16/02/2009
Emmanuel Boussuge s'échappe de la brume
Emmanuel Boussuge sort de la brume, me suis-je dit, en repensant à une photo prise pendant une randonnée d'un jour vers le Puy Mary en juillet 2007, le brouillard tentant de nous cerner... Il s'efforce de marcher sur les traces de ses aînés... Le voici donc en train d'exposer (jusqu'au 28 février) à Clermont-Ferrand, sous le volcan, dans la ville noire et rouge, au Breschet, 6, rue du Breschet.
Qu'est-ce qu'il expose? Des dessins et des photographies. Lui aussi s'est mis ces dernières années à scruter les sols, les bitumes, les taches dues au hasard, le hasard, ce grand créateur, plus grand que tous les artistes qui s'efforcent en vain de l'égaler.
Certes, il n'est pas le premier, mais il apportera sûrement son oeil et sa façon de voir dans l'affaire. Car chacun dans cette auberge espagnole de la divination apporte son boire et son manger. Pas une tache qui ne ressemble peu ou prou à qui la choisit et la photographie. Tache ou tout autre assemblage de hasard. J'en apporte deux exemples ci-dessous pour compléter celui que j'ai inséré ci-dessus d'après Emmanuel (j'en profite pour remercier Louis Watt-Owen pour la transmission de sa photo).
Le photographe avait lui aussi remarqué les splendides dessins que l'on trouve à Paris sur les bandes blanches des passages pour piétons. Il avait cependant -tâche délicate et "casse-gueule" si l'on procède trop vite! - décidé de rehausser ses photos au crayon, afin d'accentuer certaines expressions trop absentes des figures devinées sur ses photos. Personnellement, je suis aujourd'hui tenté d'employer les moyens que donne l'informatique pour retoucher ces images de hasard, quand un coup de pouce reste nécessaire...
Les dessins qu'expose Emmanuel Boussuge en compagnie de ses photos sont en quelque sorte cousins des voyances tachomanciennes, puisqu'il travaille parfois à partir de couleurs posées au hasard, automatiquement aurait dit le surréaliste de passage. J'aime assez le dessin ci-dessus reproduit, qui me fait penser à un improbable croisement entre Eugen Gabritschewsky et Michel Boudin (pour ceux qui connaissent ces derniers).
16:47 Publié dans Art singulier, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mmanuel boussuge, art singulier, poésie du hasard, poésie involontaire | Imprimer
L'aube
Voici ma première "oeuvre" répertoriée, ou plus exactement, conservée. Un travail en gommettes collées d'un doigt appliqué qui remonte à la maternelle de la rue du Pierrier à Saint-Cloud dans les années 50. Les êtres humains et les insectes, c'était tout comme, selon mes mains et mes yeux d'enfant, puisque que ce bonhomme a six membres. Il avait comme une boule dans la gorge... Et deux yeux différents (ce qui était, est toujours, la vérité). Son chapeau ressemblait à un sombrero, goût inconscient pour un Mexique imaginaire?
08:40 Publié dans Art de l'enfance, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : bruno montpied, art enfantin, art singulier | Imprimer
09/02/2009
Marilena Pelosi à l'Objet Trouvé
Nouvelle exposition de Marilena Pelosi annoncée pour très bientôt (jeudi 12 c'est le vernissage à partir de 18h30) à la galerie Objet Trouvé, rue de Charenton, à l'ombre de cet Opéra de la Bastile bâti sur le modèle d'une gigantesque molaire, ô merveille de conception des architectes contemporains... Ce sera l'occasion de voir si cette dame, une des plus singulières artistes surgies ces dernières années dans le milieu de l'art contemporain imaginiste qu'inspire l'exemple à la fois moral et esthétique de l'art brut, poursuit l'exploration de nouvelles voies dans son langage parfois tout en paraboles et en allégories plus ou moins ésotériques. De ce point de vue, elle est du reste assez proche de l'univers d'une autre créatrice marginale, Claire Guyot, dont l'oeuvre fut révélée essentiellement de façon posthume et de manière peu répétée.
Le carton d'invitation de la galerie Objet Trouvé veut nous la présenter, mine de rien (joli tour de passe-passe de l'auteur du texte), comme une créatrice qu'on pourrait qualifier de "brute". Parce que l'art brut ne serait pas exempt de culture, la belle découverte!
Avec ce genre de remarque on pratique un raisonnement amalgamant et confusionniste qui permet de mélanger toutes les formes de création contemporaine pourvu qu'elles soient portées par un minimum de souffle un peu authentique. On passe ainsi allégrement sur les conditions de production des oeuvres, sur le contexte social où vit leur auteur, qui a toutes les chances d'avoir un peu d'influence sur le contenu de l'oeuvre. On passe sur la plus ou moins grande conscience de l'auteur de faire de l'art au sens usuel, l'Histoire de l'Art, le professionnalisme de la chose, son regard face à ce qui surgit de lui, plus ou moins contrôlé, plutôt moins que plus dans le cas des créateurs de l'art brut, qui sont généralement dépassés par des pulsions expressives.
Marilena Pelosi est à l'évidence le siège d'une intense production imaginative, liée à ses souvenirs d'enfance au Brésil certes, mais aussi à la perception du monde qui l'entoure, vis-à-vis duquel elle se sent en décalage et en désaccord... Mais elle maîtrise la situation, elle s'expose d'elle-même, elle sort dans le monde, va aux expositions, connaît l'histoire de l'art, bref ne possède pas le profil psychologique et sociologique des créateurs que l'on range dans l'art brut. Le mot d'art singulier, certes galvaudé par les temps qui courent mais toujours pertinent, peut servir à qualifier son oeuvre. Les singuliers sont des créateurs qui ont les fesses coincées entre l'art brut et l'art contemporain des professionnels. Ce ne sont pas des peintres du dimanche non plus, faisant gentiment mu-muse avec leurs pinceaux entre deux pot-au-feu. Ils ne sont pas exclus comme les créateurs bruts, mais ils sont tout de même comme des orphelins de l'art et comme des insulaires, isolés sur leurs territoires saturés d'imaginaire, n'osant même plus agiter leurs mouchoirs vers ceux qui pourraient être leurs voisins, sur d'autres îles. Ce sont des individualistes, des veufs et des veuves de l'art sincère, dérivant sur une banquise morcelée, en train de fondre elle aussi, comme la vraie.
Marilena PELOSI
Manœuvre de désenvoûtement
13 février au 14 mars 2008
Vernissage le jeudi 12 février de 18h à 21 h
Galerie Objet Trouvé, 24, rue de Charenton
75012 Paris (mer au sam de 14h à 19h)
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02/02/2009
La Terre vide
Prophétie facile? Toujours est-il que ce paysage assez rare sous mes crayons ou pinceaux ou rapidographes me parut terriblement vide, n'appelant décidément, malgré mon désir de le repeupler par de la faune, de la flore fantastiques, aucun habillage, aucun remplissage. Cette perspective de dunes stériles, brunes, sépia, blanches, grises, rare elle aussi dans ma production (je ne dessine pas en 3 D, je n'en ai pas le don), se devait de rester vide, ondulant doucement sous une lumière pauvre. Et les quelques homuncules, débris divers et tour solitaire qui malgré tout se parsemèrent selon un ordre nécessaire à l'équilibre des formes ne font rien pour animer la scène. Ils sont plantés, mornes au milieu du désastre qu'ils ne peuvent que constater avec fatalisme.
00:48 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bruno montpied, écologie, art singulier | Imprimer
17/01/2009
Autoportrait cauchemardesque
00:15 Publié dans Art singulier, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art singulier, bruno montpied, baron samedi, modifications | Imprimer
10/01/2009
Les "peintures idiotes" d'Anne Marbrun
Je ne sais que peu de choses d'Anne Marbrun. Des textes d'elle ont été publiés de ci de là en plaquettes et recueils chez divers petits éditeurs secrets (comme L'Oie de Cravan à Montréal, Wigwam Editions à Rennes, L'Escampette à Chauvigny -où, on l'espère, on n'est pas chauvigniste). Autrefois, aux éditions A la Fée Verte, éphémère maison d'édition de Joël Gayraud, je me souviens qu'il y eut aussi un texte d'Anne Marbrun, La Petite (édité en 1983). Qui est désormais disponible à L'Oie de Cravan. Est-ce la même Anne Marbrun qui a également publié un roman sur la Commune, Le sang des cerises? Il semble que oui.
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30/12/2008
Un album d'images en étrennes virtuelles
00:19 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer
09/11/2008
Mosaïque d'Isère avant l'hiver, "l'art partagé" de Rives
L'association Oeil'Art de Jean-Louis Faravel organise une grande exposition d'oeuvres venue d'un peu partout, Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, France et Tunisie, à Rives dans l'Isère du 15 au 30 novembre 2008 (c'est la seconde édition). En plus des créateurs convoqués (la liste est longue, j'ai compté 51 noms, 51 images en vignettes pour carrelage sur l'affichette qui sert d'invitation - "carrelage" qui a tendance à devenir envahissant chez les organisateurs de festivals "singuliers", mais qui ne rend pas service aux artistes je trouve, tous s'annulant dans une mosaïque bariolée qui au départ se voulait pourtant hyper démocratique ; résultat paradoxal de ces cartons d'invitation: on ne voit plus personne...), des animations sont aussi organisées au cours de l'expo: une conférence d'Alain Bouillet sur les rapports entre l'art singulier et l'art brut, une autre de Bruno Gérard, l'artiste-enseignant du Centre de la Pommeraie en Belgique (où travaillait Paul Duhem, et où travaillent encore aujourd'hui des excellents peintres comme Oscar Haus, ou Alexis Lippstreu, présents, comme l'oeuvre de Duhem, dans cette expo de l'Art Partagé). Des ateliers de création sont également prévus avec Adam Nidzgorski (tapisseries, tissus cousus) et Bruno Gérard (matériaux divers, peinture).
Parmi les 51, j'ai relevé plusieurs noms dont l'oeuvre m'a déjà passablement retenu à différents moments, Pierre Albasser, Jean-Christophe Philippi, Ruzena (évoquée récemment pour son expo à Lyon en ce moment), Jacques Trovic, Adam Nidzgorski, Gilles Manero, Lippstreu et Haus donc, l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste le patriarche de l'art singulier, Charles "Cako" Boussion, Michel Dave (autre créateur de la Pommeraie), Serge Delaunay (vient d'Art en Marge celui-ci, me semble-t-il), Marie-Jeanne Faravel, Roger Ferrara, Claudine Goux, Martha Grünenwaldt, Josef Hofer (art brut pur jus), Yvonne Robert (chacune de ses oeuvres est un petit récit, l'oeuvre entière est comme un feuilleton éclaté)...
S'il faut saluer la volonté de Jean-Louis Faravel d'opérer une sélection exigeante dans le torrent des artistes contemporains qui se parent du terme d'art singulier de façon plus que complaisante (au point qu'il n'y a plus aucune différence entre art contemporain d'arrière-province et art véritablement singulier), peut-on avoir l'outrecuidance de lui suggérer de rompre avec cette mode proche du poncif qui consiste à prendre comme nom pour son association un de ces calembours éculés basés sur l'emploi de la syllabe "art"...? Zon'art, Biz'art-Biz'art, D'art-d'art, Oeil'art, Singul'art, Hazart, Artension, Pan'art (celui-ci j'aurais pu, sacrifiant à la mode du calembour facile, me l'octroyer, vu mon patronyme aisément recyclable en jeux de mots lourdingues, n'est-ce pas Animula, qui se présente pourtant en apôtre de la légèreté -voir un récent échange de commentaires aigre-doux sur son blog),etc... Rompre avec cette tendance serait vraiment faire preuve de singularité en l'espèce... Non?
"L'Art Partagé", du 15 au 30 novembre 2008, de 15 à 19h tous les jours (entrée libre) à Rives (Isère), Parc de l'Orgère, salle François Mitterrand, (sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché, pour ceux qui ont une voiture...). Tous renseignements: Oeil'Art, Jean-Louis Faravel, 33 (0)6 67 01 13 58. oeil'art@orange.fr et http://www.artoutsimplement.canalblog.com.
A signaler que la Galerie Hamer, à Amsterdam, propose du 1er novembre au 13 décembre une exposition où l'on retrouve Alexis Lippstreu.
19:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : faravel, albasser, josef hofer, nidzgorski, centre la pommeraie, art singulier, yvonne robert | Imprimer
30/10/2008
Ruzena, les encres de l'autre monde
Vendredi 31 octobre, rendez-vous au vernissage d'une nouvelle exposition de Ruzena à la galerie Dettinger-Mayer (la première avait eu lieu en 2005, et j'exposais en sa compagnie ; celle-ci est prévue pour durer jusqu'au 29 novembre 2008). On pourra continuer de pénétrer plus avant dans son monde étrange, proche d'une certaine fantasy graphique qui se nourrit aux meilleurs sources des imagiers raffinés, du type Beardsley, Arthur Rackham et autres Edmond Dulac, sans qu'on veuille non plus réduire Ruzena à aucun de ces auteurs, tant elle a su dresser un univers désormais bien personnel, avec ses racines, son tronc et ses branches qui ne cessent de se ramifier en de multiples directions.
La métaphore de l'arbre ou de la forêt vient rapidement sous la plume lorsqu'on veut évoquer l'imaginaire graphique de Ruzena, tant l'élément végétal est présent dans ces compositions, indépendant des figures humaines, ou parfois fusionnant avec ces dernières. Cet imaginaire est féru de métamorphoses en vérité. Souvent tenté par la cruauté et la torture mais surtout empreint d'un humour noir que l'auteur paraît priser avec gourmandise. Elle aime à jouer avec certaines conventions morales. Les bébés sont en danger chez Ruzena, à moins que ce ne soit que l'image du bébé dans nos sociétés qui soit ainsi visée, en raison des ruissellements de mièvrerie et d'idéalisme béat qui lui sont invariablement attachés... Est-ce qu'on peut voir dans ces images d'enfants tarabustés par les homuncules de Ruzena un petit souvenir des Vivian Girls de Henry Darger?
Apparues ces derniers temps (je lui ai rendu visite dans son atelier récemment, en juillet de cette année), des branches épaisses et ténébreuses, me faisant songer à des cuisses, des fibres musculaires, ou des fuseaux gainés dans des collants noirs, se mettent à serpenter, comme sur l'image qui sert pour le carton d'invitation à l'exposition (ou le dessin ci-dessus intitulé La Haine des autres). Nouveauté qui n'aura peut-être qu'un temps, tant l'auteur paraît avant tout éprise des surprises suivantes que lui apporte son art (elle paraît affamée d'expérimentations nouvelles). J'aime ainsi particulièrement, à la suite d'une autre de ses périodes, des fantômes blanchâtres qui viennent en arrière-plan caresser ou frôler des figures situées au premier plan, peut-être désireux de leur poser des questions qui paraissent les tourmenter secrètement.
"LES BELLES AU BOIS MORDANT
Où sommes-nous? En forêt? Mais dans une forêt d'enfer où des êtres non nés sont pendus, ficelés, indolents. Hésitant entre l'humain et l'hybride. Irrésolus, ils patientent en attendant d'exister tout à fait. Comme des mouches dans la toile d'araignée de l'Oubli. Derrière eux - futur ou passé? - ce qu'ils n'ont pu choisir d'être : des spectres pâles à la lisière du néant dérivent, les yeux vides, l'air de noyés. C'est le maquis où le végétal le dispute à l'animal, où l'on étouffe. Pourtant tout est normal, terriblement normal, jamais on ne se révoltera.
Au coeur de cette jungle serpentine sans haut ni bas, sans autre lueur qu'une brume sépia, mauve, verdâtre ou pourpre, observons le muet appel d'avortons qui, si l'on consent à ne plus les garotter, tendent des bras plaintifs vers leurs mères. Celles-ci s'absentent, leurs corps changeant, tantôt branches, tantôt vagues pythons femelles guettés par la morsure des lianes dragonnes.
Les spectres blêmes gardent cette lente chorégraphie asphyxiée aux promesses d'exsangue éternité."
(B.M. 2005)
Galerie Dettinger-Mayer, 4, place Gailleton, 69002, Lyon. Tél: 04 72 41 07 80 ; www.galerie-dettinger-mayer.com ; ouvert du mardi au samedi de 15h à 19h30, le matin sur rendez-vous.
12:08 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ruzena, galerie dettinger-mayer, art singulier | Imprimer
26/09/2008
Cramoisi
10:31 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer
24/09/2008
Connaissez-vous Claire Chauveau?
Cet article contient des mises à jour (de janvier 2020)...
Je ne sais pas trop où il faudrait ranger les trois gravures que je mets ici en ligne. Art brut, naïf ou singulier, ou tout simplement inclassable, et séduisant, parlant à la délicatesse et à l'imagination.
Je suis tombé sur ces gravures lors d'une de ces journées portes ouvertes improbables, où je ne vais généralement pas, de peur d'être rasé de près par les artisteuhs hyper narcissiques se croyant tous sortis de la cuisse de Jupiter parce qu'ils ont la bonne fortune d'étaler un peu de dégoulinade colorée avec plus ou moins d'inspiration et de maestria sur tous les supports de leur choix (allez, je ne vise, on l'aura compris que ce qu'on appelait autrefois les m'as-tu-vu ; a-t-on remarqué du reste à quel point on n'emploie plus ce mot, alors que la chose est pourtant si fréquente?). On m'avait mis au parfum, faut dire. Monelle Guillet et Joël Gayraud m'avaient signalé une "artiste" intéressante dans l'atelier d'un de leurs amis, André Elalouf.
Elle était sur les lieux, dans cet atelier de la rue Bichat dans le 10e ardt, il y a déjà quelques années maintenant. Il était difficile de lui parler. Sa mère très présente à ses côtés répondait pour elle. Quelque chose commençait à se dire, mais la protectrice, sans doute inquiète, venait se superposer à ce discours qui ne parvenait pas à l'esquisse d'une formulation qui aurait eu peut-être - c'est l'impression toute subjective que j'en retirais - besoin de plus de temps pour se déployer.
En attendant (en attendant quoi?), j'acquis trois gravures où les sujets représentés distillaient une sensation de raffinement enfantin. C'était une scène de chasse avec hommes des bois avec fusil et arc. Plus une autre où l'on découvrait un avion à réaction larguant des bombes à côté, au-dessus, on ne savait trop, d'un Pégase géant (il me semblait reconnaître des souvenirs de mythologie gréco-latine), une chèvre attachée par le licol comme un appât pour un improbable tigre, un ange en robe, des arbres fragiles tentant vaille que vaille de croître dans le vide. Une troisième image représentait dans un médaillon central tout déchiqueté sur son pourtour une scène de chasse à la baleine, comme dans un dessin d'Inuit, avec des hippocampes, ces animaux démodés...
Je ne les ai jamais encadrés, jamais accrochés au mur chez moi. Je les garde dans un carton, où je vais les repêcher de temps à autre, les regardant avec reconnaissance pour leur grâce et leur finesse, leur simplicité raffinée. J'ai revu d'autres gravures de Claire Chauveau il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre, dans l'espace pompeusement nommé "galerie" entre cafétaria et moignon de collection Max Fourny, au rez-de-chaussée. Le charme n'était plus le même, une certaine sophistication avait remplacé l'élan candide des départs. Comme si avait été conjurée l'immédiateté poétique, un peu étrange, hors-normes, des débuts... Mais peut-être n'est-ce là que suppositions et devrai-je faire place ici, plus tard, à un correctif...
Note du 14 janvier 2020 : Je reviens sur cette note de 2008 pour signaler le nom de l'animatrice de l'atelier de gravure de l'ADAC, rue des Arquebusiers dans le IIIe ardt (où, entre parenthèses, j'ai moi-même pratiqué de manière éphémère la typographie dans les années 1980), Mireille Baltar, qui accompagna, m'a-t-elle écrit ces jours-ci, Claire Chauveau dans ses travaux de gravure durant vingt ans, sans se préoccuper de ses coordonnées psychiques.
23:08 Publié dans Art Brut, Art inclassable, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : claire chauveau, art brut, art naïf, art singulier, mireille baltar, joël gayraud, monelle guillet | Imprimer
01/09/2008
Un document rare
Ci-dessous, comme il y est inscrit, un "document rare" retrouvé dans mes dessins relatifs au frottage, technique qu'il ne faut pas rougir d'employer encore, puisqu'elle est entrée dans l'arsenal des outils au service du rêve tangible, comme le collage, le brûlage, la décalcomanie, etc.
09:31 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art singulier, bruno montpied, max ernst | Imprimer
30/08/2008
Dans la série les meilleures cartes postales de l'été
Cartes postales, petits signes d'amitié durant l'intervalle où nous sommes loin des yeux les uns des autres, il serait juste de vous accorder un peu de place, surtout quand vous supportez un petit effort créatif, bien différent des clichés d'usage (il fait beau, on mange bien, le pays est magnifique)...
(Joël Gayraud, août 08)
10:07 Publié dans Correspondance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matera, art singulier, patrimoine de l'unesco | Imprimer
09/07/2008
René-François Gregogna, l'Anartiste
Je parlais de classiques de l'art singulier dans ma note récente sur "l'été des expositions". On pourrait aussi parler de ses"ancêtres", si le terme n'avait pas quelque chose de légèrement offensant.
Bien sûr on connaît Chaissac, qui avec son "art rustique moderne" n'était pas loin des créateurs que l'on peut regrouper sous l'étiquette singulière. Il y a eu aussi Michel Macréau, étonnant peintre en marge du monde des arts, en dépit d'un talent indéniable qui aurait dû lui ouvrir les portes des galeries, des institutions muséales de son vivant, et le faire exposer davantage sur un plan international. Ce dernier fut actif des années 60 aux années 90, et fut certes associé à la Figuration Narrative, déclaré également précurseur dans les années 60 de la peinture de graffiti (il est proche cousin d'un Basquiat), mais son parcours marginal dans l'art contemporain le fait aussi rapprocher de certains grands individualistes que l'on classe faute de mieux du côté des "singuliers". Créateurs dénommés ainsi après l'exposition des Singuliers de l'Art (1978) au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. L'expression, on le sait, au départ cherchait à englober aussi bien les environnementalistes que les bruts, ou les créateurs contemporains indépendants et semi-professionnels. Avec le temps, les festivals d'art singulier fleurissant dans les petites villes, le terme en est venu à désigner essentiellement les créateurs contemporains marginaux recourant à des techniques artistiques d'autodidactes, s'exprimant dans un langage primitivisant ou imaginiste. Le mot peut ainsi devenir plus ou moins synonyme de "création franche" ou de "neuve invention" (les cas-limites aux portes de l'art brut).
Parmi ces Singuliers, il existe un autre précurseur, René-François Gregogna, actif à Sète, Frontignan et Pézenas depuis quatre décennies. Un peu comme Jean-Joseph Sanfourche dans le Limousin, Jacques Reumeau dans la Mayenne, ou encore Elie-Séraphin Mangaud en Vendée (un ami de Chaissac celui-ci, et bien méconnu),etc... (Il doit y avoir des créateurs indépendants et inclassables dans toutes les régions). Né en 1926, résistant pendant la guerre, ayant été profondément marqué par le sculpteur naïf/brut ardéchois Alphonse Gurlhie (dont Jacques Brunius paraît faire mention dans son film de 1939 Violons d'Ingres), alors qu'il n'avait que huit ans, auteur de diverses expériences artistiques dès 1958 dans la région sétoise (mais aussi un temps en Touraine et en Allemagne, entre 1978 et 1983), souvent accompagnées de scandales et de vandalisme (il est fort connu pour avoir peint en 1978 et 1979 les rochers de deux digues situées à Sète et à Frontignan sur plus de 2000 m2, digues qui toutes deux se trouvèrent détruites), Grégogna est un personnage attachant, aux allures de dandy méridional, un créateur inégal et inventif en même temps, qui ne suit que son désir, et son inspiration... Seules comptent la liberté, la poésie, la surprise et la satisfaction de l'artiste. Son oeuvre réside aussi dans sa conduite de vie. Sa biographie (que l'on peut trouver sur le site de l'atelier photographique de Didier Leclerc où l'on trouve d'excellentes photos comme celle que j'insère ici) et le film qu'Anne Desanlis (qui a aussi collaboré au film Le Dernier des Immobiles, consacré au poète Matthieu Messagier) a réalisé sur lui le montrent avec éclat.
Grégogna a probablement exercé en outre une influence non négligable sur les tenants de la Figuration Libre notamment à travers les frères Di Rosa, dont l'un deux, Hervé, a créé en sus de son oeuvre un Musée international des Arts Modestes, installé à Sète, dont les conceptions ont des relations avec l'esprit primesautier d'un Gregogna justement. L'actualité permet de se faire une idée de l'oeuvre de Grégogna puisqu'il expose à deux adresses cet été. La Maison des métiers d'art de Pézenas expose les "laines de l'anartiste" du 28 juin au 30 septembre 2008 (tél: 04 67 98 16 12), des oeuvres textiles donc (l'artiste a fortement tendance à pratiquer toutes sortes de techniques par ce goût de l'expérimentation qui est un autre masque de son goût pour les diverses situations de la vie). Dans le cadre de la manifestation FiestaSète, se tient également une expo Grégogna, "Tout vient à point, à qui sait m'attendre". Vernissage le 11 juillet. Du 11 juillet au 30 sepembre 2008, Espace Félix, 2, quai Général Durand, Sète (04 67 74 48 44 et http://www.fiestasete.com/, site où il faut précisément chercher ce texte sur Gregogna).
08:00 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gregogna, anne desanlis, art singulier, gurlhie, fiestasète | Imprimer
15/06/2008
Serge Paillard chez Robert Tatin, ou les pommes de Terre Intérieure
D’un travail minutieux de bénédictin surgissent ses dessins au rapidographe (à l’encre de Chine), ou depuis peu à la mine de plomb, tirés de son observation quasi hallucinée de simples pommes de terre. Les formes de ces tubercules sont on le sait aussi évocatrices pour l’imagination que les nuages, les murs lépreux (chers à Léonard) ou les pierres de rêve chinoises. Il pratique à partir de ses modèles une puissante voyance, reportant sur le papier le fruit de ses visions. Curieusement, les pommes de terre interprétées deviennent, une fois couchées sur le papier, des sortes d’îles cernées de vaguelettes qui leur confèrent comme un halo. Comme des visions enfermées dans de minuscules îles.
Plus l’espace sera restreint, semble-t-il, et plus la vision sera délirante, puisée dans des profondeurs inconnues de l’inconscient. Tout autour, l’île est cernée par la menace du grand vide de la page blanche. Comme si l’imagination s’exaltait d’être ainsi encerclée par le néant.
Ces lignes avaient été écrites à propos de Serge Paillard, peintre figuratif lavallois indépendant des écoles et des styles ambiants, pour le catalogue du 9e Festival d'Art Singulier à Aubagne en 2006. Pour des raisons de place comme on dit il ne parut pas. Je ne saurais pourtant rien ajouter aujourd'hui à ce que je ressens devant les fins dessins de cet artiste, postier à ses heures, au parcours sinueux et authentique qui depuis quelque temps a ouvert un nouveau chapitre fort visionnaire dans son travail de créateur d'images, le "voyage en Patatonie". Sa complicité avec les pommes de terre en est la cause.
Voici qu'il expose au Musée Robert Tatin à Cossé-Le-Vivien (Mayenne), dans la salle dédiée aux contemporains, baptisée "La Grange", du 21 juin prochain (jour de vernissage) au 31 décembre 2008. Nous aurons le temps donc pour aller le découvrir. L'expo s'intitule "Nouveau voyage en Patatonie".
Bibliographie:
Bruno Montpied, Serge Paillard en Patatonie, in SURR n°5, automne 2005 (adresse de SURR (revue du Groupe de Paris du mouvement surréaliste): 122, rue des couronnes, Paris, 75020, et site web en lien ci-contre)
20:29 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art singulier, serge paillard, musée robert tatin, patatonie | Imprimer
08/06/2008
Tout un programme...
15:20 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer
14/05/2008
Singulier art brut
Vite, c'est pour dans deux jours, la galerie Nuitdencre 64 au 64 (comme de juste), rue Jean-Pierre Timbaud, dans le 10e arrondissement à Paris, continue d'explorer le spectre de l'imaginisme contemporain, du surréalisme à l'art singulier. C'est ce dernier, confronté à quelques représentants des collections d'art brut, qui fait l'objet de l'exposition qui commence vendredi prochain 16 mai (soir du vernissage) et qui est prévue pour se clore le 30 juin.
L'expo est montée en collaboration avec l'association Oeil'Art dont on (des amis singuliers) m'a déjà dit le plus grand bien -on peut visiter leur site pour se faire une idée ICI. Au programme, Martha Grünenwaldt (disparue récemment, voir ma note du 30 mars 2008), Gustave Cahoreau (le protégé de Michel Leroux), Alain Lacoste (grand ancêtre des singuliers), Jean-Paul Henri, Jacques Trovic (parfois aussi classé dans l'art naïf, un brodeur de grand talent que j'aime particulièrement), Cako (de son nom complet Charles Cako Boussion, capable de réalisations fort inspirées quand "l'esprit souffle", témoin les sirènes ci-dessous que j'ai photographiées il y a peu dans une collection privée distincte de l'expo de Nuitdencre),
Joël Lorand (c'est l'invasion, Lorand en ce moment), Gilles Manero (le délicat, le raffiné, le bon, le discret Gilles Manero), Faravel, Matemma, Adam Nidzgorski, Jean-Marie Heyliguen, Dominique Bottemane, Pascal Masquelière, Andrea Leierseder et Jean-Michel Messager.
23:41 Publié dans Art Brut, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art singulier, galerie nuitdencre 64, oeil'art, faravel, manero, grunenwaldt, trovic | Imprimer
21/04/2008
Marcel Katuchevski
A l'exposition L'Eloge du dessin, qui se tient actuellement à la Halle Saint-Pierre (au 1er étage), parmi de nombreux artistes fort intéressants à découvrir (Patrick Gimel notamment qui se fait rare, à Paris en tout cas, et à qui on aimerait voir consacrer une exposition tout entière), j'ai eu plaisir à voir les grands dessins à la mine de plomb de Marcel Katuchevski. Le catalogue livre sur lui quelques informations succinctes, notamment le fait que né en 1949, il a commencé à dessiner au moment où il a découvert l'art brut, ses premières expositions datant du milieu des années 80. Je gage cependant que ces expos ont été du genre confidentiel, mais bon, je ne passe pas non plus partout.
En tout cas, on peut admirer ses grandes compositions achevées/inachevées (je suis particulièrement admiratif devant cet aspect de l'oeuvre) à la Halle Saint-Pierre jusqu'au 29 août. Et puis, à signaler aussi que commence le 24 avril tout proche une autre exposition de dessins de Katuchevski à la Galerie Polad-Hardouin, rue Quincampoix dans le 4e arrondissement à Paris, tout prés du centre Beaubourg. Durée prévue: du 24 avril au 31 mai.
En même temps que l'expo Katuchevski, on pourra également découvrir les travaux récents de Michel Nedjar.
19:40 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marcel katuchevski, art singulier, galerie polad-hardouin, halle saint-pierre | Imprimer
19/04/2008
Champ de bataille du rêve, je me mets sur les rangs
Je pars en guerre (gentille guerre, pas du tout armée, je reste tout de même antimilitariste, je suis plutôt du genre Don Quichotte et non pas Don-Qui-Shoote) contre l'art singulier des Têtes à Toto sous-chaissaquiennes (voir le récent numéro, le n°29 d'avril 2008, de Création Franche). On dira, mais qu'est-ce qu'il préfère ce Montpied? Il croit que ce qu'il peint, c'est mieux que les autres? Il se prend pas pour de la m... (etc.). alors, faut voir, faut se documenter. Faut que je vous montre quelques échantillons de ce qui sort de mes pinceaux, de mes marqueurs et de mes rapidographes. Je mets en ligne à partir d'aujourd'hui un album (voir colonne de droite) de mes peintures. Et puis, pour accompagner cette exposition virtuelle, j'y ajoute un texte d'un vieux camarade de lycée, retrouvé récemment et qui m'a livré quelques notes spontanément devant l'encre ci-dessous reproduite.
Une guerre un peu fantoche, mais inquiétante pourtant. Un cirque. Un jeu de cache-cache. Un rébus.
Des réminiscences de Miro ? Dubuffet ? Van Gogh ? Buster Keaton ? Bosch déplacé ? Ernst en moins inquiétant ?
Les personnages ont l’air transi d’être regardés ? Epinglés ? Une collection ?
Des travestissements. Des animaux.
Peu de personnages vraiment inquiétants.
Un art des chapeaux.
Tous en équilibre (les uns sur les autres), sur des fils, enchaînés ; et pourtant les personnages ont l’air d’être installés.
Sont-il convoqués pour un passage en revue avant de partir à la bataille, de conjuguer leurs forces, leur étonnement, de fuir séparément.
Des guetteurs aussi? Des fanions. Un avion ?
Une telle profusion de personnages (les monstres sont humanisés) sans que ça s’alourdisse, soit étouffant (diversité des tailles ; quelques lavis de couleurs). Des cycles de métamorphose. Une femme retournée. Un jeu récurrent avec les extrémités des corps, des personnages … ça se prolonge, s’étend, englobe, se suspend.
Thierry Tricard
16:14 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art singulier, bruno montpied | Imprimer
18/03/2008
Marilena Pelosi expose chez Dettinger
"Des prisonnières, mais cette fois-ci pas forcément volontaires, il y en a dans le petit théâtre de Marilena Pelosi, cette créatrice d’origine brésilienne qui paraît se souvenir des gravures naïves de la littérature de cordel, où derrière l’apparente simplicité des images se cachent des ambiguïtés inquiétantes…
Il y a dans son théâtre des femmes nues bizarrement bâillonnées (on dirait qu’on leur a passé le mors), allongées comme si elles étaient au bronzage, leurs bouches entravées et comme ensanglantées. Des femmes qui portent sur leurs ventres un haricot géant, symbole matriciel féminin, ligaturé avec des cheveux, ces derniers étant souvent perçus comme des liens, ce terme étant à prendre dans le sens de ligatures mais aussi, simultanément, dans le sens de "relations" (comme on l’emploie dans le jargon informatique). Des femmes qui parfois doivent lutter contre leurs destins comme si ces derniers étaient des arceaux qui cernaient leurs corps et dont elles ne pourraient se défaire (prémonition du sinistre bracelet électronique?). Des femmes torturant d’autres femmes en leur faisant miroiter des parures, secrètes armes inventées par la société de consommation pour enchaîner tout un chacun devant le miroir aux alouettes de la marchandise. Plus généralement des femmes, voire des enfants, qui se tiennent sous la coupe de personnages plus grands qui paraissent vouloir leur faire de l’ombre, quand ils ne saignent pas tout simplement sur eux… Décidément un curieux théâtre, un doux et fragile théâtre dessiné aux crayons de couleur de l’enfance, sur papier calque parfois (théâtre faussement transparent) qui nous parle de torture et qui dénonce en même temps."
Cet extrait (légèrement remanié) provient d'un texte plus ample, intitulé L'Enfer me ment qui n'a été publié que de façon partielle par les organisateurs du 9ème festival d'Art Singulier d'Aubagne en 2006. Il devait figurer dans le catalogue de l'exposition en regard des seize créateurs que l'on m'avait proposé de présenter dans une salle qui était à ma discrétion (j'y reviendrai). Ce passage consacré à Marilena Pelosi se concentrait sur le thème de "l'enfermement" qui était le fil rouge du festival.
Pour autant, le travail de cette créatrice ne se réduit pas à ce thème.
On s'en instruira en se rendant à l'exposition de dessins de Marilena qui ouvrira bientôt ses portes, du 21 mars au 19 avril prochains, à la galerie Dettinger-Mayer, au 4, place Gailleton dans la Presqu'Ile à Lyon (http://www.galerie-dettinger-mayer.com/expositions.htm).
00:35 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marilena pelosi, art singulier, galerie alain dettinger | Imprimer
04/03/2008
Un sciapode chez MAX T.
Mon ami Max T. (voir notes précédentes de février) m'a fait plaisir en nourrissant ma déraisonnable obsession pour les sciapodes. Il m'en a concocté un tout emberlificoté, ficelé comme une paupiette. Avec une inquiétude à la clé, où placer l'orteil d'un tel individu à pied unique? Voici le résultat:
15:35 Publié dans Art singulier, Sciapodes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sciapode, art singulier | Imprimer
27/02/2008
Naissance de MAX T.
Évoluant depuis quelques années déjà au sein des vieux loups de brocantes, individus fréquemment partagés entre antiquaires classieux mais calculateurs, maramians presque enguenillés, alcooliques cachant mal leur vice sous les oripeaux d'un métier proche de la bohème sans en être tout à fait, grands enfants maquillés en excentriques boulimiques, rustres et autres montreurs d'ours aux griffes élimées, faux aristocrates créchant en baraque, bourrus sauvés des eaux, moustaches déguisées en conquistadors à la retraite, Max T. est un cas à part.
Il trafique comme les autres, vend de l'art populaire, aime les vieux outils, le fer particulièrement. Il s'est mis à retaper les objets un peu trop abîmés selon son goût, et petit à petit devient restaurateur sans s'en apercevoir. Dès lors, il a mis la main dans l'engrenage. Il crée des oeuvres à ses moments perdus, une "patte" enfantine s'y laissant reconnaître.
Au début, il n'en laisse rien paraître, il sème dans le décor de sa vie quotidienne ses créations au milieu des autres objets chinés en brocante parmi ses congénères brocs, le plus souvent des objets qui n'ont plus d'auteurs avérés. L'anonymat baigne son capharnaüm. Pourquoi pas ses propres réalisations? Je m'y laisse prendre, un jour je photographie un jouet-acrobate jaune le prenant pour un frais et naïf témoignage d'art populaire (voir ma note du 25 juin 2007), alors qu'il semble être sorti tout droit des mains du Max, ce dernier ne le reconnaissant pas tout à fait, à mots couverts seulement (peu amateur d'explicite, le bougre)...
Pourquoi n'avoue-t-il pas qu'il en est l'auteur? Par manque de confiance? Par désir de se mesurer à la poésie des objets populaires naïfs, et donc au rebours de l'hypothèse de la timidité, c'est par fierté qu'il agirait ainsi...? La réponse ne vient pas. Il vous regarde de ses yeux cernés, il roule sa vieille clope dégueulasse, l'allume puis tire dessus, laisse le silence répondre à sa place. Et laisse aussi le photographe tirer quelques portraits des dessins, des assemblages, des sculptures en fil...
Max T., sans titre sans date, assemblage de matériaux divers (la tête est faite des tessons d'un pot qui au départ était intact ; en se brisant, les tessons ont donné un air affaissé original à la tête, la ficelle est venue pour tenir le tout sans doute), photo B.M. 2008
Max T. dessin au stylo sur la couverture d'un cahier, sans titre sans date, photo B.M. 2008
Il préfère le secret, rester en retrait. Il vit en Normandie avec sa femme et ses deux enfants. Il se délasse avec ces petites créations, Dieu sait où ça le ménera.
Max T., dessin sans titre sans date, stylo, photo B.M. 2008
22:55 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : max t., art singulier | Imprimer
13/01/2008
L'Enfer plus que jamais
Désolé pour tous ceux qui la trouveront déjà "archi-vue et revue", mais j'ai la faiblesse cette nuit de mettre en ligne sur mon petit blog, fenêtre ouverte à tous les vents arachnéens du virtuel, une petite peinture de moi de l'année dernière... Qui l'aime, la suive... Son titre: L'Enfer plus que jamais, technique mixte comme on dit (beaucoup d'encre), et faisant partie d'une série, non terminée à ce jour, intermittente, que j'appelle "échantillons".
01:05 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Bruno Montpied, Art singulier | Imprimer
23/12/2007
Figures éclatées
Trois figures en voie de démantèlement, voici ce que je propose à cette heure. Une, vue dans le hasard d'un frottage au blanc d'Espagne sur une vitre de magasin désaffecté à Valuéjols dans le Cantal en juillet dernier. La deuxième est la version noir et blanc d'un visage à la bouche vissée, éclaté dans la traînée de rouille d'une épave du petit cimetière de bateaux du port de Camaret, photo prise à l'été 2003. La troisième est le résultat d'un frottage à la mine de plomb effectué sur la poutre d'une vieille maison du Cézallier durant l'été 2004, le but étant de retrouver, par le détour de la technique inventée par Max Ernst, rien de moins que la "façon de créer de la nature", comme aurait dit mon ami Strindberg... C'est pourquoi je réunis ces trois images ici même...
14:35 Publié dans Art singulier, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie naturelle, Art singulier, cimetière d'épaves de Camaret, Frottage, Strindberg | Imprimer
08/12/2007
Gaston Mouly, meilleur conducteur du Lot
Gaston Mouly nous a quittés en trombe, comme il avait vécu, plutôt vite, voici dix ans exactement. Cela méritait un petit hommage commémoratif avant que l'année ne finisse complètement et pour entretenir un peu la flamme des héros de notre temps. Voici donc trois photos tirées de mes archives personnelles, inédites. Art rustique moderne garanti (car Chaissac a bien eu au moins un successeur digne de son concept, à mon humble avis).
20:45 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gaston mouly, art rustique moderne, chaissac, art singulier, création franche | Imprimer
11/10/2007
Sorcière, sorcière, fais gaffe à ton derrière...: MASSIF EXCENTRAL (11)
Sur le bord du chemin un jour de balade dans les monts du Cantal, je vois un bloc sombre qui me fait signe... Et vous? La voyez-vous, qui s'enveloppe dans son ample manteau de ténèbres?
Peut-être que non... La voici rapprochée, avec son chef sommé d'une touffe qui singe une couronne, fétus et brins d'herbe en guise d'émeraudes... Je vois le profil d'une sorcière au menton en galoche, son visage pustuleux tout en grotesques protubérances.
23:15 Publié dans Images cachées, images délirantes? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie naturelle, Sorcières, art singulier, Joël Lorand | Imprimer
20/08/2007
Guy Girard s'expose à Pont-Aven
1996 : Librairie-Galerie La Belle Lurette, Paris.
1990 : Galerie L'Usine, Paris.
Expositions collectives récentes :
« A bleu nommé », Médiathèque Jean Prévost, Bron.
2003 : « Visions et Créations dissi- dentes », Musée de la Création Franche, Bègles.
2000 : « Eveil paradoxal » (exposition du groupe de Paris du mouvement surréaliste), Maison des Arts, Conches (Normandie).
Collections publiques :
Ostfriesenslandschaft, Allemagne.
Banco del Estado, Santiago, Chili.
Regard Surréaliste, exposition de Guy Girard du 15 juin au 30 septembre 2007 à la galerie Pigments et matières, 34, rue du Général de Gaulle, Pont-Aven (Finistère). Tél : 02 98 09 15 52.
[Photos B.Montpied, peintures collections privées Paris et Clermont-Ferrand, du haut vers le bas: Rencontre du paraphe de Freud et du nom de Merlin en lettres-images au-dessus de Paris au XVIe siècle, Chemin de St-Jacques, Sciapode de course (1986) ]
00:50 Publié dans Art singulier, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Guy Girard, Groupe de Paris du Mouvement surréaliste, Art singulier, Sciapodes, Pigments et Matières | Imprimer
29/07/2007
Les Nefs des fous (3)
Dans un récent commentaire, M. Jean Branciard a évoqué certaines de ses préoccupations qui auraient à voir avec nos précédentes notes sur des bateaux de marine populaire. Je suis allé sur le site de ce créateur qui travaille avec des matériaux de récupération, avec une prédilection pour le métal semble-t-il. J'y ai effectivement trouvé un "tracteur de mer" que personnellement je préférerais, tout à fait arbitrairement je m'empresse de l'ajouter, appeler une "goélette" ou une "caravelle", non pour les référents exacts de ces mots mais pour la sonorité des vocables. Ca sonne éclatant "goélette", "caravelle"... Les goélettes voguant sur les goémons parmi les goélands...
Il a de l'allure ce tracteur, ne trouvez-vous pas?
On a ici affaire à une autre modalité de l'écho sensible (ici délibérément assumé dans sa subjectivité) de l'objet "bateau", de la marine que le populaire ou le brut ont interprétée à leur manière, plus intuitive et innocente. On pourrait parler de marine singulière, histoire de faire un distingo, non dépréciatif, je m'empresse de le souligner...
22:15 Publié dans Marine populaire et singulière | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean branciard, art singulier, marine populaire et singulière | Imprimer
30/06/2007
Connaissez-vous Gérald Stehr ? (2: quelques indices)
Gérald Stehr est un créateur bouillonnant d'énergie, passablement débordé de visions, grand connaisseur de l'histoire de la tache appliquée aux beaux-arts (j'attends avec impatience son traité d'histoire de la tache pliée, sous-ensemble auquel il se consacre depuis de nombreuses années).
Entre autres activités, il est peintre et écrivain (il est aussi auteur de littérature jeunesse, on connaît notamment de lui Mais où est donc Ornicar? aux éditions L'Ecole des Loisirs, album qui raconte les difficultés d'un ornithorynque à se faire classifier dans une classe fréquentée par tous les animaux de Linné). L'ornithorynque, c'est un peu son histoire, lui qui eut maille à partir avec ceux qu'il appelle les "interprédateurs" (c'est un éblouissant joueur de mots, témoins les personnages de son livre paru aux Editions du Paradoxe en 2002, Voyage en Rorschachie, comme Charcauchemar, Nauséabombyx, Christévache, Lacannullard, Insidieuleuze-et-Sagouintaré).
Car ces derniers, ce que Stehr leur reproche, c'est précisément cette manie de classifier, une manie qui n'aurait pas pour but d'aider ceux ou celles qu'ils classifient, mais plutôt de les enfermer dans des catégories figées. Paradoxalement, une partie du travail pictural de Stehr se concentre sur l'élaboration et l'exploration d'un vaste catalogue de planches de taches interprétées, par simulation ou détournement de tests de Rorschach, dont l'auteur se moque. Se limitant à la couleur bleue, par une sorte de citation d'Yves Klein et de ses empreintes de corps bleues (Stehr a bien connu le père d'Yves Klein ; ces bleus lui font rêver aujourd'hui qu'on lui livre les sous-sols du métro parisien pour qu'il y installe ses Rorschach sous formes de modernes azulejos), il se livre à une anti-classification, par l'inflation des métamorphoses qui s'y donnent libre jeu...
Sans cesse, en marge de ses séries de "Voyages en Rorschachie", apparaissent des "planches déclassées" (voir l'exemple donné dans la 1ère note du 16 juin sur Gérald Stehr) aux formats distincts de ceux des planches régulières, inévitables et en cohérence avec le projet de l'auteur-ornithorynque, ni complètement mammifère, ni complètement oiseau, mi chair, mi poisson...
(A propos d'"Art singulier", je trouve très juste ce qui est dit sur le blog d'Animula vagula ces jours-ci à propos de la "Bible de l'art singulier" qui a été publiée récemment, et qui ne peut-être lue que d'un derrière distrait, comme disait -en le reprenant de qui?- mon défunt père... "Annuaire de l'académisme singulier" est très bien trouvé. Bravo Animula...)
19:30 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Gérald Stehr, Art singulier, Rorschach, Littérature jeunesse, ornithorynque | Imprimer
27/06/2007
Soupe au lait soupesant, Funambule et petit lutteur, Jardin des Déshespérides...
23:40 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer