30/05/2015
Interprétations autour de "La Déchirure", tableau de Jean-Louis Cerisier
En dessous de ma récente note sur la Mayenne à l'œuvre, expo au musée d'art naïf Paul Kondas en Estonie, en réaction à la mise en ligne de la reproduction ci-dessous d'un tableau de Jean-Louis Cerisier, intitulée La Déchirure, nous avions pu lire un échange interprétatif entre "Isabelle Molitor" et mézigue, le sciapode. Je remets la reproduction, sa légende et l'échange tout à la suite.
Jean-Louis Cerisier, La Déchirure ; un billet de 1000 zlotys déchiré, allégorie d'un refus de la vénalité proposé par l'artiste?
Commentaires:
"La fille qui est censée déchirer le billet de banque - ô naïf Sciapode! - dans le tableau de J-L. Cerisier, s'y prend d'une drôle de manière. On croirait qu'on contraire, elle essaie de le recoller. Ce serait bien dans le genre de l'ami Jean-Louis...
En fait d'allégorie de la non-vénalité, regardez comment elle tient le fameux billet. Elle le prend par en bas, franchement, vous avez déjà essayé de déchirer un bout de papier en le tenant de cette manière? Ce n'est vraiment pas la manière la plus simple, ni la plus efficace...
Non, le Monsieur lui a tendu un billet déjà déchiré, et avec une tristesse bien compréhensible, elle se demande qu'est-ce qui, dans sa prestation, a pu lui déplaire pour qu'il la traite ainsi. Et elle essaie de recoller les morceaux, dans un geste certes un peu puéril (quand c'est déchiré, c'est déchiré), mais assez naturel."
Écrit par : Isabelle Molitor | 19/05/2015
Réponse:
"Ô Mame Molitordue, le mieux ne serait-il pas de demander à l'artiste ce qu'il a voulu dire par là (s'il a voulu dire quelque chose)?"
Écrit par : Le sciapode | 19/05/2015
Eh bien, un petit échange a suivi avec Jean-Louis Cerisier que je reproduis ci-dessous:
J-L. Cerisier :
“Pour La Déchirure comme pour nombreuses de mes peintures, la composition s'est faite de manière empirique : j'ai utilisé un vieux billet déchiré conservé dans mes archives, que j'ai collé en l'état, juste en accentuant la déchirure. Le tableau s'est construit à partir de cette induction, le personnage féminin, aux allures de pionnière (comme il en existait beaucoup à l'époque communiste) puis la table, puis les mains d'un personnage masculin, et le ciel pour finir. Ce mouvement de composition à rebours permet de laisser libre le champ de l'interprétation.
Parfois l'interprétation qui m'est donnée d'une de mes peintures agit comme une révélation. Ainsi le tableau Le rêve avait été composé de la même manière. Un ami me dit un jour qu'il y voyait un accouchement, ce qui ne m'avait pas traversé l'esprit.
Jean-Louis Cerisier, Imaginaires, le Rêve, huile sur panneau de bois, 39 x 49, 1983, donation ville de Laval (Musée d'Art Naïf et d'Art singulier), 2011
Un autre exemple, la peinture, Le déménagement a été créé à partir d'une peinture initiale représentant des billes d'agate. J'ai opéré une sorte de mise en situation, de mise en scène progressive qui a abouti au thème du déménagement, pas du tout prévu au départ.”
J-L Cerisier, Le Déménagement, huile sur toile, 41,5x27, 1999, collection privée
Bruno Montpied :
« Tu ne nous dis pas si, pour toi, la fille, dans le tableau La Déchirure, achève de détruire le billet ou tout au contraire tente de le recoller (comme l’interprétation de Dame Molitor le propose, en traitant finalement de vénale cette fille…)? »
J-L. Cerisier :
« Pour répondre à ta question : je prends une part dans l'interprétation par le titre que je donne au tableau, quand celui-ci est achevé. Pour celui-ci, la Déchirure, il est clair que ma lecture penche nettement du côté de la séparation du billet en deux. Pour tout dire, je trouve l'interprétation de Molitor tirée par les cheveux ! »
Comme quoi aussi, on peut déchirer les billets par le bas, Miss Molitor qui voyez de la vénalité un peu trop partout...
11:54 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jean-louis cerisier, le sciapode, isabelle molitor, interprétations d'images, musée d'art naïf et d'art singulier de laval | Imprimer
25/05/2015
Hommage à Caroline Bourbonnais, une exposition et un catalogue
Caroline Bourbonnais lisant une monographie sur Dubuffet de Max Loreau, visuel Fabuloserie © Philippe Couette
Couverture du catalogue de l'exposition d'hommage à Caroline Bourbonnais (1924-2014), visuel Fabuloserie
Du 18 avril au 2 novembre 2015, les héritières de Caroline Bourbonnais, Agnès et Sophie Bourbonnais, ont décidé de rendre un hommage appuyé à cette fondatrice, avec son mari Alain, disparu en 1988, de la collection de la Fabuloserie, un ensemble d'œuvres hors-normes conservé dans un bâtiment-labyrinthe, ainsi qu'autour d'une pièce d'eau, au sein du petit village de Dicy dans l'Yonne. Elles ont y été aidées par Déborah Couette, qui avait déjà réalisé, en compagnie d'Antoine Gentil et d'Anne-Marie Dubois en 2013-2014, juste avant la disparition de Caroline Bourbonnais donc, au musée Singer-Polignac, dans l'Hôpital Sainte-Anne à Paris une expo consacrée aux œuvres moins connues conservées dans les réserves de la Fabuloserie, "Un Autre Regard".
Le parc de la Fabuloserie autour de l'étang, avec à l'arrière-plan le manège de Petit-Pierre et sur la rive à droite des statues de Camille Vidal rescapées du démantèlement du site de ce dernier situé originellement à Agde dans l'Hérault, ph. Bruno Montpied, 2011
"Des Jardins imaginaires aux jardins habités, des créateurs au fil des saisons" est le titre d'une première exposition réalisée dans le cadre de cet hommage, et présentée dans le parc de la Fabuloserie ainsi que dans l'ancien atelier d'Alain Bourbonnais se situant à l'orée de ce parc (voir ci-dessous).
© Jean-François Hamon
Sa thématique est centrée sur les réalisations exécutées en plein air par un certain nombre de créateurs d'environnements spontanés, créateurs dont plusieurs fragments de leurs environnements se sont trouvés déplacés et sauvegardés dans le parc de la Fabuloserie, espace d'exposition caractéristique et original au sein de cette collection, la seule à posséder ainsi en Europe un musée de plein air consacré aux environnements d'art spontané (comme je l'avais déjà signalé dans mon ouvrage Eloge des Jardins Anarchiques en 2011). Voici la liste des créateurs exposés dans le cadre de cette première expo, avec pour ce qui concerne les autodidactes de culture populaire: Pierre Avezard, dit Petit Pierre, Giuseppe Barbiero (Joseph Barbiero), Jean Bertholle, Marcello Cammi, Jules Damloup, Marie Espalieu, Marcel Landreau, Gaston Mouly, Charles Pecqueur, François Portrat, Abdel-Kader Rifi, Robert Vassalo, dit Vlo, le Finlandais Alpo Koivumäki et Camille Vidal. En ce qui concerne les créateurs en plein air plus "artistes", on trouvera aussi des œuvres d'Alain Bourbonnais, de l'Indien Nek Chand, de Roger Chomeaux, dit Chomo, de l'ineffable Danielle Jacqui, du baba new age Jean Linard, de Vincent Prieur, de Raymond Reynaud, du Belge Jean-Pierre Schetz et de Tô Bich Haï.
Joseph Barbiero, sans titre, sans date, pierre volcanique 45 x 33 x 21 cm, coll. La Fabuloserie, © Jean-François Hamon (visuel Fabuloserie)
Des sculptures de Camille Vidal et sur le mur rouge, structure portante conçue par Alain Bourbonnais, des médaillons en mosaïque et ciment de François Portrat, dans le parc d'environnements de la Fabuloserie, ph. BM, 2011
Robert Vassalo, Tu vas l'exposer à Marseille les 29-30 aout 94, Robert - Oui à la "Galerie Ola" 16.500.000 FRS Bld d'HAIFA - Tu es ignoble, v.1994, gouache et encre sur papier, 20,5 x 31 cm, coll. La Fabuloserie, © Jean-François Hamon ; Vassalo n'était pas seulement l'auteur de sculptures installées à l'air libre mais il était aussi peintre (à noter que dans le catalogue on en apprendra plus sur lui grâce à une présentation de Roberta Trapani)
Vue de l'exposition actuelle d'hommage à Caroline Bourbonnais ; on reconnaît des pierres sculptées de Barbiero sur la table blanche et (peut-être...) des personnages créés par Bich Haï dans le fond derrière une vitrine
Les nouvelles animatrices de la Fabuloserie ne se sont pas arrêtées là. Elles proposent en effet une seconde exposition, la première d'un cycle d'expos à venir (centrées sur des créateurs emblématiques de la Collection), consacrée à l'un des "piliers" parmi les artistes singuliers de la collection, à savoir Francis Marshall, connu pour ses grandes poupées boursouflées et bourrées dont l'une, Mauricette, occupe avec beaucoup de présence une salle entière à la Fabuloserie, avec en vedette la nommée Mauricette. A noter qu'à la faveur de cette exposition, première d'un cycle intitulé "Parcours turbulents", une nouvelle collection, dirigée par Déborah Couette, voit paraître son premier titre consacré à Francis Marshall, accompagné d'un DVD d'un film évoquant le parcours de cet artiste. D'autres devraient suivre, à chaque fois consacré à un des créateurs connus ou inconnus, dont l'œuvre est conservée à la Fabuloserie. C'est en quelque sorte une revitalisation de l'ancienne collection d'ouvrages que l'Atelier Jacob, première aventure d'Alain et Caroline Bourbonnais menée dans le quartier de St-Germain-des-Prés à Paris, éditait avant que leur collection migre en Bourgogne à Dicy.
Francis Marshall, la nommée Mauricette
Plaquette sur François Monchâtre, de la collection Fabuloserie n°2, 1980 (on y annonçait l'existence de la Fabuloserie à Dicy)
Enfin, une troisième exposition est également mise en place, intitulée "Le temps des collections, Hommage à Caroline Bourbonnais", qui se décline tout au long du parcours de la visite dans les collections, les œuvres sorties des réserves et constitutives de cet hommage faisant l'objet d'une signalétique particulière. Les créateurs exposés dans ce parcours sont : un Anonyme, dit Pierrot le fou (qui était déjà exposé à "Un Autre Regard"), Renaud d’Ampel (Sic, ce dernier que j'orthographierais personnellement plutôt "Renaud-Dampel" - car cela paraît être son nom et Jacques son prénom - me semble être le même que celui dont on peut voir de magnifiques pierres peintes au Musée de l'Art en Marche de Luis Marcel à Lapalisse, voir ci-dessous), Guy Brunet, Gustave Cahoreau, Thérèse Contestin, Michel Dalmaso, Paul Duhem, Ted Gordon, Roger Hardy, Gérard Haas, Jeantimir Kchaoudoff, Aranka Liban, André Labelle, André Lécurie, Edmond Morel, Marilena Pelosi, André Robillard, Jean Tourlonias, Jacques Trovic et Jephan de Villiers.
Jacques Renaud-Dampel, pierre peinte exposée au Musée de l'Art en Marche en 2014, ph. BM
Une vue de l'intérieur de la Fabuloserie, avec quelques pièces de la collection, des Guivarch (les animaux en bas à droite), une enseigne de coiffeur en provenance d'Afrique de l'Ouest, à côté d'un tableau d'assemblage, semble-t-il, de Fernand Michel, de sculptures exécutées à la tronçonneuse de Jean Rosset(dans le fond), d'un bateau d'Emile Ratier(à gauche) et peut-être des pierres peintes du même Renaud-Dampel que dans l'illustration précédente, ph. BM, vers 2012
Et puis il y a aussi un catalogue à l'occasion de ces expos, avec réuni autour de l'évocation des multiples aspects du travail de prospection et d'enrichissement de la Fabuloserie un bel aréopage de personnes connues depuis longtemps ou bien depuis plus récemment pour leur engagement envers l'art brut, l'art populaire, l'art naïf, les environnements, l'art singulier et tutti quanti. Personnellement je me retrouve installé, pour évoquer mon vieux camarade Gaston Mouly (arrivé à la Fabuloserie en 89 parmi les premières nouvelles acquisitions de l'ère Bourbonnais avec Caroline en solo), entre Martine Lusardy (qui traite de Raymond Reynaud) et Céline Delavaux (sur Barbiero). Mais foin de beaux discours, autant vous donner le sommaire qui apparaît assez copieux:
Avant-propos, Agnès et Sophie Bourbonnais
Avant-propos, Roger Cardinal
Des jardins imaginaires au jardin habité, présentation de l’exposition, Déborah Couette
Territoires imaginaires dans la collection art hors-les-normes, Déborah Couette
Bâtisseurs et autres inspirés à La Fabuloserie :
Charles Pecqueur ou la féerie d’un mineur, Sophie Bourbonnais
La cathédrale de Marcel Landreau, Claude et Clovis Prévost
Le jardin extraordinaire de François Portrat, Anic Zanzi
Avec Chomo dans la tranchée des rêves, Jean-Louis Lanoux
L’Arche de Noé de Camille Vidal, Déborah Couette
Le Paradis Barbare d’Abdel-Kader Rifi, Déborah Couette et Antoine Gentil
P.Avezard, vacher à la Coinche, « un aire de musique avant la sortie », Pierre Della
Giustina
Raymond Reynaud ou le fantassin du mouvement perpétuel de la création, Martine
Lusardy
Gaston Mouly, un artiste rustique moderne, Bruno Montpied
Barbiero au pays des volcans, Céline Delavaux
Marie Espalieu à la croisée des chemins, Jean-Michel Chesné
La Petite Afrique de Jules Damloup, Michel Ragon et Sophie Bourbonnais
La Galleria dell’Arte de Marcello Cammi, Salade Niçoise ou Antipasti Bourguignon,
Sophie Bourbonnais et Pierre-Jean Wurtz
La maison de celle qui peint, Danielle Jacqui. A la démesure d’un rêve éblouissant,
Marielle Magliozzi
Le harem fantastique de Robert Vassalo, Roberta Trapani
Vincent Prieur le pinseyeur, Marie-Rose Lortet
Les girouettes polychromes de Jean Bertholle, Agnès Bourbonnais
Un élan venu de la forêt finlandaise d’Alpo Koivumäki, Raija Kallioinen
D’un jardin extraordinaire à un autre. De Chandigarh à Dicy, Lucienne Peiry
Le Coin au soleil de Jean-Pierre Schetz, Brigitte Van den Bossche
Les âmes errantes de Tô Bich Haï. Peintures, poupées et pieux, Tô Bich Hai et Sophie
Bourbonnais
Fabuleuse Caroline Bourbonnais
Fabuleuse Caroline, Laurent Danchin
Tu vois, Michèle Burles
La Fabuloserie, Musée des diables et des anges, Sepp Picard
Nos musées, souvenirs, Jacqueline Humbert
La grande Caroline de La Fabuloserie, Suzanne Lebeau
Lettre de réclamation d’affection, Francis Marshall
Merci Caroline, Pascale Massicot et Stéphane Jean-Baptiste
Caroline, Philippe Lespinasse
Caroline a rejoint Alain, Michel Nedjar
Le ciel peut bien attendre, Claude Roffat
La Fabuloserie comme spectacle, Jean-Pascal Viault
Dans le miroir des flaques du temps, Jano Pesset
Caroline chérie ou l’assurance modeste, Léna Vandrey
Un discours peu conventionnel pour une femme non conventionnelle, Rose-Marie
Vuillermoz
Hommage d’un chérubin charbonnier, Pascal Verbena
Annexes
Liste des créateurs exposés : Des jardins imaginaires au jardin habité
Listes des créateurs exposés : Le Temps des collections
Gaston Mouly dans son atelier en 1988, ph. BM ; au-dessus à gauche, on voit accrochée en bonne place son plus grand tableau (la vie au village de jour et de nuit) exécuté bien avant qu'il n'expose au Musée de la Création Franche et prouvant qu'il n'avait pas attendu Gérard Sendrey pour dessiner et peindre
12:24 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Hommages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : caroline bourbonnais, des jardins imaginaires aux jardins habités, fabuloserie, habitants-paysagistes, inspirés du bord des routes, environnements spontanés, déborah couette, camille vidal, françois portrat, bich haï, gaston mouly, robert vassalo, francis marshall, jacques renaud-dampel | Imprimer
17/05/2015
Des "Bricoleurs de paradis" à Montreuil
Est-ce un signe de la fin provisoire des rebonds de projection dans différents lieux de France du film de Remy Ricordeau, que j'ai co-écrit avec lui, Bricoleurs de Paradis, voici qu'il sera projeté à la Médiathèque Robert Desnos de Montreuil (rue Rouget de l'Isle entre Croix de Chavaux et la mairie), dans cette même ville où siègent les bureaux de l'éditeur d'Eloge des Jardins Anarchiques, l'Insomniaque, mon livre, où est inséré primitivement le DVD de Bricoleurs de Paradis... On finirait la campagne de promotion du film et du livre par là où on a commencé?
Le livre est épuisé, et ne sera pas réédité pour le moment, afin de laisser la place à deux autres projets en cours, menés avec le même éditeur pour l'un, et avec un second éditeur pour l'autre (les Editions du Sandre). Le film de Remy Ricordeau, qui sera donc projeté à la Médiathèque le jeudi 21 mai en ma présence à 19h30, dans le cadre d'une "garden party" (jeu de mots, puisque c'est pour parler des jardins spéciaux, en l'occurrence de l'art brut), est désormais quant à lui disponible en téléchargement payant ou en location sur le site de la coopérative audiovisuelle Les Mutins de Pangée.
Alors, on se retrouve jeudi soir prochain à Treuilmont?
Emile Taugourdeau, une statue représentant vraisemblablement une Mami Wata, les bras chargés de serpent (autre façon de représenter en Afrique de l'Ouest les déesses des eaux), photo Bruno Montpied, 1991 (soit vingt ans avant la sortie du film Bricoleurs de Paradis où Remy et moi sommes allés tourner des images sur l'état actuel du jardin, désormais bien abîmé ; en 91, le jardin était à son apogée, son auteur n'étant décédé que depuis deux ans)
12:05 Publié dans Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bricoleurs de paradis (le gazouillis des éléphants), eloge des jardins anarchiques, remy ricordeau, bruno montpied, médiathèque robert desnos de montreuil, les mutins de pangée, émile taugourdeau, mami wata | Imprimer
12/05/2015
Les Mayennais toujours à l'œuvre et à la manœuvre en Estonie
"Chers amis et contacts,
J'ai le plaisir de vous annoncer une nouvelle exposition de La Mayenne à l'oeuvre, organisée au musée Paul Kondas d'art naïf et outsider de Viljandi en Estonie, du 15 mai au 15 juillet 2015.
Article de Pauline Launay dans Le Courrier de la Mayenne du 6-5-2015
Un dessin de Robert Tatin, La Vierge aux Oiseaux, 1982, coll. Art Obscur
Jean-Louis Cerisier, un billet de 1000 zlotys déchiré, allégorie d'un refus de la vénalité proposé par l'artiste?
Gustave Cahoreau tenant une de ses sculptures, un "protégé" de Michel Leroux... Archives Art Obscur
Céneré Hubert, créateur multi-formes et notamment créateur d'environnement à St-Ouen-des-Toits (toujours en Mayenne), Archives Art Obscur
Un très beau dessin (pastel?) de Patrick Chapelière ; à noter que les trois créateurs ci-dessus s'apparentent davantage à l'art brut qu'à l'art dit singulier, tant leur travail s'accomplit dans l'écart vis-à-vis des démarches traditionnelles artistiques ; coll. Art Obscur
Alain Lacoste, autre Singulier mayennais bien connu et prolifique ; coll. Art Obscur
Marc Girard ; j'aime assez cette œuvre qui me fait penser à ... moi, mais aussi à Chaissac, à Lacoste...; coll. Art Obscur
Et un Joël Lorand, un... Peut-être relativement ancien, non? ; coll. Art Obscur
00:04 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : mayenne à l'oeuvre, jean-louis cerisier, viljandi, musée paul kondas, art naïf, art singulier, alain lacoste, marc girard, jacque reumeau, musée du vieux-château à laval, csn 53, jules lefranc, robert tatin, école de figuration poétique lavalloise, céneré hubert, environnements spontanés, patrick chapelière, art brut, joël lorand | Imprimer
08/05/2015
Monleme Gladys (c'est pas une jeune fille)
De passage à Lyon, le week-end du 1er mai dernier, j'ai fait un petit bonjour à mon galeriste préféré, l'ineffable Alain Dettinger qui, en dépit du black out des lieux fermés pour cause de pont du 1er mai, était resté ouvert, parce que pour lui il ne s'agit pas d'un travail mais d'une passion, de l'air qu'il respire chaque jour, quelle que soit l'actualité. Il y avait toujours autant de tableaux et d'objets, de photographies accrochés aux murs et surtout entassés au sol, bouchant toute l'arrière-boutique. En voilà un à qui on devrait donner un peu plus d'espace, tant son travail de découvreur et de défricheur de talents ressemble à une entreprise de salubrité publique. Car nos esprits ont autant besoin de remèdes que nos corps.
Il exposait les savants travaux d'équilibrisme en noir et blanc de Danielle Stéphane, je l'ai déjà signalé. Et comme toujours, en marge de son expo du moment, il y avait pour moi une autre découverte à faire. Alain Dettinger est un passionné d'Afrique comme on sait, c'est l'autre registre de sa galerie, parallèle à l'art plastique et graphique de singuliers contemporains. Il avait rencontré en compagnie d'une amie galeriste, située un peu plus loin de son échoppe (il est place Gailleton dans la Presqu'île à Lyon), à savoir la Galerie du Triangle, 33, rue Auguste Comte, un artiste béninois autodidacte (comme semblent l'être beaucoup de créateurs contemporains en Afrique noire), se présentant sous l'étrange prénom féminin de "Gladys". La Galerie du Triangle lui organise une exposition qui dure jusqu'au 16 mai.
Alain Dettinger pour sa part s'est contenté d'acquérir deux peintures de cet artiste, toutes deux signées plus complètement "Monleme Gladys". Il paraît vivre à Abomey, au Bénin, et créerait quelque peu dans l'orbite d'un autre artiste de là-bas, déjà pas mal "lancé", le dénommé Dominique Zinkpe, créateur d'un centre culturel, qui lui-même a parmi ses influences admises le peintre d'origine haïtienne Jean-Michel Basquiat. Et ce dernier, pour le côté peut-être un peu déstructuré de ses compositions paraissant souvent sur le point de se dissoudre, est sans doute une référence aussi pour notre Gladys.
Monleme Gladys, sans titre (un homme tient à bout de bras sa tête coupée, tandis qu'un autre homme le menace de sa lance), 83 x 87 cm, technique mixte (sur papier marouflé sur panneau de bois?), 2010, Galerie Dettinger-Mayer, Lyon, ph. Bruno Montpied
Monleme Gladys, sans titre (accouchement d'un serpent par le bas et accouchement d'un être humain par le haut...), 83 x 87 cm, technique mixte (sur papier marouflé sur panneau de bois?), probablement de la même année 2010 que le précédent, coll. privée, Paris ; ph. B M
Les deux compositions m'ont fait penser que l'homme doit en outre être inspiré par les mythologies propres à son pays, car en dépit du fait qu'elles sont assez sobres, tracées sur un fond uni quoique plein d'une matière graineuse, elles restent assez difficiles à interpréter pour un Européen peu au fait de ces mythes, ce qui est mon cas.
Détail d'un portrait de Gladys devant ses peintures, archives Alain Dettinger, 2015
Le problème, c'est qu'à côté de ces deux compositions-là, l'artiste en question paraît travailler parfois un peu plus vite, et peut-être de façon moins inspirée (afin de satisfaire à une commande qui le bouleverse ?). L'exposition de la Galerie du Triangle de mon point de vue révèle cet aspect préoccupant (car le fait de se montrer inégal peut desservir grandement un artiste, par la réputation qu'elle risque de lui tailler), même si dans l'ensemble on peut découvrir de fort belles choses en ce lieu courageux. Si un grand tableau sans titre au centre de l'expo reste de très belle facture (voir ci-dessous), ainsi que deux ou trois autres compositions sur panneaux, plusieurs dessins sur papier paraissent cependant moins frappants.
Gladys, sans titre, sans date (?), environ 1 m x 1 m (?), peinture sur panneau ou toile, exposition Galerie du Triangle, 2015 ; ph. BM ; c'est l'une des plus intéressantes œuvres de l'expo
Gladys, une autre de ses grandes peintures exposées Galerie du Triangle, elle aussi fort belle... ; ph. BM
Gladys, une de ses peintures sur papier datée de 2014; l'inspiration n'est-elle pas moins forte ici (personnages moins narratifs, posés platement côte à côte, seule la couleur paraissant avoir été traitée avec attention) ? Exposition Galerie du Triangle, 2015 ; Ph BM
Alors? Qu'est-ce qui explique cette différence d'inspiration et de graphisme entre les peintures de 2010 et les quelques œuvres de 2014 montrées en ce moment à Lyon? Mais il faudra sans doute attendre d'en voir davantage... Ce qui n'est pas sûr d'arriver quand on connaît le grand nombre d'artistes qui créent en Afrique, notamment de l'Ouest.
20:02 Publié dans Anonymes et inconnus de l'art, Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monleme gladys, gladys, art contemporain africain, art d'autodidactes africains, art immédiat africain, galerie dettinger-mayer, galerie du triangle, dominique zinkpe, jean-michel basquiat, mythologie individuelle | Imprimer
07/05/2015
Ah, les beaux caviardages!
Trouvée sur l'excellent blog Les Beaux Dimanches de Laurent Jacquy, cette magnifique retouche sur un nom de rue (non localisée), qui est pour moi un chef-d'œuvre de l'insulte populaire contemporaine... Félicitations à lui!
Photo Laurent Jacquy, 2015
00:10 Publié dans Inscriptions mémorables ou drôlatiques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : danton, inscriptions drôlatiques, caviardages, laurent jacquy, les beaux dimanches | Imprimer
06/05/2015
Poupées d'un genre assez spécial...
Fait-divers en Russie, relevé par Régis Gayraud dans La Montagne en novembre 2011 ; assez repoussant a priori... (un cousin du Sergent Bertrand, ce nécrophile célèbre, et célébré par le surréaliste Jean Benoît)
09:14 Publié dans Inscriptions mémorables ou drôlatiques, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : nécrophilie, poupées, la montagne, fait-divers, art et poupées, cadavres, russie insolite, sergent bertrand, jean benoît | Imprimer
01/05/2015
La Mayenne à l'oeuvre
Me parviennent depuis quelques jours diverses annonces émanant des différents acteurs (liés à l'association CSN 53, "Créations Naïves et Singulières en Mayenne") d'une exposition à deux visages, "La Mayenne à l'œuvre", qui va être montée d'un côté au Centre Kondas d'Art Naïf et Outsider à Viljandi en Estonie (du 15 mai au 15 juillet ; l'expo est initiée plus particulièrement par Jean-Louis Cerisier qui entretient depuis des années des liens étroits avec certains de ses pays à l'est et au nord de l'Europe), et de l'autre en Mayenne, dans un joli village répondant au doux nom de Saint-Céneri-Le-Gérei.
Dans ce dernier patelin, l'expo durera trois jours, du 23 au 25 mai (c'est le week-end de la Pentecôte). Elle est constituée d'une petite partie de la collection de Michel Leroux, dite par lui "d'art obscur" (pas si obscur que cela tout de même ; à signaler que Michel Leroux a recyclé ainsi un terme qui avait été envisagé au début de l'aventure de l'art brut, vers 1945 donc, par Dubuffet lui-même qui l'avait finalement rejeté comme insuffisamment adapté à ce qu'il cherchait).
Patrick Chapelière, coll Michel Leroux
Noël Fillaudeau, sans titre, série des "Métamorphoses", vers 1993, coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied
Robert Tatin œuvre actuellement exposée (jusqu'en juin prochain) au musée Robert Tatin de Cossé-Le-Vivien (Mayenne)
Au programme: Gustave Cahoreau (un protégé de Michel Leroux), Patrick Chapelière (mis en avant par Joël Lorand), Alain Lacoste (un grand ancien de l'art singulier), Robert Tatin (qui en dehors de son musée sculpté de Cossé-Le-Vivien était aussi peintre), Joël Lorand (Mayennais d'adoption, et maintenant Sarthois (non... en fait habitant de l'Orne, voir commentaires ci-dessous...) à ce que j'ai cru comprendre, puisqu'il est basé à Alençon), François Monchâtre (un autre ancien de la Singularité, connu pour ses machines imaginaires et ses personnages de "crétins"), Noël Fillaudeau (l'ancien ami de Gaston Chaissac), enfin Jean-Louis Cerisier.
Jean-Louis Cerisier, Collection L'Art Obscur de Michel Leroux
Cette expo, en dehors de la collection de Michel Leroux, comprendra aussi des œuvres venues des ateliers de Serge Paillard et de Jean-Louis Cerisier, amis lavallois dont j'ai souvent eu l'occasion de parler sur ce blog. Des œuvres provenant de la collection Michel Basset, et de la collection Jean-François Maurice (récemment disparu), seront également adjointes à ces ensembles.
Serge Paillard, Pomme de Terre en Patatonie (la cartographie rêvée du Professeur Caldnitz), 2015?, collection de l'artiste
08:08 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : csn 53, centre kondas de viljandi, art naïf, art singulier, patrick chapelière, la mayenne à l'oeuvre, art obscur, michel leroux, jean-louis cerisier, serge paillard, noël fillaudeau, alain lacoste, joël lorand, viljandi, estonie | Imprimer