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28/08/2023

Aux frontières de l'Art Brut

       La Halle Saint-Pierre, à Paris, va bientôt ouvrir une nouvelle exposition (qui durera du 20 septembre 2023 au 25 février 2024) consacrée à "15 artistes inclassables, selon les critères de l’art brut ou de l’art naïf traditionnel". La présentation de l'expo sur le site de la Halle poursuit en expliquant: "Sans formation artistique pour la plupart mais possédés par le démon de la création, tous sont des expérimentateurs intarissables, obsessionnels, proliférants, dont l’univers a sa marque particulière, reconnaissable au premier coup d’œil. Peu habitués aux circuits professionnels de l’art, ils sont restés méconnus..." Sans formation artistique pour la plupart, certes (on y retrouvera en particulier Babahoum, Jean Branciard, Gabriel Audebert, ou Roger Lorance). Et d'ailleurs, on y rencontre même Marc Décimo, le célèbre universitaire pataphysicien et historien de l'art brut, qui cherche peut-être à acquérir une virginité toute neuve. Un de nos correspondants à l'étranger l'a ainsi surpris en plein stage de déconstruction intellectuelle, au fond d'un rade des plus populaires. Qu'on en juge ci-dessous:

 

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Marc Décimo?

Ce que l'art recherche avant tout, c'est l'incognito, comme disait (à peu près) Dubuffet, autre pataphysicien (plus célèbre mais plus éphémère)...

10/01/2022

Nuage Vert sauvegarde un sculpteur naïf de la Corrèze

       Gabriel Audebert, tel était son nom. Né en 1924, disparu en 2007... C'est une nouvelle découverte dans le champ des créateurs populaires naïfs (plus que bruts, puisque sa production, de bustes de personnalités, d'animaux, se réfère à des sujets pris dans le spectacle de la réalité extérieure). Elle est racontée par Laurent Gervereau, le tonique animateur de l'association et du musée Nuage Vert, basé à Argentat (Corrèze), sur son site web. "Outre une série historique sur les croix de Xaintrie [voir une remarque que je formule plus loin à ce sujet], l’essentiel de son oeuvre consiste en des bustes sculptés de personnages : issus de peintures (Modigliani, van Gogh, Picasso…), du monde politique français (de Gaulle, Chirac, Mitterrand, Giscard d’Estaing…), de la faune (hiboux, bélier, taureau…) ou des anonymes au style art déco."

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L'atelier de Gabriel Audebert avec ses sculptures stockées, ph. Nuage Vert, 2021.

 

        Apparemment ce monsieur Audebert, ancien coiffeur, installé un temps à Paris, rue de la Huchette, puis boulevard Saint-Germain, dans le Quartier Latin donc, revenu dans sa patrie d'origine, la Xaintrie (région située à cheval sur les départements du Cantal, de la Corrèze et du Lot), exposait ses sculptures, à base de bois et papier mâché, dans une boutique sur une place du village de Pleaux.

         Parmi ses bustes et têtes, on note la présence de Modigliani. Ce n'est pas par hasard à mon avis, tant une certaine propension à faire onduler, allonger ses figures, parfois emmanchées d'un long cou (Modigliani empruntait cela à la statuaire africaine) est partout présente.

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On aperçoit à gauche de Gaulle, et parmi les autres sculptures, on reconnaît Giscard, ou van Gogh, ph. Nuage Vert.

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Photo Nuage Vert.

 

     Une exposition aura lieu sur le site du musée Nuage Vert, du 2 juillet au 25 septembre, accompagnant la parution annoncée d'un livre sur ce créateur amateur par Marc Décimo, intitulé, paraît-il, Gabriel Audebert. Le carnaval de la comédie humaine et autres masques et bergamasques.

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Van Gogh (un peu flippant), ph. Nuage Vert.

 

     Dernière question, il est dit plus haut que ce monsieur Audebert a consacré une partie de son oeuvre aux croix de Xaintrie... Il serait étonnant qu'il n'ait pas alors croisé ce petit calvaire restauré (en 1981) par un autodidacte, nommé apparemment Alrivi (d'après ce que nous avait dit, à moi et à Thierry Coudert, sur place, un voisin), à Rioubazet, que j'avais autrefois noté en lisant un article dans Massif Central magazine. Voir ci-dessous... (Et avis à Nuage Vert, s'ils pouvaient me le confirmer?):

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Calvaire de Rioubazet, en Xaintrie (1911-1981), ph. Bruno Montpied, 2020 ; restauré en gardant – naturellement? – le style naïf.

 

11/08/2018

Un compte-rendu paresseux dans la revue "Critique d'Art"...

      Une remarque de Marc Décimo, parue dans la revue Critique d'Art (n°49 de 2017, qui sera disponible en version intégrale sur le site web de la revue en mai 2019), et insérée dans ce qui se voudrait un compte-rendu de mon récent livre Le Gazouillis des éléphants (expédié en deux paragraphes, un record de la recension exécutée par-dessus la jambe, alors que le livre dont il paraît vouloir traiter fait 934 pages), m'a quelque peu titillé. Je cite ici le passage où elle se trouve (soulignée par mes soins en rouge) :

     "... c’est autour de ce qu’il est aujourd’hui convenu de nommer « les environnements » que certains chercheurs, très peu nombreux, documentèrent au fil des années les sites qu’ils découvraient, multipliant articles dans quelques revues, photographies et films. Bruno Montpied fut un de ces passionnés. Il présente aujourd’hui la somme de ces recherches (934 pages), région par région de France. Il énumère les sites qu’il a visités. Il documente. Il iconographie. Bruno Montpied a aussi pensé à reproduire des cartes postales anciennes, des années 1900, souvent les seuls témoignages de ces curiosités passées que la revue Gazogène recensait naguère."

Le Gazouillis 3 couv à plat (2).jpg

 

     Je passe sur le "fut" qui paraît m'enterrer quelque peu. Un présent aurait pu mieux convenir, s'il vous plaît, M. Décimo, je ne suis pas encore mort. La phrase sur les cartes postales anciennes "que la revue Gazogène recensait naguère" est quelque peu ambiguë. On peut se dire en la lisant que c'est cette revue qui eut la première l'idée de recourir à cette source iconographique et documentaire. Or rien n'est plus faux. Des cartes postales anciennes avaient déjà aidé Anatole Jakovsky à illustrer son livre (approximatif), de 1979 aux éditions Encre, sur les rochers sculptés par l'abbé Fouré à Rothéneuf. Surtout, en 1985, son grand rival, Frédéric Altmann – voulant prendre sa revanche du fait que Jakovsky ne l'avait pas fait directeur du musée d'art naïf qui venait de s'installer à Nice dans un splendide hôtel particulier dominant la mer – fit paraître une autre étude sur le même abbé de Rothéneuf, entièrement fondée sur les cartes postales (il en existe près de 400, rien que pour les œuvres sculptées de l'abbé, sur pierre ou sur bois). Le livre fut intitulé La vérité sur l'abbé Fouéré, "l'ermite de Rothéneuf", le sculpteur des rochers de Rothéneuf, 1839-1910 ; une recherche par les cartes postales et documents d'époque (éditions A.M., Nice).

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      Francis David, dans son Guide de l'art insolite Nord-Pas-de-Calais-Picardie, aux éditions Herscher en 1984, en a également utilisé dans la préface de son livre qu'il confia à l'écrivain régional Jacques Duquesne (c'est même là que j'ai découvert la carte reproduisant les graffiti sculptés de la "Nymphe d'Aveluy" que j'ai reproduite dans mon Gazouillis). En 1993, dans le chapitre que je consacrai à François Michaud dans l'ouvrage collectif Masgot, L'œuvre énigmatique de François Michaud (éditions Lucien Souny, Limoges), chapitre que j'ai réédité en 2011 dans Eloge des jardins anarchiques (voir "Formes pures de l'émerveillement"), je publiai une carte postale ancienne, moi aussi, consacrée à la "Villa des Fleurs" de Montbard (voir ci-contre).Cp-la-villa-avec-deux-perso.jpg A cette époque (à partir de 1989), j'étais en contact avec Jean-François Maurice qui, au début des années 1990, n'avait pas encore pris l'habitude de faire imprimer sa revue Gazogène chez un professionnel, lui laissant l'allure d'un fanzine foutraque, auquel il m'arriva de collaborer (le  premier numéro imprimé professionnellement, relié, paraît être le n°17, et malgré son absence de date peut être daté de 1997) . Nous échangions souvent, notamment par téléphone (lui à Cahors, moi à Paris). Et l'idée d'accentuer les recherches de sites, notamment du passé, en allant du côté des cartes postales anciennes, je la lui formulai un soir, à propos notamment des "Ruines de la Vacherie", ce site étonnant qui existait autrefois dans les parages de Troyes.  Bien plus tard seulement, il rencontra le collectionneur de cartes postales d'environnements spontanés Jean-Michel Chesné, avec qui il réalisa plusieurs numéros  reproduisant des dizaines de cartes postales de sites. C'est ces numéros qu'évoque Décimo dans son articulet expéditif, d'une manière que je trouve insupportablement désinvolte, et finalement très mal informée, car Gazogène ne s'est consacré aux cartes postales anciennes que très tard par rapport aux ouvrages que j'ai cités précédemment. L'utilisation des cartes postales vis-à-vis des sites d'art brut ou d'art naïf en plein air par la revue Gazogène ne fut en définitive  que la systématisation d'une idée. Ce qui n'occulte pas le fait pour autant que la revue fit à l'occasion de divers de ses numéros spéciaux plusieurs découvertes et révélations (dont je me suis fait l'écho dans mon livre, à l'occasion). Mais cela n'entraîne pas qu'on puisse insinuer que j'aurais pu être un récupérateur d'une idée que j'avais mise en application avant cette revue, et idée qu'en outre, j'avais suggérée à Jean-François Maurice, avant que nous rompions.

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Auguste Bourgoin, l'auteur des "Ruines de la Vacherie" devant son "Bureau".

 

    Dire par ailleurs, comme le fait M. Décimo, qu'il y eut jusqu'ici peu de "chercheurs" creusant la question des environnements, notamment populaires – si l'on accepte de considérer les "chercheurs" au sens large, et pas seulement au sens universitaire et institutionnel – c'est largement contredit, par exemple, par la bibliographie de 16 pages que j'ai donnée dans les annexes de mon Gazouillis.

    Je pourrais aussi citer cette autre affirmation, que l'on peut dénicher dans le même entrefilet de notre "critique d'art" : "Le parti pris de Bruno Montpied est descriptif et biographique à travers l’étude des cas qu’il approche. On aimerait toutefois en savoir toujours davantage sur les raisons et irraisons qui poussent à se distinguer hors des normes." A lire ces lignes, je me convaincs que l'auteur de ce jugement des plus sommaires n'a pas dû lire grand-chose de mon ouvrage. A commencer par ma longue introduction où je donne, il me semble, plusieurs points de vue sur diverses questions que posent les environnements, la question de leur conservation ou non,  par exemple, ou les motivations de leurs auteurs, etc. Plusieurs de mes notices, de tailles diverses, donnent sans cesse des éléments d'information précisément sur "les raisons et irraisons" de ces créations "hors des normes", contrairement à l'affirmation de Décimo. Elles dépeignent aussi comment ces inspirés du bord des routes n'ont pas toujours, non plus, l'impression de se distinguer des normes. M. Darcel, dans la région de St-Brieuc, trouve que ce qu'il fait est plus vivant que les œuvres de Picasso, et qu'il est donc plus près d'une certaine "normalité" que ce que l'on trouve dans les musées. M. Roux dans sa cave troglodytique reproduit des personnages de Disney sur ses parois pour nier son enterrement dans une excavation, Chatelain ou Michaud ont créé leurs univers par désir d'être anoblis par leur œuvre ("un Chatelain, ça doit avoir un château", Michaud magnifiait de colonnades gréco-latines son pressoir à cidre et ses clôtures). Etc., etc....

Colonnades de la barrière d'enceinte de la deuxième maison (2).jpg

Colonnades de la barrière d'enceinte de la deuxième maison de François Michaud à Masgot dans la Creuse, ph. Bruno Montpied, 2013.

 

       Bref, que le lecteur de Critique d'art aille voir dans le Gazouillis, sans se contenter du compte-rendu de ce paresseux universitaire...  La bibliothèque de cette revue, qui réclame en outre, de façon assez scandaleuse, je trouve, que l'éditeur lui fournisse deux ouvrages en rançon d'un compte-rendu (et quel compte-rendu!), permettra assez aux lecteurs, qui n'auront pas par hasard été rebutés par cette misérable notule, de se faire une idée plus exacte de mon ouvrage. Qui me paraît mériter tout de même un peu plus que deux seuls paragraphes sans le moindre contenu (c'en est, pour le coup, assez obscène)... Mais, peut-être, l'histoire de l'art, dont cette revue ambitionne d'être l'exhaustif miroir, n'a pas à retenir un ouvrage tel que le Gazouillis, trop OVNI pour elle...?

 

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Ouvrez-le... Et lisez-le, bon sang de bois! Et n'écoutez pas vos professeurs, étudiants en histoire de l'art...

09/05/2018

Info-Miettes (30)

Cartographies imaginaires avec Serge Paillard et des élèves angevins 

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      Exposition de cartographies imaginaires de Serge Paillard, mais aussi de Sophie Bouchet, auxquels, si j'ai bien compris, ont été adjoints des travaux exécutés sur le même thème par des élèves et des enseignants d'écoles situées en Anjou, dans les villages portant les doux noms de Pouancé Ombrée-d'Anjou et de Noyant-la-Gravoyère... Vernissage le 26 mai, expo du 27 mai au 15 juillet 2018, présentée à Nyoiseau dans le Maine-et-Loire, dans les locaux d'une association appelée Centrale 7...

 

La revue Jardins n°7 : une renaissance...

       "Après une pause de deux ans, la revue Jardins reprends sa route. Pour continuer à la publier, une maison d’édition a été créée, "Les pommes sauvages", qui a vocation à éditer d’autres publications sur le jardin et le paysage. L’esprit de la revue n’a pas changé : il s’agit, comme dans les six premiers numéros, d’explorer le jardin et le paysage dans leurs dimensions poétique, philosophique et existentielle. Dans chaque numéro, artistes, jardiniers, philosophes, historiens… sont invités à approfondir un thème.

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      Chaque voix qui interroge le jardin, comme l’annonçait le n°1 en 2010, y a sa place, chaque regard aimant qui, sans stériliser son objet, sans prétendre le cerner, fait apparaître son mystère, son genius lociPour les fidèles, le format de la revue n’a pas changé non plus, si ce n’est que nous avons décidé d’illustrer les articles avec des photographies. Le numéro qui vient de paraître est consacré au « chemin » : allées, sentiers, berceaux, escaliers, parcours labyrinthiques ou linéaires, ombragés ou ensoleillés, éléments toujours centraux dans la composition du jardin et dans la trame d’un paysage, porteurs de récits toujours inédits car sans cesse renouvelés.

    Vous pouvez découvrir le sommaire et des extraits des articles sur le site https://lespommessauvages.fr

Prix du numéro : 16 euros (+ 2 euros de participation aux frais de port. Abonnement à 3 numéros (3 ans) : 40 euros (+5 euros de participation aux frais de port). La revue peut se commander sur le site internet ou par chèque, accompagné de votre nom et de votre adresse : Editions les pommes sauvages, Les Gachaux 77510 Verdelot, France. "

(Rédaction de cette note : la revue Jardins de Marco Martella).

N-B : Le thème de ce numéro, "le chemin", est également au sommaire d'une autre revue, tout aussi littéraro-esthétique, la revue Mirabilia, dans son dernier numéro paru, le n°12,  de Vincent Gille et Anne Guglielmetti.

 

Joël Gayraud dédicace sa Paupière auriculaire à la Halle St-Pierre

      Joël Gayraud, qui a aussi collaboré à la revue que je citais précédemment, Mirabilia (dans son numéro 11 spécial "Italie"), a publié récemment un recueil d'aphorismes, de thèses et autres pensées, sous le titre La paupière auriculaire, aux éditions José Corti. Il vient à la Halle St-Pierre le samedi 12 mai, soit dans trois jours donc, à 12h30 (apparemment dans l'auditorium), pour le dédicacer aux amateurs. Je rappelle que j'avais consacré une note à son recueil de nouvelles Passage public, publié naguère aux éditions L'Oie de Cravan.

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 Stéphanie Sautenet à la Galerie Dettinger-Mayer

      Retour de cette artiste qui louche du côté du chamanisme, bref, d'une attitude visionnaire, dans la galerie d'Alain Dettinger où elle avait déjà exposé (en 2009). Son œuvre, très touffue, se reconnaît tout de suite à sa signature graphique très personnelle, et ses coloris atténués, donnant l'impression d'une brume dans laquelle baigneraient en permanence ses nombreux personnages, grouillant. Je réclame plus de contraste chaque fois que j'en vois, mais j'ai peut-être tort, car ce serait au fond récuser l'originalité de ces dessins saturés d'apparitions comme évanescentes, plongées dans une sorte de laiteuse lumière d'où émergent des tons verts et orangés singuliers.

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Exposition Stéphanie Sautenet, 4 place Gailleton, Lyon 2e ardt, du 19 mai au 9 juin 2018. Vernissage 18 mai, 18h30. Ouv. du mardi au samedi 15h-19h30. Tél : 04 72 41 07 80.

 

Jean Smilowski toujours exposé fidèlement par l'association La Poterne (et autres) à Lille

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Ci-dessus, la fresque peinte par Jean Smilowski transférée depuis son ancien "ranch" jusqu'à l'entrée de la mairie du Vieux-Lille ; ph. Bruno Montpied, septembre 2017.

 

Invasion de grenouilles à la Médiathèque La Grande Nouvelle à la Ferté-Macé

cartographies imaginaires,serge paillard,art enfantin,revue jardins n°7,éditions les pommes sauvages,mirabilia,chemins,art visionnaire,stéphanie sautenet,galerie dettinger-mayer,jean smilowski,cinéma et arts populaires      Marc Décimo, spécialiste du "fou littéraire" Jean-Pierre Brisset, originaire de La Ferté-Macé , monte une exposition de cartes postales qu'il a réunies sur le thème de la "grenouille minérale", en hommage sans doute à Brisset qui avait élaboré de savantes théories linguistiques (à base de jeux de mots) pour prouver que l'homme descendait de la grenouille. Il expose sa collection de cartes postales à la médiathèque de la ville du 26 mai au 16 juin prochains.

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(Médiathèque La Grande Nouvelle Le Grand Turc, 8 rue Saint-Denis 61600 La Ferté-Macé)

 

20/03/2018

Un "Musée pittoresque de sculpture": un inspiré encore inconnu au bataillon

   Récemment, un correspondant lecteur de ce blog, M. Julien Gonzalez, m'a signalé une image montrant un "musée pittoresque de sculpture", primesautièrement installé dans le jardin d'un pavillon situé, selon la légende de la carte postale où l'on pouvait le découvrir, à Triel-sur-Seine, en Seine-et-Oise (aujourd'hui les Yvelines).

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On notera l'inscription "Le Musée" sur le portail surmonté d'une tête sculptée, et, imprimée en bas à droite, la mention "L'Abeille Asnières" (la référence du cliché à une publication du début du siècle semble-t-il) ; les statuettes rassemblées par l'homme barbu que l'on voit dans le jardin regardant vers l'objectif, vraisemblablement l'auteur de ces sculptures "pittoresques", sont majoritairement massées près de la clôture, derrière le grillage, afin de permettre plus aisément la contemplation aux passants sans doute trop timides pour frapper à la porte de ce "musée" privé...

 

     Cette carte me rappelait quelque chose... Où avais-je déjà vu ce site? Ma mémoire d'obsédé des inspirés du bord des routes privilégie bien entendu ce genre de réminiscences... Et, donc, la lumière s'est brusquement faite! Bon sang, mais c'était bien sûr, comme aurait dit le commissaire Bourrel (le genre de référence qui, je l'avoue, date gravement celui qui la profère, mais baste...) : ce personnage coiffé d'un calot ressemblant vaguement à une chéchia, je l'avais déjà rencontré sur une autre carte, publiée comme tronquée, dans un livre sur les jardins... de l'art brut... Dans le livre de Marc Décimo, portant justement ces mots  en titre, réédité l'année dernière.

     Une autre carte en effet, au cliché pris plus frontalement, est insérée dans l'introduction des Jardins de l'Art Brut (éditions Les Presses du Réel), mais ne comporte aucune légende, comme si elle n'était d'ailleurs qu'un fragment de carte (le format ne paraît pas proche de celui d'une carte postale), à moins que ce ne soit plutôt une photo? Marc Décimo paraissait désolé de n'avoir pu localiser ce "musée". Je tenais bien entendu à dissiper cette désolation, grâce au recoupement avec l'autre carte dénichée par Julien Gonzalez. Ce dernier a mené une enquête auprès d'une association érudite de Triel qui lui a signalé que "la maison existerait toujours et se trouverait rue de l'Hautil, aux environs de l'embranchement du chemin des Gouillards à Triel."

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La carte postale publiée par Marc Décimo dans son livre Les Jardins de l'Art Brut ; davantage mis en scène, le "Musée" : avec l'homme au calot, apparemment assis, au milieu de ses œuvres que l'on discerne plus, étant donné que la saison a laissé les branches sans feuillage, et deux femmes présentes à l'arrière-plan, aux fenêtres du pavillon ; les statues semblent particulièrement modelées, manifestant une dextérité qui ne se limite pas à de la stylisation et cherche des formes se rapprochant du réalisme : ce sculpteur avait-il du métier, ou était-ce un autodidacte?

23/01/2018

A propos des fous littéraires, une rencontre avec Marc Décimo

      La Halle Saint-Pierre ne lâche jamais l'affaire. Dans le cadre des animations de l'auditorium, elle invite cette fois Marc Décimo, distingué professeur, sémioticien (ouh le mot qui fait peur...), historien d'art, j'en passe et des meilleurs, samedi 27 janvier 2018 de 16h à 17h30, pour venir nous entretenir de sujets en rapport avec ceux que Charles Nodier, Raymond Queneau et André Blavier, entre autres, ont qualifié de fous littéraires. L'actualité éditoriale de Marc Décimo, aux Presses du Réel, ces temps-ci, est extrêmement active. Il vient de faire paraître en même temps deux épais ouvrages, l'un en collaboration avec le sieur Tanka G.Tremblay, Le texte à l'épreuve de la folie et de la littérature (600 p., 42€), et l'autre, en solo, Des fous et des  hommes. Avant l'art brut, suivi de Marcel Réja: L'art chez les fous, le dessin, la prose, la poésie (1907), édition critique et augmentée. Dans ce dernier, il paraît, aux dires de l'auteur lui-même qu'outre l'édition augmentée, il apporte des lumières nouvelles sur plusieurs créateurs présents dans l'historique livre de Réja (alias le docteur Paul Meunier, nom démasqué en son temps par Michel Thévoz), qui avait déjà été réédité il y a plusieurs années.

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     Le premier livre, Le texte à l'épreuve de la folie et de la littérature, que personnellement j'ai préféré prendre (il y a tant de choses  à lire, tant, qu'une seule vie ne peut y suffire), traite de la relativité du terme de "folie", selon que tel ou tel chroniqueur l'emploie, et selon l'époque où il l'emploie. Pour Marc Décimo, surtout, semble-t-il, on a traité de fous des auteurs qui bien souvent étaient parfois en avance sur leur temps, avec des projets tellement audacieux qu'ils paraissaient aberrants aux yeux de leurs contemporains. Notamment, notre sémioticien distingué (qui écrit dans une langue fort claire, en dépit de quelques mots rares dont le lecteur pas paresseux ira repêcher le sens dans un dictionnaire de figures de style, comme par exemple ces étranges termes : "apocope", "métathèse"...) voit dans ces fous littéraires souvent de "la pataphysique par anticipation" et rappelle l'article de Noël Arnaud, paru dans le n° spécial de la revue Bizarre, en avril 1956, sur "les Hétéroclites et les fous littéraires", où il traitait Louis de Neufgermain (ailleurs qualifié de "fou littéraire") de "poète hétéroclite". Décimo,  pour sa part, ajoute qu'on aurait pu également considérer le même comme "oulipien", "par anticipation" là aussi... Collège de Pataphysique et Oulipo sont deux ensembles pourvus de nombreuses passerelles et d'auteurs en commun qui intéressent Marc Décimo au premier chef, lui qui est par ailleurs régent du fameux Collège et titulaire de "la chaire d'Âmoriographie littéraire, ethnographique et architecturale"... Peut-être peut-on alors voir dans ce dernier ouvrage la dernière vision des fous littéraires telle que les entendent les pataphysiciens et les oulipiens actuels, à savoir des génies précurseurs, entre autres des inventions en termes de langage?

      Rendez-vous donc samedi prochain pour tous ceux qui voudront bien faire un bout de balade en compagnie de cet érudit ludique, Marc Décimo, digne héritier des Queneau et des Blavier... 

16/10/2012

Week-end immersif chez les bandits

    La Halle Saint-Pierre propose comme on le sait de temps à autre des animations qui peuvent durer le temps d'un week-end. Celui qui arrive bientôt, les 27-28 octobre, à l'ouverture des vacances de Toussaint, va fournir pêle-mêle des "conférences, débats, lectures, musique, films, en compagnie de philosophes, historiens de l’art, anthropologues et artistes..." Il paraît que ce sera, je cite encore le laïus de la communicante de la Halle, "une occasion de prolonger les questionnements pluriels mis en œuvre par l’exposition" (Banditi dell'Arte). Comme je ne suis pas là pour donner systématiquement une information complète sur les manifestations (les sites web, c'est pas fait pour les chiens, si vous voulez avoir le programme complet, cliquez, mes bons amis), je ne vous indiquerai que ce qui a retenu mon attention et suscité mes velléités de déplacement pour assister aux interventions ci-dessous, à savoir les conférences du samedi matin autour de Lombroso et du musée d'anthropologie criminelle de Turin (dont plusieurs pièces présentées dans l'expo au rez-de-chaussée demandaient d'en apprendre plus sur cette collection) avec notamment à la fin de la matinée (semble-t-il), l'intervention intitulée "Collection Lombroso : du document à l’œuvre", par Barbara Safarova, "présidente de l’association abcd, docteur en philosophie, maître de conférence en esthétique" (n'en jetez plus). L'après-midi du samedi, je crois bien que j'irai me promener ailleurs (d'autres expos à voir). Je ne reviendrai, je le crains et je l'imagine, que le dimanche après-midi de 14h à 18h pour Marc Décimo (conférence "les pierres parlent et nous on les écoute"), Marina Giordano (art et textile chez les outsiders italiens), Laurent Danchin (qui nous causera des "Banditi della critica", vaste programme) et Lucienne Peiry (pour le "désencadrement de l'art chez Podesta, Bosco et Nanetti"). Je ne pense pas pouvoir rester pour le concert de clôture (Gustavo Giacosa et le Fausto Ferraiuolo Trio Jazz) se rapportant "aux chants de  bandits et à un hommage à Pier Paolo Pasolini". Ce dernier ne m'intéresse que très faiblement en effet. Mais chacun est libre d'en juger autrement, n'est-ce pas.

 


31/03/2009

Les fous littéraires à la Bibliothèque Nationale de France

    Les fous littéraires (et artistiques), pilotés par Marc Ways et son équipe de la revue Les Cahiers de l'Institut, émanation de l'Institut International de Recherche et d'Exploration sur les Fous Littéraires (IIREFL), débarquent ce mercredi 1er avril, jour des blagues proposé paraît-il par hasard et sans aucun rapport avec le sujet (faut-il y croire?), dans le cadre d'un colloque ouvert à tous, libre d'accès. Des colloques gratuits, ouverts à tous sans distinction de fortune, c'est pas tous les jours que cela arrive...

    Alors... Demandez le programme...

LES FOUS LITTERAIRES ET ARTISTIQUES

Mercredi 1er avril 2009

 Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand

Petit auditorium, hall Est, quai François Mauriac, Paris 13e, de 14h30 à 20h

(Après-midi proposé avec l'IIREFL)

ENTREE LIBRE

À l'aube du XXIe siècle, dans un monde où le politiquement correct et la pensée unique sont de règle, où la raison n'est que ruine de la fantaisie, il est venu le temps d'exhumer et de considérer enfin - pour éviter que ne meurent une seconde fois les grandes oeuvres des petits auteurs - la piétaille des « Fous Littéraires, Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers, Outsiders, Tapés, Assimilés... »

Fous musicaux : Au cours de l'après-midi, Fanchon Daemers rythmera les communications par des interventions chantées autour et alentour des fous littéraires ou des hétéroclites.

14h30 - 18h :

Ouf, petit film d'introduction

de Laurent Gervereau, président du comité scientifique de l' IIREFL

Histoire d'une passion

par Marc Ways, président et fondateur de L'IIREFL

Présentation de l'IIREFL : Qu'est-ce que l'Institut?

par André Stas, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL

Les Cahiers de l'Institut

par Marc Décimo, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL

Hersilie Rouy

par Laurent Soulayrol, psychiatre-psychanalyste

Pour une histoire de la folie littéraire. De Charles Nodier à André Blavier : en quête d'immoralité

par Tanka G. Tremblay, doctorant en langue et littératurefrançaises à l'Université McGill, Canada et co-fondateurde l'IIREFL

Warungka : perdre le sens des mots et des pas chez les Warlpiri du désert central australien

par Barbara Glowczewski, directrice de recherche au CNRS Laboratoire d'Anthropologie Sociale, Collège de France

Pause

Les fous scientifiques

par Michel Criton, président de la Fédération française des jeux mathématiques

Les Causeries brouettiques du Marquis de Camaras,

par Francis Mizio, écrivain et scénariste

Un éditeur chez les fous littéraires

par Marc Kopylov, éditions des Cendres

La guérison infinie : quelques cas de folie en histoire de l'art

par Nicolas Surlapierre, conservateur au Musée d'Art moderne de Lille Métropole

Paul Tisseyre, Ananké-Hel! et Jean-Pierre Brisset

par Marc Décimo

18h30 - 20h :

Lecture de textes de Brisset, Roux, Boudin et Gagne

par Sagamore Stévenin , comédien

Projections d'extraits des films

Praline, autour des fous de Rimbaud

par Jean-Hugues Berrou

Sacrées bouteilles,

film tunisien de Fitouri Belhiba

Brouettes. Autour du marquis de Camarasa,

par Laurent Gervereau

20/06/2008

"Les Cahiers de l'Institut" n°1 est paru

    Prévu pour février (voir ma note du 24 novembre 2007), le n° 1 des Cahiers de l'Institut, émanant de l'IIREFL (Institut International de Recherche et d'Exploration sur les Fous Littéraires, etc...) est finalement paru en juin de cette année.

Les Cahiers de l'Institut, n°01,2e trimeste 2008.jpg
Couverture du n°01 avec un collage d'André Stas, intitulé "Naufrage de la pensée" (2007)

   Diffusé a priori essentiellement sur commande, on peut l'obtenir grâce aux coordonnées que j'affiche au bas de cette note. Disons-le tout de suite, c'est une superbe revue, écrite de façon tonique et claire, apportant du neuf sur le petit monde des fous littéraires,  popularisé avant cet "Institut" par Nodier, Queneau et Blavier. La revue ne se limitant pas aux excentriques littéraires, elle se permet aussi des incursions vers certains cas d'art brut, ou des créateurs simplement atypiques de l'art.

    Par exemple, dans ce n°1, nous trouvons un long article passionnant de Frédéric Allamel (p.110) sur l'environnement à la fois littéraire et architectural de Billy Tripp, situé aux USA (Marc Décimo l'a également fait figurer dans son récent livre sur les Jardins de l'Art Brut, éd. Les Presses du Réel), à Mindfield dans l'ouest du Tennessee. "Les correspondances abondent et laissent transparaître un at total dessinant un art de vivre faisant l'éloge du local". Billy Tripp illustre assez bien la fusion du fou littéraire et du créateur d'environnement poétique, ce qui est un cas unique à ma connaissance. Un détail du site de Billy Tripp à Brownsville (Tennessee, photo publiée dans les Jardins de l'Art Brut de Marc Décimo)).jpgLa revue a la bonne idée également de republier un article de Marcel Réja (qui, comme on le sait depuis Michel Thévoz, cachait le nom de l'aliéniste Paul Meunier, collaborateur du Dr Marie et ami traducteur d'August Strindberg), datant de 1901, L'Art malade: dessins de fous, texte anticipant sur le livre que publia par la suite en 1907 Réja. Assurant la transition avec la principale préoccupation de la revue qui reste avant tout l'univers des fous littéraires, un article de Michèle Nevert et Alice Gianotti (p.94) traite de la conservation miraculeuse de nombreux manuscrits d'aliénés de l'asile de Saint-Jean-de-Dieu à Montréal, qui sont donc autant de textes que l'on qualifierait du côté des amateurs d'art brut d'"écrits bruts" (Les anonymes du siècle, Manuscrits asilaires de Saint-Jean-de-Dieu: première traversée ; cependant, il est à noter que les extraits publiés par les auteurs de l'article sont avant tout des lettres de patients à leurs médecins et qu'ils sont écrits dans une langue sans grande invention, à la différence des écrits bruts rassemblés par Thévoz). On connaissait déjà certaines recherches de Michèle Nevert qui avaient été publiées dans les actes du colloque Indiscipline et marginalité édités par Valérie Rousseau dans le cadre de la Société des Arts Indisciplinés en 2003 au Québec.

Dessin de fou, coll Dr.Sérieux, servant à illustrer un article de Marcel Réja dans le n°01 des Cahiers de l'Institut.jpg
"Dessin de fou, collection du Dr. Sérieux", légende publiée dans ce n°01 des Cahiers de l'Institut pour illustrer l'article de Marcel Réja

    Bien d'autres sujets sont évoqués dans les colonnes de cette revue grosse de 145 pages. Marc Décimo, le rédacteur en chef, de son côté, s'évertue (p.22) à recenser les traces laissées chez divers auteurs  par Jean-Pierre Brisset (connu pour avoir voulu démontrer par des séries de calembours étourdissants que l'homme descendait de la grenouille). S'ensuivent quelques extraits caractéristiques des écrits de Brisset. On trouve encore dans ces Cahiers un article d'Allen Thiher, professeur à l'université du Missouri, intitulé Folie et littérature (p.56). Au sein d'un assez long développement, M.Thiher avance cette étonnante remarque: "La littérature dans presque tous les sens du mot n'est-elle pas précisément une expression directe d'un petit accès psychotique, c'est-à-dire, une extériorisation d'une hallucination qui vise à se substituer au monde soi-disant réel -réel dans le sens le plus banal du terme"... Jean-Jacques Lecercle, dans son Eloge des fous littéraires (p.10), estime que les fous littéraires de façon inconsciente mette en avant une autre philosophie du langage. Michel Criton présente les cas d'un certain nombre de mathématiciens fous (p.64). Paolo Albani (p.73) étudie l'usage de la contrainte littéraire librement employée (à la façon des écrits de l'Oulipo) à l'intérieur même de certains écrits de fous littéraires (il cite par exemple le cas de Jean-François de Mas-Latrie, (1782-?) qui pratiqua le lipogramme, ce jeu qui se propose d'éliminer une ou plusieurs lettres volontairement dans les textes à produire). Il cite aussi le cas de ce roman destiné aux plus jeunes, de Mary Godolphin (alias Lucy Aikin), un Robinson Crusoe en mots d'une syllabe...

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Une peinture d'Emilie-Hermine Hanin, 1929, reproduite dans le n°01 des Cahiers de l'Institut

    La revue ne s'arrête pas aux articles ci-dessus mentionnés, elle fourmille d'érudition sur les loufoques de partout, avec le ton humoristique et pince-sans-rire que l'on connaît aux Pataphysiciens, jamais éloigné d'une certaine propension à la malice et à la supercherie. Au détour d'un article ou l'autre, il sera loisible au lecteur de s'arrêter sur la découverte qui le concernera plus particulièrement. J'ai personnellement fait mon miel d'une note relative -dans le cahier central de la revue imprimé sur papier jaune, consacré aux notes de lecture et aux fragments bibliographiques- à un ouvrage appartenant à l'Institut. Son titre: Super-despotes et son auteur, Emilie-Hermine Hanin. Si l'ouvrage est essentiellement consacré à la défense et à la vengeance du père de l'auteur, inventeur malheureux d'un calendrier perpétuel, il permet également de faire découvrir que cette femme était aussi peintre (et souffrait d'une tendance au délire de persécution). L'oeuvre Le piège à avions (du nom d'une invention d'Herminie Hanin), reproduite dans ces Cahiers de l'Institut, révèle un talent naïf/brut de fort bon aloi, qui fait un peu penser aux tableaux naïfs de la collection Courteline. Je me permets de le reproduire ci-dessus. A noter que Jean Selz a publié dans Les Lettres Nouvelles (Les Cahiers de l'Institut ne donnnent pas la référence exacte du numéro) le récit de ses deux rencontres avec cette dame. André Blavier l'a également cité dans son anthologie.

Pour acquérir la revue:

Adresser sa commande (25€ le numéro, 50€ pour deux numéros par an, 140 pages illustrées en noir et blanc) à:

I.I.R.E.F.L., 1, rue du Tremblot, 54122 Fontenoy-la-Joûte, France. Règlement par chèque bancaire à l'ordre de I.I.R.E.F.L. Virement bancaire Société Générale compte n°30003 01463 00050336469 22. Paypal (iirefl@orange.fr). Abonnement étranger: En raison des frais bancaires, des frais de change et des frais de port, l'abonnement est fixé au prix de 70€. Règlement par virement bancaire international par IBAN et BIC. IBAN FR76 3000 3014 6300 0503 3646 922. BIC SOGEFRPP. Paypal (iirefl@orange.fr).

Il est également possible de trouver la revue à la librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le 18e ardt à Paris.

 

24/11/2007

L'Institut International de Recherches et d'Explorations sur les Fous Littéraires, Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers, Tapés, Assimilés, sans oublier tous les autres...

   "A l'aube du XXIe siècle, dans un monde où le politiquement correct et la pensée unique sont de règles, où la raison n'est que ruine de la fantaisie, il est venu le temps d'exhumer et de considérer enfin, pour éviter que ne meurent une seconde fois les grandes oeuvres des petits auteurs, la piétaille des "Fous littéraires, Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers, Outsiders, Tapés, Assimilés..."

    Oeuvrons afin que ces Ecrivains ne soient pas que des Ecrits Vains et essayons de devenir des empêcheurs de penser en rond...

    Voilà la réalité pressante à laquelle veut répondre l'I.I.R.E.F.L.: mettre en lumière des Ecrivains et des Textes oubliés ou inconnus."

    Ce sont  les propos que l'on peut lire dans le dépliant récemment diffusé auprès de quelques happy few par le principal animateur de l'IIREFL, Marc Ways (également libraire-galeriste spécialisé dans le surréalisme, la pataphysique, le groupe Panique, les situationnistes, etc, dans la région de Nancy, voir adresse au bas de cette note). L'homme n'est pas seul, on relève parmi ses collaborateurs les noms de Marc Décimo (évoqué il y a peu sur ce blog pour son livre récemment paru, Les Jardins de l'Art Brut, qui est un recueil de ses articles publiés dans les diverses revues du Collège de Pataphysique), d'André Stas, (collagiste

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André Stas, Le cauchemar de Bush, collage, 2004

et "fils spirituel d'André Blavier"), de Laurent Gervereau (président du "Comité scientifique" de l'IIREFL ; connu de moi comme auteur du livre consacré à Asger Jorn, Critique de l'image quotidienne, aux éditions Diagonales en 2001 ; Gervereau est aussi le conservateur du Musée de l'Histoire Contemporaine, se consacrant dans ce cadre à l'analyse des images). Michel Thévoz lui-même est annoncé comme futur collaborateur des Cahiers de l'Institut.

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     L'IIREFL veut donc poursuivre l'entreprise amorcée dès le XIXe siècle par des auteurs comme Charles Nodier, ou Octave Delepierre, puis recommencée en plus exploratoire par Raymond Queneau dans les années 30 du XXe siècle, enfin continuée en plus systématique par André Blavier, disciple de Queneau et érudit burlesque (voir sa somme sur les fous littéraires rééditée il y a peu aux Editions des Cendres). Marc Ways pense du reste que tout n'a pas été dit par Blavier et que sa somme n'en est donc pas une, il y a des restes. Première idée. Seconde idée, que personnellement je regarde avec plus d'attention, l'IIREFL affiche une volonté d'établir "une passerelle" (on aime ça les passerelles, au Poignard Subtil) "entre le monde de la Folie littéraire et la Création artistique: art et écrits bruts, cinéma, architecture, littérature de SF et fantastique, BD, livres monstres, création asilaire, etc.". Cette idée est sympathique et rétablit les ponts qui étaient plus ou moins coupés entre art brut et fous littéraires, deux recherches historiquement liées (Queneau dans les années 30 a précédé Dubuffet avec son Art Brut, qu'il ne commence à rassembler qu'après la Deuxième Guerre Mondiale, voir là-dessus Bruno Montpied, D'où vient l'art brut? Esquisses pour une généalogie de l'art brut, article inséré dans le dossier Devenir de l'art brut paru dans Ligeia, dossiers sur l'art n°53-54-55-56, juillet-décembre 2004).

Pour s'abonner aux futurs Cahiers de l'Institut (deux numéros par an, 50€, étudiants et moins de 25 ans, 25€), on écrit à l'IIREFL, 1, rue du tremblot, 54122 Fontenoy-la-Joûte, France. E-mail: iirefl@orange.fr. Parution des Cahiers de l'Institut n°1, février 2008.

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Librairie-Galerie l'Agité du Bocal à Fontenoy-la-Joûte

 

18/10/2007

Les Jardins de l'art Brut de Marc Décimo, présentation du livre

J'ai reçu l'annonce ci-dessous ces jours-ci, je répercute... : 
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"R e n c o n t r e   d é b a t
avec  
Marc Décimo
auteur du livre
Les Jardins de l'art brut
(Editions Les Presses du Réel)
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samedi 10 novembre à 15 heures

Auditorium de la Halle Saint-Pierre
Entrée libre
***
     Les Jardins de l'art brut, de Marc Décimo, parution octobre 2007
     Un essai sur la naissance et le devenir de l'art brut, un parcours en images hors des musées.
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    A partir des traditions médicale, littéraire et artistique qui, chacune selon leur point de vue, se préoccupaient de l'"art des fous", émerge la notion d'art "brut", telle que la définit Jean Dubuffet. A savoir, finalement, la possibilité de faire du résolument neuf dans les pratiques artistiques. Et de croiser, chemin faisant, Raymond Queneau, André Breton et... Marcel Duchamp. 
   Si l'art "brut" trouve enfin place dans divers musées du monde et devient populaire, où aujourd'hui fuit cet art ? C'est ce à quoi se propose de répondre ce livre de façons diverses, explorant jardins et visitant le monde.
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   Maître de conférences à l'Université d'Orléans, Marc Décimo est linguiste, sémioticien et historien d'art. Il a publié une vingtaine de livres et de nombreux articles sur la sémiologie du fantastique, l'art brut, les fous littéraires, sur Marcel Duchamp et sur l'histoire et l'épistémologie de la linguistique.
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(Auditorium Halle Saint Pierre, 2 rue Ronsard, 75018 Paris)  "
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(Les images proviennent toutes du site de l'éditeur Les Presses du Réel)