06/04/2024
Les Francs-tireurs de l'art, l'exposition chez Tajan du 5 au 10 avril 2024, vente le 10 avril à 15h
L'exposition de plusieurs lots de la vente cataloguée des "Francs-tireurs de l'art" a débuté hier vendredi dans les salons de Tajan, là où aura lieu la vente du 10 avril. Et c'est assez réussi ma foi, aussi bien sinon mieux que dans une salle de musée.
Centre de la salle de vente et d'exposition, avec deux Boix-Vives, un Patrice Cadiou (la sculpture noire sur socle blanc au centre), des Armand Avril à droite, des Macréau dans le fond... ; photo Bruno Montpied, 2024.
A gauche dans le fond un grand Nedjar (très Golem), un Sucahyo à côté d'un Joël Lorand, des Nitkowski dans le fond sur le mur, encore le Cadiou toujours sur son socle blanc, etc. ; ph.B.M., 2024.
Vitrine à l'entrée de la salle d'expo, avec diverses œuvres: Gironella, Marie-Jeanne Faravel, Chomo, Charles "Cako" Boussion, Robillard, etc... ; Ph. B.M., 2024.
Un très beau Joël Lorand... ; ph. B.M., 2024.
De gauche à droite, une sélection d'outsiders américains: Gérald "Creative" de Prie, Henry Speller, Dwight McKintosh, Dan Miller, Inez Nathaniel Walker, auquel manque John Henry Toney, qui aurait très bien figuré selon moi dans cette sélection (à la place de Dan Miller que je trouve bien moins original) : ph. B.M.
John Henry Toney, pas exposé (à moins d'erreur de ma part ; serais-je passé trop vite?) mais présent dans la vente (lot 70) ; ph.B.M., 2023.
D'autres Anglo-saxons, Henry Faust, Ted Gordon, Madge Gill ; ph B.M., 2024.
Yvonne Robert, Mario Chichorro, Alain Lacoste... ; ph.B.M., 2024.
Boix-Vives, Hector Trotin, Inez Nathaniel Walker (au fond) ; ph.B.M., 2024.
12:21 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les francs-tireurs de l'art, tajan, vente aux enchères, outsiders américains, art singulier, art brut, art naïf, yvonne robert, boix-vives, macréau, john henry toney, alain lacoste, mario chichorro, joël lorand, gironella, hector trotin | Imprimer
18/09/2023
Le Singulier de l'art naïf, collection Bruno Montpied (un extrait choisi), au MANAS de Laval
Prévue pour débuter le 23 septembre prochain et durer jusqu'au 10 décembre 2023, cette exposition, que la directrice du Musée d'Art Naïf et d'Art Singuliers de Laval, Antoinette Le Falher, m'a fait l'honneur d'accepter dans ses murs, est l'occasion, à travers une sélection choisie au sein de ma collection d'œuvres éclectiques (relevant de l'art naïf, de l'art singulier, de l'art brut, de l'art populaire insolite, voire de quelques surréalistes pas trop chers (!)), de tenter une défense et illustration de ce que j'aime dans l'art naïf, et qui serait de nature à revaloriser et réévaluer ce dernier, que l'on a beaucoup trop associé à la mièvrerie, aux bons sentiments bêlant, à une sorte d'art gentillet, à relents d'encens et de chapelles.
Armand Goupil, sans titre (pioupiou dansant avec une partenaire fantôme), huile sur bois, 38 x 29 cm, sd (années 1960) ; ph. et coll. Bruno Montpied ; à noter qu'il y a quatre peintures d'Armand Goupil présentées dans cette expo.
L'art naïf, en effet, ce ne sont pas les mignons petits chats, les illustrations pour couvercles de boîtes à biscuits, les innombrables scènes de foules au marché rangées en rangs d'oignon, les natures mortes destinées aux loges de concierge, les croûtes en somme, lénifiantes, sucrées, qui font détourner le regard des amateurs d'art les plus exigeants, ceux qui savent que l'art n'est pas parfumé à la fleur d'oranger, et que ce n'est pas une tisane pour digérer, en attendant la mort...
Henri Trouillard, Winston Churchill en dieu Mars, huile sur toile, 1955, dépôt famille Neveu, collection permanente du MANAS de Laval ; ph. B.M. (2020)
Les collections permanentes du MANAS de Laval sont riches d'œuvres figuratives singulières justement (Lucien Le Guern, Trouillard, Bauchant, Rousseau, Claude Prat, Colette Beleys, Karsenty-Schiller, Dominique Lagru, Déchelette, Jean-Jean, Van der Steen, Le Gouaille, etc.), depuis son année de création en 1967, ce qui justifiait ma demande de proposer une exposition en cet écrin (elle se tient dans la salle en rez-de-jardin, à l'entrée du musée). La figuration dite naïve, c'est-à-dire aussi bien surréelle, sur-réaliste, cache de nombreux artistes autodidactes qui ont tenté de représenter des sujets empruntés à la réalité extérieure (c'est la peinture de genre qui caractérise l'art naïf: natures mortes, portraits, nus, paysages, sujets animaliers, scènes historiques...), tout en réinterprétant celle-ci grâce à l'intrusion, volontaire ou le plus souvent involontaire, de l'inconscient, de l'acte manqué, du lapsus, dans le rendu des objets et des êtres. Perspectives fausses, proportions aberrantes, hiérarchisation inhabituelle des dimensions des personnages, tout cela peut faire associer l'art naïf au "réalisme intellectuel", terme inventé par le critique d'art Georges-Henri Luquet qui voyait dans les dessins d'enfant des déformations en lien avec le retentissement psychologique des objets et des êtres dans le psychisme de ces dessinateurs en culotte courte. Leurs tailles étaient fonction de leur importance psychologique et non pas de leur dimension physique.
On devrait selon moi ranger dans l'art naïf toutes les œuvres d'autodidactes primitivistes ou "bruts" qui comportent une reproduction de sujets empruntés à la réalité extérieure. Ce qui entraîne que plusieurs œuvres que l'on range dans l'art brut peuvent être revendiquées aussi bien par l'art naïf. Le rapt de divers artistes naïfs (Wittlich, Auguste Moindre, Séraphine Louis, Emeric Feješ, Anselme Boix-Vives, and so on) par les thuriféraires de l'art brut peut se retourner dans l'autre sens, par conséquent.
Anselme Boix-Vives, sans titre, gouache ?, peinture industrielle ?, sur papier ou carton, sd, 49 x 66 cm ; ph. et coll. B.M.
"Boix-Vives"?, se récrieront ses partisans... Oui, Boix-Vives aussi, car je rejoins Anatole Jakovsky sur ce point, notamment quand il écrivait, à propos du peintre catalan installé en Savoie, dans son Dictionnaire des peintres naïfs du monde entier (1976): "Partant du réel, ou du moins tel qu'il le voit, il le transfigure complètement sous une apparence primitive et barbare."
"Le singulier de l'art naïf", titre proposé par mézigue, regroupe 35 artistes en 40 œuvres.
J'ai divisé la présentation en trois sections : 1, le réalisme poétique (l'art naïf "classique"), 2, l'art naïf plus singulier, et 3, l'art naïf visionnaire. Donnons ci-dessous un exemple emprunté à chaque section.
1.
Anonyme (J.C.), sans titre (le voleur de melons), huile sur isorel, 33 x 41 cm,1945 ; ph. et coll B.M.
2.
Carter-Todd, sans titre, crayon graphite et crayons de couleur sur papier, 23 x 29 cm, 3-1-90 ; ph. et coll. B.M.
3.
Maurice Griffon, dit Maugri, sans titre, stylo sur papier, petits motifs ornementaux sur le cadre, 30 x 42 cm, sd (années 1980) ; ph. et coll. B.M.
L'exposition (gratuite, comme l'ensemble de la collection permanente du MANAS, du reste, qu'il ne faut absolument pas oublier de visiter) se tiendra au MANAS de Laval (Musée du Vieux Château, place de la Trémoille) du 23 septembre au 10 décembre 2023. Je ferai une visite commentée de l'expo le 1er octobre à 15h30 (visite gratuite, sans réservation). Un catalogue (7,80€) paraît à l'occasion de l'expo, disponible au musée et à la librairie de la Halle Saint-Pierre (à partir du 21 septembre), reprenant en reproduction la totalité des œuvres exposées, avec un texte de moi détaillant le projet de l'exposition section par section, avec des notices à chaque œuvre, ainsi qu'une préface d'Antoinette Le Falher.
A lire: un article éclairant d'Emma Noyant sur l'expo dans le n°181 d'Artension (septembre-octobre), à la suite d'un mien article sur l'art brut (Artension consacre en effet un intéressant dossier à l'art brut dans ce numéro).
Armand Goupil, sans titre (le clin d'œil), huile sur carton, 30 x 26 cm, datée « 5-XII-60 » ; ph. et coll. B.M. ; cette peinture sert de visuel principal à toute l'expo, et on la retrouve ainsi en affiche dans les rues de Laval, gloire (éphémère) pour cet "inconnu de la Sarthe", comme j'ai pu l'appeler dans le revue 303 il y a quelques années...
Et pour clore, provisoirement, le sujet, ci-dessous un petit poème de Joël Gayraud reçu, suite à l'annonce en privé de l'exposition:
Poème pour « Le Singulier de l’Art Naïf »
Naïf
mais pas niais
singulier
mais pas sanglier
brut
mais pas brutal
immédiat
mais pas immédiatiste
instinctif
mais pas extincteur
autodidacte
mais pas autocuiseur
inspiré
jamais expirant :
telle est la logique
authentique
poétique
rustique
extatique
voire mystique
mais sans casuistique
du créateur anarchique
Joël Gayraud
11:01 Publié dans Anonymes et inconnus de l'art, Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art visionnaire, Confrontations, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art naïf, art visionnaire, réalisme poétique, musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval, armand goupil, maugri, peintures anonymes curieuses, réalisme intellectuel, boix-vives, carter-todd, henri trouillard, le singulier de l'art naïf, bruno montpied, joël gayraud | Imprimer
06/03/2021
Chouchan à la Fabuloserie-Paris
"Le Printemps de Chouchan", tel est le titre choisi par Sophie Bourbonnais et Marek Mlodecki pour leur nouvelle exposition dans la galerie parisienne de la Fabuloserie, à partir du 3 mars, prévue pour durer jusqu'au 3 avril 2021 (au départ, elle aurait dû se tenir de début novembre à fin décembre 2020, la pandémie a repoussé les dates).
Une peinture de Chouchan, extraite du catalogue de l'expo.
Chouchan Kebadian (1911, née à Yozgat, en Arménie - décédée en 1995 à Montreuil-sous-Bois, en France) est une peintre autodidacte qui s'essaya à la peinture et au dessin (le dessin en fait avant la peinture) à partir de ses 73 ans. C'est une de ses jumelles (elle eut quatre enfants, dont le réalisateur de documentaire, Jacques Kébadian qui est quelque peu à l'origine de cette expo), Aïda Kébadian¹, qui, elle-même artiste spontanée (elle exposa à l'Atelier Jacob en 1975, ce qui ne fut sans doute pas pour rien dans l'idée de stimuler sa mère), lui suggéra de s'essayer à l'art en lui mettant entre les mains, vers 1984, des tubes de gouache, des crayons de couleur, un cahier à spirale, une pochette de feuilles Canson, afin de dépasser l'ennui que sa mère ressentait dans les années qui suivirent la perte, en 1972, de son mari Khoren. Sa famille fut surprise de découvrir à quel point elle se jeta dès lors à corps perdu dans la peinture .
Chouchan.
On pense à d'autres exemples de personnes âgées venues comme elle à l'art sur le tard, tels M'an Jeanne dans l'Yonne, ou le Catalan Anselme Bois-Vives, lui aussi poussé à peindre par son fils artiste en Savoie, Joseph Barbiero, sculpteur et dessinateur à Clermont-Ferrand, Gaston Mouly dans le Lot, et plus généralement tous ces créateurs d'environnements qui, une fois arrivés à l'âge de la retraite, se prirent de passion pour la recréation de leur environnement immédiat (voir l'inventaire que j'en ai dressé dans mon livre Le Gazouillis des éléphants). Elle produisit d'abord des dessins, où le trait domine (ce que je préfère personnellement dans sa production), puis des peintures, et ce, pendant une grosse dizaine d'années.
Jacques Kébadian, dans le catalogue qu'a édité la Fabuloserie, écrit ceci: "Ma mère pensait qu'on allait se moquer d'elle, elle s'excusait presque de ne pas savoir "faire ressemblant"... Je l'ai emmenée alors dans les musées. Au musée Picasso... (...) A Beaubourg, elle a été émerveillée de découvrir que tout était possible... (...) Il y a eu aussi cette exposition Watteau au Grand Palais : elle n'arrivait pas à croire que l'on pouvait peindre des yeux et des mains avec autant de réalisme... Plus de trente ans après, je me replonge dans les valises et les cartons où sont conservés peintures, dessins et gouaches qui n'avaient plus été exposés après sa mort... J'en ai répertorié plus d'un millier de tous formats." Il est à noter que ces oeuvres, en elles-mêmes, ne manifestent aucune timidité, mais au contraire paraissent bien assurées, sans repentir ou complexe d'aucune sorte, comme le note pour sa part l'artiste arménien Sarkis.
Cette peinture, représentant un couple (il n'y a jamais de titre proposé, ni de date, ni de signature semble-t-il), se trouve encadrée comme de prédelles brouillonnes, à la mode d'un Alechinsky brut...
Peinture paraissant peut-être évoquer un souvenir de costumes traditionnels arméniens?
Cette peinture évoque des souvenirs de famille, explore les rapports entre les tons, la composition, par le jeu de certaines formes (fleurs, plantes), et se concentre avec délectation dans l'emploi des couleurs par touches automatiques laissées "flottantes", appliquées sans désir de netteté, très gestuelles. Peut-être cette activité improvisée servit-elle de moyen pour redonner vie aux souvenirs d'amour, au bonheur de vivre dans une communauté familiale soudée, à la fin de sa vie, marquée au départ (elle avait 4 ans) par le massacre de son père (en compagnie de tous les autres hommes de son village) par les Turcs durant la période traumatisante du génocide arménien de 1915.
Dessin extrait d'un cahier édité en reprint par la Fabuloserie.
10:14 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chouchan, aïda kébadian, jacques kébadian, la fabuloserie-paris, atelier jacob, art spontané et troisième âge, art immédiat, art brut, boix-vives, barbiero, m'an jeanne, gaston mouly, environnements spontanés, sophie bourbonnais, génocide arménien | Imprimer
30/11/2019
Info-Miettes (35)
Dominique Lajameux à la Fabuloserie-Paris
Dernière exposition à la Fabuloserie de la rue Jacob (qui se termine le 7 décembre, dépêchez-vous...), une dessinatrice de première force, très sensible, très acharnée, inconnue de moi jusqu'à présent. Elle a déjà été exposée dans le cadre de différents festivals d'art singulier, chez Hang-Art ou à la galerie Polysémie notamment. Le carton d'invitation sur le web ne nous en dit pas grand-chose, en dehors d'un beau texte poétique de l'artiste. A voir et à découvrir en tout cas.
D.Lajameux
La compagnie l'Excentrale...
Le terme de "Massif excentral" que j'avais inventé naguère pour une série de notes sur divers lieux, facéties et créateurs insolites du Massif Central a été repris, avec mon blanc-seing, par de jeunes musiciens auvergnats qui se sont réunis, en plusieurs groupes, dont un, les Tzapluzaires, fait également écho à une autre de mes anciennes recherches, et sous la bannière, si j'ai bien compris d'une seule compagnie, l'Excentrale. Plus de renseignements sur leurs concerts, les groupes, les tournées, voir ce lien...
Par ailleurs, les Tzapluzaires collaborent de temps à autre avec le violoniste Jean-François Vrod, dont j'ai eu l'occasion de citer son intérêt pour diverses formes d'art brut ou singulier populaire, dans une note de ce blog, en 2012...
Mariage musical avec une taille de bois...
Un surréaliste peu connu d'après-guerre, Pierre Jaouën
J'ai rencontré il y a plusieurs années Anne-Yvonne Jaouën, qui était une amie du critique d'art Charles Estienne. Elle avait été amenée à héberger dans sa maison de famille à Ploudalmézeau certains des artistes (notamment Krizek) qu'Estienne, critique d'art proche des surréalistes, invitait à séjourner dans la région finistérienne chez lui à Argenton. Des artistes (ceux que je préfère) tels que Toyen, Krizek, Fahr-el-Nissa Zeid, ou Marcelle Loubchansky, ou bien (je les goûte moins) René Duvillier, Jean Degottex, Serge Poliakoff, tous visiteurs que certains historiens de l'art moderne ont rangés par la suite sous l'étiquette d'"Ecole des Abers", du nom de ces bras de mer qui découpent la côte dans cette région. Anne-Yvonne, après m'avoir montré des peintures magnifiques qu'elle possédait de Toyen (des vues des bords de mer appelés estrans revisités par l'imagination picturale de l'artiste tchéque), me parla de son frère qui était peintre, mais elle ne me montra aucune reproduction de son œuvre. Un jour, simplement, en feuilletant la revue Le surréalisme même (n°2, 1957), je suis tombé sur un dessin (encre?) de ce frangin, prénommé Pierre.
Je la trouvais intéressante, mais si seule, oubliée ainsi dans un coin de la revue, n'ayant pas nécessité plus de prolongement, du coup, je ne m'appesantis pas davantage. Voici que l'occasion est donnée d'en apprendre plus sur le talent de cet artiste discret, peu mis en lumière par l'histoire de l'art moderne (cependant, on lira l'intéressante notice insérée sur Wikipédia, très complète, qui parle de lui et des peintres défendus par Charles Estienne). Il fait un peu partie de cette famille de peintres ou poètes qui vivaient dans le sillage du surréalisme après-guerre, abritant leur talent dans une ombre nécessaire, comme Jacques Le Maréchal, ou Yves Elléouët, ce dernier étant un proche de Jaouën, comme me l'a signalé Marc Duvillier, spécialiste des artistes d'Argenton apparemment...
Une page extraite du livre d'artiste Mélusine d'emmanuelle k. (pseudonyme voulu sans majuscules) et Pierre Jaouën, image copiée du film Mélusine (38 min.).
La galerie Hébert en effet, 18, rue du Pont Louis Philippe, près du métro Saint-Paul à Paris, héberge une exposition des planches d'un livre commun d'emmanuelle k. et de Pierre Jaouën (disparu en 2012), dont le texte a donné également lieu à un "oratorio pop" avec la participation des jazzmen Emmanuel Bex, Simon Goubert et François Verly (il existe un coffret avec DVD d'un film sur le livre, CD de cet oratorio et un livret). Ce livre est une réussite dans le domaine du livre d'art, ne serait-ce que par l'harmonie, la fusion de la disposition typographique avec les structures portantes, aquarellées, de Pierre Jaouën, qui rappelle, quoique dans un autre ordre d'idées au point de vue thématique, les livres de Guy Debord et d'Asger Jorn. Mais, même s'il est donné ici d'en voir un peu plus sur cet artiste qui se révèle, par prédilection semble-t-il, un paysagiste "abstrait", on aimerait que la même galerie ait l'idée de nous proposer par la suite une exposition entièrement et seulement consacrée à lui.
Expo du 27 novembre au 15 décembre 2019.
Un nouveau label dans le genre "prise de tête", les arts "situés"... A traduire du belge
"COLLOQUE : PENSER LES ARTS SITUÉS, 04, 05 & 06 décembre 2019. Cité Miroir - Espace Francisco Ferrer - ULiège - Accès libre"... voici l'annonce que j'ai reçue ces jours-ci en provenance de l'anciennement nommé MadMusée de Liège. Car ce musée, décidément pris d'une fièvre onomastique incontrôlée, a décidé aussi de se débaptiser et de s'appeler désormais Trinkhall... Pourquoi pas? D'autant qu'ils ont désormais un nouveau bâtiment avec 600 m2 de surface pour exposer au mieux les oeuvres (souvent fort intéressantes) produites par différents handicapés mentaux (et trinquer dans le hall?). Mais pourquoi ce nouveau label d'"art situé"? Totalement ésotérique, si ce n'est parfaitement creux? Voici le laïus qui est servi par le musée pour expliciter, si possible le nouveau label:
"La notion d’arts situés définit la politique muséale du Trinkhall. Elle repose sur un mode de perception et de compréhension des œuvres qui intègre la dimension fondamentale de leurs environnements : une œuvre d’art est un système de relations localisées dont l’expression esthétique est le moyen et l’effet. Toute œuvre d’art, en ce sens, est située. Mais certaines, plus que d’autres, étant donné leur apparente singularité ou leur relative marginalité, font entendre plus fortement la voix de leur situation."
4e Biennale de l'Art Brut: Théâtres, à la collection de l'Art Brut à Lausanne, avec entre autres Ni Tanjung...
Du 29 novembre 2019 au 26 avril 2020, prend place une 4e biennale thématique à Lausanne, après "Corps", "Véhicules" et "Architectures". Cette fois, c'est le "théâtre" au sens de "performances", analogies avec les marionnettes, voire déguisement... La référence en creux au théâtre d'ombres indonésien du Wayang kulit a par exemple incité les commissaires d'exposition à y exposer Ni Tanjung à laquelle le LaM avait déjà pensé dans le cadre de son exposition "Danses".
Georges Bréguet, l'anthropologue suisse qui s'est instauré protecteur de Ni Tanjung, la faisant connaître en Occident, 28 novembre 2019.
Anselme Boix-Vives en visite en Suède
Information tardive! Boix-Vives n'en finit pas de voyager à travers le monde. Une exposition lui a été consacrée du 26 mai au 15 septembre dernier avec la complicité du Centre Vendôme pour les arts plastiques au musée d'art d'Uppsala, en Suède donc... La manifestation comprenait 140 peintures et dessins ainsi que – chose inédite – quelques œuvres de ses petits-enfants Philippe et Julie Boix-Vives.
Julie Boix-Vives, la danse des échelles ; on est loin de l'œuvre du grand-père...
Et Anne-Marie Vesco, vous connaissez?
Anne-Marie Vesco, Tête de profil, A-M.Vesco, huile et pastel sur paper, 78 x 63 cm, 2003.
Cette artiste dessine fort bien les éléphants. C'est déjà un bon point pour elle. Elle expose bientôt du 3 au 15 décembre dans une galerie, Le Génie de la Bastille (126 rue de Charonne dans le XIe ardt parisien), des petits formats. Vernissage samedi 7 décembre de 16 à 20 h et finissage dimanche 15 aux mêmes horaires. La Bastille...? Il y a encore un rapport avec les éléphants en plus (voir Hugo et son Gavroche).
Anne-Marie Vesco, des mini formats...
20:34 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Musiques d'outre-normes, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lajameux, fabuloserie-paris, l'excentrale, tzapluzaïres, massif excentral, pierre jaouën, arts situés, trinkhall, ni tanjung, collection de l'art brut, biennale théâtres, georges bréguet, boix-vives, anne-marie vesco, éléphants, toyen, krizek, fahr-el-nissa zeid, charles estienne | Imprimer
30/07/2011
Esprits de la mine à Lewarde
"Esprit Mine" au Centre Historique Minier de Lewarde (Nord), tel est le titre de l'expo qui a débuté le 1er juillet et se finira le 31 décembre de cette même année. Y sont réunis 16 artistes et créateurs, autodidactes et professionnels mêlés, "ayant entretenu dans leur démarche créatrice un rapport conscient ou inconscient à la culture minière, au charbon ou à la mémoire de la mine", comme le rapporte le site web d'ABCD qui a collaboré à cette expo en prêtant des oeuvres d'Anselme Boix-Vives. Ce sont surtout les autodidactes présents dans cette expo qui nous intéressent, comme de juste: Boix-Vives certes mais aussi Augustin Lesage, Félicien Delvigne, Gaston Duf, Jacques Trovic, Jean-Michel Wuilbeaux (venu du centre La Pommeraie) et Stefan Nowak (voir illustration ci-contre, "L'amour dans l'amour", oeuvre conservée au LaM de Villeneuve-d'Ascq.
Jacques Trovic derrière une mosaïque, et non pas derrière une de ses tapisseries pour lesquelles il est davantage connu ; il s'agit d'un mineur devant un chevalet, ph. Bruno Montpied, novembre 2009 (est-ce que cette oeuvre a été sélectionnée à Lewarde, je ne sais pas, mais elle aurait pu...)
Les liens et les créateurs populaires ayant des rapports avec la mine sont effectivement fort nombreux. Citons au passage le Félix Picques que j'ai mentionné dans ma note sur le n° récent d'Area sur l'Art et la Folie. Mais on pense aussi aux spirites de la région de Béthune, Arras, etc, les Lesage, ou les Victor Simon.
Victor Simon, la Toile jaune, 21 février 1971, coll d'art brut du LaM, Villeneuve-d'Ascq
On pense aussi à ces créateurs d'environnements spontanés, ou anarchiques (mot synonyme), que l'on rencontre depuis déjà un siècle dans le Nord et le Pas-de-Calais, à commencer par un Charles Pecqueur ancien mineur qui fit une fresque dans son jardin sur Blanche-Neige et ses 7 nains revenus de la mine (Neige blanche, rêve d'antithèse absolue pour un qui a le corps immergé dans le charbon et la nuit des galeries?), révélé autrefois par Bernard Lassus et Francis David (voir ci-contre photo de ce dernier). D'autres ont travaillé aux Houillères, comme Léon Evangélaire à Pont-à-Vendin, auteur de statues en ciment ou Remy Callot à Carvin qui a vu ses mosaïques préservées par la commune.
Remy Callot, Carvin (Pas-de-Calais, détail d'une fresque en mosaïque (scène égyptienne antique?), ph. BM, octobre 2008
Centre Historique Minier de Lewarde, Fosse Delloye BP 30039, rue d’Erchin, 59 287 Lewarde. 03 27 95 82 82. http://www.chm-lewarde.com/
Plaque émaillée d'avertissement dans les mines, signalée par Laurent Jacquy, voir son blog Les Beaux Dimanches
12:42 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esprit mine, art brut, art naïf, abcd, jacques trovic, charles pecqueur, area, environnements spontanés, centre historique minier de lewarde, boix-vives | Imprimer