29/08/2009
Rives du dessin
L'association Oeil'Art qu'animent les époux Faravel, Jean-Louis plus organisateur et Marie-Jeanne plus créatrice (assez proche en style de Claudine Goux je trouve), monte une nouvelle exposition en Isère, "L'univers du dessin et de la création", à Rives, tout prés de Grenoble, du 6 au 14 septembre prochain.
Il faudra s'organiser pour ne pas manquer ces dates point trop nombreuses à dire vrai. D'autant que nous sommes plusieurs à y exposer. J'ai déposé chez Oeil'Art une douzaine d'oeuvres, je ne sais combien ont été retenues, mais si l'envie vous vient d'y aller voir, vous pourrez toujours demander à voir l'ensemble en vous adressant aux organisateurs, sinon présents physiquement au moins accessibles par mail à l'adresse suivante où l'on peut retrouver un diaporama des oeuvres en question. Pour tenter d'amorcer votre intérêt, voir les deux oeuvres ci-dessus ci-dessous.
Bon, je ne plaide pas que pour mon nombril cela dit. Dans cette exposition plus axée sur le dessin, on retrouvera aussi, pour ne citer que ce que je préfère, Ruzena, Marie-Jeanne Faravel, Martha Grünenwaldt, Joël Lorand (oui, il est partout), Alexis Lippstreu, Claudine Goux, Adam Nidzgorski, Jean Branciard (dont j'ai déjà parlé ici, ainsi que dans la revue Création Franche), Yvonne Robert, Eric Gougelin, Gilles Manero, Christelle Hawkaluk (qui a un nom esquimau on dirait)... Pour la liste complète, se reporter au carton de l'exposition que j'ai mis en ligne au début de cette note.
12:26 Publié dans Art Brut, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : faravel, oeil'art, bruno montpied, art singulier, l'univers du dessin et de la création, ruzena, manero, branciard | Imprimer
22/08/2009
Les librairies préférées du sciapode
Cela fait un certain temps que j'ai envie de lister les librairies parisiennes où je tombe presque automatiquement sur des livres faits pour moi. Une bonne librairie, c'est en fait cela avant tout, celle qui a pensé à vous mettre sous le nez le livre qui vous était destiné. C'est ce que tout le monde appelle une "bonne librairie" sans souligner la plupart du temps qu'il ne s'agit que d'un choix très subjectif, à la limite de l'égocentrisme. Mais si cela peut recouper les marottes, les chemins de traverse, les inclinations personnelles d'autres internautes lecteurs de ce blog, je n'aurai pas tenté ce rassemblement subjectif en vain. Et du coup, peut-être ce "subjectif" commencera de se transformer en valeur objective...
Première à laquelle je pense, la librairie Tschann sur le boulevard du Montparnasse, dans le XIVe ardt, peu après le carrefour Vavin. Cela ne varie pas en ce qui me concerne, je trouve depuis au moins trente ans toujours mes livres là-bas. Leurs goûts évoluent avec les miens. Notamment les beaux livres sur l'art. Ils ont une politique de libraire personnelle, ils trient les ouvrages qui méritent davantage que d'autres d'être portés à la connaissance de leurs clients. Contrairement à tant de leurs confrères qui se contentent d'être des comptoirs de diffusion des cent mêmes titres imposés par les diffuseurs dans la plupart des boutiques de France et de Navarre.
L'Ecume des pages arrive sûrement en deuxième dans mes préférées. C'est la librairie qui reste ouverte tard (minuit en semaine), restant accessible aussi le dimanche (Boulevard Saint-Germain, à Saint-Germain-des-Prés, à côté du Flore). Elle avait changé il y a quelque temps la disposition de ses rayons et étalages et l'on y a trouvé moins d'ouvrages hors des sentiers battus durant quelque temps. Cependant, la direction du lieu après une réadaptation semble-t-il a repris sa marche en avant du côté d'une certaine exigence. Elle reste bien instruite des livres à découvrir, pas nécessairement médiatiques. De l'extérieur, il ne faut pas craindre de franchir le seuil malgré les présentoirs à cartes postales qui font croire à une boutique pour touristes...
Libralire n'évite pas toujours le piège des livres identiques à ceux qu'on trouve dans les librairies type comptoirs de diffusion, mais en raison de la sympathie que nous inspirent ses libraires - notamment l'ineffable Fabrice - je cite sans coup férir cette adresse. Nous regrettons, disons-le au passage, le départ de Nelly qui était une excellente connaisseuse de la littérature jeunesse. La librairie se trouve presque au croisement de la rue Jean-Pierre Timbaud et de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt.
L'humeur vagabonde est une excellente librairie de quartier dans le XVIIIe ardt. En dépit de sa petite surface, on trouve souvent les livres curieux que l'on recherche triés par des professionnels au sein de l'abondante production livresque. On sent un certain penchant des libraires pour les sujets radicaux dans cette librairie. La librairie jeunesse qu'ils ont installée de l'autre côté de la rue (du Poteau) est loin d'égaler sa qualité, cela dit, lorgnant semble-t-il beaucoup trop du côté d'une certaine mièvrerie de la littérature pour enfants. Pour la trouver, descendre depuis la mairie du 18e ardt en direction de la Porte Montmartre la rue du Poteau, c'est après la partie de la rue plus spécifiquement dévolue aux commerces alimentaires.
La librairie de la Halle St-Pierre reste le lieu incontournable en matière de documentation sur les arts spontanés, unique en son genre à Paris, étant donné la variété et la multiplicité des ouvrages proposés. Ses animations dans le petit auditorium en sous-sol prolongent utilement cette offre d'informations. Leur activité s'inscrivant comme on sait, qui plus est, dans un programme d'expositions très souvent liées à la thématique des arts populaires, imaginistes ou insolites. Le lieu, agrémenté d'une caféteria où il fait bon rêvasser en sirotant quelque boisson, est ouvert sept jours sur sept, et c'est à Montmartre...
Un Regard moderne, située rue Gît-le-Coeur dans le 6e ardt, est une échoppe incroyablement bourrée du sol au plafond d'une littérature excentrique allant de l'art graphique underground à l'art brut et environs (rayon prés de la porte d'entrée, au ras du sol, un des rares accessibles sans avoir à demander auparavant au gérant ce que l'on est venu chercher - personnellement, je n'entre jamais dans une librairie en sachant ce que je cherche, je suis comme Picasso, je trouve...), en passant par l'érotisme, avec de nombreux titres sur le sado-masochisme, le surréalisme (littérature et arts plastiques), les situationnistes, le rock'n roll et la culture qui s'y rattache, etc... Un petit espace d'exposition le flanque sur la droite plutôt ouvert aux graphistes tendance Dernier Cri et consorts.
Anima, ça se trouve avenue Ravignan, vous savez, l'avenue de Montmartre où s'élevait le Bateau-Lavoir de Picasso et autres. C'est une petite librairie tenue par une passionnée que garde un (une?) sympathique bull-dog. On y trouve surtout des ouvrages de poésie exigeante, de sciences humaines, des ouvrages féministes ; mais aussi de la littérature générale, et des revues littéraires rares, comme l'excellent Bathyscaphe édité au Québec par Benoît Chaput et Antoine Peuchmaurd. Je n'y trouve pas toujours mon bonheur, mais c'est plutôt pour goûter aux charmes de discussions aux fils labyrinthiques et légèrement foutraques, improbables, avec la gérante des lieux, que j'aime à y entrer de loin en loin.
Val'heur, je ne cite cette librairie-là, située dans le 9e ardt rue Rodier prés du lycée Jacques Decour, que parce qu'on est sûr d'y trouver les publications du Collège de Pataphysique. [Cependant depuis quelque temps, la librairie ne s'occupe plus des ouvrages pataphysiques édités après 2007... Mise à jour, février 2010]
La librairie du musée du Louvre, c'est bien pratique, et cela rend inutiles les voyages coûteux et mangeurs de temps précieux vers les expositions régionales et européennes... Les catalogues étant si bien faits aujourd'hui, si richement illustrés, parfois davantage iconographiés que dans l'expo elle-même, qu'ils dispensent d'aller voir l'exposition à laquelle ils se rapportent. En plus, on peut les garder chez soi, eux.
La librairie Henri Veyrier aux Puces de Saint-Ouen, c'est un bouquiniste énorme question surface, et question choix. On y trouve de tout, côté beaux livres d'art ou littérature générale, littérature jeunesse, dictionnaires, bandes dessinées... Pour les fauchés, adresse idéale.
Vendredi, une bonne librairie dans la rue des Martyrs, prés du croisement avec le boulevard de Clichy. Chez eux, ou elles plutôt, j'ai toujours l'impression que les livres à découvrir sont avant tout dans la vitrine qui concentre ce qu'il y a de plus intéressant dans le choix du moment. Là aussi, un regard complice trie en amont les livres qui sont faits pour les lecteurs qui partagent cette communauté d'esprit.
Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel, à ne pas confondre avec Gibert Jeune plus bas, place Saint-André-des-Arts, est toujours la grosse librairie de Paris où l'on peut trouver des ouvrages d'occasion signalés par des bouts d'adhésifs noirs ou rouges en fonction des réductions. Le choix est vaste, il faut chercher, ça dure longtemps, les libraires changeant souvent l'ordonnancement des rayons, les différents étages, ça bouge tout le temps (et c'est assez casse-pieds...).
Palabres, petite librairie d'occasion rue de Nemours dans le 11e ardt (signalée par Joël Gayraud). Elle est tenue par M. Zinsou, communicatif, sympathique, qui a de la littérature de voyage, des livres rares sur toutes sortes de sujets, l'Afrique notamment, mais aussi la Commune de Paris, la révolution, Paris, l'art (un peu)...
(A suivre?)
16:03 Publié dans Art Brut, Art singulier, Guide du sciapode, Littérature, Littérature jeunesse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tschann, l'humeur vagabonde, libralire, halle saint-pierre, anima, librairies parisiennes, littérature jeunesse | Imprimer
16/08/2009
De l'art brut en Mayenne?
Gustave Cahoreau, Patrick Chapelière, Céneré Hubert, Alain Lacoste, Joël Lorand, Robert Tatin sont les créateurs invités, certain post mortem (Tatin), par la médiathèque de Villaines-la-Juhel en Mayenne... Et, non, ils ne sont pas si vilains en passant par la Juhel... On y a eu l'excellente idée, loin des cénacles et des clubs de professionnels de la diffusion des fausses valeurs contemporaines de nous y proposer des créateurs vraiment inspirés et peu en vue durant toute la durée du mois de septembre.
16:49 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cahoreau, patrick chapelière, céneré hubert, alain lacoste, michel leroux, jean-louis cerisier, villaines-la-juhel, ecole lavalloise de figuration poétique | Imprimer
13/08/2009
Léon Evangélaire et le Tarzan auquel on n'a pas pensé
J'ai visité pour des raisons professionnelles, et donc sans m'y intéresser plus que ça, l'exposition Tarzan au musée du quai Branly (où ce qui m'a le plus charmé, c'est l'allée sinueuse où l'on aurait bien glissé sur une luge à roulettes avec les moutards, avec Johnny Weismüller projeté sur nos faces hilares au passage).
Expo Tarzan! du 16 juin au 27 septembre 2009
Et je me suis dit, que c'était en définitive regrettable que les orgnisateurs de l'expo n'aient pas connaissance d'un très beau Tarzan en ciment polychrome qui se tient toujours sous le ciel nuageux à l'ombre des terrils, là-bas vers le Pas-de-Calais, à Pont-en-Vendin, sur le minuscule lopin de terre qui s'étend devant la petite maison d'un ancien employé au chemin de fer des Houillères, au milieu d'animaux n'ayant pas toujours quelque chose à voir avec les vrais protagonistes des aventures africaines de Tarzan. Chez le bien nommé Léon Evangélaire, que nous a fait découvrir Francis David dans son Guide de l'art insolite Nord/Pas-de-Calais en 1984.
J'ai tenté de rectifier le tir en l'imprimant sur une photocopie couleur que j'ai montrée aux petits visiteurs de l'expo que j'avais emmenés avec moi ce jour-là. Une goutte d'eau dans l'océan d'ignorance qui affecte les inspirés du bord des routes. Alors, je continue ici même, en me disant que nos gentils commissaires d'exposition vont parfois surfer sur le net de temps en temps eux aussi...
24/07/2009
Roland Vincent
Roland Vincent n'a pas, de façon explicite tout au moins, le désir manifeste d'échapper à ce qui englue les personnages qui naissent sous ses doigts. Auteur (à l'époque où je l'ai rencontré, c'est-à-dire en 2005 et 2006) de deux sortes de sculptures, d'une part des pierres de granit taillées en forme de têtes qu'il sème dans son jardin au Mont-de-Sardent dans la Creuse, et d'autre part des statuettes en assemblage de matériaux récupérés qu'il encolle avec un enduit fait de poudre de granit pulvérisée (c'est des pièces de cette série que j'avais plus particulièrement choisi d'exposer lors de ma "carte blanche" du 9e festival d'art singulier à Aubagne en 2006), dans cette deuxième veine, il paraît ne pouvoir que difficilement préciser les contours de ses personnages auxquels il ne donne pas de titres nets.
Ils me paraissent assez voisins des corps retrouvés sous les cendres du Vésuve à Pompéi, pétrifications, fossilisations de réminiscences d'une mémoire hésitante... Imaginaire englué qui donne en spectacle la tragédie d'un enfermement dans la matière, gardant son secret par-dessous...
Roland Vincent vit dans la Creuse sur une colline appelée le Mont de Sardent (au-dessus de Sardent, le village où fut tourné Le Beau Serge de Claude Chabrol). Maçon de son état (fils et petit-fils de maçon), il s'est mis à la sculpture en autodidacte, de même qu'un frère (dont les œuvres sont encore plus secrètes, pour la plupart aujourd'hui dispersées, quelques-unes fort rares pouvant parfois encore se rencontrer au hasard des pérégrinations dans les environs de leur village). Il lui arrive d'exposer de temps à autres, par exemple à Limoges, ou à Masgot (Maison de la Pierre ; le village du tailleur de pierre François Michaud).
Les pierres de granit étant abondantes sur le terrain où lui et ses proches habitent tout au long de l'année, au début des années 80, il eut l'idée de les ramasser, pour les sculpter en forme de visages le plus souvent. Il sème ces dernières autour de sa maison. C'est depuis 1995 (à peu près) qu'il récupère la poussière de granit qu'il pulvérise ensuite, aprés encollage, sur des infrastructures de matériaux de rebut assemblés afin de donner la structure interne de ses statuettes. Cela donne des personnages drôlatiques difficiles à identifier, profondément empêtrés dans la matière.
Deux textes de Jan Dau Melhau (qui a beaucoup aidé Roland Vincent à se faire connaître) ont paru sur lui dans la revue Gazogène. J'ai personnellement été mis sur son chemin, il y a déjà pas mal d'années par une confidence de l'écrivain ethnologue Jacques Meunier (merci également à Roland Nicoux qui rendit nos rencontres possibles).
Roland Vincent, 1, le Mont, 23250, Sardent.
01:10 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland vincent, art singulier, art brut, art immédiat, mont de sardent | Imprimer
21/07/2009
Il y a 100 ans disparaissait l'abbé Fouré, pour fêter ça, le restaurant Brébion est parti en fumée...
En repassant à Rothéneuf (prés de Saint-Malo) dernièrement, où j'aime tant m'asseoir sur les rochers sculptés par l'abbé Fouré entre 1894 et 1910 (ce sont les dates exactes, faites-moi confiance, toutes les autres, c'est du pipeau), quelle n'a pas été ma surprise de me retrouver nez à nez avec une pelleteuse qui était en train d'aplanir l'emplacement de l'ancien restaurant Aux Rochers Sculptés, le même qui avait été créé par Henri Brébion en 1907, dans le but de profiter de l'affluence des visiteurs du site de granit taillé au ciseau par l'abbé dans les roches de la falaise de la Haie, un site d'art rupestre populaire quasi unique au monde (et dont les institutions se moquent éperdument depuis des lustres).
En fait, l'ancien propriétaire du restaurant, M. Janvier, à ce que m'a appris son fils désormais en charge du droit de visite sur le fameux site sculpté, avait pris sa retraite voici déjà quelques années, et avait vendu le restaurant qui avait été du coup rebaptisé par le nouveau propriétaire "Le Bénétin". Mais voilà-t-y pas que le nouvel établissement s'est retrouvé l'année dernière la proie des flammes... Ce qui explique son rasage, et le projet d'un nouveau restaurant qu'un permis de construire annonce sur place prêt à bientôt renaître de ses cendres, la gastronomie devant être au rendez-vous avec ce nouveau restaurateur. Rothéneuf ne ressemble en effet plus beaucoup à l'ancien village où avait débarqué le pauvre abbé à la fin du XIXe siècle. Il a pris désormais des allures nettement plus résidentielles. Les trognes grotesques, les traits burinés des généraux de la guerre des Boers, les âpres visages des Saint-Budoc et autres "mousses" de Jacques Cartier, qui achèvent de s'estomper sur les rochers jouxtant la mer n'en paraissent que plus déplacés...
Par contre, si j'ai bien vu le fauteuil de l'abbé avec sa devise "Amor et dolor", ainsi que son grand portrait photographique rehaussé au fusain (comme me l'a précisé sur place le fils de M. Janvier), qui sont toujours conservés dans la guérite à l'entrée du site, j'ai oublié de demander des nouvelles des quelques souvenirs liés à l'abbé qui se trouvaient à une époque traînant à l'étalage du magasin de souvenirs - des faïences bretonnes pour la plupart - comme le portrait de l'abbé en buste, tout à fait banal, mais tout de même un souvenir de son temps puisqu'il avait été réalisé en hommage après sa mort avec l'accord de la municipalité. Est-il parti en fumée lui aussi ? Et qu'en est-il également de ce Saint-Nicolas, qui n'était pas de la main de l'abbé, lui non plus, mais qui provenait de l'ermitage où ce dernier avait accumulé comme on sait des splendides bois sculptés, mais aussi des tas de bibelots, objets pieux, etc. ? Voici les photos qu'une amie, Laure Lemarchand, avait faites de ces sculptures vers 1989:
01:45 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : abbé fouré, restaurant le bénétin, rochers sculptés de rothéneuf, environnements spontanés | Imprimer
13/07/2009
Au musée des Amoureux d'Angélique, cet été
Cet été, le musée des Amoureux d'Angélique (une petite sorcière, celle-ci) attire nos regards sur deux des créateurs dont la collection permanente possède quelques oeuvres déjà significatives, Joseph Donadello et Denis Jammes. Ce dernier est un "berger tsapuzaïre", proclame l'affichette que m'ont envoyée les animateurs du musée du Carla-Bayle (Ariège). Tsapu-quoi?, vont crier les internautes peu au fait de l'occitan... Comme je l'ai déjà fait moi-même la première fois que je suis tombé sur le mot. C'était en lisant un article de 1924 - oui, je vais chercher mes nouvelles parfois un peu loin dans le passé - d'un certain P.Mamet, qui l'a publié dans L'Almanach de Brioude en Haute-Loire. Cela s'intitulait Les Artistes Instinctifs... Oui, déjà en 1924, on s'intéressait aux autodidactes dans l'art. "Sont artistes instinctifs ceux qui, sans études préalables, sculptent ou gravent des sujets naïfs sur des matériaux vulgaires avec des outils de fortune"... écrivait ce M. Mamet dans ces années-là. Il voyait même dans "les décorateurs de pichets, de boîtes, de cannes" des descendants des graveurs de rennes sur les parois des grottes préhistoriques.
C'est un peu plus loin, continuant sur le sujet de la terminologie, que Mamet emploie le mot qui m'intrigue: "J'aime mieux les appellations dont on les gratifie lorsque, débutants, leurs brimborions encombrent la pièce: Tsapiuzaïre (d'où tsapius et chapuis), faiseurs de copeaux, perdeurs de temps, faseliu, bourdjinaïres, (...). L'intraduisible bourdjinaïre caractérise bien leur travail lent, menu, frivole et non lucratif." P.Mamet donne ensuite quelques exemples de sculpteurs qu'il a rencontrés dans sa région, sans donner malheureusement beaucoup d'illustrations pour qu'on puisse se dire que leurs oeuvres ne devaient être autre chose que ce que l'on appelle aujourd'hui de la sculpture populaire rustique. Hormis ce dessin exécuté d'après des oeuvres d'un certain Ferre-mouches (surnom d'un des compatriotes de l'auteur, nommé en réalité Eyraud, mais son surnom indique bien son niveau d'habileté) et d'un autre nommé Cubizolles, qui de simple berger autodidacte s'éleva rapidement à la promotion d'artiste quasi professionnel (il finit "membre du jury des Beaux-Arts de Lyon", nous dit Mamet), le lecteur en quête de splendides exemples de sculpture populaire insolite et bizarre, revenue du fin fond du passé, reste sur sa faim...
Il me fallait en apprendre davantage sur ces "tzapiuzaïres, faseliu et autres bourdjinaïres"... Et pour cela, il n'y a qu'une adresse! Celle de Michel Valière, émérite connaisseur de la langue occitane, si chère à son coeur. Voici ce qu'il a eu la gentillesse de me préciser (attention, mini cours de langue occitane!):
« Pour les occitaneux, occitanistes contemporains de tous poils, fiers de leur langue, etc., et qui l'enseignent de la maternelle à l'Université, les tailleurs de bois, genre feuillardiers, etc., ce seraient des "chaplusaires", dérivés du verbe "chaplar": tailler, briser, hacher, etc.
Vous l'écrivez comme je vous le dis (avec CH-), mais vous le prononcez comme vous l'écrivez vous (TS-), avec en + le L en principe.
Oui, c'est bien de l'occitan du Massif Central, et du bon !!!
J'ajouterai qu'un grand "chaple", c'est une tuerie, un massacre genre St-Barthélémy, ou même le massacre de la volaille et du cochon dans la basse-cour lors d'un mariage, etc. »
Donc, si j'ai bien compris, il faudrait écrire "chapluzaire" et prononcer "tsapluzaire", en important la phonétique occitane en français, ce qui n'est pas forcément évident...
Pour les autres mots évoqués dans l'article de Mamet, voici ce que m'a également répondu Michel Valière:
« Ecrivez "normatif", "chaplusaire" et prononcez librement. Lorsque vous et moi écrivons en "français" nous avons la même orthographe, mais si vous et moi nous parlons, des nuances liées à nos origines, voire notre culture, sont sensibles et pourraient être phonétiquement réécrites avec quelques différences...
FASELIU : Frédéric Mistral écrivait, lui, FASILHOU, avec pour sens "factotum" (homme à tout faire), mais aussi homme remuant, actif... Et il localise bien ce lexème en Auvergne.
L'occitan moderne préfèrerait la graphie "Faselhon" (ne vous trompez pas: la désinence « -on », se lit « -ou » ! Quant au « -lh » c'est l'équivalent français de « -ill », cf. Millau /Milhau).
BOURDJINAÏRE : un peu plus complexe dans sa graphie fantaisiste locale, il devrait plutôt être écrit : "bordinejaire", c'est -à- dire faiseur de détritus végétaux, voire ramasseur de détritus. Là encore, en oc, "o" se prononce "ou" quand ce "o" n'est pas accentué; et "-jaire" signifie celui qui fait et refait quelque chose (ex. passejaire, se dit de quelqu'un qui ne fait que "passar" - passer - c'est-à-dire simplement un promeneur. »
Ah, eh bien merci M. Valière, on y voit plus clair. Le bordinejaire (prononcez "bourdinejaire", donc...) m'évoque un producteur de petits "bordels", de machins, de trucs que d'aucuns voudraient bien rejeter à la décharge dont ils ont l'air de sortir. Cela me fait repenser à Raymond Reynaud et à ces chères "bordilles" en Provence, ces décharges où il trouvait son miel pour ses oeuvres d'assemblage au point de les avoir reconstituées aux portes de son domaine, histoire d'avoir dans son environnement immédiat un vivier de matériaux et objets de rebut où puiser sans limite...
Il existe donc encore aujourd'hui des tailleurs de copeaux, des qui aime encore perdre leur temps à tailler des trucs en bois, des obsessionnels de la gouge et du canif, en Haute-Loire particulièrement. Denis Jammes continue une tradition que suivait également son père, c'est un dada familial en quelque sorte, comme un secret qui se transmet d'âge en âge.
17:16 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : musée les amoureux d'angélique, joseph donadello, denis jammes, association gepetto, tsapluzaïres, michel valière | Imprimer
04/07/2009
Bohdan Litnianski: A VENDRE...
Je suis repassé début juin devant la maison aux rebuts sublimés, appelée improprement la "maison aux coquillages", que Bohdan Litnianski, l'ancien maçon d'origine ukrainienne, avait construit petit à petit au cours de plusieurs décennies. Elle avait plutôt meilleur aspect que l'année dernière en l'absence de ses occupants. Nous avions appris auprés du maire de Viry-Noureuil, bourg où se trouve le site de Litnianski, que la propriété n'avait plus qu'un héritier, M.Cossart, petit-fils de Bohdan, sa fille et son fils étant tous deux décédés récemment.
Et voici que j'apprends, via le blog Animula Vagula, qui l'a lui-même appris sur le journal L'Union (Champagne-Ardennes-Picardie ; article de Samuel Pargneaux), que le petit-fils s'est finalement résolu à vendre la maison des Litnianski. Bien sûr, il a fait savoir qu'il souhaitait vendre à quelque acheteur qui pourrait lui garantir la pérennité du site après achat. Mais on peut tout craindre désormais. Le cas s'est en effet déjà produit... Par exemple chez Martial Besse au Bournel, prés de Villeréal dans le Lot-et-Garonne. Ce dernier a vendu sa propriété où dans le jardin il avait installé de nombreuses statues aux thématiques insolites. L'acheteur lui avait promis, paraît-il (je tiens l'info de M.Thierry Bariolle), de conserver tout en l'état, la harpie, le bonhomme avec le gros phallus, les personnages à tête dans le cul, etc... Las! Le propriétaire nouveau ne tint pas parole et tout a disparu, été rasé, anéanti...
Souhaitons donc plus de chance au site des colonnes à rebuts de Viry-Noureuil...
16:50 Publié dans Art Brut, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bohdan litnianski, viry-noureuil, environnements spontanés | Imprimer
14/06/2009
Info-Miettes (4)
JOEL LORAND chez ROBERT TATIN
"Des personnages floricoles à la symbolique du bouclier", tel est le titre de la future exposition de Joël Lorand au musée Robert Tatin du 27 juin prochain au 31 décembre (pour donner des idées d'étrennes sans doute aux Mayennais). Ce qu'il y a de bien avec cet artiste, c'est que comme il expose beaucoup, l'amateur de son travail peut suivre les développements les plus récents de l'oeuvre sans problème, quasiment en temps et en heure... Rendez-vous avec les dernières étapes où le thème du bouclier semble devenir plus prégnant donc. Mais que l'on se rassure, on devrait retrouver encore les personnages un peu gores, un peu larvaires, croisés avec des tubercules, écorchés hurleurs qu'affectionne Joël. Et ce raffinement quasi persan dans la sinuosité et le rendu des matières. Salle "La Grange", Musée Robert Tatin, La Frénouse, Mayenne, Cossé-Le-Vivien, T: 02 43 98 80 89. Vernissage le 27 juin à 10h30.
DES NOUVELLES DES PREVOST
Clovis Prévost expose ses photographies de Gaudi depuis le 8 mai au Château de Trévarez dans le Finistère, mais vous aurez le temps d'aller les voir jusqu'au 4 octobre. C'est un travail déjà ancien, mais des photographies parfaitement inspirées. L'expo propose en sus un documentaire sur la Casa Milà et des commentaires de Dali.
Il semble que les Prévost aient pu remettre la main sur les bobines du film qu'ils avaient entamé en compagnie de Chomo et qui ont disparu par la suite. On sait qu'une exposition Chomo est prévue pour septembre à la Halle St-Pierre. Ils préparent donc actuellement leur participation à cette expo par le biais de ce film inachevé ("Le Débarquement spirituel") et des photographies du tournage (qui s'étendit de 1989 à 1992). Chomo, ça n'est pas exactement ma tasse de thé, mais je passe l'info à ceux qui sont plus motivés que moi. J'ai toujours refusé de me "décrotter" de ma culture comme le conseillait Chomo lorsque moi aussi je m'en fus le visiter au début des années 80.
Enfin, les Prévost participent à l'exposition Claude Roffat à l'Abbaye d'Auberive cet été avec des photos consacrées à Ferdinand Cheval, Raymond Isidore, Robert Garcet et l'abbé Fouré.
00:57 Publié dans Art Brut, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chomo, prévost, galerie objet trouvé, outsiders américains, alexis lippstreu | Imprimer
12/06/2009
Chave dans l'esprit
Une litanie de noms qui me chantent aux oreilles, et sans doute aussi à nombre de mes lecteurs habitués de l'histoire de la galerie Alphonse Chave à Vence (rue Isnard, 06), du nom de celui qui la fonda après-guerre (1947) dans un esprit bohème et bricoleur, alternant son animation avec celle de la tenue du magasin de jouets et de matériel pour les arts qui la jouxtait. Reste à aider à faire connaître à d'autres amis le parcours et le savoir poétique accumulé au fil du temps par cette galerie.
Certes depuis de nombreuses années (depuis 1975, date de la disparition d'Alphonse Chave), la galerie est animée par son fils Pierre et par Madeleine Chave. Au départ, elle s'appelait la galerie "Les Mages". Amateur d'art contemporain, moderne, de surréalistes indépendants (Max Ernst, Joseph Sima), de vieux dadaïstes dont certain habitait parfois sa région (Ribemont-Dessaignes à St-Jeannet, Man Ray...), mais aussi d'art brut et d'art singulier (la liste en est plus longue, de Chaissac, Philippe Dereux, Ursula B. à Gabritchevsky, Louis Carmeil, Jules Godi ou Marthe Isely), Alphonse Chave croisa la route de Jean Dubuffet venu s'installer à Vence à la fin des années 50 après l'exil de sa collection d'art brut aux USA chez le peintre Ossorio. Puis, semble-t-il, se fâcha avec lui par la suite... Continuant cependant à découvrir sans cesse de nouveaux talents, qu'il exposait sous le sigle du SIC (Séniles, Invendables, Crétins), tout un programme...
A l'activité de défricheur de son père, Pierre Chave a ajouté ses talents d'éditeur, d'imprimeur et de graveur. De magnifiques catalogues, édités avec soin avec tout l'amour de l'artisan, sont systématiquement recherchés par les passionnés de l'activité de cette galerie. Alphonse Chave en particulier a fait connaître au public français le génial aquarelliste visionnaire Eugen Gabritschevsky (il l'exposa hors des milieux psychiatriques dans sa galerie en 1961 sur les conseils de Dubuffet), plusieurs catalogues furent du coup consacrés à ce dernier dont un plus récent que les autres, en 1998, avec une préface d'Annie Le Brun. C'était un créateur parmi tant d'autres. Ils reviennent à partir du 13 juin - demain... - au Château de Villeneuve, à Vence, dans le cadre de la Fondation Emile Hugues (2, place du Frêne, Tél: 04 93 58 15 78), dirigée par M. Zia Mirabdolbaghi (que voilà un beau nom), pour une exposition en quelque sorte rétrospective: "De Dada à demain, L'Esprit Chave". Jusqu'au 1er novembre 2009, on pourra y retrouver donc (en citant ici dans le désordre des noms qui me sont chers et que je n'ai pas encore cités): Aloïse, Jacqueline B., Rose Aubert, Boris Bojnev, Georges Bru, Slavko Kopac (créateur à qui un Dubuffet a fait bien trop d'ombre de façon injuste, alors que le rapport de valeurs devrait être renversé en sa faveur et de loin), Raphaël Lonné, Henri Michaux, Dado, Marcelo Modrego, Georges Demkin, J-F. Ozenda, Francis Palanc, Louis Pons, Paul Duchein, Manou Pouderoux, Juan Ferrer, Réquichot, Gironella, Woldemar Winkler, Isabelle Jarousse (une trouvaille plus récente celle-ci), etc...
A noter aussi, en parallèle, une importante exposition consacrée au créateur de théâtres d'épluchures Philippe Dereux dont l'oeuvre sera mise en confrontation avec celle de Dubuffet pour qui il travailla en lui préparant des ailes de papillon en prévision de ses collages. De là vint ensuite le désir de Dereux de voler de ses propres ailes... Philippe Dereux/Jean Dubuffet, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 25 juin - 21septembre 2009.
10:53 Publié dans Art Brut, Art moderne méconnu, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Confrontations, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alphonse chave, chateau de villeneuve, jules godi, gabritschevsky, marthe isely, louis carmeil, art brut | Imprimer
09/06/2009
Arthur Vanabelle, à prés de 90 ans, vise plus que jamais le ciel
Je suis retourné voir la ferme d'Arthur et César Vanabelle à côté de Steenwerck dans le Nord, à quelques pas de la frontière belge, près de Nieppe où habitait paraît-il Line Renaud, personnalité qui n'est pas sans impressionner Arthur justement. Il aime à citer le voisinage d'une telle vedette, de même quand il rappelle la présence à une certaine époque de Marguerite Yourcenar à quelques encablures de sa ferme. Des fois qu'on prendrait son exploitation agricole pour un trou du cul du monde...?
Veut-il qu'on le prenne lui-même pour une vedette? Non, non, semble-t-il dire. Etes-vous un artiste? Si on veut, on est tous des artistes quelque part... Il répond avec malice, rigolard, les yeux pétillant.
Ce coin de France nordiste paraît aujourd'hui pour ce qu'il est devenu de fait, un cul-de-sac. La route qui va à la ferme de la Menegatte, la "ferme des avions" comme on l'appelle familièrement dans la région se termine à la propriété des Vanabelle, barrée qu'elle est par l'autoroute Lille-Dunkerque, où pilent parfois certaines voitures quand leurs conducteurs découvrent avec stupeur les installations "militaires" d'Arthur.
Du coup, on se fait une fausse idée du lieu. Car la route ne fut pas de toute éternité une impasse. Du reste, Arthur commença ses assemblages de fusées (Ariane...), ses canons anti-aériens, ses maquettes d'avions sur le toit, tank en bidons et autres matériaux recyclés, dans les années 60 avant que l'autoroute ne soit construite. La route qui passe devant la ferme continuait sans obstacle en direction de l'agglomération de Steenwerck qui se trouve plus bas. Le lieu était passant en réalité...
Une route tellement passante qu'elle eut l'occasion de voir défiler trois jours et trois nuits, comme dit Arthur les armées françaises, anglaises et allemandes, les une chassant les autres en 1940... Arthur (né en 1922) et César (de deux ans son cadet) avaient alors 18 et 16 ans. L'épisode les marqua durablement. Leur ferme était pleine de réfugiés (une trentaine) que les Allemands sans doute narquois en les visitant à leur passage firent mine de prendre pour une famille nombreuse...
Ce qui fait que l'installation qui a perduré jusqu'à aujourd'hui, avec son apparence trompeuse (?) de camp retranché apparaît comme la cristallisation d'un souvenir incrusté au fer rouge dans la mémoire des habitants de la Menegatte, ou de ce qu'ils ont appelé plus précisément "la Base de la Menegatte", comme il est inscrit sur un des murs de la ferme, base étant à comprendre comme dans "base militaire"... Bien sûr la guerre laissa de fort mauvais souvenirs dans la région qui vit déferler les hordes teutonnes. En même temps, Arthur, et César encore davantage, se trouvèrent à l'abri de toute conscription, puisqu'ils étaient trop jeunes pour être enrôlés. Arthur ajoute d'un air amusé qu'à la fin de la guerre en 1945 il était en revanche devenu trop vieux...
C'est ainsi que je m'explique les sujets que décida de traiter Arthur dans ses assemblages, ces pièces d'armement, de propulsion (celles qu'on voit en premier lieu, car on trouve sur le site aussi des masques, une girouette en forme de coq construite sur une base de bicyclette, des personnages, officiers ou des soldats, car comme le dit Arthur, qui dit armes dit soldats), un besoin de fixer dans la mémoire collective, au moins des habitants de la ferme, l'événement traumatisant de la guerre. C'est mon hypothèse. Car lorsque je demande directement à Arthur les mobiles de ses "stabiles", il ne répond pas. Vous auriez pu faire des femmes nues aprés tout, vous dominiez le ciment...Non, lui, ce qu'il répond, c'est qu'il fallait bien se trouver une occupation, un passe-temps, parce qu'on n'a pas toujours quelque chose à faire à la campagne (ce qui est inattendu pour le moins, je croyais au contraire qu'on ne manquait jamais de travail dans l'agriculture, surtout dans ces années-là).
Le site est connu, on le doit en premier à Francis David, le photographe dériveur qui dans les années 80 a publié le Guide de l'Art Insolite Nord-Pas-de-Calais (aux éditions Herscher). Tout le monde, tous les amateurs et journalistes qui sont arrivés par la suite ont pompé ensuite joyeusement dans cet ouvrage où David avait recensé et photographié excellemment beaucoup de sites majeurs de ce si sympathique Nord. Mais c'est vrai qu'on s'est toujours représenté le site comme en rapport direct avec l'autoroute, or ce n'est pas le mobile réel. La guerre de 39/45 est plus au coeur de cette réalisation hors du commun.
Arthur Vanabelle, né dans une autre époque, aurait pu peut-être développer un tout autre imaginaire, comme me le prouva, dimanche lorsque je le visitai, la vision de quelques rares dessins au stylo Bic qu'il cachait derrière des piles de papiers, comme indifférent à leur sort (certains étant abîmés, déchirés, éraflés). Il y a là à n'en pas douter un talent fort proche de l'art brut. Des visages de vedettes de la chanson, comme Mireille Mathieu, par exemple. La première mention de ces dessins à ma connaissance ayant été faite dans une émission de radio sur France-Inter en 2001 au cours de l'excellent entretien que donnèrent Arthur, César et leur soeur Agnès (récemment décédée) à la journaliste Zoé Varier.
Je partis de chez lui en me demandant ce que pourrait donner un rassemblement de bricoleurs de fusils et autres canons symboliques où figureraient par exemple André Robillard, Alexandre Lobanov (revenu d'entre les morts)...
01:12 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arthur vanabelle, base de la menegatte, habitants-paysagistes, environnements spontanés, art brut, guerre 3945 | Imprimer
04/06/2009
12èmes Rencontres autour de l'Art Singulier à Nice
Et c'est reparti pour le 12ème festival Hors-Champ animé par Pierre-Jean Würtz toujours dans l'auditorium du musée d'art moderne de Nice... Voici le programme en espérant que vous pourrez le détailler. Cela se passe samedi prochain 6 juin (un jour pour débarquer...), de 10h à 17h30. L'entrée y est libre, il est bon de le souligner (c'est pas tous les jours gratuit ces temps-ci, n'est-ce pas?).
Deux films de Philippe Lespinasse et Andress Alvarez extraits de sa série éditée en DVD "Diamants bruts du Japon" (trouvable entre autres au comptoir de vente de la collection de l'Art Brut à Lausanne), consacrés à Eijiro Miyama (le matin) et Masao Obata (l'après-midi), sont notamment au programme.
Une découverte sera certainement au rendez-vous, le film de 9 minutes de Michelangelo Antonioni, "la villa dei mostri" (Le Jardin de Bomarzo), qui sera projeté "en présence de Charles Soubeyran". C'est un peu le dada de Pierre-Jean que de retrouver ainsi des petits films curieux oubliés dans les filmographies et se rapportant aux "arts singuliers".
Les spectateurs présents pourront certainement se délecter du court-métrage sur le Suisse Eugenio Santoro et ses sculptures anguleuses si expressives. On retrouvera aussi Guy Brunet qui annonce sur ce festival une "Télévision de demain". A noter que des rumeurs insistantes font état d'un projet d'exposition de ce dernier prévue pour dans un an au futur musée d'art brut de Villeneuve-d'Ascq. Info ou intox, on verra bien... J'aime à croire à l'info, moi qui l'avais signalé naguère à Madeleine Lommel dans un courriel, aprés l'avoir découvert dans une précédente édition du festival Hors-Champ.
Pour le reste des films présents, je renvoie mes lecteurs au programme ci-dessus, en me contentant de relever que la présentation du film (d'Alan Govenar) sur le maquettiste Lucien Mouchet ne fera pas oublier qu'existe en France un autre ensemble de cirque miniature géant (oui, un paradoxe...), le Cirque Valdi (bien plus intéressant à mon humble avis que celui de Mouchet), dû à Maurice Masvignier à La Souterraine dans la Creuse. J'insère ci-dessous une vue de cette oeuvre, en partie automatisée (à signaler que Lucien Mouchet connaît bien l'oeuvre de Masvignier puisqu'il est parent avec lui).
Rapelons enfin que sera en supplément présenté le livre que l'association Hors-Champ a publié à la fin de l'année dernière, Petit Dictionnaire de l'Art Brut au Cinéma, dont j'ai déjà parlé sur Le Poignard Subtil.
01:00 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : festival hors-champ à nice, art singulier, art brut, antonioni, eugenio santoro | Imprimer
31/05/2009
Voitures fantômes revenues du Malawi 1990
Un ami de la région nîmoise, Yohan-Armand Gil, qui fait partie du groupe de créateurs regroupés sous la bannière du titre Venus d'ailleurs (voir leur site en lien), m'a mis en relation avec un autre de ses amis, Claude Ballaré qui en compagnie de son épouse Chris, en 1990, au cours d'un séjour au Malawi, en Afrique australe (c'est entre la Zambie, la Tanzanie, et le Mozambique, pays à la carte tout en longueur, tassé contre l'immense lac Malawi), fit un jour la découverte d'un original qui tressait des simulacres de voitures en bordure de chemin. Effectivement, cette rencontre méritait d'être photographiée et mise au jour. Loués soient donc Chris et Claude Ballaré pour leur ethnologie brute. Je joins ci-dessous les lignes que Claude m'a envoyées pour expliciter autant que faire se peut cette création d'une sorte de land art tout à fait brut.
Ce parc automobile important était situé au sud du pays, un peu à l'écart de la route principale, à proximité de la frontière séparant le Malawi du Mozambique qui était alors en guerre civile. Il ne nous a pas été possible d'établir un quelconque contact avec l'auteur, qui était muet, et semblait être la risée des quelques villageois rencontrés. Il habitait dans l'une de ses voitures. Compte tenu de l'abondance et de la vigueur de la végétation, je pense qu'il devait passer autant de temps à construire ses véhicules qu'à les défendre contre leurs pousses intempestives.
Ces réalisations étaient son unique activité, elles étaient à peine visibles de la route et à distance se confondaient avec la végétation. Pour le reste, il était totalement pris en charge par ses voisins.
Cela se passait il y a vingt ans, compte tenu de l'espérance de vie moyenne dans ce pays, je ne pense pas que ce mystérieux concepteur de véhicules soit encore en vie.
(Claude Ballaré)
Il est à noter qu'un des artisanats répandus au Malawi est la vannerie, et le tissage des fibres végétales (joncs, roseaux...) que l'on trouve en abondance dans les régions côtières du lac, comme Claude Ballaré l'a signalé dans le catalogue de l'exposition Malawi, des jouets, des jeux qu'il rédigea et semble-t-il organisa au Musée d'Allard Montbrison (dans la Loire) en 1989-1990, à partir de ses collections de jouets malawites, dont une partie est entrée par la suite dans les collections du Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne (Jura).
00:54 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art involontaire, Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : malawi, claude ballaré, voitures sculptées, land art brut | Imprimer
13/05/2009
André Robillard continue la tournée
André Robibi, comme l'appellent certains décidément très familiers, continue à faire son cabotin. Cette fois il est, toujours en compagnie de ses amis les Endimanchés (Forestier, Ranson and co), au Théâtre de l'Echangeur, à Bagnolet, autant dire qu'il revient tout prés de Paris dans sa course sans fin pour Tuer la misère... Ce sera du 25 mai au 5 juin prochains.
M.François Legrand, du théâtre en question, propose, c'est vraiment gentil de sa part, le prix à tarif réduit de 7 euros pour tous ceux qui oseront sussurer devant la caisse du théâtre où se produisent André Robillard et ses amis qu'ils sont des lecteurs du Poignard Subtil. Si,si, puisque je vous le dis... ça, c'est vraiment tuer la misère tant morale que matérielle...
Veuillez noter que comme récemment à Bègles il y aura une exposition des oeuvres de Robillard en parallèle dans le théâtre. C'est pas au Théâtre de la Bastille qu'ils auraient eu cette idée-là...
23:27 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré robillard, théâtre de l'échangeur, les endimanchés, tuer la misère, art brut | Imprimer
01/05/2009
René Jenthon, souvenir de Régis Gayraud
Lecteur fidèle, dites-vous, cher sciapode... Fidélité bien relative puisque je découvre cet écho seulement ce jour, soit une dizaine de jours après publication. Fidélité peu fluide, fidélité en grumeaux. Du haut du grumeau d'aujourd'hui, je note d'abord votre honnêteté, toujours fidèle, elle, en dépit des inexactitudes dont vous semblez redouter que je vous en fustige. Bien peu aurait eu le scrupule de relater par le menu, à votre instar, les conditions exactes d'une « découverte » ne leur « appartenant » pas tout à fait.
Donc merci de l'avoir fait et d'avoir rendu, de ce fait, justice à Agnès (moi, je n'y suis pour rien) d'avoir remarqué ce site en léger contrebas de la nationale 9, quelques kilomètres avant l'entrée dans Saint-Pourçain, mais déjà sur la commune. Puisque vous tenez tant à ce que nous apportions des précisions, les voici.
1) Agnès aperçut ce site pour la première fois en 1996, au cours de l'un des tout premiers de ces incessants voyages à travers toute la région qu'elle effectue depuis maintenant 13 ans.
2) A cette époque, le propriétaire-créateur était encore en vie, Agnès avait le projet d'un jour s'arrêter, de tâcher de le voir tout en redoutant un peu ce tête à tête (un peu comme autrefois quand nous étions allés voir J-M. Massou dans sa forêt et qu'au dernier moment, nous avions flanché devant la maison silencieuse au fond des bois d'où, sans doute, on nous épiait).
3) Le temps passa, Agnès passait plusieurs fois par an sur la route, n'avait jamais le temps de s'arrêter, un jour elle remarqua un panneau « A vendre » accroché à la clôture. Ca sentait le roussi.
4) C'est à ce moment-là que vous « descendîtes » nous voir et que nous prîmes ensemble la route de Saint-Pourçain dans notre automobile qu'on aperçoit à droite de la photo du haut.
5) A cet égard, pour l'intelligence du lecteur, il convient de remarquer que le jardin proprement dit ne se situait pas exactement « le long de la route principale », mais le long d'une petite route qui s'en sépare à l'occasion d'un tournant et suit presque parallèlement cette route principale (la N 9) sur plusieurs centaines de mètres, de sorte que l'on voyait parfaitement de ladite N 9 le site en question. La photo du haut [pour voir cette photo, se reporter à la note du 7 avril 2009 sur ce blog] est prise depuis la sorte de no man's land entre les deux routes, parsemé de quelques reliefs d'édifices certainement dus au même créateur : un ou deux bancs de bétons détériorés, et ce panneau indiquant « l'Etang Bazin ».
6) Aujourd'hui, la maison a été effectivement revendue et repeinte, le panneau « l'Etang Bazin » subsiste toujours.
7) Sur place subsiste toujours également la croix « A ma mère », qui se trouve de l'autre côté de la N 9 (soit à droite quand on vient de St-Pourçain). C'est une grande croix de fer parsemée de touches de peinture de différentes couleurs, peinture réfléchissante, de telle sorte qu'elle s'illumine (ainsi que la mention « A ma mère ») dans la lumière des phares des voitures, la nuit, comme pour rappeler aux automobilistes qu'un des leurs a tué là la mère Jenthon (c'est l'hypothèse d'explication qui s'impose à moi comme l'évidence d'une intuition, mais c'est peut-être faux). Au pied de la croix tente de pousser un lierre (comme en poussait un autour de la statue de la Liberté à laquelle vous faites allusion et que nous avons gardée, belle femme mi-Marilyn mi-Bardot, un cœur de fer - « sacré-cœur » comme on en voit de temps en temps sur les vieilles tombes - peint de rouge en relief au niveau du sexe), tandis que des fleurs de plastique s'abritent dans les ajours du fer.
8) Pour ce qui est du nom de Jenthon, nous l'avons appris d'une voisine habitant un pavillon plus loin, qui nous a aussi indiqué, un peu plus loin dans le même groupe de maison, celle du fils Jenthon, du jardin duquel montaient maints aboiements peu attirants.
Il est amusant et désespérant à la fois de relater brièvement notre course à la ferraille qui marqua la fin de l'Etang Bazin. Comme vous l'avez bien dit, nous nous levâmes un jour persuadés qu'il fallait aller faire le voyage de Saint-Pourçain. Agnès avait appelé l'agence immobilière indiquée pour en savoir plus, etc. Et nous avons appris que maintenant, la maison était vendue et que les acquéreurs allaient faire le net. Dès que possible, le samedi suivant, nous partons là-bas, avec l'idée de, peut-être, tout récupérer s'il n'était pas trop tard, y compris en payant une somme aux nouveaux propriétaires. En arrivant, bien sûr, plus rien, mais un type en train de faire des travaux. Le nouvel occupant. On l'interpelle. On lui demande ce qu'il a fait des figures de métal de son jardin. Lui un peu interloqué et commençant à regretter en voyant notre insistance. « Mis à la déchetterie lundi dernier ». C'est ainsi qu'on appelle maintenant les décharges. Il nous l'indique la décharge, une route à droite quelques kilomètres après Brou-Vernet. On s'y précipite. Des tas de plastique. Des tas de végétaux. Des tas de bois. Des tas de béton. Des tas de détritus divers. Pas de fer. On avise un employé, qui se souvient très bien des objets en question : « Le ferrailleur est passé avant-hier. Il a tout pris. C'est parti à Issoire, à la fonderie. Mais là-bas, il y en a des tonnes. Ca y est peut-être encore. Va savoir. » Hésitation devant l'idée de retraverser toute la région. Et puis, nous sommes samedi, faire tout ce chemin pour risquer de trouver porte close. L'employé nous donne le numéro de téléphone de l'entreprise. Le lundi, nous finissons par avoir quelqu'un. Bien sûr c'est trop tard.
Rarement l'impression de nous heurter à l'éternel fatum n'a été aussi forte.
La morale de cette histoire? Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud. Les ferrailleurs le savent, eux.
Régis Gayraud
12:51 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rené jenthon, régis gayraud, environnements spontanés, habitants-paysagistes | Imprimer
29/04/2009
Madeleine Lommel, co-commissaire posthume
Voici ce que je viens de lire dans la Newsletter de mai 2009 du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq, dans une nécrologie consacrée à Madeleine Lommel (les lignes en gras sont soulignées ainsi par moi):
LA VIE DU MUSÉE | ||
|
Bonne nouvelle donc, une nouvelle expo d'art brut à Paris en septembre, la "toute dernière exposition hors-les-murs" du musée de Villeneuve-d'Ascq, paraît-il. Mais j'avais déjà lu cette promesse à propos de l'actuelle expo Hypnos, elle aussi était annoncée comme la dernière hors-les-murs... Enfin, cela permet à Madeleine de se trouver bombardée du titre de coco-missaire... Elle qui avait des sympathies du côté PC, ça doit la faire sourire du haut de ses nuages (les nuages de Clémentine Ripoche à n'en pas douter...).
22:33 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : madeleine lommel, art brut, lam | Imprimer
28/04/2009
Causerie pour situer François Michaud parmi les autres environnements spontanés
"François Michaud, première trace des environnements spontanés populaires. Sa proximité avec les autres créateurs autodidactes de son temps, et ses successeurs au XXe siècle. L'environnement spontané, un art de l'immédiat à part entière, illustré par de nombreux exemples choisis en France", tels sont le titre et les sous-titres de la causerie que je vais être amené à faire à la Maison de la Pierre, à Masgot même, dans la Creuse, berceau de l'oeuvre de ce tailleur de pierre, créateur du plus ancien des environnements spontanés qui nous aient été conservés en France, puisque commencé dans les années 1850-1860 et achevé sans doute avec la mort de son auteur en 1890 (il était né en 1810, ce qui en fait un phénomène de longévité en ce XIXe siècle impitoyable pour les gens de peu). Cela aura lieu le samedi 9 mai prochain à 20h30.
Je donne à la suite le plan que j'ai rédigé pour l'association des Maçons de la Creuse, animée notamment par Roland Nicoux, afin qu'on se fasse une petite idée de la tournure de cette conférence (que devraient accompagner pas moins de 190 photos... Mais j'ai sans doute compté trop large!):
François Michaud
Premier d'une tradition de créateurs autodidactes d'environnements en plein air
Il s'agit de resituer le décor du village de Masgot du tailleur de pierre François Michaud dans le contexte général des environnements populaires spontanés qui ont fleuri en France depuis deux siècles au moins. Ces créateurs d'environnements sont parfois aussi appelés « Inspirés du bord des routes », « bâtisseurs de l'imaginaire », ou encore « habitants-paysagistes ». L'environnement de Michaud, avec ses statues exposées sur les clôtures autour de ses maisons, est actuellement le plus ancien de ce type à avoir été conservé en France.
La causerie, constamment illustrée d'images numérisées (190 au total) s'attachera d'abord à présenter les environnements ou les sculptures populaires qui ont été repérés avant la période où fut décoré Masgot, grottes sculptées, croix de chemin, chapelle naïve d'un sculpteur solitaire prés de Gap, linteaux rustiques, bas-relief, sculptures par d'autres tailleurs de pierre et hommes du peuple, etc...
Nous glisserons ensuite vers la présentation de quelques œuvres de Michaud histoire de se les remettre dans l'œil avant de montrer un ensemble aussi vaste et varié que possible d'autres pièces créées dans des jardins d'inspirés et d'originaux en tous genres. Dans un premier temps, la causerie se focalisera sur des thématiques, les « Barbus Müller », ou le thème de la sirène par exemple, présente dans l'œuvre de Michaud et souvent traitée dans plusieurs autres environnements apparus au XXe siècle (chez Fernand Châtelain dans la Sarthe, Hippolyte Massé aux Sables d'Olonne, René Escaffre dans le Lauragais, Martial Besse dans le Tarn-et-Garonne, René Jenthon dans l'Allier, Alfonso Calleja sur le bassin d'Arcachon, ou Remy Callot dans le Nord).
Napoléon est un autre thème très présent à Masgot, il rejoint la légende napoléonienne telle que l'ont illustrée de nombreux sculpteurs populaires, anonymes ou non, au XIXe siècle (comme le sabotier Jean Molette dans le Rhône par exemple). Cette façon d'afficher ses admirations pour des personnalités célèbres en sculptant leurs effigies dans le décor de sa vie quotidienne se rencontre chez nombre de créateurs d'environnements, et ce de tous temps (voir les environnements de Gabriel Albert en Charente, Emile Taugourdeau dans la Sarthe, Raymond Guitet dans l'Entre-Deux-Mers). Il est à noter que de nombreux sculpteurs autodidactes ont aussi taillé des monuments aux morts, de façon naïve, comme Michaud lorsqu'on lui passa commande d'un buste de Marianne pour la mairie de Fransèches. Une sélection de quelques monuments aux morts naïfs sera ainsi présentée.
Une petite parenthèse sera ouverte pour présenter également les sites naïfs ou bruts réalisés par des ecclésiastiques excentriques, contemporains de François Michaud, comme l'abbé Fouré dans l'Ille-et-Vilaine, ou l'abbé Paysant dans l'Orne. On les rapprochera de l'humble mystique que fut Raymond Isidore, dit Picassiette, au siècle suivant.
Le Palais Idéal de Ferdinand Cheval dans la Drôme sera l'occasion de montrer que les autodidactes inspirés ont su aussi s'attaquer à des projets plus nettement architecturaux. S'inspirant parfois les uns des autres, comme dans le cas de Charles Billy dans le Rhône qui, inspiré par le facteur Cheval, dressa autour de sa villa un vaste collage de maquettes en pierre imitant des bâtiments célèbres du monde entier. L'architecture excentrique populaire peut parfois revêtir des aspects tour à tour muséaux (exemple du Castel Maraîchin à Croix-de-Vie en Vendée avec ses moulages à vocation pédagogique et encyclopédique, ou la maison de François Aubert dans le Cantal avec son musée minéralogique), ludiques (Camille Jamain en Touraine, ou Ludovic Montégudet dans la Creuse, créateurs de parcs de loisirs bricolés naïvement avec attractions faites main), parfois farceurs (Alphonse Gurlhie en Ardèche).
Parmi les créateurs d'environnements, la causerie a choisi de se concentrer sur les créateurs de statues puisque Michaud en a lui-même réalisé un certain nombre. Ces hommes simples rassemblent sur des terrains plantés d'arbres et de fleurs, dans une scénographie étudiée, pêle-mêle, hommes célèbres ou personnifications de métiers, comme chez André Hardy dans l'Orne, Charles Pecqueur ou Léon Evangélaire dans le Nord, Marcel Debord dans le Périgord.
Puis la causerie se déplacera insensiblement vers des environnements aux styles plus caractérisables dans le sens de ce que l'on appelle l'art brut, permettant au public de se faire une idée des distinctions possibles entre ces catégories aux limites poreuses que sont l'art naïf, l'art populaire et l'art brut. On verra ainsi des pièces venues des sites d'André Morvan dans le Morbihan (souches d'arbres et branches assemblées de manière anthropomorphe dans un style arcimboldesque), Jean Grard et ses manèges, statues et maquettes colorées et enfantines en Bretagne, Arthur Vanabelle dans le Nord avec ses canons et ses chars construits avec des matériaux recyclés afin semble-t-il d'exorciser le souvenir de la guerre vécue lorsqu'il était enfant, les statues de silex collés de Marcel Landreau à Mantes dans les Yvelines, le jardin de déchets accumulés de Bohdan Litnianski dans l'Aisne, le jardin aux girouettes et vire-vents de Monsieur P. en Vendée, le jardin du forgeron Maurice Guillet faisant de l'art moderne en autodidacte, ambition originale, ou encore le jardin de bidules emberlificotés d'Yves Floch en Normandie. Pour finir, seront présentées quelques sculptures d'Auguste Forestier qui en dépit du fait qu'elles sont rangées usuellement dans le corpus de l'art brut présentent de forts rapports de cousinage avec l'art populaire.
00:32 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois michaud, bruno montpied, masgot, environnements spontanés, habitants-paysagistes | Imprimer
23/04/2009
Robert Giraud, le copain qui sort de l'ombre de Doisneau
Olivier Bailly annonce la parution de son ouvrage sur Robert Giraud pour le mercredi 22 avril chez Stock, collection Ecrivins (oui, je sais, le calembour vaut ce qu'il vaut...). Monsieur Bob, tel est son titre. Une biographie, une évocation que tous les lecteurs du blog que tient Olivier Bailly, Le Copain de Doisneau, devineront fort bien documentée. Son blog distille en effet, depuis au moins deux ans je crois, toutes sortes de témoignages, photos, documents divers sur Robert Giraud.
Ce dernier est un écrivain, dont on réédite du reste par la même occasion Le Vin des rues chez le même Stock (l'année dernière avait déjà vu la parution au Dilettante d'un excellent recueil de ses reportages, Paris, mon pote), mais plus encore un amoureux du Paris populaire et de son "fantastique social" comme le nommait paraît-il Mac Orlan. Fantastique social, monde des figures de la rue que Paris, en dépit du vandalisme institutionnel des bourgeois, n'a jamais cessé de produire (il aurait peut-être même en ces temps de misère et de folie sociale tendance à s'épanouir...).
Giraud connaît bien le monde de la nuit parisienne, les petits malfrats, les clochards, et se situe comme écrivain en successeur d'une tradition littéraire et artistique qui remonte à Fargue, Francis Carco ou Brassaï, et peut-être au delà à Lorédan Larchey, et aux chroniqueurs du Paris excentrique du XIXe siècle (Yriarte, Champfleury, etc.). Il connaît les rades où l'on boît du bon vin, il les chronique dans L'Auvergnat de Paris. Sa route (mauve) croise celle de l'art brut à un moment (il devient un temps le "secrétaire" de Dubuffet pour la collection de l'art brut en train de se monter). Son frère Pierre Giraud est un moment exposé dans le cadre des premières manifestations de l'art brut au moment où Dubuffet cherche la définition de sa notion (juste après la seconde guerre). Giraud et lui se quitteront en mauvais termes, semble-t-il, puisque dans la suite des années Giraud parlera de Dubuffet comme d'un "cave"... Il écrit diverses chroniques sur des autodidactes inspirés (comme Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, sur qui il sera le premier à écrire, et qu'il interviewera). Surtout, il fait paraître, avec son complice de toujours, Robert Doisneau, ainsi qu'avec Jacques Delarue, un fort bon livre sur les tatouages populaires, Les Tatouages du "Milieu" (réédité en 1999 aux éditions L'Oiseau de Minerve). Mais d'autres livres, sur l'argot d'Eros ou celui des bistrots, des romans aussi, sont à mettre à son crédit.
Je ne m'étends pas davantage. Rendez-vous avec ce flâneur des deux rives (d'un fleuve qui ne charriait pas que de l'eau) en lisant le bouquin d'Olivier Bailly qui nous promet d'entrer dans l'intimité de ce monsieur Bob comme si on y était.
Ci-dessous, un échantillon du style de M.Bailly, ça donne envie d'en lire davantage, non?
"Tracer le portrait de Bob Giraud, c'est facile. Bien que sécot, il est choucard. Il plaît aux frangines à cause qu'il a un petit air voyou. Ses crins drus et droits tombent en gouttes de pluie. Ca lui donne l'air d'un hérisson. Son nez: un bec d'oiseau. Au marigot fédérateur que l'on appelait jadis le comptoir, on nomme cet animal le pic-verre. Maigre comme un chat. Tel est le faune. Au mental, un brin solitaire. Il a ses têtes. Celles qui lui reviennent, il leur paye un canon. Les autres, c'est des cons." (Olivier Bailly, Giraud, mon pote, présentation de Paris, mon pote, éd. le Dilettante, 2008)
22:04 Publié dans Art Brut, Fantastique social, Littérature | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : olivier bailly, robert giraud, robert doisneau, fantastique social, paris populaire | Imprimer
15/04/2009
Claude, Clovis Prévost, Chomo, André Robillard...
Oyez, oyez, oyez... Pour ceux qui aimeraient voir en vrai sur grand écran les films de Claude et Clovis Prévost sur Chomo et André Robillard (quelle actualité pour ce dernier...), il faudra aller le 24 avril au cinéma Utopia de St-Ouen-L'Aumône. Deux films sur Chomo (qui fera l'objet d'une exposition aux alentours de l'automne - à partir du 10 septembre exactement - à la Halle Saint-Pierre, l'avez-vous noté sur leur site?) et un sur André Robillard, dont j'ai déjà mis sur ce blog quelques images en ligne. Il paraît que le cinéma est tout proche de la gare. Cette programmation va de pair avec une exposition intitulée "L'Art à la Marge" où l'on retrouve Michel Nedjar, Francis Marshall et plusieurs créateurs venus apparemment d'Art en Marge et autres ateliers d'art pour personnes atteintes de divers handicaps et incapacités (la Pommeraie entre autres), mais aussi des artistes contemporains moins connus que les deux ci-dessus cités et sans rapport avec l'art brut apparemment...
12/04/2009
André Robillard parmi nous, et puis Gérard, Lucienne et Roger dans la bibliothèque...
André Robillard, on peut le toucher, on ne nous l'a pas encore embaumé, enfoui sous un tas de cotes, d'attitudes vitrifiantes marchandes ayant pour inévitables corollaires la réification des artistes et de leur geste vivante.
C'est un brut de décoffrage tout ce qu'il y a de plus agissant et palpitant. Ceux qui l'approchaient, l'autre week-end à Bègles pour le vernissage de son exposition courant jusqu'au 19 avril prochain, ne savaient pas toujours comment se comporter vis-à-vis de lui. Cela tournait parfois au spectacle du montreur d'ours, sans qu'il y ait pourtant de montreurs en l'occurrence, en tout cas surtout pas les deux animateurs de la compagnie des Endimanchés, Alexis Forestier et Charlotte Ranson qui jouent avec lui la pièce "Tuer la misère", le soutiennent, créent avec lui (comme me l'a confié Charlotte Ranson entre deux paravents d'exposition, certaines oeuvres présentées sur les scènes de leurs performances à mi chemin du rock alternatif, du théâtre, de la poésie sonore et de l'art brut, ayant été réalisées en commun, ce qui va de pair avec leur création théâtrale actuelle, création elle aussi éminemment collective). On lui demandait l'inévitable couplet à l'harmonica, de psalmodier le langage martien ("chiop, chiop, chiop...")...
Placé dos à dos avec lui au repas d'après vernissage, je lui demandai, pour changer de ces prestations un peu trop commandées, s'il avait entendu parler d'Hélène Smith qui comme lui prétendait pouvoir parler martien, mieux, pouvait même l'écrire. Je me hasardai à lui suggérer qu'il pourrait transcrire à sa manière comme la protégée de Théodore Flournoy ce langage qu'il lui était déjà si facile de restituer à coup de chiop-chiop-chiop (c'est ainsi que je le traduis moi-même ce martien robillardisé)...
Il était là, bien campé sur ses deux jambes, les pognes formidables ballantes au bout de bras immenses, septuagénaire encore vivace, avec sa coupe de cheveux de jeune homme, sa tenue sportive (comme s'il venait de quitter son vélo) et sa disponibilité intacte à l'égard du tout venant. De plain pied avec tous ceux qui l'abordaient. Débordant d'énergie, et curieux de ce qui lui arrivait, content de voir toutes ces têtes plus ou moins nouvelles, sa mémoire paraissant assez prodigieuse puisqu'il paraissait reconnaître certains qu'il n'avait pourtant que peu rencontrés jusque là. J'eus ainsi l'illusion qu'il me reconnaissait, alors que je ne lui avais serré qu'une fois la main au Théâtre parisien de la Bastille des mois plus tôt, et encore au milieu d'une foule, et dans la fatigue d'une fin de représentation...
Des dessins étaient exposés, à côté des inévitables fusils dont certains étaient plus originaux que d'autres (deux gros calibres venus de la collection de Frédéric Lux par exemple, ou un comme ramolli par suite d'un traitement dalinien on aurait dit, venant de la collection de Bernadette Chevillon). Michel Boudin m'a confié avoir trouvé une inspiration d'origine populaire à l'un des dessins présentés. Il représente un "renard de la forêt d'Orléans". Michel retrouve dans ses contours la forme de ces hachoirs taillés en forme d'animaux qui ne sont pas rares aux cimaises des antiquaires spécialisés en outils populaires. Est-ce une source d'inspiration du gars André? Pourquoi pas: quand on l'entend souffler dans son harmonica, surgit le plus souvent le fantôme d'une mélodie traditionnelle, répétitive, nouée en boucle obsédante, ce qui lui assure une forme nouvelle. Robillard partage cette façon de jouer de la musique avec Pierre Jaïn, autre sculpteur de l'art brut qui lui aussi recyclait des airs traditionnels quand il s'amusait à faire de la musique.
Preuve une fois de plus que la culture populaire est le substrat qui sous-tend pas mal de créations dites "brutes". Depuis la salle, j'ai essayé de l'insérer à l'intérieur de la causerie où, le samedi 4 avril à la bibliothèque jouxtant le musée de la création franche, conférençaient Gérard Sendrey, Lucienne Peiry et Roger Cardinal. Le public intervint un peu durant cette causerie qui réunissait ces trois personnages fort contrastés. Qu'en ai-je retenu? Une phrase de Sendrey le rimbaldien, la création travaille toujours à partir de l'inconnu, jamais du connu. Lucienne Peiry insista sur l'art des enfants qu'elle n'a pas envie de tacler comme Dubuffet l'a fait (j'avoue être moi plutôt de l'avis de Dubuffet qui reprochait aux enfants leur besoin de singer la réalité, leur conformisme ; mais s'ils le font, c'est aussi sans doute par suite de la pression énorme qu'exercent les adultes sur eux à ce sujet). Roger Cardinal trouvait qu'art brut et art savant peuvent rester chacun de leur côté, c'est quelquefois pas plus mal. A un autre moment, il répéta aussi cette évidence que le poète est toujours en avance sur l'homme de science.
Bref, on échangea gentiment mais exclusivement sur le thème de l'art brut, personne n'ayant remarqué que le sujet initial de la causerie qui devait aborder la question de la nouveauté de la création après l'art brut (titre original: "De l'Art Brut à l'Outsider Art et à la Création Franche, héritage et novation") avait été purement et simplement évacué... Ni Sendrey, ni Cardinal ne voulant par égard pour la conservatrice de la Collection de l'art brut signifier que la notion d'art brut aurait pu être aujourd'hui dépassée. Ou tout simplement, parce que ces protagonistes avaient conclu implicitement à la cohabitation simultanée de leurs trois "labels" (création franche pour Sendrey, art brut pour Peiry, outsider art pour Cardinal), sans possibilité de friction entre eux.
22:04 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : andré robillard, musée de la création franche, roger cardinal, art brut, endimanchés | Imprimer
30/03/2009
Fusils chinois rapide 6h46 et chasseurs bombardiers du rêve noir, André Robillard
Du 28 mars au 19 avril, les sculptures d'assemblage et les dessins d'André Robillard viennent faire un tour plus conséquent que dans le passé (voir la présentation de la collection Eternod-Mermod) au musée de la création dite franche, à Bègles. Un vernissage, pardon l'inauguration, aura lieu le vendredi 3 avril, un peu confidentiel comme voudrait peut-être le suggérer ce terme d'inauguration placé là pas au hasard...
Cela a lieu en parallèle avec une autre série de représentations du spectacle Tuer la misère (voir ma note du 3 juin 2008 ) qui se tiendra à Bordeaux (au "TNT Manufacture de Chaussures", tél: 05 56 85 82 81, représentations les 7, 8 et 9 avril). Ce sera l'occasion de constater comment évolue le travail de Robillard, sur lequel j'ai entendu ces jours-ci de nombreuses rumeurs, sur des collectionneurs qui rafleraient son travail, sur une certaine excitation bref qui l'entourerait, lui dont la réputation de créateur de l'art brut ferait tourner la tête à nombre de rapaces...
Les performers du spectacle, Charlotte Ranson et Alexis Forestier, demandent régulièrement à Robillard de décorer de ses oeuvres les scènes où ils jouent, où il clame ses diatribes en langages martien ou allemand guttural burlesque. Sont-ce ces oeuvres-là aussi qui seront présentes? Peu d'oeuvres proviendront de la collection permanente du musée en tout cas (une ou deux ?). Quelques collectionneurs, dont Frédéric Lux, déjà cité ici, ou Michel Leroux, ont prêté des éléments de leurs trésors. Reste à savoir s'il n'y a pas au fil du temps (André Robillard crée ses fusils et autres depuis les années 60), comme dans le cas d'autres créateurs qui n'arrivent pas toujours à faire face à la demande trop pressante des "clients", une dévitalisation et une tendance à l'inachèvement embryonnaire des oeuvres de la part de cet étonnant créateur qui reste une véritable force de la nature (toujours solide malgré ses soixante-dix ans dépassés).
02:14 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, andré robillard, création franche, tuer la misère | Imprimer
24/03/2009
Macrévives et Boixau (Macréau et Boix-Vives)
Ce soir, vernissage à la Halle St-Pierre, rue Ronsard, 18e ardt, Paris, des expositions Macréau et Boix-Vives (à partir de 18h comme d'habitude). En douce un autre vernissage qui a attendu ce même soir pour être officialisé, afin de profiter on l'espère de la foule des grands jours, de l'autre petite expo de la Galerie du hall d'entrée, A chacun son dessin. Effectivement, il est légitime d'attendre la grande foule, Macréau et Boix-Vives sont deux immenses peintres, chacun dans leur genre bien distinct. Macréau c'est une sorte de Picasso graffiteur, un Picasso graphiste qui se serait emparé en contrebande de pinceaux. Boix-Vives, c'est un immense candide, candide jusqu'à la violence la plus absolue (il avait, paraît-il, des colères éruptives), amoureux de la couleur où il se roulait avec une gourmandise inspirée par une grâce venue d'on ne sait où, mais si on le sait, du fond de son être prodigieusement sage, équilibré, du bout de ses doigts soudaineement aimantés. Confiant dans ses pouvoirs au point de croire qu'il pourrait résoudre tous les problèmes de l'humanité grâce à de simples brochures où il traçait ses plans sur la comète pour la paix et l'harmonie dans le monde.
Je ne m'étends pas plus sur la question, il existe déjà pas mal de livres sur lui, notamment celui de Marie-Caroline Sainsaulieu aux éditions Acatos, et celui de Jean-Dominique Jacquemond à La Différence, sans compter les catalogues sur Boix-Vives et Macréau édités por l'occasion par la Galerie Margaron, galerie qui prête les oeuvres exposées, semble-t-il...
Cadeau en avant-première (pour ceux qui auront l'idée de venir faire un tour ce 24 mars après-midi sur ce blog), une des toiles de Macréau exposées à l'étage, photographiée l'autre jour avec autorisation spéciale de Martine Lusardy:
15:27 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne méconnu | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel macréau, anselme boix-vives, art brut, art moderne méconnu | Imprimer
22/02/2009
Hypnos, images et inconscients en Europe 1900-1949
Le 14 mars, débutera une exposition qui nous intéresse vivement au Musée de l'Hospice Comtesse, à Lille, Hypnos, images et inconscients, 1900-1949. Organisée par les conservateurs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq, Savine Faupin, Christophe Boulanger et Nicolas Surlapierre, en collaboration avec Lorand Hegyi, le directeur du musée d'art moderne de Saint-Etienne, l'exposition se propose de montrer comment de nombreux artistes des premières décennies du XXe siècle se sont emparés de la notion d'inconscient, l'interprétant ou se l'appropriant. La notion était alors une révélation suite aux travaux de Sigmund Freud à Vienne. L'exposition ne se veut pas moins qu'une "contribution à l'histoire de l'inconscient visuel". On se dit: chiche, mais il faudra voir les résultats in situ. Car les images de l'inconscient sont fort multiples et variées.
Frantisek Drtikol, Le cri, 1927, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Dist. RMN, © Jacques Faujour © DR
Trois thèmes chronologiques structurent la manifestation, "le cosmos intériorisé (1900-1918)", "une géopoétique de l'inconscient: Berlin, Budapest, Cologne, Paris, Prague, Zürich (1918-1933)" et "l'heure dangereuse (1933-1949). Selon ces thèmes, on retrouve là des domaines qui ont déjà fait l'objet de passionnantes expositions précédemment montées ailleurs, comme l'art des spirites (la Halle Saint-Pierre notamment a monté deux expositions sur le thème, l'art médiumnique et l'art des spirites tchèques de la région des Monts des Géants et du musée de Nova Paka) ou la photographie spirite par exemple (cf le Troisième oeil, la photographie et l'occulte, Maison Européenne de la Photographie à Paris, 2004-2005). Un éclairage particulier doit être donné sur la production des médiums de Bohème-Moravie, précisément ces créateurs que l'expo sur l'Art Brut tchèque de la Halle Saint-Pierre (2002-2003, ensuite montée en Belgique, puis à la Collection de l'Art Brut à Lausanne), sous l'impulsion de son organisatrice Alena Nadvornikova (une membre historique du groupe surréaliste tchèque contemporain), avait fait brillamment découvrir aux amateurs.
Josef Kovář, Pruřez ovoce Neptuna, 1905, Mestské Muzeum Nova Paka, République Tchèque, © DR
La deuxième section sur la "géopoétique de l'inconscient" semble vouloir nous montrer des créateurs choisis ailleurs qu'en Europe de l'ouest, de façon à exposer une exploitation de la découverte du continent inconscient, peu connue en France, par d'autres mouvements que le surréalisme, à savoir en l'occurrence le cubisme, le dadaïsme ou l'expressionnisme. Si dans ce dernier cas, on connaît tout de même assez bien par ici le cinéma des Robert Wiene ou Fritz Lang, moins répertoriée est l'existence des "marionnettes dadaïstes" qu'on nous annonce dans l'expo et qui nous intriguent davantage (sans doute parentes des magnifiques oeuvres sculptées d'un Marcel Janco qui étaient naguère montrées au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition bric-à-brac Traces du Sacré). De même les créateurs tchèques gagnent beucoup à être davantage contemplés (Kupka, Vachal, Driskol, etc...). On espère donc faire des découvertes dans cette section (par exemple Josef Vachal).
Frantisek Kupka Le rêve, 1909, Museum Bochum, Bochum ©ADAGP Paris, 2009
La troisième partie de l'exposition veut cerner ce moment de division et de totalitarisme (national-socialisme, stalinisme...) qui s'empare de l'Europe entre 1933 et 1949. Dans les représentations liées à l'inconscient se lisent des tendances et des menaces idéologiques qui font alterner les messages d'Eros ave ceux de Thanatos. C'est aussi le moment où le surréalisme qui s'était fait le champion de la libération du langage des désirs enfouis est traqué en Europe, et se diffuse dans le monde en même temps que s'exilent ou se cachent les membres des groupes européens. Cependant, on peut se demander si la place du surréalisme dans ce projet sur les images de l'Inconscient n'est pas quelque peu minoré. Il faut attendre de voir l'expo.
C'est près d'une centaine d'artistes d'Europe de l'Ouest, d'Europe Centrale et Orientale qui sont présentés, parmi lesquels Jean Arp, Brassaï, Victor Brauner, František Drtikol, Marcel Duchamp, Max Ernst, Simon Hantaï, Paul Klee, Hilma af Klint (de cette dernière, on a déjà eu l'occasion de voir des oeuvres en France, voir ma note du 25 avril 2008 sur ce blog, notamment à l'expo déjà mentionnée Traces du Sacré), Bohumil Kubista (qui était, Ô nom prédestinant, cubiste...), Frantisek Kupka, Emma Kunz, Augustin Lesage, André Masson, Joan Miró, Laszlo Moholy-Nagy, Man Ray, Joseph Sima, Sophie Taeuber-Arp, Marie Toyen, Josef Vachal, Lajos Vajda, Adolf Wölfli..., les cinéastes Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau, Georg Wilhelm Pabst, Robert Wiene..., des écrivains et poètes tels qu'André Breton, René Char, Géza Csáth, Robert Desnos, Franz Kafka, Frigyes Karinthy, Dezső Kosztolányi, Ghérasim Luca..., ainsi que des théoriciens de la psychanalyse comme Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, Carl Gustav Jung ou Karl Abraham.
On notera au passage que des créateurs de l'art brut, non professionnels de l'art par définition, comme Lesage ou Wölfli se trouvent ici mélangés aux artistes d'avant-garde. Cela augure-t-il d'autres mélanges à venir dans le cadre du nouveau Musée d'Art Moderne à Villeneuve-d'Ascq (où, comme on sait les travaux d'extension du musée, comprenant une aile consacrée à la présentation de la collection d'art brut du musée, sont en train de s'achever)? Wait and see...
L'exposition se tient du 14 mars au 12 juillet 2009. Musée de l'Hospice Comtesse, 32, rue de la Monnaie à Lille. Pour plus de renseignements, cliquer sur le site du musée d'art moderne Lille-Métropole (voir lien ci-dessus) à Villeneuve-d'Ascq. A noter qu'Hypnos devrait être la dernière exposition hors-les-murs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq avant sa réouverture prévue pour 2010.
16:43 Publié dans Art Brut, Art moderne méconnu, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hypnos, drtikol, musée de l'hospice comtesse, surréalisme, freud, vachal, nova paka | Imprimer
16/02/2009
Oskar Panizza était un créateur de l'art brut
Je ne suis pas un théoricien, ni un philosophe, ni ne suis porté vers les grandes idées. Je ne peux prétendre devenir un jour un quelconque historien d'art calé en esthétique. Mais j'ai des intuitions, un peu de flair. Ce dont on ne me créditera aucunement une fois fait mon temps. On viendra prendre dans le tas. Et pourtant, il y aurait des indications à retenir de la façon dont les choses découlent les unes des autres. C'est pourquoi je fais le maniaque, réclame sans cesse qu'on se rappelle que j'étais là le premier, que c'est moi qui ai planté le drapeau sur ces lunes-là qui étaient bien sauvages et vierges de tout passage humain...Quitte à en agacer souverainement certains qui aiment à jouer aux sages détachés de tout...
Ouh là, là, où est-ce que je suis en train d'aller, où veut-il en venir? Eh bien, bizarrement à Oskar Panizza sur qui je suis retombé il n'y a pas très longtemps, l'été dernier, en revoyant mon vieil ami Pierre Gallissaires qui finissait une traduction à son sujet (les éditions Agone se sont mises en tête de sortir les oeuvres complètes de Panizza, et de faire en conséquence compléter certaines anciennes traductions). Cet écrivain connu pour le Concile d'amour cher à André Breton, cette pièce de théâtre qui fit scandale à Munich en 1895 valant à son auteur un séjour en prison en raison de sa façon de camper Dieu le père, vieillard cacochyme, Jésus, Marie, le Diable, les anges et la famille des Borgia avec un pape violeur et débauché à leur tête, deux enfants incestueux, les fameux Lucrèce et César Borgia, le tout dans une bouffonnerie échevelée d'une audace invraisemblable, cet écrivain décida de lui-même, au début des années 1900, de se rendre dans un hôpital psychiatrique.
Ce que l'on sait peu, c'est qu'il y continua d'écrire vers 1904-1905 des textes qui paraissent intéressants comme ce Dialogue entre un prêtre et un aliéné que m'a signalé Gallissaires. On sait qu'il rédigea en 1904 peu après son internement une autobiographie (disponible dans l'édition Pauvert du Concile d'Amour) où il paraît révéler qu'il souffrait de délire de persécution (c'est peut-être pour cela que je suis retombé sur lui!). Il va rester hospitalisé jusqu'à sa mort survenue en 1921. En Allemagne est paru en 1989 un ouvrage qui a montré que Panizza aimait aussi dessiner ("Oskar Panizza Pour Gambetta", éd.Belleville, Munich). Mais nous ignorons ce fait en France. Peut-être la notoriété grandissante de l'art brut, et conséquemment de tous les champs de l'histoire de l'art qu'elle entraîne derrière elle, notamment l'histoire de "l'art des fous", pourrait aider à faire mieux connaître cette partie de l'oeuvre et de la vie de ce grand blasphémateur.
En effet, des dessins de Panizza, à ce que me révéla Pierre Gallissaires cet été-là, sont conservés dans la collection Prinzhorn à Heidelberg. Oui, des dessins de Panizza, à côté des dessins d'August Natterer, si prisés par Max Ernst, ou des sculptures de Karl Brendel. Cela en fait un créateur de l'art brut du coup! On n'avait pas pensé à cela... Je ne l'avais pas remarqué, pourtant je possédais depuis longtemps un catalogue des années 80, en allemand, lié à une exposition de la collection Prinzhorn qui s'était promenée dans divers endroits en Allemagne. Une page mentionnait quelques dessins de Panizza, et je ne l'avais pas repérée... L'édition française des Expressions de la folie en 1984 ne le mentionne pas, sauf erreur de ma part. On en voit ici quelques-uns, histoire de se faire une idée. Nul doute que cette information devrait intéresser quelque chercheur... Non?
23:02 Publié dans Art Brut, Littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oskar panizza, pierre gallissaires, collection prinzhorn à heidelberg, art brut, agone | Imprimer
24/01/2009
Création Franche n°30
Les animateurs de Création Franche ont loupé le virage de 2008 à 2009 et font paraître leur deuxième numéro annuel sur l'année suivante, ce qui va encore fait crier certains à la confusion sur le rythme de parution de cette revue à laquelle je reste fidèle par delà le temps...
Mais baste! Peu importe le rythme de parution, l'essentiel est que la publication continue à se maintenir en dépit des inévitables difficultés financières qui guettent toujours ce genre d'initiatives. Nous arrivons désormais au n°30, en cette année de vingtième anniversaire du Site (c'est peut-être la passion des chiffres ronds qui a fait décaler la parution du n°30, du reste?).
Qui l'eut cru lorsque l'on vit paraître en 1990 le premier numéro de cet organe émanant du Site, devenu depuis le Musée, de la Création Franche...?
Je profite de cette note pour un faire un petit retour et une mise au point d'ordre historique.
Les deux premiers numéros de Création Franche étaient du point de vue de leurs maquettes tout simplement calamiteux, le contenu restant de son côté bien timide. La direction en avait été confiée à messieurs Lanoux et Maurice. On vit à cette occasion ce qu'ils étaient capables de mettre en chantier. Je fus fort marri d'avoir été mis à l'écart du projet alors que depuis plusieurs années, j'essayais de lancer l'idée d'une revue qui traiterait de l'ensemble du champ des arts populaires. On me trouvait trop remuant, "sans humour" (dixit Sendrey dans ses Histoires de Création Franche, éd. de l'Authenticiste, 1998), et peut-être aussi trop fidèle à l'esprit surréaliste ("Bruno Montpied se veut sans complaisance, sans concessions; voue une vénération absolue à André Breton...", Gérard Sendrey, même source).
"...l'idée d'une revue est venue se nicher au Site de la Création Franche. Des contacts que j'avais avec lui, Jean-Louis Lanoux m'apparaissait comme un homme censé [sic], raisonnable, bien posé dans la vie, avec une bonne connaissance du milieu sur lequel nous étions branchés. Je le voyais très bien remplir le rôle du rédacteur en chef ; et je le lui dis. Il ne pensa pas que j'avais tort et me le fit savoir. Mais il exprimait une crainte. L'éventuelle présence de Bruno Montpied dans le comité de rédaction lui semblait représenter un grave danger pour la cohérence et l'efficacité de l'entreprise (...) Jean-Louis considérait que Bruno ne pouvait s'inscrire raisonnablement dans un projet sans essayer d'en bousculer les données"... (Gérard Sendrey, même source, p.46). Bousculer les données, quel beau projet pourtant... C'est sans doute ce qui manqua dès le départ à cette revue comme on le voit à lire les propos de Sendrey. On me proposait d'écrire dans la revue mais il fallait accepter de passer sous les ordres d'un directeur qui craignait donc les "bousculeurs de données"... Je refusai (ce qu'a oublié de préciser Sendrey dans son livre, préférant me présenter comme un opportuniste qui aurait accepté sa mise à l'écart de peur de perdre l'occasion de placer sa prose).
Dès le troisième numéro, où Lanoux n'était plus directeur (c'était le rôle qui lui avait été finalement imparti, tandis que Jean-François Maurice était le rédacteur en chef) et où Gérard Sendrey, le véritable initiateur de toute l'affaire en réalité, qui avait voulu rester en retrait tel le Vieux de la Montagne (comme il se rêve souvent), reprit la direction des opérations, les choses commencèrent à s'améliorer, petit à petit. Les collaborateurs se retrouvèrent sous la direction de Gérard Sendrey (au reste assez débonnaire) sur un pied d'égalité, ce qui me poussa à proposer alors, et alors seulement, ma participation. Les collaborations diverses et variées que je fus amené à produire dans la suite des numéros montrèrent je crois que le soupçon que j'aurais représenté "un grave danger pour la cohérence et l'efficacité de l'entreprise" était parfaitement infondée.
Jean-Louis Lanoux introduisit une secrétaire de rédaction que Gérard Sendrey nomme "Aline" dans son livre qui se rendit coupable, aux dires de Sendrey, de ce qu'on pourrait qualifier comme des abus de pouvoirs... ("...elle corrigeait les textes, mettait un mot de son choix à la place d'un autre voulu par le rédacteur, tronquait des phrases, changeait des sous-titres, en modifiant le sens...", Gérard Sendrey, même source, p.51-52). Sendrey proposa dés lors à Lanoux d'abandonner le poste sacro-saint de directeur de la publication... Se fermait une période où finalement beaucoup de bruit avait été fait pour pas grand-chose.
La revue a, depuis ses débuts balbutiants, changé plusieurs fois de look, comme perpétuellement insatisfaite de ses atours (et de ses atouts?). J'avoue préférer sa dernière parure, mise en place depuis le n°26, avec son dos carré qui lui donne une allure plus professionnelle. Mais la période où son titre était composé avec des caractères contenant des fragments d'oeuvres "franches", du n°12 au n°17, me séduit aussi assez du point de vue de cet effet de maquette. Son contenu ne me plaît pas toujours, mais ce n'est pas mon entreprise, et je n'y suis qu'invité. Quand on regarde dans le rétroviseur, on s'aperçoit que s'il y a bien du déchet, il y a aussi un certain nombre de papiers fort instructifs sur toutes sortes de créateurs (la revue ne s'est jamais départie de son côté catalogue de notices, en dépit de tentatives trop rares d'insérer des "news" sur des actualités non liées directement au musée de la Création Franche -mes "Billets du sciapode" par exemple, dont le principe ne fut que peu repris par d'autres dans la revue). Avec le temps, on s'aperçoit que cette publication, jamais diffusée en librairie, mais seulement au Musée et sur abonnement, aura été utile pour l'information rare qu'on peut y trouver.
Dans le dernier numéro qui paraît donc ces jours-ci, on trouve en particulier un fort intéressant article de Paul Duchein sur des dessins retrouvés de Charles Paris, cet ancien chauffeur de maître qui à partir de 1958 (si l'on suit le catalogue de l'exposition de l'Art Brut au Musée des Arts Décoratifs en 1967) se mit à dessiner sur des pierres ou des coupes de bois d'olivier (voir également le livre de Michel Thévoz, L'Art Brut, de 1975, p.73). Comme le signale Duchein, la Collection de l'Art Brut et ses différents animateurs ne parlent pas du fait que cet auteur dessinait aussi. Les quelques dessins reproduits dans la revue sont de ce point de vue une première. On sent que leur auteur prisait particulièrement les images médiévales, ou de fantasy montrant le diable, ou une iconographie en rapport avec les lutins (un "personnage" de lui évoque les gremlins du cinéaste Joe Dante - qui, lui-même, soit dit entre parenthèses, serait allé les pêcher du côté de Roald Dahl...), tout en amplifiant cette imagerie d'une façon très personnelle beaucoup plus visionnaire.
A noter également un article enthousiaste de Michel Leroux sur André Robillard, qu'il a l'habitude d'aller visiter à son domicile près d'Orléans, et un entretien de Pascal Rigeade avec Charlotte Ranson et Alexis Forestier qui sont les maîtres d'oeuvre de la pièce "performance" Tuer la Misère à laquelle Robillard participe sur scène (voir ma note du 3 juin 2008). La pièce continue de tourner. En ce mois de janvier elle est présentée à Lyon au théâtre des Subsistances, puis ira ensuite les 7, 8 et 9 avril à Bordeaux au "TNT Manufacture de chaussures". Pour l'occasion, du 28 mars au 19 avril, une exposition consacrée à Robillard se tiendra au Musée de la Création Franche.
Pour tous contacts, voir www.musee-creationfranche.com. Adresse: 58, avenue du maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 Bègles. Tél: 05 56 85 81 73 ou 05 56 49 34 72.
(Nota-bene :CETTE NOTE EST UNE VERSION REMANIEE, DIFFERENTE DE LA VERSION INITIALEMENT MISE EN LIGNE ; remaniement intervenu le 17 février 09; les deux commentaires qui l'avaient accompagnée avant cette date ne s'appliquant plus, étant donné le remaniement des termes, ont été supprimés)
15:37 Publié dans Art Brut, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : charles paris, jean branciard, andré robillard, tuer la misère, création franche, art brut | Imprimer
09/01/2009
Le Griffonneur de Rouen, petit addendum
David a eu la gentillesse de nous adresser une mise à jour de l'adresse URL du blog consacré au "Griffonneur de Rouen", blog toujours intitulé "Playboy Communiste". Nous l'avions évoqué dans notre note du 21 juin 2008. Grand merci à lui et avis à tous ceux que ce personnage hors du commun, ainsi que ses inscriptions, intéressent.
Graffiti d'Alain R., Rouen, photo B.Montpied, octobre 2005
00:34 Publié dans Art Brut, Cinéma et arts (notamment populaires), Fantastique social | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain r., david thouroulde, pascal héranval, playboy communiste, graffiti, art brut | Imprimer
03/01/2009
Info-Miettes (2)
La galerie Nuitdencre64 au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe ardt à Paris expose Claude Tarnaud né en 1922 et disparu en 1991. Il s'agit d'un poète surréaliste peu connu, c'est donc l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui. Sa rencontre avec les surréalistes réunis autour de Breton paraît avoir été éclair (1947-1948). Il fut lié à Brauner, Sarane Alexandrian, Stanislas Rodanski. Il semble avoir exécuté une bonne partie de son oeuvre plastique à partir de 1969 après une installation dans le Vaucluse. Là naîtront plâtres "greffés", divers objets, des collages, des oeuvres à la cire ou au brou de noix, des encres... Plusieurs livres de lui ont été réédités à L'Ecart Absolu. Expo de sculptures, peintures et manuscrits prévue pour durer du 19 décembre 2008 au 10 février 2009.
La "modeste collection" de Danielle Jacqui, "résultat d'une aventure qui dure depuis 40 ans" va être exposée dans la salle Fabre à Roquevaire-en-Provence "face à l'église" du samedi 1O janvier prochain à la fin de semaine suivante. Le vernissage a lieu à partir de 11h30 le samedi, ce qui est une information des plus essentielles. Beaucoup de noms au sommaire de cet accrochage, qui réunit sans doute tous ceux qui firent des échanges avec Danielle Jacqui tout au long de sa vie. Au hasard: Raymond Reynaud, Monique Goutte, Claudine Goux, Chichorro, Karamanoukian, Gérard Sendrey, Yvon Taillandier, John Maizels, Martha Grünenwaldt, Claudette Espallergues, Jaber, Jean-Jacques Predali, Bernadette Nel, Roger Ferrara, Marie Morel, Alain Pauzié, etc., "+ des nuls à HIE, que j'adore!", comme l'écrit Danielle Jacqui sans trop expliquer à qui elle songe en disant ces trois lettres un peu violentes... En dehors de cette exposition, Danielle Jacqui continue d'oeuvrer sur son "Colossal d'art brut", projet de décoration à base de céramique pour la gare d'Aubagne. (A noter que sur le site en question, elle reviendra sur ce qu'elle désigne par "nuls à (ch)IE(r)". Il s'agit des peintres de croûtes qu'on trouve sur les vide-greniers, avec leurs disproportions, leurs maladresses. Je sais que Danielle Jacqui fait des distingos même au sein de cette production. Elle m'a montré un jour une petite toile naïve qui était très poétique -Note du 17 février 2009).
De son côté le musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) ne chôme pas et a décidé d'exposer les boîtes faites d'assemblages oniriques de Paul Duchein. Il est difficile de passer après Joseph Cornell et tant d'autres amateurs de la mise en boîte. Paul Duchein, esthète raffiné, y arrive en se servant de sa culture qui est grande et en tirant parti de ses goûts pour les belles choses. Un petit catalogue paraît à l'occasion de cette expo qui se tient du 12 décembre 2008 au 25 janvier 2009.
Ignacio Carlés-Tolra, vieux routier des arts singuliers, comme il est un créateur suisse, peut être accepté par le musée d'art brut suisse Im Lagerhaus de Saint-Gall (en Suisse orientale) qui ne s'occupe que des créateurs suisses à 100%... (Ca me rappelle l'Espace Hérault à Paris dans le quartier de la Huchette autrefois qui n'exposait que des artistes nés au sud de la Loire, ça faisait du monde, ils pouvaient exposer jusqu'à la Turquie par exemple mais pas les gens du Nord -qui ont pourtant dans le coeur la chaleur qu'il n'y a pas dehors, comme disait Enrico). Pour l'anniversaire de ses vingt ans d'existence (à ce que je crois avoir compris, car les informations qu'ils m'envoient sont en allemand, langue que je ne comprends absolument pas), le musée a invité Carlés-Tolra à monter quelque chose comme une rétrospective semble-t-il. Du 1er décembre 2008 au 16 mars 2009.
Les 20 ans du musée "Im Lagerhaus" (au fait sur ce musée, au tout début de ce blog, j'avais fait une note, voir ici) permettent aussi à ceux qui pourront faire le voyage jusqu'à St-Gall de découvrir la peinture naïve de l'Appenzell-Toggenburg, cette région qui s'étend au pied de la montagne magique du Säntis. Parmi les tableaux produits par les artistes autodidactes de ces contrées, on retrouve souvent des transpositions des paysages d'alpages aux verts soutenus communs dans ces régions, où sont semés, piquetant le paysage comme des masses et des formes plus ou moins abstraites peuvent piqueter l'espace d'une composition en apparence abstraite, les prés clôturés, les fermes, les vaches, les chemins blancs... Ces pentes douces sont proches du promeneur, j'ai pu le constater au cours du voyage que je fis en Suisse en 2007, comme des tableaux déjà tout faits dressés sous le ciel, immenses ready-made étendus aux dimensions d'un paysage entier.
Après les Japonais (et peut-être bientôt les Chinois?), la Collection de l'Art Brut de Lausanne va se retourner un petit peu vers son versant plus intime, à savoir l'art brut présent dans le canton de Fribourg. Et ce, du 6 février au 27 septembre 2009, autant dire qu'on aura le temps d'aller y faire un tour. Ce sera aussi l'occasion d'établir (pour la première fois il me semble, Dubuffet va peut-être même se retourner dans sa tombe!) une confrontation "expérimentale" (dixit le site web de la collection) des oeuvres de dix créateurs fribourgeois (de découverte récente) avec des oeuvres d'art religieux, populaire et ethnographique de cette même région de la Suisse (à mon sens, excellente initiative qui aurait pu être tentée depuis belle lurette). A signaler que la Collection a collaboré récemment (de septembre à novembre 2008) avec le musée Im Lagerhaus pour une expo en prêtant des oeuvres entre autres du Prisonnier de Bâle, de Hans Krüsi, etc. Un catalogue sur l'art brut dans le canton de Fribourg devrait paraître à l'occasion de l'expo, de même qu'un film de Philippe Lespinasse, devenu cinéaste officiel de la Collection, on dirait... Les créateurs présentés sont au nombre de dix dont Marc Moret, Lydie Thorimbert, Maurice Dumoulin, Gaston Savoy (on dirait un clone de Hans Krüsi, avec ses défilés de vaches poyesques), Piere Garbani, Eugénie Nogarède.
La galerie Dettinger-Mayer de son côté a décidé de montrer au tournant des deux années 08 et 09 un patchwork des artistes qu'elle défend depuis plusieurs années, photographie africaine, art tribal, peintures et dessins en confrontation: il y aura jusqu'au 31 janvier des oeuvres de David Braillon, Evaristo, Evelyne Postic, Ruzena, Pascal Zoss, Fred Deux, Bernard Pruvost, Louise-Anne Koeb, Zahra Toughraï, Marilena Pelosi, Ariel, Aurélie Gaillard, Estela Torres et des photographes africains comme Sanlé Sory ou Tidiani Shitou, etc.
Louise-Anne Koeb, Sans titre, Galerie Dettinger-Mayer
20:42 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claude tarnaud, art brut fribourgeois, paul duchein, danielle jacqui, carles-tolra | Imprimer
13/12/2008
Un dictionnaire de l'art brut au cinéma
Attendu depuis plusieurs mois avec impatience par les amateurs qui étaient dans le secret des dieux, le Petit Dictionnaire "Hors-Champ"de l'art brut au cinéma vient de paraître, édité par les éditions de l'Antre à Nice.
Hors-Champ est le nom d'une association dont j'ai déjà parlé sur ce blog (voir notamment la note du 22 mai 08 et plus généralement la catégorie "Cinéma et arts populaires") qui se consacre au cours d'une programmation annuelle, durant une journée (fin mai), généralement à l'auditorium du Musée d'Art Moderne de Nice, à faire connaître les documentaires traitant de sujets en rapport avec l'art brut, l'art singulier, les environnements spontanés, l'art populaire contemporain en somme. Cela fait dix ans cette année qu'ils font cela. Ce qui explique qu'ils aient voulu marquer le coup en éditant donc une filmographie, enrichie de souvenirs d'un certain nombre de participants, réalisateurs, chroniqueurs et amateurs de ces formes d'art, filmographie récapitulant les films qui furent montrés à Nice durant cette décennie.
Ce dictionnaire comporte une filmographie, non exhaustive naturellement, d'abord parce que le champ a été peu fouillé par les historiens patentés du cinéma (l'"art brut" et le cinéma documentaire, qu'est-ce que c'est que cet OVNI?) et ensuite parce que l'information sur le sujet passe mal (cause au mépris, à l'indifférence, à l'amateurisme, à l'ignorance...), une filmographie donc mais aussi des textes réunis sous le titre général "A propos". Liste de quelques-uns des auteurs présents dans le dictionnaire: Bernard Belluc, Alain et Agnès Bourbonnais, Guy Brunet, Jean-Claude Caire, Francis David, Antoine de Maximy, Mario Del Curto, Pierre Guy, Claude Lechopier, Philippe Lespinasse, Jacques Lucas, Francis Marshall, Claude Massé, Bruno Montpied (trois textes, un sur mes films super-8 sur des environnements -réalisés de 1981 à 1992- un autre sur Violons d'Ingres de Jacques Brunius, un troisième sur Gaston Mouly), Lucienne Peiry, Jano Pesset, Claude et Clovis Prévost, Alain Vollerin, Anic Zanzi...
A côté des ces "A propos", on a des fiches, 107 au total, décrivant les caractéristiques des films avec des commentaires sur leur contenu, écrits par les réalisateurs eux-mêmes ou d'autres intervenants, des membres de l'association Hors-Champ notamment. Ces fiches traitent des films qui ont été programmés au cours de la décennie récente. Le livre se clôt sur un festival d'index dans lesquels le lecteur se perdra un peu, ce qui est sans doute le but des auteurs du dictionnaire (index qui sont par moments superfétatoires puisque les fiches des films sont déjà classées par ordre alphabétique)...
La filmographie n'est pas présentée dans l'ordre chronologique des années où furent réalisés les films, mais là aussi dans un ordre alphabétique. Cela me chiffonne quelque peu. Je préfère l'ordre chronologique qui nous en apprend davantage sur l'histoire du regard porté au fil du temps sur le champ des arts spontanés (sur la naissance d'une certaine forme de reconnaissance, sur son développement, etc.). D'autre part, il est à noter que si Hors-Champ et Pierre-Jean Wurtz ont privilégié au cours de ces dix années les films documentaires où l'on voit les créateurs vivant en train de créer ou de s'exprimer devant la caméra, la filmographie a tout de même pris en compte in extremis dans son recensement quelques films de fiction, dont le récent Séraphine de Martin Provost par exemple, le Aloïse de Liliane de Kermadec (de 1974), ou encore le Pirosmani de Giorgui Chenguelaïa (1969).
Chacun, dans les 107 fiches de films, ira pêcher les films qui le concernent intimement. J'ai mes chouchous, et je me réserve le droit de publier ici un de ces jours ma liste de films que je considère comme les plus importants, choix subjectif que j'offrirai en partage avec ceux qui me feront l'amitié de les considérer eux aussi comme capitaux, ou bien qui voudront tout au contraire les discuter. Jacques Brunius, comme on commence à le savoir si on me suit sur ce blog, est notamment le cinéaste et le poète à qui vont mes préférences, mais il y a aussi Jean Painlevé (sur lequel bizarrement le dictionnaire n'a pas fait de fiche), le film sur "Justin de Martigues" de Vincent Martorana, le film Mokarrameh, soudain elle peint, d'Ebrahim Mokhtari, Martial, dit l'Homme-Bus de Michel Etter, le Petit-Pierre d'Emmanuel Clot, le Faiseur de Marmots (sur François Michaud) de Malnou et Varoqui, les films de Claude et Clovis Prévost, celui d'Ado Kyrou sur le facteur Cheval, Monsieur Poladian en habits de ville, etc, etc...
Sinon, les amateurs d'art brut, hors-les-normes, d'environnements spontanés, de sculpture populaire, retrouveront aussi, bien sûr, des sujets souvent cités dans les publications spécialisées, comme Raymond Reynaud, Arthur Vanabelle, la Collection Prinzhorn, les Châteaux de sable de Peter Wiersma d'Emmanuel Clot, Alain Genty, Nek Chand, Léna Vandrey, Fenand Michel, Guy Brunet, Emile Ratier, l'Art Modeste, l'art singulier d'Essaouira, Pierre Petit, Philippe Dereux, et tant d'autres merveilles...
Au total, nous avons là un outil fort précieux à l'évidence pour tous ceux qui souhaitent partir en voyage à travers l'écran du côté des créateurs autodidactes en rêvant de partager un peu de leur intimité (sans compter que le cinéma constitue aussi une archive importante aidant à se souvenir de sites, d'oeuvres et de créateurs qui disparaissent souvent sans laisser beaucoup de traces, tant le réflexe de patrimonialisation ne les atteint pas encore systématiquement -loin de là...). L'image en mouvement, art populaire à l'origine, permet un rapprochement en apparence plus immédiat avec l'art de l'immédiat, rapprochement que l'imprimé ne permet pas toujours. Comme un surcroît de réalité à laquelle vient cependant se mêler une grande part d'onirisme révélant bien que ce réel est peut-être avant tout surréel. Il reste à faire le voeu que la plupart des films montrés à Nice soient un jour tous disponibles en DVD (c'est loin d'être le cas pour la majorité).
Je signale que Le Petit Dictionnaire "Hors-Champ" est notamment disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le XVIIIe ardt à Paris. Sinon, pour l'obtenir, on peut contacter le 04 93 80 06 39, ou écrire à l'Association Hors-Champ, 18, rue Marceau 06000 Nice.
12/12/2008
La revue qui vous attire dans les recoins
Dimanche 14 décembre à partir de 15 heures, à l'auditorium, la revue Recoins veut faire comme tout le monde, se présenter au public des amateurs d'arts populaires et buissonniers, ainsi qu'aux amateurs de littérature qui fréquentent pour alimenter leurs addictions la Halle Saint-Pierre, à Paris dans le XVIIIe ardt (rue Ronsard). Pour ce faire elle a prévu un petit programme avec un "diaporama" (assisté par ordinateur, espérons que ça ne ramera pas...) présenté par votre serviteur (nous avons collaboré au n°2 de la revue), balade dans des images fort variées qui doit servir à naviguer depuis les rives de l'art populaire du temps jadis jusqu'aux terres de l'art naïf insolite, de l'art brut, des environnements spontanés, avec l'espoir que l'on puisse à la faveur des 150 images prévues pour être montrées dégager la notion d'art immédiat...
Emmanuel Boussuge, l'un des animateurs et des fondateurs de Recoins, revue basée à Clermont-Ferrand, viendra également nous parler des "irréguliers" qu'il déniche en Auvergne (nous lui avons signalé un site, dû à un certain M.Goldeman, toujours en cours d'évolution à St-Flour, que nous avions découvert au cours d'une randonnée il y a quelques années ; à son actif, il a découvert un autre site, peut-être plus intéressant, celui de François Aubert dans le village d'Antignac dans le Cantal ; il a du reste publié une étude à ce sujet dans le n°2 de la revue). Puis un autre collaborateur de Recoins, Franck Fiat, clôturera le programme en projetant un film réalisé par lui en compagnie de David Chambriard, Huile de Chien, tirée de l'excellente nouvelle fantastique de l'auteur américain Ambrose Bierce). Un pot pour les soiffards est prévu ensuite...
02/12/2008
Jus de Pommeraie chez Objet Trouvé
La galerie Objet trouvé, rue de Charenton dans le 12e arrondissement à Paris expose quelques créations venues du Centre de la Pommeraie en Belgique.
Ce home pour artistes handicapés abrite des créateurs tout à fait originaux comme on commence à le savoir. Alexis Lippstreu est notamment présent dans cette expo (avec aussi Michel Dave, Jean-Michel Wuilbeaux, Daniel Douffet), avec ses oeuvres qui sont comme des réductions d'oeuvres de la peinture savante, au sens de la cuisine, réduction d'une sauce. Vélasquez, par exemple, pourrait mijoter un bout de temps dans la cervelle de Lippstreu et en ressortir plus nu, plus pur, stylisé, dépouillé à l'extrême. L'art savant se voit ainsi repris par lui (comme par secrète nécessité) et passé à la moulinette. Ses figures douces et pensives posées devant d'immenses espaces gris font songer à des enfants qui attendent on ne sait trop quoi interminablement...
23:53 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul duhem, alexis lippstreu, la pommeraie, galerie objet trouvé | Imprimer