19/09/2022
Une idée pour un autre Salon...
Je ne suis qu'un écrivain et un artiste, et j'en ai marre de cette Outsider Art Fair qui nous revient depuis dix ans, avec son prix d'entrée pour élite friquée, et sa conception étriquée, parce que strictement mercantile, de la communication autour des arts spontanés et alternatifs.
En fait, cette Foire disparaîtrait corps et biens, que je n'en souffrirais pas le moins du monde.
Un Forum basé sur des principes différents, organisé et monté par des Français qui plus est, à un coût moins élevé, pas seulement axé sur le marché de l'art, mais où on inviterait, dans une conception infiniment plus large, des musées, des associations, des ateliers collectifs pour handicapés, des photographes, des architectes alternatifs, des libraires, etc. serait beaucoup plus intéressant à monter.
Halle Saint-Pierre, 2e étage, exposition "Sous le Vent de l'Art Brut 2", 2014 ; à gauche des oeuvres à moi... ; photo Bruno Montpied.
Quel local faudrait-il proposer pour un tel Forum? Eh bien, la Halle Saint-Pierre serait toute indiquée. Qu'elle soit installée au pied de Montmartre, aux lisières de quartiers populaires (la Goutte d'Or notamment), et de quartiers plus chics (la Butte Montmartre), me paraît tout à fait adapté aux substrats culturels des différentes formes d'expression que ce Forum réunirait et présenterait. Disposant d'un auditorium et d'un cafétaria permettant les échanges formels et informels, elle autoriserait dans une seule unité de lieu toutes sortes d'animations, conférences, débats, présentations de films. Le forum pourrait durer une grosse semaine (dix jours), plutôt que les quatre malheureux jours de la Foire d'Art Ousider actuelle. Les prix de location pour les galeries et autres musées et associations concernés (qui tourneraient au fil des éditions) ne seraient pas trop élevés, ce qui éviterait que les prix des oeuvres en vente soient trop élevés, les participants craignant de ne pas rentrer dans leurs frais à la fin du Forum (ce qui est le cas actuellement pour les galeristes qui participent à l'OAF). Les musées, librairies, associations de défense des arts indigènes (entre autres), ateliers pour handicapés, collectionneurs, organisation pour l'auto-construction, etc., qui participeraient pour faire connaître leurs passions et leurs activités, vendant au passage des catalogues d'expositions, procédant à des échanges divers et variés.
On aurait davantage affaire en l'occurrence à une réunion ayant pour but la communication et l'échange autour de passions communes ou à découvrir qu'à une vulgaire foire de mercantis, qualification dans laquelle l'OAF est en train de se couler (à tous les sens du terme "couler")...
11:32 Publié dans Amateurs, Anonymes et inconnus de l'art, Architecture insolite, Art Brut, Art de l'enfance, Art des croûtes, art des dépôts-ventes, Art des jardins secrets, Art forain, Art immédiat, Art inclassable, Art insolite, Art involontaire, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art rustique moderne, Art singulier, Art visionnaire, Boîtes aux lettres insolites, Cahiers et manuscrits naïfs ou bruts, Cinéma et arts (notamment populaires), Détestations, Environnements populaires spontanés, Environnements singuliers, Fous littéraires ou écrits bruts, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Graffiti, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies, Street art marginal (art de rue sauvage) | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : outsider art fair, foire d'art marginal, art brut, salon, échange, passion, arts spontanés, arts divers d'autodidactes, halle saint-pierre, forum des arts spontanés | Imprimer
04/03/2021
Les éditions Ion
On peut se demander si cet éditeur, afin de dénicher un nom original, n'aurait pas par hasard délibérément choisi de redoubler la dernière syllabe – ou diphtongue? (je sens qu'un linguiste distingué de ma connaissance va nous préciser cela) – du mot "éditions". Ion, c'est donc son nom, maison située à Angoulême, avec un site web: www.ionedition.net. A feuilleter leur catalogue, on se dit que l'on a affaire à des graphistes nouvelle génération, peut-être stimulés par le festival de la Bande Dessinée qui se tient régulièrement dans la préfecture de la Charente. Un libraire qui m'alimente depuis longtemps en documentation intrigante, Pascal Hecker "de" la Halle Saint-Pierre (il n'est pas encore anobli, mais ça pourrait venir), a sélectionné deux opuscules au sein de leur catalogue qui valent le coup d'être signalés.
Paravent couvert de collages d'Hans Christian Andersen, édité sous forme de marque-page pliant par la Galerie 1900-2000 en 2003, à l'occasion d'une exposition sur le collage surréaliste.
L'un est consacré aux découpages d'Hans Christian Andersen, qui nous rappelle que ce merveilleux conteur fut aussi adepte d'expérimentations primesautières, comme le collage (il composa ainsi tout un paravent) et les découpis de silhouettes. La plaquette éditée par Ion (en 2018, avec un titre, je dois dire, un peu approximatif, "Les Contes découpés"... ; j'écris "approximatif" parce que les découpages d'Andersen n'étaient pas spécialement des illustrations pour contes qu'il réécrivait), cette plaquette, si elle a le mérite de raviver la mémoire de ces travaux oubliés, ne s'élève cependant pas à la qualité d'un autre petit livre édité par Jacques Damase qui, en 1990, avait déjà présenté les mêmes productions d'Andersen, qui étaient plus diverses et variées, parfois en couleur, mêlant écritures manuscrites, collages et découpages que ce que présente un peu chichement l'édition de Ion. Cette dernière fonctionne comme un rappel.
Deux pages du livre des éditions Jacques Damase sur Andersen.
Le petit livre de Jacques Damase, intitulé Le Monde magique d'Hans Christian Andersen. Papiers collés, déchirés, découpés, avait eu en outre l'heureuse idée de proposer deux petits textes biographiques sur le "vilain petit canard" d'Odensée, l'un assez idéalisé d'H.G. Olrik, daté de 1930, et un autre, de Patrick Griolet, paru dans le Monde en 1984, rétablissant des vérités plus réalistes concernant le conteur, qui resta vierge toute sa vie, et craignait par-dessus tout d'être enterré vivant, entre autres angoisses.
La brochure sur les découpages d'Andersen, version Ion.
L'édition Jacques Damase de 1990.
C'est une deuxième brochure de cet éditeur charentais qu'il faut surtout mentionner, à la vilaine couleur de couverture, hélas (on reste perplexe devant un tel ratage, lorsque l'on découvre le contenu, excitant pourtant, de cette même plaquette) : Boîtes, consacrée aux sculptures au couteau de Levi Fisher Ames (18433-1923), conservées à la Kohler foundation, dans le Wisconsin, aux USA bien sûr (voir la page consacrée sur leur site web à cet ancien charpentier, vétéran de la Guerre de Sécession).
La couverture de la brochure consacrée par Ion aux sculptures en boîte, genre mini dioramas, de Levi Fishers Ames.
Cet autodidacte réalisa ainsi une "immense galerie de figurines en bois: animaux tant naturels que mythologiques ou bizarroïdes (...) qu'il abritait dans des vitrines articulées qui s'ouvraient comme des livres. il les montrait dans les foires sous des tentes..." (présentation anonyme du livre). Il lui arrivait de raconter des histoires tout en sculptant devant le public, dans des sortes de démonstrations. Il ne vendit jamais lui-même sa collection, conscient qu'on la comprendrait mieux en la contemplant dans son entier. C'est sa famille qui s'en chargea au moment de la crise de 1929. Heureusement, un petit-fils racheta l'ensemble dix ans plus tard pour le donner à la Kohler foundation. Il faut faire confiance aux petits-enfants...
Levi Fisher Ames, oryx et léopard, lion et buffle, Ion éditions.
Les sculptures contenues dans ces boîtes articulées sont proprement étonnantes, et pleines de charme. qu'on en juge ci-dessus et ci-dessous où je donne deux exemples, parmi beaucoup d'autres présents dans ce livret.
Levi Fisher Ames, ours et porc, the Imp and kirchers winged dragon, Ion éditions.
On trouvera le(s) livre(s) des éditions Ion à la librairie de la Halle Saint-Pierre et bien sûr aussi en commande sur leur site web.
22:49 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art moderne méconnu, Art naïf, Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : hans-christian andersen et ses papiers découpés, ion éditions, jacques damase, patrick griolet, levi fishers ames, sculptures au couteau, bestiaire bizarroïde, pascal hecker, librairie de la halle saint-pierre | Imprimer
11/02/2020
"Le Cœur au ventre", une collection d'art singulier et brut
"Le Cœur au ventre" – ce titre de l'expo qui va bientôt ouvrir, dans deux jours, chez Art et Marges à Bruxelles (314 rue Haute, dans le quartier populaire des Marolles) – provient du nom de la défunte galerie de Marion Oster, qui était ouverte dans le Vieux Lyon et qui a été fermée voici deux ou trois ans¹, l'art singulier ne perdurant pas, faut croire, sous la cathédrale de Fourvière... (En effet, il y a désormais pas mal d'années, il y eut un autre lieu favorable aux Singuliers dans cette même partie de Lugdunum, à savoir l'Espace Poisson d'Or qui lui-même était un avatar de la galerie du même nom qui était dans les Halles à Paris...). L'exposition commence le 13 février et se terminera le 7 juin.
Ludovic et Marion Oster dans leur ancien appartement de Lyon, tenant un couple de poupées de Monique Vigneaux (derrière, je crois reconnaître Louis Pons ?, Philippe Dereux?, Le Carré Galimard?, Mister Imagination et ses pinceaux anthropomorphes, entre autres...) ; la poupée est un thème et un support du reste récurrents dans leur collection ; © ph. Annabel Sougné, Art et Marges, 2018.
Marion Oster est artiste, et collectionneuse, cette dernière casquette étant partagée avec son mari Ludovic, un féru de galeries, foires et autres Puces et brocantes. Leurs goûts se portent, pour une petite partie de leur collection, vers un art expressionniste contemporain, mâtiné d'art brut et d'art singulier. Ce qui correspond à une tendance actuelle – dont je ne suis que modérément friand, je m'empresse de le dire – qui identifie exclusivement dans l'art brut et singulier les mêmes composantes que dans l'art souffrant, l'art du pathos. Les corps se squelettisent, les tripes s'exhibent en toute impudeur, les êtres sont proches des cadavres, la personne se tord de douleur métaphysique ou pathologique... Parfois, comme dans le cas des œuvres de Stani Nitkowski, ce dernier étant très présent dans la collection des deux Oster, les corps sont en voie d'explosion (voir ci-contre expo à la coopérative Cérés Franco à Montolieu)... Et c'est vrai que la maladie, la mort, la détresse sont des sujets qui travaillent souvent par-dessous beaucoup d'artistes, au risque de sombrer dans une certaine forme de misérabilisme new look, analogue à l'attitude du blessé léchant ses plaies. Citons dans cette collection les œuvres de Michel Nedjar, Jean-Christophe Philippi, Ghislaine et Sylvain Staelens, Philippe Aini, Lubos Plny, Jean Rosset, Denis Pouppeville...
Lubos Plny, Galerie ABCD, Montreuil-sous-Bois.
Cependant, la collection Oster est loin de se limiter à ce néo-expressionnisme. Beaucoup d'anonymes en font partie aussi, sur lesquels je n'ai recueilli que peu de renseignements, mais qui prouvent l'enthousiasme sincère de nos deux amateurs d'art pour des œuvres sans se préoccuper d'un quelconque pedigree placé en amont. Ils sont ainsi capables d'acquérir un objet d'art forain qui les aura interpellés au détour d'un marché aux Puces, en raison de son apparente "barbarie". La force de l'objet prime avant tout. Marion et Ludovic ne s'encombrent pas de théorie de toute façon, l'oeuvre leur parle ou pas, et les choisit ou non, pour devenir une compagne de vie dont ils ne se séparent plus après acquisition.
Jeu d'art forain, coll. Marion et Ludovic Oster (acquis place du Jeu de Balle, non loin de chez Art et Marges à Bruxelles), ph. Bruno Montpied, 2017.
Une vue de la collection Oster, comme elle se présentait à l'époque de l'installation lyonnaise ; © ph. Annabel Sougné, Art et Marges, 2018.
Dans leur fourmillante collection, dont l'installation lorsqu'ils vivaient à Lyon côté Rhône a frappé tous ceux qui l'ont visité (et notamment les animateurs d'Art et Marges qui ont choisi du coup d'essayer d'en reconstituer l'aspect dans leur locaux de la rue Haute à Bruxelles), avec son apparence de grotte ou de crèche géante grouillant de formes, couleurs, aspérités, sinuosités dans lesquelles l'œil ne savait où se poser, comme errant dans un labyrinthe, on trouve aussi de plus énigmatiques créations. Comme celles d'Yves Jules, Angkasapura, Armand Avril, Babahoum, Ben Ali, Asmah, Bonaria Manca, Caroline Dahyot, Burland, Monchâtre, Giovanni Bosco, Guy Brunet, Jean Branciard, Jean Tourlonias, Juliette Zanon, Karl Beaudelère, Las Pinturitas, Martha Grünenwaldt, Monique Vigneaux, Ni Tanjung, Noël Fillaudeau, Paul Amar, Philippe Dereux, Pierre Albasser, Sylvain Corentin, Le Carré Galimard, Ted Gordon, etc. J'ai également l'honneur de figurer parmi toutes ces vedettes (l'œuvre ci-dessous provenant d'une expo à la galerie Dettinger-Mayer).
Mise à jour du 17 février :
On déplorera au passage que les animateurs d'Art et Marges, d'après ce que m'en ont dit des visiteurs présents au vernissage, n'aient pas jugé utile de placer des cartels à côté de chaque oeuvre afin de renseigner le public. Ce procédé peu respectueux des artistes et des créateurs se poursuit apparemment dans le catalogue où aucune information sur l'identité des artistes (certes nombreux) n'est apportée...
Un aspect limité de l'intérieur de la Villa Verveine décorée par son habitante, Caroline Dahyot (ph.B.M., 2018) ; cette dernière a monté une installation de ses diverses œuvres dans le cadre de l'exposition "Le Cœur au ventre", installation qui tente à chaque fois de restituer un peu l'ambiance unique du décor intérieur de son habitat à Ault (Somme).
Caroline Dahyot, Jamais tu ne te soumettras, tableau exposé au Petit Casino d'Ailleurs en 2018 ; personnellement, je trouve que l'art de Caroline n'est jamais mieux mis en valeur qu'en œuvres séparément exposées, et non accumulées comme dans ses installations ; ph. B.M.
Bruno Montpied, L'avenir menaçant², 31,5 x 24 cm, 2013, coll. Marion et Ludovic Oster, ph. B.M.
La naïveté pourrait tout aussi bien s'y faire une place dans cette collection, avec les poupées transformées, mais aussi les objets de piété éclairés par l'ingénuité de leurs auteurs, les ex-voto, les paperoles, les reliquaires (qui hésitent entre naïveté et morbidité, avec leurs bouts d'os considérés comme reliques adorées...), les petits tableaux sans prétention...
Œuvre anonyme acquise récemment par les Oster, une bergère, son mouton, son fuseau, son chien, broderie en fil chenillé et collage, sans date (XIXe sans doute) ; ph.B.M.
_____
¹ Marion Oster a animé également auparavant, cette fois à Paris, durant près de quinze ans, l'Espace Lucrèce dans le 17e ardt.
² A noter que ce titre pourrait faire figure de signe avant-coureur du titre du récent livre de Joël Gayraud, L'Homme sans horizon...
12:10 Publié dans Anonymes et inconnus de l'art, Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art naïf, Art populaire religieux, Art singulier, Art visionnaire | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art et marges, collection marion et ludovic oster, le cœur au ventre, poupées, monique vigneaux, néo-expressionnisme, art singulier, art brut, anonymes, art populaire, caroline dahyot, bruno montpied | Imprimer
18/11/2013
Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche
C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée:
Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à l'art brut au sens strict du mot, à part les premières plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 1947-48, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules édités depuis le début des années 1960 sous l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène, jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se référant également à des artistes singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettoïsant...
Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda
La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...)
Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux axée sur les arts populaires spontanés
Création Franche
Gazogène, le numéro plus récent, n°35
De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la Collection elle-même (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont édités conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui se caractérisent généralement par une certaine pauvreté de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés le plus souvent désargentés, indépendants des cercles professionnels du journalisme et de l'édition.
Il était cependant tentant d'aller porter un peu l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionnés en France –dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie– de faire de l'information sur les phénomènes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de la littérature ouvrière, des fous littéraires, des environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en France, et ce jusqu'à présent, de monter une grande publication périodique qui se consacrerait à l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spécialisées sur les arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement publié des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'Œil, Artension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou études publiés ici et là sur le thème des arts d'autodidactes inventifs.
Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013
Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numérisée sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des années 80 et 90).
Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès du Musée de la Création Franche.
00:27 Publié dans Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art inclassable, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Fous littéraires ou écrits bruts, Graffiti, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : fanzines, art brut, art singulier, surréalisme spontané, la chambre rouge, l'art immédiat, collection de l'art brut, création franche, crab, déborah couette, zon'art, ozenda, recoins, gazogène | Imprimer
17/07/2013
Une lettre de Paul Duchein à la ministre de la Culture Aurélie Filipetti sur l'occultation des ATP
A Madame Aurélie Filipetti,
Ministre de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois, 75033 Paris
Montauban, le 7/7/2013
Madame La Ministre,
Vous m'avez fait le grand honneur de m'accorder le titre d'officier dans l'ordre des Arts et Lettres ; cette décoration m'a été remise par Monsieur Henri Michel Comet, Préfet de la région Midi-Pyrénées. Je vous remercie infiniment pour cette haute distinction.
Depuis près de cinquante ans l'association dont je suis président présente au musée Ingres un exposition au cours de laquelle je m'efforce de faire cohabiter, souvent, des créations contemporaines avec des oeuvres d'Art Premier ou d'Art Populaire tout cela à titre bénévole.
J'ai d'ailleurs écrit un ouvrage La France des Arts Populaires paru aux éditions Privat et préfacé par Pierre Bonte.
Il se trouve que j'ai été assez proche des principaux acteurs qui ont conçu le musée des Arts et Traditions Populaires qui resta ouvert au public (notamment aux jeunes) jusqu'à sa fermeture il y a quelques années sous le prétexte qu'il serait transféré au MUCEM de Marseille ; or il n'en est rien.
Nous sommes nombreux à nous poser la question de savoir ce qu'il est advenu de ces collections. Or il est difficilement acceptable, dans un temps où nous devons plus que jamais retrouver nos racines pour resserrer le lien social, que ce musée soit rayé de la liste des établissements publics français.
N'attendons pas que d'autres (avec des arrière-pensées populistes) viennent nous donner des leçons pour nous apprendre à savoir d'où nous venons.
Nous sommes nombreux à déplorer cette fermeture, certains petits musées privés tentent, avec très peu de moyens, de faire revivre ces objets porteurs de poésie, quelquefois de mystère, mais derniers témoins d'un mode de vie qui a totalement changé.
Vous voudrez bien excuser cette démarche, mais je vous sais attentive aux choses simples qui ont un sens et qui témoignent de notre passé.
Sans doute le qualificatif de "populaire" associé aux objets les dévalorise aux yeux d'une partie du public qui les méconnaît. Cependant au cours de conférences avec projections, j'ai été ravi de constater que les spectateurs étaient enthousiasmés par la qualité des pièces présentées. A côté des objets utilitaires, des créateurs anonymes nous ont laissé des œuvres surprenantes et dignes d'admiration par le pouvoir créatif et imaginatif qui les anime.
Cet objet incroyable de 67,5 x 54 cm, probablement créé à la fin du XIXe siècle, décrit par Philippe Audouin dans L'Archibras n°1 en 1967, a été republié dans le livre La France des arts Populaires de Paul Duchein ; ne pourrait-il s'agir d'une œuvre créée en milieu psychiatrique? En tout cas, c'est une pièce d'une incontestable originalité, en tous points égale en qualité au "Nouveau monde" de Francesco Toris, cette magnifique sculpture d'assemblage en os, montrée récemment à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l'exposition "Banditi dell'Arte"
D'ailleurs je prépare une exposition "Le regard ébloui" dans laquelle des artistes plasticiens loin de toute culture vont dialoguer avec d'insolites objets "d'art populaire". J'ai eu le grand privilège de déménager la maison d'André Breton à St-Cirq-Lapopie et certains objets viendront de là.
Veuillez agréer, Madame la Ministre, l'assurance de mes respectueuses salutations.
Paul Duchein
05:42 Publié dans Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Confrontations, Questionnements, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pau duchein, aurélie filipetti, mucem, atp, philippe audouin, l'archibras n°1 | Imprimer
16/06/2013
Un coup de sang de Pat Atarte concernant le MUCEM (à rebaptiser MUCM...)
Je relis avec un tendre sourire en coin cette note déjà ancienne où vous exprimiez votre espoir de pouvoir un jour contempler de nouveau les merveilleuses collections du musée des ATP au fameux MUCEM qui tardait alors à sortir de terre. Eh bien nous y sommes. Le MUCEM est né, il est inauguré, et le tendre sourire se transforme en rictus.
Ce MUCEM n'est qu'un fantasme de conservateur bilieux rendu fou par sa haine du public. Les collections des ATP sont invisibles. Elles y sont, paraît-il, mais enfouies, cachées au fond des réserves, inaccessibles hormis à quelques chercheurs qui devront montrer patte blanche. Dans ATP, il y a tradition et il y a populaire, deux mots absolument détestables sans doute pour les politiciens invertébrés qui font la culture, et qu'il faut surtout arracher à la conscience du public - et que l'on continue d'offrir, au passage, par la même occasion, à l'extrême droite comme on lui a offert sur un plateau, il y a quelques années, celui de laïcité.
Surtout, oublions le rapport sensuel à l'objet, à la fois creuset et produit de l'imaginaire! Surtout, que le peuple, s'il existe encore, ne voie pas les beaux meubles paysans qu'on fabriquait avec dix bouts de bois et deux outils ruraux, sans aide de la force électrique, il y a deux cents ans, et qui tiennent encore debout aujourd'hui! Que le simple fait de se fabriquer un coffre où mettre ses pauvres vêtements continue de paraitre à tous tellement compliqué, et IKEA sera bien gardé! Qu'on enfouisse au plus profond de l'oubli l'idée même de décoration, qui ennoblissait tous ces objets du quotidien et élevait l'âme de leurs utilisateurs, car son rappel risquerait d'anéantir l'esthétique carcérale du design imposée aux masses comme solution aliénante! Qu'on oublie vite tous ces outils qui libéraient au lieu d'asservir! Et qu'on oublie vite le pauvre Georges-Henri Rivière et toute son ingénieuse muséographie, au besoin en le canonisant au passage, pour définitivement anéantir son ouvrage!
Pat Atarte
Note du rédacteur du blog:
J'éviterais de me prononcer trop catégoriquement contre le MUCEM en question, ne l'ayant pas encore visité (attendons que les foules téléguidées par média interposés se soient évanouies, déjà on nous dit qu'elles se contentent des promenades et des panoramas offerts par les passerelles et les points de vue du nouveau site), et restant curieux de la richesse des cultures populaires méditerranéennes (une très belle charette sicilienne entièrement sculptée et peinte est ainsi montrée semble-t-il dans la collection permanente, transfuge peut-être de l'ancien Musée de l'Homme parisien où l'on pouvait en voir une, très belle, dans le département Ethnologie européenne). Je suis d'accord avec Atarte cependant, quant à sa dénonciation de la bureaucratie ethnologiste qui se détourne des objets façonnés poétiquement par le peuple préférant se concentrer sur le discours plutôt que sur l'objet. Et surtout, je soulignerai pour le moment le fait que la dénomination Musée des Civilisations d'Europe et de Méditerranée impliquerait a priori qu'on puisse y découvrir, à côté de la culture populaire méditerranéenne, les arts et traditions populaires d'Europe de l'ouest, du nord et de l'est, sous peine de devoir plutôt se limiter à l'appeler le MUCM. Cela me confirme dans ce que je subodorais dans ma note sur l'expo de 2011 de "Morceaux exquis" à savoir que le projet du MUCEM était peut-être trop grandiose. A vouloir trop embrasser, trop mal étreint...?
Charette sicilienne amenée au Canada par son propriétaire Joseph Pillitteri en 1962, ph. Musée canadien des Civilisations
10:35 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art populaire religieux, Questionnements | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pat atarte, mucem, atp, arts et traditions populaires, méditerranée, europe, extrême droite, charettes siciliennes, joseph pilliterri, musée canadien des civilisations | Imprimer
03/03/2013
Tirer sur l'art
Il faut se presser si vous n'avez pas encore eu l'occasion de visiter le musée de la Chasse et de la Nature dans le IIIe ardt parisien, ses collections permanentes organisées en envoûtant cabinet de curiosités (licorne, plafonds tapissés de plumes et d'animaux empaillés, sa salle des trophées où surgissent des murs des dizaines et des dizaines de museaux d'animaux) et surtout son exposition actuelle, intitulée "Cibles", qui se terminera le 31 mars (le musée bien entendu sera toujours disponible aux visiteurs après, mais il sera organisé sans les cibles qui sont actuellement disséminées dans les diverses salles, mêlées aux objets et aux animaux naturalisés, des lions, des ours, un sanglier qui se cachent au détour des murs...).
Lions regardant une vidéo de l'exposition "Cibles", ph. Bruno Montpied, 2013 ; (ci-dessus plafond aux chouettes, et bison de la salle des trophées, au Musée de la Chasse et de la Nature)
Détail d'une cible peinte, allégorie du soleil, 1660, huile sur bois, diam 112 cm, Tittmoning, Heimathaus Rupertiwinkel, expo "Cibles" au Musée de la Chasse et de la Nature
Elle a trait (c'est le cas de le dire) aux sociétés de tir qui commandaient, à l'occasion de joutes et de fêtes, des cibles peintes à des artistes locaux, restés le plus souvent anonymes, dans différents pays d'Europe Centrale, région du monde d'où semble issue cette tradition qui remonte au moins à la fin du Moyen-Âge. C'était à la fois "des souvenirs et des trophées", explique Gilbert Titeux, dans un texte du catalogue (qui constitue une rare, et bien tardive documentation sur un sujet pourtant passionnant qui soit disponible en français). Il précise également: "Une fois trouées des balles des tireurs (...) elles étaient ensuite soit offertes en trophée aux gagnants, soit conservées en souvenir par les confréries organisatrices des concours concernés". Ceci explique peut-être que les cibles exposées au musée de la Chasse et de la Nature ne paraissent pas si abîmées que cela en définitive (certaines cibles étaient rebouchées pour pouvoir servir plus longtemps).
Sérénade, signée I.I. , 61x76 cm, 1839, cible peinte à l'huile sur bois, Banska Stiavnica, République tchéque (image empruntée au livre d'Anne Braun, Historische Zielscheiben, de 1981 ; il s'agit ici d'une cible peut-être plus franchement naïve que celles qu'on voit dans l'expo du Musée de la Chasse et de la Nature, qui manifestent un savoir-faire réaliste plus élaboré et plus baroque ; les cibles tchèques de la collection de Banska Stiavnica paraissent du reste nettement plus naïves que dans d'autres collections)
Claude d'Anthenaise, le commissaire de l'exposition, de son côté, met le doigt sur une dimension anthropologique de ces tirs sur œuvres-cibles : "On ne tire pas sur la mort ou le diable mais bien sur ce que l'on désire. En effet, il s'agit moins d'éliminer que de saisir, d'anéantir que de posséder. Une des grandes fonctions de l'art depuis les origines consiste en "la capture par l'image". De ce point de vue, la cible peinte pourrait en être le développement ultime dans la mesure où, à travers sa destruction, le tireur vise l'appropriation de la réalité que l'image représente". C'est la même problématique qui est développée par Annie Le Brun qui signe le texte initial du catalogue.
Autre exemple de cible dont la naïveté touche ici presque à l'art dit brut ; celle-ci, évoquant un mariage, empruntée également au livre d'Anne Braun cité ci-dessus (et non exposée au Musée de la Chasse et de la Nature), date de 1804, faisant 112x112 cm, et provient du Schützenmuseum de Berne
Une remarque cependant. Les auteurs soulignent l'appartenance géographique des cibles peintes comme étant prépondérante dans les pays germaniques et d'Europe Centrale, ne citant qu'un seul lieu en France qui conserve des cibles peintes (un musée de l'archerie dans le Valois), par ailleurs plutôt pauvres picturalement parlant. Il existe pourtant en France au moins une autre collection, celle du Cercle de tir de Chemazé en Mayenne, rassemblant des cibles assez naïves s'échelonnant de 1842 à 1972, que j'ai eu l'occasion de signaler déjà ici lorsque j'ai évoqué l'année dernière la parution du n° 119 de la revue 303, spécial art brut et art outsider, où Eva Prouteau signait un article à son sujet (après celui de Pascale Mitonneau paru dans un numéro plus ancien de la même revue, le n°78, en 2003). Il est vrai que Pascale Mitonneau soulignait dans son article la rareté d'une telle collection, qu'une conservatice des ATP le lui avait confirmée paraît-il. Cela me surprend quelque peu cependant, car on voit ici ou là en brocante - pas souvent, c'est vrai - ou dans des collections privées réapparaître des cibles. Elles relèvent parfois plutôt de l'art forain, étant peut-être des cibles de stands de tir. Ou comme celle que j'insère ici (signalée récemment par le brocanteur Philippe Lalane), elles proviennent peut-être de bistrots, où elles furent bricolées par besoin de divertissement (jeu de fléchettes), d'une manière qui fait beaucoup penser aux fabrications de fanny pour les jeux de boules. Il reste qu'il paraît étonnant qu'il ne se soit pas trouvé en France d'autres cercles de tireurs qui aient généré des cibles peintes. Pourquoi des cibles n'auraient-elles été créées qu'au fond de la Mayenne?
Cible pour fléchettes, ph. Philippe Lalane (le coeur en bois blanc est évidemment une restauration)
12:17 Publié dans Art forain, Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : musée de la chasse et de la nature, exposition cibles, annie le brun, claude d'anthenaise, gilbert titeux, tir sur cibles peintes, art populaire insolite, cibles foraines, cercle de chemazé, 303, eva prouteau, pascale mitonneau | Imprimer
12/02/2012
"303" n°119
C'est bien énigmatique comme titre, n'est-ce pas?
303, arts, recherches et créations est en réalité le titre complet de cette belle revue qui existe depuis au moins trente ans, financée par la région des Pays de la Loire, dans un premier temps consacrée en grande partie au patrimoine de cette région, puis depuis quelques années plus spécialement à la recherche en art. Le n°119, daté de janvier dernier, est un numéro spécial "art brut, outsider, modeste", concocté par Eva Prouteau qui collabore régulièrement à la revue.
Au sommaire, on n'a pas joué forcément la carte du foisonnement comme ce fut le cas lors du numéro spécial de la revue Area sur le même sujet l'année dernière. Les textes sont plus longs que dans ce dernier magazine qui privilégie les entretiens synthétiques plutôt que les textes de fond. Eva Prouteau a préféré placer l'éclairage sur certains points permettant de souligner l'éclectisme des productions classées avec plus ou moins de rigueur dans l'art soi-disant "brut", toutes relevant cependant d'une forme de poésie singulière. Derrière son entreprise de "décloisonnement" des catégories et des appellations –ce qui ne signifie pas pour elle confusion des genres et des catégories, mais plutôt besoin d'établir des passerelles dans le respect de la valeur des uns et des autres– on sent chez elle un goût marqué pour les petites collections secrètes, notamment d'art populaire insolite, comme celle du musée des traditions de la Guérinière à Noirmoutier, ou celle des cibles de tir du Cercle de Chemazé (sud de la Mayenne ; déjà évoquées par Pascale Mitonneau dans le n°78 de la même revue 303 en 2003 avec des illustrations différentes), passionnantes œuvres d'art forain destinées à être criblées de balles, goût également apparent lorsqu'elle évoque avec sagacité l'existence de la Folk Archive, ce collectage par la photographie de "formes esthétiques non valorisées" (graffiti, sculptures de sable, motos et voitures customisées, épouvantails... Que des sujets que sur ce blog nous prisons particulièrement comme nos lecteurs l'ont sûrement remarqué) établi par deux artistes anglais, Jeremy Deller et Allan Kane. Il est aussi question ici et là dans la revue de l'art des douilles d'obus ciselées par les Poilus (article de Laurent Tixador et Eva Prouteau), et aussi d'un environnement belge, celui de Jean-Pierre Schetz, à Jupille, prés de Liège (dont Brigitte Van Den Bossche, collaboratrice du MADmusée dans cette dernière ville, auteur de l'article dans 303 a contribué à sauver des vestiges à la Fabuloserie, comme je l'avais constaté en juillet dernier –voir également la note que j'avais consacrée à ce site sur ce blog ; les quelques sculptures conservées par Caroline Bourbonnais ont été installées sur une sorte de ponton)
Le cochon, 1963, contreplaqué, collection des cibles de l'Union de Chemazé, photo extraite du n°78 de la revue 303 (article de Pascale Mitonneau) en septembre 2003
Cible peinte, collection Jean Estaque, ph. Bruno Montpied, 2009 (collection donc distincte de la collection des cibles de Chemazé)
Fragments préservés de Jean-Pierre Schetz à la Fabuloserie dans le parc d'environnements, et au loin les statues de Camille Vidal, ph. BM, 2011 (ceci n'est pas dans le n° spécial de 303)
A propos d'environnements, j'ai participé à ce numéro avec deux textes, l'un sur les sites d'habitants-paysagistes dans les Pays de la Loire (Aux jardins des délices populaires, texte où sont évoqués Louis Licois, Marcel Baudouin, Camille Jamain, Emile Taugourdeau, André Pailloux, Michel Chauvé, Henri Travert, Bernard Roux, et les maisons de Rossetti et Pennier dans la périphérie du Mans), plus un autre sur Armand Goupil, ce peintre amateur étonnant, ancien instituteur, originaire de la Sarthe, dont j'ai déjà eu l'occasion de donner sur ce blog maints autres aperçus.
Armand Goupil, Barbe blanche, 11-X-61, huile sur carton, rassemblement Jean-Philippe Reverdy (image inédite, non publiée dans le numéro de 303)
Laurent Danchin publie une contribution à propos de la distinction à faire selon lui dans l'art des médiumniques entre les créateurs savants et les créateurs plus populaires. Oubliant peut-être de préciser que l'art brut n'a pas insisté sur cette distinction parce que ses thuriféraires cherchant à mettre en évidence l'existence d'un art intime, surgi des profondeurs de l'inconscient, n'avaient que faire d'opérer de telles distinctions (de même qu'entre art des fous et art des non-fous). En fait, l'intervention de Danchin participe d'une remise en cause de la validité conceptuelle de l'art brut, ce qui peut paraître surprenant de la part de quelqu'un qui fait désormais partie du comité consultatif de la collection d'Art Brut à Lausanne. Personnellement, dans l'art des médiumniques, à qui je trouve généralement de l'unité, (s'il fallait opérer des distinctions, ce serait plutôt au niveau formel, les architectures, les symétrisations d'Augustin Lesage, Fleury-Joseph Crépin, Victor Simon d'un côté, face aux sinuosités botaniques des spirites tchèques par exemple), dans l'art des médiumniques donc, je trouve un raffinement qui n'est lui pas plus le fait des autodidactes populaires que des savants en rupture de ban (comme Victorien Sardou ou Marguerite Burnat-Provins), provenant en fait plutôt du recours à l'automatisme graphique, ce qui avait fasciné André Breton en 1933 (dans Le Message automatique), mais n'avait pas empêché un peintre comme André Masson de pratiquer le dit automatisme dans son dessin et sa peinture dès les années 20.
Cecilie Markova, sans titre, daté 22-5-1960, coll. BM (illustration non insérée dans le numéro de 303)
Ce numéro se focalise sur certains autres points, les écrits de Chaissac, l'art d'Hélène Reimann, le point de vue de Savine Faupin sur la réouverture du LaM avec son extension vouée à l'art brut, et surtout avec son opinion sur l'art brut aujourd'hui, cohérente avec la position d'une conservatrice de musée. Ce qu'elle dit de la façon dont André Breton envisageait l'art brut, et de son clivage avec Dubuffet me paraît discutable mais ce serait trop long d'en parler ici.
Hélène Reimann, sans titre, avant 1987, donation L'Aracine, LaM de Villeneuve-d'Ascq ; reproduit dans 303
La coordonnatrice de ce numéro a également donné l'occasion à Jean-Louis Lanoux alias Animula Vagula (le pseudo a été révélé publiquement sur internet) de se lancer dans un grand numéro impérialiste de "mère des blogs" qu'il espère sans doute, comme à son habitude, masquer sous l'humour (jamais exempt de coups de pied de l'âne). Le chapeau de cette intervention intitulée "les Dérives d'Animula Vagula" définit comment, avec sa femme Catherine Edelman, il a orienté leur projet de blog fin 2005, en élaborant une autofiction campant une "jeune blogueuse affairée" imaginaire, "qui adore jouer avec les codes identitaires de la blogosphère"... [Ce chapeau, rédigé par l'éditeur du dossier sans que cela soit indiqué par un artifice typographique distinctif – voir commentaire de J2L ci-après – reflète assez bien le concept du blog animulesque selon moi, à tel point qu'y sentant à ce point l'influence des auteurs de ce blog, je suis fondé à considérer ce chapeau comme étant écrit par eux...]. Lanoux cherchant ainsi comme souvent à paraître rester "djeune", non déconnecté de la réalité, toujours "in", comme on disait autrefois. Cette explication permet aussi, bénéfice secondaire, de noyer le fait que ce genre de "cybercarnet" n'est en réalité qu'un support d'expression nouveau pour des intellectuels marginaux qui faisaient auparavant, par exemple, des fanzines tapés à la machine, et qui, désolé Jean-Louis, pour le coup, l'avaient du reste cette fois précédé, en particulier dans l'intérêt pour les formes d'art populaire les plus hétéroclites ("Animula" ne cesse de le répéter, elle se veut la prem's, belle imposture). "Mère des blogs", tu parles! Sa dérive dérape vite dans le gonflage de chevilles (comme il s'en aperçoit d'ailleurs, car il est lucide le bougre, trop peut-être), et dans un narcissisme échevelé dont le lecteur n'a que faire. Laissons-le se caresser avec ces qualifications de "référence dans le monde de l'art brut" et passons à autre chose.
On regrettera dans ce numéro spécial, au chapitre des absents, qu'on n'ait pas plutôt interrogé ou demandé des contributions à la Collection ABCD qui s'interroge sur l'art brut aujourd'hui, ou bien qu'on ne se soit pas intéressé à l'évolution, en direction de l'art singulier, du musée d'art naïf de Laval, musée de la région des pays de la Loire pourtant. Etait-ce par manque de place? Le numéro en l'état actuel suscitera déjà, rien que dans les régions ouest, de bien fécondes questions sur les nouvelles façons d'envisager et de pratiquer l'art aujourd'hui.
A signaler le samedi 21 avril, au Lieu Unique à Nantes, la présentation de la revue, dans le cadre d'un "week-end singulier" organisé par Patrick Gyger (auteur également dans la revue d'un article sur Daniel Johnston), où sera également projeté le film Bricoleurs de Paradis, Le Gazouillis des éléphants de Remy Ricordeau, avec un débat pour suivre, animé par Eva Prouteau. Durant la période du 7 mars au 20 mai, se tiendra au Lieu unique une expo consacrée à Daniel Johnston, Welcome to my world! D'autres intervenants sont également annoncés durant ce week-end comme Bruno Decharme, Barbara Safarova, Mario Del Curto, etc. Voir le site web du Lieu unique.
12:47 Publié dans Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Marine populaire et singulière | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : 303, eva prouteau, cibles de chemazé, art brut, art immédiat, art singulier, bruno montpied, laurent danchin, armand goupil, animula vagula, jean-louis lanoux, cecilie markova, art médiumnique, brigitte van den bossche, environnements spontanés, lam de villeneuve-d'ascq, hélène reimann, lieu unique | Imprimer
30/10/2011
Une collection d'art immédiat dans "L'Or aux 13 îles" n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain
L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).
Voici que paraît son n°2 (cliquez sur ce lien et vous obtiendrez le formulaire de commande du numéro, voire des deux numéros), cette fois dominé par un thème "L'homme hanté par l'animal". Jean-Christophe Belotti est toujours aux commandes du navire, Vincent Lefèvre est toujours le maquettiste, élément important qui assure à la revue sa belle et élégante livrée. Le sommaire est varié, après une introduction de Belotti sur le pourquoi du comment du thème choisi, qu'il a illustrée de fort charmantes cibles foraines tchécoslovaques, on découvre les magnifiques photographies d'oiseaux naturalisés de Pierre Bérenger qu'il fit à la fin des années 1960 dans les locaux alors désaffectés du Museum d'Histoire Naturelle, avant que ce dernier lieu ne soit restauré et transformé en Grande Galerie de l'Evolution (comme le rappelle François-René Simon dans son texte de présentation). Suivent divers textes de Vincent Bounoure, Anne Fourreau et Jean-Yves Bériou. Je m'arrête plus particulièrement sur les dessins d'une certaine Mélanie Delattre-Vogt.
Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal.
Des poèmes inédits de Guy Cabanel sont flanqués d'aquarelles d'Aloys Zötl, extraites du livre de Victor Francés récemment paru aux éditions Langlaude (Contrées d'Aloys Zötl, à un prix défiant toute concurrence grâce à des Chinois sous-payés), cet obscur teinturier autrichien qui se passionna de 1831 à 1887 pour des animaux qu'il dessinait plus réels qu'en vérité, les plaçant dans des décors naturels peu réalistes mais somptueusement veloutés et d'une puissance de suggestion sur l'imagination à nulle autre pareille.
Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle. Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir comme rôdeurs dans ces parages...
A noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.
Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.
20:29 Publié dans Art Brut, Art de l'enfance, Art forain, Art immédiat, Art inclassable, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art populaire insolite, Art singulier, Confrontations, Environnements populaires spontanés, Littérature, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : l'or aux 13 îles n°2, jean-christophe belotti, art immédiat, bruno montpied, armand goupil, marilena pelosi, joël lorand, gérald stehr, hérold jeune, la passerelle, maugri, jean-lous cerisier, charles lacombe, sefolosha, émilie henry, louis roy, art naïf, lobanov, donadello, sirènes, manero, ruzena, bernard javoy, serge paillard, monique le chapelain, pépé vignes, paul duhem, javier mayoral, guy girard | Imprimer
03/09/2011
Un corps exquis en morceaux
Il n'y a pas à barguigner, l'expo qui s'achèvera le 25 septembre à l'Espace Fondation EDF, rue Récamier à Paris dans le 6e ardt, est un fort beau cabinet de curiosités. Le prétexte de ce rassemblement d'objets insolites, venus de divers arts populaires autour de la Méditerranée, est le corps, à travers les objets, mais aussi les dictons ou proverbes piochés dans des langues elles aussi diverses. Voici du reste un petit florilège de ces proverbes ou maximes:
Un cerveau vide est la boutique du diable (anglais) ; Quand tu traverses le pays des aveugles, ferme un oeil (roumain) ; Écoute ce qui est bien dit, même venant d'un ennemi (grec) ; La timidité est la prison du coeur (espagnol) ; Le plus grand ennemi de l'homme, c'est son ventre (arabe) ; La vie d'un homme est semblable à un oeuf dans les mains d'un enfant (portugais) ; Le mensonge a les jambes courtes, il n'ira pas loin (tchèque) ; La beauté est à fleur de peau mais la laideur va jusqu'à l'os (anglais).
Mais c'est en même temps une surprise que de voir tout à coup resurgir dans cette exposition des objets extirpés des collections de l'ancien musée des arts et traditions populaires, autrefois ouvert au public dans le bois de Boulogne et maintenant, selon la rumeur, embastillée dans des caisses ou des entrepôts on ne sait trop où, entre Paris et Marseille. Sur le web, pendant plusieurs années (depuis 2003, je crois), on avait l'impression que le nouveau musée, rebaptisé de l'acronyme ronflant de MUCEM (Musée des Civilisations Européennes et Méditerranéennes), n'était qu'une réalisation virtuelle, tant le chantier du nouveau bâtiment transparent conçu par l'architecte Ricciotti tardait à sortir de terre. La collection incroyablement riche des ex-ATP, armoires normandes, pichets berrichons, poteries berbères, charettes siciliennes, objets de dévotion, quilles de conscrits, ouvrages en cheveux, ex-voto yougoslaves, etc., végètait depuis pas mal de temps, attendant l'année 2013 et le projet de Marseille ville de la culture.
Chantier du MUCEM à côté du fort St-Jean, près du port de Marseille, ph. A. Laurençon-Picca
Justifié par l'ambition de bâtir un trait d'union muséal entre civilisations populaires du sud et du nord, le nouveau musée a vu cependant sa première pierre posée par Frédéric Mitterrand en 2009. Le chantier a commencé... Mais n'est-ce pas un rêve un peu trop grand? Surtout à l'heure où l'indifférence pour la culture populaire ancienne, la rurale, paraît atteindre des sommets. Curieusement, le MIAM, Musée International des Art Modestes, au projet très voisin de certains du MUCEM (un des collectionneurs-fondateurs du MIAM, Bernard Belluc a du reste monté une petite exposition, vers 2006, dans des locaux provisoires du nouveau MUCEM au fort St-Jean), MIAM lui aussi implanté dans le Midi, à Sète, avec des ambitions plus... modestes, réussit davantage à faire connaître son discours auprès des amateurs d'art populaire contemporain. Peut-être parce qu'il est avant tout affaire de gens passionnés et réalistes (Di Rosa, Belluc, Pascal Saumade), et non de bureaucrates caressant du fond de leurs placards des rêves mégalos seulement destinés à se faire bien voir d'une poignée de professionnels muséaux, et plus secrètement encore, de la part des politiques (François Fillon a réaffirmé son soutien à la création du MUCEM), destinés à couvrir d'un voile culturel le désir de donner un coup d'accélérateur libéral au marché étendu à une nouvelle Méditerranée des "printemps arabes".
Il est cependant agréable de revoir certains objets resurgis des malles et des coffres où on les avait enfouis dans cette expo de "Morceaux exquis": Cape de pluie sarde tressée de pailles, hésitant entre l'apparence d'une figure de carnaval quotidien et un épouvantail noyé dans la brume, coloquinte en forme de nez de Pinocchio (ci-dessous, provenant de France, XVIIIe-XIXe siècle, cliché Christophe Fouin, coll MUCEM), œil amulette, ex-voto d'argent ou de cire, dessins du bagnard Lagrange, chefs-d'œuvre de sabotier, poupée d'envoûtement, pain sculpté de Calabre, têtes de marionnettes, accessoire pédologique insolite de clown, enseigne de gantier à la main rouge géante (prêtée par le musée rural des arts populaires de Laduz, enfin reconnu à sa juste valeur ici, pour la qualité de ses collections), et en particulier parmi tant d'autres objets insolites, deux sculptures, celles d'Adam et Eve par le sculpteur autodidacte Fernand Duplan (ci-dessous, pierre sculptée et peinte vers 1970 à Ruoms en Ardèche, coll MUCEM, © Christophe Fouin), et un outil sculpté de Xavier Parguey, qui entra avec d'autres œuvres dans la collection initiale d'art brut de Jean Dubuffet, avant d'y être oublié...
Pupazza, femme à trois seins, pain sculpté, provenance Calabre, vers 1960, dépôt du Musée de l'Homme, © MUCEM, ph Christophe Fouin
Dommage cependant que le catalogue ait été conçu de façon vraiment un peu trop cheap, dans une maquette des plus banales, et surtout sans beaucoup d'illustrations.
15:29 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Confrontations, Curiosités, modifications et divertissements langa, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fondation edf, morceaux exquis, mucem, marseille 2013, miam, fernand duplan, xavier parguey, art populaire, musée de laduz | Imprimer
28/05/2011
Du côté des créatifs: Coco Fronsac et ses images cuisinées
Grâce à l'ami Philippe Lalanovitch, j'ai été mis sur le rail qui mène au blog aux multiples et variés albums d'images créées par Coco Fronsac, artiste qui manipule les objets et les images, la plupart chinés dans les brocantes qu'elle paraît hanter. Voici la liste de ces albums dans lesquels il est fort instructif d'aller zig-zaguer: Vision négative, les ex-voto de Coco Fronsac, les photos spirites de Coco Fronsac, the Zelda's sexy-girls, La mort n'en saura rien, les reliquaires de Coco Fronsac, Vive la mariée, les Momies de C.F., les poupées de C.F., les chamanes de C.F., l'érotisme sous globes de C.F., une image dans une autre par C.F., le cabinet de curiosités de C.F., les collages de C.F., les petites filles modèles de C.F...
Coco Fronsac, Quand est-ce qu'on mange?, collage, "une image dans l'autre"
Une des techniques préférées de l'auteur est le collage, par exemple du positif sur des négatifs, ou bien un fragment d'image posé sur une autre dans laquelle elle introduit un vacillement du sens, soutenu par un goût sans faille des accords de couleurs. Le "collage" peut s'exécuter aussi par le détour d'un gouachage plaqué sur des têtes de personnages qui posent sur des anciennes photos en noir et blanc dont l'artiste paraît avoir une collection illimitée. On est là à nouveau dans un goût de la modification moqueuse, et de la démystification, genre prisé de beaucoup d'artistes modernes (il y aurait d'ailleurs un beau projet d'exposition à monter sur ce thème, le "détournement et la modification dans l'art").
Coco Fronsac, "St-André Breton", ex-voto
Coco Fronsac, le facteur, ex-voto
Mais le collage s'étend aussi à la troisième dimension par des "reliquaires de voyage", des hommages à diverses figures tutélaires (dont l'André Breton que je lui emprunte ici, ou un Facteur Cheval) qu'elle appelle "ex-voto" ; des globes érotiques, des fausses pièces d'art premier, etc. La peinture est aussi mise à contribution dans son "cabinet de curiosités" où des portraits voulus bizarres évoquent parfois un art forain super-déviant.
Coco Fronsac, Curiosités
On sent que toute l'imagerie ancienne pourrait par contamination progressive passer ainsi à la moulinette de Coco Fronsac...
Coco Fronsac expose à Paris prochainement, expo "Chahut" à la galerie UN LIVRE UNE IMAGE (consacrée à la photographie), 17, rue Alexandre Dumas, Paris XIe. Du 10 juin au 2 juillet, vernissage le 9 juin de 16h30 à 21h. TLJ sauf dimanche de 14h à 19h.
17:02 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art singulier, Confrontations, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : coco fronsac, images modifiées, modification et détournement, collage, reliquaires, poupées, photographie spirite, ex-voto, andré breton, facteur cheval | Imprimer
01/01/2010
Suggestion pour des cercueils imagés à la française
Entré un peu par erreur dans le Grand Palais à Paris en croyant y trouver une exposition d'art forain (quelques figures de carrousel - ânes, chevaux, cochons, dragon, éléphant... - venues du musée des arts forains de Bercy étant bien présentes, maigres cautions artistiques), j'ai découvert qu'il s'agissait surtout d'une banale fête foraine. J'ai erré sous la verrière Belle Epoque, certes chef-d'oeuvre de l'architecture métallique fin XIXe, en grignotant des bons churros et autres gaufres belges.
Une révélation m'est alors venue: si l'on devait imaginer des cercueils où enterrer nos contemporains, comme au Ghana, les ânes et les cochons à la Bayol seraient tout indiqués... Un dernier tour de manège et, la comédie finie, au lit, ou plutôt au trou !
20:57 Publié dans Art forain | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art forain, cercueils du ghana | Imprimer
02/11/2009
Art forain à l'Abbaye de Fontevraud
"De la plus grande abbaye d'Europe, de la plus sale prison de France, nous pensons bien à toi, au coeur d'une magnifique collection d'art forain.
A bientôt à la Bastoche, Nini peau de chien."
L'Arche des animaux, l'art forain à l'Abbaye de Fontevraud [d'après la collection Marchal de chevaux de carrousels], exposition du 26 juin au 8 novembre 2009. A noter que cette exposition, bientôt close, faisait partie d'un ensemble plus vaste sur les voyages dans les mondes imaginaires.
11:05 Publié dans Art forain | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art forain, fontevraud, collection marchal, nini peau de chien | Imprimer