17/01/2019
En faisant la manche avec des enfants
C'est pas drôle de se retrouver à la rue, surtout avec ses enfants. En août de l'année dernière, un de mes correspondants a photographié à Nancy un dessin, tracé peut-être avec une craie, à même le trottoir, par une certaine "Jess", visiblement destiné à atténuer la misère de la situation, et à tenter d'égayer les enfants qui accompagnaient cette mère à la rue. Voici ce que me dit ce correspondant:
"Durant quelques jours une femme faisait la manche avec ses enfants à cet endroit et a dû y laisser l'expression de son passage. Elle est quasiment effacée aujourd'hui."
Ça me fait repenser à ce que je me dis souvent. Pourquoi les gens qui font la manche sur les trottoirs ou dans le métro n'essayent pas plus souvent, comme certains qui font de la musique, de proposer à la vente des œuvres dessinées ou peintes (c'est silencieux en outre, et parfois, c'est pas du luxe, tout le monde ne maniant pas la musique avec talent...)?
Dessin sur trottoir, vu depuis les spectateurs, photo Jérôme Balezo, Nancy, août 2018...
...Et, retourné, vu depuis l' (les?)auteur(s?) du dessin, "Jess" et ses enfants, un cœur ailé, une tortue, des hirondelles, un croissant de lune, des fleurs... ph. Jérôme Balezo, Nancy, 2018.
Je ne connais qu'un cas de mendiant dessinateur, c'était dans le métro, du côté de Montparnasse, et il s'appelait Charles Daucin, dit "Charlemagne", sur qui Bernard Coste (du musée du Veinazès dans le Cantal) a écrit un bout de journal de sa rencontre avec lui vers 2001 (il faudrait que je le publie, ce texte, du reste) et dont le bulletin de Denis Lavaud, Zon'Art, parla vers 2002-2003 dans son numéro 8. Voici le genre de dessin qu'il faisait, avec des feutres ou un simple stylo à d'autres occasions (j'en ai déjà parlé si on veut bien se souvenir...):
Charles Daucin, sans titre, feutres sur papier, coll. Musée du Veinazès, ph Bernard Coste, 2001.
00:21 Publié dans Street art marginal (art de rue sauvage) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art de rue, dessins sur trottoir, manche et expression populaire, charles daucin, charlemagne, art de sdf, musée du veinazès | Imprimer
22/06/2016
Info-Miettes (28)
Et voici un nouveau bouquet, ou plutôt panier, d'Info-miettes, qui suggèrent quelques pistes de voyage pour cet été aux uns et aux autres, mais aussi quelques idées pour rester résolument sédentaires à l'abri des flux touristiques...
Darnish exposé au Petit Casino d'Ailleurs
Le vernissage aura lieu le 26 juin. Darnish expose, dans cet espace, situé à Ault dans la Somme (tout près de chez Caroline Dahyot), ses constructions babéliennes constituées de fragments de photos extraites de magazines, de peinture, de collage de papiers divers dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog (voir ci-contre ce que Darnish intitule un "volume sans titre", hauteur 80 cm). Certaines d'entre elles se présentant comme des décors pour des éléments isolés, des silhouettes d'hommes ou de femmes comme évadés d'un film hollywoodien, ou bien réaliste poétique français, pour être projetés dans un monde souvent désert, infiniment plus kafkaïen (voir ci-dessous un bâtiment où apparaît le personnage joué par Bourvil apparemment dans La traversée de Paris)...
Exposition "tout l'été", ouverte principalement le mercredi matin, les week-end, ou sur RDV au 06 08 37 90 97
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Roberta Trapani soutient une thèse à Paris: "Patrimoines irréguliers en France et en Italie. Origines, artification, regard contemporain "
Roberta Trapani appartient au CrAB (Collectif de recherche en Art Brut) et s'intéresse depuis plusieurs années aux environnements spontanés, sans se limiter, comme moi, aux créateurs populaires, mais en débordant vers un questionnement des possibilités d'un habitat autre, envisagé par les habitants ayant une conception inventive de l'architecture et de l'environnement. Elle a ainsi réalisé une thèse sur le sujet (menée sous la codirection de Fabrice Flahutez (Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense) et d'Eva di Stefano (Università degli Studi di Palermo), avec qui elle collabore aussi régulièrement dans l'édition de la revue italienne OOA, sur l'art outsider). Elle s'apprête à la soutenir bientôt (pas Eva di Stefano, mais sa thèse...).
Cette soutenance, ouverte au public, aura lieu le mardi 28 juin prochain à l'Institut national d'histoire de l'art à 14h30 (INHA, Paris, 2 rue Vivienne, salle Fabri-de-Pereisc, rez-de-chaussée).
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Un passionné d'allumettes, Bernard Beynat, au musée du Veinazès
Ce petit musée privé, dont j'ai déjà parlé aussi, notamment à propos du créateur d'un environnement nommé René Delrieu, dont des œuvres ont été abritées et protégées de l'anéantissement par ce musée, se trouve dans le Cantal non loin d'Aurillac. Ses animateurs essayent d'enrichir ses collections, à partir de découvertes opérées semble-t-il la plupart du temps dans la région. Leur expo d'été (en lien le dossier de presse avec tous les renseignements pratiques pour venir au musée), intitulée "L'extraordinaire épopée d'un peuple d'allumettes", présente cette fois Bernard Beynat, un passionné de maquettes et de figurines en allumettes assemblées et mises en couleur. On est, semble-t-il, dans l'exploit, le tour de force, l'habileté manuelle. Le personnage est épris d'Histoire et de monuments. il n'a pas hésité à déborder dans son jardin pour réaliser un village miniaturisé auquel il n'hésite pas à mêler des bâtiments inspirés de la Rome antique ou de l'Asie.
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Pétition de soutien au maintien de l'émission de Philippe Meyer sur la chanson française sur France-Inter
Au nombre de mes intérêts, je compte la chanson littéraire, poétique ou insolite francophone, qui, comme les cartes postales en matière de médium photographique populaire, est un vecteur de masse de la poésie pour le plus grand nombre. Il y a peu d'émissions de qualité je trouve sur la chanson dite "à texte". Celle de Philippe Meyer, "La prochaine fois, je vous le chanterai", qui existe depuis 2002, hebdomadaire (tous les samedis à midi), en est une. Elle est actuellement menacée pour des raisons obscures (l'animateur de l'émission ne peut être, paraît-il, à la fois sur France-Culture et sur France-Inter ; il y a bien sûr une autre raison moins avouable). On m'invite à signer la pétition qui circule actuellement sur le site Mes opinions.com. Je l'ai fait ce matin, à vous de voir si vous voulez en faire autant.
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Claude Massé au Musée de la Création Franche cet été
Claude Massé, grand découvreur d'"art autre", comme il dit, mais aussi artiste singulier, vient pour l'été au Musée de la Création Franche à Bègles. Il expose ses "patots", figures en liège sculpté (matériau emblématique de sa région catalane du côté de Perpignan ; voir ci-contre certains "patots" en train d'être préparés pour l'expo), et, paraît-il aussi, certains aperçus de ses anciennes découvertes d'art brut, dont il avait fait don, il ya déjà quelque temps, à la collection permanente du Musée. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, dans cette donation d'œuvres "autres", outre François Baloffi, une de ses découvertes comme toujours extrêmement touchantes, je vénère particulièrement les petits tableaux d'une rugueuse naïveté de Joseph Sagués.
Joseph Sagués, donation Claude Massé (dans la collection permanente du Musée de la Création Franche), photo Bruno Montpied, 2009
Expo "Patots et autres de l'art", du 24 juin au 4 septembre, au Musée de la création franche à Bègles. "L'inauguration, le vendredi 24 juin à 18h au musée, sera précédée d'une rencontre, le "Grand partage de la Création Franche", autour du livre que lui consacre Serge Bonnery, Claude Massé l'Homme liège (éditions Trabucaire), à la Bibliothèque de Bègles le vendredi 24 juin à 16h30. Ce rendez-vous sera suivi d'une séance de signature."
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Exposition de Jean-Louis Bigou, artiste et pas seulement découvreur de talents immédiats
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Et toujours à Villeneuve-les-Genêts, l'expo de mes photos d'après des environnements spontanés...
Café "Chez M'an Jeanne et Petit-Pierre", sans M'an Jeanne et Petit Pierre, mais avec d'autres inspirés ; vue de l'expo de photos de Bruno Montpied dans l'ancienne salle de bal de ce café de village réaffecté grâce à l'action de l'association Puys'art animée par Fabienne Clautiaux, ph. B.M., 28 mai 2016
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Alain Bouillet expose sa collection dans le Rouergue: "De l'humaine condition"...
Très bonne collection d'art brut au sens orthodoxe du terme (des non artistes, des créateurs s'exprimant en dehors de tout souci d'être reconnus, pour eux-mêmes avant tout, en quêtant peut-être à travers une telle pratique un réconfort, un sursis existentiel, un enchantement dans leur vie...), que celle d'Alain Bouillet, qui l'a déjà montrée l'année dernière à Bages, et qui en a tiré un excellent catalogue où il raconte ses découvertes
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"Les unes et les autres" au Musée Singer-Polignac à Ste-Anne, derniers jours
Je n'ai pas été très emballé par les derniers projets d'exposition montés dans le cadre du Centre d'Etude de l'Expression, ce qui explique que je n'en ai pas parlé depuis quelques mois. L'expo qui se termine bientôt (le 10 juillet), "Les unes et les autres", reprend des artistes et des créateurs qui ont déjà été montrés précédemment, toujours dans l'esprit qui anime le CEE, confronter artistes et pensionnaires créatifs de l'asile en les mettant sur un pied d'égalité. Mais il s'y trouve cependant quelques créateurs qui vont peut-être me faire bouger avant que ça se termine : par exemple Thérèse Bonnelalbay, Abelkader Rifi (dont on voit fort rarement des œuvres, séparées de sa maison décorée à Gagny qui est de lui ce qui est le plus connu chez les amateurs d'art brut), Patrick Chapelière, ou encore Charles Lanert, tous relevant de ce que l'on peut appeler de l'art brut.
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Jean-Louis Cerisier et ses mondes intermédiaires, Centre Kondas d'art naïf, Viljandi, Estonie, 28 mai - 3 août 2016
Notre célèbre (de plus en plus, en tout cas, vers l'Est, ça a l'air bien parti..) artiste primitiviste, singulier, naïf, et historien de la singularité en Mayenne et ses bords, Jean-Louis Cerisier, est invité depuis le mois de mai dans le centre consacré à l'art naïf (fort intéressant) de Paul Kondas (dont on attend impatiemment une exposition en France). Cerisier est-il parti pour être notre nouveau Douanier Rousseau au XXIe siècle (ils sont tous deux originaires de Laval, patrie aussi de Jarry, Lefranc, Trouillard, Ambroise Paré et Alain Gerbault, tous de grands visionnaires en somme)?
Jean-Louis Cerisier "et ses mondes intermédiaires"... Tiens ? Cela me rappelle quelque chose, "intermédiaires" : "recoins" ? Ou "interstices"?
18:04 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art populaire contemporain, Art singulier, Chanson poétique (ou non), Environnements populaires spontanés, Environnements singuliers, Photographie, Questionnements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : darnish, petit casino d'ailleurs, architectures babéliennes, maquettes, collages, cinéma, bernard beynat, musée du veinazès, architecture alternative, roberta trapani, soutenances de thèse, osservatorio outsider art, environnements spontanés, inha, crab, pétition, philippe meyer, jean-louis bigou, claude massé, patots, art autre, musée de la création franche, bruno montpied, puys'art, alain bouillet, les unes et les autres, centre d'étude de l'expression, jean-louis cerisier, art naïf, paul kondas | Imprimer
02/08/2014
Info-miettes (24): expos tour de France avec un détour par la Suisse
Musée de la Création Franche à Bègles (Gironde)
Pendant l'été, jusqu'au 7 septembre, se tient à Bègles l'exposition "Côtes Ouest" qui confronte huit créateurs français et espagnols et huit créateurs américains de la côte californienne. Il semble qu'il s'agisse de confronter les travaux produits dans des ateliers ouverts où il y a du passage, et où l'intimité peut de ce fait être relative, et les œuvres créées dans des espaces plus secrets par des individus isolés. Les noms des créateurs exposés sont sur l'affiche. "Cako" Boussion râle parce qu'il aurait pu en faire partie, vu qu'il est originaire de la côte ouest française, C'est un Basque, Cako.
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Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier
Les Arts Buissonniers y vont aussi de leur expo estivale. en plus, ils ont un étage de plus pour la collection permanente, avec un espace dévolu aux boîtes coquillées de Paul Amar. C'est depuis le 12 juillet et cela dure jusqu'au 1er novembre. Saint-Sever c'est tout près de St-Affrique, dans l'Aveyron, pas loin de l'Aude, à côté des monts de Lacaune. Il y aura entre autres Patrick Chapelière, Sylvain Corentin, Anaïs Eychenne,Chris Hipkiss, l'incontournable Joël Lorand, Jean Tourlionas...
Anaïs Eychenne au Musée des Arts Buissonniers
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Solange Knopf exposée à Paris
Enfin une occasion pour les Parisiens de voir en réalité les travaux de l'excellentissime Solange Knopf qui, grâce à la galerie Polysémie (de Marseille) qui a loué l'espace, va exposer à partir du 30 septembre jusqu'au 5 octobre à la Galerie B&B (6 bis, rue des Récollets, à côté du Canal St-Martin, près du Square Villemin pour ceux qui connaissent Paris). Elle sera avec un certain H.Ripley, pas connu de moi, mais qui a l'air intéressant. Mais je préfère ici dire mon plaisir de pouvoir découvrir en vrai les œuvres enchantées de Knopf.
Ci-contre Solange Knopf, Femmes n°7, 2012, crayons de couleur, 182x7cm, Galerie Cavin-Morris (à New-York) ; cette œuvre ne sera pas à Paris
Solange Knopf, ce dessin sera lui par contre à l'expo de Paris
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Collection de l'Art Brut, Lausanne, fin de règne
A Lausanne, un tournant serait-il pris dans la politique à la fois d'acquisition de la Collection et de gestion de son personnel ? Lucienne Peiry, après avoir été conservatrice de la Collection pendant treize ans, et avoir été nommée ensuite directrice des relations internationales, vient de se voir remerciée par le syndic de Lausanne, Daniel Brélaz, qui paraît lui reprocher trop d'acquisitions, et de plus menées trop loin de l'Europe... La Collection croulerait sous les acquisitions? Eh bien tant mieux! L'art brut existe dans le monde entier, il a un côté universel donc, c'est un fait. Il semble que ce responsable lausannois ne veuille pas de l'idée d'un agrandissement des collections, au prétexte que la ville aurait des petits moyens économiques. Quel esprit étriqué! Pourquoi, chers amis helvétiques, devant un si patent manque d'ambitions, ne pas réfléchir dès lors à un transfert des collections vers un autre endroit plus vaste et une ville plus audacieuse? Gageons en tout cas que Lucienne Peiry saura réagir et rebondir dans un autre cercle pour continuer à nous faire part de ses recherches.
Affiche de l'expo de la CAB avec Gustav Mesmer et ses engins volants bricolés
Actuellement, on peut voir à la Collection la dernière exposition montée par Lucienne Peiry, la bien nommée "L'Art Brut dans le monde" (qui a fait l'objet d'un magnifique catalogue ; du 6 juin au 2 novembre) où l'on peut découvrir plein de nouveaux venus, et une autre expo sur "Joseph Baqué", l'homme des monstres merveilleux dont j'ai déjà parlé ici (du 6 juillet au 26 octobre).
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Le Musée du Veinazès expose les dessins de René Delrieu
Les curieux avaient peut-être remarqué les dessins naïfs de Delrieu à la récente exposition Recoins dans la galerie de la Halle Saint-Pierre. C'est un créateur dont j'ai déjà eu également à causer sur ce blog. Le musée du Veinazès de Bernard Coste qui a mis à l'abri plusieurs de ces œuvres et qui l'expose souvent a décidé cet été, du 14 juillet au 28 septembre, de présenter l'intégrale des dix dessins conservés par lui, graphismes qualifiés à juste titre par lui de "petit trésor cantalien", faisant écho aux sculptures métalliques que le musée conserve également par ailleurs. Vous aviez deviné ce musée, c'est dans le Cantal.
René Delrieu, Labour et maréchalerie, coll. Musée du Veinazès
17:09 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : création franche, collection de l'art brut, côtes ouest, arts buissonniers, art singulier, solange knopf, lucienne peiry, art brut dans le monde, joseph baqué, rené delrieu, musée du veinazès | Imprimer
26/03/2014
Le musée du Veinazès se dote d'un site web
Bernard Coste, l'un des fondateurs du musée d'art populaire du Veinazès, dans ce que l'on appelle la Chataigneraie cantalienne je crois?, bref un coin perdu qui doit sûrement être, comme tous les coins perdus, plein de charme, Bernard Coste me signale la création du site web de son musée appelé par ailleurs à s'agrandir (je l'ajoute ce jour à la liste de mes "doux liens", colonne de droite). J'en ai déjà parlé sur ce blog. Ce qui m'y intéresse surtout, c'est leur collection de sculptures et silhouettes en tôle peinte ainsi que de dessins que René Delrieu avait autrefois produits à Ally, signalés par Nicolas Galaud (actuel responsable de la Bibliothèque de Brest) dans ce livre fort curieux qui s'intitulait l'Auvergne Insolite, petit guide pataphysique (dirigé par Pascal Varejka, éditions Au Signe de la Licorne, 2002). Le musée du Veinazès a conservé un bon petit groupe significatif de ces créations de Delrieu.
La partie centrale du site de René Delrieu en 2007, ph. Bruno Montpied
Ancien site de René Delrieu à Ally (Cantal), circulez ,il n'y a plus rien à voir... Ph. Bernard Coste, 2013
18/12/2013
Charles Daucin, l'art souterrain
Il y a quelques années, au début des années 2000, plusieurs amis et relations avaient attiré mon attention par leurs témoignages de rencontre avec un clochard qui hantait un certain couloir de correspondance à la station Montparnasse, entre les lignes 6 (Nation-Etoile par Denfert-Rochereau) et 13 (St-Denis-Châtillon-Montrouge). Ces témoignages campaient un clochard dessinateur qui vendait à l'occasion ses petites productions aux (apparemment rares) passants intéressés. Le fanzine Zon'Art de Denis Lavaud avait publié trois pages illustrées de quatre dessins qu'accompagnait un texte d'"Eric G." dans son n°8 (automne-hiver 2002-2003). Un dessinateur mendiant dans le métro parisien, je trouvais ça extrêmement rare -et je dois dire que cela fait des années que je me demande pourquoi on n'en rencontre pas plus étant donné que cela pourrait représenter une possible source de revenus pour ces personnes en difficulté, tout aussi valable que le fait de faire de la musique, forme d'expression ultra majoritaire dans le métro au contraire.
Charles Daucin, alias "Charlemagne", un couple et leur fille, un avion, une barque parachutée, des soleils partout..., 2002, coll. Musée du Veinazés (dans la Châtaigneraie cantalienne) ; à noter que la photo ne montre pas le dessin complètement, à gauche il y a vraisemblablement une bande violette qui entoure les saynètes centrales, constituant le cadre par lequel le dessinateur semblait toujours commencer son dessin
Charles Daucin, alias "Charlemagne", couple de part et d'autre d'une voiture, maison, 2001
Charles Daucin était le nom que donnait Eric G. dans Zon'Art. Ce dernier décrivait les dessins qu'il présentait comme étant "toujours vendus par 4". Cela semblait être des sortes de séries, représentant la plupart du temps sur deux niveaux les mêmes saynètes, des membres d'une famille se tenant la main, faisant la fête ("les verres n'étant jamais vides", fantasme indépassable du clochard), des véhicules, des arbres, des maisons, des intérieurs d'appartements avec postes de télévision (voir ci-dessus et ci-dessous des exemples).
Charles Daucin dit "Charlemagne", la maison idéale avec poste de télé, les verres jamais vides, le couple faisant la fête... 2002, coll. Musée du Veinazès
Je partis à la recherche de cet homme mais ne le rencontrai jamais, le divin hasard ne voulant pas me favoriser pour ce cas. Mais je ne l'oubliai pas. Le hasard me permit seulement, récemment (2013), les voies de ce dernier étant décidément impénétrables, de tomber sur Bernard Coste et son camarade Jean-Pierre, qui animent dans le Cantal le musée du Veinazès (Emmanuel Boussuge nous en a déjà entretenu si vous vous en souvenez) et passent aussi souvent par Paris. Ils avaient eux aussi dans ces mêmes années 2001-2002 rencontré le fameux Charles Daucin qui signait "malicieusement", écrit Bernard Coste, ses dessins "Charlemagne" (c'est le genre de blague en faveur chez les gueux qui se fabriquent aisément des titres bouffons en rapport avec des royautés imaginaires, inversées..., cela va parfois jusqu'à la sculpture de trônes). D'après les souvenirs de Bernard Coste, ce M.Daucin vendait ses dessins cette fois par 6 et plus par 4 comme à Eric G. Peut-être voulait-il plus rapidement s'en débarrasser. Il lui arrivait apparemment aussi de travailler d'après des commandes et des modèles (des reproductions de tableaux, Munch, une Madone...). Il semble qu'au-delà de 2002, on ne trouve plus de témoignage de la présence de Charles Daucin dans les couloirs du métro à Montparnasse. Sa présence paraît attestée seulement entre 1999 (Eric G.) et juin 2002 (Bernard Coste). Les dessins que je reproduis ci-dessus et ci-dessous (un dessin au sujet plus rare) appartiennent tous à la série de douze dessins acquis par Bernard Coste pour le musée du Veinazès (qu'il en soit donc chaudement remercié ici). Si des lecteurs avaient des informations complémentaires à apporter sur notre héros, qu'ils n'hésitent pas à nous faire part de leurs témoignages.
Charles Daucin, dit "Charlemagne", personnage seul (un fumeur), 2002, coll. Musée du Veinazès
Musée du Veinazès, Lacaze, 15120, Lacapelle del Fraisse (entre Aurillac et Montsalvy), tél. : 04 71 62 56 93 - 04 71 49 25 81. Le musée se visite en été tous les après-midis. Ajoutons que ces dessins de Charles Daucin ne sont pas actuellement accrochés dans les collections visibles du public.
10:10 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Fantastique social | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : charles daucin, "charlemagne", clochards, dessins de clochards, zon'art, eric b., bernard coste, musée du veinazès, châtaigneraie cantalienne | Imprimer
23/07/2013
Une exposition fort intéressante à Mauriac cet été: "Pierrot Cassan aurait 100 ans"...
Ne vous y trompez pas, il ne s'agit nullement d'une expo "d'artistes" comme le dit l'affiche de l'expo, des "artistes" cantaliens qui seraient issus du terroir (on pourrait l'inférer à voir cette image d'homme au béret en filigrane, en réalité un portrait de Pierrot Cassan), avec des expressions traditionnelles propres à l'art folklorique ; non, il s'agit plutôt d'une sélection – autour de la figure centrale de ce créateur autodidacte génial qu'était Pierrot Cassan, dont les peintures satiriques et truculentes ont été heureusement conservées par la commune – de quelques figures moins connues de la création populaire autodidacte régionale, se situant toutes aux limites de l'art modeste et de l'art brut
Pierrot Cassan, Pour l'amour d'une poule combat de coq à Mauriac ("Assassin...", "Porc...", "Mon chéri..."), peinture sur carton, expo centenaire de Pierrot Cassan au musée de Mauriac, ph. Ghislaine Staelens
Pierrot Cassan, Vive les rois et vive les reines (galette des rois), dimanche le 8 janvier 1978, expo du musée de Mauriac en 2013, ph. GS
P. Cassan, Notre ami Paulin avec son ACCORDEON et ses grelots aux pieds au Café Martin en 1927..., expo du musée de Mauriac 2013, ph. GS
Vue de l'accrochage des œuvres de Pierrot Cassan au musée de Mauriac, photo GS
Girouette d'Antoine Rouchés, coll Emmanuel Boussuge, exposée au musée de Mauriac, 2013 (derrière on devine des dessins de René Delrieu), ph. GS
François Aubert, un de ses animaux en ciment (un chien?) transporté hors de son lieu d'origine, expo Musée de Mauriac 2013, ph GS
La maison et les sculptures de François Aubert à Antignac, leur lieu d'origine, avant qu'elle soit vendue et les statues dispersées, ph. Bruno Montpied, 2003
François Aubert, une sculpture sur bois peu connue de lui qui prouve que le monsieur ne se débrouillait pas mal avec une gouge, expo musée de Mauriac 2013, ph. GS
François Aubert, Shadok et gibi, excentricité de l'expression... expo musée de Mauriac 2013, ph GS
René Delrieu, silhouettes découpées et peintes sur métal, et dessin représentant une "bourrée auvergnate", coll. Musée du Veinazés, expo du musée de Mauriac, 2013, ph. GS ; toujours la fête, grand thème d'inspiration pour René Delrieu
Ginette Aubert (rien à voir avec le François du même nom), La recherche de la source de vie... bla-bla... Ph GS
15200 MAURIAC
00:20 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : pierrot cassan, antoine rouchés, girouettes, jean delprat, rené delrieu, musée du veinazés, sylvain et ghislaine staelens, emmanuel boussuge, musée de mauriac, laurence bodin, recoins, françois aubert | Imprimer
15/06/2013
René Delrieu (1930-2008), passage d'un inspiré du Cantal
C’est personnellement par une notule due à Nicolas Galaud, autre émérite (et discret) chercheur d’inspirés du bord des routes, dans l'Auvergne Insolite¹, que je suis tombé sur l’existence du site de sculptures naïves en métal peint de René Delrieu à Ally, à l'ouest du Cantal (non loin de Mauriac au nord et de la Corrèze à l'ouest). M. Galaud dépeignait ce dernier comme « maréchal-ferrant, réparateur de machines agricoles et fabricant de cuves à lisier ». Je ne fus pas long à signaler cette notule à notre correspondant cantalien, Emmanuel Boussuge (voir l'écho mis en ligne juste avant cette note) qui fit le nécessaire comme moi (prendre vite des clichés avant toute disparition).
Ancien atelier de René Delrieu à Ally, sur la clôture, une scène de chasse par des Peaux-Rouges, ph. Bruno Montpied, 2007
Comme beaucoup d’autres, il avait commencé ses sculptures en tôle galvanisée à la retraite apparemment (soit vers 1994, il avait alors 64 ans), les sortant entre son atelier et la route en été, les rentrant en hiver (la saison est rude dans ces coins-là). M. Galaud ajoute dans sa petite description qu’il s’était « représenté en maréchal-ferrant sur la façade de sa maison et [s’était] inventé un bonheur conjugal autour du cantou, sur la porte de son atelier ».
Le maréchal-ferrant au boulot, ph.BM, 2007
Comme me l’a appris Bernard Coste qui s’occupe avec son père du musée du Veinazès à Lacaze (le Cantal toujours, mais plus vers le sud, en dessous d'Aurillac, pas loin de l'Aubrac), qui se voue à préserver la mémoire des outils et des machines agricoles d’autrefois, ainsi que des créations populaires de divers autodidactes de la région, il existait aussi des dessins dans l'œuvre de René Delrieu qui paraît s’en être servi comme croquis en vue de futures sculptures. Le style naïvo-brut de ces œuvres est tout à fait remarquable et me fait personnellement beaucoup penser aux dessins de Gaston Mouly, autre autodidacte bien connu dans le monde des amateurs d'art brut ou singulier, originaire quant à lui du Quercy voisin. Les dessins de Delrieu mériteraient amplement d’être exposés. En voici un ci-dessous, reproduit grâce à l’amabilité de Bernard Coste.
René Delrieu, (distractions le soir au coin du feu), dessin aux crayons de couleur, coll Musée du Veinazés, Lacaze, photo Emmanuel Boussuge
Delrieu aimait à présenter ses assemblages et sculptures sur des fonds peints où l’on discerne divers détails (pots de sucre, café, farine, etc.) comme dans la scène conjugale autour du feu ci-dessus. Je parle d’assemblages parce que plusieurs de ses œuvres sont réalisées par juxtaposition de plaques de métal peint et assemblage de formes en deux et trois dimensions ce qui est assez osé (voir son joueur de pétanque, par exemple, composé de divers morceaux rivetés permettant sans doute l’animation du personnage, des changements d’attitude comme pour certains pantins articulés).
René Delrieu, trois silhouettes en tôle peinte exposées au Musée du Veinazès sur un fond de planches peintes en blanc, documentation du musée, ph. JPB, 2013
Le musée du Veinazès a du reste réalisé à l’exemple de Delrieu une présentation de certaines de ses silhouettes en métal sur un fond de planches peintes en blanc.
Vue d'une partie de l'espace consacré aux silhouettes de René Delrieu au Musée du Veinazès à Lacaze ; on reconnaît (?) à droite Johnny Halliday, à côté d'un accordéonniste et en dessous de ce dernier d'un joueur de pétanque, ph. JPB, documentation du Musée du Veinazès 2009 ; ces personnages se trouvaient à l'origine à la belle saison installés à l'extérieur de l'atelier d'Ally
Une autre audace de Delrieu consista à installer en plein air, dans une région où le climat est souvent peu propice à ce genre de démonstration, des objets en métal susceptibles de s’abîmer assez vite, même si la galvanisation (un bain de zinc dans lequel sont trempées les pièces en fer) a pour but de retarder les phénomènes de corrosion (ce qui prouve, je le dis au passage, que Delrieu n’était pas totalement insensible aux problèmes de longévité de ses œuvres qu’il exposait à l’air libre).
Delrieu ne s’arrêtait pas à ce genre d’audace, il animait au moyen de mécanismes assez simples (des contrepoids) certaines autres de ses saynètes comme les pêcheurs ci-dessous.
Les pêcheurs de René Delrieu encore en place sur son terrain en 2007, ph. BM
Il est important d’établir pour ce genre de créateur l’inventaire de ses réalisations. Bernard Coste s'y emploie depuis quelque temps :
« A ma connaissance, on trouve trois sortes de travaux pour René Delrieu :
- Les sculptures animalières et ornithologiques. Il s'inspirait de revues pour les réaliser. Ce travail est très réaliste.
- Les sculptures singulières qu'il imaginait. Elles s'attachent à ses centres d'intérêt et ses coups de cœur : Johnny Halliday (le guitariste), l'accordéoniste, le joueur de pétanque.
- Les sujets animés du "bricoleur" : le Tour de France, le tiercé, la bourrée (qui était à l'origine sur un élément de mobile-girouette (1999) puis a été actionnée par un moteur et une courroie avant de se retrouver sur son établi en vue d'une future modification). »
Autre espace consacré à des scènes de course hippique, de trot attelé, des scènes de chasse... Musée du Veinazès, ph JPB ; ce sont ces pièces-là qui me paraissent lee plus réussies personnellement
Tout en se tenant facilement en retrait lorsqu’on le visitait (il était rare de le voir apparaître, et personnellement je ne le vis pas lorsque nous passâmes près de son terrain d'exposition en bordure de route, Régis Gayraud et moi-même en 2007, peut-être nous observait-il caché derrière les murs de son garage ; ce désir de rester caché m'en rappelle un autre, André M. dans le Morbihan, l'homme qui assemble des souches et des branches au Bar du Mont Salut), tout en restant donc en apparence réservé, René Delrieu ne semblait pas détester la musique traditionnelle, les bourrées, puisque ses dessins et sculptures campent des musettes, des guitares et des accordéons, et ne paraissent pas dédaigner les ambiances festives.
Note sur le devenir du site:
Le site est démantelé désormais, la propriété ayant été revendue deux fois depuis le décès du créateur. Seules deux saynètes sculptées en métal peint de l’ancien atelier de M. Delrieu trônent encore sur la clôture de la propriété (en 2013). Une dizaine de pièces en trois dimensions, plus diverses œuvres en deux dimensions (dont des dessins) ont été cependant sauvegardées au Musée du Veinazès dans le village de Lacaze par la famille Coste. Des oiseaux de Delrieu ont également été conservés par la Ligue de Protection des Oiseaux de la région Auvergne. Quelques autres personnes, anciens voisins du créateur ou membres de sa famille en ont également mis de côté. On a sauvé ces œuvres entre autres grâce à la clairvoyance de la sœur de René Delrieu, Mme Justeau-Delrieu.
Portrait photographique de Delrieu mis en regard d'une de ses tôles peintes, ph JPB, documentation du Musée du Veinazès, 2009
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¹ L’Auvergne insolite, petit guide pataphysique, sous la direction de Pascal Sigoda, Au Signe de la Licorne, Tusson, 2002.
² Le musée du Veinazès en a conservé une dizaine ; d’après Bernard Coste, ils décoraient la cuisine-séjour des Delrieu. On peut voir un de ces dessins, en dehors de celui que je reproduis ici, dans la précédente note d'Emmanuel Boussuge "Un chouette musée à la campagne". On retrouvera dans cette même note les renseignements relatifs à la visite du musée.
Merci à Emmanuel Boussuge pour sa médiation vers les Coste du Musée du Veinazès.
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14/06/2013
Un chouette musée à la campagne, par Emmanuel Boussuge
Cela faisait longtemps que je voulais saluer (merci au Poignard de m’en donner l’occasion) le petit musée du Veinazès dans la Chataigneraie cantalienne, un musée familial constitué en toute indépendance des institutions. On y trouve surtout des outils et machines du mode rural. Amené par son métier à vider de nombreuses maisons, Raymond Coste supportait très mal le grand gâchis d’objets que ses voisins se sentaient obligés d’offrir en holocauste à la modernité conquérante et qu’il était souvent chargé d’amener vers leur destruction.
Un jour, il se décida à les récupérer et il en emplit un, puis plusieurs hangars. Il y a dix ans, la retraite venue et aidé par sa famille, il bâtit un musée où montrer une partie des innombrables pièces mises en réserve. Ateliers d’artisans reconstitués avec rigueur ou machines maintenues en état de marche (avec notamment une collection de tracteurs parfaitement huilés à faire pâlir tous les amateurs), Raymond Coste fait visiter sa collection et tourner ses machines en donnant toutes les explications nécessaires, selon les principes d’une pédagogie rustique, joviale et passionnée.
Raymond Coste et Cécile C., démonstration de tracteur, photo E. B., juillet 2009
Depuis quelque temps, le musée s’est aussi tourné, sous l’impulsion de Bernard Coste, son fils, vers diverses formes de création populaire. « Singuliers, bruts, hors-les-normes, outsiders, naïfs, cela importe peu », nous dit un panneau. « Le musée du Veinazès est très heureux d’accueillir ces œuvres qui, au travers d’une inspiration foisonnante et d’une imagination surprenante, traduisent le mot LIBERTÉ ». Bien doué lui aussi du talent familial pour la préservation, Bernard a ainsi pu mettre à l’abri plusieurs éléments du site réalisé à Ally, au Nord du Cantal, par René Delrieu, site qui avaient toutes les chances de disparaître sans laisser de traces (hors quelques rares pages comme celles de l’Auvergne insolite de Pascal Sigoda) quand ce dernier est mort en 2008. Rien de plus évident à mon sens que la présence des sculptures métalliques qui peuplaient le jardin de ce « mécanicien sur machines agricoles » au musée du Veinazès. Je mettrai ma main au feu qu’il aurait apprécié le geste.
Ajoutons qu’outre les pièces qui étaient bien visibles devant la maison d’Ally, la conservation concerne des dessins d’une facture originale que l’on pourra aussi découvrir cet été au musée de Mauriac, lors d’une exposition qui fera la part belle à quelques-uns des plus étonnants parmi les créateurs populaires cantaliens.
Petit avant-goût :
Dessin de René Delrieu, ph. E.B., août 2009
Le musée du Veinazès expose d’autres productions locales plus ou moins excentriques (maquettes, aquarelles, dessins), ainsi que quelques pièces dénichées à Paris.
Robert Goudergues, maquettes de maisons des rives de la Jordanne, ph. E.B., juin 2013
Certaines découvertes faites par Bernard dans sa Chataigneraie (à Saint-Etienne de Maurs ou Lafeuillade) mais qui ne sont pas encore exposées paraissent extrêmement alléchantes. Un énigmatique meuble acheté dans une brocante à Mauriac (c’est la seule indication de provenance) figure aussi dans la collection. Il mélange stylisation populaire et thème aristocratique, avec heaume et blason que deux hommes patibulaires, vêtus d’un simple pagne (des hommes sauvages ?) soutiennent. Je serais, ma foi, bien curieux d’avoir l’avis expert des lecteurs du blog sur cette pièce difficile à qualifier et à dater.
Ph. E.B., juin 2013
Me reste à donner les informations utiles pour se rendre à ce musée plébéien, et fier de l’être, qui réserve sans doute de belles surprises au fur et à mesure que la part (encore assez réduite) réservée à la création populaire marginale va s’étendre, selon le vœu de ses animateurs.
Musée du Veinazès, Lacaze, 15120, Lacapelle del Fraisse (entre Aurillac et Montsalvy), tél. : 04 71 62 56 93 - 04 71 49 25 81. Le musée se visite en été tous les après-midis.
Emmanuel Boussuge
23:55 Publié dans Art immédiat, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : rené delrieu, raymond coste, environnements spontanés, habitants-paysagistes, robert goudergues, musée du veinazès, arts populaires ruraux, chataigneraie cantalienne, emmanuel boussuge | Imprimer