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31/10/2015

Dubuffet, Freinet, Chaissac, une causerie au Musée de la Création Franche à leur sujet

     Le Musée de la Création Franche annonce une causerie prochaine de Vincent Rousseau qui aura lieu le 5 novembre à 19h à la bibliothèque municipale de Bègles qui jouxte le musée. Cette animation s'inscrit dans un cycle qui s'intitule "le Grand Partage de la Création Franche".

 

Dessins à la craie sur grille de cour d'école Xe ardt, vers 2014.jpg

Dessins à la craie par des enfants (7-8 ans) dans une cour d'école sur une barrière percée de trous...

 

    M. Rousseau a fait toute sa carrière au Musée des Beaux-Arts de Nantes où il fut conservateur des collections d'art moderne et créateur du service éducatif, nous dit-on. C'est ce qui explique sans doute qu'il ait été intrigué par les liens qui ont uni Jean Dubuffet avec Elise et Célestin Freinet qui vivaient à Vence en même temps que lui dans les années 50-60 (ils y avaient installé une école expérimentale, où l'imprimerie pouvait être pratiquée de façon simple par les élèves). Dubuffet les connaissait depuis 1948, puisque nous dit le service de presse, il avait acquis du matériel de gravure sur linoléum afin de l'expédier à son nouvel ami Gaston Chaissac. Ce dernier en venant visiter Dubuffet en 1956 chercha à rencontrer aussi les Freinet. Cela paraît cohérent, quand on sait le goût qu'avait Chaissac pour tous ceux qui cherchaient à propager la créativité dans les classes populaires (ce qui l'inclinait à se désigner comme "artiste rustique moderne" au lieu d'auteur d'art brut, étiquette que certains lui collent encore aujourd'hui de façon approximative ; on sait également qu'il peignit avec des enfants).

 

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Vue de l'intérieur du musée d'art enfantin de Coursegoules, extraite d'une brochure d'Elise Freinet

 

    Vincent Rousseau devrait évoquer au cours de sa causerie le soutien qu'apporta Dubuffet en 1962 aux deux Freinet (surtout Elise) lorsque ceux-ci cherchèrent à fonder un musée d'art enfantin à Coursegoules dans les Alpes-Maritimes (aujourd'hui fermé semble-t-il, quoiqu'une fresque en bas-relief intitulée De la bête à l'homme de 5 m x 3 m, réalisée par des enfants, existe toujours sur une façade du village). Le conférencier, ancien conservateur au musée des Beaux-Arts de Nantes où il monta en 2010 une exposition-dossier sur les liens Dubuffet-Chaissac-Freinet, qui rappelait l'expo internationale d'art enfantin tenue à Nantes à l'initiative de l'école Freinet en 1957, connaît donc bien le sujet, qui n'a pas  à ma connaissance été beaucoup défriché par d'autres.

 

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Gaston Chaissac, graffiti dans les latrines de l'ancienne école de Ste-Florence-de-l'Oie (Vendée), ph. Bruno Montpied, 2012 ; latrines classées monuments historiques

 

Tous renseignements supplémentaires: 05 56 85 81 73

 

29/10/2015

Radio-Libertaire rencontre la Petite Brute

     Cela fait longtemps que je n'avais pas pondu une petite note sur ce blog. C'est qu'il y avait de l'occupation ces temps derniers. Une foire d'art brut avec beaucoup "d'apparentés", dits aussi "outsiders", où moi et mon autre auteur de livres pour la Petite Brute, présentions et dédicacions nos ouvrages respectifs, "Visionnaires de Taïwan" (Remy Ricordeau) et "Andrée Acézat, oublier le passé" sur le seuil de l'espace "hors-les-murs" de la Halle St-Pierre. Pour ceux qui s'en inquiéteraient cela s'est passé gentiment. Quelques aficionados étaient au rendez-vous, ayant bravement franchi les cerbères qui réclamaient l'habituel droit de péage exorbitant (15€ ; les visiteurs de la FIAC, non VIP, payaient eux au même moment 35€, m'a-t-on dit... Autant dire que les gueux n'étaient pas invités à ces réjouissances ; du reste les prix, à l'Outsider Art Fair - je n'ose évoquer ceux de la FIAC -, dépassaient toutes les possibilités des bourses plates. Paraît que des Robillard - un peu clinquants, un peu trop bien ficelés dans le genre "brut" - s'envolaient pour aller atterrir chez James Brett (surnommé méchamment par certains habitués de la foire "le prédateur") pour 15 000 €... C'est vrai cette rumeur? Et Robillard dans tout ça?

     J'y reviendrai... Ou non. Tous mes efforts se tournent en ce moment vers la Petite Brute. On (moi et Ricordeau) va (allons) demain matin (jeudi 29 octobre à 11h ; l'émission sera ensuite podcastable et téléchargeable à cette adresse, mais attention... elle dure deux heures et nous n'intervenons qu'à partir du début de la deuxième heure) sur Radio Libertaire (la radio sans dieu ni maître et sans publicité) dans l'émission "Chroniques Hebdo" de Gérard Jan pour en causer. Si vous lisez cette note avant cette échéance, précipitez-vous...  Et si vous n'avez rien de mieux à faire bien sûr. C'est seulement dans quelques heures. Sinon, ça peut se réécouter, même de loin je pense, grâce à la magie d'internet.

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Deuxième titre de la collection La Petite Brute, avec en annexes des témoignages de Jean Corrèze et d'Alain Garret, une lettre de Gérard Sendrey... 76 pages, 52 illustrations, 15€...

     J'y pense, mon petit livre sur Andrée Acézat n'est pas encore en librairie, hormis à celle de la Halle St-Pierre qui en possède déjà quelques exemplaires de retour de la foire d'art brut (avec beaucoup d'apparentés). La mise en place en librairie (par le diffuseur Les Belles Lettres) est prévue pour la mi novembre. Qu'on se le dise...

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Andrée Acézat, tableau au titre et aux dimensions non renseignés, 1999 (exposition "Comédies humaines" au Forum des arts et de la culture à Talence en 2010)

17/10/2015

Du côté du cinéma documentaire, un nouveau film de Philippe Lespinasse

       André et les Martiens, ça s'appelle, ce nouvel opus lespinassien. Le réalisateur a réuni cinq créateurs (et non pas "artistes" ; comme dit Pailloux dans la bande-annonce du film, on n'aime pas trop le terme appliqué à ces auteurs inspirés, hors système des Beaux-Arts, n'ayant à la limite besoin d'aucun public), Paul Amar, confectionneur d'univers en boîte hantés par de multicolores coquillages que Philippe Lespinasse a été l'un des tout premiers à défendre, Richard Greaves, faiseur canadien de cabanes voulues et construites extraordinairement bancales aujourd'hui détruites, André Robillard, et ses fusils, et ses Martiens, et ses "renards de la forêt d'Orléans", et ses Spoutniks, Judith Scott qui s'immergeait dans des cocons plus gros qu'elle, tout embrouillés des fils de son âme aux chemins labyrinthiques et enfin André Pailloux et ses vire-vent, son vélo étourdissant que Remy Ricordeau et moi-même avions présenté primitivement (2011) dans le film Bricoleurs de paradis.

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      Ces créateurs sont réunis par la magie d'un regard amical passablement ébaubi devant les audaces de ses personnages, à tel point qu'on peut se demander, lorsqu'on n'a pas encore vu le film, si les "Martiens" dont il est question dans le titre du film ce ne serait pas aussi les quatre autres créateurs rencontrés dans le documentaire.

11/10/2015

Fondation de la collection de monographies "la Petite Brute"

     La Petite Brute, collection que je dirige, répond à une demande de l'éditeur de l'Insomniaque qui souhaitait qu'on lance une série de titres sur des créateurs d'art brut, ou d'art naïf inventif, ou d'environnements populaires du type de ceux dont je parle dans Eloge des Jardins Anarchiques (éditions l'Insomniaque, 2011), voire sur des thèmes en liaison avec les arts de l'immédiat (poésie naturelle, figures du fantastique social dans la rue, anonymes de l'art populaire, etc.). Chaque titre devant comporter un texte rédigé de façon primesautière, non universitaire, plutôt poétique et littéraire, suivi d'un album de reproductions.logo avec titre en arc-de-cercle.jpg

     Le choix des auteurs se portera avant tout sur des sujets choisis en dehors des circuits commerciaux de l'art, puisqu'il s'agit de mettre en lumière une créativité éparse dans la population, qui ne se destine pas nécessairement à faire l'objet d'un marché, mais qui se déploie plutôt dans le désir d'embellir la vie quotidienne, en la magnifiant, en l'enchantant, voire au passage en la critiquant, miroir installé sur le bord du chemin de la vie comme disait (à peu près) Stendhal...

 

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     Les deux premiers titres sortent cet automne. Mardi 13 octobre (l'ouvrage est du reste d'ores et déjà disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre), on trouvera en librairie Visionnaires de Taïwan de Remy Ricordeau, consacré à une demi douzaine d'environnements découverts par l'auteur dans l'île de Formose, en différents points de cette terre. On y rencontrera dans la neuve perspective proposée par Ricordeau notamment les œuvres de Lin Yuan qui avait été exposé il y a quelques années dans l'expo "17 Naïfs de Taïwan" à la Halle St-Pierre. Mais à côté de lui, se déploient également différentes autres créations parfaitement inconnues et inédites, prouvant s'il en était besoin que la création spontanée est une pratique des plus répandues dans le monde, les territoires de l'Asie n'en étant pas épargnés, et commençant à largement intéresser les amateurs et les chercheurs d'art brut (dont bien entendu les marchands toujours à l'affût et attentifs à être les premiers à poser le pied - et la griffe - sur les nouvelles œuvres découvertes).

 

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Bestiaire de Wu Tanlai, ph. Remy Ricordeau, 2014

 

    Le deuxième titre est de Bruno Montpied, votre serviteur, Andrée Acézat, oublier le passé. Il sera disponible en librairie à la mi novembre (le diffuseur de l'Insomniaque est désormais Les Belles Lettres). Acézat, j'en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, était une peintre secrète qui produisit durant une cinquantaine d'années dans la région bordelaise (elle vivait à Talence avec son mari Lino Sartori, devenu sur le tard et par contagion un sculpteur et peintre singulier autodidacte ; le livre montre également quelques-unes de ses œuvres) des tableaux d'une facture banale relevant de ce que l'on appelle la peinture de genre, nus, natures mortes, paysages du bassin d'Arcachon, etc. Elle se décida, peut-être par contrecoup d'un cancer, sur le tard à 70 ans, à tout rejeter pour se mettre à créer un cortège de figures grotesques, caricaturales inspirées des personnages qu'elle croisait dans sa vie quotidienne. Ses peintures prirent alors un aspect expressionniste naïf très singulier. 

 

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Andrée Acézat, sans titre renseigné, 65 x 50 cm, peinture sur toile, 1996, coll. privée, région bordelaise, ph. Bruno Montpied

 

 A signaler: les deux auteurs, Remy Ricordeau et Bruno Montpied signeront leurs livres respectifs, tout en dialoguant avec les amateurs, dans le cadre de l'Outsider Art Fair, sur le stand tenu par la librairie de la  Halle Saint-Pierre le samedi 24 octobre à 15h à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière, dans le IXe arrondissement de Paris.

(Si vous ne trouvez pas les livres chez votre libraire habituel, n'hésitez pas à le commander, le diffuseur étant les Belles Lettres)

04/10/2015

L'éducation criminelle (Journal de voyage en Espagne 2)

      On est arrivé à Foix la ville où ma foi on n'a pas vu de marchand qui grommelait dans sa barbe de vieux Juif d'autrefois "c'est la dernière fois que je vends du foie dans cette ville de Foix...". On descend dans un petit restaurant où servent deux charmantes serveuses. Derrière nous, une chaise haute pour bébé comporte sur la tablette destinée à recevoir les assiettes et autres pots pour un possible mouflet un tranchoir assez semblable à un massicot placé devant une esquisse de boulier fixé à la tablette.

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La chaise pas électrique mais c'est tout comme... Ph. Bruno Montpied, août 2015

 

     Il n'en faut pas plus à Régis pour imaginer tout à coup que cette chaise sert à dresser les enfants contre les comptes et le calcul. La mère, ou le père, qui a inventé ce dispositif veut empêcher sa progéniture d'accéder au boulier. Le petit qui voudrait tendre sa mimine potelée vers les boules aux couleurs au demeurant bien désirables serait obligé de passer les doigts sous le couteau. Une bonne secousse – et hop! – il aurait d'un coup sec quelques doigts en moins... De l'éducation version parents psychopathes...