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31/07/2008

De l'ennui

    Deux personnages très différents (quoique relevant du sabre et du goupillon qui comme chacun sait font souvent affaire ensemble) lèvent tous les deux les yeux au ciel... Dans le cas de ce christ à l'allure quelque peu vautrée sur sa chaise, lever les yeux au ciel est à prendre bien sûr au pied de la lettre, mon père pourquoi m'as-tu envoyé là, vois ces hommes et plus généralement, "ecce homo", comme il est marqué sur le bandeau qui longe son corps, boudi, que je suis pressé de faire l'"ascension"...

Christ sculpté, église de la Dalbade, Toulouse, ph B.Montpied, 2008.jpg
Christ sculpté et peint, église de la Dalbade, Toulouse, ph.B.Montpied, 2008

    Tandis que ce militaire plus profane paraît simplement se barber, à moins que ce ne soit une expression de simple assoupissement, ou les deux à la fois... Peut-être a-t-il ras le bol de faire les potiches?

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Art populaire anonyme, pot en terre vernissée, coll privée, Paris, ph.B.Montpied

30/07/2008

Eloquentes obsessions

 

british outsider art.jpg

    En marge de l'exposition sur l'art des outsiders british qui termine son séjour à la Halle St-Pierre à Paris (clôture le 1er août), Mr Roger Cardinal qui passait ces jours-ci par Paris nous a glissé une petite carte annonçant une autre exposition à venir cette fois, et se tenant dans les faubourgs de Londres à Twickenham, sans doute le même Twickenham que pour le rugby. "Eloquent obsessions", cela s'appelle, et c'est organisé à la Orleans House Gallery, à Riverside, Twickenham (vous trouverez bien tout seul où ça se situe exactement à Londres). La manifestation est organisée conjointement avec la Henry Boxer Gallery basée à Richmond. Le carton n'est pas très bavard sur les créateurs que l'on devrait retrouver dans ce lieu, et je ne suis pas encore arrivé à dénicher sur la Toile une référence à cette expo. C'est peut-être trop tôt. Le vernissage est pour le 3 septembre, et c'est prévu pour durer du 30 août au 19 octobre. Comme je sens que je vais oublier d'en reparler, je l'ai casé ici tout de suite. Comme ça vous aurez le temps de réserver le très cher TGV pour l'Angleterre (c'est le genre d'expo pour la jet set de l'art brut ; qui ne sait plus où placer ses sous en matière d'art moderne ou contemporain). On va y retrouver des noms bien connus, Henry Darger, Madge Gill (prononcez "Guill", m'a recommandé Roger) ou Scottie Wilson, ainsi que quelques oeuvres des pensionnaires de Gugging en Autriche.

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Madge Gill, expo British Outsider Art à la Halle St-Pierre, Paris

Louis Wain Galerie Henry Boxer.jpg

    On devrait aussi, surtout, y trouver un créateur peu connu de ce côté-ci du Channel, à savoir le dessinateur obsédé de la race féline, le dénommé Louis Wain, que je ne connais guère autrement personnellement qu'à travers le portail internet de la galerie Henry Boxer. La notice de la galerie nous signale que le monsieur fut d'abord un grand illustrateur célèbre spécialisé dans les dessins de chats, avant de sombrer dans la psychose (on parle de schizophrénie à son sujet). Interné, il continua à représenter les êtres qu'il affectionnait entre tous, mais ses images prirent des allures qualifiées de "kaléidoscopiques".

Louis Wain Galerie Henry Boxer.jpg

     Ses chats devinrent psychédéliques, se fragmentant en dizaines, centaines d'éclats colorés qui les font rejoindre les images de dragons tels qu'on peut en voir dans l'art d'extrême-orient. Cela les rapproche aussi d'autres célèbres chats de l'art naïf, ceux de Van Der Steen.

        
         Van-Der-Steen,-un-de-se.jpg         Tigre-porte-bonheur.jpg
A gauche un des chats de Van Der Steen, à droite un jouet porte-bonheur chinois, un tigre que l'on offre aux enfants comme objet protecteur (art traditionnel XXe siècle)

    Souhaitons que nous ayons l'occasion de voir des oeuvres de Louis Wain un de ces jours prochains en France.

Vonn Ströpp, galerie Henry Boxer, expo British Outsider Art à la Halle St-Pierre, 2008.jpg
Vonn Ströpp, sans titre, vers 1984, 114,3x190,5 cm, acrylique, Henry Boxer Gallery

    L'expo British Outsider Art, si elle nous a tout de même permis de découvrir les rares dessins d'Andrew Kennedy ou encore les compositions visionnaires hallucinantes de Vonn Ströpp, a raté l'occasion de nous montrer un ensemble plus vaste concernant le champ des créateurs spontanés autodidactes britanniques, et notamment a loupé l'occasion de nous présenter donc quelqu'un comme Louis Wain.

Andrew Kennedy, expo British Outsider Art, Halle St-Pierre, Paris, 2008.jpg
Andrew Kennedy, Bibliothèque de l'université d'Edimbourg, exposé à British Outsider Art à la Halle St-Pierre du 24 mars au 1er août 2008

   Elle n'a traité qu'une petite partie du champ. La collection Musgrave-Kinley par exemple (désormais prêtée sans limitation de temps au musée d'art moderne de Dublin) n'a pas été associée au projet (pour des raisons qui n'ont pas été évoquées), pas davantage que ses organisateurs n'ont souhaité nous présenter quelques oeuvres de l'étrange Richard Dadd, pourtant fort peu connu en dehors de la Grande-Bretagne. Dommage, dommage...

Richard Dadd Crazy Jane 1885, site noumenal.com .jpg
Richard Dadd, Crazy Jane, 1885, image reprise du site noumenal.com

28/07/2008

Méfiez-vous des églises...

Le clocher de la Dalbade s'effondra..., oh B.Montpied, 2008, Toulouse.jpg
Eglise de la Dalbade, Toulouse, ph. B.Montpied, 2008

27/07/2008

Le monde est une toile constamment peinte

   Le 14 juillet, la population descend danser et va voir le feu d'artifice. On se pose sur le pont où l'on est bien placé pour assister au grand spectacle pyrotechnique qui sera donné (pour l'occasion à Montauban). La foule, relative, s'agglutine gentiment au parapet, aux réverbères et attend sagement. Lorsque la nuit est enfin bien noire, aux environs de 22h30, sur le fond d'encre, les tirs commencent. Pas de cris, pas de soupirs collectifs cette fois-là. Le public assiste dans un silence étonnant au spectacle des gerbes et des bouquets éclatants, aussi multicolores qu'éphémères.

Feu-d'artifice,Montauban, ph B.Montpied, 2008.jpg
Montauban, ph.B.Montpied, 2008

    Ils regardent avec acuité, ne loupent pas la moindre étincelle. Dans le ciel nocturne, analogue à la toile de fond du sommeil où les rêves et les cauchemars se déploient, toutes sortes d'images crépitent, dans le bruit (assourdi) et l'éclat scintillant des fusées, des araignées de fumées dont les panaches s'évanouissant semblent semer des figures fantômatiques que l'appareil photo peine à capter-capturer... La même foule qui n'ira jamais voir une seule exposition dans le musée Ingres tout proche (les gerbes se peignent dans le ciel au-dessus de lui, du violon caché de monsieur Ingres...) assiste religieusement au spectacle éphémère des grands bouquets de lucioles et sillages de couleurs enflammées. La taille du spectacle, aux dimensions du paysage, art créé sur la toile de fond du monde, absolument immédiat (l'oeuvre se dissout dés l'instant où elle apparaît), est peut-être la raison de l'engouement populaire. Ce plaisir éphémère, cette conscience qu'il ne faut pas en manquer une miette, qu'il faut le vivre intensément au moment fugace où il se déploie, cela fascine sans doute. Et puis il y a la beauté des dessins dans le ciel, analogue à celle qu'on trouve dans l'art en deux dimensions, comme un créateur anonyme -déjà montré sur ce blog- l'avait en son temps évoqué (rare exemple à ma connaissance de tentative de représenter en le figeant un feu d'artifice ; intelligemment, l'auteur y a ajouté les figures fantastiques que sa fantaisie a cru y deviner).

Anonyme (Robert Roseff), ph B.Montpied.jpg
Anonyme (Robert Roseff?), 50x65cm, coll.privée, Paris, ph.B.Montpied
Feu d'artifice Montauban, ph B.Montpied, 2008.jpg
Montauban, ph B.M., 2008

    L'art se fait partout à tout moment par la grâce de notre imagination, et de nos perceptions. J'aime assez le projet pictural qui consiste à mêler aux reflets du monde réel les projections de nos fantaisies intérieures, tel que cela s'effectue, par exemple, dans l'art naïf au réalisme poétique injustement sous-estimé par les tenants de l'art brut (mais un heureux revirement se dessine depuis quelques années).

B.Montpied, Les nuages peintres,la neige peintre, le paysage peintre, 1996.jpg
B.Montpied, Les nuages peintres, la neige peintre, le paysage peintre, 8x26 cm, 1996

26/07/2008

Inspirés du bord des routes

Inspirés-du-bord-des-routes.jpg
B.Montpied, Inspirés du bord des routes, 21x26 cm, 2008

25/07/2008

Contre aptonyme?

   Ci-dessous un cas de contre aptonymie patente semble-t-il. Monsieur Boucherie (qui se prénomme peut-être Jacques en référence à St-Jacques-de-la-Boucherie?) est devenu imprimeur pour contrer l'influence de son patronyme, peut-être. Glissant de la viande vers le papier qui sert à l'emballer?

Boucherie imprimeur, Bordeaux (quartier St-Michel), photo B.Montpied,2008.jpg
Photo B.Montpied, Bordeaux, 2008 

 

Dictionnaire du Poignard Subtil

Poignard-gaulois-(Encyclopé.jpg

POESIE:

    "Quand un mot rencontre un autre mot pour la première fois, c'est la poésie"

    (Un bûcheron poète canadien, cité par Jacques Meunier et Nicolas Bouvier dans les entretiens filmés de ce dernier avec Joël Calmettes, DVD "Nicolas Bouvier Le Vent des Mots de Joël Calmettes et Olivier Bauer, collection Un siècle d'écrivains, 2008)

   "La poésie corrige les erreurs de Dieu"

    (Odysseus Elytis, cité par Nicolas Bouvier dans les mêmes entretiens)

    Et puis pour continuer sur ce mot, ci-dessous cette citation d'après André Breton, relevée dans le logis d'une victime des inondations du Tescou (affluent du Tarn sujet à des débordements intempestifs), à Montauban, victime qui put donc se consoler en lisant que la poésie l'avait aussi inondé, ce qui n'arrive pas tous les jours:

Citation d'André Breton, photo B.Montpied, Montauban, 2008.jpg
Photo B.Montpied, Montauban, 2008

17/07/2008

La rivière a coulé sous les géants de Robert

   Petite note au passage, mais parce que c'est urgent à signaler. Je ne connaissais que de nom la Chaussée des Géants à Alas, près de St-Girons dans l'Ariège (région du Couserans). Ce sont des statues et des patchworks de pierres assemblées qui ont été dressés en travers d'une rivière (la ou le Lez). Il me semble qu'un film, diffusé il y a quelques années sur Arte, montrait le site, parmi d'autres jardins ou créations de bord des routes.

chaussee.jpg

   L'auteur, Robert Mathey,mathey_id.jpg nous a quittés il y a environ deux mois. Je tiens l'information de Martine et Pierre-Louis Boudra du musée d'art brut Les Amoureux d'Angélique. Il y a urgence pour tous ceux que le site intéresse. Les détériorations ont déjà commencé. Les vandales sont à l'oeuvre. Plus personne ne défend l'endroit, site peut-être voulu éphémère par son auteur, puisque bâti sur l'eau, comme un mirage et un défi au temporel. Mais qui a dit que nous ne pourrions pas faire durer cette poésie éphémère, comme un défi plus grand d'être relevé collectivement?

    J'espère pouvoir revenir bientôt sur la question avec des images plus éclairantes à la clé. En attendant, on peut aller voir quelques photos supplémentaires sur le site d'Archi Libre.

14/07/2008

La Déglinguée

La-Déglinguée,-13x18-cm,-20.jpg
B.M, La Déglinguée, aquarelle, encre et crayons de couleur, 13X18 cm, 2008

09/07/2008

René-François Gregogna, l'Anartiste

    Je parlais de classiques de l'art singulier dans ma note récente sur "l'été des expositions". On pourrait aussi parler de ses"ancêtres", si le terme n'avait pas quelque chose de légèrement offensant.

    Bien sûr on connaît Chaissac, qui avec son "art rustique moderne" n'était pas loin des créateurs que l'on peut regrouper sous l'étiquette singulière. Il y  a eu aussi Michel Macréau, étonnant peintre en marge du monde des arts, en dépit d'un talent indéniable qui aurait dû lui ouvrir les portes des galeries, des institutions muséales de son vivant, et le faire exposer davantage sur un plan international. Ce dernier fut actif des années 60 aux années 90, et fut certes associé à la Figuration Narrative, déclaré également précurseur dans les années 60 de la peinture de graffiti (il est proche cousin d'un Basquiat), mais son parcours marginal dans l'art contemporain le fait aussi rapprocher de certains grands individualistes que l'on classe faute de mieux du côté des "singuliers". Créateurs dénommés ainsi après l'exposition des Singuliers de l'Art (1978) au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. L'expression, on le sait, au départ cherchait à englober aussi bien les environnementalistes que les bruts, ou les créateurs contemporains indépendants et semi-professionnels. Avec le temps, les festivals d'art singulier fleurissant dans les petites villes, le terme en est venu à désigner essentiellement les créateurs contemporains marginaux recourant à des techniques artistiques d'autodidactes, s'exprimant dans un langage primitivisant ou imaginiste. Le mot peut ainsi devenir plus ou moins synonyme de "création franche" ou de "neuve invention" (les cas-limites aux portes de l'art brut).

     Parmi ces Singuliers, il existe un autre précurseur, René-François Gregogna, actif à Sète, Frontignan et Pézenas depuis quatre décennies.Gregogna photo par Didier Leclerc, site atelier n89.jpg Un peu comme Jean-Joseph Sanfourche dans le Limousin, Jacques Reumeau dans la Mayenne, ou encore Elie-Séraphin Mangaud en Vendée (un ami de Chaissac celui-ci, et bien méconnu),etc... (Il doit y avoir des créateurs indépendants et inclassables dans toutes les régions). Né en 1926, résistant pendant la guerre, ayant été profondément marqué par le sculpteur naïf/brut ardéchois Alphonse Gurlhie (dont Jacques Brunius paraît faire mention dans son film de 1939 Violons d'Ingres), alors qu'il n'avait que huit ans,Alphonse Gurlhie,le pêcheur-chasseur à cheval sur un renard, ciment armé, Maisonneuve, Ardèche, ph Bruno Montpied,1994.jpg auteur de diverses expériences artistiques dès 1958 dans la région sétoise (mais aussi un temps en Touraine et en Allemagne, entre 1978 et 1983), souvent accompagnées de scandales et de vandalisme (il est fort connu pour avoir peint en 1978 et 1979 les rochers de deux digues situées à Sète et à Frontignan sur plus de 2000 m2, digues qui toutes deux se trouvèrent détruites), Grégogna est un personnage attachant, aux allures de dandy méridional, un créateur inégal et inventif en même temps, qui ne suit que son désir, et son inspiration... Seules comptent la liberté, la poésie, la surprise et la satisfaction de l'artiste. Son oeuvre réside aussi dans sa conduite de vie. Sa biographie (que l'on peut trouver sur le site de l'atelier photographique de Didier Leclerc où l'on trouve d'excellentes photos comme celle que j'insère ici) et le film qu'Anne Desanlis (qui a aussi collaboré au film Le Dernier des Immobiles, consacré au poète Matthieu Messagier) a réalisé sur lui le montrent avec éclat.

Gregogna carton d'invitation au film d'Anne Desanlis à Paris en 2007.jpg
Projection du film d'Anne Desanlis à Montmartre en 2007

    Grégogna a probablement exercé en outre une influence non négligable sur les tenants de la Figuration Libre notamment à travers les frères Di Rosa, dont l'un deux, Hervé, a créé en sus de son oeuvre un Musée international des Arts Modestes, installé à Sète, dont les conceptions ont des relations avec l'esprit primesautier d'un Gregogna justement. L'actualité permet de se faire une idée de l'oeuvre de Grégogna puisqu'il expose à deux adresses cet été.Gregogna, deux statuettes, extraites du site web de FiestaSète.jpg La Maison des métiers d'art de Pézenas expose les "laines de l'anartiste" du 28 juin au 30 septembre 2008 (tél: 04 67 98 16 12), des oeuvres textiles donc (l'artiste a fortement tendance à pratiquer toutes sortes de techniques par ce goût de l'expérimentation qui est un autre masque de son goût pour les diverses situations de la vie). Dans le cadre de la manifestation FiestaSète, se tient également une expo Grégogna, "Tout vient à point, à qui sait m'attendre". Vernissage le 11 juillet. Du 11 juillet au 30 sepembre 2008, Espace Félix, 2, quai Général Durand, Sète (04 67 74 48 44 et http://www.fiestasete.com/, site où il faut précisément chercher ce texte sur Gregogna).

Affiche de FiestaSète 2008, Gregogna et Cervera.jpg
Affiche de FiestaSète 2008, René-François Gregogna et André Cervera 

   

05/07/2008

La traduction optique, selon Alain Joubert et Nicole Espagnol

  "Traduit optiquement du tchèque", d'après un recueil de poèmes et de dessins du surréaliste Roman Erben, intitulé Neilustrace et publié par lui en 1964, voici que l'éditeur Ab Irato (21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris, http://abirato.internetdown.org/) sort un essai de traduction analogique d'après le tchéque, langue inconnue des deux auteurs, Alain Joubert (qui écrit les poèmes) et Nicole Espagnol (pour les images), recueil intitulé L'Effet miroir

   En 1984 j'avais moi-même, sans connaître du tout ces expériences des deux surréalistes, essayé de la "traduction subjective" (avec ma compagne aussi, Christine Bruces, nous avions traduit par analogies de sons des textes roumains, langue totalement inconnue de nous ; deux textes en français différents furent ainsi produits à partir d'un seul et même texte en roumain, que j'éditais dans le n°3 de La Chambre Rouge ; cela a été réédité récement en 2004 dans le n°4 des Cahiers de l'umbo). J'associe traduction "optique", terme inventé par Joubert et Espagnol, à traduction "subjective" d'après ce que je comprends à la lecture du bulletin de souscription récemment reçu. Il est fort possible que les deux ne coïncident pas tout à fait cependant... Dans les deux cas, l'idée des poèmes (et des images) paraît cependant découler d'un besoin de comprendre une langue dont on ne connaît pas un traître mot. C'est par des à-peu-prés que Christine et moi  (d'autres amis, les frères Gayraud, y avaient également participé) avions remplacé les mots roumains. Nous rajoutions, pour lier l'ensemble bien entendu, des mots que nous ne voyions pas mais que nous estimions devoir être dans le texte que nous croyions reconnaître, cachés qu'ils étaient par notre ignorance de la langue.

Alain-Joubert et Nicole-Espagnol, couverture de l'Effet Miroir, éd. Ab Irato, 2008.jpg

   Alain Joubert, dans le même bulletin de souscription, explique à Roman Erben comment lui et sa compagne Nicole ont procédé (ils l'ont fait dix ans avant nos propres essais, à savoir entre 1974 et 1977, sans avoir eu l'occasion semble-t-il, à ce que l'on croit comprendre, de pouvoir publier le résultat de leur jeu). Il avoue que la chose est difficile à expliquer précisément: "Te dire exactement comment nous pratiquâmes est impossible ; sans doute chacun de nous devait-il proposer un mot, un membre de phrase, une image, que l'autre s'appropriait pour en modifier le sens, et réciproquement, jusqu'à ce que l'accord se fasse et que le poème optique de langue française prenne finalement forme à notre convenance. Nicole et moi éprouvâmes un grand plaisir à cet exercice, lequel nous permit de pouvoir enfin lire ce qui, dès lors, s'exprimait dans ta plaquette, à ton insu bien entendu!" Suit un exemple de poème publié dans le recueil L'Effet Miroir, le titre en tchéque étant Psenice, traduit par les surréalistes français par Pénis (il fallait s'y attendre). Il semble aussi qu'il y ait eu dans cette confection de poème traduit "optiquement" un aller-retour continuel entre images et mots, à la différence de nos essais de traduction subjective.

    Pour en apprendre davantage, il faut bien sûr commander le recueil auprès des éditons Ab Irato, l'édition courante étant à 8€ (il existe aussi des tirages de tête sur Verger -90€- et sur Munken -20€-). Se reporter à l'adresse indiquée en haut de cette note.

03/07/2008

Art Brut, architectures marginales, un livre de Marielle Magliozzi

     En chantier depuis quelques années (au départ ce fut une thèse de doctorat en histoire de l'art soutenue en 2003), l'ouvrage qui paraît ces temps-ci aux éditions de l'Harmattan, Art brut, architectures marginales, sous-titré Un art du bricolage, aura nécessité beaucoup de souffle à son auteur, Marielle Magliozzi, puisqu'il aura fallu le remanier, le retravailler profondément afin de le faire passer du format universitaire à une version plus grand public.

Art brut, architectures marginales, couvertire du livre de Marielle Magliozzi.jpg
Couverture du livre de M.Magliozzi, où l'on reconnaît la maison peinte de Danielle Jacqui au Pont de l'Etoile à Roquevaire

     L'ouvrage que je n'ai pas encore eu entre les mains paraît traiter, dans une optique d'art du bricolage (le texte du 4ème de couverture réunit Lévi-Strauss avec Dubuffet) appliqué à la création d'environnement artistique, d'au moins une vingtaine de sites disséminés en France, certains ayant disparu aujourd'hui (on sait que ces environnements n'ont pas encore reçu la grâce d'être considérés comme des éléments incontournables de notre patrimoine, on se demande toujours pourquoi...).

4ème de couverture du livre de M.Magliozzi sur les architectures marginales.jpg
4ème de couverture

    Peut-être Marielle Magliozzi revient-elle en particulier dans cet ouvrage sur ce créateur, nommé Louis Auffret, basé à Six-Fours dans le Var, qu'elle avait succinctement évoqué dans le n°49 de Raw Vision à l'hiver 2004-2005... Auteur d'un environnement complexe qui s'est trouvé par la suite rasé, avant qu'on ait eu le temps d'en entendre parler (Marielle est la seule à ma connaissance à posséder des photos de ce site)... Il semble acquis en tout cas qu'on retrouvera dans son livre certains créateurs plus connus comme Chomo ou Marcel Landreau, le "caillouteux" de Mantes-la-Jolie, dont les statuettes organisées en saynètes parfois automatisées étaient confectionnées à l'aide de morceaux de silex collés les uns aux autres. Son site était un des plus extraordinaires parmi tous ceux qui ont pu exister en France. Hélas... Mille fois hélas, il fut lui aussi balayé après la disparition de son auteur.

Marcel Landreau, 1987, photogramme des Jardins de l'Art Immédiat, film Super 8 de Bruno Montpied (1981-1991).jpg
Marcel Landreau, 1987 ; photogramme extrait du film en Super 8 Les jardins de l'art immédiat, 1981-1991, de Bruno Montpied (cette image est prise sur des personnages d'un manège de danseurs qui était en mouvement au moment du film, bercé par le célèbre air de La Paloma joué par Yvette Horner et diffusé par haut-parleur...)

    Attendons donc d'avoir le livre pour en parler plus largement, et donnons à tous ceux qui n'auraient pas eu l'info les renseignements que Marielle Magliozzi a eu la gentillesse de nous faire parvenir. Le livre peut d'ores et déjà se commander dans n'importe quelle librairie, en attendant de le voir en rayon à la rentrée après les grrrrrandes vacances (prix 32 €).

    

02/07/2008

L'été des expositions (note rallongée)

    Cet été, il y a du singulier saupoudré un peu partout pour ceux qui voudraient voyager en fonction des arts contemporains sous médiatisés. Je ne cite que quatre lieux cependant, car vous trouverez bien le reste sans moi, la toile pullule de sites consacrés à l'art dit singulier, la singularité résidant de plus en plus dans l'apparence, comme tant d'autres choses ces temps-ci...

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    On trouve de tout, des "classiques", des "ancêtres", et des aspirants à la notoriété "singulière" plus récents. Classiques sont en effet désormais Chaissac,Auberivecrbst_chaissac.jpg Pierre Bettencourt et Louis Pons, exposés du 1er juin au 5 octobre dans le cadre des Passeurs de frontière (sur les trois, c'est Chaissac et Pons que je préfère) au centre d'art contemporain de l'Abbaye d'Auberive.Auberive_vue_aerienne.jpg Auberive, c'est entre Langres et Châtillon-sur-Seine. A noter que ce centre possède des fonds d'art contemporain où l'on retrouve entre autres des oeuvres des Moiziard (Jean et Andrée) et d'autres artistes chéris de la galerie Béatrice Soulié. Tous les renseignements pratiques se trouvent sur le site du centre. Il suffit de cliquer...

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Portion de la Maison de Danielle Jacqui au Pont de l'Etoile, photo du carton d'annonce de son exposition à Nice

    Parmi les "ancêtres" (hou là, là... elle ne va pas apprécier...) de l'art singulier, il y a Danielle Jacqui dont on connaît la maison rutilante de couleurs, ultra baroque et foutraque à Roquevaire-en-Provence. Elle crée depuis trente ans au moins avec une belle constance et une grande profusion bariolée que je ne suis pas toujours sûr de pleinement apprécier (mais Jacqui et moi, on peut parler librement)... On ne peut cependant douter de sa sincérité, et de sa persévérance. L'occasion est donnée pour tous ceux qui voudraient en savoir plus de se renseigner sur l'ensemble de sa production multiforme puisque le Musée International d'Art Naïf Anatole Jakovsky à Nice lui consacre une exposition intitulée "ORGANuGAMME" (titre super tarabiscoté). Du 20 juin au 3 novembre, au Château Sainte-Hélène, avenue de Fabron, Nice. (Renseignements: 04 93 71 78 33).

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   Au Musée de la Création Franche à Bègles, ils ont prévu cet été de nous montrer encore et toujours Joël Lorand, en passe de devenir un classique lui aussi, étant donné la cadence de ses expositions. Il faut dire que son art frappe l'attention de beaucoup de spectateurs. L'oeuvre qui sert pour l'illustration du carton d'invitation ne déroge pas à la règle. De même que les autres peintures (dessins en couleur?) qui continuent d'être exposées en ce moment même à l'exposition L'Eloge du Dessin à la Halle Saint-Pierre à Paris. Cela est prévu pour durer du 27 juin au 7 septembre.

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Alain Lacoste, Seringue de malheur, 1996, photo récupérée du site Self-Taught-Art singulier de Jerzy Ruszczynsky-Art Outsider (à prononcer d'une seule traite) de Frédéric Lux

   Très classiques aussi sont Claudine Goux et Alain Lacoste qui exposent jusqu'au samedi 28 juin (va falloir se dépêcher, si ça vous intéresse ; personnellement, le site de la galerie où l'on voit des photos des expos laisse imaginer une tendance au foutoir et au n'importe quoi... ; mais, tout de même Goux et Lacoste étant des artistes estimables, il me paraissait malhonnête de ne pas les signaler) à l'Espace Lucrèce, 16, rue Salneuve, dans le 17e arrondissement de Paname.

Jerzy Ruszczynski, oeuvre reproduite sur le blog de Frédéric Lux.jpg 
Oeuvre de Jerzy Ruszczynski, extraite du site de Frédéric Lux
Enfin, Frédéric Lux nous fait savoir qu'à Saint-Sever-du-Moustier, son protégé Jerzy Ruszczynski (riche non seulement de consonnes difficiles à retenir en français mais aussi d'une oeuvre foisonnante) expose une trentaine de ses oeuvres (dessins et peintures) en même temps qu'une forte escouade de créateurs talentueux: Louis de Verdal, Kurt Haas, Ted Gordon, Marilena Pelosi,Marilena Pelos,Il va renaître dans un corps sans haine, 2004.jpg Rosemarie Koczy, Stani Nitkowski (à titre posthume), entre autres... sans oublier... l'incontournable Joël Lorand! Dont cette fois l'oeuvre descend nettement vers le Midi (ceci afin de répondre au commentaire récent de Miss Anne-Lise...). L'expo s'appelle Les nouveaux troubadours (ça vous fait pas penser à la ritournelle d'une certaine publicité?). Elle est prévue pour durer du 12 juillet au 6 septembre. Le vernissage aura lieu le 12 juillet. C'est ouvert de 15h à 18h tous les jours (ceci pour répondre aux besoins horaires de Miss Valérie...). Un tél? 05 65 99 97 97. Un e-mail? nt@saint-sever.net

Marilena Pelosi, Il va renaître dans un corps sans haine, dessin aux crayons de couleur, 5x17 cm, 2004, coll.privée, Paris