourmande deux garnements juchés sur un arbre. Un groupe, peut-être une famille, contemple la scène à l'horizon, les proportions de ces quatre personnes n'étant que très désinvoltement prises en compte par rapport à la perspective. En même temps, malgré la simplicité du trait, Roy parvient à restituer le mouvement des chevaux repartant au galop au premier plan. Dans l'ensemble, cette peinture correspond exactement à ce qu'écrivait Jakovsky dans son Dictionnaire des Peintres Naïfs du monde entier (Basilius presse, 1976): "verve primesautière jointe à un coloris très gai"...
Suite à ma note précédente, j'avais également reçu une réaction venue des descendants de Louis Roy, toujours installés comme lui dans la région de La Rochelle (lui vivait dans le quartier populaire de La Palice, ce même quartier où passant un jour par là je photographiai une barrière ornée de cerfs semi naïfs ; cela aurait été marrant si l'endroit se serait révélé être finalement sa maison... Voir ci-contre photo de 2008 avec une maison couverte de rondins en arrière-plan). Ils ont eu la gentillesse de m'adresser deux photos de famille dont une ci-dessous représente Louis Roy dans sa chambre au milieu de ses tableaux (dont les deux que j'ai reproduits sur ce blog), et une photo d'une troisième peinture, conservée dans la famille.
Louis-François Roy assis au milieu de ses tableaux, la scène du corbillard étant accrochée à l'extrême-gauche et la scène équestre derrière lui à droite ; années 50? Ph. archives famille de Louis Roy
Autre tableau de Louis Roy, scène maritime apparemment, archives de la famille de Louis Roy ; on note le peu de couleur du tableau (à moins que cela ne soit en rapport avec la qualité de la photo envoyée), et l'aspect fort étrange des vagues de la mer qui paraît ne disposer que de trois vagues, la forme énigmatique à l'avant du bateau, figure de proue comme celle d'un drakkar viking? Ou animal fantastique marin surgissant devant le bateau?
04:26 Publié dans Art immédiat, Art naïf | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : louis-françois roy, la rochelle, la palice, art naïf, anatole jakovsky, dictionnaire des peintres naïfs du monde entier | Imprimer
Commentaires
J'ai l'impression que le monstre marin a brisé le bateau en deux. A mon sens , la proue vient vers nous alors que la partie arrière est vue de profil. A droite, sous la coque je crois distinguer un bout de la queue du monstre, ce qui placerait le monstre dans l'axe, comme un sabre tranchant un je ne sais quoi... Il y a aussi les gerbes d'eau à l'endroit ou je distingue la cassure, comme pour accentuer la violence du choc.
Écrit par : Darnish | 21/03/2014
Répondre à ce commentaireNous connaissions (et admirions) Pierre Roy. Voici maintenant Louis. Et bizarrement, des résonances discrètes, par delà les styles.
Écrit par : Régis Gayraud | 22/03/2014
Répondre à ce commentaireJe reviens sur ce tableau du bateau à voile. C'est étrange, je l'ai montré à plusieurs personnes, et nous avons tous des interprétations différentes. Pour ma part, je vois la proue du bateau plutôt à droite de la toile (donc tirant plutôt à bâbord par rapport à l'axe central du bateau), et le monstre marin côté poupe. D'autres excipent de la forme des voiles pour contester cette direction et ont sans doute raison. Pourtant, le vent a l'air dans l'autre sens...
Enfin, le décor. On dirait le navire pris dans un maelström, qui forme dans la mer comme un demi cylindre en creux au-dessus duquel il flotte un moment juste avant de devoir s'abattre. Bizarre cette houle...
Écrit par : Régis Gayraud | 24/03/2014
Répondre à ce commentaireLe vent dans ce tableau vient de la droite et file vers la gauche. On le voit avec les drapeaux en haut du mat. Je pense, Régis, que vous voyez le vent venir dans l'autre sens par l'observation de la houle. Mais la houle suit sa route quelque soit la direction du vent. Je veux dire qu'une fois que la houle est formée, elle ne change pas de direction et il lui arrive de rencontrer des vents contraires qui la lisse, la caresse à rebrousse-poil et l'ordonne en ce qu'on appelle des trains de houle. Ainsi il arrive assez souvent que sur nos cotes atlantiques on puisse observer avec délectation ces trains venir du large et se fracasser, déferler, sur le rivage alors que par ailleurs le vent vient de terre et que le soleil brille. Ce type de condition fait le bonheur des amateur de surf. Dans ce tableau, c'est assez bien représenté, en effet la houle est bien définie, comme une onde, ce que d'ailleurs elle est.
Écrit par : Darnish | 24/03/2014
Répondre à ce commentaireCe qui rend le tableau étrange et fait une grande part de son charme, c'est que Louis Roy a représenté la surface de la mer verticalement, comme le font les enfants qui ne se soucient pas de donner l'illusion de la perspective.
Écrit par : L'aigre de mots | 25/03/2014
Répondre à ce commentaireLa famille de monsieur Roy habitait à quelques mètres de chez moi. Il est décédé depuis plusieurs années. Il résidait au Gué d'Allère en Charente Maritime. Je possède un de ses tableaux gagné à une tombola, lors d'une fête du village. Sur ce tableau, on retrouve la même maison jaune et le même chat que sur la toile du corbillard ainsi que le curé. Ma toile représente "le parachutiste " tombé sur l'église de Sainte-Mère-l'Eglise en Normandie. On y voit aussi derrière l'église un curé qui montre son sexe à une petite femme ou fille, une 4L Renault, trois facteurs, un montreur d'ours ; tout simplement une place de village avec son bistrot. J'aime bien ce tableau.
Écrit par : Desnoyers | 23/10/2015
Répondre à ce commentaireÉcrire un commentaire