31/01/2008
Naïfs démiurges, voyeurs conséquents!
De temps à autre, je compulse mes archives, à la recherche d'une référence, d'une information plus précise, d'un souvenir... Ou plus souvent sans but autre que le compulsage compulsif, automatiquement, en réalité mû par une nécessité intérieure qui ne veut pas parler à voix haute...
Voici que mes yeux retombent sur cet entrefilet extrait d'un article sur "Les Facteur Cheval" paru dans un almanach "banlieue" de la revue Actuel, numéro hors-série, datant vraisemblablement de 1974 ou 75...:
"Il y a vingt ans, Monsieur Colaniz, maçon à la retraite, modela une statue de femme nue qu'il installa devant sa maison et qu'il repeignit avec soin jusqu'à sa mort. (Boulevard Circulaire, 93420, Villepinte)".
Je ne suis jamais allé à Villepinte voir si la femme nue était toujours là, toujours "soigneusement repeinte". Je suppose bien que non. Je m'en console avec d'autres, modelées par des créateurs un peu partout. Dès qu'on se rend compte qu'on sait faire surgir du néant quelque être ressemblant, on est terriblement tenté de se faire démiurge et voyeur!
10:45 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Environnements spontanés, Colaniz, François Michaud, Gabriel Albert, Frédéric Paranthoën | Imprimer
28/01/2008
Divergentes mais unies
10:40 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Vaches de race Salers | Imprimer
27/01/2008
Des dessins retrouvés de la maison des artistes de Gugging?
En furetant et en traînant la savate l'autre jour dans une brocante au sud de Paris, je déniche dans une liasse de papelards deux petits dessins aux crayons de couleur qui me font instantanément songer à certaines images qui sont produites en Autriche à la Maison des Artistes de l'asile de Klosterneuburg, appelé plus communément Gugging, du nom de la commune auquel appartient l'hôpital, prés de Vienne. Voici les deux dessins, sans titre, sans nom d'auteur. Le marchand interrogé ne possédait, comme c'est le cas la plupart du temps, aucun renseignement sur l'origine des dessins qu'il charriait parmi beaucoup d'autres n'ayant rien à voir les uns avec les autres, ne serait-ce que par le style, ou l'époque...
A qui me font penser plus exactement ces dessins? J'ai trouvé deux auteurs dans le fascicule n°12 des publications de la Collection de l'Art Brut, dont les travaux pourraient en être rapprochés...
Voici le premier avec ce dessin qui représente des croix sur des tombes, dû à Franz Kernbeis...
Ou peut-être plus valablement pourra-t-on les rapprocher de ce dessin dû à Johann Scheïbock ? :
01:04 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Art Brut, Gugging, Franz Kernbeis, Johann Scheïbock, Collection de l'Art Brut de Lausanne | Imprimer
26/01/2008
Incroyables mais vrais
Signalée par Régis Gayraud, que ma recherche déjà ancienne sur les noms prédestinants avait grandement titillé, voici une plaque de gynécologue qui présente un nom tout à fait suggestif eu égard à la profession annoncée.
Et puis voici non pas des fruits, des fleurs et des branches, mais cette autre incroyable plaque de gynécologue relevée rue de Richelieu. A croire que le médecin en question a pris un pseudonyme exprès pour l'occasion...
Incroyable, n'est-il pas?
15:51 Publié dans Noms ou lieux prédestinants | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Noms prédestinants, Ben Lolo, Papa, Gynécologie | Imprimer
Lettres de la Toile: locomotive et gélatine, ces deux grands poètes
Un de nos hôtes, ayant signé ici des commentaires du pseudonyme de Sapiac, du nom d'un quartier de Montauban situé en contrebas de la ville haute, quartier plus populaire et ouvrier, ce correspondant, de son vrai nom Jean-Pierre Willems, m'a adressé à part de ce blog quelques courriers dont certaines parties m'ont paru intéressantes à diffuser plus largement sur ce blog.
Dans un premier temps, J-P.Willems m'a signalé une statue réalisée par certains artistes de son quartier pour pérenniser de façon originale la mémoire de cette ville basse. Un peu "tête à Toto", la statue, mais soit. Plus poétique m'a paru cette évocation par Willems d'une sorte de légende contemporaine locale:
"Si vous aimez les histoires : le quartier de Sapiac a donc été pendant longtemps occupé par des briqueteries. Lorsque celles-ci ont été détruites, une locomotive servant à pousser les wagonnets de terre extraite a été enterrée sur place plutôt que d'être démontée ou livrée aux ferrailleurs. Le lieu de cette mise en terre s'est évidemment perdu. Mais il est plaisant de vivre à Sapiac avec sous nos pieds le train souterrain."
J'ai répondu ceci:
"(...)votre histoire de locomotive enterrée fait rêver. Entend-on dans ses rêves le sifflement de sa corne et voit-on dans la nuit le panache de ses fumées qui se fond avec les nuages passant devant la Lune?
Mon intervention s'est donc limitée à utiliser un scanner pour permettre le tirage des différentes diapos laissées en l'état. Impossible bien évidemment, et de peu d'intérêt, de retrouver les motifs originaux de ces diapositives. A une exception près : la lune dont vous disposez. Initialement uniquement noire et blanche, les couleurs ont explosé en un assez réjouissant dégradé de bleus."
Enfin, un mail plus récent, accompagné de quelques autres diapositives "explosées de couleurs", signale l'étonnement de J-P.W. devant la figure d'un homme, véritable clandestin s'étant fortuitement glissé dans ces images, "fantôme" de la même famille que celui que j'ai montré il y a peu sur une photo prise dans un tunnel du funiculaire montant à Fourvière...
"Je joins notamment la seule photo sur laquelle on peut distinguer une forme humaine : je vous la fais parvenir avec d'autant plus d'intérêt que cette forme n'évoque aucun souvenir dans ma mémoire et que je ne comprends absolument pas à quelle photo elle pouvait correspondre. Qui s'est glissé sur la photo en profitant du désordre des couleurs ?"
Si nos lecteurs veulent en voir davantage, prière de se reporter à l'album que je mets en ligne dans la colonne de droite de ce blog.
14:35 Publié dans Correspondance, Images cachées, images délirantes?, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sapiac, Montauban, Poésie naturelle, Fantômes | Imprimer
20/01/2008
Marcello Cammi: une oasis de plus qui disparaît
Ah, quel homme c'était ce Marcello Cammi, plus vieux communiste qu'"anarchiste révolutionnaire" comme il a été dit quelque part par quelqu'un de mal informé. Vieux "coco" avec la langue pas dans la poche, vieux socialiste partageux plutôt, pour éviter toute confusion...
Marcello et Vittoria Cammi, photo site web Artsens
Il vivait à Bordighera sur la Riviera italienne, où de façon improbable il avait créé un jardin de sculptures étonnant qui s'annonçait de la rue sous le terme générique de "Galleria d'Arte". Une galerie d'art en plein air, du moins pour les sculptures, car il faisait aussi des peintures qui étaient abritées dans un petit atelier. Des peintures et des dessins sur taches de vin qu'il interprétait au stylo, renouvelant la leçon de Vinci, son vieux prédécesseur, qui enseignait de regarder les murs aux taches de lèpre pour faire travailler l'imagination graphique ou picturale. C'était improbable, surtout pour un Français qui venant de la richissime Côte d'Azur, laissait derrière lui palais, yachts, et grands hôtels luxueux. Tomber sur une friche pareille, hérissée d'oeuvres rugueuses et noyée dans une végétation de jungle vineuse (la treille envahissait presque tout le jardin) tenait du mirage.
J'étais tombé dessus par Raymond Dreux, cet artiste un peu hippie, disparu récemment (en 2005), qui avait fondé un temps du côté de Laurac-le-Grand (prés de Castelnaudary) un musée de l'Imaginaire sans Frontières, avec des artistes singuliers comme son amie Ciska Lallier. Au téléphone, fort enthousiaste, il m'avait parlé de "40 000 statues" façonnées par Cammi sur son petit territoire -rien que ça! (en réalité cela devait tourner plutôt à quelques centaines)-, le tout réparti sur les deux rives d'un petit torrent canalisé qui avait, qui a toujours, pour nom le rio Sasso.
J'ai raconté dans le Bulletin de l'Association des Amis de François Ozenda d'abord (n°41, juillet 1990), puis dans Raw Vision (n°6, été 1992 ; photos de Pierre Marquer; traduction en anglais de Peter Wood, ce qui ne fut pas signalé dans la revue, malgré ma demande), ma visite à ce jardin. Elle se passa sous la pluie, un comble pour cette région bénie des dieux habituellement côté météo, ce qui rendit mes photos sombres et un poil trop floues. Je revois ce souvenir aujourd'hui dans un brouillard de mémoire qui se mêle à une atmosphère vaporeuse, l'eau tombée du ciel s'élevant du sol sous l'effet de la chaleur. Il faisait moite dans ce jardin, et il fait désormais éternellement moite dans le souvenir que je garde de cette jungle vinassouse.
Marcello Cammi, ultra cordial et exubérant, baragouinait un langage fait d'un mélange d'italien et d'emprunts à d'autres langues pour essayer de me transmettre toutes sortes de propos qui lui paraissaient importants de transmettre. Il paraissait avoir été déporté à Mauthausen, il en gardait bien entendu une souffrance, il ne pouvait oublier les autres déportés qui étaient restés là-bas, il les avait sculptés sur les rives du rio Sasso, comme émergeant du limon, comme s'ils revenaient pour crier qu'on ne les oublie pas, rampants pathétiques.
Les statues de Cammi étaient pour la plupart couleur de terre, et sous l'humidité de ce jour-là, couleur de rouille. Par moments, elles prenaient même des allures fécales. Elles se pressaient dans le petit espace au bord de la rivière, par-dessus laquelle Marcello avait eu la bonne idée de jeter une passerelle dont les balustrades des deux côtés étaient constituées de personnages, certains faisant des sortes de ronds de jambe.
C'était un site comme une petite île au milieu du cancer urbain désordonné de la ville, l'un des plus étonnants qu'on n'ait jamais vu en Europe. Une oasis au vrai sens du terme si l'on songe qu'il était entouré des vestiges d'une palmeraie. Commencé vers 1952, il s'acheva avec la mort de l'auteur en 1994. Les problèmes de pérennité du lieu commencèrent dès lors à se poser. Sa veuve Vittoria ne pouvait à elle seule protéger le lieu qui appartenait à la commune. Cette dernière ne faisait rien pour sauver le site. Le rio Sasso, encombré en amont de divers débris, déborda plusieurs fois ces dernières années. Les sculptures en pâtirent bien évidemment. Jusqu'au jour où une crue plus dramatique que les précédentes se chargea de faire table rase de ce qui restait. La passerelle fut emportée et avec elle, la plupart des statues furent détruites. Des lecteurs italiens de ce blog, Gabriele et Francesca Mina, m'ont envoyé quelques photos récentes montrant les vestiges encore en place. Presque rien.
Une petite trentaine de sculptures seraient conservées par la commune, qui sur un site, montre quelques oeuvres, sculptures et peintures. J'ai également appris que la Fabuloserie avait également pu récupérer quelques oeuvres en 2001. Des Français, venus revoir le site qu'ils aimaient, ont été arrêtés par la police locale alors qu'ils avaient enfourné dans leur voiture des statues qu'ils voulaient simplement sauver... Geste désespéré que je comprends, que nous devrions tous comprendre! Car, pourquoi des oeuvres d'art, jetées à la mer suite à l'indifférence communale, devraient-elles rester propriété des vandales?
Un site de plus qui disparaît... Il reste comme toujours à garder sa mémoire. Gabriele et Francesca Mina en particulier veulent faire un ouvrage sur les environnements de Ligurie, dont le jardin de Marcello Cammi (leur adresse e-mail que je suis autorisé à transmettre: gabrielemina@hotmail.com). Si vous avez des documents sur le jardin, de n'importe quelle époque, vous pouvez contacter ce blog (voir e-mail indiqué ci-joint dans la colonne de droite).
On consultera pour plus de photos l'album que je mets en ligne à partir d'aujourd'hui (Voir également colonne de droite)
14:15 Publié dans Art Brut, Art naïf, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Marcello Cammi, Raymond Dreux, Bordighera, Environnements spontanés, Gabriele et Francesca Mina, Fabuloserie | Imprimer
16/01/2008
MASSIF EXCENTRAL (13): Quand André Breton était guérisseur en Auvergne
Je veux bien faire plaisir à mon correspondant auvergnat Emmanuel Boussuge qui a l'esprit fièvreux pendant cet hiver en Auvergne. Il m'envoie une dépêche en urgence depuis son Cantal adoré. Il a trouvé une trace inédite d'un passage énigmatique d'André Breton chez les Arvernes, l'image ci-dessous fixée sur une ancienne carte postale:
Il paraît que cet homme ressemblerait fort au poète. Si je lui trouve moi plutôt des similitudes avec les visages croisés du docteur Ferdière et de Jean-Roger Caussimon, m'en voudra-t-on? Cela dit, il est plaisant d'imaginer la carrière de Breton en guérisseur nous imposant les mains au fond de quelque Auvergne anonyme, quand on sait l'importance des gants dans sa vie en outre... Et puis oui, Breton est bien encore aujourd'hui, quelque part, une sorte de grand guérisseur.
22:15 Publié dans Art populaire insolite, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : André Breton, Guérisseurs auvergnats, Emmanuel Boussuge | Imprimer
14/01/2008
Yvonne Robert naïve à Carquefou brute à Lausanne
Michel Leroux me signale une exposition d'Yvonne Robert à Carquefou, qui fait partie de la métropole du grand Nantes en Loire-Atlantique. Avec un tel nom craquant au vent fou venu des profondeurs de l'océan pour vous emporter les idées noires, on aurait pu imaginer cette petite ville au bord de la mer, eh bien c'est sur les bords de l'Erdre (cet affluent de la Loire, occulté à Nantes, comme la Bièvre à Paris, et à qui manque un M initial qui achèverait de l'amarrer inexorablement au père Ubu)...
Cela se passe du 6 au 20 février 2008 à l'Espace Culturel la Fleuriaye (renseignements: 02 28 22 24 40, courriel: culture@mairie-carquefou.fr). Yvonne Robert a commencé à faire grandement parler d'elle grâce à une petite étude de Guy Joussemet dans le fascicule n°14 de la Collection de l'Art Brut à Lausanne (édité en 1986). Elle peint depuis 1974 des saynètes de tous ordres se rapportant à une vie rurale qui paraît de plus en plus aujourd'hui s'éloigner de nous. Née en 1922, elle n'a pas quitté la Vendée où elle a connu une vie d'enfant difficile dans une famille où les parents se déchiraient Sa vie d'adulte a connu d'autres moments durs, avec des employeurs sans scrupules notamment, aussi des hommes qui l'ont brutalisée.
Guy Joussemet parle d'une peinture qui en 1986 semblait s'éloigner de débuts qualifiés plutôt de naïfs pour se diriger avec assurance vers une dimension nettement plus "brute". Cependant, avec le temps, il semble que cela apparaisse moins net et moins tranché. La production est désormais, trente-quatre ans après ses débuts (1974), vaste et multiple, parfois inégale. Les références à la végétation, aux animaux, à des scènes de tragédie banale telle que celle que je montre ci-dessous,
montrent qu'Yvonne Robert ne se résout pas à se détacher complètement de la réalité telle que la perçoivent ses yeux. On n'assiste pas avec elle à une plongée griffonnante et débridée dans l'imaginaire et l'abstrait. Il semble que seuls quelques traitements affectant une partie de l'image puissent prendre un aspect "automatique" échappant au contrôle de la raison (l'étagement des divers plans dont la peintre ne sait rendre la perspective, par exemple, ce qui la conduit à inventer un autre mode d'expression et un autre langage, ce qui devrait faire taire les rieurs).
A Carquefou, elle est présentée comme artiste naïve, de ce fait sans doute. A Lausanne, c'est une autre chanson. A cheval (Ferdinand...) entre brut et naïf, Yvonne Robert? Personnellement, cela ne me dérange aucunement. L'enfance du regard est intact des deux côtés.
(Les photos sans auteur mentionné proviennent du site de la mairie de Carquefou)
23:40 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Yvonne Robert, Art brut, Art naïf, Espace la Fleuriaye, Guy Joussemet | Imprimer
13/01/2008
Environnement à signaler
Je ne n'ai pas souvent l'occasion de citer le site web Art-insolite.com. Nous avons eu des mots en privé, suite aux critiques que j'avais formulées à l'égard de la restauration du site de Fernand Chatelain dans l'Orne (et les critiques, c'est décidément trop insupportable).
Et puis, le site s'intéresse en majorité à des créateurs et des "plasticiens" (comme les snobs préfèrent les appeler) qui relèvent davantage de l'art singulier du type "tête à Toto" (ce faisant, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont en train de tuer l'intérêt qui aurait pu croître davantage pour les créateurs véritablement authentiques de l'art singulier) que de l'art véritablement d'essence populaire et naïve, voire brute. On y mélange allègrement les créateurs d'environnements relevant de l'art contemporain (Jean Linard, René Raoult, Jacques Warminski ou Raymond Moralés par exemple, qui se rapprochent de créateurs type Niki de Saint-Phalle par le contenu de leurs références culturelles) avec les inspirés d'origine populaire (anciens ouvriers, artisans, paysans). Ces derniers me touchent souvent davantage, par la fraîcheur de leur démarche. Quant aux "singuliers", envahis de plus en plus par des faiseurs et des arrivistes bâcleurs qui jouent aux artistes, il paraît urgent de monter des expositions qui puissent faire le tri (c'est ce que je me suis employé à faire pour ma part au Festival d'Art Singulier d'Aubagne en 2006, en présentant à l'amicale instigation de Danielle Jacqui et Frédéric Rays, 16 créateurs).
De temps en temps cependant, de loin en loin, les animateurs d'Art-insolite.com font une découverte du côté des créateurs populaires. Je ne suis pas dogmatique. Je ne vois donc pas de raisons de ne pas citer ces découvertes, afin de servir une information objective. Je reproduis ici deux photos, récupérées vaille que vaille, c'est-à-dire mal, sur Art-insolite.com, montrant un petit environnement du Perche, quelques statues naïves dues à un certain Pierre Hodcent. Je les trouve assez belles et sympathiques.
Libre aux internautes qui le désirent d'aller sur ce site voir plus confortablement les photos originales (qui jouent à apparaître et disparaître de façon particulièrement agaçante, "tu m'as vue? Coucou, je m'en vais..."; Heureusement, on peut quand même les bloquer...). Cliquer sur ce lien pour cela.
15:00 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : environnements spontanés, pierre hodcent, art insolite, jean linard, rené raoult, fernand chatelain | Imprimer
L'Enfer plus que jamais
Désolé pour tous ceux qui la trouveront déjà "archi-vue et revue", mais j'ai la faiblesse cette nuit de mettre en ligne sur mon petit blog, fenêtre ouverte à tous les vents arachnéens du virtuel, une petite peinture de moi de l'année dernière... Qui l'aime, la suive... Son titre: L'Enfer plus que jamais, technique mixte comme on dit (beaucoup d'encre), et faisant partie d'une série, non terminée à ce jour, intermittente, que j'appelle "échantillons".
01:05 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Bruno Montpied, Art singulier | Imprimer
11/01/2008
Les Cahiers de l'Umbo n°10 et 10bis
On me pardonnera j'espère de ranger cette note sous la catégorie "surréalisme" alors que les auteurs publiés dans les Cahiers de l'Umbo ne se revendiquent pas clairement d'un mouvement organisé en tant que tel, mais il y a cependant d'incontestables filiations, des signatures, Guy Cabanel (le poème Les Surprises du Paradis), Alain Joubert (qui écrit: " Finalement, les poètes qualifiés de "surréalistes" se reconnaissent beaucoup plus à l'infinie capacité d'invention dont ils font preuve, à la puissance de leur imagination et, par-dessus tout, à l'esprit de révolte qui les anime. Pas à la forme qu'ils utilisent", dans Grains de Sel, Cahiers de l'Umbo n°10bis), Georges Goldfayn, Pierre Peuchmaurd, Antonio José Forte, Marie-Dominique Massoni, Dusan Matic, Stanislas Rodanski (sur qui François-René Simon revient aussi dans une plaquette éditée en supplément de ce numéro double, qui se lit de façon réversible comme une carte à jouer...)...
Les "Cahiers de l'Umbo"? C'est quoi? Une revue de poésie éditée à Annemasse par un dandy, peintre et collagiste de grand talent, Jean-Pierre Paraggio. Quelquefois, je batifole (je "bouffonne", aurait dit un ancien ami de ma belle jeunesse, Amrindo Sisowath),je m'amuse à l'appeler les "Cahiers de Dumbo". C'est que ce n'est pas commun cet "umbo"-là... il paraît que cela aurait trait à une histoire de bouclier celte (dixit Littré), je n'ai pas envie d'approfondir la question.
Ce n° double s'ouvre sur une photo de Nicole Espagnol avec des pigeons alignés en rang sous un (minaret?), une critique implicite? On y glane son miel en butinant, ces lignes de Jean Durançon par exemple sur David Goodis: "Comment devient-on clochard alcoolique? Telle est peut-être le sujet central, central et le plus obsédant, des romans de David Goodis. Comment devient-on cette vie qui s'écroule dans un monde qui s'écroule, accompagnement funèbre et, pour ainsi dire parfait d'un parcours, d'un processus de démolition qui est celui-là même qui nous mène d'un point de naissance à un point de disparition?" Cette vie qui s'écroule est-elle celle de ces pigeons alignés inertes à l'ombre d'un minaret? Plus loin, Esther Moïsa trace ces lignes: "Chacun replâtre son mort chacun plante ses pavois dans l'artichaut des mémoires". On vit de souvenirs...
Il y a des poètes moins connus comme Laurent Albarracin (remarquable texte: "Du Papillon ", introduit et éclairé par un autre texte de Joël Gayraud, "Ralentir Image", qui montre l'apport d'Albarracin à l'art poétique par l'affirmation de la tautologie comme "sommet caché, impossible, de la poésie" ) ou Alice Massénat et ses vacillantes ruptures syntaxiques, ses obscurités pathétiques:
"La hargne s'élabore, les viscères sont là
et quand de passe-partout l'autre devient peur
de quels violons d'Ingres sinon la paume?
Sans le lui des tripes
le haro sous le goitre"
(Extrait d'un poème sans titre)
Mais de tous les auteurs, ma préférence va sans conteste à un nom inconnu de moi, Olivier Hervy, dont les fragments et aphorismes réunis sous le titre de Notice me séduisent, dans une veine cousine des chères Gregerias de Ramon Gomez De La Serna:
"Qui sommes-nous pour user les eaux alors que les baleines elles-mêmes n'y sont pas parvenues?
Juste des moustiques écrasés sur le pare-chocs anti-buffles de son ridicule 4x4.
Chaque année supplémentaire donne du poids à ce vieux lustre qui prépare sa chute depuis le premier jour.
Le coquelicot ne tient pas en vase. On a sa dignité.
Est-ce un hasard si la salade grecque, avec ses cubes de feta brisés sur le rouge de la tomate, ressemble aux ruines du même pays?
Ils ont beau être ceux du futur, leur nom même d'extraterrestres a déjà un petit côté vieillot."
On trouve aussi des images dans cette revue, du Ody Saban, incontournable celle-ci, elle se glisse absolument partout, mais aussi des oeuvres d'auteurs moins répandus, comme les collages de Philippe Lemaire, de Georges Lem, ou de Romuald Roudier.
Pour se procurer la revue: Jean-Pierre Paraggio, 33, avenue Jules Ferry, 74100 Annemasse, e-mail: jeanpierreparaggio@yahoo.fr
23:55 Publié dans Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Cahiers de l'Umbo, Jean-Pierre Paraggio, Alice Massénat, M-P. Massoni, Romuald Roudier, Olivier Hervy, Laurent Albarracin | Imprimer
10/01/2008
Comment un certain art que nous aimons se diffuse dans la vie quotidienne
Cette vitrine d'une rue de la Presqu'Ile à Lyon ne ressemble-t-elle pas à un véritable reliquaire, saturée qu'elle est de bijoux et autres verroteries, faisant songer que l'étalagiste a dû être influencé, de façon diffuse ou plus directe, par divers ouvrages ou expositions sur les "objets de dévotion" et autres oeuvres d'art populaire religieux? Transmettant à son tour son regard aux passants dérivant devant sa vitrine...
10:50 Publié dans Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art immédiat, Art populaire religieux, Reliquaires | Imprimer
09/01/2008
Charles Billy toujours en place
J'avais demandé confirmation auprès de différents habitants de la région, mais ça ne bougeait pas. Finalement, j'y suis allé voir moi-même.
Le "Jardin de Nous Deux" de Charles et Pauline Billy est toujours debout. Un peu patiné certes, mais encore solide. Le site, avec sa maison sont désormais non visitables, rachetés par une personne privée (du temps de ses créateurs, le jardin était ouvert au public durant la belle saison moyennant un petit droit d'entrée, et il y avait foule). Des panneaux solaires installés sur le toit de la maison semblent indiquer une sensibilité écologiste chez les habitants actuels, et donc que peut-être l'environnement de maquettes en pierres dorées du Beaujolais, réalisé par Charles Billy entre 1975 (date de son départ en retraite, il avait été entre autres traceur en gaines et soutien-gorges -ça fait rêver!- puis formier en chaussures) et 1991, date de sa mort subite (sans qu'il ait pu complètement terminer son jardin), cet environnement a des chances de les avoir séduits. Ce qui représenterait un exemple de pérennisation d'un environnement spontané par succession de différents propriétaires, ce qui n'est pas du tout fréquent (en général, le nouveau venu, vandale légal, fait place nette et renvoie l'oeuvre vite fait à la fosse, d'où il ne reste plus aux archéologues de l'art brut, tel un Olivier Thiébaut par exemple, qu'à les exhumer...si possible).
Je souligne que le lieu est désormais inaccessible aux visiteurs. C'est pourquoi je ne redonne pas ici l'adresse et la localisation exactes du jardin aux maquettes de pierres dorées.
Biblio: B.Montpied, Charles Billy, artisan comme au Moyen-Age, in Artension n°7, déc.1988.
B.Montpied, Charles Billy et le jardin des pierres d'or, in Raw Vision, n°3, été 1990.
09:00 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Environnements spontanés, Art immédiat, Charles Billy, Jardin de Nous Deux | Imprimer
08/01/2008
Land art involontaire des lendemains de fête
Du Christo, comme s'il en pleuvait, mais bien plus énigmatique. Le land art involontaire, comme l'ont très bien compris dans Le Sens de la vie les délicieux Monty Python (avec cet immeuble bâché pour ravalement, si mes souvenirs sont bons..., qui se transforme en galère qui arrache ses amarres du bitume londonien où était arrimé l'immeuble en question), avec ses bâches de ravaleurs de façades, ses coques emmitouflant les monuments en restauration (la Tour St-Jacques à Paris emballée depuis une éternité, on ne sait pourquoi), ce land art brut-là, c'est celui que je préfère définitivement à celui d'un Christo, capable d'agresser des jeunes gens, m'a-t-on dit, qui avaient eu l'audace de graffiter sur son emballage du Pont-Neuf à Paris voici déjà plusieurs années, les accusant de vandalisme sur son oeuvre. Christo, couvert par Chirac à l'époque, qui emballant le Pont-Neuf confisquait en définitive ce dernier, espace public au départ, pont entre deux rives, au bénéfice d'un art devenu du coup dictatorial...
00:56 Publié dans Art involontaire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : land art, christo, monty python, poésie du hasard | Imprimer
07/01/2008
Dictionnaire du Poignard Subtil
FUMER:
"Le fumeur met la dernière main à son travail
Il cherche l'unité de lui-même avec le paysage"
André Breton, Le soleil en laisse, in Clair de Terre.
13:27 Publié dans DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Dictionnaire du Poignard Subtil, Tabagie, poésie naturelle, André Breton, Armand Goupil | Imprimer
06/01/2008
L'âge des spectres
Peut-être est-ce le privilège de l'âge? Voilà que les spectres se laissent rencontrer et capturer, en raison d'un voisinage qui se rétrécit... Témoin cette image prise récemment dans le tunnel d'un funiculaire qui montait vers Fourvière à Lyon... Ils se montrent désormais plus facilement, peut-être aussi parce qu'il est plus d'amis parmi eux... Ils nous adressent des signes bienveillants, ça n'est pas si terrible, tu sais... Quand nous reverrons-nous?
19:50 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie de fantômes, le Troisième Oeil, Maison Européenne de la Photographie | Imprimer
01/01/2008
Henri Boeuf, sculpteur naïf et maçon de la Creuse
Je dois à Roland Nicoux, le tenace animateur de l'association des Maçons de la Creuse à Felletin, beaucoup de découvertes liées à l'art populaire. Cela remonte au temps où je partis en quête de la mémoire et de l'oeuvre de François Michaud à Masgot. Depuis quelque temps, il me parle d'un sculpteur naïf, appelé du joli nom d'Henri Boeuf, qu'un ami de leur association, Marc Prival, auteur d'un livre sur Les migrants de travail d'Auvergne et du Limousin au XXe siècle (1979), lui a fait connaître. De plus, voici qu'un article fort descriptif, dû à la plume de M.Jean Martin, vient de paraître dans le Bulletin de liaison n°11 des Maçons de la Creuse (juin 2007 ; le numéro contient aussi un dossier sur les croix de chemin de la Creuse). Article, il faut le dire, entièrement voué à une seule oeuvre d'Henri Boeuf, conservée aujourd'hui, suite à un legs du sculpteur, dans la mairie d'Auzances (à l'est du département de la Creuse, à une vingtaine de kilomètres du Puy-de-Dôme).
Henri Boeuf, né en 1902, est décédé en 1987. L'oeuvre en question, achevée en 1976, est un panneau de bois sculpté sur les deux faces, à raison de quatre scènes compartimentées sur chaque face, le tout mesurant 45 sur 155 cm .
La face avant est consacrée à l'évocation des principaux temps forts de la vie de l'auteur (vie à la ferme, premiers chantiers de maçon, l'escalade des échelons de la vie professionnelle de simple maçon jusqu'au grade final de chef d'entreprise), la face arrière évoque pour sa part l'histoire des maçons de la Creuse, les monuments qu'ils contribuèrent à construire, le Panthéon et les Tuileries, leur grand homme, Martin Nadaud.
Le style est naïf, on peut s'en rendre compte en détaillant les disproportions des personnages représentés, les perspectives étranges, les vues de haut (exemple la mare aux canards sur la face avant, voir ci-dessous) mélangées avec des vues de profil, etc... Le sculpteur paraît avoir accepté l'étiquette en outre. On s'en convainc en voyant l'image placée au bas de cette note qui le représente, probablement dans les années 70, au milieu de ses oeuvres (des statuettes, dont des Bretons en pantalons bouffants traditionnels et sabots, qui s'apparentent à certaines autres oeuvres du sculpteur finistérien Pierre Jaïn, créateur davantage que Boeuf aux lisières de l'art brut et de l'art populaire). Une affichette proclame au mur, bien en évidence: "Sculptures naïves de l'artiste auzançais Henri Boeuf". On se demande du reste ce qu'elles sont devenues aujourd'hui, ces statues...?
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23:25 Publié dans Art naïf | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Henri Boeuf, Roland Nicoux, Maçons de la Creuse, Art naïf, Auzances | Imprimer
2008 par delà les peaux de vaches, les peaux de bananes, les peaux de balles et les balais de crin...
02:10 Publié dans Images cachées, images délirantes?, Voeux de bonne année | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie naturelle, images cachées | Imprimer