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27/11/2016

Claude, Clovis Prévost et les Bâtisseurs de l'imaginaire

     Claude (l'épouse et  l'écrivain) et Clovis (l'époux photographe et cinéaste) Prévost font reparaître les Bâtisseurs de l'Imaginaire qu'ils avaient publié aux éditions de l'Est en 1990. On sait – et si on ne le sait pas, on devrait le savoir! – que le couple travaille depuis une cinquantaine d'années sur le sujet des habitants autodidactes, créateurs bruts, naïfs ou singuliers d'environnements fantaisistes, mettant en jeu sculpture, bas-reliefs, mosaïque, peinture, sonorisation parfois, poésie naturelle détournée, architecture (plus rarement), accumulation, land art sauvage... Ils sont les auteurs de nombreux films sur le sujet, d'expositions multimédia, de livres, et font figure de ce fait de grands initiateurs historiques à l'art de l'immédiat, et à l'art total, terme qu'ils chérissent plus particulièrement, après les photographes Robert Doisneau ou Gilles Ehrmann qui les avaient précédés de quelques années et sont disparus aujourd'hui. Clovis Prévost est à mon avis un grand photographe qui plus est, doublé d'un cinéaste de documentaire de très grande qualité, au style particulier. Pour sa bio-biblio-filmographie, voir ici.

Claude et Clovis Prévost interviewés à la Halle St-Pierre par Olga Caldas

 

 Couv. (2) Bâtisseus C&C Prévost 150 .jpg    Outre le fait que les chapitres initiaux paraissent avoir été remodelés dans certains cas (je n'ai pas encore le livre, mais je m'en rends compte en voyant les pages filmées dans l'interview filmé ci-dessus), la réédition de leur ouvrage de 1990 (cette fois aux Editions Klincksieck  Les Belles Lettres) comporte des chapitres supplémentaires par rapport à la première édition. Quatre exactement. Chaque chapitre étant consacré à un seul "bâtisseur" à chaque fois (en l'occurrence dans la première édition: le Facteur Cheval, Chomo, Fernand Chatelain, l'abbé Fouré, Monsieur G. - Gaston Gastineau, de son vrai nom -, Marcel Landreau, Picassiette, Camille Vidal, Irial Vets, et Robert Garcet), les quatre créateurs qui ont été ajoutés dans cette nouvelle mouture sont : Robert Vasseur, Robert Tatin, Roger Rousseau et Guy Brunet. Personnellement, si je ne connais pas "l'œuvre" de Roger Rousseau (qui paraît dépouiller des sols du Lot pour restituer les amas rocheux désormais dénudés qu'ils contiennent, réalisant ainsi volontairement ou involontairement une sorte de "land art" sauvage), et si je ne sais donc pas si l'on a affaire  avec lui plutôt à un artiste qu'à un homme sans qualité particulière, je n'hésite pas à ranger en art singulier (art contemporain de marginaux) Robert Tatin et Chomo, qui, en dépit de leur originalité, restaient très "artistes" (faisant référence à des cultures artistiques modernes diverses). Claude et Clovis Prévost se refusent à faire le distingo entre art brut stricto sensu et artistes marginaux, ce n'est pas leur affaire. Leur message essentiel consiste à attirer notre attention sur le fait que, pour ces créateurs en plein air, l'espace fonctionne comme un discours.

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Gaston Gastineau (appelé "Monsieur G." par les Prévost) devant une de ses fresques qui donnait sur la rue à Nesles-la-Giberde, Seine-et-Marne, photo Clovis Prévost, 1974.

 

     Samedi 3 décembre, samedi prochain donc, à 15h (entrée libre), à l'auditorium de la Halle St-Pierre, Claude et Clovis viendront présenter leur livre et, par la même occasion, projetteront trois de leurs anciens films : Robert Tatin, les signes de l'homme (28min.), Le Facteur Cheval, "Où le songe devient la réalité" (13 ou 26 min. ? Car il existe deux versions), et Chomo, "le fou est au bout de la flèche" (28 min.). C'est un événement à ne pas manquer.

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Mme Isidore, devant la maison qu'avait couverte de mosaïque son mari, Raymond, surnommé Picassiette, ph. Clovis Prévost

     Et citons pour clore cette note ce passage final de la préface de Michel Thévoz (reprise d'un texte de 1978), dont la conclusion vient confirmer le titre que j'avais choisi pour mon propre ouvrage paru en 2011 (Eloge des jardins anarchiques) :

     " (...) les bâtisseurs dont il est question, Camille Vidal, Fernand Chatelain, Irial Vets, Marcel Landreau, Raymond Isidore (dit Picassiette), Monsieur G., le Facteur Cheval, Chomo, Robert Tatin et quelques autres, ont entrepris de transgresser les règlements et usages et d'affronter les ricanements de leur entourage, pour échafauder cette manière de philosophie personnelle et concrète où l'habiter, le sentir, le penser et le vivre trouvent une expression encyclopédique et monumentale. Bien que, en cette période de programmation urbanistique, le terme résonne péjorativement dans la bouche des architectes les plus éclairés — ou qui se croient tels — nous dirons que cette exposition constitue un éloge de l'anarchie architecturale."

Michel Thévoz, à propos de l'exposition "Les Bâtisseurs de l'Imaginaire" de Claude L. et Clovis Prévost, présentée fin 1978 début 1979 à la Collection de l'art brut de Lausanne.

 

26/03/2010

Exposition des Prévost, les Bâtisseurs de l'Imaginaire à Melun

 

     Les frères Prévost, Claude et Clovis... Quoi, le sciapode, que dites-vous là? Ce ne sont pas des frères, enfin, que ces Claude Lenfant (nom prédestinant?)-Prévost et Clovis Prévost, mari et femme, chercheurs associés depuis quelques décennies pour nous parler de, ou pour laisser parler plutôt, les dix même créateurs singuliers aux pas desquels ils se sont attachés depuis les années 70, les années des cultures alternatives (outsider en somme) dont ils sont imprégnés passablement  (surtout Claude?). Ils les ont exposés depuis cette époque dans de nombreux lieux, notamment à la mythique exposition des Singuliers de l'Art en 1978 au musée d'art moderne de la ville de Paris.

 

Mme Isidore devant la maison Picassiette, ph. Clovis Prévost, 1977.jpg
Mme Isidore, épouse de Raymond Isidore, surnommé "Picassiette" par les journaux, ph. Clovis Prévost (extrait du livre de Claude et Clovis Prévost sur Picassiette aux éditions du Chêne, 1977)

     Les dix: soit le facteur Cheval, l'abbé Fouré (qu'ils s'entêtent à orthographier Fouéré, respectant plus l'état-civil que le choix propre de l'abbé qui signait Fouré sur ses autographes), Picassiette (lotissement décoré d'une immense mosaïque de bouts d'assiettes à Chartres), Camille Vidal (statues en ciment à Agde), Marcel Landreau ("le caillouteux" de Mantes-la-Jolie), Irial Vets (l'homme qui se bricola une Chapelle Sixtine dans une chapelle qu'il avait rachetée pour son usage privé, à Broglie dans l'Eure), Robert Garcet et sa Tour de l'Apocalypse (Eben-Ezer en Belgique), Fernand Chatelain (avant ripolinage maquillé en restauration),Fernand Châtelain, ph. clovis Prévost, années 70.jpg le mirobolant Monsieur G. (Nesles-la-Gilberde, Seine-et-Marne). A ces neuf créateurs s'ajoute Chomo, présenté judicieusement par les Prévost, qui connaissent leurs gammes, comme un "artiste plasticien", ce qui le distingue des neuf précédents, moins "artistes", même s'ils sont tout autant des créateurs (et même infiniment plus originaux à mon humble avis que le Chomo). Ils vont présenter à Melun, à l'Espace Saint-Jean, à partir du 10 avril, une exposition multi-média (photographies et films) intitulée "Les Bâtisseurs de l'Imaginaire et hommage à Chomo", dont le tire entérine la différence qu'ils établissent entre les deux groupes (oui, on va dire que Chomo est un groupe à lui tout seul, même s'il vaudrait mieux parler d'un groupe de groupies...). L'expo se terminera le 10 juillet.

Monsieur G., photogramme du film de Clovis Prévost, 1977.jpg
Monsieur G. ou le sanctuaire des lasers, photogramme du film de Clovis Prévost, 1977 (merci à Frédérique Michaudet pour la capture)

     Le propos des deux chercheurs est de laisser parler les créateurs sans chercher à raconter leur histoire. Il n'y a en apparence aucune intervention des cinéastes durant le film, un effet de réel étant poursuivi tout du long, les créateurs parlant ou se taisant et apparemment laissés à eux-mêmes, comme on se figure qu'ils sont la plupart du temps en l'absence de tout spectateur, dans l'intimité de leur vie quotidienne de créateur oeuvrant avant tout pour soi-même.

Brochure-catalogue exposition des Bâtisseurs de l'Imaginaire par les Prévost, Chartres-Rennes-Lausanne, 1977-1979.jpg
Couverture de la brochure catalogue d'une des premières expos des Prévost en 1977 à Chartres, puis à Rennes, et ensuite à Lausanne en 1978-1979 (cette expo montrait aussi d'autres créateurs que les préférés des Prévost, comme Victor Grazzi ou Joseph Meyer)

       Voici en supplément quelques éléments biographiques et conceptuels prélevés dans le petit catalogue de la rétrospective qui fut consacré à Clovis Prévost par le musée national d'art moderne en 1993 au Centre Georges Pompidou:

        "Clovis Prévost est né le 5 novembre 1940 à Paris. Après des études d'architecture à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et de sémiologie des médias à l'Université de Paris VII, il dirigera à partir de 1969 le département Cinéma créé par Aimé Maeght. (...) Montrer "comment l'imaginaire se symbolise à travers certaines figures formelles, spatiales, comportementales" est le sens du regard porté par Claude et Clovis Prévost tout le long de leur recherche cinématographique sur l'art." 

 

Espace Saint-Jean, 26, place St-Jean, 77 Melun. Vernissage le samedi 10 avril à 18h. Cinq films au programme, Monsieur G. et le sanctuaire des lasers, Chomo: le fou est au bout de la flèche, Chomo le débarquement spirituel, La légende du silex: Robert Garcet, Le facteur Cheval: où le songe devient réalité. En outre, le samedi 29 mai, à 15h, Claude et Clovis Prévost assureront une visite guidée de l'exposition. 

15/04/2009

Claude, Clovis Prévost, Chomo, André Robillard...

Programme art à la marge, film des Prévost à l'Utopia à St-Ouen-l'Aumône, 24 avril 2009.jpg

      Oyez, oyez, oyez... Pour ceux qui aimeraient voir en vrai sur grand écran les films de Claude et Clovis Prévost sur Chomo et André Robillard (quelle actualité pour ce dernier...), il faudra aller le 24 avril au cinéma Utopia de St-Ouen-L'Aumône. Deux films sur Chomo (qui fera l'objet d'une exposition aux alentours de l'automne - à partir du 10 septembre exactement - à la Halle Saint-Pierre, l'avez-vous noté sur leur site?) et un sur André Robillard, dont j'ai déjà mis sur ce blog quelques images en ligne. Il paraît que le cinéma est tout proche de la gare. Cette programmation va de pair avec une exposition intitulée "L'Art à la Marge" où l'on retrouve Michel Nedjar, Francis Marshall et plusieurs créateurs venus apparemment d'Art en Marge et autres ateliers d'art pour personnes atteintes de divers handicaps et incapacités (la Pommeraie entre autres), mais aussi des artistes contemporains moins connus que les deux ci-dessus cités et sans rapport avec l'art brut apparemment...

2 films des Prévost à l'Utopia de St-Ouen-l'Aumône, 24 avril 2009.jpg