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28/02/2009

Pensons-nous à la même chose?

     Oui, pensons-nous à la même interprétation devant une image sans identification précise, image qui sollicite l'imagination? Je propose un jeu encore, dire ce que l'on voit dans l'image insérée ci-dessous. Je donnerai, seulement au bout d'un moment, ma propre interprétation (le titre de la photo qui existe donc avant les interprétations des lecteurs que j'espère voir venir). A mes yeux, c'est évident (surtout dans ce cadrage resserré sur un seul détail au sein d'une série de formes dûes à un raclement). Mais "l'évidence" est-elle la même pour tous?

       Donc, pour vous que représente cette image?

Photo Bruno Montpied, Brioude, 2007.jpg
Photo Bruno Montpied, Brioude, 2007

 

27/02/2009

Dessus de nez et je le prouve

    Voici le nez qui va avec ce que M.Zébulon prend pour des fesses (moi, je ne trouve pas ça dégoûtant, des fesses), et que M.Fatta (Morgana?) prend pour une peinture de J-P.Paraggio (rapport entre les deux? Le dessus de nez en question)...

Photo B.Montpied.jpg
Photo B.Montpied, 2008
    Il est vrai qu'il y a tellement de choses cachées sur un visage. Avez-vous déjà regardé le nez de Gérard Depardieu par exemple? Ca se voit comme le nez au milieu de la figure, dit-on. Dans son cas, ça en devient insupportable, cet appendice qui devient d'un coup obscène, pendu là au milieu du visage, tous les jours, qui regarde le monde de son unique oeil entêté.

22/02/2009

Hypnos, images et inconscients en Europe 1900-1949

 Man Ray,Marquise Casati, 1922, Galerie Marion Meyer, Paris, copyright Man Ray Trust Adagp Paris, 2009, Photo Marc Domage.jpg   Le 14 mars, débutera une exposition qui nous intéresse vivement au Musée de l'Hospice Comtesse, à Lille, Hypnos, images et inconscients, 1900-1949. Organisée par les conservateurs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq, Savine Faupin, Christophe Boulanger et Nicolas Surlapierre, en collaboration avec Lorand Hegyi, le directeur du musée d'art moderne de Saint-Etienne, l'exposition se propose de montrer comment de nombreux artistes des premières décennies du XXe siècle se sont emparés de la notion d'inconscient, l'interprétant ou se l'appropriant. La notion était alors une révélation suite aux travaux de Sigmund Freud à Vienne. L'exposition ne se veut pas moins qu'une "contribution à l'histoire de l'inconscient visuel". On se dit: chiche, mais il faudra voir les résultats in situ. Car les images de l'inconscient sont fort multiples et variées.

Frantisek Drtikol, Le cri, 1927 MNAM, Centre Georges Pompidou, Paris. Dist.RMN, copyright Jacques Faujour, copyright DR.jpg

Frantisek Drtikol, Le cri, 1927, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Dist. RMN, © Jacques Faujour © DR

    Trois thèmes chronologiques structurent la manifestation, "le cosmos intériorisé (1900-1918)", "une géopoétique de l'inconscient: Berlin, Budapest, Cologne, Paris, Prague, Zürich (1918-1933)" et "l'heure dangereuse (1933-1949). Selon ces thèmes, on retrouve là des domaines qui ont déjà fait l'objet de passionnantes expositions précédemment montées ailleurs, comme l'art des spirites (la Halle Saint-Pierre notamment a monté deux expositions sur le thème, l'art médiumnique et l'art des spirites tchèques de la région des Monts des Géants et du musée de Nova Paka) Jan Tona,sans titre, musée municipal de Nova Paka, expo L'art brut tchèque, Halle Saint-Pierre, 2002-2003.jpg ou la photographie spirite par exemple (cf le Troisième oeil, la photographie et l'occulte, Maison Européenne de la Photographie à Paris, 2004-2005). Un éclairage particulier doit être donné sur la production des médiums de Bohème-Moravie, précisément ces créateurs que l'expo sur l'Art Brut tchèque de la Halle Saint-Pierre (2002-2003, ensuite montée en Belgique, puis à la Collection de l'Art Brut à Lausanne), sous l'impulsion de son organisatrice Alena Nadvornikova (une membre historique du groupe surréaliste tchèque contemporain), avait fait brillamment découvrir aux amateurs.

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Josef Kovář, Pruřez ovoce Neptuna, 1905, Mestské Muzeum Nova Paka, République Tchèque, © DR

      La deuxième section sur la "géopoétique de l'inconscient" semble vouloir nous montrer des créateurs choisis ailleurs qu'en Europe de l'ouest, de façon à exposer une exploitation de la découverte du continent inconscient, peu connue en France, par d'autres mouvements que le surréalisme, à savoir en l'occurrence le cubisme, le dadaïsme ou l'expressionnisme. Si dans ce dernier cas, on connaît tout de même assez bien par ici le cinéma des Robert Wiene ou Fritz Lang, moins répertoriée est l'existence des "marionnettes dadaïstes" qu'on nous annonce dans l'expo et qui nous intriguent davantage (sans doute parentes des magnifiques oeuvres sculptées d'un Marcel Janco qui étaient naguère montrées au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition bric-à-brac Traces du Sacré). De même les créateurs tchèques gagnent beucoup à être davantage contemplés (Kupka, Vachal, Driskol, etc...). On espère donc faire des découvertes dans cette section (par exemple Josef Vachal).

Hypnos Frantisek Kupka Le reve, 1909, Museum Bochum, Bochum, copyright ADAGP Paris, 2009.jpg

Frantisek Kupka Le rêve, 1909, Museum Bochum, Bochum ©ADAGP Paris, 2009

 

      La troisième partie de l'exposition veut cerner ce moment de division et de totalitarisme (national-socialisme, stalinisme...) qui s'empare de l'Europe entre 1933 et 1949. Dans les représentations liées à l'inconscient se lisent des tendances et des menaces idéologiques qui font alterner les messages d'Eros ave ceux de Thanatos. C'est aussi le moment où le surréalisme qui s'était fait le champion de la libération du langage des désirs enfouis est traqué en Europe, et se diffuse dans le monde en même temps que s'exilent ou se cachent les membres des groupes européens. Cependant, on peut se demander si la place du surréalisme dans ce projet sur les images de l'Inconscient n'est pas quelque peu minoré. Il faut attendre de voir l'expo.  

     C'est près d'une centaine d'artistes d'Europe de l'Ouest, d'Europe Centrale et Orientale qui sont présentés, parmi lesquels Jean Arp, Brassaï, Victor Brauner, František Drtikol, Marcel Duchamp, Max Ernst, Simon Hantaï, Paul Klee, Hilma af Klint (de cette dernière, on a déjà eu l'occasion de voir des oeuvres en France, voir ma note du 25 avril 2008 sur ce blog, notamment à l'expo déjà mentionnée Traces du Sacré), Bohumil Kubista (qui était, Ô nom prédestinant, cubiste...), Frantisek Kupka, Emma Kunz, Augustin Lesage, André Masson, Joan Miró, Laszlo Moholy-Nagy, Man Ray, Joseph Sima, Sophie Taeuber-Arp, Marie Toyen, Josef Vachal, Lajos Vajda, Adolf Wölfli..., les cinéastes Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau, Georg Wilhelm Pabst, Robert Wiene..., des écrivains et poètes tels qu'André Breton, René Char, Géza Csáth, Robert Desnos, Franz Kafka, Frigyes Karinthy, Dezső Kosztolányi, Ghérasim Luca..., ainsi que des théoriciens de la psychanalyse comme Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, Carl Gustav Jung ou Karl Abraham.

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Joseph Vachal, décor peint pour la maison de Josef Portman en 1922-1924 ; photo extraite du livre Facétie et Illumination, l'oeuvre de Josef Vachal, un graveur écrivain de Bohême (1884-1969), textes réunis par Xavier Galmiche, Presses de l'Université Paris-Sorbonne/Paseka, 1999

      On notera au passage que des créateurs de l'art brut, non professionnels de l'art par définition, comme Lesage ou Wölfli se trouvent ici mélangés aux artistes d'avant-garde. Cela augure-t-il d'autres mélanges à venir dans le cadre du nouveau Musée d'Art Moderne à Villeneuve-d'Ascq (où, comme on sait les travaux d'extension du musée, comprenant une aile consacrée à la présentation de la collection d'art brut du musée, sont en train de s'achever)? Wait and see... 

     L'exposition se tient du 14 mars au 12 juillet 2009. Musée de l'Hospice Comtesse, 32, rue de la Monnaie à Lille. Pour plus de renseignements, cliquer sur le site du musée d'art moderne Lille-Métropole (voir lien ci-dessus) à Villeneuve-d'Ascq. A noter qu'Hypnos devrait être la dernière exposition hors-les-murs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq avant sa réouverture prévue pour 2010.

Ruzena se dévoile...

 

Ruzena,-photo-ancienne-modi.jpg
Ruzena, photo ancienne modifiée, sans date, ph.B.Montpied

     Enfin, on va pouvoir dessiner soi aussi sur les photos qui montrent Ruzena, parce que figurez-vous, c'est une première, cette grande cachottière s'est laissée photographier, on suppose qu'elle était d'accord...

Portrait-dans-L'Art-Partagé.jpg
Photo catalogue L'Art Partagé

     C'est dans le catalogue à 10€ (je dis ça pour Zébulon) de l'exposition L'Art Partagé, organisé en novembre 2008  par Jean-Louis Faravel à Rives dans l'Isère. Elle a été prise de côté un peu en arrière, du coup, on n'arrive pas bien à la dévisager, et la curiosité s'aiguise davantage finalement... On peut dire qu'elle sait faire monter sa légende, cette Ruzena... Elle a passé un diplôme de publicitaire ou quoi?

     Bon, une fois ceci écrit, ma fidèle lectrice Valérie A. (voir commentaire du 22 février), m'a déniché un dévoilement encore plus facial qui se trouve sur le site de la galerie Béatrice Soulié (avec cette mention que "Ruzena travaille dans le domaine de la culture"). J'ai déjà rencontré cette personne, me suis-je dit, mais où?... Mais où?... :

ruzena2 portrait sur Galerie Soulié.jpg
Plus utilisable pour y adjoindre les homuncules qui gravitent autour des photos du temps passé comme les aime Ruzena

21/02/2009

Schmilblic

    Jouons un peu à présent, voulez-vous? Voici une photo, un fragment de photo plutôt. Il faut deviner ce que c'est, où ça se situe... A gagner, une musique que l'animateur de ce blog invite à partager... (Jeu interdit à çui à ki je panss).

La chose, photo B.Montpied, 2007.jpg

20/02/2009

Muscle carabine, quoique...

    Je reçois tout un tas d'avis venus de tous bords. Aujourd'hui, c'était un petit mot du groupe des United Dead Artists, qui paraît être un foyer de graphistes particulièrement inventifs qui doit avoir des accointances avec l'Arts Factory, du côté de la rue Beaurepaire dans le 4e à Paris, et tout ça... Je regarde généralement leurs cartons d'invitation avec un sentiment mêlé ne me sentant concerné qu'à demi. Je reconnais cependant qu'il y a du beau travail de ce côté-là. Ces graphistes, liés aux grafzines (je suis sûr que ça s'écrit pas comme ça) et autres fanzines sérigraphiés, participent d'une culture populaire graphique contemporaine qui a une tradition derrière elle, des filiations honorables (Crumb, les pochettes de disque, les pin'up sur les camions, les flippers, l'art modeste, etc.), je le reconnais bien volontiers. La créativité se déploie là aussi à l'évidence.

Le-Muscle-Carabine.jpg

    Ils sortent le numéro 3 de leur revue joliment appelé Le Muscle Carabine, dont on peut voir la couverture ci-dessus, avec un dessin dû à Stéphane Blanquet (ça fait un peu penser à l'outsider Vonn Ströpp qui a été montré il n'y a pas très longtemps à la Halle Saint-Pierre). Et sur le site des Artistes Morts Unis, on trouve le nom de Chris Hipkiss, souvent exposé et rangé chez les Outsiders anglais, tiens... On découvre aussi les dessins qui personnellement me font hurler de rire du Japonais Harukawa Namio, avec son personnage féminin au popotin absolument hypertrophié, la dimension même du fantasme. Il se glisse dans la perversité japonaise une touche d'humour et de délire loufoque qui me ravit. Pas vous?... L'infortuné placé dessous s'appelait-il Jean Soulacroup (ce qui prouve que, contrairement à ce que j'avançais dans ma note du 4 août 2007, on n'est pas toujours si bien placé en pareille situation)?

Callipyge Harukawa Namio.jpg
Dessin d'Harukawa Namio, voir le site de United Dead Artists

18/02/2009

Une mise à jour à signaler

   A signaler une mise à jour, un remaniement de la note consacrée le 24 janvier dernier au compte-rendu du n°30 de la revue Création Franche. Cela se trouve en allant sur cette date, en cherchant dans les archives par mois, ou en tapant un mot-clé dans la fenêtre "Rechercher" (colonne de droite). 

17/02/2009

Art populaire et affirmation individuelle...

ART POPULAIRE ET AFFIRMATION INDIVIDUELLE: DEUX MAITRES-MACONS DE LA VALLEE DE BREZONS

 par

Emmanuel Boussuge

 

*** 

      On trouve au Bourguet, en haut de la vallée de Brezons, dans le Cantal, un curieux petit monument composite (1):

Photo Roger Besse.jpg

 

    Ses deux éléments constitutifs ne sont pas au même niveau, mais le tout est évidemment conçu comme un ensemble. La croix est datée : 1778 ; la scène sculptée aussi : 1805. On peut lire sous celle-ci :  "PARVIDALVACHERMMON", c’est à dire : "[fait] par Vidal Vacher Maître Maçon" (2).

      En remontant la vallée, à Liverninx, un hameau situé un kilomètre plus loin, on tombe sur un autre croix très similaire à la précédente.

                        Photo-2.jpg        Photo-3.jpg

    Celle-ci présente la particularité très rare d’avoir un christ sur chaque face (3). On peut lire d’un côté "INRI", initiale de la formule courante qui désigne en latin "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs", et de l’autre la date de 1784. Si l’on n’était pas encore convaincu par la très grande similarité du style des sculptures, la proximité des dates assure que les deux croix sont de la même main, qui signe d’ailleurs au bas de celle de Liverninx : "CHANSSANS",  Photo-4.jpgce qui compte tenu de la variabilité de l’orthographe des noms propres au XVIIIe (notamment dans le cas d’un passage du patois au français), de l’alphabétisation peut-être sommaire du sculpteur et des noms usuels localement, peut correspondre à Chanson ou Chassang… Voilà le nom de celui qui notait seulement "Maître Maçon" au Bourguet identifié. Photo-5.jpg Mais peu importe, ce qu’il faut noter, c’est que le sculpteur a l’habitude de signer son œuvre et qu’il faisait des croix en séries.

photo-6.jpg

 

      Personnellement, je trouve sa fruste technique particulièrement émouvante et son sens de la figuration très satisfaisant pour l’esprit. Qui est ce bonhomme mis sur la croix ? C’est une représentation d’une humanité sans particularité comme celle d’une poupée sommaire ou d’un bonhomme en pain d’épice par exemple. Ce n’est pas en tout cas le Christ agonisant : il ne tient d’ailleurs pas grâce à des clous plantés dans ses membres, mais grâce à un petit piédestal plus confortablement mis sous ses pieds. Il ne faudrait pas croire pour autant à une quelconque intention antichrétienne, mais de même que pour les canons iconographiques savants, le sculpteur s’affranchit ici de tout canon théologique avec la parfaite innocence de l’ignorant et il atteint spontanément à une forme d’universalité inaccessible à ses collègues plus instruits.

    

    Si l’on descend la vallée et bifurque vers celle de Pierrefort maintenant, ce que l’on trouve ce sont des linteaux sculptés, très rigoureusement similaires à celui déposé à terre au Bourguet.

     photo-7.jpg     Photo-8.jpg
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     Il peut y avoir un, ou deux serpents, les lions peuvent sembler remplacés par des singes comme à Gourdièges. On ne montre ci-dessus que les plus intéressants (ceux qui comportent une figuration), mais on peut d’ores et déjà recenser six autres linteaux attribuables à coup sûr à Vidal Vacher (même cadre cordé reconnaissable entre tous et dates similaires, entre 1800 et 1810).

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    Des serpents affrontés à des lions, le thème de prédilection de Vidal Vacher est sans doute à rapporter à une valeur protectrice, une sorte de porte-bonheur allégorique où les forces maléfiques (les serpents) sont vaincues par des forces bénéfiques représentées par les lions. Le cas est un peu plus complexe avec les singes de Gourdièges (si ce sont bien des singes), le singe étant traditionnellement plutôt connoté négativement. Mais de toute façon, ce que l’on voit bien, c’est qu’il s’agit aussi d’une marque personnelle ayant peut-être bien avant tout une valeur publicitaire. Vidal Vacher paraît célèbre dans le secteur pour la finesse de ses linteaux, particulièrement ceux où sont représentés des animaux et celui qu’il a signé et qui nous permet de le connaître est un de ceux-là.

 

     En parcourant la très abandonnée vallée de Brezons, une des plus belles émotions pour le marcheur est de tomber sans cesse sur les traces des anciens habitants qui étaient étonnamment nombreux il y a encore si peu. Parmi ces traces, les sculptures de deux maîtres maçons indigènes sont des témoignages précieux qui engagent le curieux à un jeu de piste passionnant. A la place d’une confrontation avec des créations anonymes ressortant d’une indistincte tradition, on a devant soi des objets que l’on peut rapporter à un homme bien précis (de la chair, des os et des idées à soi, tout comme vous et moi), doué de goûts et de passions personnelles débouchant sur un style reconnaissable. Autant dire, même si c’est un truisme, que des éléments de décors populaires aussi typiques que linteaux et croix étaient bien sculptés par certains de nos congénères et ne sont donc pas l’expression automatique d’une tradition toujours identique à elle-même et indifférente à la personne qui le réalise. Ce n’est pas rien de signer ses œuvres et ce qui est vrai pour la Renaissance et ses prodromes italiens l’est aussi dans le domaine de l’art rustique (4). On a là l’expression d’un individu qui s’affirme et qui revendique ses préférences et ses choix plastiques (quel que soit leur aspect élémentaire). C’est bien cette sorte d’assurance que vont développer et cultiver ensuite les différents créateurs d’environnements spontanés dont le premier, dans l’ordre chronologique, que l’on peut citer est François Michaud (5), le maître maçon de Masgot dans la Creuse qui orna ses demeures successives et son jardin d’extraordinaires sculptures, où toute sa technique professionnelle est sollicitée pour conduire à quelque chose de totalement neuf.

 

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Quatre dernières photos, sculptures de François Michaud à Masgot (Creuse)

 

    "Dans la mer trop souvent anonyme de l’art populaire", pour reprendre une image de Nicolas Bouvier, certains îlots minuscules mais clairement individualisés se détachent à peine de la surface de l’eau. Les découvrir en marcheur curieux et se soucier de reporter leur nom sur un nouveau type de portulan est en soi enthousiasmant. Ce ne sont pas les immanquables et majestueuses îles de grande singularité comme le sont les créations du facteur Cheval ou celles de l’abbé Fouéré, mais elles émergent sans doute d’un fond commun.

 

    Le tout est d’accorder à ces manifestations émouvantes l’attention qu’elles méritent. Pour finir et pour tirer la langue aux cloisonnements qui règnent trop souvent en la matière, voici un détail du linteau déposé du Bourguet.

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Toutes les photos illustrant cette note, sauf mention spéciale, sont d'Emmanuel Boussuge (2009)

(1). Cette photo a été prise par Roger Besse (1907-1968), qui filma et photographia avec une formidable régularité le Sud du Cantal et ses habitants, amassant une documentation extraordinaire sur le monde rural des années 40 aux années 60. La richesse de ce fonds a donné lieu à un spectacle, puis à un DVD intitulé L’œil du pharmacien (L’Auvergne imaginée, 2005) mêlant images et musique et que l’on peut chaudement recommander. On remarque au passage que l’agencement du "monument" a plus de 40 ans. Merci à Pascal Besse de nous avoir communiqué la photo.

(2). Le premier à avoir évoqué le nom de Vidal Vacher est Jean-Claude Roc, mais je n’ai malheureusement pas la référence de son livre sous la main.

(3). Sur les croix, l’ouvrage de référence est celui de Pierre Moulier, Croix de Haute-Auvergne (Créer, 2003), qui se base sur un recensement local d’une ampleur inégalée toutes régions confondues.

(4). Voir Bruno Montpied, Petite promenade dans l'art populaire du Rouergue dans Gazogène, Cahors, 1996.

(5). Voir Bruno Montpied, Formes pures de l’émerveillement dans Masgot, l’œuvre énigmatique de François Michaud, éd. Lucien Souny, Limoges, 1993 et François Michaud et les autres, quelques exemples d’environnements sculptés avant le Palais Idéal du facteur Cheval, dans Création Franche, septembre 2007, pp. 16-20.

 

Dictionnaire du Poignard Subtil

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FLEURS:

     "Si tu ne veux pas que meurent les fleurs de ton jardin, ouvre ton jardin"

      (Antonio Porchia, Voix, traduction Roger Caillois, GLM, 1949)

Longue vie à Claude Ponti

     Rien à dire. Il suffit de feuilleter, L'Almanach Ouroulboulouck par exemple (2007)...

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1ère page de couverture
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Avec Blaise, le poussin masqué, personnage à la Hitchcock, réapparaissant sans arrêt marginalement dans les albums de Claude Ponti (et parfois aussi de façon tout à fait centrale)
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A bon entendeur, salut!

Boîtes aux lettres, écrins insolites

     La boîte aux lettres est le siège d'exercices créatifs insolites. Trait d'union entre l'habitant et l'extérieur, écrin de réception des messages venus du monde de l'autre, elle est l'objet de recherches souvent pour soigner ses apparences. Est-ce stratégie et diplomatie pour apprivoiser ce que l'on va recevoir en communication? Est-ce geste propitiatoire?

     Elles prennent presque automatiquement la forme de petites maisons, réductions de l'habitat réel qui abrite le destinataire. Pour en juger plus exactement, il faut accumuler les images et les exemples. Alors, je commence ici, sans plus attendre davantage. Car pour le moment, je n'ai que peu d'images numériques. Examinons les quatre que je possède.

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Boite aux lettres de Dan'Arnaud, en mosaïque de coquillages (une tête de monstre marin engloutit les lettres), Quartier de l'Ile-Penotte, Les Sables d'Olonne, photo Bruno Montpied, juillet 2008
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Boîte aux lettres à gauche du portail de l'ancienne résidence de Charles Billy à Civrieux-d'Azergues (Rhône) ; le facteur est représenté, marque de déférence à son égard, un Atlas soutient la base de la boîte, signe de l'attention portée par l'auteur de la boîte à cette dernière
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L'ancienne boîte aux lettres, maintenant remisée à l'écart depuis la mort de son propriétaire, Bohdan Litnianski, à Viry-Noureuil (Aisne), boîte aux lettres en forme de maison ; ph.B.M., 2008
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Boîte à lettres originale cherchant à montrer le savoir-faire de son auteur, peut-être un serrurier ou un ferronnier, la boîte est un cadenas qui est debout grâce à la clé qui le supporte ; la lettre est-elle vue comme ce qui déverrouille les portes trop bien fermées?; ph.B.M., Viry-Noureuil, 2008

Des petites nouvelles du musée de Laduz

    Dans ma boîte aux lettres ce jour m'attendait la Lettre du Musée que m'adressait l'équipe du musée rural de Laduz à l'égard duquel je garde mon affection intacte. Malgré l'égrenage des mauvaises nouvelles, le compte des amis du musée qui disparaissent, l'âge ne reculant pas, hélas... Malgré la difficulté d'obtenir des subventions qui s'accentue chaque année davantage, et contre laquelle il faut d'ailleurs se mobiliser pour aider le musée en adhérant à l'Association des Amis (membre de soutien 25€, membre bienfaiteur 150€, à l'orde de l'Association des Amis du Musée, 22, rue du Monceau, 89110 Laduz, l'adhésion devant indiquer les nom, prénom, adresse, tél et éventuellement e-mail, la date et la signature). Plus que jamais, ce splendide musée et son parc, qui ressemblent à une petite partie d'Eden, ont besoin d'aide.

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Une installation d'Hélène Soubeyran

    Cette année deux nouveautés, l'expo de l'été continue du côté des artistes contemporains spécialisé dans  le textile. Ce sera "Du souffle de la terre", émergence de plis et de couleurs, avec Hélène Soubeyran, sculpteur textile, et la participation de Simonne Pheulpin et de Gérard Lognon, plisseur haute couture. Voci ce qu'écrit  Jacqueline Humbert du travail d'Hélène Soubeyran: "En 1993, inspirée par les coupes de bois pétrifiés et des prélévements de sol, Hélène Soubeyran décide "d'immortaliser" ses oeuvres plissées du passé en les emprisonnant. Ce fut un long travail de préparation: d'enveloppes en baluchons, elle empile ses tissus chronologiquement. Il en résulte un bloc destiné à être induré puis il est scié dans une marbrerie en neuf piliers et en lames minces où apparaît, en strates colorées, le contenu des tissus plissés des années 1974 à 1994."

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Le DVD sur le musée de Laduz, bientôt édité

     La deuxième nouveauté, c'est l'édition d'un DVD d'une durée de 30 minutes consacré aux collections de la famille Humbert. Bientôt disponible, et que l'on peut déjà commander au prix de 20€+1,50€ de frais de port.

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Le DVD, 4ème de couverture

Anniversaire des nonantes

Bon anniversaire à Mauricette de la part de Montpied bon oeil en lui souhaitant de garder bon pied bon oeil...!

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Délicieuse comme une, non, comme deux mauricettes

00:05 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : mauricette |  Imprimer

16/02/2009

Oskar Panizza était un créateur de l'art brut

Oskar Panizza,Pour Amanda à la petite..., dessin, vers 1906.jpg
Oskar Panizza, Pour Amanda à la petite chemisette de cou, dessin (traduction avec l'aide de Pierre Gallissaires)

      Je ne suis pas un théoricien, ni un philosophe, ni ne suis porté vers les grandes idées. Je ne peux prétendre devenir un jour un quelconque historien d'art calé en esthétique. Mais j'ai des intuitions, un peu de flair. Ce dont on ne me créditera aucunement une fois fait mon temps. On viendra prendre dans le tas. Et pourtant, il y aurait des indications à retenir de la façon dont les choses découlent les unes des autres. C'est pourquoi je fais le maniaque, réclame sans cesse qu'on se rappelle que j'étais là le premier, que c'est moi qui ai planté le drapeau sur ces lunes-là qui étaient bien sauvages et vierges de tout passage humain...Quitte à en agacer souverainement certains qui aiment à jouer aux sages détachés de tout...

Oskar Panizza,Le concile d'amour, Jean-Jacques Pauvert éditeur, 1960.jpg

Oskar Panizza,Deux seins commandés..., dessin vers 1906.jpg
Oskar Panizza, Deux seins commandés par M.J.Forain sur plaque, la belle zibeline dessinée dans le style très raffiné du maître haut-allemand (traduction avec l'aide de P.G.)

    Ouh là, là, où est-ce que je suis en train d'aller, où veut-il en venir? Eh bien, bizarrement à Oskar Panizza sur qui je suis retombé il n'y a pas très longtemps, l'été dernier, en revoyant mon vieil ami Pierre Gallissaires qui finissait une traduction à son sujet (les éditions Agone se sont mises en tête de sortir les oeuvres complètes de Panizza, et de faire en conséquence compléter certaines anciennes traductions). Cet écrivain connu pour le Concile d'amour cher à André Breton, cette pièce de théâtre qui fit scandale à Munich en 1895 valant à son auteur un séjour en prison en raison de sa façon de camper Dieu le père, vieillard cacochyme, Jésus, Marie, le Diable, les anges et la famille des Borgia avec un pape violeur et débauché à leur tête, deux enfants incestueux, les fameux Lucrèce et César Borgia, le tout dans une bouffonnerie échevelée d'une audace invraisemblable, cet écrivain décida de lui-même, au début des années 1900, de se rendre dans un hôpital psychiatrique.

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Oskar Panizza, pour Gambetta! Delcassé 1906

    Ce que l'on sait peu, c'est qu'il y continua d'écrire vers 1904-1905 des textes qui paraissent intéressants comme ce Dialogue entre un prêtre et un aliéné que m'a signalé Gallissaires. On sait qu'il rédigea en 1904 peu après son internement une autobiographie (disponible dans l'édition Pauvert du Concile d'Amour) où il paraît révéler qu'il souffrait de délire de persécution (c'est peut-être pour cela que je suis retombé sur lui!). Il va rester hospitalisé jusqu'à sa mort survenue en 1921. En Allemagne est paru en 1989 un ouvrage qui a montré que Panizza aimait aussi dessiner ("Oskar Panizza Pour Gambetta", éd.Belleville, Munich). Mais nous ignorons ce fait en France. Peut-être la notoriété grandissante de l'art brut, et conséquemment de tous les champs de l'histoire de l'art qu'elle entraîne derrière elle, notamment l'histoire de "l'art des fous", pourrait aider à faire mieux connaître cette partie de l'oeuvre et de la vie de ce grand blasphémateur.

Oskar Panizza, Pour Gambetta... dessin, vers 1906.jpg
Oskar Panizza, Pour Gambetta, c'est la toute dernière Amantha qui elle aussi est sortie de l'écoled'Oberlander, trop chouette! (traduction aidée par P.G.)

     En effet, des dessins de Panizza, à ce que me révéla Pierre Gallissaires cet été-là, sont conservés dans la collection Prinzhorn à Heidelberg. Oui, des dessins de Panizza, à côté des dessins d'August Natterer, si prisés par Max Ernst, ou des sculptures de Karl Brendel. Cela en fait un créateur de l'art brut du coup! On n'avait pas pensé à cela... Je ne l'avais pas remarqué, pourtant je possédais depuis longtemps un catalogue des années 80, en allemand, lié à une exposition de la collection Prinzhorn qui s'était promenée dans divers endroits en Allemagne. Une page mentionnait quelques dessins de Panizza, et je ne l'avais pas repérée...Dessins d'Oskar Panizza reproduits dans le catalogue de l'exposition allemande de la collection Prinzhorn de 1980-1981.jpg L'édition française des Expressions de la folie en 1984 ne le mentionne pas, sauf erreur de ma part. On en voit ici quelques-uns, histoire de se faire une idée. Nul doute que cette information devrait intéresser quelque chercheur... Non?

Die Prinzhorn Sammlung,catalogue d'exposition en allemagne 1980-1981.jpg
Catalogue de l'exposition sur la Collection Prinzhorn, Athenäum Verlag, 1980-1981

La femme née des poignards

   Je ne connais que très peu Louis Watt-Owen, mais j'apprécie ce que je vois sur son blog La Main de singe qui me fait l'honneur, en ces instants les plus récents, de faire un mirifique écho à mes efforts marathoniens du jour. Il vient de m'envoyer en outre une photo que je trouve absolument magnifique. Je ne résiste pas une seconde au plaisir de la mettre immédiatement en ligne (après quelques longs moments où j'ai bien cru que j'avais fait bugger mon accès internet...). Comme me l'écrit LWO la photo était faite pour le Poignard Subtil (même si ce dernier, je ne me lasserai jamais de le répéter, n'est pas perçu par moi comme l'objet tranchant bien connu, mais avant tout comme un outil qui permet de créer des passages entre les mondes parallèles, pouvant couper également, caractéristique seconde dans le livre de Philip Pullman,  les matières les plus dures, un peu dans le genre d'Excalibur). Ce qu'il y a d'étonnant aussi dans la communication de cette image, c'est qu'elle rejoint une autre image qu'une petite fille m'a récemment prêtée pour que je la reproduise sur mon blog. J'attendais de la scanner, repoussant toujours à demain, et puis voilà que cette autre femme, née de la silhouette tracée par les poignards dirait-on, voilà que cette femme, disparue depuis longtemps (hélas!...), a surgi, entraînant à sa suite la petite fille agenouillée, les poignards dans les mains...

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Dessin de Léontine, 10 ans, inspiré d'une héroïne d'un roman de Pierre Bottero
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La femme du lanceur de poignards, collection Louis Watt-Owen
 
 
 

 

 

 

 

Emmanuel Boussuge s'échappe de la brume

   

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Emmanuel Boussuge tentant de briser le cercle de brume se refermant sur lui (sur nous), sous le Puy de la Tourte, Cantal, photo Bruno Montpied, 2007

     Emmanuel Boussuge sort de la brume, me suis-je dit, en repensant à une photo prise pendant une randonnée d'un jour vers le Puy Mary en juillet 2007, le brouillard tentant de nous cerner... Il s'efforce de marcher sur les traces de ses aînés... Le voici donc en train d'exposer (jusqu'au 28 février) à Clermont-Ferrand, sous le volcan, dans la ville noire et rouge, au Breschet, 6, rue du Breschet.

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Affiche de l'expo, dont le titre "musée des poussières" a été paraît-il suggéré par Jean-Pierre Paraggio (qui par ailleurs publie dans ses Cahiers de l'Umbo n°11 (voir note précédente) trois photos d'Emmanuel

    Qu'est-ce qu'il expose? Des dessins et des photographies. Lui aussi s'est mis ces dernières années à scruter les sols, les bitumes, les taches dues au hasard, le hasard, ce grand créateur, plus grand que tous les artistes qui s'efforcent en vain de l'égaler.

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Photo Emmanuel Boussuge

    Certes, il n'est pas le premier, mais il apportera sûrement son oeil et sa façon de voir dans l'affaire. Car chacun dans cette auberge espagnole de la divination apporte son boire et son manger. Pas une tache qui ne ressemble peu ou prou à qui la choisit et la photographie. Tache ou tout autre assemblage de hasard. J'en apporte deux exemples ci-dessous pour compléter celui que j'ai inséré ci-dessus d'après Emmanuel (j'en profite pour remercier Louis Watt-Owen pour la transmission de sa photo).

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Vénus de trottoir déchiffrant une énigme particulièrement embrouillée, Toulouse, juillet 2008, photo Bruno Montpied
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 Ferrures de semoir, photo Louis Watt-Owen, ©2008 (L. W-O voit dans cette image de gauche à droite un Kraken, un Adam et un serpent)
 
       Ces recherches d'images visionnaires dans les texturologies (pour employer un terme à la Dubuffet bien que celui-ci ne menât pas une quête d'ordre visionnaire vis-à-vis des morceaux de sol qu'il découpait et accrochait aux cimaises de ses galeries) me font penser à mes propres traques fixées en Super 8 dans les années 80 (film Sur les trottoirs de nos villes). Et puis à une brochure illustrée de photos dues à Alain Nahum chez Travioles en octobre 2002 qui s'intitulait Paris, passages piétonniers, qui je pense n'a pas dû être beaucoup repérée.
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Alain Nahum, photo extrait de son livre Paris, passages piétonniers, éd.Travioles, 2002

      Le photographe avait lui aussi remarqué les splendides dessins que l'on trouve à Paris sur les bandes blanches des passages pour piétons. Il avait cependant -tâche délicate et "casse-gueule" si l'on procède trop vite! - décidé de rehausser ses photos au crayon, afin d'accentuer certaines expressions trop absentes des figures devinées sur ses photos. Personnellement, je suis aujourd'hui tenté d'employer les moyens que donne l'informatique pour retoucher ces images de hasard, quand un coup de pouce reste nécessaire...

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Photographie retouchée sur ordinateur, Bruno Montpied, 2008 (dédiée à Coline Montpied)
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Emmanuel Boussuge, dessin sans titre, 2008

      Les dessins qu'expose Emmanuel Boussuge en compagnie de ses photos sont en quelque sorte cousins des voyances tachomanciennes, puisqu'il travaille parfois à partir de couleurs posées au hasard, automatiquement aurait dit le surréaliste de passage. J'aime assez le dessin ci-dessus reproduit, qui me fait penser à un improbable croisement entre Eugen Gabritschewsky et Michel Boudin (pour ceux qui connaissent ces derniers).

Expertise d'Olivier Hervy, morceaux choisis

    Je m'étais promis de remettre des aphorismes d'Olivier Hervy dès que j'aurais mis la main sur la plaquette qui avait été éditée aux éditions Pierre Mainard en décembre 2007. Et puis le temps s'est écoulé, et bien sûr j'ai oublié. Le livret était planqué sous un tas de papiers, à l'occasion de ce petit marathon effectué d'une foulée ramollo, le voilà qu'il a resurgi, comme bois flotté ramené par la marée. Je me fais un petit plaisir, en extraire les aphorismes choisis selon mon goût.

Nos masques africains cachent des têtes de clou.

Les amis d'enfance sont comme les jouets. Vient un moment où il faut s'en séparer.

Ils sont bien nombreux à constater que Paris est désert au mois d'août.

Encore un vieil acteur qui vit avec une très jeune femme. Scénario sans surprise.

Le chat fait sa toilette. Le chien celle des autres.

Cette voiture dans le fossé donne enfin l'impression d'être arrivée.

La voix d'outre-tombe d'Yves Bonnefoy est un peu ridicule tant qu'il est vivant.

Visite du Village d'Artistes où je ne vois que des commerçants.

La tarte. Pour en finir une fois pour toutes avec les pommes.

Ils évoquent avec nostalgie l'époque où Paris était un village, mais ne pensent pas à déménager dans le nôtre.

On construit partout pour que les résistants de demain ne trouvent pas de maquis.

La mer écrit en italique.

Les applaudissements au concert de jazz, lents et tristes aussi.

La scie est la seule qui atteint son but en revenant sans cesse sur ses pas.

Les hommes qui cuisinent en font tout un plat.

"Le voyage! La découverte! L'inconnu!", s'exalte M. de retour du Mexique. Puis il m'offre un sombrero.

Encore une bande dessinée où des rescapés évoluent dans un monde en ruines. L'imaginaire n'a pas survécu.

Os de seiche, feuille d'endive.

La tapisserie a son brouillon au dos.

Oliver Hervy, couverture de son livre Expertise, éd.Pierre Mainard, 2007.jpg

(Aphorismes extraits d'Olivier Hervy, Expertise, Editions Pierre Mainard, 14, place Saint-Nicolas, 47600 Nérac, (7€).) A signaler de nouveaux aphorismes du même auteur parus dans la dernière livraison des Cahiers de l'Umbo n°11, revue concoctée par Jean-Pierre Paraggio du côté d'Annemasse.  

   

Banalités de base

   

"Se raser la tête permet d’économiser sur le shampooing

 

            Trente-cinq « aphorismes de la platitude » naguère commis par mézigue se laissent brouter du regard dans le cinquième numéro de la revue Trémalo.

            Lapalissades, évidences consternantes et truismes dopés aux hormones s'obtiennent contre 12 € envoyés par chèque à l'ordre de Kraken à l'adresse suivante : Kraken, revue Trémalo,Le Haut-Bois 29930 Pont-Aven.

 

Joël Gayraud"

 

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Un Kraken...

 

Macario de Roberto Gavaldon et Bruno Traven

    Cette note touche à plusieurs thèmes. Un que je n'ai pas encore beaucoup abordé ici, le conte de tradition orale traité au cinéma. Depuis quelques années, je collecte des titres de films en rapport avec cette question, et j'essaye aussi de me les procurer sous forme d'enregistrements. La filmographie du conte au cinéma est assez vaste comme on s'en doute. Méliés, comme par d'autres aspects, a été le premier en la matière en adaptant Cendrillon par deux fois, ainsi que la Barbe-BleuePersonnage en plastiline, une des femmes de la Barbe-Bleue, 1936 par René Bertrand, dans le film de Jean Painlevé, coll Les Documents Cinématographiques.jpg ou les Aventures du Baron de Munchausen (que j'associe au conte populaire parce qu'elles relèvent du thème des menteries, cet équivalent des nursery rhymes anglaises). Sur le sujet, on ne trouve à ma connaissance que très peu d'ouvrages qui aient essayé d'établir une filmographie bien complète. Celle qui a été esquissée dans le catalogue de l'exposition Il était une fois les contes de fées (2001, Le Seuil/BNF ; magnifiques exposition et catalogue tout à la fois) par Alain Carou et Tifenn de La Godelinais Martinot-Lagarde (plus le nom est long, plus ça fait riche) visait "à l'exhaustivité pour le côté français" et à la sélection sur le plan international. Elle reste d'après mon petit doigt assez loin du compte (sans jeu de mots), me semble-t-il...

Il était une fois les contes, catalogue d'exposition à la BNF en 2001.jpg
Couverture du catalogue Il était une fois les contes de fées, exposition à la BNF en 2001

     J'avais découvert à l'occasion d'une rétrospective du cinéma mexicain, cinéma d'une exceptionnelle richesse (il suffit de songer aux films d'Arturo Ripstein, L'Empire de la Fortune par exemple), souvent proche d'une certaine forme de "brut" au cinéma (je pense par exemple aux films d'Emilio Fernandez, surnommé "El Indio", acteur et réalisateur hors du commun), un film en noir et blanc de Roberto Gavaldon, intitulé Macario et tourné en 1960.  Remarquable film... Adapté d'un conte de Grimm, assez connu des amateurs, La Mort Marraine. Il se trouve que le nom de "Bruno Traven" est associé à  ce film qui le crédite au générique avec ce prénom de Bruno plutôt rare concernant le mystérieux Traven, auteur aux multiples identités, connu pour ses livres Le Vaisseau des Morts, ou encore Le Trésor de la Sierra Madre (adapté par John Huston au cinéma, en présence de Traven qui se faisait passer sur le tournage pour l'agent de Traven sous le pseudonyme d'Hal Croves).

Couverture de la biographie de B.Traven par Rolf Recknagel, éd.de l'Insomniaque, 2008.jpg

 

    Traven, c'est un thème à lui tout seul, écrivain puissant dont les lignes de force sont toujours en rapport avec une remise en question des rapports sociaux. Pas par hasard puisque Traven fut à n'en pas douter, si l'on suit les différents livres ou recherches filmiques qui lui ont été consacrés ces dernières années, le même homme que Ret Marut, délégué à la propagande pendant l'éphémère République des Conseils de Bavière (1918-1919) qui s'acheva par la répression terrible dirigée par les Prussiens et les corps francs, répression qui poussa certains de ses membres à se cacher, comme Traven-Marut par exemple (arrêté, il put s'enfuir juste avant d'être exécuté). Probablement allemand, sans qu'on sache exactement ses origines (sa présence est mentionnée pour la première fois en Allemagne, alors qu'il est comédien, et qu'il paraît âgé d'une vingtaine d'années, sa date de naissance étant estimée en 1882, voir la récente traduction française de sa biographie par Rolf Recknagel aux éditions de l'Insomniaque, décembre 2008) -il a essayé de se faire passer pour un homme né aux Etats-Unis- Traven publie ses romans en Allemagne d'abord, dans les années 20. Il meurt au Mexique en 1969. Macario est tiré d'une de ses nouvelles (qui ne paraissent pas traduites en français ; l'histoire des éditions et des traductions des livres de Traven, disons-le au passage, est un roman à lui tout seul...). Le rapport au conte de Grimm est un indice de plus de la culture allemande de l'auteur.

 Illustration pour La mort marraine.jpg   

      Ce conte est un des mieux construits de l'oeuvre des frères Grimm. Il met en scène la Mort, personnage au teint cireux et aux manières presque bienveillantes dans le film, aux prises avec Macario, pauvre paysan devenu riche grâce aux pouvoirs de soigner les malades qui lui ont été conférés par la Dame à la faux justement. Conte métaphysique dont il ne faut pas dévoiler l'intrigue bien sûr, qui s'achève sur une scène magnifique dans une immense caverne emplie des chandelles représentant les vies de tous les êtres sur la Terre. Le film vient de sortir en DVD, chez le label Albarès, dans sa Collection Latine (en même temps que d'autres films rares mexicains, d'Emilio Fernandez ou de Luis Bunuel). C'est une chance de rattrapage pour tous ceux qui seraient intéressés par le sujet...

Macario, DVD, 1ère de couverture, éditions Albarès.jpg
Macario, DVD, 4ème de couverture, éditions Albarès.jpg
 

     Adresse e-mail des éditions Albarès:  albares.productions@club-internet.fr     

Le "Salon de Bruno", proposition d'Emmanuel Boussuge

    Apparemment, en cette journée de grisaille absolue, quelques amis veillent dans les coursives et suivent la tentative marathonienne. Voici un exemple de ce que l'on m'a envoyé il y a très peu de temps...

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Glen Baxter, dessin repris d'un numéro du Monde
 
    Je ne sais pas comment je dois l'interpréter... En tout cas, voici le commentaire envoyé en parallèle par le transmetteur du dessin, Emmanuel Boussuge (qui a une actualité créatrice sur laquelle je comptais revenir aujourd'hui même):

"On aimerait suivre au plus près l'effort du marathonien, l'encourager et lui passer une gourde au bon moment. Puisque l'on ne connaît ni l'horaire des interventions ni l'itinéraire, commençons par agiter les fanions au hasard et d'abord dans "le salon de Bruno"."

 

L'aube

    Voici ma première "oeuvre" répertoriée, ou plus exactement, conservée. Un travail en gommettes collées d'un doigt appliqué qui remonte à la maternelle de la rue du Pierrier à Saint-Cloud dans les années 50. Les êtres humains et les insectes, c'était tout comme, selon mes mains et mes yeux d'enfant, puisque que ce bonhomme a six membres. Il avait comme une boule dans la gorge... Et deux yeux différents (ce qui était, est toujours, la vérité). Son chapeau ressemblait à un sombrero, goût inconscient pour un Mexique imaginaire?

Sans titre, Bruno Montpied, vers 1958.jpg

Au quatrième top, il est 7 heures...

    7 heures, le blog s'éveille... On se secoue, on enfile les gants de tapoteur de clavier, la pile des sandwichs est prête, le thermos de café, les tonneaux de vin aussi, l'infirmerie est prévenue, de même que l'ophtalmo, les brancardiers sont sur le pied de guerre, les sels sont à portée de main, etc... (sans oublier l'inévitable psychologue commis d'office)... Vroum, vroum, vroum!... Ca démarre, c'est parti... Pour les 24 heures du blog!

lemanscircuit3.jpg
 
     Alors, il n'est peut-être pas inutile de rappeler les règles du jeu. Ces 24 heures sont entièrement consacrées par mézigue au blog, c'est entendu. Ce qui ne veut pas dire que je vais écrire et pondre de la note toute la journée sans discontinuer. C'est bien sûr impossible. Je vais seulement me consacrer au blog. En me rasant, en sortant les poubelles, en traînant dans les rues, je pense blog, je mange blog, je ponds peut-être blog. Comme un miroir que je remorquerai derrière moi toute la sainte journée, pour faire une  référence éculée à l'ami Beyle.

 

12/02/2009

Les Cahiers de l'Institut, deuxième livraison

      Le n°2 des Cahiers de l'Institut est paru en décembre 2008. L'Institut en question on le sait peut-être (voir ma note du 20 juin 2008 lors de la sortie du n°1) se consacre à la recherche et à l'exploration des "fous littéraires, hétéroclites, excentriques, irréguliers, outsiders, tapés, assimilés, sans oublier les autres..."

Cahiers de l'Institut n°02,décembre 2008.jpg
Couverture du n°2, illustration de Mu

      Dans cette brassée d'articles (plus équilibrée il m'a semblé que dans le premier numéro), bien sûr chacun ira chercher son miel en fonction de ses perspectives de curiosité. Marc Décimo nous parle d'un linguiste passablement illuminé qui prétendant révéler l'étymologie des mots comme étant basée avant tout sur le gaulois s'est livré en 1846 à un "dépliage" des mots qui annonce de très loin les expériences de Michel Leiris dans Glossaire j'y serre mes gloses, ou encore Souple mantique et simples tics de glotte paru dans Langage tangage en 1985). Le résultat est loin d'être aussi poétique et brillant que dans le cas de Leiris. Seul surnage le côté vaguement oulipien de cette tentative de définition des mots par décorticage des lettres et des syllabes.

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Carte postale éditée par l'IIREFL en hommage à la "Marseillaise de la Carotticulture" inventée par Paulin Gagne

      Un long (trop long à mon goût) dossier est consacré à Paulin Gagne, vedette dans le monde des fous littéraires, littérateur, homme politique et prophète déjanté qui tout bébé déjà, comme nous le rappelait en 1873 dans son Trombinoscope le nommé Touchatout, "magnétisait sa nourrice et, pendant qu'elle dormait, lui tatouait sur les seins des signes cabalistiques". Marc Angenot, mis à contribution ("Fous littéraires: extension et compréhension"), se fend d'une remise en question des principes critériologiques qui présidèrent à la recherche d'André Blavier sur les fous littéraires, recherche qui reste grandement respectée bien entendu à l'IIREFL. Angenot relativise la nécessité pour celui que l'on voudrait ranger chez les fous littéraires d'être, d'après Blavier, sans influence et sans imitateurs. "...il est un autre critère possible de la folie littéraire (...) Est fou littéraire et doit être accueilli comme tel, quiconque a été expressément déclaré tel par l'unanimité de ses contemporains". Il poursuit plus loin: "Quand, pourquoi, dans quelle mesure, tel écrit est-il repêché et tel autre reste-t-il stigmatisé, ce sont ici de bonnnes questions auxquelles il n'est pas de réponse aisée". Ceci fait écho à la première phrase de Didier Barrière (dans Epaves du trésor graphique de Nicolas Cirier dans le fonds Guillaume-Moussy à Joinville), ailleurs dans ce n°2: "On sait que le propos d'un fou littéraire, au XIXe siècle surtout, est d'avoir publié des ouvrages si incohérents que nul ne pouvait les lire ou les prendre au sérieux". Entre parenthèses, c'est un peu le problème des revues qui choisissent de traiter de ces fous, comment espérer qu'elles aient à leur tour des lecteurs? Sans doute parce qu'on espère, et à juste titre je pense, que les lecteurs s'intéresseront aux commentaires sur ces fous davantage qu'au premier degré des divagations de ces derniers... 

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Maurice de Boeck, La danse des élus, huile sur toile, 1972, collection privée reproduit par André Stas dans Les Cahiers de l'Institut n°2

        L'IIREFL respecte son défi de vouloir pousser plus loin les recherches sur son champ de prédilection. Utile est de ce point de vue la publication dans ce numéro du recensement opéré par Paul Gayot, membre du Collège de Pataphysique, des divers écrits consacrés aux fous littéraires au long des numéros des publications passées et actuelles du Collège. Cependant, il me sera aussi loisible de regretter qu'une place plus grande ne puisse être donnée aux diverses créations de l'art brut et consorts. C'est ainsi que dans ce numéro, à part deux articles, dont un de l'animateur de ce blog (sur le naïf monument au maire de Désiré Guillemare à St-Ouen-sur-Iton) et un d'André Stas, tout à fait alléchant sur un "hétéroclite" belge, Maurice de Boeck, accessoirement peintre naïf de "peintures brûlots", selon les propres mots de l'auteur de l'article, peintures qui sont de mon point de vue la révélation du numéro, à part ces deux articles, il est somme toute peu question d'art brut (si l'on excepte quelques compte-rendus d'ouvrages dont un de Marc Décimo, pas très tendre, sur le livre récemment publié de Marielle Magliozzi Art Brut, Architectures marginales).

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Le "Phare Sollerot", appelé aujourd'hui Monument au maire, à St-Ouen-sur-Iton, carte postale début du siècle, avec le maire Désiré Guillemare probablement, au pied du monument ; on distingue les panneaux contenant les états de service du maire qui sont encore aujourd'hui en place sur trois faces du monument ; ces états de service sont intégralement reproduits par moi dans l'article du n°2 des Cahiers de l'Institut (article  Désiré Guillemare, un bienfaiteur envahissant?)
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Détail du monument de Désiré Guillemare, la rosière et le maire, ph.B.Montpied, 2002
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Les Cahiers de l'Institut n°2
Pour se le procurer, voir à la librairie de la Halle Saint-Pierre  rue Ronsard dans le XVIIIe à Paris. Ou bien le commander à l'IIREFL, 1, rue Tremblôt, 54122 Fontenoy-la-Joûte, France. iirefl@orange.fr. Marc Ways: 06 88 74 58 68.
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A SIGNALER:

     Une émission sur France-Inter,  Crumble, animée par Kriss, va être consacrée aux fous littéraires avec Marc Décimo en guest star...

    Vous pourrez l’écouter sur votre ordinateur pendant une semaine. L'émission sera diffusée dimanche 15 février prochain, de 12H a 13H, et sera en ligne sur le site de France Inter: http://www.franceinter.com/ (en écoute à la carte, podcast et visuel).

09/02/2009

Marilena Pelosi à l'Objet Trouvé

      Nouvelle exposition de Marilena Pelosi annoncée pour très bientôt (jeudi 12 c'est le vernissage à partir de 18h30) à la galerie Objet Trouvé, rue de Charenton, à l'ombre de cet Opéra de la Bastile bâti sur le modèle d'une gigantesque molaire, ô merveille de conception des architectes contemporains... Ce sera l'occasion de voir si cette dame, une des plus singulières artistes surgies ces dernières années dans le milieu de l'art contemporain imaginiste qu'inspire l'exemple à la fois moral et esthétique de l'art brut, poursuit l'exploration de nouvelles voies dans son langage parfois tout en paraboles et en allégories plus ou moins ésotériques. De ce point de vue, elle est du reste assez proche de l'univers d'une autre créatrice marginale, Claire Guyot, dont l'oeuvre fut révélée essentiellement de façon posthume et de manière peu répétée.

Marilena Pelosi,Sans titre,décembre2001,ph.Bruno Montpied.jpg
Dessin au crayon, sans titre, Décembre 2001 (collection privée Paris, ph.Bruno Montpied)

     Le carton d'invitation de la galerie Objet Trouvé veut nous la présenter, mine de rien (joli tour de passe-passe de l'auteur du texte), comme une créatrice qu'on pourrait qualifier de "brute". Parce que l'art brut ne serait pas exempt de culture, la belle découverte!

Marilena Pelosi, détail d'un dessin, Galerie Objet Trouvé, fév 09.jpg
Marilena Pelosi, sans titre (détail), 2008, Galerie Objet Trouvé

    Avec ce genre de remarque on pratique un raisonnement amalgamant et confusionniste qui permet de mélanger toutes les formes de création contemporaine pourvu qu'elles soient portées par un minimum de souffle un peu authentique. On passe ainsi allégrement sur les conditions de production des oeuvres, sur le contexte social où vit leur auteur, qui a toutes les chances d'avoir un peu d'influence sur le contenu de l'oeuvre. On passe sur la plus ou moins grande conscience de l'auteur de faire de l'art au sens usuel, l'Histoire de l'Art, le professionnalisme de la chose, son regard face à ce qui surgit de lui, plus ou moins contrôlé, plutôt moins que plus dans le cas des créateurs de l'art brut, qui sont généralement dépassés par des pulsions expressives.

Marilena Pelosi, Sans titre,mai 2000,feutre, ph.Bruno Montpied.jpg
Marilena Pelosi, Sans titre, mai 2000, ph.Bruno Montpied.jpg
Marilena Pelosi, Sans titre,mai 2000, ph.Bruno Montpied.jpg
Marilena Pelosi, trois dessins au feutre sans titre, mai 2000 (collection privée, ph.B.M.)

     Marilena Pelosi est à l'évidence le siège d'une intense production imaginative, liée à ses souvenirs d'enfance au Brésil certes, mais aussi à la perception du monde qui l'entoure, vis-à-vis duquel elle se sent en décalage et en désaccord... Mais elle maîtrise la situation, elle s'expose d'elle-même, elle sort dans  le monde, va aux expositions, connaît l'histoire de l'art, bref ne possède pas le profil psychologique et sociologique des créateurs que l'on range dans l'art brut. Le mot d'art singulier, certes galvaudé par les temps qui courent mais toujours pertinent, peut servir à qualifier son oeuvre. Les singuliers sont des créateurs qui ont les fesses coincées entre l'art brut et l'art contemporain des professionnels. Ce ne sont pas des peintres du dimanche non plus, faisant gentiment mu-muse avec leurs pinceaux entre deux pot-au-feu. Ils ne sont pas exclus comme les créateurs bruts, mais ils sont tout de même comme des orphelins de l'art et comme des insulaires, isolés sur leurs territoires saturés d'imaginaire, n'osant même plus agiter leurs mouchoirs vers ceux qui pourraient être leurs voisins, sur d'autres îles. Ce sont des individualistes, des veufs et des veuves de l'art sincère, dérivant sur une banquise morcelée, en train de fondre elle aussi, comme la vraie.

Portrait de Marilena à Lusignan par Bruno Montpied, 2001.jpg
Portrait de Marilena Pelosi, Lusignan, 2001, photo Bruno Montpied
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Marilena PELOSI
Manœuvre de désenvoûtement

13 février au 14 mars 2008

Vernissage le jeudi 12 février de 18h à 21 h

Galerie Objet Trouvé, 24, rue de Charenton

75012 Paris (mer au sam de 14h à 19h)

 

08/02/2009

Les 24 heures du blog

    A venir, un défi que l'animateur de ce blog se lance à lui-même, les 24 heures du blog... Programmées de 7 heures du matin lundi 16 février à 7 heures du matin mardi 17 février. Il s'agira d'une sorte de marathon de la note, recherches d'informations, images, rédaction et insertion faisant partie intégrante du marathon en question. On ne mettra que des notes nécessaires, pas question de faire du remplissage... Rendez-vous à tous ceux que cela amusera de suivre la chose.

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Le coureur de Marathon (Cela se passe en 490 avant notre ère ; Philippidés après avoir couru plus de 40 kilomètres pour annoncer la victoire des Athéniens sur les Perses à Marathon meurt ensuite d'épuisement... ; Musée du Louvre, par Wallig)

 

02/02/2009

La Terre vide

    Prophétie facile? Toujours est-il que ce paysage assez rare sous mes crayons ou pinceaux ou rapidographes me parut terriblement vide, n'appelant décidément, malgré mon désir de le repeupler par de la faune, de la flore fantastiques, aucun habillage, aucun remplissage. Cette perspective de dunes stériles, brunes, sépia, blanches, grises, rare elle aussi dans ma production (je ne dessine pas en 3 D, je n'en ai pas le don), se devait de rester vide, ondulant doucement sous une lumière pauvre. Et les quelques homuncules, débris divers et tour solitaire qui malgré tout se parsemèrent selon un ordre nécessaire à l'équilibre des formes ne font rien pour animer la scène. Ils sont plantés, mornes au milieu du désastre qu'ils ne peuvent que constater avec fatalisme.

La Terre vide, crayons et encre sur papier, 21x29,7cm,2008, Bruno Montpied-.jpg
Bruno Montpied, La Terre vide, 21x29,7cm, 2008

 

01/02/2009

Roy Rogers?

   ...ça ressemble à ça...

Roy Rogers.jpg
    Sérieusement, R.R., vous vous y retrouvez? Vous comprenez bien que nous n'y croyons pas pour notre part...