09/01/2009
Le Griffonneur de Rouen, petit addendum
David a eu la gentillesse de nous adresser une mise à jour de l'adresse URL du blog consacré au "Griffonneur de Rouen", blog toujours intitulé "Playboy Communiste". Nous l'avions évoqué dans notre note du 21 juin 2008. Grand merci à lui et avis à tous ceux que ce personnage hors du commun, ainsi que ses inscriptions, intéressent.
Graffiti d'Alain R., Rouen, photo B.Montpied, octobre 2005
00:34 Publié dans Art Brut, Cinéma et arts (notamment populaires), Fantastique social | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain r., david thouroulde, pascal héranval, playboy communiste, graffiti, art brut | Imprimer
07/01/2009
Dictionnaire du Poignard Subtil
CIBLE:
Le sultan invita un jour Nasreddine à assister à un concours de tir à l'arc.
L'émir Imadeddine, chef de la garde royale, se présenta, banda son arc et lança sa flèche, qui alla se ficher au milieu de la cible.
- C'est ainsi que tire l'émir Imadeddine! dit-il fièrement, avant d'aller s'asseoir.
L'émir Salaheddine, commandant de l'infanterie, tira à son tour en plein milieu de la cible.
- C'est ainsi que tire l'émir Salaheddine! proclama-t-il.
Les grands guerriers défilèrent et touchèrent tous la cible, chacun annonçant son propre nom avec orgueil.
Le sultan regarda Nasreddine, qui se leva doucement, prit une flèche et la tira au hasard. La flèche se planta dans un arbre.
Nasreddine se dirigea dignement vers l'arbre, et dessina un cercle parfait autour de sa flèche ; puis il bomba le torse et proclama:
- C'est ainsi que tire Nasreddine! "
(Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage, tome II, contes choisis par Jihad Darwiche, Albin Michel, 2003)
07:00 Publié dans DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dictionnaire du poignard subtil, nasreddine hodja, jihad darwiche | Imprimer
05/01/2009
Maison folle, suite
Comme se sont empressés de me le signaler à la fois Sasha Vlad depuis la Californie et R.R. depuis le XIe arrondissement (merci à eux), j'aurais pu passer par Google plutôt que de lancer à la cantonade mes questions sur la maison folle vietnamienne. Tout est sur Google, et c'est triste quelque part, il ne reste vraiment plus qu'à trier. Ce qui nous laisse certes un bon gros travail. Mais on dirait que plus rien n'échappe à la Toile dans cette foutue réalité. On ne trouvera plus aucune surprise rien qu'en se servant de ses pieds (peut-être que je dis ça en pensant au commentaire de "Valérie A."; et bien sûr que j'exagère) au détour d'un chemin. Plus de terres vierges. A moins d'aller sur la planète Mars, ce qui ne saurait tarder (il faudra bien après le Japon, la Chine et le canton de Fribourg y aller chercher de l'art brut là-bas aussi, une fois tous les filons épuisés sur notre bonne vieille Terre).

Alors voici: cette "Maison Folle", qui a l'air d'un décor de film expressionniste allemand, est connue sur Google sous le nom de Crazy House. C'est un hôtel, bâti semble-t-il à partir d'un arbre. Plus un hôtel-arbre, ai-je lu, qu'un hôtel bâti dans un arbre. L'auteur est une architecte diplômée, donc a priori plutôt savante. elle se nomme Hang Nga, et serait la fille d'un président du Vietnam des années 80... Tout ce qu'il y a de plus respectable, comme on voit... Cette filiation lui aurait permis de garantir l'édification de ce bâtiment fort insolite poétique et naïf, tout en assurant sa pérennité, bâtiment qui n'est pourtant pas sans rappeler les architectures molles et psychédéliques des babas californiens, et loin des critères esthétiques du réalisme socialiste...
Toutes les agences de voyages qui se respectent ont le Crazy House Hotel dans leur programme d'excursions. C'est situé à Dalat, dans le sud du Vietnam, près d'Ho Chi Minh Ville (anciennement Saïgon). Son aspect est véritablement enthousiasmant, et je ne sais pas si on ne pourrait pas rapprocher cette demeure ultra romantique de l'immense terrain de récréation de Nek Chand en Inde à Chandigarh. Il y a quelque chose du belvédère chaotique d'un parc décoré de rocailles et de fausses grottes dans cette Crazy House vietnamienne. On visite l'endroit, on peut y loger (comme en France on trouve des hôtels dans des demeures troglodytiques). Chaque chambre est sous le signe d'un animal, ours, fourmi, kangourou ou tigre, représenté par une statue plutôt volumineuse à chaque fois. Les fenêtres sont toutes biscornues, aucune n'est droite. La courbe, le sinueux, l'échancré règnent là en maîtres absolus. Taper Crazy House si vous ne me croyez pas.
00:09 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : dalat, hang nga, crazy house hotel, environnements insolites | Imprimer
03/01/2009
Info-Miettes (2)
La galerie Nuitdencre64 au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe ardt à Paris expose Claude Tarnaud né en 1922 et disparu en 1991. Il s'agit d'un poète surréaliste peu connu, c'est donc l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui. Sa rencontre avec les surréalistes réunis autour de Breton paraît avoir été éclair (1947-1948). Il fut lié à Brauner, Sarane Alexandrian, Stanislas Rodanski. Il semble avoir exécuté une bonne partie de son oeuvre plastique à partir de 1969 après une installation dans le Vaucluse. Là naîtront plâtres "greffés", divers objets, des collages, des oeuvres à la cire ou au brou de noix, des encres... Plusieurs livres de lui ont été réédités à L'Ecart Absolu. Expo de sculptures, peintures et manuscrits prévue pour durer du 19 décembre 2008 au 10 février 2009.
La "modeste collection" de Danielle Jacqui, "résultat d'une aventure qui dure depuis 40 ans" va être exposée dans la salle Fabre à Roquevaire-en-Provence "face à l'église" du samedi 1O janvier prochain à la fin de semaine suivante. Le vernissage a lieu à partir de 11h30 le samedi, ce qui est une information des plus essentielles. Beaucoup de noms au sommaire de cet accrochage, qui réunit sans doute tous ceux qui firent des échanges avec Danielle Jacqui tout au long de sa vie. Au hasard: Raymond Reynaud, Monique Goutte, Claudine Goux, Chichorro, Karamanoukian, Gérard Sendrey, Yvon Taillandier, John Maizels, Martha Grünenwaldt, Claudette Espallergues, Jaber, Jean-Jacques Predali, Bernadette Nel, Roger Ferrara, Marie Morel, Alain Pauzié, etc., "+ des nuls à HIE, que j'adore!", comme l'écrit Danielle Jacqui sans trop expliquer à qui elle songe en disant ces trois lettres un peu violentes... En dehors de cette exposition, Danielle Jacqui continue d'oeuvrer sur son "Colossal d'art brut", projet de décoration à base de céramique pour la gare d'Aubagne. (A noter que sur le site en question, elle reviendra sur ce qu'elle désigne par "nuls à (ch)IE(r)". Il s'agit des peintres de croûtes qu'on trouve sur les vide-greniers, avec leurs disproportions, leurs maladresses. Je sais que Danielle Jacqui fait des distingos même au sein de cette production. Elle m'a montré un jour une petite toile naïve qui était très poétique -Note du 17 février 2009).
De son côté le musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) ne chôme pas et a décidé d'exposer les boîtes faites d'assemblages oniriques de Paul Duchein. Il est difficile de passer après Joseph Cornell et tant d'autres amateurs de la mise en boîte. Paul Duchein, esthète raffiné, y arrive en se servant de sa culture qui est grande et en tirant parti de ses goûts pour les belles choses. Un petit catalogue paraît à l'occasion de cette expo qui se tient du 12 décembre 2008 au 25 janvier 2009.
Ignacio Carlés-Tolra, vieux routier des arts singuliers, comme il est un créateur suisse, peut être accepté par le musée d'art brut suisse Im Lagerhaus de Saint-Gall (en Suisse orientale) qui ne s'occupe que des créateurs suisses à 100%... (Ca me rappelle l'Espace Hérault à Paris dans le quartier de la Huchette autrefois qui n'exposait que des artistes nés au sud de la Loire, ça faisait du monde, ils pouvaient exposer jusqu'à la Turquie par exemple mais pas les gens du Nord -qui ont pourtant dans le coeur la chaleur qu'il n'y a pas dehors, comme disait Enrico). Pour l'anniversaire de ses vingt ans d'existence (à ce que je crois avoir compris, car les informations qu'ils m'envoient sont en allemand, langue que je ne comprends absolument pas), le musée a invité Carlés-Tolra à monter quelque chose comme une rétrospective semble-t-il. Du 1er décembre 2008 au 16 mars 2009.
Les 20 ans du musée "Im Lagerhaus" (au fait sur ce musée, au tout début de ce blog, j'avais fait une note, voir ici) permettent aussi à ceux qui pourront faire le voyage jusqu'à St-Gall de découvrir la peinture naïve de l'Appenzell-Toggenburg, cette région qui s'étend au pied de la montagne magique du Säntis. Parmi les tableaux produits par les artistes autodidactes de ces contrées, on retrouve souvent des transpositions des paysages d'alpages aux verts soutenus communs dans ces régions, où sont semés, piquetant le paysage comme des masses et des formes plus ou moins abstraites peuvent piqueter l'espace d'une composition en apparence abstraite, les prés clôturés, les fermes, les vaches, les chemins blancs... Ces pentes douces sont proches du promeneur, j'ai pu le constater au cours du voyage que je fis en Suisse en 2007, comme des tableaux déjà tout faits dressés sous le ciel, immenses ready-made étendus aux dimensions d'un paysage entier.
Après les Japonais (et peut-être bientôt les Chinois?), la Collection de l'Art Brut de Lausanne va se retourner un petit peu vers son versant plus intime, à savoir l'art brut présent dans le canton de Fribourg. Et ce, du 6 février au 27 septembre 2009, autant dire qu'on aura le temps d'aller y faire un tour. Ce sera aussi l'occasion d'établir (pour la première fois il me semble, Dubuffet va peut-être même se retourner dans sa tombe!) une confrontation "expérimentale" (dixit le site web de la collection) des oeuvres de dix créateurs fribourgeois (de découverte récente) avec des oeuvres d'art religieux, populaire et ethnographique de cette même région de la Suisse (à mon sens, excellente initiative qui aurait pu être tentée depuis belle lurette). A signaler que la Collection a collaboré récemment (de septembre à novembre 2008) avec le musée Im Lagerhaus pour une expo en prêtant des oeuvres entre autres du Prisonnier de Bâle, de Hans Krüsi, etc. Un catalogue sur l'art brut dans le canton de Fribourg devrait paraître à l'occasion de l'expo, de même qu'un film de Philippe Lespinasse, devenu cinéaste officiel de la Collection, on dirait... Les créateurs présentés sont au nombre de dix dont Marc Moret, Lydie Thorimbert, Maurice Dumoulin, Gaston Savoy (on dirait un clone de Hans Krüsi, avec ses défilés de vaches poyesques), Piere Garbani, Eugénie Nogarède.
La galerie Dettinger-Mayer de son côté a décidé de montrer au tournant des deux années 08 et 09 un patchwork des artistes qu'elle défend depuis plusieurs années, photographie africaine, art tribal, peintures et dessins en confrontation: il y aura jusqu'au 31 janvier des oeuvres de David Braillon, Evaristo, Evelyne Postic, Ruzena, Pascal Zoss, Fred Deux, Bernard Pruvost, Louise-Anne Koeb, Zahra Toughraï, Marilena Pelosi, Ariel, Aurélie Gaillard, Estela Torres et des photographes africains comme Sanlé Sory ou Tidiani Shitou, etc.
Louise-Anne Koeb, Sans titre, Galerie Dettinger-Mayer
20:42 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claude tarnaud, art brut fribourgeois, paul duchein, danielle jacqui, carles-tolra | Imprimer
Maison folle au Vietnam
Qu'est-ce que j'aperçois l'autre jour chez Tschann (entre nous la meilleure librairie de Paris)? Un numéro récent de la Quinzaine littéraire qui s'étalait dans un coin, attendant sagement que je tourne mes yeux vers la photo que la rédaction avait mise en couverture exprès pour les lecteurs du Poignard Subtil:
17:42 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louis monier, quinzaine littéraire, environnements spontanés | Imprimer
01/01/2009
Voeux
01:00 Publié dans Environnements populaires spontanés, Voeux de bonne année | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : farbus, guy hejnal, don quichotte, muralisme régional | Imprimer
30/12/2008
Un album d'images en étrennes virtuelles
00:19 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer
27/12/2008
Le Graffiti de tranchées dans le Soissonnais
Un très bel ouvrage historique est paru il y a peu, cet automne 2008, sur les graffiti des tranchées et plus précisément sur ceux des carrières du Soissonnais où les Poilus de l'armée française se reposaient ou étaient casernés, en alternance avec leurs homologues allemands, au gré des avancées et des reculs des deux belligérants. On a retrouvé également des traces du passage de soldats américains dans ces fameuses carrières, où régnait une pénombre trouée de l'éclat de multiples chandelles jetant sur les parois de ces grottes des lueurs et des ombres propices aux caprices de l'imagination.
Personnellement, j'ai découvert vers 1988 l'existence des graffitis de soldats, notamment au Chemin des Dames, grâce à la visite que je fis à l'époque au Musée des Graffiti Historiques de Verneuil-en-Halatte, situé dans l'Oise et animé par Serge Ramond (je m'en suis ouvert notamment dans l'article Un musée des graffiti dans l'Oise, dans Artension n°8 (deuxième série), mars 1989). Ce dernier avait moulé les graffiti incisés dans le tuf des carrières par les Poilus qui allaient parfois jusqu'à dégager de grandes portions de la roche, la creusant, l'évidant jusqu'au bas-relief, jusqu'à la sculpture en trois dimensions. Son musée avait fort belle allure, car Serge Ramond avait reproduit les empreintes positives des graffiti d'origine à partir du plâtre qu'il coulait dans ces moulages. Il leur donnait ensuite une teinte pour leur conférer l'illusion des originaux.
L'éclairage oblique et rasant dans des salles sombres achevait de donner au visiteur l'impression de se retrouver dans les mêmes conditions que les chercheurs de graffiti au fond des oubliettes, des cachots et des carrières. Ramond avait ainsi sauvé de la destruction et de l'oubli (car il y avait, il y a encore, beaucoup de vandalisme dans ces souterrains) un certain nombre de graffiti étonnants. Le musée, aujourd'hui rebaptisé Musée Serge Ramond, possède plus de 3500 moulages. Il ne s'arrête pas aux graffiti de 14-18 mais va bien au delà.
J'en reviens au livre Le Graffiti des tranchées édité par l'Association Soissonnais 14-18. Curieusement, aucune mention n'y est faite du musée et des sauvetages de Serge Ramond, pourtant entreprise parallèle à la leur. Le graffiti en lui-même n'occupe que la seconde moitié de l'ouvrage, la première étant réservée à des courts textes relatifs à des événéments chargés de restituer l'ambiance de l'époque dans cette boucherie absurde que fut la dite "Grande" Guerre. Ce qui n'est pas inintéressant mais laisse tout de même sur sa faim l'amateur pur et dur de graffiti. La perspective des auteurs est avant tout historique, et patrimoniale. L'association a beaucoup fait pour qu'on préserve les graffiti in situ. Certains d'entre eux sont placés en vis-à-vis dans leur état actuel et dans l'état où les ont conservés les cartes postales en noir et blanc de l'époque. Ces dernières se sont en effet intéressées aux Poilus comme elles se sont intéressées par ailleurs aux sites d'art fantastique populaire. Là aussi, elles s'avèrent une source documentaire fort précieuse.
Diverses cartes ont immortalisé ainsi les réalisations sculptées des soldats durant leurs temps de répit entre deux assauts, entre deux coups de dés à la vie à la mort. Et ce ne sont pas des graffiti exceptionnels qui sont montrés mais plutôt la trace d'un moment émotionnel intense, le souvenir d'êtres engloutis dans le carnage et l'oubli du temps, morts pour servir l'indépendance d'un pays en butte à l'emprise d'un autre, hommes jetés en pâture au néant par des officiers absurdement tenaillés par des visions grandioses d'"offensive à outrance" (théorie du général de Grandmaison en 1914).
Les auteurs de ce livre, semble-t-il le premier ouvrage historique à traiter des graffiti des tranchées, on le sent bien, n'ont pas beaucoup de sympathie pour la guerre qui a dévoré les hommes. Leur souci premier est avant tout l'évocation des êtres humains qui ont souffert de cette tragédie, leur tourment étant d'effacer au maximum l'angoisse que ces hommes dont ils recherchent une trace la plus tangible, la plus étoffée possible, aient pu mourir sans qu'on les reconnaisse, sans que leur souvenir ait été fixé. Leurs graffiti sont cette expression qui permet d'étayer leur présence qui nous hante. Expression pour les auteurs du livre, au delà d'être un art.
Pour trouver où se procurer le livre (43 €), on trouvera tous les renseignements utiles en cliquant ici: sur l'association Soissonnais 14-18 (adresse, bon de commande...)
23:44 Publié dans Art populaire insolite, Graffiti | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : graffiti, art populaire militaire, association soissonnais 14-18, serge ramond | Imprimer
24/12/2008
Feu de joy...eux Noël
23:30 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : athènes, noël | Imprimer
21/12/2008
Gasp! Grand rassemblement en Gaspésie
Alors Antoine Peuchmaurd a brisé le silence qui entourait l'origine des sculptures qui ornent la couverture du recueil d'Alice Massénat (voir ma note précédente) en m'indiquant le nom de leur auteur et le lieu où elles se trouvent... Le sculpteur s'appelle Marcel Gagnon. Il semble qu'on puisse le ranger parmi les patenteux contemporains du Canada (ces créateurs analogues à nos inspirés du bord des routes qui bricolent dans leurs jardins des statues naïves, des girouettes et des vire-vents, des maquettes, etc., et qui contrairement aux inspirés européens ne dédaignent pas de les vendre, ce qui met un peu de beurre dans leurs épinards... S'il y a des épinards au Canada). Il a façonné à partir de 1986, en béton armé plus qu'en bois semble-t-il, 80 statues sans bras ni jambes, juste sommées d'une tête ultra simplifiée, qu'il a installées au bord du Saint-Laurent, ce fleuve-estuaire-bras de mer qui ressemble à une mer intérieure. En 2003, il a augmenté ce nombre jusqu'à une centaine de statues. Le tout s'intitule "Le Grand Rassemblement".
Cela se trouve à Sainte-Flavie à l'ouest de la Gaspésie (à l'opposé de la zone où se trouve le Rocher Percé cher à Breton). Marcel Gagnon a un site web où lui et son fils Guillaume font en bons professionnels leur pub pour leurs peintures, sculptures et livres (Gagnon a écrit une histoire à destination de l'enfance sur un "petit prince de Ste-Flavie", ça rappelle quelque chose..., petit prince qui semble vivre sous la mer). Les peintures ne m'enthousiasment guère, c'est assez gentillet. Il y a un restaurant aussi, un gîte, le lieu s'appelle lui-même Centre d'Art Marcel Gagnon. Tout cela respire le bonheur, le tourisme écologique (la Gaspésie, c'est immensément sauvage et pas très peuplée), une poésie de fleur bleue...
Il y a surtout ces statues qui, comme me l'a écrit Antoine Peuchmaurd, viennent du fleuve (car moi au début je les voyais plutôt partir vers l'eau) qui dans ces parages est touché par la marée, ce qui fait que les figures sont périodiquement recouvertes par les eaux. Le créateur a-t-il pris en compte l'usure, le polissage qu'entraînera inéluctablement la baignade répétée de ses statues les plus avancées dans le fleuve? Sans nul doute. Depuis 1992, il a également confectionné des radeaux qui transportent d'autres effigies sculptées en bois cette fois, ballottées de ci de là sur le St-Laurent. Les différents éclairages de la journée, et ceux que l'auteur a installés pour la nuit, qui les métamorphosent continuellement, la situation insolite de ces statues dans un tel contexte naturel sauvage militent pour l'étonnement de ceux qui les découvrent et en font tout le prix. La maison de Marcel Gagnon dont la photo traîne sur internet dans des souvenirs de voyage paraît elle aussi fort insolite, non dénuée de charme (elle montre que M.Gagnon paraît plus à l'aise en trois qu'en deux dimensions). Sa position par rapport au centre d'art n'est pas précisée. A noter enfin que ce site ne paraît pas avoir intéressé les animateurs de la Société de l'Art Indiscipliné.
15:56 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marcel gagnon, environnements spontanés, patenteux du québec, gaspésie | Imprimer
19/12/2008
Une forêt brute cachée derrière des poèmes?
Les éditions Simili Sky de Véronique Loret éditent depuis quelque temps des plaquettes de poésie aux couvertures à chaque fois illustrées d'une photographie (quatre plaquettes parues, dues à Eric Ferrari, Pierre Peuchmaurd, Laurent Albarracin, et Alice Massénat). Les amateurs de poèmes contemporains y trouveront là de quoi satisfaire leur goût d'une poésie exigeante, tandis qu'en ce qui me concerne, j'avais l'oeil plus particulièrement attiré par une photographie insérée sur le recueil d'Alice Massénat, Ci-gît l'armoise.
Cette image a été prise, renseignements pris auprès de Véronique Loret, par Antoine Peuchmaurd, animateur et auteur de deux blogs, la Vie Palpitante d'Antoine P., ainsi que Le Bathyscaphe (voir ci-contre ma liste de "doux liens"), ce dernier renvoyant à une revue d'aspect fort soigné et de contenu idem. La photo de "l'armoise gisante" intriguera tous ceux que l'intervention dite "brute" sur des matériaux naturels titillant l'imagination interpelle. On a à l'évidence affaire ici à une sorte de land art brut ou je ne m'y connais pas. Antoine Peuchmaurd (qui vit et palpite à Montréal où il est aussi libraire) avait transmis deux photos aux animateurs de Simili Sky (merci à Véronique et Joël de me les avoir retransmises) qu'il a prises sur une côte de la Gaspésie (la région du Rocher Percé cher à André Breton, voir Arcane 17).
Pour toute commande, écrire à Simili Sky, c/o Véronique Loret, 9, rue Garibaldi, 93400 St-Ouen. E-mail: v.loret@orange.fr
15/12/2008
Le Gregogna d'Anne Desanlis en DVD
On vient de m'envoyer l'annonce de la sortie en DVD du film Gregogna, "l'anartiste" par Anne Desanlis (et non pas Séraphine... Desanlis). Je répercute l'info en renvoyant les internautes lecteurs à ma note du 9 juillet 2008 aux fins de précisions sur qui est Grégogna et sur les rapports qu'il entretint un temps avec l'inspiré ardéchois Alphonse Gurlhie. Ce film qui date de 2006, figure dans la filmographie du Petit Dictionnaire Hors-Champ de l'art brut au cinéma (Voir note précédente).
10:31 Publié dans Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené-françois gregogna, anne desanlis, alphonse gurlhie | Imprimer
13/12/2008
Un dictionnaire de l'art brut au cinéma
Attendu depuis plusieurs mois avec impatience par les amateurs qui étaient dans le secret des dieux, le Petit Dictionnaire "Hors-Champ"de l'art brut au cinéma vient de paraître, édité par les éditions de l'Antre à Nice.
Hors-Champ est le nom d'une association dont j'ai déjà parlé sur ce blog (voir notamment la note du 22 mai 08 et plus généralement la catégorie "Cinéma et arts populaires") qui se consacre au cours d'une programmation annuelle, durant une journée (fin mai), généralement à l'auditorium du Musée d'Art Moderne de Nice, à faire connaître les documentaires traitant de sujets en rapport avec l'art brut, l'art singulier, les environnements spontanés, l'art populaire contemporain en somme. Cela fait dix ans cette année qu'ils font cela. Ce qui explique qu'ils aient voulu marquer le coup en éditant donc une filmographie, enrichie de souvenirs d'un certain nombre de participants, réalisateurs, chroniqueurs et amateurs de ces formes d'art, filmographie récapitulant les films qui furent montrés à Nice durant cette décennie.
Ce dictionnaire comporte une filmographie, non exhaustive naturellement, d'abord parce que le champ a été peu fouillé par les historiens patentés du cinéma (l'"art brut" et le cinéma documentaire, qu'est-ce que c'est que cet OVNI?) et ensuite parce que l'information sur le sujet passe mal (cause au mépris, à l'indifférence, à l'amateurisme, à l'ignorance...), une filmographie donc mais aussi des textes réunis sous le titre général "A propos". Liste de quelques-uns des auteurs présents dans le dictionnaire: Bernard Belluc, Alain et Agnès Bourbonnais, Guy Brunet, Jean-Claude Caire, Francis David, Antoine de Maximy, Mario Del Curto, Pierre Guy, Claude Lechopier, Philippe Lespinasse, Jacques Lucas, Francis Marshall, Claude Massé, Bruno Montpied (trois textes, un sur mes films super-8 sur des environnements -réalisés de 1981 à 1992- un autre sur Violons d'Ingres de Jacques Brunius, un troisième sur Gaston Mouly), Lucienne Peiry, Jano Pesset, Claude et Clovis Prévost, Alain Vollerin, Anic Zanzi...
A côté des ces "A propos", on a des fiches, 107 au total, décrivant les caractéristiques des films avec des commentaires sur leur contenu, écrits par les réalisateurs eux-mêmes ou d'autres intervenants, des membres de l'association Hors-Champ notamment. Ces fiches traitent des films qui ont été programmés au cours de la décennie récente. Le livre se clôt sur un festival d'index dans lesquels le lecteur se perdra un peu, ce qui est sans doute le but des auteurs du dictionnaire (index qui sont par moments superfétatoires puisque les fiches des films sont déjà classées par ordre alphabétique)...
La filmographie n'est pas présentée dans l'ordre chronologique des années où furent réalisés les films, mais là aussi dans un ordre alphabétique. Cela me chiffonne quelque peu. Je préfère l'ordre chronologique qui nous en apprend davantage sur l'histoire du regard porté au fil du temps sur le champ des arts spontanés (sur la naissance d'une certaine forme de reconnaissance, sur son développement, etc.). D'autre part, il est à noter que si Hors-Champ et Pierre-Jean Wurtz ont privilégié au cours de ces dix années les films documentaires où l'on voit les créateurs vivant en train de créer ou de s'exprimer devant la caméra, la filmographie a tout de même pris en compte in extremis dans son recensement quelques films de fiction, dont le récent Séraphine de Martin Provost par exemple, le Aloïse de Liliane de Kermadec (de 1974), ou encore le Pirosmani de Giorgui Chenguelaïa (1969).
Chacun, dans les 107 fiches de films, ira pêcher les films qui le concernent intimement. J'ai mes chouchous, et je me réserve le droit de publier ici un de ces jours ma liste de films que je considère comme les plus importants, choix subjectif que j'offrirai en partage avec ceux qui me feront l'amitié de les considérer eux aussi comme capitaux, ou bien qui voudront tout au contraire les discuter. Jacques Brunius, comme on commence à le savoir si on me suit sur ce blog, est notamment le cinéaste et le poète à qui vont mes préférences, mais il y a aussi Jean Painlevé (sur lequel bizarrement le dictionnaire n'a pas fait de fiche), le film sur "Justin de Martigues" de Vincent Martorana, le film Mokarrameh, soudain elle peint, d'Ebrahim Mokhtari, Martial, dit l'Homme-Bus de Michel Etter, le Petit-Pierre d'Emmanuel Clot, le Faiseur de Marmots (sur François Michaud) de Malnou et Varoqui, les films de Claude et Clovis Prévost, celui d'Ado Kyrou sur le facteur Cheval, Monsieur Poladian en habits de ville, etc, etc...
Sinon, les amateurs d'art brut, hors-les-normes, d'environnements spontanés, de sculpture populaire, retrouveront aussi, bien sûr, des sujets souvent cités dans les publications spécialisées, comme Raymond Reynaud, Arthur Vanabelle, la Collection Prinzhorn, les Châteaux de sable de Peter Wiersma d'Emmanuel Clot, Alain Genty, Nek Chand, Léna Vandrey, Fenand Michel, Guy Brunet, Emile Ratier, l'Art Modeste, l'art singulier d'Essaouira, Pierre Petit, Philippe Dereux, et tant d'autres merveilles...
Au total, nous avons là un outil fort précieux à l'évidence pour tous ceux qui souhaitent partir en voyage à travers l'écran du côté des créateurs autodidactes en rêvant de partager un peu de leur intimité (sans compter que le cinéma constitue aussi une archive importante aidant à se souvenir de sites, d'oeuvres et de créateurs qui disparaissent souvent sans laisser beaucoup de traces, tant le réflexe de patrimonialisation ne les atteint pas encore systématiquement -loin de là...). L'image en mouvement, art populaire à l'origine, permet un rapprochement en apparence plus immédiat avec l'art de l'immédiat, rapprochement que l'imprimé ne permet pas toujours. Comme un surcroît de réalité à laquelle vient cependant se mêler une grande part d'onirisme révélant bien que ce réel est peut-être avant tout surréel. Il reste à faire le voeu que la plupart des films montrés à Nice soient un jour tous disponibles en DVD (c'est loin d'être le cas pour la majorité).
Je signale que Le Petit Dictionnaire "Hors-Champ" est notamment disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le XVIIIe ardt à Paris. Sinon, pour l'obtenir, on peut contacter le 04 93 80 06 39, ou écrire à l'Association Hors-Champ, 18, rue Marceau 06000 Nice.
12/12/2008
Adieu Bettie
10:41 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : betty page, érotisme naïf | Imprimer
La revue qui vous attire dans les recoins
Dimanche 14 décembre à partir de 15 heures, à l'auditorium, la revue Recoins veut faire comme tout le monde, se présenter au public des amateurs d'arts populaires et buissonniers, ainsi qu'aux amateurs de littérature qui fréquentent pour alimenter leurs addictions la Halle Saint-Pierre, à Paris dans le XVIIIe ardt (rue Ronsard). Pour ce faire elle a prévu un petit programme avec un "diaporama" (assisté par ordinateur, espérons que ça ne ramera pas...) présenté par votre serviteur (nous avons collaboré au n°2 de la revue), balade dans des images fort variées qui doit servir à naviguer depuis les rives de l'art populaire du temps jadis jusqu'aux terres de l'art naïf insolite, de l'art brut, des environnements spontanés, avec l'espoir que l'on puisse à la faveur des 150 images prévues pour être montrées dégager la notion d'art immédiat...
Emmanuel Boussuge, l'un des animateurs et des fondateurs de Recoins, revue basée à Clermont-Ferrand, viendra également nous parler des "irréguliers" qu'il déniche en Auvergne (nous lui avons signalé un site, dû à un certain M.Goldeman, toujours en cours d'évolution à St-Flour, que nous avions découvert au cours d'une randonnée il y a quelques années ; à son actif, il a découvert un autre site, peut-être plus intéressant, celui de François Aubert dans le village d'Antignac dans le Cantal ; il a du reste publié une étude à ce sujet dans le n°2 de la revue). Puis un autre collaborateur de Recoins, Franck Fiat, clôturera le programme en projetant un film réalisé par lui en compagnie de David Chambriard, Huile de Chien, tirée de l'excellente nouvelle fantastique de l'auteur américain Ambrose Bierce). Un pot pour les soiffards est prévu ensuite...
07/12/2008
Pour ceux qui voudraient se faire dire la bonne aventure
Samedi prochain 13 décembre, à la galerie l'Usine, ce petit lieu associatif légendaire dans le milieu du surréalisme contemporain et des arts singuliers, animé depuis quoi, trente ans?, par Claude Westerberg, par ailleurs animatrice de la revue Empreintes, aura lieu le vernissage de l'exposition La Bonne Aventure. Trois artistes sont présentés: Josette Exandier, disparue prématurément il y a peu, qui était membre du groupe de Paris du mouvement surréaliste et auteur d'un ensemble séduisant et mystérieux d'assemblages d'objets, trophées ou boîtes. A côté d'elle, deux collagistes, Jean-Christophe Belotti, animateur autrefois de la petite revue poétique Le Poisson-Coffre, et Pierre Rojanski, naguère libraire à Paris de l'enseigne L'Or du Temps (du temps où elle était, rue du Cardinal Lemoine, une librairie sans prétention et fort sympathique) et aujourd'hui libraire à Montolieu dans le Midi (un village du livre). C'est à partir de 19h. Et c'est prévu pour durer jusqu'au 20 décembre, ce qui est assez court...
17:57 Publié dans Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collages, josette exandier, j-ch.belotti, pierre rojanski, galerie l'usine | Imprimer
Dictionnaire du Poignard Subtil
APPELER UN CHAT UN CHAT:
"...notre siècle mériterait que l'on tente de faire de la vie un drame véridique et non plus simulé et que l'on résolve pour la première fois dans l'histoire la fameuse contradiction entre les mots et les actes. Comme ceux-ci, à ce qu'enseigne assez l'expérience, ne sauraient être corrigés, et comme on ne peut demander aux hommes de s'épuiser à tenter l'impossible, il nous reste un moyen à la fois unique et très simple, bien que jamais exploité jusqu'à ce jour: user autrement des mots et appeler une fois pour toutes les choses par leur nom."
(Giacomo Leopardi, Pensées, traduction Joël Gayraud, éditions Allia)
01:34 Publié dans DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giacomo léopardi, joël gayraud | Imprimer
06/12/2008
Land art modeste
Voici un clown surgi de coquelicots alliés à une coquille d'escargot et un débris difficile à identifier qui lui trace un sourire en coup de sabre... Puis, plus bas, un chien de l'enfer, trés échevelé, très hirsute (pour faire de de l'hir-zutisme). Ce sont là passe-temps fort agréables, préférables à toutes autres tâches, surgissant du désoeuvrement, en l'occurrence dans un jardin à Olonne-sur-Mer, chez le sieur François Letourneau, grand observateur d'escadrille d'oiseaux le soir entre chien et loup, cet été enfui après tous les autres (les étés fuient plus vite que toute autre saison)... Ces assemblages éphémères -land art du pauvre, quoique sincère, et on l'espère, primesautier- lui sont dédiés.
02:29 Publié dans Art singulier, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : land art, poésie naturelle, assemblages éphémères, bruno montpied | Imprimer
02/12/2008
Jus de Pommeraie chez Objet Trouvé
La galerie Objet trouvé, rue de Charenton dans le 12e arrondissement à Paris expose quelques créations venues du Centre de la Pommeraie en Belgique.
Ce home pour artistes handicapés abrite des créateurs tout à fait originaux comme on commence à le savoir. Alexis Lippstreu est notamment présent dans cette expo (avec aussi Michel Dave, Jean-Michel Wuilbeaux, Daniel Douffet), avec ses oeuvres qui sont comme des réductions d'oeuvres de la peinture savante, au sens de la cuisine, réduction d'une sauce. Vélasquez, par exemple, pourrait mijoter un bout de temps dans la cervelle de Lippstreu et en ressortir plus nu, plus pur, stylisé, dépouillé à l'extrême. L'art savant se voit ainsi repris par lui (comme par secrète nécessité) et passé à la moulinette. Ses figures douces et pensives posées devant d'immenses espaces gris font songer à des enfants qui attendent on ne sait trop quoi interminablement...
23:53 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paul duhem, alexis lippstreu, la pommeraie, galerie objet trouvé | Imprimer
01/12/2008
Nathan Lerner, l'inconnu de Chicago que nous devrions mieux connaître
J'ai toujours entendu parler de Nathan Lerner et de sa femme Kiyoko Lerner par le biais des expositions ou des catalogues consacrés à l'existence et l'oeuvre hors du commun d'Henry Darger, cet homme solitaire et replié sur lui-même qui créa des kilomètres de manuscrits et de fresques où il donnait libre cours à son invention de pays imaginaire où se déroulaient des combats homériques et parfois sanglants entre des bataillons de petites filles nues et de glaçants adultes acharnés à les vaincre et les étriper... On sait que ces deux-là logeant Darger dans un studio à Chicago, à la mort de ce dernier, découvrirent médusés ces manuscrits gros de milliers de pages illustrées.
Or, qui était Nathan Lerner (disparu en 1997) ? Le musée d'art et d'histoire du judaïsme (le MAHJ) s'attaque à la question du 13 novembre 2008 au 11 janvier 2009. On y apprendra entre autres qu'étant né en 1913 et ayant vécu semble-t-il toute sa vie à Chicago, y ayant étudié au New Bauhaus fondé dans cette ville en 1937 par Lazlo Moholy-Nagy, alors réfugié d'Allemagne, il pratiqua la photographie notamment en captant la vie du quartier populaire de Maxwell Street à Chicago fréquenté par les émigrés juifs d'Europe de l'Est (fuyant les pogroms, la misère et la conscription russe), plus dans une perspective de composition plastique que dans un esprit documentaire. Il semble que cette recherche fut avant tout expérimentale ne visant nullement à conférer à son auteur une position de spécialiste. Commencée au moment de la Grande Dépression des années 30 aux USA, elle fut menée en toute indépendance par le photographe. La rencontre, bien ultérieure (dans les années 80 il me semble), avec l'art brut, incarnée par la découverte de l'oeuvre cachée de son locataire Henry Darger, selon l'intuition que j'en ai, pourrait bien être très peu le fruit d'un hasard pur... Après la Seconde Guerre Mondiale, et après la mort de Moholy-Nagy, Nathan Lerner se tourna davantage vers le design, ce qui était un prolongement d'une recherche marquée par le sens de la mise en relation de l'homme avec toute chose, quêtant pour ce faire des moyens d'expression interdisciplinaires. Cette exposition me paraît pour toutes ces raisons parfaitement alléchante, isn't it...?
Le MAHJ se trouve dans l'Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, 75003 Paris. Se reporter au lien placé ci-dessus pour de plus amples renseignements d'ordre pratique ou pour connaître les animations présentées dans le cadre de cette expo (Le 19 novembre par exemple, a déjà eu lieu un récital de piano par Kiyoko Lerner). Un catalogue est édité à l'occasion de l'exposition.
19:31 Publié dans Art Brut, Art moderne méconnu, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nathan lerner, lazlo moholy-nagy, musée d'art et d'histoire du judaïsme, henry darger | Imprimer
Sciapode en centre de redressement
Spéciale dédicace à une chercheuse d'acrobaties qui passe de temps à autre par ce blog quêtant quelques pirouettes, cette petite animation fort embryonnaire je le reconnais: Sciapode en redressement.gif
02:01 Publié dans Sciapodes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sciapodes, bruno montpied | Imprimer
24/11/2008
Roule galet
La mer les roule inlassablement leur assurant ce poli qui aimante les artistes d'occasion. Ces surfaces lisses comme des joues de bébé donnent furieusement envie de dessiner dessus, non? Je suis personnellement assez amateur de la chose. J'ai des petits galets en stock, trouvés sur une plage de Charente-Maritime dont on ne doit pas dévoiler le nom, car ses galets parfaitements plats, gris pâle, bien calibrés, point trop lourds, pourraient se faire piller par les badauds. J'en ai fait quelque peu provision. Je sais, ça n'est pas très écologique, mais le démon était plus fort que moi.
Jacques Boyer, sans titre (Raspoutine?), 1978, ph.B.Montpied, 2008
Il n'y a pas qu'au bord de la mer que les galets sont charriés. Une fois peints, ou sculptés (là, je pense aux galets aux dessins archaïques de Jean Pous par exemple), les voilà qui commencent comme d'autres objets leurs voyages de main en main au gré de leur navigation plus terrestre cette fois. Ils font des arrêts dans les brocantes et autres vide-greniers. C'est là que furent dénichés les deux galets que je reproduis ici, signés tous deux du même nom, Jacques Boyer, et datés de 1978.
Leur dessin, peut-être de l'encre, est étrange sans pouvoir être qualifié de vraiment naïf, ou de brut. Certains amis lui ont trouvé un air s'apparentant aux bandes dessinées de Fred (le monde de Philémon avec ses voyages dans le A...). Personnellement, l'un des personnages du galet plus effilé me fait songer à Raspoutine. On sent comme une parenté avec les icônes russes orthodoxes. Si les internautes de passage pouvaient apporter des renseignements supplémentaires, j'en serais très heureux.
02:26 Publié dans Art immédiat, Art populaire insolite, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jacques boyer, galets peints, art immédiat | Imprimer
16/11/2008
Info-miettes
C'est le moment de communiquer diverses petites informations qui me parviennent, sans que je sois tout à fait fixé à leur égard, mais ça peut servir à d'autres, alors...
1. Exposition à partir du 18 novembre (mardi prochain) jusqu'au 12 janvier 2009 de M. Ch.Rouffio au Nouveau Latina (www.lelatina.com), 20 rue du Temple, à Paris 4e, qui présente des photographies apparemment sur le thème d'affiches lacérées, cela s'appelle finement "Défonce d'afficher".
2. Dans le numéro 73 de la revue La Grappe, Claude Dehêtre (poète amateur de boucheries-charcuteries semble-t-il et entre autres) présente quelques facettes du travail de Chomo. Revue de format 10,5 x 14,8 cm, 60 p., tirée à 120 ex, 5€ (port compris). (Claude Dehêtre 4 Cité Souzy 75 011 Paris. Chèque libellé à l’ordre de La Grappe).
3. Exposition Martin Udo Koch du 22-11-08 au 14-02-09 à la Galerie du Madmusée, Parc d'Avroy, 4000, Liège, Belgique. A signaler également à propos de ce musée qui se consacre à défendre entre autres ce qu'il appelle l'Art Différencié (l'art de ceux qui ont des capacités intellectuelles différentes, déficientes par certains côtés, hyper-développées par d'autres), la parution d'un catalogue de 312 pages (30€) présentant la collection du Madmusée (1998-2008), forte des oeuvres de 214 artistes et auteurs. On peut contacter le musée à info@madmusee.be .

7. Jean-Pierre Paraggio publie un fort magnifique recueil d'images récemment créées par lui, le long desquelles Pierre Peuchmaurd a déposé quelques poèmes, quelques vues. Le tout s'intitule "La Nature chez elle". Imprimé sur les presses de l'Umbo (à compte d'auteur) par les auteurs, à Annemasse.
18:01 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rouffio, dehêtre, chomo, madmusée, paraggio, péret, fillaudeau | Imprimer
Doudous mascottes
Une internaute lectrice du blog m'a transmis une photo de doudou qu'elle transporte paraît-il souvent avec elle (je ne sais rien de son âge, mais peu importe, peut-être est-ce en l'occurrence une sorte de mascotte, le doudou étant alors un porte-bonheur d'adulte après avoir été l'objet transitionnel de l'amour enfantin). Sa face fut-elle grignotée par un bébé affamé? Ce visage porte les stigmates d'une lèpre affectueuse, énormément affectueuse (mot qui contient "tueuse")...
16:28 Publié dans Art de l'enfance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doudous, leslie cazenove, philippe lalane | Imprimer
14/11/2008
Aptonymes clermontois
" (...) Quelques aptonymes clermontois pour la bonne bouche : Docteur Bigler, orthoptiste et M. Supplisse, directeur de la prison de Clermont.
Bien à vous, Régis Gayraud."
("Orthoptiste", spécialité paramédicale qui consiste en rééducation de l'oeil atteint de troubles tels que le strabisme par exemple.)
10:59 Publié dans Noms ou lieux prédestinants | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : aptonymes, noms prédestinants, clermont-ferrand, régis gayraud | Imprimer
11/11/2008
Gabriel Albert, on cause de lui chez Bernard Maingot
Juste ici noter ce blog où, à l'occasion de la journée de visite du jardin de Gabriel Albert, en juin 2008, M. Bernard Maingot a publié un reportage fourni et efficace: suivez le lien que j'appose à partir d'aujourd'hui dans la liste des "doux liens", ou cliquez ici. On y trouve quantité de photos de qualité identifiant un certain nombre de statues de Gabriel Albert, Napoléon, Goulebenèze, Chirac, Landru, etc... On y fait le point sur les idées de sauvegarde du site également sur un ton fort objectif.
13:01 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gabriel albert, michel valière, bernard maingot | Imprimer
09/11/2008
Mosaïque d'Isère avant l'hiver, "l'art partagé" de Rives
L'association Oeil'Art de Jean-Louis Faravel organise une grande exposition d'oeuvres venue d'un peu partout, Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, France et Tunisie, à Rives dans l'Isère du 15 au 30 novembre 2008 (c'est la seconde édition). En plus des créateurs convoqués (la liste est longue, j'ai compté 51 noms, 51 images en vignettes pour carrelage sur l'affichette qui sert d'invitation - "carrelage" qui a tendance à devenir envahissant chez les organisateurs de festivals "singuliers", mais qui ne rend pas service aux artistes je trouve, tous s'annulant dans une mosaïque bariolée qui au départ se voulait pourtant hyper démocratique ; résultat paradoxal de ces cartons d'invitation: on ne voit plus personne...), des animations sont aussi organisées au cours de l'expo: une conférence d'Alain Bouillet sur les rapports entre l'art singulier et l'art brut, une autre de Bruno Gérard, l'artiste-enseignant du Centre de la Pommeraie en Belgique (où travaillait Paul Duhem, et où travaillent encore aujourd'hui des excellents peintres comme Oscar Haus, ou Alexis Lippstreu, présents, comme l'oeuvre de Duhem, dans cette expo de l'Art Partagé). Des ateliers de création sont également prévus avec Adam Nidzgorski (tapisseries, tissus cousus) et Bruno Gérard (matériaux divers, peinture).
Parmi les 51, j'ai relevé plusieurs noms dont l'oeuvre m'a déjà passablement retenu à différents moments, Pierre Albasser, Jean-Christophe Philippi, Ruzena (évoquée récemment pour son expo à Lyon en ce moment), Jacques Trovic, Adam Nidzgorski, Gilles Manero,
Lippstreu et Haus donc, l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste le patriarche de l'art singulier, Charles "Cako" Boussion, Michel Dave (autre créateur de la Pommeraie), Serge Delaunay (vient d'Art en Marge celui-ci, me semble-t-il), Marie-Jeanne Faravel, Roger Ferrara, Claudine Goux, Martha Grünenwaldt, Josef Hofer (art brut pur jus), Yvonne Robert (chacune de ses oeuvres est un petit récit, l'oeuvre entière est comme un feuilleton éclaté)...
S'il faut saluer la volonté de Jean-Louis Faravel d'opérer une sélection exigeante dans le torrent des artistes contemporains qui se parent du terme d'art singulier de façon plus que complaisante (au point qu'il n'y a plus aucune différence entre art contemporain d'arrière-province et art véritablement singulier), peut-on avoir l'outrecuidance de lui suggérer de rompre avec cette mode proche du poncif qui consiste à prendre comme nom pour son association un de ces calembours éculés basés sur l'emploi de la syllabe "art"...? Zon'art, Biz'art-Biz'art, D'art-d'art, Oeil'art, Singul'art, Hazart, Artension, Pan'art (celui-ci j'aurais pu, sacrifiant à la mode du calembour facile, me l'octroyer, vu mon patronyme aisément recyclable en jeux de mots lourdingues, n'est-ce pas Animula, qui se présente pourtant en apôtre de la légèreté -voir un récent échange de commentaires aigre-doux sur son blog),etc... Rompre avec cette tendance serait vraiment faire preuve de singularité en l'espèce... Non?
"L'Art Partagé", du 15 au 30 novembre 2008, de 15 à 19h tous les jours (entrée libre) à Rives (Isère), Parc de l'Orgère, salle François Mitterrand, (sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché, pour ceux qui ont une voiture...). Tous renseignements: Oeil'Art, Jean-Louis Faravel, 33 (0)6 67 01 13 58. oeil'art@orange.fr et http://www.artoutsimplement.canalblog.com.
A signaler que la Galerie Hamer, à Amsterdam, propose du 1er novembre au 13 décembre une exposition où l'on retrouve Alexis Lippstreu.
19:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : faravel, albasser, josef hofer, nidzgorski, centre la pommeraie, art singulier, yvonne robert | Imprimer
De la sirène d'Europe à la Mami Wata, sirène africaine
Cela fait longtemps qu'en rêvant à mon sciapode, emblème et logo que je me sens davantage que d'autres (les éditions Zoé en Suisse par exemple) fondé à brandir, étant donné mon patronyme, cela fait longtemps que je me dis que si je devais trouver une épouse à mon sciapode, son pendant féminin ne saurait être autre qu'une sirène.
Cela recoupe mon histoire sentimentale, j'ai connu il y a des lustres une femme, désormais disparue, qui était fascinée par ces mêmes sirènes, ayant été sans doute l'une d'entre elles dans une vie onirique parallèle. Elle avait commencé une esquisse de collection sur ce thème. Cela n'avait pas été loin. Cependant, pendant les mois de gestation intra-utérine de ce qui allait devenir par la suite sa charmante fille, elle la rêva comme une sirène, ce à quoi ressemblent les foetus d'ailleurs...
Ce rapport aux sirènes connut un épisode posthume assez merveilleux. Cette amie avait fait planter un rosier devant sa maison en Brière. D'une variété nommée Mermaid... Quelques semaines après sa disparition, nous nous trouvions, sa fille (âgée alors de douze ans), son mari et moi ensemble dans cette maison. Un matin, en sortant sur le pas de la maison, sa fille eut la surprise de voir qu'une des roses de l'arbuste s'était tournée vers le seuil, avec cette étrange impression que la rose la regardait... J'apprends à cette occasion le nom de cette variété de rose. Mermaid veut dire Sirène comme on sait. Je me demande si la disparue savait le nom de la rose, sans doute que oui, connaissant son goût pour les coïncidences. Mais alors, dans un second temps, le mot sonne autrement, j'entends tout à coup: Mère m'aide... Signal post mortem d'une mère errant parmi les choses, du souvenir de la mère flottant dans le décor de sa vie pour une petite fille désormais orpheline?
L'iconographie sur la sirène est vaste et variée, bien davantage que sur les sciapodes, bien moins connus. Elle contient parfois des images un peu effrayantes, comme ce bébé en bocal que garde paraît-il le musée de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort (signalons au passage à nos lecteurs qu'il vient de réouvrir après deux ans de travaux de restauration, merci à Jean-Raphaël pour l'info), ou des images plus sensibles comme cette sirène peinte sur un bombardier pas spécialement conçu pourtant pour l'expression de la sensibilité...
Enfant-"sirène", musée Fragonard de Maisons-Alfort ; les jambes soudées par malformation les font assimiler à une queue de poisson



02:31 Publié dans Art populaire religieux | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : mami wata, sirènes, éwé, sciapodes, dettinger-mayer | Imprimer
02/11/2008
Le pilote Pollet et son épouse, cherchez le prédestinant...
Allez savoir où se nichent les noms prédestinants... Je collectionne les cartes postales anciennes par rapport aux sites d'art insolite populaire. Un jour mon choix s'est arrêté sur le portrait du "Pilote Pollet", patron d'un canot de sauvetage, le poitrail bardé de médailles, l'oeil clair du sauveur sûr de lui. Pas de patronyme prédestinant en ce qui le concerne, ne cherchez pas.
Non, par contre, il faut retourner la carte pour trouver de quoi se sustenter. Elle donne un petit texte chargé de raconter la vie de la famille Pollet. Si un des aïeux de notre pilote fut un corsaire dont les exploits furent contés par Hector Malot dans son roman Les corsaires [C'est du moins ce qu'on lit au verso de cette carte, car d'après le commentaire, et la correspondance privée que j'ai reçus suite à cette note, il apparaît que ce ne serait pas Hector Malot qui aurait écrit ce roman "Les Corsaires", mais bien plutôt un certain HENRI MALOT (peut-être copain avec Henri Maillant, Henri Golan, Henri Dicul, etc.)... Note du 21 déc. 2008], ce n'est pas non plus de ce côté que s'est porté mon intérêt. La notice énumère ses médailles, il eut la Légion d'Honneur entre autres, mais ce n'est pas encore ce qui m'a surpris... Non, il faut attendre le bas de la note biographique pour tomber sur ces lignes étonnantes: "Il épouse l'an 1884 Marie-Catherine Danger, journalière"...
Quoi d'étonnant, que cet homme ait épousé la Danger, étant donné ses états de service?
08:00 Publié dans Noms ou lieux prédestinants | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : pilote pollet, noms prédestinants, aptonymes | Imprimer
01/11/2008
Dictionnaire du Poignard Subtil

FAMILLE:
"Les morts ont de la chance : ils ne voient leur famille qu'une fois par an, à la Toussaint."
(Pierre Doris ; cité dans Elizabeth Quin, Le livre des vanités, Editions du Regard, Paris, 2008)
08:00 Publié dans Danse macabre, art et coutumes funéraires, DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre doris, famille, toussaint | Imprimer