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13/03/2023

Les inspirés du bord des routes, premier film du Vidéoguide de l'Inventaire du Patrimoine de Nouvelle-Aquitaine

     Suivez le Vidéoguide de l'Inventaire du Patrimoine en Nouvelle-Aquitaine... Qui vous emmène sur les traces des environnements populaires spontanés de cette immense région sous la forme de courts-métrages disponibles en libre service sur YouTube. Le premier de cette série vient d'être mis en ligne (voir ci-dessous). Cette dernière en comprendra quatre autres : un sur la question de la conservation et de la patrimonialisation, un sur le cas d'André Degorças en Charente, sur lequel je prépare en outre un article à paraître dans le prochain Création Franche, un troisième sur les cas d'Antoine Paucard et François Michaud, bien connus des lecteurs fidèles de ce blog puisque j'en parle, surtout du dernier, depuis 1991, et dans mon inventaire du Gazouillis des éléphants, bien entendu, enfin un quatrième sur le jardin de Gabriel Albert à Nantillé (Charente). Tous ces films courts sont, et seront,  réalisés par Juliette Chalard-Deschamps avec l'aide rédactionnelle de Yann Ourry (connu pour sa défense du jardin de Gabriel Albert ). Dans le premier, on voit Stéphanie Birembaut, la directrice et conservatrice du Musée Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuilh (Haute-Vienne), interviewée dans le jardin de son musée, en compagnie de votre serviteur, l'animateur de ce blog, tous deux s'évertuant à donner une première présentation du sujet à destination d'un public "non averti" :

 

 

 

07/05/2021

"Le Ciment des rêves, l'univers sculpté de Gabriel Albert", ou comment un inspiré du bord des routes peut être exposable au musée

     L'exposition montée au Musée-Jardins Cécile Sabourdy, à Vic-sur-Breuilh, au sud de Limoges, mise en place à ce qu'il semble durant ces mois-ci, sans que le public puisse la voir, consacrée à une quarantaine de sculptures de l'autodidacte naïf Gabriel Albert (1904-2000), ouvrira ses portes, on l'espère tout bientôt (le 19 mai?).

L'envers du décor, petit sujet sur les étapes du transfert des oeuvres de Gabriel Albert de Nantillé à Vic-sur-Breuilh, une entreprise, à mes yeux, exemplaire...

 

    J'ai déjà eu l'occasion sur ce blog de mentionner les différentes étapes de restauration des statues de son jardin, aujourd'hui propriété de la Région Nouvelle-Aquitaine (après avoir fait l'objet d'un legs de son auteur à sa commune de Nantillé, en Charente, en 1999, juste avant sa disparition). C'est bien sûr un site que j'ai mentionné honorablement dans mon inventaire des environnements populaires spontanés, Le Gazouillis des éléphants (livre épuisé aujourd'hui, après son édition en 2017 ; l'éditeur se propose de le rééditer dans environ deux ans). J'avais dès 1989 commencé d'en parler dans un article paru dans l'excellente revue littéraire, Plein Chant, où j'ai contribué à introduire l'art populaire brut ou naïf. L'article s'intitulait "Le Ciment des rêves". Edmond Thomas, l'émérite éditeur de Plein Chant, avait repris mon titre comme intitulé de tout le numéro (44) de sa revue. Et voici donc que ce titre connaît, grâce à Stéphanie Birembaut, la directrice du musée Cécile Sabourdy, une seconde jeunesse pour accompagner la présentation hors-les-murs, hors site, des sculptures de Gabriel Albert à l'intérieur du musée de Vicq-sur-Breuilh.

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Vue aérienne du Jardin de Gabriel, telle que mise en ligne sur le site web de l'Inventaire Poitou-Charentes.

 

      J'adhère personnellement en plein à ce genre de projet, que certains esprits chagrins pourraient discuter. Doit-on muséifier un jardin de sculptures prévues initialement pour être présentées dans un espace en plein air, pourront-ils rétorquer? Il faut savoir que Gabriel Albert avait eu des velléités de devenir un artiste avant de se convertir, pour gagner sa vie, au métier de menuisier. Ses statues (il en a créé environ 420, actuellement en cours de restauration grâce à l'investissement de la Région) sont des œuvres artistiques, au même titre que les œuvres des artistes savants, issus des écoles d'art ou non. Pourquoi n'auraient-elles pas droit à être présentées aussi dans des espaces muséaux? En en barrant l'accès aux autodidactes environnementalistes, cela ne révèle-t-il pas un désir de les censurer, de les rabaisser? Pourquoi ces œuvres n'auraient-elles pas droit à des explorations menées par des chercheurs, également, qu'ils soient indépendants (comme moi) ou universitaires? Il convient seulement, en les exposant (les dispositifs muséaux sont passionnants à étudier), de tenir compte de leur contexte de présentation à l'origine, en rappelant entre autres comment leurs auteurs les avaient installées au sein de leur vie quotidienne, les insérant au cœur de la vie immédiate.

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Tableau portrait de Gabriel Albert et tête d'une de ses statues dans l'exposition "Le Ciment des rêves", au musée Cécile Sabourdy.

 

Le jardin de Gabriel sera ouvert les mardis et jeudis du 06 juillet au 16 septembre 2021 : de 10h à 12h et de 14h à 17h30 / contact : 05 49 36 30 05. Selon le site de l'Inventaire Poitou-Charentes, 15 statues en pied, 19 bustes et 9 statues de chats composent l'exposition, qui présente également le portrait de Gabriel Albert, tableau du peintre Marius Levisse (voir ci-dessus), et plusieurs dizaines d’objets provenant de l’atelier du sculpteur-modeleur.

14/07/2020

Gabriel Albert et ses 420 statues, la restauration en cours

Merci à Michel Leroux pour nous avoir signalé ce petit film qui expose assez précisément l'étape du processus de restauration du jardin de Gabriel Albert à Nantillé (Charente-Maritime).

25/10/2019

Après le Gazouillis (5): des nouvelles du Restaurant de la Gaieté des Villéger, des sites de Gabriel Albert et Franck Vriet, d'André Hardy et de la maison de Didier Rossetti...

Ismaël et Guy Villéger     

   Aux dernières nouvelles, en provenance de divers correspondants qui ont la gentillesse de me tenir au courant du devenir de certains des sites dont j'ai parlé dans mon inventaire des environnements spontanés paru sous le titre du Gazouillis des éléphants (2017), on m'a appris récemment que le Restaurant de la Gaieté (que l'on appelle aujourd'hui, populairement, "la Maison de la Gaieté"), cet ancien cabaret rural situé à Chérac, en Charente, qui conservait des décors naïfs en mosaïque, en façade (voir ci-contre le "roi des cocus", photo Denise Delprato de 2015) mais aussi en intérieur,ismaël et guy villéger,la maison de la gaieté,chérac,cabarets de campagne,environnements populaires spontanés,yann ourry,service patrimoine,loto du patrimoine créés entre 1937 et 1952 (comme c'est inscrit sur la façade) par un père et son fils – Ismaël et Guy Villéger –,  a été choisi dans le cadre du Loto du Patrimoine pour bénéficier d'une subvention de plusieurs milliers d'euros, qui va aider les deux propriétaires, réunis en SCI. Il s'agit d'un peintre, Julien Graizely, et du gérant d'une entreprise (Ici Média), Laurent Hervé,  qui se sont portés acquéreurs du bâtiment, dans l'idée de le restaurer, et de lui redonner une nouvelle jeunesse dans le respect de son lustre ancien (et notamment d'y reconstituer un cabaret, prolongement logique de ce qu'était le Restaurant de la Gaieté à l'origine...). Voici un article que m'a transmis récemment mon correspondant charentais Patrick Métais:

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Ouest-France ; à noter quelques éléments biographiques peu connus qui sont donnés en marge dans cet article sur les Villéger: on sait que ces mosaïques furent assemblées entre 1937 et 1952 par Ismaël Villéger, puis complétées par son fils Guy (selon une inscription sur la façade), on savait moins qu'Ismaël s'était engagé dans la Marine à 20 ans et qu'il avait participé à plusieurs expéditions en Chine.

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A noter que l'un des deux nouveaux propriétaires du lieu signale ici de la main la lettre É, qui était en mosaïque comme le reste de l'inscription verticale en capitales "LA GAIETÉ", et qui manque à présent sur la façade.

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Carte postale moderne (années 1950-1960) montrant l'estaminet du temps de sa splendeur, coll. Bruno Montpied ; on notera qu'au pied du palmier (qui fut scié par la mairie il n'y a pas très longtemps, le jugeant trop dangereux) avait été assemblé tout un jeu d'assiettes ou de médaillons peut-être eux-mêmes en mosaïque ; l'établissement se nommait, à l'époque de cette photo, "Restaurant de la Gaieté", sous titré "Buvette"... A noter que la façade de la maison basse à droite ne recelait pas beaucoup de mosaïques, seulement autour des ouvertures.

 

    Sur ces mosaïstes, Patrick Métais m'a appris qu'existait dans le centre du village de Chérac une autre façade en mosaïque, que l'on imagine facilement comme ayant été réalisée par le même Ismaël Villéger, à moins que ce ne soit dû à son fils Guy. C'est tout à fait du même style... Peut-être était-ce un second logis de cette famille?

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L'autre façade en mosaïque à l'intérieur du village de Chérac : encore un coup des Villéger? Ph. Patrick Métais, 2016.

*

Gabriel Albert et Franck Vriet

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Le Jardin de Gabriel Albert en 2018, reprenant peu à peu tout son lustre... ph. Jean-Loup Montpied.

 

     J'ai également des nouvelles du site de Gabriel Albert à Nantillé (Charente), transmises par Yann Ourry (Service Patrimoine et Inventaire - Direction Culture et Patrimoine - Site de Poitiers) :

      "Nous avons effectué l’année dernière les premières mesures d’urgence : mise à l’abri des 59 statues et bustes les plus fragiles et traitement des statues restées sur place : https://inventaire.poitou-charentes.fr/le-jardin-sculpte-...

     En attendant les prochaines étapes. Le site est ouvert quelques jours dans l’été, avec un certain succès (moyenne de 50 visiteurs par jour). Pour cette année, il reste le mardi 13 août et le dimanche 22 septembre (journées du patrimoine).

    Par contre, je crois savoir qu’il ne reste plus grand-chose de l’œuvre de Franck Vriet dans la commune voisine de Brizambourg."

     Ce dernier, qui avait travaillé avec Gabriel Albert, peut-être sur certaines petites statues animalières du site de Nantillé, était en quelque sorte un émule d'Albert. Il avait créé lui aussi, en effet, à quelques encablures de son ami, un ensemble de statues hétéroclites, toutes naïves, en lisière de sa maison, dans des bouts de terrain enclos et visibles de la route, mais aussi dans la cour de sa maison. J'ai récemment, dans ma note nécrologique sur Michel Valière, mis en ligne une photo de cette cour où on voit Franck Vriet avec sa femme parler avec Valière et sa propre épouse, Michèle Gardré-Valière.  Et l'on peut également se reporter à la brillante note (parfois un peu ésotérique) que Denis Montebello a consacrée sur son blog à la destruction du site de Vriet, qu'il attribue apparemment à un édile (ça rime avec débile). Denis Montebello est par ailleurs l'auteur d'un livre de digressions littéraires qui prennent le site des Villéger comme point de départ: Denis Montebello, La Maison de la Gaieté, éditions Le Temps qu'il fait, Bazas, 2017.

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Une statuette de Franck Vriet, une guenon et son petit, ph. et coll. Bruno Montpied (extrait de mon musée de fragments d'environnements...).

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André Hardy (1921-2013)

       De ce dernier, peu de nouvelles de ses statues qui ont été dispersées après la vente de sa maison et de son jardin empli de statues. Simplement, j'ai parlé il y a peu de quelques statues d'Alfonso Calleja, autre  inspiré des bords de routes, que j'ai croisées au marché Paul Bert aux Puces de St-Ouen. Au passage, je mentionnais avoir vu plus loin d'autres statues animalières, un éléphant, une girafe, un zèbre et un ours dont les couleur s'étaient fait la malle depuis quelque temps...

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André Hardy au marché Paul Bert, le zèbre et l'ours (blanc?), août 2019, ph. B.M.

      L'éléphant me trottait dans la tête... Je pensai d'abord à Horace Diaz, dont les statues ont été également mise à l'encan après sa mort à Lodève. Mais non, ça ne collait pas, en comparant les photos... Et  puis, la lumière s'est faite en moi. Ces autres statues animalières du marché Paul Bert, placées dans un stand différent de celui des Calleja, sont d'André Hardy! Elles aussi, donc, continuent de voyager...

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André Hardy, l'éléphant, ph. B.M., août 2019.

 

     Je peux ajouter à ce signalement une autre information de transfert d'une installation du même Hardy, cette fois en Mayenne, dans le jardin de Michel Leroux où Jean-Michel Chesné, qui s'est formé au métier de rocailleur – et, ma foi, qui s'en tire pas trop mal ! –, a rehaussé et restauré un portique de Hardy qui se trouvait originellement dans un potager jouxtant la maison de ce dernier. Voir ci-dessous les deux photos que Chesné m'a confiées. Qu'il en soit ici vivement remercié.

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Jean-Michel Chesné au travail, 2016.

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Et voilà le travail, un portique d'André Hardy (et de Jean-Michel Chesné) tout neuf ou presque.

 

Quant à la maison de Didier Rossetti au Mans...

...elle est à vendre. Ou du moins, elle l'était, il n'y a pas si longtemps, comme me l'a aimablement signalé M. Laurent Le Meur, qui m'avait aidé à la trouver en lisière de la ville pour que je puisse la photographier pour mon Gazouillis des éléphants. C'est une maison aux décors en façade à la fois naïfs et un peu art déco, à thèmes animaliers. Un beau bas-relief naïf, à la thématique bachique, pouvait se voir à l'arrière de la maison. Cette demeure ne peut être dissociable de deux autres maisons, dont l'une a disparu à une date indéterminée (le photographe Francis David avait eu le temps de la photographier et de la publier dans son catalogue des Bricoleurs de l'imaginaire), de style rocaille qui avaient été construites, avant la maison en question, par deux amis communistes, M. Pennier et M. Rossetti père. La deuxième, "Les Etoiles", due à ce M. Pennier apparemment, était toujours debout aux dernières nouvelles. Il faut souhaiter que le nouvel acheteur de la maison Rossetti saura (a su?) l'apprécier dans son jus actuel.

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Ancienne maison de Didier Rossetti, telle qu'on peut la voir sur Google Street, rue du Soleil, au Mans 

22/06/2019

Michel Valière nous a quittés

      Michel Valière est mort le 22 février dernier, d'une longue maladie, dit-on... Et, même si je n'avais plus de contact avec lui depuis longtemps, je dois dire que cette nouvelle m'a fait mal. Une sorte d'adage résonne en moi... Lorsqu'un vieillard meurt, c'est comme une bibliothèque qui brûle. Et ici, mieux qu'ailleurs, l'adage se vérifie.

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Michel Valière (et sa femme, Michèle Gardré-Valière) en compagnie de Franck Vriet et sa femme, à Brizambourg (Charente), ph. Bruno Montpied, 2006 ; nous visitions ce créateur de statues en plein air situé non loin de chez Gabriel Albert, qu'il connaissait bien, et avec qui il avait réalisé des statues (peut-être en commun?), apparemment plutôt animalières.

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Le Corbeau de la fable Le Corbeau et le Renard de La Fontaine, imaginé par Gabriel Albert à partir d'un dessin de costume pour une pièce de théâtre ; cette attribution m'avait été signalée par Michel Valière ; ph.B.M. 2006.

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   L'homme, que j'avais rencontré au LaM de  Villeneuve-d'Ascq, en marge d'une journée sur les environnements spontanés, en 2005, alors que venait de paraître un de ses ouvrages chez Armand Colin, Le Conte populaire, approche ethnographique, s'est engagé à fond durant toute une période dans la défense et la sauvegarde du jardin de 420 statues naïves de Gabriel Albert à Nantillé (Charente-Maritime), sauvegarde qui paraît en voie d'être acquise aujourd'hui (voir la note que j'ai consacrée au cahier de l'Inventaire du Patrimoine de la région Poitou-Charentes entièrement centré sur  l'environnement de Gabriel Albert, cahier que Valière a supervisé ; on lira avec fruit, en cliquant sur le lien ci-avant, le débat enrichissant qui s'instaura à la fin de la note, en commentaires, entre Michel Valière, Emmanuel Boussuge et mézigue). Mais, à côté de cela, c'était avant tout un puits de science en matière ethnographique, et de cultures, de langues populaires (notamment en occitan). Les lecteurs anciens de ce blog se rappelleront peut-être ses commentaires érudits et fort pointus (trop?), sous le pseudonyme de "Belvert", qui renvoyait à son propre blog, toujours ouvert à l'heure où j'écris ces lignes... C'était, en dehors de son savoir ethnologique (il s'est consacré beaucoup au collectage de témoignages oraux dans la région du Poitou), en effet, un grand linguiste spécialisé dans les parlers poitevins-saintongeais, ainsi qu'en occitan (né à Paris, il a grandi à Lespignan, dans le Biterrois et l'Hérault). Il nous avait gratifiés sur ce blog, on s'en souviendra, de commentaires pointus sur les tsapluzaïres, ces tailleurs de copeaux, sculpteurs amateurs à leurs heures de loisir, que l'on rencontrait encore jusqu'à ces dernières années dans le Massif Central.

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        Par ailleurs, Michel Valière était un grand connaisseur de l'art populaire et avait contribué à monter avec d'autres des musées. Mais je ne parviens plus à me rappeler de lequel d'entre eux il m'avait parlé. Son rapport avec des gens dans mon genre montre que sur ses "vieux jours", il s'était ouvert aux nouveaux surgeons de l'art populaire que sont l'art naïf, l'art brut (ce n'est absolument pas signalé dans la notice qui lui est consacrée sur Wikipédia). Même l'art singulier l'intéressait (à ce titre, je lui avais offert une  de mes peintures sur papier, Un rugby aux règles étranges, qui faisait une vague allusion à l'ancêtre du rugby, la soule, jeu violent pratiqué dans le Sud-Ouest). Sa curiosité était vaste et variée. Il faut espérer que quelque bonne âme aura eu l'heureuse idée de l'enregistrer, comme lui-même sut le faire pour beaucoup d'interlocuteurs dépositaires de culture populaire. 

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Bruno Montpied, Un rugby aux règles étranges, 30 x 40 cm, 2005, coll. Michel Valière, ph. B.M.

27/12/2017

Postérité des environnements (11): Le jardin de Gabriel est en restauration

     Je l'avais signalé naguère, l'ex-région Poitou-Charentes, désormais englobée dans la région Nouvelle Aquitaine, propriétaire depuis trois ans du site, parlait d'engager incessamment sous peu des travaux pour restaurer les statues fort abîmées de Gabriel Albert au lieu-dit Chez Audebert, à Nantillé (Charente-Maritime). Mon persévérant correspondant dans le pays, Patrick Métais, m'adresse à nouveau un article relevé dans Sud-Ouest de ce mois-ci, qui annonce le début des travaux (promesse tenue, donc, mais qui a mis cinq ans à se réaliser). Le journal a réservé trois pages à cette annonce.

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     En titre de couverture, on nous parle de 373 statues, ce qui doit correspondre à ce qui reste sur un total qui tournait autour des 420 à l'origine. Cela suppose qu'une petite cinquantaine a disparu, pour la plupart volées, et donc que des statues de Gabriel Albert doivent être planquées quelque part. Un très bon et très beau livre a fait le point sur ce site en dressant l'inventaire des œuvres de M. Albert. Il sera difficile de revoir les statues volées, car si elles étaient revendues, on pourrait assez aisément les reconnaître. On se demande les mobiles des voleurs... Peut-être croyaient-ils se faire des bénéfices en les revendant comme sculptures populaires anonymes? Ils feraient mieux de les rendre, aussi anonymement qu'ils les ont volées...

 

    Une autre source, cette fois sur internet peut être aussi consultée, le site de l'Inventaire du patrimoine de Nouvelle-Aquitaine qui donne beaucoup de précisions sur la nature et les techniques de restauration engagées (et présente également une avalanche de photos de tous ordres qui ont été collectées au fil du temps). Certaines sculptures, trop fragilisées, vont être soignées loin du site, et on nous promet qu'elles reviendront ensuite au bercail, c'est-à-dire en plein air dans le jardin.

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Statue représentant Jacques Brel, emballée avant déplacement pour restauration plus commode, ph. Inventaire du patrimoine Nouvelle-Aquitaine.

 

      Il est acquis en effet que l'on tient à garder les statues à l'air libre, ce qui, selon moi, pose problème. Parce que la station prolongée de ces œuvres, exposées en plein air certes par leur auteur, pour son plaisir, nécessitera de nouveau dans quelques années les mêmes frais pour les restaurer (aujourd'hui le chiffre de 250 000 € environ, payé par la région, est avancé...). Gabriel Albert n'avait pas conscience des dégradations qu'allaient endurer ses sculptures. Il me l'avait dit lors de la visite que je lui avais faite en 1988, il pensait les avoir bien consolidées, moitié sable, moitié ciment, disait-il, teintées dans la masse... Mais avait-il bien envisagé toutes les vicissitudes qui peuvent affecter un parc de sculptures à l'air libre (tempête, chocs thermiques, vols...)? Ses œuvres expriment un talent naïf de belle venue (plus que brut, terme trop à la mode, que l'on sert  trop facilement dans les journaux où l'on pense que les lecteurs sont trop demeurés pour faire des distingos), et il serait justifié de les présenter sous une couverture qui les mette à l'abri des intempéries et autres vandalismes naturels ou humains pour plus longtemps. Sous un dôme dont il faudrait inventer l'élégance, mais dont on pourrait difficilement cacher l'incongruité au milieu de cette campagne charentaise, ou bien plutôt transféré dans un musée d'un nouveau genre? Musée qui se spécialiserait dans la conservation des environnements populaires en péril...? On peut rêver... Et pourtant, cela me paraît réalisable, tout autant et bien plus envisageable que tant d'autres musées bien plus vains... 

30/11/2015

D'étonnants jardins en Nord-Pas-de-Calais

     On avait eu naguère (2011) un cahier de l'Inventaire du Patrimoine de la région Poitou-Charentes entièrement consacré à un créateur autodidacte, Gabriel Albert à Nantillé (Charente-Maritime), qui avait décoré son jardin d'environ 400 statues en ciment polychrome des années 60 aux années 90 de l'autre siècle. C'était le premier cahier de l'Inventaire entièrement dévolu à un autodidacte d'extraction populaire (plus naïf que brut dans ce cas). Je m'en étais fait l'écho sur ce blog.

couv d'étonnants jardins en nord-pas-de-calais, images du patrimoine.jpg    Voici que les collaborateurs de l'Inventaire du Patrimoine récidivent, cette fois dans la région Nord-Pas-de-Calais, avec un cahier, le n°293, entièrement axé sur une enquête explorant les sites encore en place et dont les auteurs dans plusieurs cas ont pu être interrogés. Quelques sites plus anciens, dont les auteurs sont disparus, sont également évoqués, comme celui de Remy Callot, sur qui nombre d'informations sont apportées dans le livre par Tiphaine Kempka, ou encore celui de René Pecqueur (à ne pas confondre avec Charles Pecqueur), dont les réalisations, des grands candélabres-arbres (on pourrait créer tout spécialement pour lui le mot-valise "candélarbre"), ont malheureusement été détruites, hormis quelques bricoles conservées ici ou là, notamment au LaM à Villeneuve-d'Ascq). Ce site est chroniqué avec sensibilité et intelligence dans l'ouvrage de l'Inventaire par Michel Cabal.

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Site ancien de René Pecqueur (1933-2003) à Louches (Pas-de-Calais), photos Marguerite Tartart et Michel Cabal

 

     Ce dernier Pecqueur était connu des chercheurs depuis déjà quelque temps, s'ils avaient comme moi découvert son existence au hasard d'internet en tombant sur lui alors qu'ils cherchaient de l'information sur l'autre Pecqueur, prénommé Charles. Un site web, animé par le même Michel Cabal était en effet dédié à René. La revue Pays du Nord lui avait également consacré un entrefilet.

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Photo parue dans La Voix du Nord (voir notre lien ci-dessous au mot "Turenne"), probablement tirée des archives de la famille Pecqueur ; Charles pose devant la tête de Blanche-Neige

    D'étonnants jardins apporte aussi une information actualisée sur son homonyme, Charles Pecqueur, créateur d'un site important à Ruitz, constitué de fresques et de statues et qui fut photographié et décrit à de nombreuses reprises dans les ouvrages centrés sur les environnements créatifs populaires, comme ceux de Bernard Lassus (1977), Jacques Verroust (1978) ou encore Francis David (1984). Dans ce livre de l'Inventaire, on trouve du reste un texte de Lassus qui revient sur sa propre enquête des années 60, époque à laquelle il découvrit le site de Pecqueur et lança le terme d'"habitant-paysagiste". Nathalie Van Bost, dans la partie du livre plus spécifiquement attachée à montrer des images des sites (fort belles), ajoute quelques informations, notamment sur l'état dégradé des réalisations de Charles Pecqueur, même si sa fresque consacrée à Blanche-Neige paraît tout de même étonnamment bien conservée, cinquante ans après sa confection. N'entendant plus parler de cet environnement, pourtant remarquable (Pecqueur, profitant de sa position de maire de la commune de 1946 à 1965 avait décoré au départ un rond-point de la petite ville avec Blanche-Neige et ses sept nains ; lorsqu'il n'exerça plus ce mandat, il rapatria comme il put des fragments de ce décor dans son propre jardin, une photo dans le livre nous montrant au passage qu'existe toujours la Blanche-Neige du rond-point), n'entendant plus parler de ce site donc, je m'étais figuré qu'il ne devait rien en rester. Dans les explorations que je fis, en 1989 d'abord, puis par la suite pour les besoins du film Bricoleurs de paradis, je ne poussai pas jusqu'à Ruitz. Or, il faut toujours aller vérifier sur place les sites, même s'ils furent indiqués à des époques éloignées. C'est grâce à son fils, aujourd'hui sexagénaire et prénommé joliment Turenne, que la maison de son père a pu être préservée, même si on peut se demander jusqu'à quand... L'endroit pourrait constituer un jour -rêvons un peu- un de ces centres de documentation et de ressources qui serait spécialisé sur la question des environnements populaires et singuliers. La municipalité de Ruitz ne se sentirait-elle pas concernée?

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Un détail des mosaïques de Remy Callot à Carvin (Pas-de-Calais), ph. Bruno Montpied, 2008

     L'ouvrage de l'Inventaire contient beaucoup d'informations donc, et des études historiques sur la fonction des jardins de mineurs qui étaient destinés à leur assurer un complément alimentaire de qualité pour leur santé. Le temps passant, les mines fermant les unes après les autres, la notion de jardin évolua pour certains héritiers ou nouveaux arrivants vers une utilisation plus créative ou commémorative (plusieurs habitants aimant à préserver la mémoire des mines).

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Le jardin de mineur de Concetta et Michele Sassano à Wingles ; lui aussi se retrouve dans l'ouvrage D'étonnants jardins ; ph. BM, 2008

     Des sites de qualité naïve affirmée, comme celui de Jean Cathelain par exemple, à Billy-Montigny, ou celui du "Jardin au titan" d'Alain Lefranc à Waziers, sont par ailleurs dévoilés, à ma connaissance, pour la première fois dans ce livre, tandis que d'autres, du genre accumulatif et sans grande mise en scène (tendance hélas de plus en plus fréquemment rencontrée, comme si tous savoir-faire et techniques avaient été perdus dans les milieux ouvriers), ou du genre miniaturistes et faiseurs de maquettes, peuvent laisser assez indifférents (sites de Jean-Philippe Carlier, ou de François Golebiowski par exemple)... On rencontre aussi ici et là dans ce mini-inventaire des sites actuels du Nord-Pas-de-Calais des environnements qui paraissent davantage relever d'une création cultivée, et donc  plus d'un environnement d'artistes, ce que j'appelle personnellement un "environnement singulier" (exemple de Philippe Hermez, et du sculpteur anonyme de Marchiennes, ou encore de "la maison du pirate" repérée par les enquêteurs dans la région de Dunkerque).

     Cependant, on trouvera là, au final, un ouvrage que tous les mordus des environnements populaires spontanés auront à cœur de se procurer pour compléter leur documentation sur le sujet. Entre autres librairies où on peut le trouver, à Paris, à la librairie de la Halle Saint-Pierre bien sûr, mais aussi à la librairie de la Caisse des Monuments Historiques dans l'Hôtel de Sully, rue Saint-Antoine dans le Marais.

26/09/2014

La maison de la gaieté de Chérac: un autre chef-d'oeuvre en péril

     Des camarades m'ont signalé depuis plusieurs mois l'existence à Chérac (à deux pas de Cognac en Charente-Maritime) d'une maison couverte de mosaïques où s'étale sur une des façades l'inscription visible de loin, "LA MAISON DE LA GAIETÉ". Il s'agit d'un travail d'autodidactes, un père et son fils, Ismaël et Guy Villéger, qui de 1937 à 1952 avaient choisi de décorer d'un million de cassons de vaisselle les murs extérieurs de leur cabaret de campagne. Cela mettait à l'évidence de la couleur au bord de la route, signalant de façon immédiate aux soiffards de passage qu'ils trouveraient là bonne humeur et joie de vivre. Des fenêtres en trompe-l'œil et des grappes de raisins avaient été représentées pour égayer les parois en mosaïque.

 

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La Maison de la Gaieté, photo Eric Straub, 2012 ; à noter que la façade à droite derrière les palmiers (qui ont depuis disparu, ce qui est déjà bien dommage) possédait aussi des mosaïques qui sont tombées au fil du temps

 

     Eh bien, cette maison qui s'était maintenue vaille que vaille jusqu'à nous depuis les années 50 de l'autre siècle, voilà-t'y pas que la nouvelle équipe municipale arrivée au pouvoir récemment s'est mise en tête de s'en débarrasser Elle en est en effet la propriétaire. Comme paraît-il elle coûte trop cher (ah bon? Faudrait voir ça de plus près), le conseil municipal veut la vendre. Et le candidat au rachat a demandé si on ne pourrait pas la démolir... Histoire de mettre à la place sans doute quelque banalité architecturale qui n'attirera plus aucune attention.  Elle est prudente, la dite équipe municipale, elle s'est dite, on va demander à l'architecte des monuments de France si une étude de la démolition pourrait être faite. C'est que par ailleurs, si je suis l'article de Sud-Ouest qui évoque la question (merci à Michel Valière de me l'avoir transmis), "la maison et ses objets étaient en cours d'instruction pour être inscrits à l'inventaire général du patrimoine, au titre des Monuments historiques". Sans doute quelques esprits un peu avertis du patrimoine populaire des bords de routes avaient dû s'inquiéter de la sauvegarde de ce décor, et avec juste raison selon moi.

 

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La Maison de la Gaieté, détail, les grappes de raisin, ph. Eric Straub, 2012

 

 

      On avait pourtant parlé d'en faire un musée, ce qui aurait pu être une bonne idée. Ignore-t-on à Chérac qu'il existe dans cette même région un autre site, décoré de 400 statues cette fois, là aussi naïves, par un menuisier nommé Gabriel Albert pour lequel la région s'est récemment mobilisée afin de chercher la possibilité de le préserver durablement? C'est à Nantillé, entre Saintes et St-Jean-d'Angély. Tout près de Nantillé, à Brizambourg, existe aussi le jardin naïf rempli d'animaux en ciment de Franck Vriet. Et un peu plus loin à Lavaure, près d'Yviers, en dessous d'Angoulême, n'oublions pas le site étonnant de Lucien Favreau. En France, on recense ainsi des dizaines et des dizaines d'environnements tous plus excentriques et merveilleux, plus anti conformistes les uns que les autres, créés par des autodidactes d'origine populaire, qui mériteraient qu'on les documente par des centres d'information et des petits musées qui constitueraient un réseau de points de documentation et de sauvegarde relié les uns aux autres à travers la France. C'est la culture créée par le peuple pour le peuple qui est ici en jeu. Sans oublier qu'en préservant ainsi ce genre de sites artistiques rares, on crée une ressource touristique supplémentaire pour des communes qui n'en ont pas forcément tant que cela.

 

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Détail de la fenêtre en trompe-l'œil imaginée par Ismaël Villéger et son fils, ph Eric Straub, 2012

 

     Souhaitons donc que le nouveau maire de Chérac laisse tomber son projet funeste, et que la population de cette commune se rende compte qu'en le laissant agir comme un vandale institutionnel elle perdrait un fleuron de l'architecture populaire insolite, et qu'elle fasse pression pour que cela n'arrive pas.

 

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On tapait le carton aussi à la Maison de la Gaieté, comme l'indiquent les piques, carreaux, trèfles, cœurs qui dégringolent à gauche... Ph. Eric Straub, 2012

 

17/11/2012

Postérité des environnements (7): Gabriel Albert sous cloche?

     Transmis par Patrick Métais, un article de Sud-Ouest m'apprend que le jardin de Gabriel Albert a reçu la visite de l'ineffable Ségolène Royal, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, qui a fait part de son désir de valoriser et préserver le site et que sa région soit maître d'œuvre de ce point de vue. Il semblerait, à lire cet article, que l'Etat, via la DRAC, et la Région travailleraient sur un projet de valorisation culturelle et scientifique du jardin. On souhaiterait ainsi créer sur place un centre d'interprétation et un atelier de restauration des statues. Ces dernières sont on le sait passablement abîmées, tandis que plusieurs ont disparu, victimes de voleurs.

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Le jardin de Gabriel Albert (que l'on voit coiffé d'une casquette au fond devant le moulin), avec Christine Bruces-Cerisier, Anita Albert, Jean-Louis Cerisier, le jour où nous visitâmes les Albert en 1988, ph. Bruno Montpied 

     Il paraît que l'on songe même à mettre l'ensemble du site dans une serre... Alors Gabriel, bientôt comme le fromage, sous cloche? Cela illustre bien les conséquences de la reprise en main d'un site d'art populaire par une instance conservatrice. Avec la perspective de le faire entrer dans la postérité et de l'installer dans une certaine pérennité, le site se métamorphose en autre chose, de plus pétrifié. Un comble pour un jardin de statues en ciment armé... Du coup,  par contraste avec ce qui risque d'advenir quand on l'aura réifié sous un dôme (comme chez Euclides da Costa Ferreira), ce ciment reviendra dans nos souvenirs, à l'époque où son auteur était encore vivant, moins solide, presque palpitant.

     Mais l'on dira bien sûr, en chœur, "c'est mieux que rien..." Ah, mais je m'interroge décidément sur ce "rien". Pas sûr, pas sûr... Mais, bon, on pourrait dire aussi, un jardin, ça peut se mettre sous serre, argument habile...

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La Maison Bleue d'Euclides da Costa Ferreira à Dives-sur-Mer, vue de la rue, état en juillet 2012 (le site fut recouvert d'un dôme en urgence, avec les moyens du bord, dans l'idée de le mettre hors d'eau, mais la situation perdure... Peut-être faut-il voir dans ce sarcophage plus ou moins translucide comme la métaphore d'une chrysalide dans laquelle une mue s'opère, prélude à l'essor d'un futur nouveau papillon?), ph BM

 

08/07/2012

Gabriel Albert et Roger Lanzac

     Parmi les centaines de statues qu'a créées Gabriel Albert à Nantillé en Charente-Maritime, une d'entre elles, selon les auteurs de Gabriel Albert, l'univers poétique d'un créateur saintongeais¹, représenterait Roger Lanzac, ancien animateur de télévision, qui servit aussi de Monsieur Loyal dans la Piste aux Etoiles, émission consacrée au cirque. Je trouvais enfant que ce rôle du reste ne lui allait pas. Je ne voyais pas un Monsieur Loyal avec des valises sous les yeux aussi voyantes que les siennes. Tombant récemment sur un portrait dédicacé de Roger Lanzac, publié sur le savoureux blog de Laurent Jacquy, Les Beaux Dimanches, je me suis dit qu'il pourrait être fructueux de les confronter en images ici même.

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Photo Bruno Montpied (détail), 2006

Photo dédicacée de R.Lanzac, blog Jacquy.jpg

Photo empruntée au blog Les Beaux Dimanches

   Il semblerait plausible de rapprocher le modèle et la statue, si l'on admet qu'Albert a accentué les traits caractéristiques du visage de Lanzac. Les sourcils de la photo sont nettement dessinés, Albert les a faits fournis. Les poches sous les yeux, qui étaient une véritable signature physique du présentateur sont bien visibles sur le visage de ciment. Les pommettes également sont rendues. Les proportions allongées de cette face lanzaquienne ont été aussi accentuées, par un souci d'expressivité ou simplement parce que Gabriel Albert voyait Lanzac ainsi, un homme à longue figure. Le dessin des lèvres assez sinueux a été de même bien relevé par le sculpteur-modeleur. Seul peut-être le menton, fort pointu chez Albert, a pu être exagéré par rapport au portrait original. Mais là aussi peut-être, on peut retrouver un désir albertien de caricature...


 

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1. Michel Valière, Fabrice Bonnifait, Thierry Allard, Yann Oury, Collection Inventaire du patrimoine n°266, éditions Région Poitou-Charentes et Geste Editions, 2011

18/06/2012

Le Jardin de Gabriel se visitera de nouveau bientôt

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    Nouveauté de la visite cette année, outre une guide-conférencière qui fait ses débuts sur place, Catherine d'Arzac, stagiaire à l'Atelier du Patrimoine de Saintonge, on fournira grâcieusement aux enfants des écoles qui viendront découvrir cette forêt de statues enchantées un livret qui devrait leur permettre d'interpréter les personnages proposés à leur curiosité par Gabriel Albert.

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Jardin de Gabriel Albert, allée de statues jusqu'au moulin et à la route, ph. Bruno Montpied, 2006

12/09/2011

Rendez-vous samedi 17 au matin à l'INHA, à la découverte des premiers environnements spontanés, et des sites de Bohdan Litnianski et de Gabriel Albert

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Première partie de l'invitation au quatrième séminaire du CrAB (photo: un détail de la maison de Bohdan Litnianski, en 2010, par Bruno Montpied)

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Deuxième partie de l'invitation

 

14/07/2011

Gabriel Albert, première monographie sur un inspiré par les services de l'Inventaire

     Est paru en mars, (le même mois que mon bouquin Eloge des Jardins Anarchiques), un magnifique ouvrage de taille imposante, bourré de photos, plans et documents divers, qui inventorie l'intégralité des 420 statues (dont une trentaine de volées) que laissa le menuisier Gabriel Albert à sa mort en 2000 (il était né en 1904, il faillit couvrir tout le siècle) dans son jardin à Nantillé (Charente-Maritime). C'est le résultat du travail hors-pair de divers auteurs, au premier plan desquels Michel Valière, Fabrice Bonnifait, Thierry Allard et Yann Oury, travail illustré de nombreuses photos, principalement de Gilles Beauvarlet, Raphaël Jean, et Christian Rome (accessoirement, on retrouve aussi des photos anciennes de Jacques Verroust et de votre serviteur, notamment lorsqu'il s'agit de montrer des statues disparues, ou des positionnements de ces mêmes statues différents de ceux d'aujourd'hui).

 

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      Ce livre, "Le Jardin de Gabriel, l'univers poétique d'un créateur saintongeais", est édité dans la collection Images du Patrimoine, n°266, par le service de l'Inventaire de la Région Poitou-Charentes (depuis 2004, ce sont les régions qui sous le contrôle de l'état se chargent des enquêtes d'inventaire du patrimoine), en collaboration avec les éditions Geste.

 

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Gabriel Albert, jeune fille à l'oiseau, ph.Bruno Montpied, 2006

 

     Le livre est une somme qui permet véritablement de faire presque le tour de la question du jardin de Gabriel.Gabriel Albert, environnements spontanés, inspirés du bord des routes, habitants-paysagistes, inventaire du patrimoine, sculpture naïve Des photos aériennes, des plans du jardin avec les emplacements des statues volées, des descriptions minutieuses des oeuvres sur place, le tout rédigé avec simplicité et précision (comme savent le faire les auteurs de ces cahiers d'Inventaire généralement, ce qui rend leurs ouvrages particulièrement agréables à parcourir), sans oublier le lien que l'on peut faire avec le site de l'Inventaire Poitou-Charentes, où l'on retrouvera une carte interactive du site, ainsi qu'un diaporama, et 411 statues étudiées sur un total de 420 créées par Gabriel Albert, tout cela donne le sentiment que l'on a fait véritablement le tour du sujet, de la manière la plus objective, sans se payer de mots inutiles.

 

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Jardin de Gabriel Albert photographié en 1988, trois ans avant que ne s'arrête l'auteur, ph.BM ; à droite scène de l'Angélus de Millet

 

     L'amateur a désormais en main un outil adéquat pour partir à la découverte de cet homme singulier improvisé sculpteur à sa retraite, après des années de labeur, qui ne lui avaient pas fait oublier ses rêves de jeunesse, où il avait caressé un court moment l'espoir de devenir un jour artiste. Ce qui est un cas resté exceptionnel dans le corpus des "inspirés du bord des routes". Je ne vois qu'un Gaston Mouly, sculpteur et dessinateur lotois, qui puisse lui être comparé pour ce désir refoulé d'être artiste. Parmi les descriptions des statues, on trouve également nombre de renseignements documentant la façon de travailler d'Albert, ainsi que les sources des images qu'il a cherchées dans certains cas à transposer ou à imiter.

 

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     Ce site est cependant - en dépit de cette publication, qui ne manquera pas d'interpeller tous les acteurs responsables de la pérennité de cet ensemble rare de sculpture autodidacte naïve en plein air - ce site est toujours en danger de ruine. La préfecture de la région Poitou-Charentes vient de promulguer un arrêté « portant inscription aux Monuments Historiques » de «  ce jardin [qui] présente au point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison du caractère unique de cette œuvre souvent assimilée aux meilleures productions de l’art brut ». En attendant, les statues perdent la face, et les corps se couvrent d'une lèpre grise bien disgrâcieuse. Contrairement à  certains avis formulés dans le livre de l'Inventaire, je trouve l'état actuel du jardin très dégradé par rapport à ce qu'il était en 1988, date à laquelle je l'ai visité. Il était alors dans toute sa splendeur. Les statues étaient à l'apogée de leur éclat, leur modelé, leur finesse faisaient alors toute l'originalité du site. La restauration du site devrait viser à retrouver cet âge d'or devenu bien lointain.

 

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Photogramme extrait de mon ensemble de films en Super 8 "Les Jardins de l'art immédiat", 1988 (le personnage au gibus à droite a disparu aujourd'hui du jardin, probablement volé ; les statues alors étaient en leur âge d'or)

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Article de Sud-Ouest, juin 2011 ; communiqué par Patrick Métais, que je remercie ici

Le livre est trouvable à la librairie de la Halle St-Pierre à Paris. Sinon, dans toutes les bonnes librairies, comme on dit. On se reportera au site de l'Inventaire Poitou-Charentes pour d'éventuelles commandes.

   

11/11/2008

Gabriel Albert, on cause de lui chez Bernard Maingot

    Juste ici noter ce blog où, à l'occasion de la journée de visite du jardin de Gabriel Albert, en juin 2008, M. Bernard Maingot a publié un reportage fourni et efficace: suivez le lien que j'appose à partir d'aujourd'hui dans la liste des "doux liens", ou cliquez ici. On y trouve quantité de photos de qualité identifiant un certain nombre de statues de Gabriel Albert, Napoléon, Goulebenèze, Chirac, Landru, etc... On y fait le point sur les idées de sauvegarde du site également sur un ton fort objectif. 

 
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Gabriel Albert, un personnage que je n'ai pas encore pu identifier jusquà présent..., ph.B.Montpied, 2006

31/01/2008

Naïfs démiurges, voyeurs conséquents!

    De temps à autre, je compulse mes archives, à la recherche d'une référence, d'une information plus précise, d'un souvenir... Ou plus souvent sans but autre que le compulsage compulsif, automatiquement, en réalité mû par une nécessité intérieure qui ne veut pas parler à voix haute...

    Voici que mes yeux retombent sur cet entrefilet extrait d'un article sur "Les Facteur Cheval" paru dans un almanach "banlieue" de la revue Actuel, numéro hors-série, datant vraisemblablement de 1974 ou 75...:

   "Il y a vingt ans, Monsieur Colaniz, maçon à la retraite, modela une statue de femme nue qu'il installa devant sa maison et qu'il repeignit avec soin jusqu'à sa mort. (Boulevard Circulaire, 93420, Villepinte)".

   Je ne suis jamais allé à Villepinte voir si la femme nue était toujours là, toujours "soigneusement repeinte". Je suppose bien que non. Je m'en console avec d'autres, modelées par des créateurs un peu partout. Dès qu'on se rend compte qu'on sait faire surgir du néant quelque être ressemblant, on est terriblement tenté de se faire démiurge et voyeur! 

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Statues de femmes de Gabriel Albert à Nantillé, Charente-Maritime, photogrammes (1988) extraits des Jardins de l'Art Immédiat, ensemble de films Super 8 sur divers environnements spontanés, B.Montpied
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Oeuvres de Frédéric Paranthoën.
 Parmi les statues que ce marin retraité rangeait à la fin de sa vie la plupart du temps dans son garage au lieu de les exposer à la vue des passants dans le petit jardin qu'il possédait au rez-de-chaussée d'un petit immeuble de Royan, on peut découvrir une jeune Tahitienne en costume d'Eve (l'exotisme autorisant la nudité, comme dans le cas des photos coloniales de jeunes Africaines vivant nues à la manière traditionnelle), photogramme (1988) Les Jardins de l'Art Immédiat, B.Montpied
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Statue de femme nue par François Michaud, installée derrière un Napoléon sur le mur de clôture de sa seconde maison à Masgot dans la Creuse (datable de la deuxième moitié du XIXe siècle, avant 1880...), photo B.Montpied, 1988.
  

  

02/09/2007

Henri Caillaud autre pape des escargots

    Cette note est inspirée des commentaires avisés de Michel Valière sur les cagouilles et les amateurs de cagouilles de ses régions de prédilection, Poitou et Charentes. Cela m'a donné l'envie d'aller repêcher un petit ouvrage au fond de ma bibliothèque...

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   Bon, en effet, il semble, je veux bien le croire, que ce coin de France a des affinités particulières avec les escargots (autres noms: cagouilles, lumâs, limas), une passion dévorante bien sûr. Goût qui paraît répandu particulièrement entre Loire et Garonne, à en croire Hélène Tierchant et Bernard Cherrier, les auteurs en 1990 (avec la complicité du photographe Alain Bourron), à la librairie Bruno Sepulchre -imprimerie Plein Chant...- d'un ouvrage intitulé "Le livre de l'escargot" que je possède depuis une randonnée de 1996 en Charente.

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(Photo Alain Bourron, extraite du Livre de l'escargot ; escargots de béton d'Henri Caillaud)

    Le livre est donc entièrement voué à cet animal intrigant dont certains, jadis, ont fait un symbole de couardise et d'impuissance (faut dire que ça se rétracte au moindre contact, ça rentre dans sa coquille, ça se recroqueville en moins de deux). J'aime les entreprises obsessionnelles et je l'avais acheté déjà pour cela. Mais il contient en outre l'évocation, malheureusement un peu trop succincte, d'un créateur nommé Henri Caillaud.

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(Photo extraite du Livre de l'escargot, Henri Caillaud avec sa nièce [non! sa petite fille... Voir commentaire ci-dessous], une de ses oeuvres au sol...)

    Ce dernier a vécu de 1889 à 1981, soit 92 années, en Charente, à Villejésus où en 1990 existait encore sa fontaine en forme d'escargot sur la grand'place du village (on suppose qu'elle y est toujours).

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(Photo Alain Bourron)

    Excentrique, l'homme a défrayé la chronique villageoise en construisant par exemple à l'abri des regards et des murs d'une vieille grange une autre maison, toute neuve, qu'il fit un jour apparaître en détruisant à coups de masse les murs de la coquille protectrice de la grange matricielle... Les auteurs nous signalent que cette maison était décorée de tableaux naïfs, "une naïveté vigoureuse", mais on n'en apprend pas plus, le livre ne contient pas d'illustrations sur le sujet, l'obsession majeure restant la cagouille, la cagouille, toujours la cagouille. Animal qui était aussi le thème central d'Henri Caillaud, qui en fit apparemment toute une série en ciment et en béton, nous dit le livre... Jusqu'à en réaliser un d'un mètre de long, pesant quarante kilos.

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(Photo Alain Bourron ; dernière oeuvre d'Henri Caillaud, un mètre, quarante kilos)

    "L'escargot possède, à travers nos départements, ses peintres, ses statuaires, ses orfèvres. Ils sont légion. Pour un Caillaud passé à la postérité, combien d'adulateurs anonymes qui ont façonné leur portail, forgé leur balcon en forme de cagouille? Combien d'ébénistes qui tournent des cagouilles de bois, combien de céramistes qui adaptent le même animal en porte-parapluie ou en récipient? Le petit-gris est une des sources d'inspiration populaire les plus fécondes." (Hélène Tierchant, Bernard Cherrier).

     Pour qu'on se pénètre encore plus de cette évidence, j'insère ci-dessous deux photos, l'une représentant l'environnement de 400 statues de Gabriel Albert à Nantillé en Charente-Maritime, et l'autre celui de son émule de Brizambourg, tout proche, Franck Vriet. Parmi tant d'autres merveilles, on y retrouve des escargots, en premier ou second plan.

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(Jardin de feu Gabriel Albert à Nantillé ; L'escargot est en haut près de la fenêtre...)
 
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(Photos B.Montpied, 2006 ; Ci-dessus jardin devant la maison de Franck Vriet à Brizambourg, otaries, crocodiles, flamants roses, escargot...)