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Jean-Marie Massou traverse le mur des sons
Dans un commentaire récent, M. Olivier Brisson donne des nouvelles fraîches de Jean-Marie Massou toujours bon pied, bon œil, au fond des forêts du côté de Marminiac, dans le Lot. Apparemment, s'il ne va plus au fond des galeries qu'il creusa une bonne partie de sa vie (depuis les années 1980 à peu près), il se concentrerait désormais sur des enregistrements de ses complaintes sur magnétophones à cassettes. Et bien entendu, il ne dételle pas quant à la grande prémonition de son existence, qui consiste à prophétiser la fin du monde et par conséquent à tenter de convaincre le reste de l'humanité de cesser de procréer.
Olivier Brisson a rédigé à ce sujet un article ma foi excellent dans une revue appelée Revue et corrigée, n°106, où il conclut à l'existence d'une possible musique brute (je préfère dire "d'outre-normes") ; un enregistrement serait à l'étude, wait and see... :
23/05/2016 | Lien permanent | Commentaires (5)
Evocation et hommage à Jean-Marie Massou à la Halle Saint-Pierre le 4 décembre
Un livre sort sur Jean-Marie Massou (1950-2020), homme des bois, creuseur de galeries souterraines, chanteur de mélopées au fond de ses souterrains, prophète accessoirement (mais qui ne l'était pas dans les années 1970, 1980?) de la fin du monde et de l'urgence de ne plus faire d'enfants, interpelleur des media sur cette question (et particulièrment Mireille Mathieu, du moins à l'époque où je l'ai rencontré en 1987 ; on me dit que par la suite, il pensa plutôt à Brigitte Bardot et ses bébés phoques comme porte-paroles...), archéologue sauvage (ses trous, c'était parce qu'il était persuadé qu'il trouverait un nouveau Lascaux sous son bois), graveur de pictogrammes sur pierres parce qu'il ne trouvait pas de Lascaux justement, et qu'il avait entendu parler des signes gravés sur les rochers de la Vallée des Merveilles dans les Alpes du Sud... Et depuis quelque temps, depuis que des nouveaux amateurs du personnage se sont intéressés à lui, l'ont aidé, l'ont enregistré, ont reccueilli ses expérimentations graphiques diverses, Massou et devenu aussi un "artiste", selon cette terminologie que personnellement je continue à trouver confusionnelle (s'il était "artiste", tout le monde le serait, et à la fin des fins, le mot n'aurait plus le sens qu'il a aujourd'hui et deviendrait synonyme d'homme ; artiste, ce n'est pas qu'une pratique expressive, c'est aussi une raison sociale, une profession considérée comme un peu à part, de l'ordre d'une caste élitiste, ou maudite, selon les points de vue, dans tous les cas, à part...).
Des productions (collage, photos, pierre gravée, dessins) de Jen-Marie Massou exposées au cours d'une manifestation temporaire au LaM de Villeneuve-d'Ascq, ph. Bruno Montpied, 2018.
Or, je trouve que les œuvres qui nous sont présentées, en particulier dans le livre de la Belle Brute and co, des gravures, des croquis sur ses enveloppes de cassettes audio, des dessins assez sommaires, des collages sans grande originalité, ses chants eux-mêmes (peut-être le meilleur de sa production), ressemblant à des cantiques détournés, ces artefacts déplacent le sens à tirer de l'existence de Massou. Ce ne sont pas ces pauvres schémas aux limites de l'informe qui font l'intérêt de ce personnage, c'est plutôt la conduite de sa vie, l'amour de sa mère, au point d'être allé chercher son cadavre au cimetière après sa mort, parce qu'il ne pouvait accepter sa chute dans le néant, c'est sa croyance aux extra-terrestres chargés après l'apocalypse qui ne pouvait manquer d'arriver selon lui (avait-il tort sur ce point?) de créer un monde radieux pour les survivants, son amour pour les minéraux, ses fouilles à la poursuite d'un rêve de civilisation préhistorique inconnue...
Jean-Marie Massou et Gaston Mouly, filmés par Bruno Montpied, lors de notre rencontre à trois en 1987 ; on aperçoit la poulie et la corde qui permettaient à Massou de remonter divers objets ou masses du fonds du puits qu'il avait creusé à mains nues, situé à côté de lui, caché par l'angle de prise de vue ; photogramme extrait de Jean-Marie Massou, un archéolo,gue sauvage, film Super 8 inclus dans B. Montpied, Les Jardins de l'art immédiat, ensemble de seize petits films tournés entre 1982 et 1992, disponibles à la bibliothèque Dominique Bozo du LaM à Villeneuve-d'Ascq, ou dans la Documentation de la Collection de l'Art Brut à Lausanne.
Le livre sur Massou est édité par Knock outsider, la Belle Brute, et Art et Marges, et cela accompagne une expo toujours sur Massou dans ce même centre Art et Marges, à Bruxelles (elle se tient du 23 novembre 2022 jusqu'au 19 mars 2023).
Bon, à Paris, à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, il y a de plus un petit événement pour marquer cette expo et ce livre, avec une conférence de la directrice d'un atelier pour handicapés mentaux (la S grand atelier), Anne-Françoise Rouche, qui aime plaider pour une mixité (encore la confusion...) ou un "décloisonnement" entre l'art brut et l'art contemporain (si l'art brut fut jamais enfermé dans des cloisons, ce fut lorsque Dubuffet tenta de le révéler et qu'on le regarda faire du bout des lèvres, en s'en moquant ; c'est l'establishment qui érigea des cloisons, pas ceux qui défendirent l'art brut avec les pauvres moyens dont il disposait - j'en fais toujours partie). Ce "décloisonnement" colle bien avec les menées des marchands et des galeristes, désireux d'élargir leurs clientèles...
Ce dimanche 4 décembre, il y aura de surcroît, dit le programme, et c'est le plus intéressant, la projection du très bon documentaire d'Antoine Boutet, le Plein Pays (2015). Voir l'annonce plus haut dans cette note. C'est à partir de 15h30 jusqu'à 17h.
30/11/2022 | Lien permanent | Commentaires (9)
Des morts, toujours des morts...
Mort récemment, Jean-Marie Massou (1950-2020) à Marminiac, sans que je sache comment, si, par exemple, comme Molière, il a fini en scène, c'est-à-dire, en ce qui le concerne, en chantant ses cantiques personnels au fond de la terre (voir vidéo ci-dessous) creusée amoureusement toute sa vie, au départ, avec le prétexte d'une recherche de civilisation préhistorique. (En fait, si, on peut savoir comment il est mort: affaissé au pied de son lit, découvert par son ami – et protecteur - l'ancien maire de Marminiac, André Bargues). Voici, parmi d'autres souvenirs de M. Bargues évoqués sur le blog d'un certain Lenous, qui a utilisé sans vergogne un de mes photogrammes sans citer sa source, bonjour le sans gêne ; c'est la photo qui sert pour illustrer la vidéo ci-dessous justement), ces propos prêtés à Massou: "Il est grand temps d’arrêter de procréer, mieux vaut adopter. L’apocalypse est bientôt là. Nous sommes plusieurs milliards sur cette terre. Les enfants, c’est fini. Ils n’ont plus d’avenir. Plus de travail. L’ozone décortiqué, le soleil blanc qui commence, plus aucun avenir à attendre. Si vous voulez faire l’amour, embrassez-vous dans une glace ou alors prenez la photo d’une copine."
Jean-Marie Massou est parti explorer le royaume des ombres, photogramme du film d'Antoine Boutet, Le Plein Pays.
Jean-Marie Massou, photogramme Bruno Montpied, extrait du film Super 8 que je lui ai consacré en 1987 ; dans le document sonore, il chante un des "cantiques" de son invention.
Mort encore, tout récemment, José Leitao (1938-2020) que j'avais évoqué dans mon Gazouillis des éléphants, après l'avoir rencontré à Ailly-sur-Somme, grâce à l'ami Laurent Jacquy. Que vont devenir ses sirènes, ses mains de Fatma, ses pions de jeux d'échec? D'ores et déjà, comme Laurent me l'a signalé, on pourra disposer un jour, au moins, de l'ensemble de ses oeuvres photographiées par Jacquy (si ce dernier songe à les léguer à quelque documentation de musée), à défaut de la sauvegarde de son œuvre, qu'il ne vendait pas.
José Leitao (à droite) expliquant en 2011 sa technique à Laurent Jacquy, ph. Bruno Montpied.
José Leitao, une de ses nombreuses sirènes, ph. Laurent Jacqy.
José Leitao, Tu vois ça Oh non, sculpture en bois peint, ph.B.M., 2011 ; Un poing fermé, symbole du combat communiste...
Et enfin, troisième évocation, celle de Yann Paris (1964-2020), pas très connu non plus, mort trop jeune (54 ans...), en laissant derrière lui, me prévient Laurent Jacquy, qui était son grand ami, près de 300 sculptures empreintes d'un esprit enfantin perpétué à l'âge adulte, traitant avec une naïveté assumée aussi bien des artistes, des musiciens (de rock ou de blues), des écrivains connus (Breton...) que des figures admirées des bandes dessinées de sa jeunesse.
Yann Paris, André Breton entouré de ses poupées hopi "Kachina"
Yann Paris, Bodan (sic) Litnianski, 1913-2005, le chef surmonté de figurines d'Indiens et de billes, quelques éléments emblématiques de son jardin Viry-Noureuil dans l'Aisne. Ph.B.M., 2011.
Yann Paris, Le professeur Tournesol, ph. .M., 2011.
Yann Paris, Captain Beefheart. Ph. B.M., 2011.
Yann Paris, des héros de Marvel.
20/09/2020 | Lien permanent | Commentaires (4)
Le Plein Pays continue sa route, jalonnée de prix...
Bon, ça ne vous aura pas échappé sans doute mais le Plein Pays, le formidable film d'Antoine Boutet consacré à Jean-Marie Massou, est sorti en salle, et a reçu plein de prix. Il est également passé sur Arte apparemment le 15 novembre (voir commentaires), et il est diffusé sur le site web de la chaîne. La prochaine diffusion sur la chaîne si j'ai bien compris sera pour le mercredi 24 prochain à 5h00... Faudra programmer ou être bien matinal...
Si vous voulez savoir où passe le film sur grand écran, et particulièrement s'il passe prés de chez vous, veuillez cliquer sur cette liste que l'on trouve sur le site des Films du Paradoxe, cela va jusqu'en février il me semble...
Jean-Marie avec une photo de jeunesse où il brandissait une icône personnelle..., ph Antoine Boutet, site web des Films du Paradoxe
Pour les Parisiens, et les habitants de sa périphérie, il y aura bientôt une occasion de le revoir, en présence (présumée) du réalisateur, dans une soirée organisée par Nicolas Reyboubet au cinéma Kosmos à Fontenay-sous-Bois, et consacrée aux personnages singuliers. Un autre film sur Chomo, d'Antoine de Maximy, plus ancien (1985), sera projeté en même temps, lui aussi en présence du réalisateur. Le tout aura lieu samedi 18 décembre à 21h.
Cinema Kosmos. 243ter Avenue de la République. 94120 Fontenay-sous-Bois.
19/11/2010 | Lien permanent | Commentaires (4)
Les éléphants qui gazouillent, actualités à la Halle St-Pierre et à Nice (Festival du Film d'Art Singulier)
Cela fait quelque temps que je n'ai pas parlé de ce qui advient autour de mon livre, Le Gazouillis des éléphants, mon inventaire d'environ 300 environnements populaires spontanés français, aux éditions du Sandre. Il est utile peut-être de signaler aux retardataires, qui ne se le seraient pas encore procuré, qu'il est désormais officiellement épuisé, à la fois chez le diffuseur (Harmonia mundi) et chez l'éditeur...
On peut cependant encore le dénicher chez les quelques libraires qui ont décidé d'en garder des exemplaires en cas de demande de dernière minute. Au premier rang desquels, on peut citer la librairie parisienne de la Halle St-Pierre qui en possède encore une petite vingtaine. Du reste, dans le cadre de la manifestation culturelle "Le Pari des librairies", je serai amené à dédicacer l'ouvrage à la Halle St-Pierre le vendredi 8 juin à 16 heures (ça se passe dans le hall) pour ceux qui voudraient l'acquérir.
Le livre traîne dans d'autres librairies sans que je sache bien les identifier. On me l'a signalé récemment acheté à Sète, par exemple. J'ai vu un exemplaire qui "résistait" également au bout du rayon "art brut" de la librairie L'Ecume des pages à St-Germain-des-prés. Il est probable que le comptoir de livres de la collection de l'Art Brut à Lausanne en a encore quelques exemplaires...(?) Etc. Si vous en voyez ici ou là, n'hésitez pas à le signaler à mes lecteurs via les commentaires suivant cette note. Cela peut être un agréable jeu de pistes.
Une autre occasion se présentera plus tôt, dans une semaine exactement, le 1er juin prochain, à Nice, à la librairie Masséna (55 rue Gioffredo), de 19h à 20h30, pour parler de mon livre et pour le dédicacer également auprès des amateurs. La librairie aura une dizaine d'exemplaires à vendre. Je causerai du livre avec le libraire et l'animateur du festival de cinéma autour des arts singuliers, Pierre-Jean Wurst, qui m'invite à la fois pour cette soirée du 1er, et le lendemain matin aussi, le samedi 2 juin donc, dans l'auditorium du musée d'art moderne et d'art contemporain (MAMAC) de Nice, dans le cadre de l'association Hors-Champ. Entre 10h30 et 12h, je présenterai succinctement en effet quelques films sur des créateurs d'environnements que l'on peut retrouver dans mon Gazouillis, comme François Michaud, Jean-Marie Massou (rencontre de 1987), Raymond Guitet, Marcel Landreau, et Roméo Gérolami. Jugez plutôt du programme de ces festivités (je vous le mets aussi en lien vers un fichier pdf plus lisible):
Programme du 21e Festival du Film d'Art singulier, juin 2018.
Les trois créateurs, Massou, Guitet et Landreau, figurant à cette projection, furent filmés par moi en format Super 8 (du cinéma amateur, donc – ce qui suffit à me faire qualifier parfois du titre ronflant de "cinéaste", surtout après avoir lu la fiche qui a été consacrée au groupe, plus informel et éphémère qu'autre chose, Zoom back Caméra!, sur Wikipédia, auquel son auteur me fait appartenir d'une manière un peu "romancée"¹ ; voir aussi la fiche qui m'a été plus spécifiquement consacrée). Les deux films sur les deux derniers sont trouvables en DVD dans les bonus du film Bricoleurs de paradis qui fut joint à mon livre Eloge des jardins anarchiques, paru aux éditions L'Insomniaque en 2011. Le petit film sur Massou est désormais une rareté. Il fut tourné en effet en 1987, bien longtemps avant le film d'Antoine Boutet (certes infiniment plus professionnel...), à une époque où Massou, encore vigoureux, grimpait à mains nues aux arbres, ou descendait pareillement dans les excavations qu'il creusait comme une taupe humaine un peu partout sur son terrain lotois. Je l'ai assez peu projeté en public. Les dernières fois, ce fut sans doute d'ailleurs déjà dans ce même festival à Nice (voir le petit dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma aux éditions de l'Antre, livre disponible à l'occasion du festival).
Sinon, autre petite nouvelle concernant le Gazouillis, le livre a été offert par un de mes lecteurs, Laurent Jacquy (voir le blog Les Beaux dimanches), à un créateur présent dedans, José Leitao (voir sa notice du Gazouillis, trouvable à la région Picardie, département de la Somme). Ce dernier, qui s'était un peu arrêté de sculpter est, paraît-il, reparti de plus belle, encouragé, paraît-il par sa présence dans le livre. En tout cas, j'aime à le croire...
José Leitao avec le Gazouillis des éléphants, mai 2018, ph. Laurent Jacquy.
José Leitao, ph. Laurent Jacquy, mai 2018.
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¹ Le groupe "Zoom back, caméra!", que l'auteur de la fiche Wikipédia présente comme ayant eu des activités "entre 1974 et 1984", n'a pas réellement existé, en toute rigueur historique. Nous étions trois amis, qui faisions effectivement diverses expérimentations à cette époque, telles que décrites avec justesse dans la notice, mais sans s'être organisés réellement, formellement, en groupe avec un nom. Le nom de "Zoom back, caméra!" (emprunté je crois à une réplique du film de Jodorowsky, La montagne sacrée, qui nous faisait beaucoup rire, Jacques Burtin et moi) ne fut proposé, en manière de plaisanterie surtout, comme si nous étions vraiment un groupe, qu'à l'occasion de la projection dans le cadre du salon lettriste Ecritures en 1977 au musée du Luxembourg. Et jamais à une autre occasion! Nos expérimentations se passaient le plus souvent à deux, tantôt Jacques Burtin et moi, tantôt Jacques avec Vincent Gille. Les expérimentations à trois (une conversation automatique qui échoua lamentablement, des photographies de situations créées, une peinture collective de tableau, le Triangle) furent rares.
25/05/2018 | Lien permanent | Commentaires (6)
17e festival du film d'art singulier à Nice
Des films "d'art singulier", dit l'affiche de l'association Hors-Champ, animée entre autres par Pierre-Jean Wurtz... Mais cette étiquette est ici comprise comme englobant à la fois des sujets en rapport avec des auteurs d'art brut et des sujets concernant des artistes plus ou moins marginaux, ce qui ajoutera à la confusion ambiante dans la réception par le public non prévenu des créateurs mis en lumière dans ces films. Le "singulier" est entendu ici comme ce qui relève de l'originalité, une inventivité sincère vécue à plein, sans que les animateurs de Hors-Champ ne s'attardent beaucoup sur la médiatisation donnée par les auteurs eux-mêmes à leurs travaux.
"C'est pas le moment de fermer les yeux", affiche du 17e festival concoctée paraît-il par Fabienne Hyvert
Il y a de tout dans cette sélection printanière et niçoise (c'est sans doute la spécialité de la salade du même nom qui a prévalu), qui s'étendra sur deux jours: l'éditeur Robert Morel, le petit musée de Pierre Martelanche, Antonio Roseno De Lima (un inconnu de moi), Arthur Bispo de Rosario, Guy Brunet qui revient avec des "Templiers", et Jean-Marie Massou tel que filmé par Antoine Boutet (et fort défendu par moi sur ce blog), tout ceci de 14h à 17h30 à l'auditorium de la Bibliothèque Louis Nucéra. A la librairie Masséna, de 19h à 20h30 il y aura un supplément avec un film sur Mary Barnes, en présence d'Alain Bouillet (qui on l'espère s'est remis d'un problème de santé).
Samedi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince iront peut-être voir de 10h 30 à 12h, les "Visions singulières" de Mario Del Curto et Bastien Genoux (avec je crois Yvonne Robert et Joël Lorand?). Après un bon petit repas entre intervenants (Hors-Champ a la spécialité de faire venir les réalisateurs, voire les créateurs, les ayant-droits, etc., pour parler du contexte des films), la séance reprendra à 14h pour aller jusqu'à 17h30 avec ACM par Guillaume Cliquennois, Gustav Mesmer (cet homme qui s'était mis en tête de voler comme les oiseaux, à la façon peut-être des pionniers de l'aviation?), un "balayeur de vélodrome" (le programme n'en dit pas plus, mais ce genre de titre par son côté énigmatique est fait pour nous allécher), Jean Branciard (que mes lecteurs ont appris à connaître sur ce blog je pense), une petite rareté sur Pierre Avezard filmé sur son lieu d'origine par Marie-Louise Plessen et Daniel Spoerri (rien que cela mériterait un aller-retour Paris-Nice), et ce ne sera pas tout, consultez le programme. Comme chaque année, une programmation fertile en surprises, et en petits aperçus précieux sur l'art primesautier.
28/05/2014 | Lien permanent | Commentaires (6)
Info-Miettes (29)
Le musée de l'art spontané
Oui, il y a un musée pour la spontanéité et il est à Bruxelles. Semble-t-il longtemps concentré sur l'art naïf (envisagé dans nombre de cas dans son versant gentillet), il s'ouvre aussi à différentes formes d'automatisme autodidacte dans l'art (dans une démarche qui n'est pas sans rappeler celle du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval). Comme c'est le cas, en février et mars, avec l'exposition "Au fil de l'encre" de Rosanna Brusadelli, dessinatrice qui crée en symbiose avec les formes naturelles, calquant son graphisme sur des arborescences et des réseaux, voire des rhizomes, ressemblant parfois à des échangeurs routiers. Elle dessine à la plume "à profiler" en noir et colorie après coup, toujours à l'encre. Un travail en tout cas qui me retient, d'après le peu que j'ai vu jusqu'à présent..
Rosanna Brusadelli
Exposition du 14-02-2017 au 05-03-2017, Musée d'Art spontané, 27, rue de la Constitution, à 1030 Schaerbeeck (nord de Bruxelles).
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Dreamdew n°8
Dreamdew, ça veut dire "Rosée de rêve". C'est un bulletin de 4 pages édité numériquement par Sasha Vlad et Bruno Jacobs, rédigé en anglais et provenant des USA. La publication est entièrement vouée aux rêves, comme de juste. Le dernier numéro (de février 2017) vient de m'être envoyé, et on y trouve des récits, plutôt brefs dans l'ensemble, relatifs à des lectures intervenues dans les rêves des divers auteurs des récits. Pour accéder à ce numéro, cliquez ici.
Sasha Vlad, "Sur le plan horizontal, une fraîcheur noire. Sur le plan vertical, un éther neutre" (légende de Dan Stanciu), collage, date et dimensions non précisées ; œuvre non reproduite dans Dreamdew.
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Des "Singuliers de l'art" à Carquefou, au Manoir des Renaudières
Une exposition, parmi les dernières qui vont se tenir dans l'année qui vient au Manoir des Renaudières qu'anime avec brio Chantal Giteau à Carquefou (banlieue de Nantes), en instance de départ à la retraite, promet d'être un perit feu d'artifice rendant grâce à l'art véritablement singulier.
Carton d'invitation à l'expo "Des singuliers de l'art", on reconnaît en bas à droite un dessin patatomancien de Serge Paillard, plus haut une roulotte en réduction de Paskal Tirmant, quelques personnages grotesques de Briantais, des corbeaux (peut-être de Manero? Il est difficile à identifier, celui-ci, parce qu'il a plusieurs manières), en déduisant que le reste, par élimination, est due à Goux et Cottalorda...
"Véritablement", parce qu'en l'occurrence cela n'a rien à voir avec les festivals de Têtes à Toto que l'on déplore ici et là, et qui abîment l'étiquette d'art singulier par voie de conséquence plus du tout "singulier". Sont annoncés pour l'occasion Gilles Manero, Serge Paillard, Paskal Tirmant, Bernard Briantais (quatre artistes que j'ai chroniqués sur ce blog), et Claudine Goux (un pilier de l'art singulier et de la création franche), ainsi que Chloé Cottalorda (inconnue de moi). Le carton d'invitation est un collage original réunissant en un tout homogène des fragments d'œuvres de ces six artistes.
En outre, seront présentés le samedi du vernissage, à 10h30, un film sur l'abbé Fouré, L'homme de granit, avec une intervention de Joëlle Jouneau, animatrice de l'association qui cherche à faire mieux connaître l'ermite de Rothéneuf, et surtout, à 14h30, un film plus inédit, car récemment produit (2016), La Dame de Saint-Lunaire, d'Agathe Oléron, consacrée aux recherches et découvertes de cette dernière sur l'étonnante créatrice d'une maison singulière à Dinard, Jeanne Devidal.
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Disparition de Bernard Jugie (1940-2013)
M'est avis que ce nom ne dira vraiment rien à la plupart de mes lecteurs en dépit de l'article que je lui avais consacré dans la revue Création franche (le n°37, décembre 2012), de quelques notes sur ce blog et d'une de ces expositions confidentielles dont la revue Recoins a le secret – c'était dans la galerie de la Halle Saint Pierre.
Bernard Jugie, sans titre, panneau de bois peint et gratté, ph. et coll. Bruno Montpied
J'avais repéré des indices de son activité de sculpteur et de peintre naïf et populaire en passant en voiture dans une rue de Billom (Puy-de-Dôme ; voir photo ci-dessus avec la boîte aux lettres, ph.B.M., 2012). Je poussais alors mes compagnons de route vers le Livradois en quête d'un château où se trouvaient peut-être de belles fresques naïves de l'époque napoléonienne (cette quête se heurta à une magnifique porte fermée). Quelques années plus tard, en 2012, on fit l'expédition directement à Billom pour savoir si on aurait plus de chances du côté de Billom. On appela l'intéressé au téléphone au préalable, grâce à l'entremise d'une créatrice de cette ville, Marie Paccou.
Bernard Jugie, un renard obtenu par évidement d'un panneau d'aggloméré longuement travaillé, ph. et coll. B.M., 2012.
Bernard Jugie, une lapine et ses lapereaux, ph. B.M., 2012.
Qui se cachait derrière cette porte surmontée de tableautins naïfs (renard, oiseaux, faisans, nichoir, papillons...), on le découvrit bientôt avec bonheur. C'était un des ces créateurs solitaires qui produit des objets, des sculptures, des tableaux (fleurs, animaux, paysages) pour son plaisir et celui de quelques rares proches et amis... Un dépositaire d'un talent naïf, toujours aussi difficile à expliquer pour ce qui est de savoir pourquoi il avait élu domicile en ce corps-là, et pas ailleurs chez maints autres individus.
Bernard Jugie, statuette sans titre, coll. privée, Paris, ph. B.M. 2012.
Bernard Jugie, sans titre (fleurs dans un vase), vers 2012, ph. et coll. B.M.
Bernard Jugie était modeste, parlait peu, et il était généreux. Je poussai à la roue pour acquérir des œuvres, conscient de l'éphémère de la situation. A trois, nous lui achetâmes quelques pièces qui sont pour le moment à l'abri. Est-il sûr qu'il en soit de même pour les œuvres que Jugie garda jusqu'à l'année suivante? On vient de m'apprendre en effet que la Camarde est venue l'année d'après le chercher. On aimerait savoir ce que deviennent les sculptures et peintures qu'il accumulait dans son petit musée sous les combles...
Bernard Jugie, créateur à ses heures, ph. B.M., 2012.
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Joël Lorand dans une nouvelle galerie d'art singulier à Nantes, la galerie Perrine Humeau
Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé de Joël Lorand, le globe-trotter de l'art singulier. II est toujours autant en recherche qu'au début. Après être passé par différentes périodes (les dernières étant les "personnages floricoles", les "boucliers cosmogoniques" et une série de dessins en noir et blanc - qui me laissent personnellement sur ma réserve), le voici qui fait une incursion à Nantes dans une neuve galerie (ouverte en mars 2016) qui veut se consacrer à l'art singulier, plus qu'à "l'art brut" proprement dit (si l'on doit s'en référer aux créateurs et artistes choisis jusqu'à présent), la galerie Perrine Humeau, qui a déjà exposé entre autres Bernard Briantais (qui s'est fait connaître des amateurs d'art singulier en exposant préalablement au Manoir des Renaudières à Carquefou) et quelques créateurs venus de l'atelier de l'ESAT de Cholet.
Joël Lorand, exposition du 2 février au 25 mars 2017. Coordonnées de la galerie en cliquant sur le lien ci-dessus.
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Scottie Wilson à la Galerie du Marché, Lausanne
Une exposition d'œuvres d'un créateur classique de l'art brut – qui me paraissent inégales (si je dois penser que les œuvres exposées correspondent à celles qu'on voit sur le site de la galerie), mais baste, ça n'est pas si fréquent de voir des dessins de Scottie par ces temps de marché de l'art brut galopant – est organisée à la Galerie du Marché animée par l'affable Jean-David Mermod à Lausanne, du 25 janvier au 11 mars. Le danger avec les dessins de Scottie Wilson, c'est leur propension à tomber parfois dans le décoratif. Toutes les œuvres affichées sur le site web n''échappent pas toutes à cet écueil. Je n'ai pu m'empêcher d'être un peu déçu, surtout après avoir d'abord découvert l'œuvre ci-dessous que proposait comme une amorce alléchante le mail d'annonce de l'expo...
Scottie Wilson, sans titre, technique mixte, 50x70 cm, Galerie du Marché
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Jean-Marie Massou est édité en disque chez un nouveau label dont le titre me rappelle quelque chose...
Il y a quelque temps, j'ai parlé de M. Olivier Brisson et de son projet d'éditer un enregistrement des complaintes et autres mixages sur radio K7 de l'ermite de la forêt de Marminiac, Jean-Marie Massou, dont il nous dit qu'il n'a plus trop d'énergie désormais pour descendre dans les galeries qu'il a creusées durant des décennies à la recherche d'on ne sait quelle civilisation préhistorique (ce qu'il m'avait confié en 1987 lors de ma visite chez lui en compagnie de Gaston Mouly). Eh bien, le projet vient de se réaliser, un disque vinyl vient d'être réalisé (zut, je n'ai plus de platine...) avec cartes de téléchargement aussi (je n' y comprends plus rien à ces nouveaux supports... Le CD me paraissait pourtant bien pratique et bien plus simple). Il fixe les expérimentations de Massou. Olivier Brisson, avec deux de ses compères (Matthieu Morin - ce nom me dit quelque chose... - et Julien Bancilhon - on comprend qu'il s'occupe de vinyls avec un tel nom, où l'on entend déjà du sillon sur un banc...), paraît passionné de mettre en lumière la possibilité d'une musique brute, moi, je dis "d'outre-normes" pour éviter toute possibilité de confusion. Pour ce faire, il a fondé, après un premier label qui s'appelait, si j'ai bien compris, "Vert pituite la Belle", une nouvelle collection... "La Belle Brute"... Fondée au milieu de 2016. Tiens? Ça ne vous rappelle rien?