11/07/2011
Etrange petite pierre, sur laquelle on ne bâtira pas d'église
Voici la photo que j'ai prise naguère, dans un environnement français que mes lecteurs reconnaîtront sans trop hésiter. A gagner ce que j'ai en rayon pour le moment, à savoir une bêtise de Cambrai...
Moi, je pense à un corps nu comme saisi au moment où, la tête s'écrasant contre le sol, la suite du corps est restée suspendue, dans un équilibre étrange, cul en l'air, les cuisses serrées, alors que manquent les mollets et les pieds... Les bras étant revenus se croiser sous la poitrine pour assurer l'amortissement de la chute sans doute (peine perdue! L'écrasement a annulé tout espoir). Sinon, en dehors de la vision de ce corps cul par-dessus tête, on peut également songer à une vulgaire crotte de chien façonnée là de façon farceuse par le maître des lieux (auquel, usuellement, on ne supposait pas tant d'humour). Photo Bruno Montpied, 2011
20:09 Publié dans Art Brut, Environnements populaires spontanés, Images cachées, images délirantes? | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : paranoïa-critique, environnements spontanés, art brut | Imprimer
02/07/2011
Info-Miettes (12)
Expo Ody Saban tout l'été au musée de la Création Franche
Cela se tiendra du 1er juillet au 4 septembre au musée de Bègles.
Du côté de chez Chave maintenant...
Galerie Alphonse Chave, à Vence, on monte une exposition intitulée de façon un peu tarabiscotée je trouve, "L'harmonie des antonymes", avec en épigraphe sur le carton d'invitation quelques mots d'Héraclite d'où il ressort que "tout [surtout l'harmonie] devient par discorde" (le Poignard Subtil se voit ainsi confirmé dans ses choix)... Du 18 juin à fin août 2011. Avec Georges Bru, Gaston Chaissac, Gérard Eppelé, Jean Dubuffet, Slavko Kopac, Max Ernst, G.Lauro, Jean-François Ozenda, Jacques Prévert, Georges Ribemont-Dessaignes et alii... Tél: 04 93 58 03 45.
Le Musée des arts populaires de Laduz n'est plus subventionné...
Jacqueline Humbert se bat toujours pour maintenir la merveilleuse collection construite par elle et son mari décédé en 1990, Raymond Humbert. La région lui refuse la subvention qu'elle recevait pourtant depuis plusieurs années. A-t-on décidé d'étrangler par l'indifférence et l'insensibilité (pour ne pas dire l'ignorance) des élus toutes les collections d'art populaire, qu'elles soient comme en l'espèce privée, mais ouverte aux publics de tous âges, ou qu'elles soient étatiques comme celle de l'ex-musée des ATP autrefois installé près du Jardin d'Acclimatation dans le Bois de Boulogne à Paris, et qui végète à présent dans on ne sait quel entrepôt en attendant que se bâtisse le mirifique bâtiment promis depuis des lustres près du fort Saint-Jean à Marseille?
En attendant, le musée de Laduz tient cependant à organiser une exposition d'été, et cette fois on reviendra à la peinture de Raymond Humbert qui fut un admirable paysagiste abstrait, parallèlement à sa passion pour l'art populaire qu'il interprétait en visionnaire. Sans doute, Jacqueline Humbert puisera dans la force intacte des oeuvres de ce grand vivant l'énergie de faire face aux défis qui attendent le musée. Je ne saurai trop inviter tous ceux qui subodorent la poésie présente au sein des arts populaires à venir visiter ce musée champêtre qui n'a rien à voir avec les collections habituelles de vieux outils poussiéreux. Sa muséographie est sans cesse attractive, attachée à mettre en valeur tous les côtés inspirants de la vie créatrice des campagnes anciennes, en s'appuyant sur la valeur esthétique des objets présentés. Son département de sculpture populaire insolite de plus flirte avec l'art brut, de même que ceux de la marine populaire ou de la mémoire des campagnes font parfois allusion à l'art naïf.
Akram Sartakhti
J'ai laissé passé l'occasion de parler de cette femme iranienne (née en 1950) qui chipa les pastels de son petit-fils pour lui montrer ce dont elle était aussi capable, non mais... (on pensa à d'autres qui firent de même, comme M'an Jeanne par exemple, ou Joseph Barbiero encouragé par un fils artiste, ou encore Boix-Vives lui-même... non?). La cafétéria de la Halle Saint-Pierre abritait une petite expo de ses oeuvres colorées et stylisées du 10 janvier au 13 février dernier. La galerie Hamer à Amsterdam l'a aussi exposée entre mars et mai, avec une brochure à la clé préfacée par Laurent Danchin qui précise dedans qu'elle a commencé il y a seulement dix ans et que malgré le fait qu'elle ait caché d'abord ses oeuvres à son petit-fils, ce dernier, ayant quand même découvert ses dessins, les porta à l'attention de quelques experts, ce qui amena une ou deux oeuvres de sa grand-mère au musée d'art contemporain de Téhéran. C'est pour le peu qu'on a pu en voir à la Halle, une oeuvre fraîche et spontanée, joyeusement colorée et dégageant une grande vitalité grâce à la conjugaison de formes simples, suggestives avec de sensuels contrastes de teintes. Seuls les fonds peuvent paraître un peu vite faits comme si la peintre n'y attachait que peu d'importance. On ressent alors une impression de travail fait dans l'urgence, avec la bizarre sensation d'une précipitation.
Une autre peintre autodidacte iranienne existait aussi naguère, décédée à présent, qui était peut-être plus inspirée et brute qu'Akram Sartakhti, à savoir Mokarrameh Ghanbari, que ce blog-ci a évoqué voici déjà quelque temps, que l'on se reporte à... ces notes...
Une oeuvre de Mokarrameh Ghanbari
Au Madmusée de Liège on révise son histoire...
"Harvest", c'est le titre de l'exposition estivale du Musée d'Art Différencié (qui donne ce bel acronyme de MAD), titre très Neil Young, un peu trop anglais pour mon goût (est-ce que "moisson", ça fait péquenot chez nos amis belges...?). Elle se tiendra en deux lieux, en accès libre, au MADmusée du 2 juillet au 10 septembre, et au Grand Curtius, toujours à Liège, du 2 juillet au 13 novembre. Le propos du commissaire d'exposition (Brigitte Van Den Bossche?) est de montrer comment le "futur de la collection se dessine, grâce aux acquis des dernières années". Depuis que j'ai vu des parties de ces acquis à l'expo parisienne de la Maison des Métallos, j'acquiesce à toutes ces propositions. Donc, que ceux qui le peuvent aillent faire un tour à Liège, une fois.
23:39 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art populaire insolite, Art singulier, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ody saban, raymond humbert, akram sartakhti, mokarrameh, galerie hamer, art singulier, laduz, jacqueline humbert, arts populaires ruraux, art contemporain iranien | Imprimer
24/06/2011
Marie Espalieu dans Gazogène n°32
Voici un numéro de la revue Gazogène qui voudrait nous faire plus amplement découvrir les bois naturels peints et assemblés d'une dame Marie Espalieu (1923-2007) qui vécut à Crayssac dans le Ségala (je sais pas où c'est, je vais voir sur Google, ah, c'est prés de Cahors, au nord-ouest, pas loin de Catus, la région où vivait Gaston Mouly). Cette dame a été photographiée par Robert Doisneau, et l'on dirait que c'est son seul titre de gloire tant les contributeurs de cette revue ne cessent de nous le répéter.
La revue est en effet constituée de plusieurs textes de différents auteurs qui se marchent sur les pieds les uns des autres, répétant les mêmes choses, la candeur, la voyance, les bois qui parlent, etc. N'eut-il pas été plus utile et plus efficace de se contenter de dresser un catalogue en images des oeuvres de cette dame, restée encore passablement inconnue jusqu'à présent -du moins au large du Ségala- avec quelque bon texte décrivant sa façon de travailler, une petite bio, plus une analyse plus fouillée (il suffisait pour ce faire de laisser parler Benoît Decron, l'ancien conservateur du musée de l'Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d'Olonne qui dans ce numéro livre une saine analyse remettant en question divers clichés)? La revue part un peu dans cette direction avec de nombreuses illustrations. Hélas, elles restent pour la plupart en noir et blanc, ce qui pour une œuvre où la couleur joue un grand rôle, on l'avouera, est un choix bizarre (mais Gazogène on le sait, il nous le serine assez, fait le choix de "l'humilité"... à moins que ce ne soit celui du misérabilisme?).
Car les oeuvres de Marie Espalieu en bois peint, assemblées avec des clous, frustes, parfois enfantines, proches de certains travaux populaires de patience du temps jadis des campagnes, méritaient bien un hommage. Un hommage qui aurait évité d'être un prétexte pour certains d'étaler leurs ego (qu'ai-je à faire du "Tonton René" de monsieur Maurice?...) ou leurs états de service (toujours monsieur Maurice qui se montre par deux fois en photo, publie trois textes -je ne compte pas les textes non signés- dont un ancien qui ne fait que rajouter à la redondance générale du numéro). Tout cela sans doute de peur d'être oublié vraisemblablement, mais t'inquiète pas Jean-François, ça finira tout de même par arriver, hélas).
La Revue Gazogène est diffusée, à Paris, à la librairie de la Halle Saint-Pierre. Sinon, on peut se la procurer en écrivant à Jean-François Maurice (comme de juste!), Le Bourg, 46140 Belaye.jfmaurice@laposte.net. Il vous en coûtera 17 € le numéro.
16:14 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : marie espalieu, doisneau, benoît decron | Imprimer
07/06/2011
Yves-Jules Fleuri portraiture les grands Suisses
Jean-David Mermod qui préside aux destinées de la Galerie du Marché à Lausanne a proposé récemment à Yves-Jules Fleuri, qui se faisait appeler récemment seulement Yves Jules de tirer le portrait d'un certain nombre de célébrités suisses. Fleuri est connu pour aimer brosser des portraits hauts en couleur de toutes sortes de personnages, a priori non pour les caricaturer, mais y aboutissant quand même, à son corps défendant semble-t-il. J'en ai déjà parlé sur ce blog. Mermod a envoyé à Yves Poelman, le cicerone et le chaperon d'Yves-Jules, une centaine de photos de Vaudois connus. L'artiste a fait son choix là-dedans. Cela donne 45 portraits.
Yves Jules, Félix Vallotton
La Galerie du Marché présente le résultat de ces travaux du 10 juin au 23 juillet (vernissage jeudi 9 dès 17h30). Au vu des quelques portraits en ligne sur le site de la galerie (j'en reproduis deux ici même), l'expo promet d'être réjouissante. Elle s'intitule au fait "Y'en a point comme nous".
Galerie du Marché, 1, escaliers du Marché, 1003 Lausanne. 021 311 41 80. 079 212 14 17. Contact : info@galeriedumarche.ch
Yves Jules, Roger Fédérer
23:16 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves fleuri, galerie du marché, jean-daniel mermod, art brut, roger fédérer, félix vallotton, caricatures | Imprimer
05/06/2011
Où trouver "Eloge des Jardins anarchiques"? Liste des points de vente
Voici la liste des points de vente telle qu'elle pouvait être établie en mai (plutôt vers le début de ce mois). J'ai essayé de situer les librairies quand j'avais le temps... La liste n'est probablement pas exhaustive, le diffuseur (Court-Circuit diffusion) ayant probablement trouvé d'autres librairies entre temps, mais en l'état, elle peut tout de même être utile, je pense. Il se peut également que certains points de vente mentionnés ci-après n'aient déjà plus de livres. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à passer commande à votre libraire (ceci étant valable aussi dans n'importe quel lieu ne figurant pas dans cette liste ; le diffuseur s'engage à honorer toutes les commandes que lui feront les librairies où que ce soit).
Paris:
Librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard (18e ardt), L’Arbre à lettres dans les 3e, 5e, 12e, 13e ardts, L’Alinéa, L’Appel du livre, L’Attrape-Cœurs (18e), L’Atelier 9, L’Atelier (20e), Atout-Livre (12e), Librairie des Batignolles (17e), Les Buveurs d’encre, Le Cabanon, Le Merle Moqueur (20e), Chapitre.com, Le Comptoir des Mots, Compagnie (5e), Dédale (5e), Le Divan (15e), L’Ecume des pages (6e), La Friche (11e), Librairie des Gâtines, Le Genre Urbain, Gibert Joseph (Bd St-Michel, 6e), Les Guetteurs de vent (11e), L’Harmattan (5e), La Hune (6e), L’Humeur vagabonde (18e), L’Iris noir (11e), Les Jardins d’Olivier (rue Gay-Lussac, 5e), Libralire (11e), Le Livre Ecarlate, Libre Ere, Matière à lire, La Maison Rustique (6e), Le Merle Moqueur (20e), MK DVD Loire (19e), Le 104 (19e), Le Monte-en-l’Air (20e), Libraire du Musée du Louvre/RMN (1er), Les Oiseaux Rares (13e), Page 189, Parallèles (1er), Librairie du Parc/Actes Sud (La Villette, 19e), Flammarion Centre Pompidou (1er), Publico (11e), Quilombo (11e), Un Regard Moderne (5e), SFL Danton (6e), Librairie Jean Touzot, Tropiques, Tschann (6e), Vendredi (9e), La 25e Heure (5e), Equipages (20e), Le Flâneur des deux rives (6e), La lucarne des écrivains (19e), Comme un roman, Le 104 (19e), La FNAC
Couronne de Paris
78 (Yvelines) : Le Livre Bleu, Versailles, 92 (Hauts-de-Seine): Au Grillon, Nanterre, 93 (Seine St-Denis): Folies d’Encre, Montreuil ; Folies d’Encre-Liberté sur parole, St-Ouen ; La Malle aux histoires, Pantin ; Les Mots Passants, Aubervilliers ; SFL Alizé, St-Denis ; La Traverse, La Courneuve (centre-ville), 94 (Val de Marne): L’envie de lire, rue Gabriel Péri, Ivry ; Générale Libr’Est, Charenton-Le Pont ; Gibert Joseph, Vitry ; Millepages, Vincennes.
Régions
06 (Alpes-Maritimes): Librairie Jean Jaurés, Nice ; Librairie Masséna, Nice.
10 (Aube): Les Passeurs de textes, Troyes.
11 (Aude): Mots et Cie, Carcassonne.
12 (Aveyron): Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier.
13 (Bouches-du-Rhône): Bouquinerie des 5 avenues, bd de la Libération, Marseille ; Gibert Joseph, Marseille ; Le Greffier de St-Yves, rue Venture, Marseille (1er ardt) ; Le Lièvre de Mars, rue des 3 Mages, Marseille ; Maupetit (éd. Actes Sud), Bd de la Canebière, Marseille ; L’Odeur du Temps, Marseille ; Librairie Vents du sud, Aix-en-Provence ; Libraire de l’Université, Aix-en-Provence ; Librairie La Provence, Aix-en-Provence ; Goulard, Aix-en-Provence.
14 (Calvados): Brouillon de culture/L’Université, Caen ; Euréka street, place de la république, Caen.
16 (Charente): Librairie MCL, Angoulême.
17 (Charente-Maritime): Les Saisons, La Rochelle.
22 (Côtes d’Armor): Gwalarn, Lannion ; Mots et Images, Guingamp ; Centre Leclerc, Plérin.
23 (Creuse): Maison de la Pierre, à Masgot (commune de Fransèches), hameau du sculpteur François Michaud.
24 (Dordogne): Marbot, Périgueux.
25 (Doubs): Camponovo, Besançon ; Les Sandales d’Empédocle, Besançon.
26 (Drôme): Le Bazar des Mots, Hauterives.
29 (Finistère): Caplan and Co, près de Morlaix, à Poul Rodou par Guimaëc ; La Petite Librairie, rue Danton, Brest ; Daniel Roignant, bouquiniste, Brest.
30 (Gard): Sauramps en Cévennes, place St-Jean, Alès.
31 (Haute-Garonne): Castela, Toulouse ; Gibert Joseph, Toulouse ; Ombres blanches, Toulouse ; Privat, Toulouse ; Terra Nova, Toulouse.
33 (Gironde): La Machine à lire, Bordeaux ; La Mauvaise Réputation, Bordeaux ; Mollat, Bordeaux) ; Librairie du Muguet, Bordeaux.
34 (Hérault): Gibert Joseph, Montpellier ; Le Grain des Mots, bd du Jeu de Paume, Montpellier ; Sauramps, Montpellier.
35 (Ille-et-Vilaine): Le chercheur d’art, 1, rue Hoche, Rennes ; La Cour des Miracles, rue Penhoët, Rennes ; Forum du Livre, Rennes ; Librairie Le Failler, Rennes.
38 (Isère): Lucioles, Vienne ; Le Square Librairie de l’Université, Grenoble ; Association Antigone, Grenoble.
39 (Jura): Jacques, Dôle.
42 (Loire): Lune et l’Autre librairie, St-Etienne ; Librairie de Paris, St-Etienne).
44 (Loire-Atlantique): Coiffard, Nantes ; Durance, Nantes ; Vent d’Ouest Lieu unique, Nantes ; Boutique Bientôt, Nantes ; La voix au chapitre, St-Nazaire.
45 (Loiret): Les Temps Modernes, Orléans.
46 (Lot): Régis Benatré, Biars-sur-Céré.
49 (Maine-et-Loire): Contact, Angers ; Les Nuits bleues, rue Maillé, Angers.
53 (Mayenne): Livres compagnie/chapitre, Laval ; Libraire du musée d'art naïf du Vieux-Château, Laval.
54 (Meurthe-et-Moselle): L’Autre rive,Nancy ; Hall du Livre/Privat, Nancy.
57 (Moselle): Hisler even, Metz.
59 (Nord): Le Bateau-Livre, rue Gambetta, Lille ; Le Furet du Nord, Lille ; La Boutique du Lieu (musée du LaM, musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve-d’Ascq) ; L’Harmattan/Les Alizés, Lille ; Librairie Meura, Lille.
64 (Pyrénées-Atlantique): L’Alinéa, Bayonne ; Mattin Megadenda/Librairie Elkar, Bayonne.
66 (Pyrénées-Orientales): Torcatis, Perpignan.
67 (Bas-Rhin): Broglie, Strasbourg ; Kléber, Strasbourg ; Quai des Brumes, Strasbourg ; Libr’Air, Obernai.
68 (Haut-Rhin): Bisey, Mulhouse.
69 (Rhône): Le Bal des ardents, Lyon ; La boutique des Marais, Lyon ; Au bonheur des Ogres, Lyon ; Decitre 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, Lyon et banlieues ; Michel Descours, Lyon ; Passages, Lyon ; Librairie la Presse, Lyon ; Terre des Livres, rue de Marseille, Lyon 7e.
72 (Sarthe): Librairie Doucet, Le Mans.
73 (Savoie): Garin théâtre, Chambéry ; Librairie Rousseau, Chambéry.
76 (Seine-Maritime): Le chat-pitre, Fécamp (?).
80 (Somme): Martelle, Amiens.
82 (Tarn-et-Garonne): Ça sent le book (libraire itinérant ?).
84 (Vaucluse): La Mémoire du Monde, Avignon.
88 (Vosges): La Licorne, Epinal ; Panorama 88/ Quai des mots, Epinal.
89 (Yonne): Comptoir de vente de la Fabuloserie, Dicy ; comptoir de vente de livres et autres catalogues, revues du musée rural des arts populaires, collection Humbert, à Laduz.
Belgique
Bozarshop ; Filigranes ; La Licorne ; A livre ouvert/Le Rat conteur ; Livre aux trésors SPRL ; Papyrus ; Pax ; Point Virgule ; Tropismes ; Bookshop d'Art et Marges museum, à Bruxelles ?
Suisse
Collection de l’Art Brut, Lausanne.
Librairie Basta! Chauderon, Petit-Rocher 4, Lausanne.
Librairie Basta! Dorigny, L'Anthropole, Université de Lausanne.
L'Eloge se glisse partout... Stand à la Foire de la Bastille, mai 2011, ph. BM
A signaler: une nouvelle présentation du livre, accompagnée d'une projection du film Bricoleurs de paradis, aura lieu le vendredi 17 juin à la librairie Atout-Livre dans le XIIe ardt à 19h30. BM et Remy Ricordeau seront présents.
14:44 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés, Littérature | Lien permanent | Commentaires (3) | Imprimer
28/05/2011
Déchiffrer les messages d'outre-tombe de l'abbé Fouré... (A propos du site de l'ancienne Croix de l'Ermite)
Non, tout n'est pas dit sur l'abbé Fouré, ses rochers et ses bois sculptés, sa bonne (oui, il avait une bonne du curé, comme nous l'a appris le livre paru récemment de Jean Jéhan, elle s'appelait Marie Lefranc et maintenant à Rothéneuf, les fins limiers de l'Association de Joëlle Jouneau sont à la recherche de ses descendants, avis à la population, s'il y en a un qui surfe sur internet, il est le bienvenu ici)... Tout n'est pas dit, et loin de là!
L'abbé Fouré lisant, vers 1906, son journal réactionnaire favori (Le Salut, devenu collaborateur pendant la guerre ultérieure de 39-45, si je me souviens bien...) ; à sa gauche, à terre on distingue le gisant d'un homme d'épée avec hermine à sa tête (symbole de la Bretagne), et inscription en latin "Olim fuit" ("Il fut, jadis")
Photo Bruno Montpied, 2010
En particulier, les amateurs se rappellent le gisant sculpté par l'abbé situé à quelque encablures du site principal des rochers, sur le chemin des douaniers (ou des contrebandiers, selon l'idéologie que l'on défend...), soit dans une zone pour laquelle personne n'eut jamais l'idée saugrenue de faire payer un droit de péage. A ce propos, on peut toujours s'étonner de la rupture qui est faite au niveau du site des Rochers sculptés de ce chemin qui aurait dû normalement suivre le littoral, or il a été détourné, et ce depuis des lustres, à la suite d'on ne sait quel passe-droit apparemment. Mais revenons à nos moutons et en l'occurrence au site actuellement appelé "de la Croix du Christ" (et anciennement appelé "de la Croix de l'Ermite", croix qui du reste était plantée à un endroit plus éloigné de quelques mètres de l'emplacement actuel).
Emplacement de la Croix du Christ, vue zoomée depuis les rochers, ph. BM, 2010
Il a été dit par Frédéric Altmann dans son livre de 1985, La vérité sur l'abbé Fouéré (éditions AM, Nice), que le gisant situé à côté de la croix était à n'en pas douter un certain "Saint-Judicaël, roi de Dommonée"... Il ajoute que ce n'est pas "Jean, duc de Bretagne", qu'il qualifie (légèrement, comme on va le voir) "d'inscription fantaisiste". De cette affirmation, il n'apporte aucune preuve (d'où sort-il cet invraisemblable Judicaël, je me le demande depuis des lustres?). Du coup, Jean Jéhan, dans son propre récent livre, lui emboîte allégrement le pas sur ce détail. Altmann apporte cette affirmation aux pages 113 et 114 de son livre. Il reproduit une carte qui ne porte pas le cachet de l'abbé (celui-ci authentifiait ses cartes avec un cachet surtout -je pense- pour contrer le commerce de cartes non autorisé par lui), carte où l'on peut lire, en guise de légende du gisant: "Rothéneuf, rochers sculptés. Jean, duc de Bretagne". Voir ci-dessous:
Certes, il n'y a pas le cachet de l'abbé. Altmann veut y voir une preuve que la carte est légendée de façon suspecte ; or, même si le commerçant qui l'édita ne paya pas de droits à l'abbé, cela n'implique pas qu'il ait mal travaillé automatiquement dans les légendes qu'il imprimait. Il fallait trouver un indice plus stable pour confirmer ou infirmer cette légende. La preuve que la légende est correcte m'a été enfin fournie par une autre carte que j'ai découverte tout récemment et que je ne me souviens pas avoir vue éditée ailleurs. Je la reproduis ci-dessous:
Ah, bien sûr, ce n'est pas évident à déchiffrer, surtout sur un écran d'ordinateur peut-être. La photo sur la carte n'est pas de très bonne qualité qui plus est. Alors, la maison ne refusant rien à ses lecteurs, je m'en vais vous l'agrandir en entourant d'un trait photoshoppeur l'inscription tracée à la main sur le rocher situé à gauche prés du gisant, ce même rocher contre lequel l'abbé s'appuie sur la carte où il lit "le Salut". Car, oui, il y a bel et bien une inscription!
Sur ce rocher, l'inscription, tracée de la main de l'abbé (la graphie est assez proche d'autres inscriptions qui étaient visibles autrefois sur le site des rochers, voir ci-dessous), peut se reconstituer ainsi: "Jean IIII (ou IV), duc de Bretagne"... L'abbé maîtrisait-il mal les chiffres latins? On croit lire en effet quatre I, mais peut-être est-ce seulement la faute à l'imprécison de la photo. Il me semble que nous avons là une preuve à peu prés certaine du sens que prêtait l'abbé à son gisant. On sait en effet (grâce à l'historien régionaliste Noguette, alias Eugène Herpin, qui se fit le mémorialiste partiel de l'abbé), que l'abbé était entiché de patriotisme breton. L'histoire de ce "Jean IV" ne pouvait que le retenir. Chef de la Bretagne, il en avait été chassé par le roi de France Charles V en 1378, qui voulait réunir la Bretagne à sa couronne. Jean IV avait dû s'exiler en Angleterre. Rappelé par les nobles bretons, il débarqua à Dinard (comme on sait ville toute proche de St-Malo), fit la guerre à Charles V et reconquit la Bretagne. Ces faits d'armes (encore chantés aujourd'hui en Bretagne paraît-il, voir Gilles Servat) ont dû grandement impressionner l'abbé!
Inscriptions qui se lisaient dans les rochers du vivant de l'abbé, apposées par lui ou en tout cas avec son accord, décrivant des personnages qui semblent avoir été inventés par l'abbé qui rêvait sur les anciens habitants de Rothéneuf ; leurs noms étaient apposés au-dessus des personnages sculptés qu'ils étaient chargés de légender, au nombre desquels se trouve un Jacques Cartier ; à noter aussi que le chiffre latin IV est correctement orthographié ici ("Jean IV fainéant"...) ; la graphie paraît très proche de celle du rocher du gisant
Sceau de Jean IV, Duc de Bretagne ; on notera les hermines sur son écu et son pourpoint, ainsi que l'épée, deux détails que l'on retrouve sur le gisant sculpté par l'abbé
A noter que l'association des amis de l'œuvre de l'abbé Fouré, animée par Joëlle Jouneau, se propose de faire nettoyer dans les mois qui viennent cette fameuse sculpture de gisant qui actuellement devient difficile à "lire", étant donné les nombreux lichens qui la couvrent.
19:14 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : abbé fouré, rochers sculptés de rothéneuf, ermite de rothéneuf, jean jéhan, frédéric altmann, jean iv duc de bretagne, environnements spontanés, marie lefranc, joëlle jouneau | Imprimer
22/05/2011
A la poursuite d'Emile Taugourdeau
Les fragments d'un jardin d'art brut dispersés à travers les brocantes et les collections privées ou publiques me font parfois penser au mythe du dieu Osiris dont le corps coupé en morceaux est peu à peu reconstitué par sa femme la déesse Isis condamnée à le restituer morceau par morceau selon les différents lieux d'Egypte où elle les retrouve (on me corrigera si je me trompe dans le souvenir sûrement ultra-simplifié et condensé que je garde de ce mythe).
Emile Taugourdeau à gauche, son petit-fils Erick, et le maire de la commune au milieu du jardin, photo 1970-1971, archives famille Taugourdeau ; le jardin est alors surtout rempli par des animaux (on sait que M.Taugourdeau commença par l'effigie d'un canard dont la mort avait affligé ses petits-enfants)
J'ai déjà eu l'occasion de parler du jardin d'Emile Taugourdeau (voir mon bouquin Eloge des Jardins anarchiques, où un chapitre entier lui est consacré, et le film Bricoleurs de Paradis (le Gazouillis des éléphants) ; voir aussi cette note du blog). Il fut créé entre la fin des années 50 de l'autre siècle et 1989, année de la disparition de son auteur (il avait 72 ans). Le créateur (né en 1917) avait été blessé au pied à la guerre de 39-45, et en gardait des séquelles plus ou moins handicapantes. Dans les dernières années, suite à une série d'infarctus, il s'était surtout mis à peindre des tableaux en ciment, fort naïfs, fort beaux, qu'il "rafraîchissait" périodiquement à coups de jets d'eau.
Photo Francis David, vers 1985 (le jardin est alors à son apogée)
La végétation a recouvert et mangé peu à peu le parc de sculptures, effaçant depuis longtemps le souvenir d'un "parc", tel qu'on peut le restituer en regardant par exemple la photo ci-dessus de Francis David, parue dans le n°190 du magazine Gault/Millau en février 1985. C'est plutôt une jungle à présent où s'enfouissent les statues étouffées par le lierre et autres lianes. Plusieurs de ses statues ont disparu, parfois à cause de vols, mais aussi parce que la famille les vend à des brocanteurs ou des antiquaires de passage.
Du coup, il en réapparaît de temps à autre. Très récemment on a vu à Paris, exposés sur des tréteaux dans la rue, des footballeurs, des lapins et des grenouilles d'Emile Taugourdeau (ça voyage). Ces derniers batraciens, comme je l'ai déjà dit, me font craquer. En dépit de leur forme ultra simple, elles sont très expressives et touchantes. Voici ci-dessous celle que j'ai acquise très récemment, rescapée de la brocante.
Photo Bruno Montpied, 2011
La grenouiile de droite est une parente de la grenouille retrouvée, ou bien sa jumelle, photo BM, 1991
J'en profite pour montrer d'autres sculptures que je possède d'Emile Taugourdeau, acquises directement auprès de son épouse il y a quelques années. Au départ, mon but en les acquérant était de les mettre à l'abri, en cas d'accentuation alors prévisible du déclin du jardin. Au fil du temps, je me suis attaché à ces personnages. J'ai cependant dans l'idée de pouvoir un jour les léguer à un musée spécialisé dans l'art brut et les environnements spontanés.
Emile Taugourdeau, un Auvergnat...
Deux masques...
Un petit meunier
22:34 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : emile taugourdeau, environnements spontanés, habitants-paysagistes, sculpture naïve, eloge des jardins anarchiques, bricoleurs de paradis (le gazouillis des éléphants) | Imprimer
18/05/2011
14e festival du film d'art singulier
Voici le programme du prochain festival organisé par l'association Hors-Champ à Nice, consacré aux documentaires autour des arts populaires spontanés. Cela se répartit sur deux jours, durant une partie du week-end de l'Ascension.
Je regrette de ne pas pouvoir aller à Nice cette année encore, j'aurais bien vu surtout les films de Ferdi Roth, cinéaste allemand je crois (ou batave?), probablement des années 70, sur l'ancien mineur Charles Pecqueur (il n'y a pas beaucoup de documents "mouvants" sur ce dernier qui avait fait une fresque magnifique d'âpreté naïve et brute sur le mur de clôture de son jardin dans le Pas-de-Calais, voir le livre de Bernard Lassus, Jardins imaginaires), sur le jardin de faïence de l'ouvrier Da Costa Ferreira, sur le manège de Petit-Pierre le vacher (que je devine tourné sur le lieu d'origine comme l'avait fait Emmanuel Clot) ou encore sur les statues naïves du marin Frédéric Paranthoën, bien oublié celui-ci.
Frédéric Paranthoën, 1988, photogramme extrait des Jardins de l'art immédiat, films Super8 muets, Bruno Montpied
23:36 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ferdi roth, association hors-champ, festival du film d'art singulier, environnements spontanés, frédéric paranthoën, petit-pierre, charles pecqueur | Imprimer
11/05/2011
Joseph Barbiero, un "barbu Müller" du deuxième rang?
C'est l'impression que j'ai souvent avec les pierres sculptées de Joseph Barbiero, ce sculpteur et dessinateur d'origine italienne (venu en France après avoir fui Mussolini) qui vivait à Beaumont aux lisières de Clermont-Ferrand. Révélées pour la première fois aux amateurs d'art brut par les animateurs de l'Aracine à Neuilly-sur-Marne dans les années 80 de l'autre siècle, ces pierres taillées probablement avec difficulté dans la lave de Volvic (à partir de sa retraite prise en 1965) avaient des faux airs de Barbus Müller d'une autre veine. Joseph Barbiero était sincère, il n'y avait pas à en douter. Mais ses pièces n'étaient pas toutes de même niveau. A l'Aracine, c'était assez évident, il me semble. J'ai voulu un jour vérifier (c'était probablement en 1990), je suis allé me balader dans la banlieue de Clermont où j'avais l'adresse de M.Barbiero, je n'eus que quelques minutes pour pouvoir faire deux ou trois malheureuses photos des marches qui montaient vers le pavillon au-dessus où devait vivre le créateur. Mon impérieux cocher était pressé, ne s'intéressant que très modérément à l'art brut. Quelle ne fut pas ma déception en découvrant les pierres sculptées qui s'étageaient le long de cet escalier. Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat, un aimable divertissement tout au plus.
Chez Joseph Barbiero, Beaumont, 1990, photo Bruno Montpied
A la même époque, j'allai également voir une exposition organisée par l'antiquaire Jean Lelong du côté de Vic-le-Comte (à la galerie Calao). En dehors des pierres qui continuaient de me paraître un peu pâles, étaient présentés des dessins au crayon aux tracés tremblotants, tremblé qui leur assurait beaucoup de charme. J'en achetai un tout petit, que j'ai toujours, merveilleux exemple de ce que Madeleine Lommel tentait de définir parfois, avec tendresse, comme une sorte d'art de la grande vieillesse. Comme une chorégraphie du geste détaché de toute attache terrestre, assez analogue au lent mouvement virevoltant d'une feuille séparée de sa branche en octobre. Le contraste entre l'aspect aérien de ces mini croquis, à la limite de la dissolution dans la grisaille des fonds des supports cartonnés, représentant des figures réduites à un état proche du squelettique, et la pesanteur des blocs de lave grossièrement taillés assure à Joseph Barbiero une place à part dans le corpus de l'art dit brut.
Joseph Barbiero, dessin au crayon sans titre, sans date, acquis en 1990, comportant un autre petit croquis à peine esquissé au verso, coll BM
La Galerie Christian Berst expose des oeuvres de Joseph Barbiero jusqu'au 4 juin, 3-5, passage des Gravilliers, dans le 3e ardt de Paris. A signaler aujourd'hui à 19h une causerie de Baptiste Brun sur "l'homme du commun" et une autre de Jean-Louis Lanoux sur Barbiero, les deux étant précédées d'un film de Christian Lamorelle diffusé primitivement sur FR3 en 1985.
00:12 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph barbiero, galerie christian berst, art brut, barbus müler | Imprimer
24/04/2011
Séminaire d'art brut au Collège international de philosophie, intervention du 28 avril
Barbara Safarova est partie pour six années de séminaire autour de l'art brut. Jeudi 28 avril, elle m'invite en compagnie de Baptiste Brun (du CrAB aux pinces pas encore en or) à m'exprimer sur les rapports qu'entretiennent l'art populaire et l'art brut. Chacune de nos interventions devrait durer dans les 30 à 40 minutes, le tout devant être suivi d'un petit débat, la séance étant prévue pour durer de 18h30 à 20h30.
Katarina Detzel et sa poupée masculine grandeur nature, photo extraite du catalogue de l'expo La Beauté Insensée, DR
Après de courts préliminaires consacrés aux définitions, je devrais partir dans un sinueux zapping proposant diverses rubriques, spiritisme et univers populaire, dénégation de paternité, différences, point commun, érotisme, masques et carnaval, poupées, formes naturelles et créativité bruto-populaire, épouvantails, poyas et peintres d'alpage, ombres et silhouettes, Wölfli, les tatouages, la broderie, la question de la copie et du détournement, le cas Maugri... M'est avis qu'on me coupera la chique avant que j'arrive au bout!
Syvester klaüse d'Urnasch dans le Massif du Santis, en Suisse, femmes sauvages (en l'occurrence) sortant en procession à l'occasion des fêtes autour de la Saint-Sylvestre, photo extraite du livre d'Yvonne de Sike, Fêtes et croyances populaires en Europe, au fil des saisons, éd. Bordas, DR
Rendez-vous donc jeudi 28 avril au Centre Parisien d'Etudes Critiques, 37 bis, rue du Sentier, Paris 2e ardt, Salle 2, 18h30-20h30. ENTREE LIBRE.
17:02 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art populaire contemporain, Confrontations, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barbara saforova, ciph, crab, bruno montpied, art populaire et art brut, baptiste brun, wölfli, maugri, sylvester klaüse | Imprimer
23/04/2011
La Casa Leitao, quelques mètres cube de création pour soi, et de temps en temps pour les autres
Grâces soient rendues à Laurent Jacquy qui a eu la gentillesse de m'emmener dans sa petite auto dériver sur les routes de la Somme. Il m'avait parlé l'air de rien d'un monsieur qui faisait "des choses" dans une sorte d'appentis ou de garage qu'il avait vu ouvert en filant sur une route non loin d'Abbeville sans pouvoir s'arrêter. Or, chaque fois qu'il repassait, comme de juste, le lieu était fermé. Le dieu des sites d'art brut me secondant généralement avec constance depuis pas mal de temps, il fallait me charger dans la petite auto!
José Leitao, citoyen d'origine portugaise, sur le seuil de son atelier avec un Toutankhamon sur le feu, la "Casa Leitao", ph. Bruno Montpied
Cela n'a pas loupé, le monsieur avait ouvert sa boutique (mot pas du tout idoine comme on le verra), comme exprès pour nous ce jour-là. On aurait dit qu'il nous attendait, sculptant un Toutankhamon sans trop d'application.
José Leitao, première photo ci-dessus, un angle de l'atelier-garage avec ses dizaines d'effigies sculptées entassées et couvertes de poussière ; deuxième photo ci-dessus, prés du cadre doré, les premières sculptures des femmes imaginaires, dont une joueuse de boules nue, sorte de Fanny?, ph BM
Sacrée caverne d'Ali Baba que nous découvrîmes là! Dans un cube sombre, où une chatte ne retrouverait pas ses petits, José Leitao entasse au garde à vous ou en rangs d'oignon des dizaines et des dizaines de statues venues d'on ne sait trop quelle inspiration, mixant probablement plusieurs références - madones chrétiennes polonaises (un souvenir du sanctuaire de Jasna Gora à Czestochowa)? Réminiscences d'idoles hindoues? Statues africaines? Pièces de jeu d'échec géantes? Hermaphrodytes? Symboles islamiques (et pré-islamiques)? Têtes pharaoniques? - au sein d'un syncrétisme abandonné à la poussière et aux toiles d'araignée, il était difficile de se faire une religion. Ayant découvert le talent de ciseler à peu près tout ce qui lui passe par la tête (souvent des femmes, et des mains de Fatima, parfois saignantes, et des symboles) au moment de sa retraite, après une vie passée comme travailleur dans une usine textile de la région - à présent abandonnée - José Leitao a eu l'air de nous dire que cette révélation lui avait paru trop tardive pour pouvoir l'autoriser à s'en faire un nouveau métier. Si bien qu'il sculpte sans cesse pour lui-même avant tout, refusant opiniâtrement de vendre ces effigies qui lui donnent tant de plaisir à l'entourer ainsi, enserrant et cernant chaque jour un peu plus son modeste établi.
José Leitao vous salue bien, ph. BM
On n'est pas dans une boutique donc. L'atelier bâille sur la route, l'ancien ouvrier sculpte au vu et au su de tous, populaire dans la région, où de nombreux articles de la presse régionale lui ont déjà été consacrés, parfois plus centrés sur les trois oies qui le suivent comme des toutous (alors que pour tout autre que lui elles n'ont que pincements cruels à distribuer) que sur ses étonnantes œuvres hésitant entre art naïf et art brut. Ce dernier pourrait en effet s'appliquer ici en raison du syncrétisme et des croisements de réminiscences culturelles mixées de façon originale. Certaines compositions, où Leitao a assemblé des objets sans rapports évidents (un cheval cabré et une main de Fatima par exemple ; une main de Fatima soudée à un front ; des empilements de têtes, des figures sans signification précise), relèvent d'une inventivité que l'on peut associer à l'art brut. Et puis il y a cette création très égocentrée, ce paradoxal désir de se montrer et de refuser dans le même mouvement de se séparer de ses œuvres (quoique ce refus ne soit pas si hermétique, son épouse nous confiera que le créateur fait parfois des dons). La poussière saupoudre d'ailleurs nombre des statues de son talc blanc, patine propre aux œuvres que l'on garde pour soi...
Surpopulation au pays des effigies... Et puis, tiens?, que fait ce dinosaure ici...? Ph. BM
Et puis, comme un clin d'oeil à mes propres inclinations, j'ai retrouvé ici des sirènes multiples.
José Leitao, sirènes, ph.BM
17:50 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Art populaire religieux, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : josé leitao, laurent jacquy, sculpture naïve, environnements spontanés, art populaire insolite, syncrétisme insolite | Imprimer
09/04/2011
Les Jardins anarchiques (rappel et actualités)
Petit rappel: nouveau rendez-vous sur Radio-Libertaire, ce samedi 9 avril à partir de 21h jusqu'à 23h dans l'émission "Les Jardins d'Orphée" animée par Anita Fernandez. Remy Ricordeau et Bruno Montpied, chacun dans un espace délimité, y sont à nouveau invités, dans la première heure (21h-22h). C'est l'occasion de parler des jardins anarchiques et du gazouillis des éléphants sous de nouveaux angles et avec d'autres accents.
De son côté la diffusion du livre continue de s'étendre. Nouvelles librairies parisiennes où l'on peut le rencontrer: l'Arbre à lettres à République entre un livre sur la tulipe et un autre sur la poétique des jardins (on sent que les libraires hésitent sur les emplacements), L'Ecume des pages (où il est quelque peu marginalisé dans le rayon arts au-dessus d'un rayonnage spécial art brut) à St-Germain-des-Prés, aux Oiseaux Rares, rue Vulpian, dans le XIIIe ardt. On l'a également vu dans un des trois espaces de la librairie L'Atelier, rue du Jourdain dans le XXe, celui qui s'appelle l'Atelier d'à côté, consacré plus spécifiquement aux livres d'art, ainsi qu'à la librairie du centre culturel appelé le 104 dans le XIXe ardt.
20/03/2011
Art, folie et alentours, le n°24 de la revue Area
(Cette note contient une petite mise à jour à la fin, datant du 24 mars...)
Area est une revue fort bien maquettée, dirigée par le critique d'art et collectionneur, curieux de diverses formes d'expressions picturales Alin Avila, qui travailla aussi sur France-Culture. Dans la série déjà longue de ses numéros, on rencontre à l'occasion divers évocations de figures autodidactes de l'art, comme Henry Darger ou Jacques Trovic, qui se retrouvent ainsi mêlés sans distinction particulière au tout-venant de la création contemporaine. Alin Avila a une sensibilité pour la création hors des chemins battus, en témoigne un des articles parus dans le n°16 de novembre 1978 de la revue Autrement, dossier "Flagrants délits d'imaginaire". Consacré à un ancien mineur du Nord devenu concierge à Paris, Félix Picques, peignant naïvement ses souvenirs de la mine, la découverte provenait d'une "rencontre" d'Alin Avila, nous y dit-on.
Voici que le n°24 de la revue se trouve consacré aux rapports de l'art et de la folie, et leurs alentours. Je n'ai pas le détail du sommaire (en scrutant avec une loupe la couverture reproduite sur le carton d'invitation, on devine des entretiens avec beaucoup d'acteurs connus et moins connus du champ de l'art brut ; même mézigue y a participé sur une proposition de Roberta Trapani, par un mini-entretien autour de mon livre Eloge des jardins anarchiques ; on trouve aussi au hasard de la revue une évocation du griffonneur de Rouen Alain Rault, "lettriste" spontané, déjà mentionné sur ce blog ). Le carton d'invitation annonce un vernissage pour le jeudi 31 mars prochain, avec une exposition d'oeuvres provenant de la collection de l'hôpital Sainte-Anne (le Centre d'Etude de l'expression, animé par Anne-Marie Dubois qui a déjà consacré pas moins de quatre tomes de livre à cette collection, belle et intriguante surtout grâce à ses oeuvres anciennes, c'est-à-dire entrées dans la collection avant 1950). Les oeuvres qui seront montrées chez Area proviennent de Gilbert Legube, Aloïse Corbaz, Francisca Baron, Fikaïte, Guillaume Pujolle, etc.
Aquarelle de Guillaume Pujolle ci-dessus, rare et belle...
L'exposition s'intitule "60 ans après? Reconstitution de l'Exposition internationale d'art psychopathologique de 1950". Le sous-titre m'a plongé immédiatement dans des abîmes de perplexité. Veut-on nous dire qu'il va s'agir de reconstituer cette exposition historique fort vaste dans le loft de la galerie Area? Cela serait digne du livre Guiness des records. Ou bien est-ce l'annonce d'un projet à venir au musée Singer-Polignac à Ste-Anne, wait and see... Si l'on veut se renseigner sur ce Centre d'Etude de l'Expression (et l'exposition "d'art psychopathologique" de 1950), voici un lien vers un document en PDF, rédigé par Anne-Marie Dubois pour un numéro de la Revue du Praticien daté de 2004 (il est à télécharger sur le site de cette revue). Il a le mérite d'être court et condensé.
L'exposition à la galerie Area (50, rue d'Hauteville, 10e Paris, fond de cour 2ème étage) se tient entre le 31 mars (jour de vernissage) et le 14 mai 2011. Elle est ouverte du mercredi au samedi de 15h à 19h. Le n° 24 de la revue sort au même moment. A signaler également, le jeudi 24 mars à 20h, la présentation de ce même numéro spécial à la librairie L'atelier (2 bis, rue Jourdain, Paris 20e), avec une "conversation autour de l'art brut : de la folie à la reconnaissance ?" entre les intervenants Alain Avila, Anne-Marie Dubois et Céline Delavaux.
16:28 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : area revue, art et folie, art brut, henry darger, jacques trovic, alin avila, eloge des jardins anarchiques, centre d'étude de l'expression, guillaume pujolle | Imprimer
07/03/2011
Séminaire d'art brut au Collège philosophal
Non, non, non, ça ne s'écrit pas comme ça mais bien Collège International de Philosophie, ce qui donne en sigle CIPH, mais pas ammoniacal. La mode des séminaires sur l'art brut bat son plein, il y avait le CrAB (est-ce que c'est bien comme ça les différentes tailles de lettres dans leur sigle à eux?) qui s'est déjà mis sur les rangs dans le cadre de l'INHA (Institut national d'Histoire de l'art, 2, rue Vivienne, Paris 2e, en accès libre), avec des conférence pointues en matinée (9h30-12h) sur l'art brut et la folie (le 31 mars), les écrits bruts le 14 mai, les architectures spontanées, le 17 septembre, art brut et primitivismes le 19 novembre... Que de sigles, que de sigles, fais-moi un sigle, pourrait-on reprendre en choeur.
Au CIPH, c'est Barbara Safarova de la collection et association ABCD qui est maîtresse d'oeuvre. En préambule de la première année de son séminaire (parti pour se tenir six ans), qui s'intitule "Quêtes identitaires et inventions du corps à travers les oeuvres d'art brut", Mme Safarova écrit: " Face au bombardement d’images normopathiques, souvent obscènes, qui nous entourent et qui prétendent définir toute forme identitaire, les œuvres d’art brut offriraient-elles un échappatoire ? Un point d’ancrage, une direction possible pour nos quêtes de vérité et de sens ? Face à certaines d’entre elles l’émotion nous saisit, proche du vertige ; on ressent l’inquiétude, parfois l’angoisse de se confronter à une «horrible découverte», celle de la chair chaotique et informe. Dans le même temps, on se sent happé, fasciné par leur pouvoir salvateur, qui semble nous donner accès à une forme de savoir universel, proche de «l’illumination»." La barre est d'emblée mise très haut, l'art brut se voit investi d'une mission menant au savoir universel, et en l'espèce capable de remettre en cause les "images normopathiques" notamment du corps (en regard, le programme du CIPH montre une des oeuvres de Lubos Plny, sorte d'anatomie écorchée abstraite et visionnaire, que je trouve personnellement plus savante que "brute", ce qui ne réduit en rien sa force je m'empresse de l'ajouter). L'art brut serait-il du côté de l'écorché, sans jeu de mots? Et du coup serait fort proche de cette peinture si à la mode aujourd'hui dans l'art contemporain qui consiste à exhiber les dessous du corps humain, coupé en tranches et coulé dans la résine, ou dénudé comme un poulet déplumé (Rustin), ou coulant comme une lente dégobillade humaine dans un raffinement coloré (Bacon)? Peut-être, cela vaut réflexion (après tout Bellmer et ses anatomies démantibulées marchaient sur ces traces-là lui aussi). Mais n'y aurait-il pas en ce moment aussi une certaine tendance inconsciente à faire évoluer le concept d'art brut vers un concept d'art-le-plus-créatif qui se rapproche de plus en plus du concept de l'art tout court? Ce genre de question se retrouvera-t-elle posée au gré des différentes interventions inscrites dans le programme du CIPH au premier trimestre de cette année? A voir donc. Suivez le programme. A noter que la première rencontre aura lieu le 10 mars prochain.
16/02/2011
Nouvelle expo sur l'abbé Fouré, à St-Malo cette fois
Le Poignard Subtil, le blog qui vous donne en primeur les infos sur les expos dont ne parlent pas les médias artistiques (et pour cause? Ce silence indique peut-être que selon ces médias il ne s'agit pas d'art, mais alors qui en parlera ?... car tout de même, ces rochers et bois sculptés par l'ermite de Rothéneuf nous intéressent beaucoup) : une nouvelle manifestation est organisée début mars dans la ville de Saint-Malo, aux archives municipales, et toujours à l'instigation de l'Association des amis de l'œuvre de l'abbé Fouré, animée par la main énergique de Joëlle Jouneau.
Affiche faite à partir d'une carte postale agrandie montrant l'abbé posant devant la "besace" et le tronc qui était destiné à recueillir les dons qu'il distribuait, disait-il, aux pauvres
06/02/2011
Franck Montardier, à la fois déroutant et familier
Laurent Jacquy m'informe d'une exposition mystérieuse qui va bientôt s'achever à l'espace d'exposition le Safran à Amiens. Elle a ouvert le 7 janvier dernier et se termine le 11 février prochain. J'ai tardé à la répercuter sur ce blog. Mais tout n'est pas perdu, on la reverra du 14 mars au 15 avril 2011 à la galerie des Beaux-Arts d'Abbeville (18, rue des Capucins, tél: 03.22.24.41.15 ; le lieu dépend de l'école municipale des Beaux-Arts de la Communauté de Communes de l'Abbevillois).
Mystérieuse? Oui, un peu, car j'ai l'impression que le peintre présenté, Franck Montardier, n'est guère connu, en dehors de la Picardie, et que les rares images visibles de son travail s'apparentent à des sortes d'esquisses jetées à la diable sur des supports de fortune, loin de toute volonté esthétisante, tant paraît pressante la nécessité de dire quelque chose avec des dessins, des traces colorées que l'on n'estime pas utile d'insérer dans une composition... Comme si l'on voulait en priorité fixer des empreintes brutes des sensations vécues.
Franck Montardier, Figures, visages, acrylique sur toile
Un dossier de presse était joint à l'information de l'expo, confirmant le peu de sacralisation du créateur vis-à-vis des matériaux de sa quête: "Planches trouvées, plaques d'aggloméré, cartons, toiles ou chiffons sont autant de supports possibles pour déployer une imagerie à la fois familière et déroutante". Ce dossier comporte d'autres remarques qui m'ont titillé. "Franck Montardier n'a aucune référence historique et ne s'inscrit dans aucune école ou filiation artistique. Il ne se reconnaît pas non plus comme artiste ni même peintre et n'a aucune ambition artistique". Il ne se reconnait pas comme artiste, il crée avant toute chose dans un état d'urgence. L'oeuvre, nous dit-on (je n'ai vu que quelques pauvres reproductions, ce qui ne m'embarrasse nullement pour annoncer d'avance le probable intérêt que l'on doit pouvoir éprouver à la rencontre d'une telle production, étant donné les signaux envoyés), se déploie du côté des portraits, des saynètes, des paysages, s'attardant par moment sur le thème des bateaux, qui a notre agrément (et même notre agréement) sur ce blog... Il semble bien que les travaux de ce monsieur ressemblent en définitive à une sorte de carnet de ses voyages intérieurs, centré avant tout sur le désir de capter des bribes de la vie telle qu'elle va, bien plus que sur le fait de bâtir une oeuvre esthétique. C'est le genre de démarche qui a bien sûr toutes les chances de nous captiver, au Poignard subtil.
19:59 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : franck montardier, le safran à amiens, laurent jacquy, art immédiat, art spontané, art brut, bateaux | Imprimer
29/01/2011
Info-Miettes (11)
Disparition de René-François Gregogna
Gregogna a quitté cette vallée de larmes le 17 janvier dernier dans sa 85e année. J'ai eu l'occasion de parler ici du film qui lui avait été consacré par Anne Desanlis (disponible aujourd'hui en DVD). Tous ceux qui voudraient ne pas le perdre complètement sont invités à le revoir. Pour les autres, ce sera l'occasion de découvrir un créateur marginal haut en couleur, d'une élégance physique hors du commun, qui eut une grande influence sur les artistes de la Figuration dite Libre du côté de Sète et Pézenas. Et qui, ce que l'on sait moins, avait été dans sa jeunesse durablement marqué par la rencontre avec un inspiré du bord des routes des années 30, Alphonse Gurlhie (on voit des oeuvres de ce dernier dans le Violons d'Ingres de Jacques Brunius, doc de 1939). J'avais eu le temps, lors du passage de René-François à Paris pour l'avant-première du film d'Anne Desanlis, de l'interviewer au sujet de Gurlhie et autres.
Bernard Thomas-Roudeix, de la toile à la terre, et au Sel
Au fil du temps, j'aime à contempler les travaux de Thomas-Roudeix, avec un plaisir qui s'affirme toujours davantage. Il travaille la céramique émaillée et l'acrylique en peinture. Et voici l'occasion de découvrir le fruit de cinquante années de travail dans un Espace appelé la Galerie du Sel, installé 47, Grande Rue à Sèvres.
On dit de lui dans le carton d'invitation à cette prochaine expo (du 3 février au 6 mars) qu'il "a choisi le corps humain comme support principal de son art". "Impossibilité de communiquer, difformités, souffrances: l'homme est pour lui un vaste champ d'expériences et de possibilités d'expression". Il semblerait que parmi les influences qu'il revendique, on trouve Bacon. Il marche en effet sur ses traces, notamment en explorant une palette chromatique extrêmement raffinée et sensible. Et sans que son dessin se complaise dans la représentation de corps déchirés ou avilis qui sont parfois si en faveur chez d'autres peintres contemporains qui ne se lassent jamais de montrer les plaies et les chancres, les postures abaissantes.
Petit Pierre, pièce de théâtre pour la jeunesse par Suzanne Lebeau
Après André Robillard, Aloïse et autres créateurs d'art brut (dont les écrits, par exemple, ont aussi inspiré des dramaturges, que l'on se souvienne de la pièce de Patricia Allio jouée naguère un peu partout), voici que le théâtre s'attaque (façon de parler bien sûr) à Pierre Avezard (1909-1992), le créateur du célèbre manège automatisé en fils de fer et autres matériaux recyclés anciennement situé à la Fay-aux-Loges dans le Loiret et remonté par la suite dans le Parc de la Fabuloserie à Dicy dans l'Yonne.
C'est au Théâtre de l'Est Parisien que cela se joue du 18 janvier au 5 février (pressez-vous!). Le fait que la pièce ait été classée et aussi écrite dans la perspective d'un théâtre pour la jeunesse est sûrement à mettre en lien avec l'édition pas très lointaine de l'album documentaire de Michel Piquemal et Merlin, le manège de Petit Pierre aux éditions Albin Michel jeunesse (en 2005). A ma connaissance, c'est la première fois qu'une pièce de théâtre pour la jeunesse choisit de camper l'oeuvre et l'existence d'un créateur brut devant des enfants.
L'univers enchanteur d'Anselme Boix-Vives
Est-ce la simultanéité de la magnifique nouvelle exposition qui vient de commencer à la Halle Saint-Pierre (Sous le vent de l'Art brut, collection Charlotte Zander, du 17 janvier au 26 août 2011, Paris), où l'on peut voir entre autres merveilles, à l'étage quelques oeuvres d'Anselme Boix-Vives, est-ce cette présentation qui a donné l'occasion aux responsables de la galerie Alain Margaron de ressortir de leurs cartons d'autres oeuvres de cet ancien vendeur de primeurs? On pourrait le penser.
Boix-Vives, Mariage des deux races ou Grand Mariage jaune, ripolin sur carton, 80 x 108 cm, 1965, ph. A. Ricci ; carton d'invitation à la Galerie Margaron
Eh bien, tant mieux puisque cela nous donne la possibilité de découvrir quelques nouvelles plumes de sa gerbe de 2400 peintures et dessins, ayant constitué, paraît-il, aux yeux du créateur, "son paradis sur Terre" (extrait du catalogue de la Halle Saint-Pierre).
Galerie Alain Margaron, 5, rue du Perche, 75003 Paris. Exposition jusqu'au 26 février 2011.
Henriette Zéphir, 50 ans de dictée
On avait remarqué à la Halle Saint-Pierre, il y a quelque temps (une exposition sur le dessin je crois) les dessins "médiumniques" de Mme Henriette Zéphir, née en 1920 dans la région toulousaine, qu'Alain Bouillet cherche à faire reparaître sous la lumière, car on l'avait un peu oubliée cette chère dame, depuis le fascicule n°14 de la Collection de l'Art Brut (1986), où une notice de Jean Dubuffet (de 1966) révélait son existence et ses travaux. Comme si ses dessins, à l'exemple des âmes qu'il lui fallait aider à brasser (vivant "dans les zones grises inférieures ; [il faut] les aider pour qu'elles parviennent à s'élever dans les zones de lumière"), avaient désormais besoin à leur tour d'un autre médium pour leur permettre de se réincarner.
Henriette Zéphir, sans titre, 1965, crayon de couleur et encre de Chine sur papier plastifié, 23 x 32 cm
On pourra contempler de nouveau des dessins de Mme Zéphir (une petite Zemankova à la française?) à la galerie Christian Berst du 4 février au 5 mars prochains. Le soir du vernissage (jeudi 3 février, à 20h précises), on aura aussi la possibilité de visionner un film de Mario Del Curto et Bastien Genoux (avec la collaboration d'Alain Bouillet), d'une quinzaine de minutes sur la même Henriette Zéphir.
18:41 Publié dans Art Brut, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gregogna, petit pierre, fabuloserie, environnements spontanés, art singulier, thomas-roudeix, henriette zéphir | Imprimer
16/01/2011
Lundi 17 janvier, Recoins sur Aligre FM
J'ai oublié... Demain a lieu une réunion au sommet de votre serviteur avec Emmanuel Boussuge, et Cosmo Hélectra, assisté de ses camarades de l'émission Songs of Praise sur Aligre FM (93.1), pour causer du dernier numéro 4 de Recoins. L'émission se tient de 19h30 à 21h, tous les lundis (elle peut être réécoutée par la suite sur le site d'Aligre FM). On va pouvoir entendre la musique dont nous parle Emmanuel et ses amis de la revue (Franck Fiat, Bastien Contraire, etc.) un peu plus concrètement qu'en lisant les pages de cette stimulante et attachante revue, où j'ai publié pour ma part en pré-publication un article sur Pierre et Yvette Darcel, qui se retrouvera dans mon livre, L'Eloge des Jardins Anarchiques.
(L'émission peut être écoutée en suivant ce lien vers un téléchargement: http://songsofpraise.hautetfort.com/)
A noter aussi que la situation financière de cette radio associative est actuellement "au plus mal" pour citer les mots de Cosmo, "mettant en péril son avenir". Si vous pensez qu'il faut soutenir cette radio, faisant partie des lieux d'expression alternatifs qui nous sont précieux face aux grands médias décervelants, envoyez donc un chèque de soutien à Aligre FM, 42, rue de Montreuil, 75011 Paris.
Photo Emmanuel Boussuge, 2010
09/01/2011
L'Eloge des Jardins Anarchiques, le livre de Bruno Montpied sort en mars
1ère et 4ème de couverture du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques, éditions de L'Insomniaque, avec les rabats déployés (dernière maquette établie au moment où j'écris ces lignes)
Il y a le film, Bricoleurs de Paradis, qui sort bientôt à la télévision, mais il y aura aussi dans un peu plus de temps, quand le méchant hiver sera balayé par les giboulées, et que les bourgeons reviendront, L'Eloge des Jardins Anarchiques, publié par votre serviteur aux Editions de l'Insomniaque en mars. Les deux se complètent, et c'est pourquoi on retrouvera le film en DVD sous les rabats du livre.
Voir l'avis de souscription (pour acquérir ce livre avec une réduction) au bas de cette note
Il s'est agi de rassembler un certain nombre d'articles anciens en les joignant à de nouveaux rédigés spécialement pour l'occasion. Les articles anciens ont été remaniés, pourvus de notes concernant quelques mises à jour d'information. La réédition de ces textes était souhaitée par moi depuis longtemps car ils avaient fait l'objet de publications dans des revues ou des livres restés en diffusion passablement confidentielle (Plein Chant, Création Franche, les premiers numéros de Raw Vision, Réfractions, Le Monde Libertaire, L'oeuvre énigmatique de François Michaud, Recoins...), quand ils n'avaient pas été raccourcis par les tribunes qui les avaient accueillies (Artension, 2ème série, pour Les Inspirés qui expirent, titre qui devint Voués à la destruction). Le projet parallèle de film avec Remy Ricordeau me permit de découvrir d'autres sites pour lesquels de nouveaux articles s'imposaient, sur Bohdan Litnianski, les vestiges du jardin d'Emile Taugourdeau, ou sur le jardin de moulins multicolores d'André Pailloux, par exemple. Par manque de place, j'ai été amené à regrouper un certain nombre de notices sur des sites pressentis pour être incorporés au film et qui ne furent pas toujours gardés au montage final (sur Alexis Le Breton, Bernard Roux, la maison "tricotée" de Madame C., André Hardy, André Gourlet, Léon Evangélaire, Joseph Meyer, Michele et Concetta Sassano, Remy Callot, etc.). J'en profitais aussi pour prolonger certains articles anciens en les incorporant dans une mise à jour étendue (La Dynastie des Montégudet, rare cas de prolongement du travail d'un créateur par son fils).
René Montégudet sur son crocodile (fils de Ludovic, dont des photos du site qu'il avait créé furent exposées aux Singuliers de l'Art en 1978 à Paris), ph. Bruno Montpied, 2009
Il doit bien y avoir une trentaine de sites évoqués avec une certaine ampleur dans ce livre. Mais si l'on se réfère à l'index que j'ai ajouté au bout du livre, uniquement consacré à l'indexation des noms des créateurs cités à un moment donné de l'ouvrage, on atteint plus de 90 sites mentionnés, avec leur localisation (ou non!), leur état actuel (dans la mesure où j'ai toujours l'information à ce sujet), les lieux qui les conservent en partie.... Une bibliographie passablement épaisse, et pas assez exhaustive à mon goût (mais il a bien fallu que je me réfrène), complète je pense utilement l'ensemble, à l'usage des chercheurs et des amateurs qui sont toujours attentifs à la mémoire de ces créateurs et des médiateurs qui ont aidé à les faire connaître.
Le problème de la médiation est un problème délicat. On a affaire en l'espèce - il faut sans cesse le rappeler - à des créateurs qui agissent au sein de propriétés privées, avec, certes, à l'évidence, le besoin de montrer leurs réalisations depuis la rue ou la route qui passe devant chez eux. Parfois même, le jardin de ces gens ressemble à une galerie en plein air (exemple de Joseph Donadello, que j'ai évoqué sur ce blog, note qui a été développé pour les besoins du livre d'ailleurs).
Monsieur C., site en Normandie, détail d'une photo plus large de BM, 2010
Il n'en reste pas moins que ces créateurs aiment montrer leurs "oeuvres" (mot qui les gêne) dans un cadre qui reste de l'ordre de l'environnement plus ou moins immédiat. Les relais sur l'information concernant leur existence, par des média plus ou moins puissants (du petit passionné dans mon genre, jusqu'à la télévision régionale, voire nationale, en passant par la presse régionale) les dépassent généralement, même si ici ou là certains se montrent un peu mégalomanes. La méfiance est même souvent au rendez-vous avec parfois des récriminations concernant une possible exploitation de leurs travaux par les photographes de passage, ou les cinéastes comme ceux de l'équipe à laquelle j'ai collaboré (j'en profite pour dire que jusqu'à présent, dans notre cas, ces profits sont restés largement imaginaires! Si les techniciens sont payés dans ce pays, les auteurs ne sont pas souvent servis à la même enseigne...).
Panneau chez Joseph Donadello, Saiguèdes, Haute-Garonne, ph. BM, 2008
Les créateurs ne sont donc pas toujours bien conscients de ce qui peut arriver par ce long ruban routier dont ils attendent des regards, mais quels regards au juste? Je pense personnellement qu'ils les souhaitent discrets, bien élevés, respectueux. Les gros sabots des médias de ce point de vue pourraient leur causer du tort. Soyons-en conscients à leur place...
Alexis Le Breton, L'Art sacré..., parc de "la Seigneurie de la Mare au Poivre", Locqueltas, Morbihan, ph. BM, 2010
A-t-on affaire à de l'art? Oui, si on entend ce terme dans son acception liée au seul façonnage, à la seule mise en forme. Mais non, si on rappelle que l'art c'est aussi un mode social de production, un discours théorique, une histoire, un marché surtout, une vision d'une certaine pérennité de l'oeuvre produite. Mon livre, et le film aussi bien, évoquent l'aspect extrêmement éphémère de ces créations de plein vent, ce qui me fait les ranger sous le terme "d'art immédiat" (art de l'immédiat), et les problèmes de conservation qui découlent inévitablement de leur façon d'être créées (le problème est fort apparent dans le film lorsqu'est interrogé Claude Vasseur, le fils de Robert, qui se débat actuellement dans des difficultés quasi inextricables pour tenter de sauver le jardin de mosaïque de son père ; ce genre de problème est tellement aigu qu'on ne peut s'en tirer en traitant tous ceux qui prennent parti pour l'éphèmère "d'imbéciles", d'ignorants, etc, comme c'est le cas sur certains sites se présentant en champions exclusifs de la conservation de ces sites).
Chez Robert Vasseur, photo Remy Ricordeau, 2008
Rendez-vous donc en mars, et le 3 avril plus physiquement parlant, à la Halle Saint-Pierre en début d'après-midi, un dimanche, pour la signature du livre et la présentation du film. En attendant, veuillez prendre connaissance de l'avis de souscription du livre (soit en PDF en cliquant sur le lien de l'avis ci-dessus, soit en imprimant l'image en faible résolution ci-dessous).
Les Editions de L'Insomniaque: 43, rue de Stalingrad, 93100 Monteuil-sous-Bois, Tél: 01 48 59 65 42. insomniaqueediteur@free.fr et le site web: www.insomniaqueediteur.org. Pour les libraires qui souhaitent vendre le livre, il faut s'adresser au diffuseur Court-Circuit Diffusion.
15:11 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés, Napoléon et l'art populaire, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (61) | Tags : bruno montpied, éloge des jardins anarchiques, l'insomniaque, bricoleurs de paradis, environnements spontanés, habitants-paysagistes naïfs, inspirés du bord des routes, art brut, art immédiat, bohdan litnianski, léon évangélaire, émile taugourdeau, alexis le breton, andré pailloux, ludovic montégudet, joseph donadello | Imprimer
07/01/2011
"Bricoleurs de Paradis", le film où gazouillent les éléphants
Rabat du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques de Bruno Montpied (à paraître en mars aux Editions de l'Insomniaque), évoquant le film Bricoleurs de Paradis (le Gazouillis des Eléphants) dont le DVD sera joint au livre
Alors, c'est parti pour le passage prochain en télévision du film de Remy Ricordeau, co-écrit avec votre serviteur, Bruno Montpied. Cela s'appelle "Bricoleurs de Paradis", c'est produit par la maison Temps Noir, et cela sera visible pour les habitants de Normandie, le samedi 15 janvier à 15h30. De quoi est-ce que cela parle? Des environnement spontanés, des habitants-paysagistes, de l'art brut, des inspirés du bord des routes, des outsiders... Un des personnages du film, et pas l'un des moindres tant est peu commune sa réalisation dans le lopin de terre qui s'étend entre la rue et sa maison en Vendée, répond à ces appellations qui le dépassent: et si je n'étais qu'un original?
André Pailloux, un détail de son site, une des découvertes inédites du film (et du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques), photo Bruno Montpied, 2010
C'est l'homme du peu commun qui s'exprime ainsi, et peut-être le mot même "d'exprimer" est de trop. Car, au fur et à mesure du tournage et de la réalisation de notre projet, ce qui finit par revenir comme un leitmotiv fut que les inhabituels créateurs que nous visitions à travers la France (du Nord à la Normandie, des Pays de Loire à la Bretagne) avait décidément du mal à trouver des mots pour décrire leur travail, à répondre à nos questions qui les dérangeaient, et qui les déstabilisaient souvent (parfois à cause de leur âge aussi). On venait taper dans la fourmilière de leur inspiration, on ne les avait pas prévenus, ils n'étaient pas prêts, certains - comme Arthur Vanabelle - avaient entendu d'autres intervieweurs leur parler "d'art brut", alors ils nous resservaient la soupe, ils croyaient nous donner ce qu'ils pensaient que nous voulions entendre...
L'équipe du film Bricoleurs de Paradis chezArthur Vanabelle; Remy Ricordeau, Stéphane Kayler, Pierre Maïllis-Laval, ph. BM, juin 2010
Ce film est ainsi, il y eut un projet (cela fait plus de deux ans qu'il a été projeté, c'est incroyable comme c'est long la réalisation de quelque projet que ce soit), on sentait bien que cela pourrait ressembler à une sorte d'enquête à travers le territoire français, comme un road-movie, disait Remy depuis le début, lui qui avait été passablement impressionné au début par les Glaneurs et la Glaneuse d'Agnès Varda (où l'on aperçoit un des sites que l'on retrouve dans notre film, celui de Bohdan Litnianski). Une enquête non pas policière mais plutôt une quête. Sur ces créateurs des bas-côtés, à tous les sens du terme, qui dressent sous le ciel de nos paysages uniformisés, leurs splendides lubies expressives, naïves ou brutes, faites avec "deux fois rien" (Arthur Vanabelle), des mosaïques, des statues, des empilements de matériaux de rebut, des reproductions de canons anti-aériens, des rochers sculptés, des moulinets multicolores, la quête, en cherchant à capturer quelque chose de la poésie spontanée, évanescente, de ces inspirations fantasques, débusqua sans crier gare de nouveaux environnements inconnus de très belles apparence et qualité. Le film permet ainsi de découvrir au moins trois sites nouveaux de première importance jamais vus au cinéma (et ailleurs): ceux d'André Pailloux, d'Alexis Le Breton (la seigneurie de la Mare au Poivre, dont j'ai déjà parlé ici), et la maison extraordinairement décorée d'une dentelle de plâtre et papier mâché de Madame C.
Aux rochers sculptés de Rothéneuf sculptés voici cent ans par l'abbé Fouré
Est-ce de l'art? La question voletait sans cesse au-dessus de nos têtes.Bien sûr, répondit Savine Faupin dans l'interview que je fis d'elle dans le chantier du LaM en juin 2010 (on trouvera cette interview dans les bonus du DVD du film, voir une prochaine information à ce sujet sur ce blog), c'est de l'art, quoique modeste. Vanabelle, qui est très sollicité par les gens d'association et de musée qui voudraient préserver ce qui peut l'être de son environnement étonnant et mémorable, dit "on est tous un artiste, non?" (il sait prendre la casaque qu'on lui tend...). Pierre Darcel en Bretagne dit que ce qu'il fait est plus vivant que ce que l'on trouve dans les musées (Vanabelle aussi dit cela, Picasso c'est pas si fameux...). André Gourlet dans le Morbihan se verrait bien dans un musée, pourquoi pas, mais André Pailloux, lui, trouverait que c'est bien de l'orgueil que de parler d'oeuvre à son sujet... On dirait bien que nos héros oscillent entre modestie et ambition démesurée parfois. Mais on pense finalement, et on le dit en conclusion du film, que si ces messieurs n'arrivent pas tout à fait à se situer face à ce monde de l'art (qui n'a au fond vraiment rien à voir avec cette création immédiate), c'est qu'ils vont bien plus loin, dans un monde où la séparation entre art et vie quotidienne n'existe plus. Un monde où l'on parvient parfois à entendre, comme dans la Seigneurie de la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan), "gazouiller les éléphants"...
André Hardy, éléphant dans son jardin à Saint-Quentin-les-Chardonnets (propriété privée), ph. Remy Ricordeau, 2008
Le documentaire Bricoleurs de Paradis sera diffusé a priori surtout sur FR3 régions (Normandie, Pays de Loire, Bretagne, peut-être Nord), mais aussi sur la chaîne Planète. Il sera également présenté le dimanche 3 avril 2011, à 14h, dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le XVIIIe ardt à Paris.
00:42 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bricoleurs de paradis, l'éloge des jardins anarchiques, remy ricordeau, bruno montpied, cinéma et environnements spontanés, environnements spontanés, habitants-paysagistes, andré pailloux, andré gourlet, arthur vanabelle, alexis le breton, pierre darcel, andré hardy, savine faupin | Imprimer
31/12/2010
Voeux...
00:14 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés, Voeux de bonne année | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : abbé fouré, ermite de rothéneuf, rochers sculptés de rothéneuf, art immédiat, environnements spontanés, habitants-paysagistes, art brut, sites d'art brut, cartes de voeux insolites, art rupestre | Imprimer
20/12/2010
Rothéneuf sous la neige, une sculpture de l'abbé Fouré réapparaît
Le ciel était incroyablement noir en plein jour, la neige hésitait entre le gel et la déliquescence glacée. Ilot de lumière et de chaleur relative, une salle des fêtes sans fête abritait une exposition consacrée à l'ermite de Rothéneuf qui ne fut jamais vraiment un ermite.
Vue de la nouvelle salle de quartier de Rothéneuf où se tenait (le 18 décembre seulement) une expo sur l'abbé Fouré montée par l'Association des amis de l'oeuvre de l'abbé Fouré, ph. Bruno Montpied, 2010
On essayait de reconstruire l'œuvre, sa signification, ses sujets, comme dans une course après un gibier qui fuirait toujours plus dès qu'on s'en rapproche. Où étaient les visiteurs? Une petite trentaine, des gens âgés surtout, transis, grelottant sous d'épaisses couches de vêtements, qui avaient risqué les routes annoncées glissantes, dangereuses. Pour venir jusque là, du reste, il semblait qu'il ne pût y avoir que les taxis comme moyens de locomotion, ces derniers devant être pourvus de moyens magiques auxquels le conducteur ordinaire ne pouvait avoir accès... L'organisatrice se démenait, bien seule, ses rares aides l'ayant abandonnée, bloqués par les routes enneigées ou en retard. Le spécialiste parisien de l'ermite était là, lui, fidèle au rendez-vous, en dépit de ses éternels problèmes intestinaux. On l'enrôla comme magasinier, factotum, accrocheur de panneaux...
Vue de l'exposition dans la grande salle de quartier, ph.BM
Il y avait aussi un autre spécialiste présent, le régional de l’étape, retenu avant tout par la signature de son dernier livre, car il était là pour le vendre après tout, il ne participait en rien à l’organisation pratique de l’expo qui se montait devant ses yeux, ayant pris du retard.
L'organisatrice recevait pendant le même temps coups de téléphone sur coups de téléphone qui paraissaient destinés à lui ruiner le moral.
Tout ce travail ne se déployait que pour une journée, l’exposition devant être déménagée plus loin dans un autre local plus petit où l’accrochage s’annonçait moins volumineux. On s'agitait et on bossait comme des perdus pour une esquisse d'exposition permanente dans un lieu en plein hiver où l'on pouvait être assuré que l'on ne rencontrerait pas le moindre touriste en une telle saison. Il flottait un parfum très fort d'inanité sur tout cela...Est-ce pour cette raison que l'hiver et la neige m'apparurent menaçants, mortels? Les problèmes intestinaux y contribuaient aussi probablement...
Une sculpture inconnue de l'abbé Fouré réapparaît..., photo BM
Au milieu de ce qui aurait pu tourner finalement à la cagade généralisée, survint paradoxalement le petit miracle: apportée par une dame d'un âge avancé, apparut comme par enchantement une sculpture inconnue de l'abbé Fouré! Signée sur son socle, et datée de 1904 avec une autre inscription, "Oeuvres de l'ermite de Rothéneuf". Le pluriel sur "oeuvres" était curieux. L'objet, paraissant représenter un bouquet de roses, provenait de la fille - devenue la dame d'un âge avancé, s'appuyant sur une canne - de la personne à qui avait été offerte originellement la petite sculpture. Le nom de cette dernière se lisait sous le socle: Joséphine Macé, avec une date, 1910. La date même du décès de l'abbé, et de la vente aux enchères de ses meubles et sculptures... De là, à imaginer que cet objet avait été acquis à cette vente aux enchères où plusieurs habitants eurent à coeur d'emporter un souvenir de l'abbé (selon ce qu'en raconte Noguette dans son article "Au gré des enchères", voir mon dossier sur l'abbé Fouré dans L'Or aux 13 îles n°1), il pourrait n'y avoir qu'un pas.
17/12/2010
Postérité des environnements (5): Franck Barret renaît (un peu) de ses cendres
Ah oui, c'est un drôle de nom que celui de cet ancien coureur cycliste régional, qui sonne comme prédestiné à une existence excentrique. Franck Barret est un peu connu des amateurs d'environnements depuis que Pierre Bonte l'interviewa dans les années 1970 et publia cet entretien par la suite aux éditions Stock (1977). Avant cela, des magazines s'étaient déjà intéressés à lui de son vivant comme L'Information Artistique n°55 au milieu des années 1950 (comme me l'avait signalé en son temps J-F. Maurice). Après un accident qui l'avait rendu incapable de reprendre le vélo en compétition, il devint agriculteur, et sur le tard quelque peu rebouteux.
On l'associe généralement, pour les statues fort proches de l'art brut qu'il créa, aux créateurs d'environnements, mais à la différence de ceux-ci, s'il organisa lui aussi une mise en scène pour les camper, et semble-t-il un parcours comme dans un musée de cire (auquel son site fait immanquablement penser), ce ne fut pas sous le ciel qu'il choisit de le faire mais bien à l'intérieur de sa ferme, dans deux pièces vouées à l'exposition (entre1948 à peu prés et 1968, les visites étant autorisées par lui à partir de 1955).
Un reportage paru dans la revue des patrimoines de la région Aquitaine, Le Festin n°15, en 1994, de Jean Vircoulon, avec des photographies en noir et blanc de Christophe Garcia, permettait d'avoir quelques idées sur l'ambiance qui pouvait régner dans ce réduit. L'homme a expliqué ses créatures par les rêves qui le mettaient dans un état second. Dalinien au petit pied, Franc Barret? Peut-être. Cependant, on constate en se documentant sur les sujets de ses modelages et assemblages (plus que des sculptures) qu'il allait aussi les puiser dans la littérature (Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, la mythologie chrétienne, Joseph, Marie, le Christ enfant puis adulte, Sainte Blandine, Jeanne d'Arc, la préhistoire avec son homme de Néanderthal, les animaux fabuleux avec son Yéti et son dragon de carnaval, des personnalités historiques comme Pie XII...Pour son homme préhistorique, on a retrouvé une image gravée qui lui servit de modèle, ce qui paraît indiquer que comme de nombreux cas de créateurs populaires il recourait à la copie qui se trouvait ensuite au cours du façonnage transformée, transcendée.
Ci-dessus, deux photos de Jean-Christophe Garcia dans Le Festin n°15
Le gorille du petit musée de Franck Barret
De gauche à droite, Guynemer, le Fantôme de l'Opéra avec, derrière, la poitrine nue, Sainte Blandine, et la main sur l'épaule du fantôme, Christine Daaé (autre personnage du roman de Gaston Leroux ayant servi de source aux statues), ph.Musée du Pays Foyen (date?)
La même Christine Daaé, dans son état 2008, le jour où je passai dans le musée : on mesure ici l'étendue des problèmes de restauration pour M. Lamothe... ph.Bruno Montpied
Heureusement d'autres photos existent, en couleur qui plus est, montrant l'intérieur de ce musée, et publiées récemment sur le site du Musée du Pays Foyen (voir ci-dessous le lien), musée qui a conservé quelques pièces que j'avais photographiées en 2008 avant restauration. On doit ces clichés sans doute à Pierre Lamothe, par ailleurs sauveur de ce qui pouvait encore être sauvé, ce qui reste n'étant certes qu'une petite partie de l'ensemble, mais conservée au prix d'efforts incroyables chez un homme seul, acharné à préserver des lambeaux d'un patrimoine auquel on le sent profondément attaché. Il raconte sur le site du Musée du Pays Foyen, petit musée que la municipalité de Sainte-Foy-la-Grande lui laisse organiser, l'histoire des difficultés rencontrées du fait de l'extrême fragilité - et du poids - des matériaux employés par Barret qui édifiait ses statues couche par couche au moyen d'une argile jamais cuite, ce qui leur assura de se dissoudre peu à peu dans le temps, la terre redevenant friable progressivement... C'était de l'art éphémère, comme le dit très bien M. Lamothe sur son site, art pratiqué dans l'urgence, pour satisfaire un besoin d'expression irrépressible se déployant dans la plus stricte immédiateté.
Pierre Lamothe devant des vestiges d'un homme préhistorique de Franc Barret, gageure de restauration, photo BM, 2008
Bonne nouvelle que celle-ci, la restauration a dû aller assez loin pour que Pierre Lamothe ait pu enfin juger venue l'heure d'ouvrir les portes du Musée du Pays Foyen.
Le Musée du Pays Foyen, Sainte-Foy-la-Grande, 2008, photo BM
Le musée va éditer une plaquette, plus complète, en couleur, de 26 pages, en vente à l'Office de tourisme de Sainte Foy à partir de janvier 2011. L'exposition est visitable, uniquement sur rendez vous, au 142 rue de la république, Sainte-Foy-La-Grande (Gironde), le mardi soir à partir de 20h30, le samedi après midi de 14h à 18h et le dimanche. Téléphone : 05 57 46 59 73 - 06 75 70 35 34 - 06 28 37 73 63
01:41 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Environnements populaires spontanés, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : franck barret, musée du pays foyen, petit musée de franc barret, environnements spontanés, pierre lamothe, art éphémère, art immédiat | Imprimer
10/12/2010
Un nouveau livre sur les Rochers sculptés de Rothéneuf, et une exposition sur place
Annoncé depuis plusieurs mois, voici qu'est paru, selon une information de Joëlle Jouneau, fondatrice de l'Association des Amis de l'Abbé Fouré (qui veut se consacrer à mieux faire comprendre la vie et l'oeuvre du fameux ermite), le livre du photographe et cinéaste Jean Jéhan, Saint-Malo-Rothéneuf, au temps des Rochers Sculptés, aux éditions Cristel. Je peux montrer ici, transmis par cette même Joëlle, la couverture et le 4e de couv de cet ouvrage qui paraît fort coquet ma foi:
Couverture du livre de Jean Jéhan, éd Cristel, préface d'Alain Bouillet, 2010
4e de couv' avec un curieux photomontage
On notera le format italien du livre qui paraît par son titre (ne mentionnant curieusement pas le nom de l'auteur des rochers sculptés) mettre l'accent avant tout sur l'aspect régionaliste du thème traité, annonçant des reproductions de cartes postales anciennes, ainsi que des photographies en noir et blanc de l'auteur extraites des 300 clichés de sa collection personnelle (prises à des époques où certaines statues, disparues depuis, existaient encore, ce qui permet de mettre en évidence la dégradation du site). Dès que j'aurai pu davantage le consulter, j'y reviendrai bien entendu (puisque mon blog sert de caisse de résonance à ma propre recherche sur l'abbé depuis déjà plusieurs notes). D'ores et déjà, on attend avec impatience de trouver dans le livre de Jean Jéhan la reproduction promise de plusieurs pages du Livre d'Or de l'abbé, que celui-ci gardait à la disposition des visiteurs de son petit musée dans le bourg. Ce livre d'or contiendrait des dessins de l'abbé. Une rumeur court ainsi comme quoi certaines "enluminures" de ce livre, les dragons ci-dessous par exemple (reproduits d'après une photocopie d'un autre article paru cette année dans Le Pays Malouin sur l'existence de ce Livre d'Or, conservé jusqu'à présent par une descendante de l'abbé), seraient de la main de l'abbé, ce qui serait, si cela s'avère bien attesté, une belle découverte de la part de M. Jéhan.
"Enluminure" du Livre d'Or de l'abbé, tel que parue dans un numéro du Pays Malouin, journal de la région de St-Malo
Autres révélations que l'on devrait aussi trouver dans ce livre de Jean Jéhan, des témoignages de personnes ayant connu dans leur enfance l'abbé, personnes disparues depuis. Le Pays malouin cite l'anecdote rapportée par l'une d'elles des bains de sable que l'on faisait prendre à l'abbé pour le soulager de ses rhumatismes... De même, le caractère taciturne et pour le moins taiseux du personnage se trouve corroboré dans ces témoignages (mais s'il avait des difficultés d'élocution engendrées par sa surdité, cela ne pouvait que le rendre taiseux, non?...). On attend certes beaucoup de ce livre que d'aucuns présentent déjà, de façon pour le moins précipitée comme celui qui traiterait enfin de "l'intégralité" de l'abbé Fouré... Attention de ne pas lui en demander trop. Mais il faut certes se féliciter de ce qu'un ouvrage sérieux ait enfin paru sur les terres mêmes de l'abbé Fouré, cent ans que ses mânes, errant entre les falaises de Rothéneuf, attendaient cela.
Joëlle Jouneau me signale par ailleurs que le livre reprend « en annexe » le Guide du Musée de l‘ermite de Rothéneuf dont on se souviendra peut-être que j’ai donné au début de cette année, date anniversaire des cent ans de la mort de l’abbé Fouré, dans le n°1 de la revue apparentée au surréalisme L’Or aux 13 îles la première édition commentée depuis son édition originale en 1919. Je ne suis pas mécontent de vérifier qu’une fois de plus, face aux partisans de l’art brut, les surréalistes auront encore tiré les premiers ! (Ce qui explique peut-être l’attitude assez mesquine d’une Animula Vagula, sur un blog parallèle, qui s’empresse de ne pas mentionner notre première édition lorsqu’elle apprend avec ravissement la publication prochaine du livre de M. Jéhan - éternelle jalousie du parti de l’art brut ?).
Mais revenons à Joëlle Jouneau. Cette dame, intéressée vivement à la vie et à l'oeuvre de l'abbé, surprise comme beaucoup de visiteurs des rochers que l'on n'ait jamais songé sur place à communiquer davantage d'informations véridiques sur le compte de l'abbé, au lieu de se contenter des légendes créées de toutes pièces par les ancêtres des gérants du lieu, cette dame a décidé de créer donc une association qui se donne pour mission d'aider à restituer la mémoire et le sens de l'oeuvre de l'abbé. Il va de soi que je m'associe pleinement à cette mission. C'est pourquoi je viendrais à la journée du 18 décembre prochain à la salle de quartier de Rothéneuf, qu'organise Joëlle Jouneau en prélude à une exposition qui sera ensuite installée au manoir Jacques Cartier qui vient d'être donné à la Ville de St-Malo par la fondation canadienne qui le gérait jusque là. Voir l'affiche ci-dessous:
Je devrai normalement, au cours de la soirée, si la technique ne nous fait pas faux bond, présenter un film surprise sur la question des environnements spontanés contemporains afin de situer les rochers sculptés dans un contexte plus général (je donnerai bientôt plus de détails à propos de ce film). L'exposition essaie de retracer l'ensemble de ce que l'on sait du parcours biographique de l'abbé, et de la signification de ses sculptures sur pierre ou sur bois, à partir des recherches des divers exégètes de l'abbé Fouré .
22:58 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : abbé fouré, ermite de rothéneuf, éditions cristel, rochers sculptés de rothéneuf, jean jéhan, joëlle jouneau, bruno montpied, l'or aux 13 îles, guide du musée de l'ermite, environnements spontanés, jacques cartier | Imprimer
06/12/2010
Guo Fengyi, une créatrice brute chinoise à Paris
Guo Fengyi (1942-2010), première exposition à Paris, c'est à la galerie Christian Berst que l'événement aura lieu, et ce dès jeudi 9 décembre prochain date du vernissage. On va enfin pouvoir mieux cerner les travaux de cette femme, disparue cette année même, ancienne ouvrière d'une usine de caoutchouc, métier qu'elle dut abandonner par suite de crises d'arthrite (réaction à la souplesse du caoutchouc?) à l'âge de 39 ans, ce qui lui fit découvrir le Qi-Gong, médecine traditionnelle chinoise. En 1989, elle éprouve des visions qui la mènent vers le dessin, qu'elle exécute de façon automatique, le découvrant au fur et à mesure qu'il se développe. Les résultats sont des oeuvres tout en hauteur (mesurant parfois jusqu'à cinq mètres), tracées sur papier de riz au pinceau et à l'encre de Chine, sortes de bannières déroulées où je ne peux m'empêcher de voir comme des Ophélies nageant entre deux eaux par delà les spectres, dragons ou phénix qu'elle affectionnait de représenter, allant parfois jusqu'à des évocations de monstres ou d'esprits malfaisants, survenant par contraste au sein d'un dessin raffiné et délicat qui ne les laissait guère prévoir.
Un catalogue paraît à cette occasion, riche idée pour tous ceux qui voudraient se documenter sur cette nouvelle créatrice à découvrir jusqu'au 15 janvier 2011. A noter qu'une rétrospective se prépare également à la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Elle devrait être accompagnée d'un court-métrage de "Philippe Lespinasse qui a filmé Guo Fengyi sur son lieu de vie, en entretien et en pleine création. Il a aussi rencontré ses proches, et pris des images d’œuvres" (texte repris du site web de la Collection d'Art Brut, et apparemment aujourd'hui plus disponible).
Toutes les illustrations de cette note sont empruntées au site web de la Galerie Christian Berst, 3-5, passage des Gravilliers, Paris IIIe ardt (en baladant votre souris vers le premier lien de cette note et en cliquant dessus, vous aurez toutes les précisions souhaitables sur la galerie).
23:33 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guo fengyi, galerie christian berst, art brut chinois, qi-gong, cinéma et art brut | Imprimer
02/12/2010
Recoins n°4
Les recoins se sont agrandis, la revue, pour les besoins de ce n°4, a repoussé les murs comme on dit pour se donner un peu plus d'air (format 25x20cm). Si je n'arrive pas à me départir de l'impression que la revue par certains aspects de sa mise en pages tient un peu comme à distance les sujets qu'elle présente à ses lecteurs, du fait du corps des caractères qui reste encore trop petit pour mes yeux fragiles, je comprends par ailleurs qu'étant donné la richesse des matières traitées dans ce numéro, les rédacteurs (tous des passionnés et des bénévoles) aient été placés devant des choix cornéliens sur la question de la mise en pages. On retiendra donc avant tout la nette amélioration de cette dernière, ainsi que de la ligne éditoriale.
Pierre Darcel, danseurs bretons en ciment couvert de coquilles de moules, coques, berniques, coquilles Saint-Jacques, ph. (inédite) Bruno Montpied, 2010
Il s'est passé en effet quelque chose de plus, la revue a basculé dans une autre ère il me semble. On est là face à un saut qualitatif indéniable. Un de ses plus grands mérites est son excellent équilibre en dépit de sa variété. Car le sommaire marie les environnements spontanés (c'est moi qui m'y recolle avec un article sur un site nouveau en Bretagne, de Pierre et Yvette Darcel, statufieurs et mosaïstes, du côté de St-Brieuc), à la boxe, le rock n'roll, le blues ou la country, voire la musique antillaise d'avant le zouk (tiens il y a aussi un texte de Cosmo Helectra sur la musique de ski nautique, Cosmo un habitué de nos parages et animateur de l'émission Songs of praise sur Aligre FM tous les lundis soirs). Le mixage continue avec des articles sur un auteur de livres anticléricaux du XVIIIe siècle, plus une très belle étude de Bertrand Schmitt sur un créateur tchèque Vladimir Boudnik (non, ni beatnik, ni spoutnik, quoique nom-valise on dirait, comme fait à partir des deux). Sont également convoqués deux très beaux textes de Régis Gayraud à thématiques contrastées (démontrant une fois de plus le grand talent du bonhomme, et je ne dis pas ça parce que c'est un ami, c'est plutôt le contraire, c'est parce qu'il crée aussi des choses de ce calibre qu'il est mon ami), une (trop) courte intervention d'Olivier Bailly sur Robert Giraud, une notice d'André Vers sur le Vin des Rues de Giraud, de l'art populaire dans les oratoires du Cantal,
des compte-rendus de divers livres, des aphorismes (d'Olivier Hervy, en petite forme, j'ai trouvé), des brèves de comptoir comme celle-ci:
"La fin du monde, c'est mieux à la campagne, tu te fais pas piétiner"
(Tirée d'une anthologie de Jean-Marie Gourio, concoctée par l'auteur à partir de propos tenus dans les bistrots, pratique certes antérieure à Gourio, mais mettant en relief l'indéniable esprit des rues, volatil, anonyme, difficile à fixer en littérature, une création littéraire immédiate en quelque sorte)
Sommaire de Recoins n°4
Au sein de ce sommaire éclectique, et parce qu'il faut bien se limiter sur ce blog à quelques détails seulement, les deux interventions sur lesquelles j’ai tendance à focaliser sont celles de Régis Gayraud pour son texte « Méritoires d’outre-terre, feuilleton (1) », et l’étude de Bertrand Schmitt sur le poète, plasticien et théoricien tchèque Vladimir Boudnik.
Du premier, on peut retenir son étourdissante habileté à plonger le lecteur dans un climat de pur onirisme qui a cette particularité de ne pas se cantonner au réveil - à cet entre deux où la conscience pas encore complètement extirpée du sommeil vacille entre deux mondes - mais bien plutôt à s’étendre progressivement, insidieusement à tout l’ensemble de l’activité diurne. Monde renversé, où la veille devient territoire du rêve, ce qui n’est pas sans laisser le lecteur au bord d’une certaine angoisse assez voisine de celle qui préoccupe un Roger Caillois par exemple dans les expériences qu’il relate dans son petit livre L’Incertitude qui vient des rêves. Régis l’a déjà écrit ailleurs (dans une enquête sur les rêves publiée naguère par le groupe de Paris du mouvement surréaliste –auquel soit dit en passant appartient Bertrand Schmitt), les rêves ont pour lui un autre aspect que celui de révéler des désirs enfouis et refoulés, selon la doctrine freudienne. L’activité onirique brasse les cartes des situations possibles, se prêtant ainsi à une véritable combinatoire des situations qui pourraient se produire. Ce qui explique qu’elle puisse prendre l’aspect d’un terrain propice aux prémonitions. Il semble que le texte de Régis publié dans ce nouveau numéro de Recoins joue quelque peu avec ce désir d’anticipation. Comme si l’auteur cherchait à diriger son destin, comme d’autres cherchaient à diriger leurs rêves.
Vladimir Boudnik, du cycle Variations sur le test de Rorschach, 1967 (extrait des illustrations de la revue Recoins)
L'étude de Bertand Schmitt qui présente le fort peu connu Vladimir Boudnik (1924-1968) m'a fait l'effet d'une véritable illumination. J'ai reconnu en lui - comme certainement cela a été le cas pour la rédaction de Recoins (il faut repérer dans la revue les photos d'Emmanuel Boussuge qui comme moi s'intéresse de fort prés aux images créées par le hasard, figures anthropomorphes des ferrures de portes, piquets de clôture, taches diverses) - un précurseur, ou un continuateur, de la création immédiate. Ce poète, plasticien, et théoricien tchèque, instruit des ravages profonds induits dans l'âme des hommes par les désastres de la Seconde Guerre Mondiale, chercha à créer une nouvelle forme d'expression qu'il appela "l'explosionnalisme", qui consistait entre autres à pousser les individus dans la rue à projeter leurs inconscients à travers les traces existant sur les murs. "Armé de fusains, de craies, de graphites, il lit et interprète les vieux murs, fait surgir de la chaux des fantômes endormis". Ce que Bertrand nous apprend des actions et de la quête de Boudnik le montre assez parallèle avec les idéaux des membres contemporains du groupe Cobra, convaincus de la transfusion de l'art dans la vie quotidienne des classes populaires, ou d'un Dubuffet, également contemporain, qui découvrait à cette époque-là le génie populaire individualiste des oeuvres de ce qu'il appela "l'art brut". Il écrit les phrases suivantes, qui font indéniablement écho à l'illustration et à la défense de la poétique de l'immédiat que je cherche à promouvoir sur ce blog: "Un [...] appel à la création immédiate et concrète avait été exprimé dans le premier manifeste de l'explosionnalisme...". "Cette exhortation à la création collective, directe et populaire contient aussi une remise en cause du statut séparé de l'artiste professionnel". Et voici aussi cette phrase empruntée aux écrits de Boudnik: "Regardez autour de vous! Sur le mur sale, le marbre, le bois... Ce que vous voyez est ce qui est à l'intérieur de vous. Ne sous-estimez pas les taches. Faites-en le tour avec votre doigt, redessinez-les sur le papier... Saisissez votre monde intérieur." C'est la leçon de Léonard de Vinci proposée à l'homme du commun! Travaillant en usine, il va former des groupes de prolétaires à l'étude et à la création de formes inspirées d'images aléatoires comme les taches, les traces que l'on trouve communément autour de soi (les nuages, les signes sur les peaux de bananes, n'est-ce pas Bruly-Bouabré?...). Il organise des expositions dans les couloirs de son usine "au grand ébahissement des cadres et des ouvriers"...
Extrait d'un documentaire sur Boudnik sur You Tube (plusieurs oeuvres de cet étonnant expérimentateur sont ainsi visibles ici)
Il expérimente à tout va (il fera ainsi une suite d'interprétations des tests de Rorschach), cherchant apparemment à ce que suggère Bertrand Schmitt dans son si éclairant article à partir en quête des secrets de la matière, de l'énergie génitrice présente au sein de celle-ci. Bref, on a là à l'évidence une étude tout à fait passionnante, et rien que pour ces textes-ci, la revue Recoins dans ce n°4, a déjà rempli son office d'illuminatrice. J'encourage naturellement tout un chacun à s'enquérir du reste de son contenu.
Recoins est disponible en écrivant et en s'abonnant 13, rue Bergier, 63000 Clermont-Ferrand. Adresse e-mail: revuerecoins@yahoo.fr
A signaler également ce jeudi soir 2 décembre au Kiosque/Images, 105, rue Oberkampf, la présentation de l'ouvrage Les 12 travaux d'Hercule, édité par Recoins et Cie, sur les dessins de Pascal, un des créateurs fréquentant le foyer d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg (voir les notes que j'ai consacrées sur ce sujet).
La revue est disponible également sur Paris à la librairie de la Halle Saint-Pierre (XVIIIe ardt), ainsi que chez Bimbo Tower, passage Saint-Antoine dans le XIe arrondissement. D'autres librairies seront bientôt pourvues à leur tour.
10:18 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne méconnu, Art populaire religieux, Environnements populaires spontanés, Littérature, Musiques d'outre-normes, Paris populaire ou insolite | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : recoins, vladimir boudnik, régis gayraud, emmanuel boussuge, franck fiat, julie girard, environnement spontanés, pierre darcel, robert giraud, andré vers, bertrand schmitt, boxe, rock n'roll, cosmo hélectra, musiques populaires | Imprimer
19/11/2010
Le Plein Pays continue sa route, jalonnée de prix...
Bon, ça ne vous aura pas échappé sans doute mais le Plein Pays, le formidable film d'Antoine Boutet consacré à Jean-Marie Massou, est sorti en salle, et a reçu plein de prix. Il est également passé sur Arte apparemment le 15 novembre (voir commentaires), et il est diffusé sur le site web de la chaîne. La prochaine diffusion sur la chaîne si j'ai bien compris sera pour le mercredi 24 prochain à 5h00... Faudra programmer ou être bien matinal...
Si vous voulez savoir où passe le film sur grand écran, et particulièrement s'il passe prés de chez vous, veuillez cliquer sur cette liste que l'on trouve sur le site des Films du Paradoxe, cela va jusqu'en février il me semble...
Jean-Marie avec une photo de jeunesse où il brandissait une icône personnelle..., ph Antoine Boutet, site web des Films du Paradoxe
Pour les Parisiens, et les habitants de sa périphérie, il y aura bientôt une occasion de le revoir, en présence (présumée) du réalisateur, dans une soirée organisée par Nicolas Reyboubet au cinéma Kosmos à Fontenay-sous-Bois, et consacrée aux personnages singuliers. Un autre film sur Chomo, d'Antoine de Maximy, plus ancien (1985), sera projeté en même temps, lui aussi en présence du réalisateur. Le tout aura lieu samedi 18 décembre à 21h.
Cinema Kosmos. 243ter Avenue de la République. 94120 Fontenay-sous-Bois.
01:02 Publié dans Art Brut, Environnements populaires spontanés, Musiques d'outre-normes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jean-marie massou, le plein pays, cinéma kosmos, antoine boutet, cinéma et art brut, musique singulière | Imprimer
15/11/2010
Les mêmes monstres au pouvoir
Remaniement? Qu'est-ce que ce fracas pour rien? Mieux vaut se tourner vers cette involontaire (?) caricature signée Yves Jules de l'Atelier Campagn'art en Belgique montrant les puissants du jour dans toute leur splendeur. L'auteur a voulu camper des icônes, mais la machine à gloire a dû se dérégler, des sortes de vampires se sont tout à coup dressés entre lui et nous...
Yves Jules, Carla c'est Nicolas Sarkozy leur tendre complicitée en Afrique, vers 2009, coll. BM
A signaler une exposition qui commence le 25 novembre (du 26 novembre au 12 décembre 2010 exactement) à la fondation Folon au château de la Hulpe intitulée "L'être et le par être, ateliers d'artistes dits différents" avec des créateurs venus des ateliers du Créahm, de l'Atelier Campagn'art (Yves Jules ne sera pas de cette expo) et de la Maisonnée. Voir ce lien pour en apprendre davantage.
23:50 Publié dans Art Brut, Art immédiat | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves jules, atelier campagn'art, fondation folon, l'être et le par être, art immédiat, monstres médiatiques | Imprimer
07/11/2010
Musique d'outre-normes, suite
Ajoutons quelques codicilles à ma note précédente sur les musiques dites ailleurs "outsider", et suite à l'intervention d'un sagace commentateur nommé Psalphon (pas d'araignée au psalphon, j'espère), peut-être venu de Belgique, et qui renvoyait par lien à une publicité pour un CD édité par Art en Marges sur les "musics in margin" (musiques en marge, quoi ; volume 2), notamment au joliment nommé Normand L'amour, Québécois passablement illuminé, et assez inattendu comme chanteur-parleur d'un certain âge. Voir cette vidéo (entre autres), particulièrement originale, par le langage semble-t-il proche du yaourt, voire entièrement réductible à lui, qu'il développe.
Et puis, essayons de donner quelques exemples de la musique d'André Robillard à l'ami Régis, pour ne plus le laisser dans les affres de l'ignorance. Voici un extrait d'un CD à l'assez vilaine jaquette (encore un sévice de J-P. Nadau) intitulé "Rythmé brut, raw music", édité à la fin des années 1990 je pense par In-Poly-Sons (1, route St-Urbain, 54110 Rosières-Aux-Salines ; encore disponible peut-être chez le disquaire Bimbo Tower, passage St-Antoine, dans le 11e ardt à Paris). Ce morceau présente l'avantage de rassembler plusieurs échantillons des talents musicaux et sonores variés de Robillard, puisqu'il y joue de l'accordéon, use de percussions les doigts passés dans des cartouches, et s'exprime aussi dans la poésie sonore qui fait sa marque.
23:34 Publié dans Art Brut, Musiques d'outre-normes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : andré robillard, musiques outsiders, normand l'amour, poésie sonore, art et marges | Imprimer
06/11/2010
Conférence à Chartres de Marielle Magliozzi
Dans le cadre des 8èmes Rencontres internationales de la Mosaïque à Chartres, rencontres qui bien entendu découlent de la présence dans la ville de la maison en mosaïque de Picassiette (rue du Repos), s'annonce pour le samedi 20 novembre prochain (14h30, lycée Fulbert, rue Saint-Chéron), une conférence de Marielle Magliozzi intitulée "Architecture et art singulier", ce dernier terme étant à comprendre comme désignant des créations environnementales d'autodidactes (voir l'annonce que j'avais faite en son temps du livre publié par Miss Magliozzi sur ce thème aux éditions de l'Harmattan). Quelques plus amples renseignements? On se reporte aux placards ci-dessous:
17:15 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : picassiette, marielle magliozzi, environnements spontanés, architectures marginales | Imprimer