29/08/2010
Info-Miettes (9)
Galerie Susi Brunner, Zürich
Je viens de recevoir des dépliants, une carte postale, pour m'inciter à aller faire mon marché - mon expéditeur me supposant collectionneur avisé - du côté de l'art brut à Zürich, à la galerie de Susi Brunner, apparemment une bonne adresse pour ce genre d'emplettes. "C'est depuis 1973 que je m'implique de façon professionnelle dans l'art "outsider" et l'Art Brut", écrit-elle dans une courte présentation traduite en français dans sa présentation de la galerie. Le programme des derniers mois de 2010 s'annonce comme d'habitude stimulant: nous aurons ainsi Umberto Gervasi, Giuseppe Zivieri, Alberto Guindani et Nicola Gianini, quatre créateurs apparemment italiens - l'Italie se fait beaucoup remarquer ces temps-ci du côté de l'art brut ; voir Bonaria Manca, ou ce Giovanni Bosco sur lequel un blog parallèle, celui de la Madame Figaro de l'Art Brut, en fait des caisses depuis déjà quelque temps - quatre créateurs qui exposeront entre le 18 septembre et le 18 octobre ; un certain Alain Signori, venu de France (une sorte de figuratif naïf on dirait? Il y a pas mal de renseignements sur lui et ses travaux sur internet, notamment un site web à lui seul consacré), exposera ensuite de ce 18 octobre jusqu'au 18 novembre, date à laquelle sera fait place aux "acquisitions" de la galerie et ce jusqu'au 18 décembre, date à laquelle les relaieront Paul Amar et ses boîtes de saynètes incrustées de coquillages et autres loupiotes parfaites pour aller avec les arbres de Noël qui refleuriront, façon de parler, un peu partout en Europe en cette fin d'année... Un film de Philippe Lespinasse sur Amar (déjà ancien) sera également projeté à cette occasion.
Galerie Susi Brunner, Spitalgasse 10, Suisse, 8001 Zürich. Tél 41(0)44 251 23 42. www.susibrunner.ch
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Jarousse chez Chave
La galerie Alphonse Chave de son côté poursuit son défrichement des créateurs un zeste obsessionnels en exposant du 21 août au 30 novembre Isabelle Jarousse et ses oeuvres en papier épais, couverts de faunes et flores divers dessinés méticuleusement à l'encre par-dessus des vagues et des plis tortueux. Nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer sur ce blog ainsi que dans la revue Création Franche (n°23, cotobre 2003, article Sans paroles, Isabelle Jarousse).
A signaler la parution d'un catalogue à l'occasion de cette exposition, reproduisant 25 oeuvres d'Isabelle Jarousse, faisant partie d'une série intitulée "Fleurs et couronnes", avec un texte de Damien Chantrenne. Deux expositions supplémentaires consacrées respectivement à Pascal Verbena et à "l'Art Brut et ses alentours" se poursuivent dans la même galerie, à ses premier et second étages.
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Insectes en tous genres à Verderonne
Photos et dessins d'insectes sont au menu de l'expo d'été qui se poursuit actuellement au Centre Artistique de Verderonne, animé par Caroline Corre dans l'Oise jusqu'au 27 novembre prochain. Pour les photos (d'Alain Muriot), je suppose que c'est de la photographie entomologico-poétique, style Roger Caillois (à seconde vue, ce serait plutôt proche des évocations de Nabokov). Pour les dessins, nous avons l'occasion ici de retrouver les bestioles voraces de Michel Boudin, que j'ai déjà aussi eu l'occasion d'évoquer ici et là (dans le catalogue de l'exposition Créations et Visions Dissidentes au Musée de la Création Franche à l'automne 2001).
18:05 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galerie susi brunner, art brut, art immédiat, michel boudin, isabelle jarousse, galerie chave, paul amar, art brut italien | Imprimer
24/08/2010
Acezat, une inconnue au bataillon
Cela fait quelque temps déjà que l'ami Alain Garret, à Bordeaux, m'a parlé en passant de quelques-unes de ses acquisitions picturales accrochées dans la salle à manger, et notamment d'une peintre inconnue de moi - et je gage de plusieurs autres - auteur d'aquarelles hésitant entre primitivisme enfantin et barbouillage graffiteux, mâtinés d'une certaine âpreté brute... J'ai nommé Acezat, aux oeuvres trouvées sur des brocantes, je crois. Voici quelques images:
En cherchant sur internet, je n'ai guère trouvé grand-chose de plus sur la créatrice, à peine l'aquarelle ci-dessous, mentionnée comme faisant partie de la collection du museum de l'art cru (oui, encore une autre appellation).
22:02 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : acézat; art cru, art immédiat, alain garret, art singulier | Imprimer
22/08/2010
Martha Grünenwaldt dans l'Oeil...-Art
Jean-Louis Faravel nous fait part d'une nouvelle exposition consacrée entièrement à Martha Grünenwaldt prévue pour commencer le 2 septembre, date du vernissage, à la Galerie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard à Paris, au pied de la Butte Montmartre, parmi les marchands de tissus du célèbre marché Saint-Pierre. Elle doit se terminer le 28 septembre suivant.
Il y aura vernissage mais aussi "conférence-découverte", pour en apprendre davantage sans doute sur cette dame primitivement violoniste amateur, ancienne domestique dans un château (où on lui interdisait de jouer de ce fameux violon justement), qui se prit d'amour pour le dessin à 71 ans (elle est disparue dans sa quatre-vingt-dix-huitième année en 2008) en chipant les crayons de couleur de ses petits-enfants, remplissant toute la journée toutes sortes de papiers sans qualité, tracts, affichettes, lambeaux de papier peint, factures, à Mouscron en Belgique... Parfois des deux côtés par manque de support, pour optimiser les surfaces disponibles. Martha qui, d'après sa fille Josine Marchal (voir ses confidences dans le "Bulletin n°6" de l'association Art en Marge en 1987 à l'occasion de la première exposition à Mouscron), se trouvait dans une sorte de refus vis-à-vis du monde extérieur: "Personne autour d'elle n'a plus d'importance... n'existe plus... Alors, c'est une des facettes... à vivre... à encaisser...", refus des relations avec ceux de sa famille aussi, qui peut expliquer que celle-ci ait pu par rancoeur se laisser aller une fois à jeter une partie de sa production pléthorique.
13:22 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : martha grünenwaldt, oeil-art, faravel; l'art tout simlement, art brut, art immédiat, halle saint-pierre | Imprimer
19/08/2010
Cangaceiro du mois d'août
23:24 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruno montpied, art singulier, art immédiat, cangaceiros | Imprimer
14/08/2010
Les Amoureux d'Angélique publient un catalogue
Ils avaient fait jusque là une flopée d'affichettes, confectionnées à l'occasion des petites expos temporaires qu'ils consacraient à leurs trouvailles en matière "d'art brut, naïf et populaire" dans leur charmante maison du Carla-Bayle en Ariège. A chaque fois, ils mettaient quelques lignes et quelques photos harmonieusement mises en pages. J'ai eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises sur ce blog et aussi dans la revue Création Franche (n°32 de mars 2010), où je signalais entre autres qu'il nous manquait un catalogue pour garder après la visite quelques souvenirs des créateurs protégés dans ces lieux.
Or donc, voici que ce catalogue vient d'être à son tour réalisé par les Amoureux (alias l'Association Geppetto de Martine et Pierre-Louis Boudra). Certes, les atours de cette brochure reliée comme un simple cahier à spirale restent modestes (à l'image des créateurs mentionnés dedans bien entendu), mais l'on dispose là à présent de quelques éléments documentaires non négligeables.
Les auteurs ont choisi de mettre l'accent avant tout sur certains créateurs emblématiques de leur primesautière collection: Gilbert Tournier, l'excellent Thierry Chanaud (dont personnellement je préfère surtout les dessins aux sculptures archaïsantes), Henri Albouy, Angelo Conficoni (dont on apprend qu'il a construit un musée dédié à ses propres réalisations en Aveyron), Henri Virmot, Sylvain Blanc, Joseph Claustres, le prolifique Joseph Donadello, Antonio de Pedro, Severino De Zotti, Honorine Burlin, la collection Yode d'art populaire en bouteille, Joseph Redini, Eric Hordas, Roger Beaudet, Raymonde et Pierre Petit, Louis Buffo, Denise Chalvet, les frères Jammes, Horace Diaz (comme Donadello et Burlin, créateur d'environnement), etc., etc.
Ne sont pas oubliés non plus les anonymes que la collection prise aussi bien. Il ne faut donc pas hésiter à acquérir ce document indispensable aux amateurs de terra incognita, de poésie des sans-grade de l'histoire de l'art.
Musée Les Amoureux d'Angélique, Carla-Bayle, Ariège, 05 61 68 87 45, amoureuxanges@hotmail.com. Catalogue 15€.
Thierry Chanaud, dessin "Des cerises, des arbres...", collection les Amoureux d'Angélique
11:07 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : amoureux d'angélique, art populaire enfantin, honorine burlin, thierry chanaud, boudra, joseph donadello, denise chalvet, roger beaudet, horace diaz, pierre petit | Imprimer
10/08/2010
Postérité des environnements (3): Abbé Fouré, avant, après...
Il est rare je trouve, lorsque d'aventure on s'intéresse aux rochers sculptés de l'ermite de Rothéneuf, de son vrai nom, Adofe-Julien Fouré (Fouéré pour l'état-civil, mais lui signait Fouré), de présenter parallèlement ce qu'il reste de ces rochers sculptés en bordure de mer avec ce qu'ils furent à l'origine. Cent années (depuis la mort de Fouré) séparent les vestiges actuels (car c'est le mot, des vestiges...) des pierres taillées du début du XXe siècle. L'usure, peut-être des vols, et/ou des descellements, les ruissellements, les lichens vérolant les formes de taches disgracieuses, toutes ces causes se sont liguées pour entamer le grand travail d'effacement de la roche rognonneuse péniblement amenée par l'abbé en seulement quinze ans (il habita Rothéneuf de 1894 à 1910) à l'état d'hallucinations figées. L'inconscient naturel reprend lentement ses droits sur l'inconscient humain.
05/08/2010
Postérité des environnements (2): Fernand Chatelain, où il va falloir restaurer la restauration...
Croisant cet été du côté de Fyé, prés d'Alençon, je suis allé revoir ce qu'il reste des statues refaites (pardon, restaurées) de Fernand Chatelain. Elles étaient rangées à gauche de l'ancienne propriété qui paraît à présent divisée en deux parties distinctes, un bouquet d'arbustes touffu marquant la frontière entre elles du côté de la route. Et quelle n'a pas été ma surprise de constater qu'une partie de la barrière toute neuve avait été cassée, de même que des sections du serpent qui se lovait autour de ses barreaux. Va-t-il déjà falloir restaurer la restauration?
22:09 | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
03/08/2010
Visilisation, nolphabet?
14:09 Publié dans Inscriptions mémorables ou drôlatiques | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ima, phéniciens, inscriptions insolites, novlangue | Imprimer
02/08/2010
Bruly-Bouabré, Ataa Oko, les films
Il y avait l'expo à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, il y aura désormais, pour s'en souvenir plus longtemps, les films de Philippe Lespinasse (accompagné d'Andress Alvarez et de Regula Tschumi) sur nos deux compères respectivement ivoirien (en fait, i voit beaucoup) et ghanéen, Frédéric Bruly-Bouabré et Ataa Oko, deux grands voyants venus du continent africain (voir ma note de mars au sujet surtout d'Ataa Oko).
Nous avons donc deux courts-métrages sur ces créateurs, produit par Lokomotiv Films et la Collection de l'Art Brut. Le premier, Frédéric Bruly-Bouabré, l'universaliste, fait 32 minutes, et le second, Ataa Oko et les esprits, 16 minutes.
"Théodore Monod, le savant blanc, m'avait dit, mon fils dans la vie il faut être observateur", nous confie celui qui, à 88 ans (dans le film), devenu un vieux sage et un patriarche respecté, reste plus que jamais un adepte de la divination. Observer les nuages, les peaux de banane, les signes de scarification, la disposition du marc de café, les taches de ciment dans la rue, pour y déceler un message du hasard, les fixer sur des bristols qu'il encadre de commentaires descriptifs, telle fut la tâche de Bruly-Bouabré durant ses soixantes dernières années. Composer un alphabet de 449 pictogrammes associés à des syllabes, afin d'inventer un langage qui réunirait toutes les langues du monde (projet assez voisin de celui de certains fous littéraires chers à André Blavier), a été une autre des grandes préoccupations de cet homme qui fut profondément influencé, paradoxe pour un créateur que l'on range désormais dans l'art brut (censé être un art produit en dehors de toute influence culturelle), par Victor Hugo. Il dit par exemple dans le film de Philippe Lespinasse, "J'étais littéraire au début... J'ai été envoûté par Victor Hugo, puis finalement c'est le dessin qui a dominé...". Le même Hugo qui lui aussi avait été requis par les taches d'encre, et autres accidents du hasard (sait-on bien que le poète à Guernesey, signait, à la façon des pierres de rêve chinoises, des galets trouvés sur la grève?), fut il est vrai enrôlé par Michel Thévoz (voir son livre L'Art Brut de 1975) comme un précurseur de l'art brut... Bruly-Bouabré a été frappé à n'en pas douter par l'idée très hugolienne que le poète est l'instrument de Dieu, qu'il est la main, l'oeil et l'esprit qui témoignent des miracles créés par la divinité. Etonnante postérité du grand Hugo tout de même...
On voit les créateurs dessiner devant la caméra, et notamment, dans le cas d'Ataa Oko, ce prodigieux créateur de cercueils imagés au début, qui passa sur ses vieux jours au dessin aux crayons de couleurs, sur la demande de l'ethnologue Regula Tschumi (qu'on aperçoit brièvement à un moment du film), on les voit parfois commenter leurs créations, parler des esprits avec lesquels Oko paraît s'entretenir familièrement. Il y a de l'enfantin résiduel chez ce nonagénaire lorsqu'il explique le sens des attitudes de certains esprits par exemple.
C'est un des intérêts majeurs de ces films, nous faire sentir le feeling profond d'un Bruly-Bouabré par exemple, la jeunesse et la malice de ces vieillards, à fond dans le seul réel qui vaille, qu'on appelle aussi ailleurs surréel.
L'exposition Bruly-Bouabré se termine le 22 août, tandis que celle des oeuvres d'Ataa Oko, devant le succès rencontré, comme dit le site web de la Collection de l'Art Brut, est prolongée jusqu'au 30 janvier 2011. Le DVD est disponible à la Collection de l'Art Brut.
13:39 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Fous littéraires ou écrits bruts, Images cachées, images délirantes?, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédéric bruly-bouabré, victor hugo, ataa oko, philippe lespinasse, art brut africain, poésie naturelle, images cachées, cercueils du ghana | Imprimer