25/09/2024
Jacques Brunius sur France-Culture bientôt
Voici que dans les archives sonores de France-Culture, on annonce à une heure très matinale la rediffusion d'une émission de 1983 sur Jacques Brunius. Jugez-en plutôt ci-dessous. Ce sera l'occasion d'en apprendre plus sur ce sympathique surréaliste anglophile, touche à tout génial comme disait André Breton, collectionneur d'art insolite, grand curieux de toutes sortes de créations inopinées, cinéaste inventif (Violons d'Ingres, c'est lui), acteur, collagiste, critique de cinéma. J'en ai souvent parlé sur ce blog.
Jacques Brunius dans le rôle de Fouché dans La Belle Espionne de Raoul Walsh.
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Nuit du vendredi 11 octobre au samedi 12 octobre 2024
04:27 - 06:37 Les samedis de France Culture - A la recherche de Brunius (1ère diffusion : 07/05/1983)
Par Paule Chavasse et Jean-Pierre Pagliano - Avec André Bay, Yannick Bellon, Louis Bloncourt, Anne Cottance, Marguerite Fawdry, Roland Penrose, Paul Grimault, Claude Heymann, Ado Kyrou, Pierre Prévert, Michel Laclos, Lucien Logette, Marc Maurette, Jean Mitry et Claude Roy - Avec en archives, les voix de Jacques Prévert et de Jacques Brunius dans la dernière émission des "Français parlent aux Français" (BBC) - Textes de Jacques Prévert, Lewis Carroll et Jacques Brunius - Interprétation Michel Bouquet, Pierre Delbon, René Farabet, Dominique Jayr, Michaël Lonsdale, Jean Topart et Maurice Travail - Réalisation Christine Berlamont.
Comptine lue par le sciapode à partir d'un recueil de comptains, comptines, formulettes et autres nursery ryhmes recueillis par Jacques Brunius (inédit?)
Photo d'Eli Lotar en off du tournage (1936) de Partie de Campagne de Jean Renoir, avec les acteurs principaux, dont le deuxième à partir de la gauche, Brunius, et la troisième, Sylvia Bataille. Le film ne sortit qu'en 1946.
10:43 Publié dans Art de l'enfance, Art immédiat, Cinéma et arts (notamment populaires), Littérature jeunesse, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jacques brunius, jean-pierre pagliano, france-culture, violons d'ingres, la bele espionne, raoul walsh, andré breton, surréalisme, cinéma, comptines | Imprimer
15/07/2022
André Devambez, pour en voir plus, au Petit Palais, cet automne...
Cet André Devambez, qui nous avait intrigués au musée des Beaux-Arts de Rennes, moi et mon camarade Régis Gayraud, en 2017, m'avait poussé à mettre en ligne sur ce blog quelques images insolites incitant à en découvrir davantage. Les vues plongeantes de ce peintre, très en avance sur son temps, les illustrations de livres pour la jeunesse frappaient l'attention. Voici, pour ceux de mes lecteurs qui voudraient comme moi en savoir, et en voir, plus, que le Petit Palais à Paris a eu l'heureuse idée de faire venir une exposition (qui s'est tenue à Rennes du 5 février au 7 mai 2022), pour cet automne, du 9 septembre au 31 décembre 2022 : "André Devambez, vertiges de l'imagination", cela s'appelle. Pour en savoir plus, on va là... C'est l'occasion, en plus de la découverte d'une peinture solide, de partir en balade dans une imagerie narrative, liée à l'illustration, notamment celle qui était destinée à la littérature jeunesse dans les années du début XXe siècle, qui a gardé beaucoup de charme jusqu'à aujourd'hui.
André Devambez, Gulliver en tournée à Lilliput, 1909, coll. partic. galerie Talabardon et Gauthier.
André Devambez, le Dirigeablobus, 1909 ; photo RMN-Grand Palais - Adrien Didierjean.
André Devambez faisant une grimace.
12/09/2020
Ogres et croquemitaines à Laval
Affiche de l'expo avec en illustration Michel Hénocq, le bien Malotru.
Dans sept jours, ouvre au Musée d'Art Naïf et d'Arts Singuliers du Vieux Château, à Laval (Mayenne), une exposition à la thématique réjouissante pour l'imagination. Les ogres, et – revendiquons la parité hommes/femmes – les ogresses (les castratrices?), les croquemitaines, toutes ces figures destinées à faire peur pour des raisons éducatives paraît-il – venues de nos profonds souvenirs inconscients –, dérivent depuis nos rapports enfantins avec le monde des adultes, et des parents en particulier. Papa, Maman, sont les premiers géants, et parfois les premiers ogres et ogresses. C'est finalement les rapports de domination basés sur l'épouvante que veut illustrer cette exposition proposée par Antoinette Le Fahler, directrice du musée, et son équipe. Le musée ne communique pas pour l'instant sur les artistes qui ont été sollicités pour cette manifestation : j'ai appris, à l'heure où j'écris ces lignes, qu'il y aurait déjà au moins Danielle-Marie Chanut, Anne Van Der Linden, Joël Lorand, Denis Dubois, Hélène Duclos (travail fort intéressant sur lequel j'espère pouvoir un jour revenir) et Murielle Belin (ainsi que mézigue). Dans l'ensemble, on est allé pas mal du côté de plasticiens contemporains plutôt que de l'art singulier.
Voici l'argument de l'exposition tel que présenté par le musée:
"L’Ogre, figure populaire alimentant les frayeurs enfantines, symbolise à la fois la puissance paternelle, les violences familiales, le totalitarisme ou les prédateurs sexuels. Le thème de la dévoration présent depuis toujours dans toutes les civilisations est largement traité dans la littérature, les bandes-dessinées, les arts plastiques et visuels. L’exposition "Ogres et croque-mitaines" propose un regard sur la création contemporaine à travers une diversité d’expressions plastiques relevant des Arts Singuliers, de la Nouvelle Figuration, de l’Expressionnisme contemporain ou de la Pop Culture."
Bruno Montpied, L'Ourson dans le ventre, 30,5 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2019 (présenté dans l'exposition "Ogres et croque-mitaines" de Laval) ; ph. Bruno Montpied.
La volonté de faire peur aux enfants, par exemple ceux qui sucent leur pouce (une des bases proposées dans l'étymologie du mot "croque-mitaine" – qui peut s'écrire avec ou sans tiret – consiste à suggérer que l'enfant qui s'entête à sucer son pouce va provoquer l'arrivée du mangeur de doigts...), est à l'origine d'une immense cohorte de personnages tous plus angoissants les uns que les autres, énumérés dans une liste donnée sur Wikipédia (le Babau, le Bonhomme sept-heures, L'Homme au Crochet, le Spétin – qui se cache dans le brouillard et les lieux sombres –, El Coco, la Mano Negra, les Nòchtgròbbe, corbeaux de la nuit..., la vieille Chabine dans le Berry, la Mère Tire-Bras en Sologne, le Picolaton, etc...). La palme, selon moi, que je décerne spontanément, revient à la "came-cruse" gasconne, à l'apparence de jambe munie d'un œil à son genou, courant à travers les rues à la recherche des enfants désobéissants...
Attention, le Coco arrive..., Francisco de Goya, 1797.
Mais si personnellement, je peux faire attention à l'usage "éducatif" qui fut fait (et que l'on fait toujours) de ces épouvantails à enfants (on lira avec intérêt le petit livre de la folkloriste Nicole Belmont, Comment faire peur aux enfants, paru il y a plusieurs années (1999) au Mercure de France), j'ai tendance dans mes dessins à traiter le thème avec désinvolture, oscillant entre la représentation horrifique volontairement poussée et le rendu grotesque et moqueur. Les ogres et ogresses sont souvent ridicules à mes yeux, la plupart du temps. Quatre de mes dessins en couleur figurent dans l'exposition du musée de Laval. Dont les deux que je mets en illustration ici.
Bruno Montpied, Cherchant le Petit Poucet, 24 x 17 cm, technique mixte sur papier, 2011.
Au vernissage, le 18 septembre, des "Ogres et Croque-mitaines", ph. Bruno Montpied.
10:54 Publié dans Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art populaire insolite, Art singulier, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Le conte en rapport avec d'autres expressions, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval, géants, parents et enfants, ogresses, bruno montpied, nicole belmont, éducation par la peur, exposition ogres et croquemitaines | Imprimer
24/05/2020
Des nouvelles du front brut: les expos, les musées de nos chères passions, les livres...
Déconfinement oblige, certains musées ou collections d'art brut, ou naïf ou populaire, ou hors-les-normes, ou singulier, ou "of everything", vont-ils enfin redevenir accessibles? Pour tous les drogués de ces formes d'expression, le manque est immense. On ne peut pas se résoudre, en effet, à ces messages faussement guillerets de certaines adresses qui promettent ces derniers temps de faire débouler leurs collections sur nos canapés...
Lorsque nos bibliothèques sont déjà bien fournies, les restitutions des œuvres sur écran – si on ne devait aborder ces dernières que sous l'angle de leur reproduction – me paraissent assez peu capables de rivaliser avec celles d'un beau livre, plus sensiblement appréciables. Et par ailleurs, ce qui reste irremplaçable – n'en déplaise à tous ces mortifères qui voudraient nous coller et nous séparer à jamais les uns des autres par écrans interposés – c'est la confrontation physique avec l'œuvre.
La route avant Lanaja (Espagne), photo Bruno Montpied, 2015.
De plus, dans le domaine de l'art brut, de l'art sans artistes, épars dans le décor de nos vies quotidiennes, mêlés à l'air ambiant, il est encore plus urgent de pouvoir repartir sur les routes (d'autant que, là, on est dans l'espace de la vie quotidienne, et que, donc, rien ne devrait nous y être fermé, hors espace privé individuel bien sûr).
Et les Puces, et nos chers brocanteurs fournisseurs de perles rares, d'énigmes insolites et ingénues? Quand tout cela va-t-il rouvrir? Ce "monde d'après" doit-il donc être celui d'une société totalitaire ressemblant à l'univers infernal de 1984?
J'ai appris pourtant que celles de Vanves avaient repris depuis le 16 mai dernier, sur un seul côté de trottoir, changeant en fonction des semaines – les brocs exposant tantôt côté rue, tantôt côté grille... A St-Ouen, aussi, les Puces ont repris, le week-end du 23-24 mai, il y avait foule. Avec la bouteille de gel hydro-alcoolique en poche pour s'essuyer les pognes sans arrêt, car les contacts avec les objets sont fréquents, et les brocs ne sont pas de la première jeunesse le plus souvent, pas aussi âgés que les objets qu'ils vendent, mais presque !
Couverture du catalogue de l'expo "Les Barbus Müller" (contenant une deuxième réédition en fac similé du fascicule n°1 de l'Art Brut, consacré aux Barbus Müller, édité à l'origine par Dubuffet et Gallimard en 1947).
Côté musées, le musée Barbier-Mueller à Genève, avec son expo sur les Barbus Müller et le catalogue auquel j'ai collaboré avec le dévoilement du nom de l'auteur des fameux Barbus, est de nouveau accessible (elle avait fermé quelques jours après que je suis venu présenter ma découverte sur place, la faute à Covid...). L'expo doit se tenir de maintenant à la fin de l'été. Le catalogue sera disponible en France à partir de fin septembre seulement, sa date de sortie ayant été repoussée par le distributeur In Fine (voir la couv' ci-dessus).
Je ne parle ici que des lieux qui ont eu la bonté de me faire de l'info. il n'est pas interdit de donner d'autres infos en commentaire à la suite de cette note, si les lecteurs en savent davantage.
Le Musée de la Création Franche rouvre quant à lui le 26 juin avec une rétrospective consacrée à Alain Lacoste, qui fut le premier artiste à être présentée à ce qui préfigura le Site de la Création Franche (devenu ensuite le Musée de la...), à savoir dans la galerie Imago de Gérard Sendrey (le patriarche fondateur des lieux) en 1988. C'est prévu pour durer du 26 juin au 6 septembre. Il faut profiter de ce musée car il a prévu de fermer au début de l'année prochaine, je crois, pour des travaux qui doivent durer deux ans au moins, afin de pouvoir disposer ensuite de plus grands locaux.
La Collection de l'Art Brut à Lausanne est également rouverte. Pour leurs expos, suivre le lien du mot Lausanne.
La Halle Saint-Pierre n'a rouverte que du côté de sa librairie pour l'instant (j'y suis passé le 13 mai, donc mon info date un peu). Ni l'expo Ballen, ni la caféteria n'étaient accessibles. Il est recommandé d'y suivre, bien sûr, les fameux gestes-barrières. Mise à jour (du 2 juin): le 8 juin, l'expo Ballen rouvre.. Pour ceux que cela attire...
La galerie Christian Berst a rouvert...
Objet de Jean Bordes, dit Jean de Ritoù, dit aussi "le Pec de Matiloun" (1916-1985) ; expo à la Fabuloserie dans l'Yonne.
Fait capital, la Fabuloserie à Dicy a rouvert ses portes elle aussi (depuis le 21 mai) pour sa saison estivale, adaptée aux précautions anti-Covid bien entendu elle aussi (ne pas oublier son masque). Puisque l'Yonne est paraît-il le département où les Parisiens se sont le plus confinés, ce sera l'occasion pour eux d'aller jeter un coup d'œil à la collection fabulosante... Dans le parcours permanent, une expo Jano Pesset-Loli-Jean Bordes les attend, avec un livre sur Bordes, écrit par Pesset, dans une édition augmentée de celle qui avait paru à l'égide de la Halle Saint-Pierre et de l'Œuf Sauvage la revue de Claude Roffat (texte qui avait paru aussi dans le n°11 de la revue, je pense), à l'occasion d'une expo à l'ancienne mairie de Galey en Couserans (mai 2018). Il ne faut pas oublier de mentionner le parcours à l'extérieur du bâtiment labyrinthique conçu vers 1982 par son fondateur Alain Bourbonnais, où sont rassemblées les principales oeuvres de la Fabuloserie (du moins, celles qu'on ne peut décemment exposer à l'air libre...). Ce parcours a lieu autour de l'étang, avec un musée en plein air d'environnements variés quasi unique en France – dont l'extraordinaire manège de Petit Pierre toujours animé à heures fixes (pour revoir son lieu d'origine voir le film d'Emmanuel Clot édité sur Youtube) –, avec les distances qui s'imposent. A l'air libre, de toute façon, il y a encore moins de risques.
Une belle collection de sculptures en argile vernissé d'Alain Genty, à un moment exposé ; ph. B.M. 2015 ; un exemple parmi d'autres du foisonnement d'œuvres dans cette collection d'art-hors-les-normes...
Jano Pesset, j'ai en ai déjà parlé à l'occasion d'une expo à la Fabuloserie dans sa galerie parisienne. Je ne savais pas qu'en dehors de ses oeuvres en relief, il avait à une époque plus ancienne aussi pratiqué le dessin. J'ai récemment eu l'occasion d'acquérir une des oeuvres de cette partie de sa production. Il est dommage que personne n'ait eu l'idée, à commencer par la Fabuloserie qui le défend depuis si longtemps, de nous proposer un panorama plus complet de cette activité graphique. Combien de temps dura-t-elle? Combien d'oeuvres ainsi créées en deux dimensions furent produites? Je ne connais pas de textes sur Jano Pesset qui donneraient des explications là-dessus.
Jano Pesset, sans titre, dessin aux crayons de couleur, 29,7 x 21 cm, sans date ; photo et coll. Bruno Montpied.
Le Palais Idéal du Facteur Cheval a également rouvert dans la Drôme à Hauterives.
Le Musée des Arts Buissonniers dans l'Aveyron, quant à lui, annonce sa réouverture pour le 6 juin, avec une présentation de "l'Imagier singulier" de François Jauvion, prévu pour paraître le 11 juillet (date qui sera aussi la date d'ouverture de l'expo). Des planches originales du livre devraient être exposées au musée de St-Sever. François Jauvion se passionne pour les créateurs de l'art brut et de l'art singulier depuis quelques années et il a donc eu l'idée de leur consacrer un premier volume d'une sorte de panthéon personnel. Il a demandé à divers contributeurs de donner un texte pour accompagner chacun des 80 portraits. A titre personnel, je lui ai confié un texte sur André Pailloux.
Signalons également qu'à partir du mois d'août le musée des arts buissonniers accueillera en résidence l'artiste singulier, amateur de maquettes architecturales visionnaires, Sylvain Corentin.
A Lyon, la Galerie d'Alain Dettinger rouvre ses portes elle aussi, et elle prolonge l'expo consacrée au Néerlandais Huub Niessen, sur le thème des "Dialogues", jusqu'au 20 juin.
Huub Niessen.
Comme on le sait peut-être, les librairies rouvrent également, et avec elles, leurs rayons Beaux-Arts où l'on peut trouver des catalogues d'expos qui n'ont pas rouvertes pour leur part, voire même ont fermé (comme par exemple la merveilleuse expo du musée d'Orsay consacrée à Léopold Chauveau et ses sculptures et dessins de monstres drolatiques si originaux – j'espère avoir l'énergie d'y revenir sur ce blog ; le catalogue lié à l'expo remplace avantageusement la visite que vous auriez ratée de l'expo ; j'ai pu comparer en m'y précipitant, juste avant le confinement de merde).
Côté librairie, j'ai ainsi pu me procurer, dès les premiers jours de ce déconfinement, le catalogue de l'expo du Centre Pompidou-Metz, "Folklore", étudiant les rapports entre arts populaires et artistes modernes (entre folkloristes et artistes), expo qui a fermé avant de pouvoir être montrée, en espérant qu'elle rouvrira bientôt (elle devait être organisée à Metz jusqu'au 21 septembre) et, du moins, au cas où elle resterait derrière des portes closes – le Centre Pompidou de Metz doit être bien vaste je suppose... –, qu'on pourra la voir à Marseille au MUCEM où elle doit se rendre après Metz (dates prévues: du 20 octobre 2020 au 22 février 2021).
21:35 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne méconnu, Art naïf, Art populaire insolite, Art singulier, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : confinement, déconfinement, puces de vanves, puces de st-ouen, barbus müller, musée barbier-mueller, musée des arts buissonniers, françois jauvion, andré pailloux, librairie de la halle st-pierre à paris, fabuloserie dicy, jean bordes, jano pesset, alain genty, art hors-les-normes, galerie dettinger, huub niessen, léopold chauveau, exposition folklore, centre pompidou metz, mucem, musée de la création franche, alain lacoste | Imprimer
13/04/2020
Un autre tableau de ce peintre et illustrateur méconnu appelé Devambez
André Devambez, Sur le quai, 1910 ( image que j'ai grandement éclaircie ; musée départemental de l'Oise, Beauvais?)
Et un portrait du peintre (qui était aussi un remarquable illustrateur pour la jeunesse) :
Posant devant le tableau que j'ai reproduit dans ma note sur la tour Eiffel à travers l'art populaire...
Et pour continuer, voici un autre tableau étonnant, intitulé La Charge, qui est dans les réserves du musée d'Orsay (j'y suis passé juste avant le confinement, et il n'était en effet pas exposé – à ce qu'il m'a semblé du moins, car je n'ai pas tout radiographié des collections permanentes) ; en l'absence de la liberté de visiter les musées, où tant de trésors nous attendent, je pense agréable de fournir cette vue (prophétique de ce qui pourrait arriver en cas de trop long confinement?)... :
André Devambez, La Charge, 1902-1903, musée d'Orsay.
21:15 Publié dans Art moderne méconnu, Littérature jeunesse, Questionnements, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : andré devambez, métro, heure de pointe | Imprimer
24/07/2019
Pareidolies, comme s'il en pleuvait
Les pareidolies, ces projections de la mémoire qui reconnaît des visages, des corps, des objets, des expressions dans le spectacle du monde autour de soi, ne sont pas toujours aussi subjectives qu'on veut bien le dire. Car si d'autres que nous reconnaissent les mêmes identifications dans les accidents des formes naturelles ou manufacturées, c'est qu'elles ont tout de même une part de caractère concret, objectif. Et donc qu'elles ne relèvent pas tant de l'hallucination, mais plutôt d'une mémoire collective propre à une communauté de gens, qui gardent leur œil aux aguets... Sans compter qu'il existe parfois des figurations tout à fait patentes pour l'ensemble de la population mondiale sur les écorces, les surfaces des volcans, dans les nuages, sur les murs lépreux, les concrétions des grottes, le mobilier urbain, les bouches de métro, les pignons des maisons, les taches des bandes piétonnières, etc., dont Internet fait en permanence son miel, comme cette "tête à Toto" qui se dessina un jour à la surface de la lave d'un volcan...
Grimace volcanique dans un cratère de l'archipel d'Hawaï, juillet 2016.
L'ami Darnish a retrouvé des photos de 2011 prises à Rennes sur des troncs d'arbres. C'est mon prétexte pour enfiler des perles sur un collier, en en proposant quelques autres (comme je l'ai déjà fait, de-ci de-là, sur ce blog) pour leur faire cortège... D'autres photos : de moi, d'autres amis, ou venues du Net...
Photos Darnish, à Rennes, 2011.
Ceci dit, cette excroissance invraisemblable, mais authentique, captée dans le Bois de Vincennes en 2013 par Myriam Peignist, est nettement plus extraordinaire... Comme si l'arbre s'était mis à cauchemarder, possédé par un singe s'incarnant dans son écorce.
Apparition d'un colérique (marc de café au fond d'une casserole), photo Bruno Montpied, 2015.
Un livre pour la jeunesse des éditions Grandir, d'auteurs japonais qui traquent les apparitions de figures dans des bourgeons.
Photo Tadao Tominari et Toru Mogi.
Photo Tadao Tominari et Toru Mogi.
Photo Bruno Montpied, 2010, Paris 18e ardt.
Là, c'est peut-être trop beau pour être vrai, ce torse féminin "découvert" dans une cuillère de yaourt un matin... photo non référencée trouvée sur le net...
L'idole de Port-la-Nouvelle, à la jupe vorace... ph. B.M., 2014.
Transmission de pensée (algues séchées et criblées de sable), plage près de Concarneau, ph. B.M., 2014.
Visage dans un imperméable accroché à un portemanteau, Lyon, 2016, ph B.M.
Elevage d'hallucinations, plage de Saint-Malo, 2010, ph. B.M ; voilà bien un lieu idéal pour les amateurs de bord de mer et chasseurs de pareidolies, on élève avec ces brise-lames rognés par le sel et le temps des apparitions fantastiques de tous ordres, voir ci-après... : Les totems de St-Malo...
L'affligé, St-Malo, 2010, ph. B.M.
L'ébaubi, St-Malo, 2010, ph. B.M.
Le soupeseur, St-Malo, 2010, ph. B.M.
Un nez, que dis-je un nez, un roc, une péninsule..., St-Malo, 2010, ph. B.M.
Et, pour clore provisoirement cette série, cette cuvette de W-C abandonnée, humiliée, dans la rue Francœur, dans le 18e ardt parisien, 2019, ph.B.M....
00:09 Publié dans Art immédiat, Art visionnaire, Littérature jeunesse, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pareidolies, photo visionnaire, hallucinations visuelles, marc de café, bruno montpied, darnish, brise-lames de saint-malo, poésie naturelle, éditions grandir, choeur des bourgeons d'hiver | Imprimer
12/06/2017
Tourisme brut et populaire en été, poésie de l'immédiat (1) : Visitez le Musée alsacien à Strasbourg
L'époque des transhumances s'approche, au temps béni des grandes vacances, avec ses riches et insoupçonnées possibilités de découvertes au cours de nos baguenaudages et autres dérives interminables. Un bon fil rouge à suivre me paraît constitué, comme autant de perles distribuées sur un collier sans fin, par les lieux voués à la présentation des curiosités de l'art populaire, de l'art brut, ou encore de l'art naïf, voire de l'art singulier, musées historiques, ou collections méconnues, voire sites d'art insolite et primesautier en plein air, sans oublier que dans les intervalles il n'est pas interdit de repérer les inscriptions curieuses, les noms prédestinants, les caviardages volontaires ou involontaires, les affichages naïfs, les noms de communes hilarantes, les graffiti, distribués au hasard de vos promenades rêveuses, les coques des navires vues comme des tableaux surréalistes ou abstraits... Ouvrons l'œil!
La cour intérieure du Musée alsacien, avec les coursives, où sont accrochés entre autres les dégorgeoirs de moulins et une série de dossiers de chaises en bois sculptés de divers motifs ornementaux (qui avaient, paraît-il une fonction propitiatoire vis-à-vis de l'homme qui s'y asseyait, fonction qui dépendait du motif ornemental), ph. Bruno Montpied, mai 2017.
Sur cette statuette de sonneur de cloche, installé sur un balcon au Musée alsacien, je n'ai pas trouvé d'explication ; est-ce un vestige de jacquemart, automate articulé pour que son bras puisse venir frapper la cloche?, ph.B.M., 2017.
A Strasbourg, belle ville légèrement empesée (un peu comme sa gastronomie, c'est une ville roborative), on trouve par exemple entre autres sources d'émerveillement le labyrinthe d'escaliers et de coursives du Musée alsacien, tracé dans les étages d'une vieille maison de style Renaissance achetée par une société d'amateurs d'art traditionnel au début du XXe siècle, à un moment où l'Alsace ayant été annexée par les Allemands, certains de ses habitants, des écrivains et des artistes, s'inquiétaient de la sauvegarde de la culture alsacienne. Une amie québécoise m'avait, il y a déjà quelque temps, alerté sur l'importance de ce musée (et de la Revue Alsacienne Illustrée qui avait inspiré sa fondation, lui qui fut un des premiers parmi les musées d'arts et traditions populaires de France, avec le museo Arlaton de Frédéric Mistral à Arles) qui contient beaucoup d'objets (cinq mille œuvres). J'insiste sur le mot, car ce fut une des toutes premières collections, semble-t-il, à collecter, outre des preuves de la culture populaire immatérielle (chansons, coutumes, croyances...), aussi des preuves des productions matérielles (ex-voto, peintures sur coffres, verres gravés, mobilier, reliquaires, bannières, panneaux commémoratifs, etc....). Plusieurs amateurs et collectionneurs, comme par exemple Robert Forrer, rassemblèrent des ensembles d'objets qu'il serait, paraît-il, impossible de retrouver aujourd'hui.
Verrou de fût en forme de sirène, Musée alsacien, ph.B.M., 2017.
Trois dégorgeoirs de moulin, Musée alsacien, ph. B.M., 2017.
Forrer, qui était antiquaire, a fait en effet don au musée, dès 1902, avant qu'un lieu soit trouvé pour les présenter, d'ensembles d'objets qui aujourd'hui encore, parce qu'ils sont particulièrement beaux et insolites, font la fierté de ce musée. Au premier rang desquels on trouve les verrous de fûts, avec leurs sirènes à double queue. Ou bien encore les déversoirs – aussi appelés dégorgeoirs, ou dégueuloirs – de moulins, sculptés en forme de têtes aux bouches largement ouvertes, qui avaient semble-t-il une fonction propitiatoire, visant à protéger le son qui s'écoulait par leurs bouches des contaminations qui causaient cette maladie appelée "mal des ardents", consistant en troubles convulsifs et psychotiques que Matthias Grünewald a représentés dans le retable d'Issenheim conservé au musée Unterlinden de Colmar (autre lieu à visiter, du reste, entre autres, avec l'Ecomusée d'Ungersheim, près de Mulhouse ; le musée de Mulhouse lui-même recèle des œuvres d'art tout à fait passionnantes par ailleurs...).
Sur cette illustration de Philippe Fix, pour son livre à destination de la jeunesse intitulé Il y a cent ans déjà (Gallimard, 1987 ; à noter que cette référence n'est pas signalée dans le musée), on aperçoit un déversoir au débouché de la cuve ; ces sculptures, que l'on peut rapprocher des gargouilles de cathédrales, datent des XVIIIe et XIXe siècles.
Toute une série de dégorgeoirs, tels qu'on peut les découvrir magnifiquement présentés dans le livre grand format édité à l'enseigne du Cabinet de l'amateur (n°3, intitulé Effroyables gardiens, figures protectrices de moulins dans le Rhin supérieur, musée alsacien ; édition des musées de Strasbourg, 2015 ; dans cette édition brochée, par contre, est indiquée la référence à Philippe Fix...).
Un autre dégorgeoir du Musée alsacien ; ces masques (involontairement des masques) font penser à ceux de la tragédie grecque... Ph. B.M., 2017.
Il y aurait beaucoup d'objets (ainsi que des situations liées à des coutumes d'autrefois) à décrire, conservés au gré des salles de ce charmant musée, mais ce n'est pas l'endroit idéal pour ce faire. Je me contenterai de citer un peu en fonction de mes propres goûts, tel reliquaire d'enfant-Jésus dans une boîte vitrée, telles statuettes du même Jésus (quoique un peu plus vieux), des ex-voto peints mais aussi sous l'apparence de figurines en métal noir présentées en panoplie, ce qui les rehausse en les apparentant à ces silhouettes découpées connues sous le nom de canivets (la Suisse proche a vu cet art-là se développer avec beaucoup de raffinement, que l'on se reporte au magnifique livre l'Art populaire de Nicolas Bouvier aux éditions Zoé), une lanterne en verre gravé où caracole un cerf dont le dessin se réfléchissait sur les murs, donnant probablement une illusion de mouvement, dès qu'on allumait la lanterne, des verres décorés de gravures en couleur, des aquarelles sur papier, soit des commémorations de campagnes militaires, soit des images pieuses, etc.
Lanterne aux parois de verre gravées de dessins, Musée alsacien, ph.B.M., 2017.
Reliquaire avec enfant-Jésus, Musée alsacien, ph. B.M., 2017.
On trouvera à la sortie de la visite un catalogue très bien fait, et richement illustré permettant d'emporter un souvenir plus permanent des collections. C'est grâce à lui que j'ai pu documenter cette note. A signaler aussi un prix de visite tout à fait modeste (et les retraités sont bénéficiaires de réductions dès l'âge de 60 ans... Attention délicate à laquelle j'ai été fort sensible...).
01:06 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Art populaire religieux, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : musée alsacien, ethnologie française, arts et traditions populaires, ex-vot, verrous de fûts, robert forrer, déversoirs de moulins, dégorgeoirs de moulins, revue alsacienne illustrée, culture populaire, sirènes | Imprimer
25/03/2017
Carnaval chez les chiens
Chiens habillés, Paris Xe ardt, photo (prise à la volée) Bruno Montpied, octobre 2013.
M'avaient frappé l'esprit, ces deux clebs vêtus par un automne commençant sans doute fraîchement, à tel point que je décidai de les saisir avec leurs beaux atours anthropomorphes... Aujourd'hui, retombant sur cette image, je me dis qu'il serait fort amusant, probablement, de colliger toutes les photos qui existeraient sur le même sujet, de façon à débuter d'envisager un carnaval de médors accoutrés de la manière la plus excentrique.
Il doit bien y avoir parmi ces vêtures insolites, des plus brutes que les autres, reflétant comme chaque fois la mentalité de leurs maîtres, car bien sûr, en principe...
11:37 Publié dans Art immédiat, Art involontaire, Fantastique social, Littérature jeunesse, Paris populaire ou insolite, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chiens habillés, anthropomorphisations, accoutrements d'animaux, poésie involontaire, littérature jeunesse, il ne faut pas habiller les animaux | Imprimer
30/06/2014
Un mot mystère...
Bonjour chers amis fidèles de ce blog et bienvenue aux petits nouveaux. A l'orée de ce nouvel été et après sept années de blog, je propose un nouveau petit jeu qui me paraît extrêmement facile. A gagner quelques numéros épars de la revue Création Franche qui va sortir incessamment sous peu son quarantième numéro. C'est ma façon de souhaiter à cette publication et à sa magnifique longévité bon anniversaire (ont-ils prévu quelque chose du côté de Bègles, une teuf d'enfer? Je n'ai point de nouvelles de ce côté-là...).
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C'est d'une simplicité biblique. Il suffit de relier les différentes images-énigmes que je propose tout autour de cette note par le mot qui leur fait un point commun... point commun que ce blog lui-même partage avec elles aujourd'hui. Je n'en dis pas plus. La note suivante fera toute la lumière nécessaire. Attention, va falloir répondre rapidement, étant donné la facilité du jeu (Roberta, malheureusement, tu ne peux pas jouer, désolé...).
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Quel est donc le point commun entre les images qui émaillent cette note? Celui ou celle qui trouve seulement le mot-point commun gagne un numéro de Création Franche, celui ou celle qui trouve la signification de chaque image (qui permet de trouver le mot caché) gagne tous les numéros de Création Franche dont je dispose en double, trois ou quatre en fait). Top, c'est parti...
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00:25 Publié dans Jeux, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : revue création franche, création franche n°40, énigmes, jeu de blog, points communs, accordéon | Imprimer
15/08/2013
Les contes de tradition orale et les environnements (1)
Ce matin, j'ai envie d'entamer une petite série de références à la thématique contes et environnements spontanés. Comme ça, pour voir s'il y a beaucoup d'occurrences, et parce qu'aussi, étant récemment passé en Alsace, j'ai retrouvé un site qui possède plusieurs pièces en rapport avec le thème. Ce sera aussi l'occasion de mettre en évidence les passerelles qui peuvent exister entre culture populaire traditionnelle et environnements spontanés, art populaire contemporain.
"La Clairière des Contes", Yalta, Crimée (Ukraine), cartes postales coll. Bruno Montpied
Pour débuter, pour cette note, je vais revenir passablement en arrière, à l'époque de ma défunte revuette La Chambre Rouge. En particulier au dernier numéro (un double, le n°4/5, 1985). Régis Gayraud m'avait ramené d'URSS (c'était encore l'URSS à ce moment-là si je ne me trompe) un carnet de cartes postales, souvenirs de "la Clairière des Contes" à Yalta en Crimée. Ce carnet contenait dix cartes en couleurs, et dans la Chambre Rouge je décidai d'en reproduire une en noir et blanc, de plus en photocopie (en chapeau du sommaire de mon numéro).
C'es cette carte que j'avais reproduite en noir et blanc dans La Chambre Rouge ; deux personnages aux trognes burlesques devisant gaiement
La couverture du carnet de cartes postales ; les nains sur la photo paraissent vraiment trop démarqués de Walt Disney, comme s'il n'était plus possible après ce dernier d'imaginer les petits hommes qui portent secours à Blanche-Neige autrement... Du moins en Ukraine, c'était ainsi dans les années 80 de l'autre siècle...
Ces trois petits cochons, adaptés à la sauce russe, avec balalaïka et petit accordéon, eux aussi paraissent un peu trop Disneyisés...
Je ne crois pas avoir reçu d'explication à l'époque sur les légendes attachées aux sculptures que montraient ces cartes (apparemment si on regarde sur internet la "Clairière" existe toujours). Ce petit parc était apparemment organisé comme une base de loisirs à thème (si l'on se réfère à la vue des chalets ci-dessus, environnés d'un impressionnant cirque de montagnes). Etait-ce une collection de sculptures populaires? P't-être ben que oui, p't-être ben que non (en fait un peu des deux, mon général). Les styles de ces pièces paraissant variés, on pouvait inférer qu'ils n'étaient pas de la même main. Certaines statues, plus fantastiques que les autres, jouent avec les formes naturelles des bois choisis pour camper les sujets en rapport avec des contes. d'autres sont nettement plus réalistes, flirtant avec le kitsch.
Qui est ce personnage coulant des joues...?
Peut-être avons-nous affaire ici aux "musiciens de la ville de Brême"? (Eh bien, non! Voir le commentaire de Régis Gayraud au pied de cette note, il s'agit du conte "Quartette")
En farfouillant sur internet, on ne trouve pas grand-chose en français. A peine nous indique-t-on sur le site d'une agence de voyages ukrainienne, dans une notice rédigée dans un français approximatif, que ce fut un certain Pavel Pavlovitch Bezroukov qui initia ce site, ayant été rejoint ensuite par d'autres artistes (ce que j'avais subodoré). Régis Gayraud, appelé à la rescousse, m'a appris finalement qu'existait en russe un site web entièrement consacré à ce Musée de la Clairière des Contes. On y apprend - je crois Régis sur parole ici - que le nommé Bezroukov était un garde forestier fondu de contes de fée, si, si, et qu'il n'était pas un sculpteur professionnel (je parierais qu'il est l'auteur des personnages imaginés dans des formes de bois tourmentées)... Il avait bien fait appel à d'autres artistes. Les matériaux employés pour les sculptures évoluèrent au fil du temps, il n'y eut pas que du bois, mais aussi de la pierre, du verre, des matériaux recyclés, du plastique... A parcourir un peu au hasard ce site, on s'aperçoit que la Clairière a bien évolué, organisée différemment, que les Trois Petits Cochons ont été repeints et que le nombre, ainsi que le style des sculptures ont considérablement changé...
Personnages du Magicien d'Oz, sculptures contemporaines de la Clairière des Contes
Ce qui m'intéresse par ailleurs dans la thématique de ce parc, c'est le rapprochement que l'on pourrait faire avec d'autres pratiques, en l'occurrence celles de certains conteurs indiens, qui leur servent à narrer les récits traditionnels de leur pays, le Bengale occidental, lorsqu'ils dévident simultanément des rouleaux (appelés "patua") supportant des images elles-mêmes narratives, illustrant le conte raconté ou chanté. On peut en voir à Paris dans les collections du Musée du Quai Branly (qui ressemble à une contrepéterie). Ce genre de racontée existe encore aujourd'hui (on peut en profiter pour signaler la belle édition réalisée en 2009 par les éditions Rackham qui ont édité sous forme de dépliant magnifiquement illustré (voir ci-contre), un patua intitulé Tsunami, d'après une chanson de Moyna et Joydeb Chitrakar composée au moment de la catastrophe survenue dans le Golfe du Bengale en 2004 ; d'après l'éditeur, il est précisé que ce livre conçu, sérigraphié et relié à la main par l'atelier des éditions Tarai à Chennai en Inde, serait le "premier rouleau patua édité sous forme de livre").
On imagine facilement des criées aux contes organisées dans cette Clairière des Contes, les conteurs se déplaçant de saynète sculptée en saynète sculptée en fonction du conte à dire, chaque saynète jouant alors un rôle identique à celui tenu par les patuas dans les contes du Bengale.
(Suite à cette note, Henk Van Hes, sur son blog Outsider Environments Europe, rédigé en anglais, intéressé par Bezroukov, est allé quérir d'autres informations, voir ce lien)
04:49 Publié dans Art naïf, Art populaire contemporain, Environnements populaires spontanés, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Le conte en rapport avec d'autres expressions, Littérature jeunesse, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : clairière des contes de yalta, régis gayraud, la chambre rouge, contes de tradition orale, contes et environnements spontanés, trois petits cochons, baba yaga, comptines, rouleaux patua, éditions rackham, magicien d'oz | Imprimer
06/05/2013
Iles, je jette mes chaussures par-dessus bord, car je voudrais bien aller jusqu'à vous...
Photo Giorgio Furla, extraite du livre pour la jeunesse de Bruno Munari, De loin on dirait une île, éditions Delphine Montalant, Gand, 2002
Cailloux roses ou translucides, bijoux d’un soir, de l’heure crépusculaire. La main, tentée tant de fois, cède par moments et cueille… Déception immédiate. Il faut les abandonner à leur écrin dans le sable comme du sucre roux, de même que furent répudiés ces brocs de bistrot dont les lettres désignant une marque d’alcool populaire avaient des caractères peints en bleu et saillant en léger relief. Ils avaient une si éclatante évidence qu’on aurait voulu en emporter un peu chez soi. Hélas, on se convainquait dans la minute suivante que, transplantés dans un autre décor rien n’en serait resté, le charme se serait enfui, comme celui d’une fleur coupée ou d’un insecte capturé.
Ces petites pierres composent autant d’îles, autant d’œuvres d’art sous la lumière rasante du soleil au déclin, bleuissant les vagues, dorant la plage. Si profondément mariés à leur situation que la vie prend enfin sa valeur poétique, alors que le reste du temps elle serait plutôt cachée. La voici dévoilée, pleine comme fruit juteux, vie mûrie, enceinte de ses gouttes d’instants précieux.
La plage est un tapis de cendres d’or, pailletée de signes trouvés, adorablement énigmatiques que seule la caméra pourra peut-être installer à tout jamais dans leur beauté vivante et en tant que telle fugace.
(Juillet 1988)
Ce livre publié en 2002, peu connu de Munari, par ailleurs auteur original de la littérature jeunesse, cherche à propager le goût des pierres trouvées en bordure de plage, les comparant à des petites îles, montrant leurs dessins étonnants, révélant le parti qu'on peut en tirer grâce à nos projections imaginatives, en les interprétant, en les peignant, en les assemblant, en les mettant en scène... ; je suis sensible depuis fort longtemps à ce genre de recherche et j'ai donc souhaité aujourd'hui, sous un titre emprunté à un poème de Blaise Cendrars, allier l'évocation de ce livre à un texte que j'avais écrit en 1988 sur une plage du côté de Royan, en marge d'un petit film Super 8 que j'avais intitulé Ecrins de sable, entièrement consacré à la poésie des objets naturels trouvés sur le sable en bord de mer, film resté secret...
12:52 Publié dans Littérature jeunesse, Papillons de l'immédiat, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bruno munari, poésie naturelle, bruno montpied, cinéma amateur, super 8, pierres trouvées, littérature jeunesse, blaise cendrars | Imprimer
18/02/2013
Martine dans tous ses états
D'une certaine mode actuelle du détournement...
22/01/2013
Un nouvel écrivain nous est né
Certains écrivains se révèlent sur le tard. C'est le cas de Joël Gayraud. Après avoir fait paraître aux éditions José Corti son premier livre d'une certaine ampleur, La Peau de l'Ombre (car on ne retiendra peut-être pas le modeste ouvrage, Si je t'attrape, tu meurs, qu'il signa en 1995 de son nom aux éditions Syros, collection Souris Noire, plus alimentaire qu'autre chose et destiné à la jeunesse), publié ici ou là quelques plaquettes de poésie en prose, signé plusieurs traductions prestigieuses (Leopardi, Giorgio Agamben, Straparola), et commis plusieurs préfaces ou postfaces à divers textes, le voici qui nous revient avec un excellent recueil de petites proses ou notations poétiques, Passage Public, édité au Québec par L'Oie de Cravan.
On y retrouve quelques textes qui avaient paru il faut bien le dire confidentiellement dans diverses revuettes. Deux d'entre eux, A Fleur d'os et Un Inspiré en sa demeure, furent même parmi ses tout premiers textes publiés: par mézigue, dans mes revues auto-éditées, respectivement La Chambre Rouge n°4/5 (1985, le titre étant alors L'inspiré de la rue de Gyrokastër ; à noter que le texte a été amplement complété par rapport à cette première édition ) et L'Art Immédiat n°2 (1995 ; là aussi la version insérée dans Passage public comporte des modifications).
Si l'homme avait une conversation brillante à ces époques, stimulante à bien des égards, et si ses aperçus reposaient sur une documentation des plus originales, par ailleurs il ne paraissait pas chercher à publier des écrits (on était alors à une époque où l'on cherchait, dans les milieux se voulant d'avant-garde, à créer et à vivre des situations plutôt que conquérir des places dans le cirque médiatique). Médiateur dans l'âme comme je suis, je n'hésitai pas à lui mettre le pied à l'étrier. Peu importait que ces premiers essais d'écriture soient à cette époque par trop redevables à des styles et des contenus admirés. Il fallait commencer. Le temps passant, Joël s'est affirmé comme un brillant styliste et un écrivain poétique de toute première force.
Une courte nouvelle parue dans la revue québécoise Le Bathyscaphe n°2 (juin 2008 ; la revue, qui a publié huit numéros, est disponible chez Anima à Paris, rue Ravignan dans le XVIIIe ardt ou en écrivant à le.bathyscaphe@gmail.com ; le n°2 est accessible en ligne ici même), une courte nouvelle intitulée Le Centaure de Santorin m'avait déjà alerté sur la métamorphose en cours, et notamment révélé à quel point il peut se montrer à l'aise dans des textes qui hésitent entre littérature et documentaire poétique sur les misères de notre monde. Les courts textes de Passage public sont de cette eau. Divers et variés, ils évoquent parfois Léon-Paul Fargue (la Couleur des rues), s'intéressent au fantastique social (Un Inspiré à sa demeure), retranscrivent des dérives flâneuses dans Paris (Matériaux pour une cartographie révolutionnaire de Paris, Sans feu ni lieu, ou Après le virage, ce dernier étant un texte que publia naguère ce blog, devenant du coup un peu plus espace de pré-publication...), critiquent "la définitive imbécillité de la compétition sportive" (Vive le catch!) ou campent la hantise de l'énergie atomique (Le Nez du monstre), font l'éloge des chiens grecs et leur bienheureuse paresse.
Mes préférés sont dans l'ordre du sommaire Parade napolitaine, où Joël montre clairement et parfaitement comment l'anarchie, comme le disait Elisée Reclus qu'il cite en exergue, est bien "la plus haute expression de l'ordre", Averse et Cresson, délicieuse rêverie sur un souvenir de passage à Uzerche ("la luzerne à Luzarches, l'usure de l'été à Uzerche..."), et ces deux textes qui tissent avec un égal bonheur, et grande virtuosité, rêve et état de veille, réussissant à montrer à quel point les deux peuvent se mêler, sans que cela débouche, comme cherche à le démontrer Caillois dans L'incertitude qui vient des rêves, sur une crainte et une méfiance à l'égard de l'activité onirique, j'ai nommé Chaleur sur la ville et L'erre.
Défauts de mémoire, qui clôt le mince recueil, enfonce encore davantage le clou de l'intrication du rêve et de la réalité telle que la littérature peut nous la révéler et nous la montrer désirable. Bref, on l'aura compris, avec Passage public, le lecteur raffiné aura en main une lecture délectable.
Joël Garyaud, Passage public, L'Oie de Cravan, 2012 (5460 rue Waverly, Montréal H2T 2X9 ; www.oiedecravan.com).
18:38 Publié dans Littérature, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : joël gayraud, passage public, l'oie de cravan, l'art immédiat, la chambre rouge, le bathyscaphe, élisée reclus, anarchie, onirisme | Imprimer
01/03/2012
Le garçon qui a mordu Picasso
Ah, ça, me suis-je dit tout de suite, ça, c'est un bon titre, un très bon titre, surtout qu'immédiatement après j'ai vu le nom de l'auteur au bas de la couverture jaune, illustrée d'un dessin d'enfant, Anthony Penrose, oui... Le fils de Roland Penrose et de Lee Miller qui étaient de vrais amis de Picasso, le grand Picasso. C'est une très bonne idée d'éditeur, je trouve de demander à quelqu'un qui a été enfant auprès d'un personnage aussi mythique qu'un Picasso de nous raconter comment il voyait ce dernier, pourvu que ce quelqu'un, parvenu à l'âge adulte, soit encore capable de se remémorer sa vision enfantine d'autrefois...
L'album dont je vous parle commence sur le ton espéré: "Quand j'étais petit, je vivais dans une ferme, dans le Sussex, en Angleterre, et j'avais un ami vraiment extraordinaire. Il avait de grands yeux noirs, un large sourire et des mains ahurissantes. J'étais totalement fasciné par ses mains...." Ou bien, un peu plus loin: "Je ne savais parler aucune des langues que parlait Picasso – le français et l'espagnol –, mais ça n'avait aucune espèce d'importance. Nous n'avions pas besoin de ça pour nous amuser. Jouer avec Picasso, c'était quelque chose! Il mettait la pièce sens dessus dessous et adorait mimer des corridas. Sa veste en tweed piquait un peu, mais quelle élégance. En plus, il sentait bon. il sentait l'eau de Cologne et le tabac français." Là, on est dans ce que pourrait penser un enfant, une pensée reconstituée par l'adulte, mais sonnant juste, "enfant". Hélas, dans cet album, cela ne dure pas. Très vite, le didactique, le besoin d'initier le lecteur-enfant à la grandeur de l'artiste dont on veut lui inculquer l'existence revient au galop. Des mots sont alors imprimés en gras et en corps plus gros, comme si on dérapait dans une leçon de vocabulaire. Le texte se met à décrire ce qu'il faut retenir de l'art de Picasso en se mettant à onduler tel un calligramme. On est en train de subir une leçon qui a toutes les chances de faire décrocher le lecteur enfantin. Et puis, on perd progressivement tout le sel de l'idée de départ.
Pourtant j'y reviens, cette idée initiale, faire raconter à un ancien enfant ses souvenirs avec ses pensées d'alors, liées à son âge, alors qu'il fréquentait une de nos grandes gloires bien embaumée dans le jus de l'Histoire, par la désacralisation que cela opère, le décentrement et le recentrement consécutif en direction de la vérité vivante d'un portrait d'homme, cette idée est une excellente idée, qui méritait mieux en l'occurrence...
00:53 Publié dans Art de l'enfance, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : picasso, anthony penrose, thames and hudson, albums documentaires, littérature jeunesse | Imprimer
09/10/2011
Ne donne-t-on que de bons exemples aux enfants ? (question-réponse d'Etienne Cornevin)
"Par et.c (Etienne Cornevin), 14 juin, 2011:
La dernière communication du professeur Über et de son assistant le peut-être bientôt professeur Déhè ne laisse plus aucune place au doute : il n’y a pas lieu de s’étonner de l’inconduite de nos enfants, c'est nous-mêmes qui donnons de mauvais exemples ! Réfléchissez un peu aux contes et histoires les plus populaires de 1 à 11 ans :
Le petit chaperon rouge n’écoute pas sa mère
Tarzan vit à moitié nu
Cendrillon rentre à minuit
Pinocchio passe son temps à mentir
Aladin est le roi des voleurs
Batman conduit à 320km/h
La Belle au bois dormant est la championne des paresseuses
Blanche-Neige vit avec sept hommes
Hansel et Gretel ne mangent que des sucreries
Le petit Poucet fait le mur avec ses frères et sœurs
La conclusion s’impose : il faut interdire toutes ces histoires immorales !"
(Relevé sur le site de Nouvelles Hybrides)
Bruno Montpied, Cherchant le petit Poucet, 2011
21/05/2011
Vrai ou faux? Enfants, répondez...
Voici un quiz interrogeant la perplexité enfantine devant certains mots aux rapprochements troublants, un quiz qui tente de jouer avec malice des ignorances de nos chères têtes blondes.
Vrai ou faux?
On appelle canne à pêche un bâton qui sert à faire tomber les pêches sur un pêcher.
Un gendarme n'est pas seulement une autre sorte de policier, c'est aussi un petit saucisson.
Avarié veut dire pourri.
L'encens est utilisé pour faire marcher les voitures.
Un dada est une forme de loisir.
Il existe un vin qui s'appelle du Saint-Amour.
Jules Supervielle est le nom d'un mécanicien-garagiste célèbre.
Les psychiatres vivent dans les cendres des cheminées. Ce sont de minuscules animaux friands de restes calcinés.
Les huîtres sont des coquillages qui se mangent crus.
Une charpente est une voiture qui se penche pour permettre aux personnes handicapées de descendre plus facilement de leur siège.
Mouloudji est le nom d'un ancien chanteur de variétés français.
Le groin est le bout du museau du cochon.
Crucifier quelqu'un, c'est le forcer à manger de la viande crue.
Une bourriche est une sorte d'âne.
Une échauguette est un morceau de viande que l'on a très légèrement saisi (grillé).
Un uhlan, c'était un soldat autrefois.
Le fromage de tête désigne un fromage qu'on se contente de déguster en imagination.
Trouver des salamandres, veut dire en Provence qu'on se lance dans des discussions compliquées.
Un taon est un instrument qui sert à mesurer la force du vent.
Un caténère, c'est un W-C en Belgique.
La Gangrène est le nom d'une célèbre danseuse de music-hall d'autrefois.
Le topinambour est un genre de petit tambourin fait avec de la peau de taupe.
La Bolivie tire son nom d'un monsieur qui s'appelait Simon Bolivar.
Les pélicans gardent de la nourriture dans leur bec comme si c'était un garde-manger.
Le rutabaga est un rythme de danse zoulou.
Un incunable est une personne qui souffre de ne pouvoir s'asseoir sur son derrière trop douloureux.
On trouve des cocottes sur les bords des guidons de vélo.
Il existe une ville qui s'appelle Orange.
Les vergetures sont des jardins où l'on fait pousser uniquement des fleurs.
Le boudin noir se fabrique à partir du sang de cochon.
Le boudin blanc se fabrique à partir du sang de cygne.
Le bourdon s'appelle ainsi parce qu'il est toujours à la recherche d'une femelle qu'il ne trouve pas, ce qui lui donne le cafard.
Une raie au beurre noir c'est une expression qu'on emploie pour signifier qu'on a tracé une ligne au milieu des cheveux juste là où l'on avait une bosse.
Un sosie est un ciseau fabriqué à l'envers.
Une soubrette est un instrument qui sert à réchauffer les lits en hiver.
On dit de quelqu'un qui est harassé (très fatigué) qu'il est devenu marabout.
Merckx est le nom d'un champion cycliste belge.
00:02 Publié dans Art de l'enfance, Jeux, Littérature, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : enfants, quiz, jeux en bcd, ignorance, perplexité | Imprimer
02/01/2011
Les Chapardeurs, une petite saga bien inspirée adaptée une seconde fois au cinéma
Mercredi 12 janvier prochain sort sur les écrans - ô surprise - un nouveau film, Arriety et le petit monde des chapardeurs, de Hiromasa Yonebayashi, manga animé produit par les studios Ghibli (de l'extraordinaire Hayao Miyazaki, et de son compère Isao Takahata), et adapté du cycle de Mary Norton, intitulé en anglais The Borrowers, ce qui fut traduit en français lorsque l'Ecole des Loisirs l'édita en version française, par Les Chapardeurs.
J'adore ce petit monde des chapardeurs (en fait en anglais, borrowers se rapprocherait davantage "d'emprunteurs" comme dit la traductrice du livre en français, c'est le sens que ces minuscules personnages attachent à leurs larcins, même si ce qu'ils font en réalité, c'est du chapardage aux dépens des "Z'umains", comme ils sont appelés au cinéma). J'ai eu du mal à me procurer des exemplaires de ces livres édités pour la première fois dans "la bibliothèque de l'Ecole des Loisirs" en 1979. Il y a eu cinq volumes, successivement Les Chapardeurs, Les Chapardeurs aux champs, Les Chapardeurs sur l'eau, Les Chapardeurs en ballon et enfin Les Chapardeurs sauvés (1984). Il existe aussi, toujours en français, Un Chapardeur a disparu, "une petite histoire apparentée au grand cycle en cinq volumes des Chapardeurs", comme l'indique le texte de son 4e de couverture, sorte de rallonge donnée pour un public de plus petits. Dans ce petit texte, Mary Norton évoque assez bien la particularité de ces avatars des lutins (en somme), quoique nettement plus humains que ces derniers:
"Mais où donc disparaissent toutes les aiguilles? Et les punaises, les boîtes d'allumettes, les barrettes, les dés à coudre, les épingles anglaises? Les usines continuent à fabriquer des épingles anglaises, les gens continuent à en acheter et pourtant elles sont toujours introuvables le jour où nous en cherchons! Où passent-elles donc? Maintenant, à cette minute même?
Elles ne peuvent pas tout simplement traîner dans la maison. Qui les prend et pourquoi? Nous commençons à comprendre que quelque chose ou quelqu'un doit vivre tout prés de nous, sous le même toit, quelque chose ou quelqu'un avec des goûts humains, des besoins humains, quelque chose ou quelqu'un de très secret, très caché - sous les parquets, peut-être, ou derrière les plinthes. Tout petit, bien sûr, cela va de soi, et très occupé, toujours improvisant et toujous fabriquant quelque chose avec quatre fois rien.
Et courageux - ils doivent être très téméraires pour s'aventurer dans les grandes pièces des humains (aussi dangereuses pour eux que pour les souris) en quête du nécessaire pour survivre. Qui pourrait leur reprocher le bout de crayon perdu, la vieille capsule, le timbre périmé ou le reste d'une tranche de fromage? Non (il faut de tout pour faire un monde, à ce qu'on dit) et nous devrions accepter leur présence cachée et les laisser gentiment vivre leur vie. Les enfants les appellent Les Chapardeurs". (Mary Norton, Introduction Un chapardeur a disparu).
Illustration de Diana Stanley pour Les Chapardeurs aux champs
Sur les cinq volumes, je n'en ai trouvé que trois jusqu'à présent. Ils se dévorent, et sont si "british"... J'ai cru à un moment donné, lorsque sortit une première adaptation des Borrowers au cinéma (Le Petit Monde des Borrowers de Peter Hewitt, 1996 ; excellent film à petit buget, bien mené, aux trucages crédibles, avec ce désopilant acteur qu'est John Goodman, film qui plus est continuellement plébiscité par les enfants qui le visionnent, alors qu'aucune publicité ne lui est faite dans les grands médias) que l'Ecole des Loisirs allait le rééditer, que nenni... Cela arrivera peut-être cette fois, la renommée et l'audimat attachés aux délicieuses productions des Studio Ghibli captant davantage l'attention des éditeurs? Les fans de ces studios - j'en suis, collectionnant tout ce qui en sort, depuis que de bons amis, sensiblement aussi âgés que moi, aussi loin de l'enfance que moi en tout cas, m'eurent fait découvrir l'univers enchanteur de Miyazaki (Mon Voisin Totoro, Le Voyage de Chihiro, Le Château Ambulant...)! - les fans sont aux anges de voir que ces créateurs venus du Soleil Levant ont le même goût qu'eux pour les Chapardeurs, dont ils sont tout autant fans (cela dit, dans le monde anglo-saxon, auquel semblent être très attentifs les animateurs des Studios Ghibli, les Borrowers sont sans doute plus notoires que par chez nous ; car je me demande s'il y a beaucoup de connaisseurs des Chapardeurs en France...?). La rencontre des deux univers promet beaucoup. Espérons qu'il n'y ait pas de faux pas (la musique un peu lénifiante de la bande-son, due à une Française, Cécile Corbel, qui fait dans le celtique éthéré-gonflant pourrait en effet nous le faire craindre, mais chut... Ne jouons pas les Cassandre).
18:57 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arietty, le petit monde des chapardeurs, les chapardeurs, the borrowers de mary norton, studios ghibli, manga, littérature jeunesse, peter hewitt | Imprimer
30/07/2010
Tarzan aussi a un poignard subtil
16:55 Publié dans Art immédiat, Environnements populaires spontanés, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : léon evangélaire, environnements spontanés, tarzan, poignard subtil | Imprimer
22/08/2009
Les librairies préférées du sciapode
Cela fait un certain temps que j'ai envie de lister les librairies parisiennes où je tombe presque automatiquement sur des livres faits pour moi. Une bonne librairie, c'est en fait cela avant tout, celle qui a pensé à vous mettre sous le nez le livre qui vous était destiné. C'est ce que tout le monde appelle une "bonne librairie" sans souligner la plupart du temps qu'il ne s'agit que d'un choix très subjectif, à la limite de l'égocentrisme. Mais si cela peut recouper les marottes, les chemins de traverse, les inclinations personnelles d'autres internautes lecteurs de ce blog, je n'aurai pas tenté ce rassemblement subjectif en vain. Et du coup, peut-être ce "subjectif" commencera de se transformer en valeur objective...
Première à laquelle je pense, la librairie Tschann sur le boulevard du Montparnasse, dans le XIVe ardt, peu après le carrefour Vavin. Cela ne varie pas en ce qui me concerne, je trouve depuis au moins trente ans toujours mes livres là-bas. Leurs goûts évoluent avec les miens. Notamment les beaux livres sur l'art. Ils ont une politique de libraire personnelle, ils trient les ouvrages qui méritent davantage que d'autres d'être portés à la connaissance de leurs clients. Contrairement à tant de leurs confrères qui se contentent d'être des comptoirs de diffusion des cent mêmes titres imposés par les diffuseurs dans la plupart des boutiques de France et de Navarre.
L'Ecume des pages arrive sûrement en deuxième dans mes préférées. C'est la librairie qui reste ouverte tard (minuit en semaine), restant accessible aussi le dimanche (Boulevard Saint-Germain, à Saint-Germain-des-Prés, à côté du Flore). Elle avait changé il y a quelque temps la disposition de ses rayons et étalages et l'on y a trouvé moins d'ouvrages hors des sentiers battus durant quelque temps. Cependant, la direction du lieu après une réadaptation semble-t-il a repris sa marche en avant du côté d'une certaine exigence. Elle reste bien instruite des livres à découvrir, pas nécessairement médiatiques. De l'extérieur, il ne faut pas craindre de franchir le seuil malgré les présentoirs à cartes postales qui font croire à une boutique pour touristes...
Libralire n'évite pas toujours le piège des livres identiques à ceux qu'on trouve dans les librairies type comptoirs de diffusion, mais en raison de la sympathie que nous inspirent ses libraires - notamment l'ineffable Fabrice - je cite sans coup férir cette adresse. Nous regrettons, disons-le au passage, le départ de Nelly qui était une excellente connaisseuse de la littérature jeunesse. La librairie se trouve presque au croisement de la rue Jean-Pierre Timbaud et de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt.
L'humeur vagabonde est une excellente librairie de quartier dans le XVIIIe ardt. En dépit de sa petite surface, on trouve souvent les livres curieux que l'on recherche triés par des professionnels au sein de l'abondante production livresque. On sent un certain penchant des libraires pour les sujets radicaux dans cette librairie. La librairie jeunesse qu'ils ont installée de l'autre côté de la rue (du Poteau) est loin d'égaler sa qualité, cela dit, lorgnant semble-t-il beaucoup trop du côté d'une certaine mièvrerie de la littérature pour enfants. Pour la trouver, descendre depuis la mairie du 18e ardt en direction de la Porte Montmartre la rue du Poteau, c'est après la partie de la rue plus spécifiquement dévolue aux commerces alimentaires.
La librairie de la Halle St-Pierre reste le lieu incontournable en matière de documentation sur les arts spontanés, unique en son genre à Paris, étant donné la variété et la multiplicité des ouvrages proposés. Ses animations dans le petit auditorium en sous-sol prolongent utilement cette offre d'informations. Leur activité s'inscrivant comme on sait, qui plus est, dans un programme d'expositions très souvent liées à la thématique des arts populaires, imaginistes ou insolites. Le lieu, agrémenté d'une caféteria où il fait bon rêvasser en sirotant quelque boisson, est ouvert sept jours sur sept, et c'est à Montmartre...
Un Regard moderne, située rue Gît-le-Coeur dans le 6e ardt, est une échoppe incroyablement bourrée du sol au plafond d'une littérature excentrique allant de l'art graphique underground à l'art brut et environs (rayon prés de la porte d'entrée, au ras du sol, un des rares accessibles sans avoir à demander auparavant au gérant ce que l'on est venu chercher - personnellement, je n'entre jamais dans une librairie en sachant ce que je cherche, je suis comme Picasso, je trouve...), en passant par l'érotisme, avec de nombreux titres sur le sado-masochisme, le surréalisme (littérature et arts plastiques), les situationnistes, le rock'n roll et la culture qui s'y rattache, etc... Un petit espace d'exposition le flanque sur la droite plutôt ouvert aux graphistes tendance Dernier Cri et consorts.
Anima, ça se trouve avenue Ravignan, vous savez, l'avenue de Montmartre où s'élevait le Bateau-Lavoir de Picasso et autres. C'est une petite librairie tenue par une passionnée que garde un (une?) sympathique bull-dog. On y trouve surtout des ouvrages de poésie exigeante, de sciences humaines, des ouvrages féministes ; mais aussi de la littérature générale, et des revues littéraires rares, comme l'excellent Bathyscaphe édité au Québec par Benoît Chaput et Antoine Peuchmaurd. Je n'y trouve pas toujours mon bonheur, mais c'est plutôt pour goûter aux charmes de discussions aux fils labyrinthiques et légèrement foutraques, improbables, avec la gérante des lieux, que j'aime à y entrer de loin en loin.
Val'heur, je ne cite cette librairie-là, située dans le 9e ardt rue Rodier prés du lycée Jacques Decour, que parce qu'on est sûr d'y trouver les publications du Collège de Pataphysique. [Cependant depuis quelque temps, la librairie ne s'occupe plus des ouvrages pataphysiques édités après 2007... Mise à jour, février 2010]
La librairie du musée du Louvre, c'est bien pratique, et cela rend inutiles les voyages coûteux et mangeurs de temps précieux vers les expositions régionales et européennes... Les catalogues étant si bien faits aujourd'hui, si richement illustrés, parfois davantage iconographiés que dans l'expo elle-même, qu'ils dispensent d'aller voir l'exposition à laquelle ils se rapportent. En plus, on peut les garder chez soi, eux.
La librairie Henri Veyrier aux Puces de Saint-Ouen, c'est un bouquiniste énorme question surface, et question choix. On y trouve de tout, côté beaux livres d'art ou littérature générale, littérature jeunesse, dictionnaires, bandes dessinées... Pour les fauchés, adresse idéale.
Vendredi, une bonne librairie dans la rue des Martyrs, prés du croisement avec le boulevard de Clichy. Chez eux, ou elles plutôt, j'ai toujours l'impression que les livres à découvrir sont avant tout dans la vitrine qui concentre ce qu'il y a de plus intéressant dans le choix du moment. Là aussi, un regard complice trie en amont les livres qui sont faits pour les lecteurs qui partagent cette communauté d'esprit.
Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel, à ne pas confondre avec Gibert Jeune plus bas, place Saint-André-des-Arts, est toujours la grosse librairie de Paris où l'on peut trouver des ouvrages d'occasion signalés par des bouts d'adhésifs noirs ou rouges en fonction des réductions. Le choix est vaste, il faut chercher, ça dure longtemps, les libraires changeant souvent l'ordonnancement des rayons, les différents étages, ça bouge tout le temps (et c'est assez casse-pieds...).
Palabres, petite librairie d'occasion rue de Nemours dans le 11e ardt (signalée par Joël Gayraud). Elle est tenue par M. Zinsou, communicatif, sympathique, qui a de la littérature de voyage, des livres rares sur toutes sortes de sujets, l'Afrique notamment, mais aussi la Commune de Paris, la révolution, Paris, l'art (un peu)...
(A suivre?)
16:03 Publié dans Art Brut, Art singulier, Guide du sciapode, Littérature, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tschann, l'humeur vagabonde, libralire, halle saint-pierre, anima, librairies parisiennes, littérature jeunesse | Imprimer
17/02/2009
Longue vie à Claude Ponti
Rien à dire. Il suffit de feuilleter, L'Almanach Ouroulboulouck par exemple (2007)...
05:03 Publié dans Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : claude ponti, almanach ouroulboulouck | Imprimer