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25/04/2015

Un artiste à découvrir: Bernard Briantais

    Rencontré à Carquefou pour une expo au Manoir des Renaudières (Ruzena-Branciard), Bernard Briantais m'avait d'abord frappé par sa physionomie sympathique, truculente et atypique (voir ci-contre, ph. Bruno Montpied). Je le lui avais dit.Bernard Briantais portrait Carquefolien.jpg

 

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Bernard Briantais, pas de titre? Dimensions? Date?

  

     Il est artiste et à l'époque peignait beaucoup de trognes et visages avec un luxe de graphismes et de formes à l'originalité improbable, étant donné les innombrables œuvres d'art qui se sont déjà attaquées aux visages des hommes.

 

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Bernard Briantais, sans titre ? Dimensions? Mars 2014

 

   On pouvait s'en faire une idée en allant visiter son site web, où en exergue on trouve cette maxime sympathique: "Ne demande jamais ton chemin, de peur de ne pouvoir te perdre!".... Cependant, malgré cette surprise initiale, j'étais resté sur mon quant à soi, demandant au fond à voir venir, comme on dit. Et le voici qui débarque à Paris, suite à une adresse que je lui avais donnée. Au 102, boulevard de la Villette dans le 19e ardt de la capitale, dans la légendaire galerie L'Usine que dirige d'une main de velours dans un gant de fer Claude Brabant. "Légendaire", enfin, pour les happy few... car cet espace dédié aux nouveaux talents depuis des décennies est toujours resté en dehors des clous et des regards médiatiques, et donc, il se peut fort bien que vous n'en ayez jamais entendu parler.

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Bernard Briantais, sans titre, dimensions ? Date?

     Sur le carton d'invitation, est reproduit un dessin fort séduisant, prouvant que Bernard Briantais est tout à fait à même de raconter aussi des histoires en images et qu'il ne se contente pas d'interroger les faces plus ou moins brouillées de ses contemporains. D'ailleurs dans la galerie de son site web, sont apparus des travaux probablement récents qui montrent d'autres orientations inédites de sa recherche picturale qui prouvent que l'homme n'a pas qu'une corde à son arc.

 

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Bernard Briantais, sans titre? Dimensions, date?

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Bernard Briantais, sans titre? Dimensions, date?; dans cette composition une forme "en capsule" apparaît, enveloppant les personnages comme un linceul, forme que l'on retrouve dans d'autres compositions, mais isolées, et quasi vides, semblables à des fantômes errant parmi les vivants...

 

     Autre chose qui me plaît dans ce travail, déjà remarquée chez un autre Bernard, artiste contemporain discret, Bernard Thomas-Roudeix, on trouve là un goût pour le grotesque humain mais qui ne s'accompagne d'aucune misanthropie. On est dans le constat, peut-être dans la perplexité devant ce que renvoient nos frères en humanité, reflets de ce que nous sommes et de nos propres apparences sans doute. On n'est nullement dans une haine de l'humain qui s'exprimerait par une complaisance à représenter des êtres de la façon la plus vile, comme des écorchés bons à passer à la marmite... (je pense aux peintres style Rustin et compagnie qui sont si à la mode ces temps-ci).

 

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Bernard Briantais, sans titre? Dimensions, date? ; ici apparaît justement une de ces formes blanches enveloppées, semblable à un fantôme 

 

    M'est avis que les Parisiens amateurs de curiosités et d'images nouvelles ont intérêt à se déplacer pour le coup. Le vernissage aura lieu le samedi 9 mai de 18h à 21h.

Bernard BRIANTAIS, Exposition dessins-peintures. Du 9 au 21 mai 2015. L’usine, 102 bd. de la Villette, 75019 Paris. T: 01.42.00.40.48. et <usine102.fr>. Ouvert sur rendez-vous. M° Colonel Fabien.

 
 
 
 
 
 

   

20/01/2013

Fanto-bonhommes de neige

      Max T. ne m'envoie plus de photos de ses bonshommes de neige, alors je prends le relais. Sur le bord de ma fenêtre, se sont dressés des petits personnages aux bras écartés qui avaient simultanément tout l'air d'être aussi des fantômes. Ils paraissaient cogner à la vitre pour que je leur ouvre. Mais moi, sans pitié, je les ai laissés à leur glaciale atmosphère. J'ai assez de revenants en moi. 

    Ce sont de bons exemples d'art immédiat et éphémère en tout cas, qui ne sont pas de mon seul ressort, si l'on s'en réfère à l'espèce de Père Ubu écroulé sur le capot d'une voiture rue de Nevers, hier, et reproduit ci-après.

 

Fanto-bonhomme-de-neige,-19.jpg

Fanto-bonhomme de neige, photo et façonnage Bruno Montpied, 19 janvier 2013

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Deuxième mini bonhomme de neige, ph. et façonnage BM, 20 janvier 2013

Bonhomme de n d'un anonyme, rue de Nevers 2, jan 13.jpg

Rue de Nevers, 19 janvier 2013 (les petites canailles à droite ne sont pas les auteurs), ph BM

bonh de n rue de nevers 6e ardt, jan 13.jpg

Le même, passablement écroulé, ph BM

23/01/2010

Fantômes d'objets inconnus

    Je me suis enfin promené dans l'espace des collections permanentes au musée du quai Branly, au milieu de ce labyrinthe qui au départ m'indisposait un peu (car on voit plus l'architecture, le décor, que les pièces exposées qui paraissent dévorées par l'écrin qui est censé pourtant les mettre en valeur). Puis, au fur et à mesure de ma progression que j'effectuai au hasard, je m'aperçus que les murs disparaissaient, car la nuit les remplaçait. C'est très nocturne comme ambiance ce musée. Les objets émergent des ténèbres avec une puissance hallucinatoire certaine. Et c'est une bien belle chose que cette nuit que l'on a architecturée. Est-ce pour cette raison que je me mis à photographier les diverses pièces qui m'appelaient avec cette tendance expérimentale - on y permet les prises de vue pourvu qu'il n'y ait pas de flash - qui produisit ce jour-là des spectralisations d'objets qui m'ont tellement plu que je me suis décidé à les mettre en ligne?

Spectralisation-à-chaussett.jpg
Photo Bruno Montpied, 2010

       Chaussettes de l'archiduchesse qui tombent en pluie du fond de la nuit des objets qui chuchotent dans les réserves du musée des mythes...? Et en même temps, architecture de tourelles dans un aperçu - nécessairement fragmentaire - du château infini de Gormenghast (cf. romans du même nom de Mervyn Peake)?

Couv-Gormenghast.jpg

25/11/2009

Comment les enfants voient-ils l'au delà? Enquête

D'après vous, qu'est-ce qu'il y a après la mort ?

 

I : On devient un squelette, on va dans les cimetières, on fait peur aux gens qui viennent visiter le cimetière.

N : On devient un animal... Celui qu'on voulait être dans la vie. Moi, je voudrais être un écureuil.

Y : On reste cadavre. On dort. On fait des rêves heureux.

détail d'une tombe au cimetière de Murat, ph.Bruno Montpied, 2007.jpg Ph. Bruno Montpied, cimetière de Murat, 2007

J : On devient zombie. Mort-vivant. Et puis après, on essaye de vous attraper. Parce que les zombies attaquent les vivants, les êtres humains, les chiens, les chats... C'est un monsieur qui est très méchant, un inventeur, c'est lui qui a transformé les morts en zombies.

F : On vous met dans un drap blanc, puis au cimetière, directement dans la terre.

I : On va dans le ciel, on est des esprits, on ne les voit pas (invisibles). Dieu, il nous met dans l'enfer ou au paradis.

B : On se fait enterrer et ensuite direct au paradis ou direct en enfer.

N : On nous enterre et après on a une autre vie qui est la même qu'avant et qui se répète.

S : On est enterré, on devient un mort.

Costume d'Halloween, vu sur le blog Anonymous Works.JPG

Costume d'Halloween, vu sur le site Anonymous Works, USA

Z : Si on se fait incinérer, on est dans un bocal et si on est enterré, le corps se transforme petit à petit en terre. Il n'y a plus rien.

N : Notre corps devient un squelette. On le met comme dans une boîte. Le squelette disparaît petit à petit.

C-E-V : On existe encore, on devient un fantôme qui va au paradis. C'est comme un hôtel. 

H : C'est un château le paradis. Y a pas de serviteurs... Il y fait chaud. Y a pas d'hiver.

N : Aussi, on brûle notre corps, on devient un elfe qui protège tout le monde. Au paradis, il fait chaud. Tout se passe bien. Il y a Dieu. Il a la peau noire. Il est vieux et il a de la famille au paradis, et il a aussi un enfant qui porte une couronne qui s'appelle Jésus. La famille de Dieu elle porte une couronne. 

F : On est mort, il y a des gens qui nous voient. Nous sommes blancs avec des yeux tout noirs. Les vivants ont peur de nous.

Gironella, squelette sculpté sur liège,extrait du blog d'Eric Poindron).jpg
Joaquin Vincens Gironella, squelette sculpté en liège, extrait du blog d'Eric Poindron, Le Cabinet de curiosités

 K : On va sur une planète nommée la Mort. Elle est exactement pareille que la Terre. Elle a un bouclier qui la rend invisible à la Terre. C'est la planète des morts. Il y a deux parties, une pour les méchants qui ont fait des bêtises et une pour les gentils.

L : On meurt quand on est vieux, on devient squelettes. Les gens vont pour mettre les os dans le cimetière. 

I : Le paradis, c'est une ville ronde, très grande, on y obtient tout ce qu'on veut. 

 Is. : J'ai un arrière-grand-père qui est mort en Chine. On l'avait mis dans une boîte en haut de.... Il était dehors. Les gens venaient le voir. Il ne parlait pas. Il ne bougeait pas. Son visage était pareil que lorsqu'il était vivant. On ne savait pas s'il dormait ou s'il était mort. Ma grand-mère, elle pleurait (rire...).

F : J'ai un tonton que j'ai pas connu qui est mort à cause d'une forte maladie. Ma mère était allée voir quand il était mort. Moi j'étais pas né. Il est à la Guadeloupe maintenant dans un cimetière prés d'un lac. Après la mort, on peut survivre dans les cœurs des gens qui restent. Dieu peut faire vivre les morts d'une autre manière.

A : Les animaux, on les brûle. On enterre les cendres sous la terre. Leurs esprits restent sous la terre et pensent à leur vie passée.

R : On part au paradis qui est joli. C'est une ville dans le ciel où à la place du plancher il y a des nuages.

Fous. : On va en enfer. C'est un endroit tout cassé. On passe son temps à se battre et le ciel de l'enfer est rouge à cause de la colère des morts, et les nuages sont noirs.

Cimetière de Sapinta, photo Association Geppetto,2008.jpgCimetière de Sapinta en Roumanie, tombes sculptées et gravées par Stan Ion Patras et ses successeurs, photo transmise par l'Association Geppetto (Carla-Bayle)

A : On va au paradis, c'est la campagne. Il y a des vaches et des chevaux. Des fontaines de jus d'orange. On s'y baigne. On mange des éclairs au choco et du poulet-frites. 

D : On devient invisible et on va dans le ciel, on a des ailes.

Ir : On va au paradis, et ceux qui ont menti dans la vie vont en enfer. Il y a plein de pièges. On s'assied sur des chaises avec des clous.

N : On renaît quand on est mort, on revit... Les animaux, eux, deviennent des objets. 

R : On a la belle vie. On mange de bonnes choses... On fait tout ce qu'on veut avec Dieu. C'est un homme qui a été le premier sur la Terre. Quand il est mort il est allé au paradis direct. Après, il y a les animaux qui sont venus... Comme il y avait beaucoup de singes, ils se sont transformés en hommes....

Fous. : On reste comme on est mais on est transparent. On descend de l'enfer pour détruire les personnes qui nous ont fait mal. On revient sur terre comme fantômes... Et on essaye de trouver le bonheur.

A : On danse, on fait la fête tous les soirs. On n'y grossit jamais... Dieu c'est lui qui fait les repas. Il est maigre et gros à la fois. Il est habillé en blanc et il a un bouclier en bronze. C'est le chef !

Détail d'une tombe au cimetière de Murat, photo Bruno Montpied, 2007.jpg
Cimetière de Murat, détail d'une tombe, ph.BM, 2007

 Ir. : Ceux qui vont en enfer y restent cinq ans. Après ils revivent. Au paradis, ils restent un an. Ils reviennent en animaux. 

(Atelier d'écriture dans une BCD, avec des enfants de 7 ans, mai 2009)

26/01/2008

Lettres de la Toile: locomotive et gélatine, ces deux grands poètes

    Un de nos hôtes, ayant signé ici des commentaires du pseudonyme de Sapiac, du nom d'un quartier de Montauban situé en contrebas de la ville haute, quartier plus populaire et ouvrier, ce correspondant, de son vrai nom Jean-Pierre Willems, m'a adressé à part de ce blog quelques courriers dont certaines parties m'ont paru intéressantes à diffuser plus largement sur ce blog.

    Dans un premier temps, J-P.Willems m'a signalé une statue réalisée par certains artistes de son quartier pour pérenniser de façon originale la mémoire de cette ville basse. Un peu "tête à Toto", la statue, mais soit.e22ca041a13ef6de1ca426579e20dc61.jpg Plus poétique m'a paru cette évocation par Willems d'une sorte de légende contemporaine locale:

    "Si vous aimez les histoires : le quartier de Sapiac a donc été pendant longtemps occupé par des briqueteries. Lorsque celles-ci ont été détruites, une locomotive servant à pousser les wagonnets de terre extraite a été enterrée sur place plutôt que d'être démontée ou livrée aux ferrailleurs. Le lieu de cette mise en terre s'est évidemment perdu. Mais il est plaisant de vivre à Sapiac avec sous nos pieds le train souterrain."

    J'ai répondu ceci:

    "(...)votre histoire de locomotive enterrée fait rêver. Entend-on dans ses rêves le sifflement de sa corne et voit-on dans la nuit le panache de ses fumées qui se fond avec les nuages passant devant la Lune?

    Ce quartier de Sapiac est-il votre seule source de rêverie?
Cordialement, B.M."
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      Nous avons continué, J-P.W. m'a alors parlé d'une trouvaille-retrouvaille avec des images oubliées qui s'étaient métamorphosées entre-temps par la magie de la chimie. Par coïncidence, la Lune évoquée par moi un peu au hasard dans mon précédent courriel revenait dans ces images...
     
     "J'ai retrouvé cet été dans mon grenier un carton ayant vécu dans quelques greniers différents au gré de déménagements. Manifestement il avait un peu pris l'eau. A l'intérieur, des boîtes de diapositives du temps où il en existait. L'eau, la chaleur, le froid (le choc thermique positif et négatif) avaient généré un éclatement de la gélatine de surface, créant ces explosions de couleurs. J'ai pensé à Cézanne et à la recherche de la couleur de la couleur et plus encore aux Constellations de Miro commentées par Breton.
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(Personnellement, dans la diapo ci-dessus, j'aperçois le galbe d'une hanche, le profil d'une croupe féminine, à droite, qui me font songer davantage à une célèbre toile de Max Ernst évoquant la Loire...B.M.)


Mon intervention s'est donc limitée à utiliser un scanner pour permettre le tirage des différentes diapos laissées en l'état. Impossible bien évidemment, et de peu d'intérêt, de retrouver les motifs originaux de ces diapositives. A une exception près : la lune dont vous disposez. Initialement uniquement noire et blanche, les couleurs ont explosé en un assez réjouissant dégradé de bleus."
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     Enfin, un mail plus récent, accompagné de quelques autres diapositives "explosées de couleurs", signale l'étonnement de J-P.W. devant la figure d'un homme, véritable clandestin s'étant fortuitement glissé dans ces images, "fantôme" de la même famille que celui que j'ai montré il y a peu sur une photo prise dans un tunnel du funiculaire montant à Fourvière...

     "Je joins notamment la seule photo sur laquelle on peut distinguer une forme humaine : je vous la fais parvenir avec d'autant plus d'intérêt que cette forme n'évoque aucun souvenir dans ma mémoire et que je ne comprends absolument pas à quelle photo elle pouvait correspondre. Qui s'est glissé sur la photo en profitant du désordre des couleurs ?"

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       Si nos lecteurs veulent en voir davantage, prière de se reporter à l'album que je mets en ligne dans la colonne de droite de ce blog.