23/04/2009
Robert Giraud, le copain qui sort de l'ombre de Doisneau
Olivier Bailly annonce la parution de son ouvrage sur Robert Giraud pour le mercredi 22 avril chez Stock, collection Ecrivins (oui, je sais, le calembour vaut ce qu'il vaut...). Monsieur Bob, tel est son titre. Une biographie, une évocation que tous les lecteurs du blog que tient Olivier Bailly, Le Copain de Doisneau, devineront fort bien documentée. Son blog distille en effet, depuis au moins deux ans je crois, toutes sortes de témoignages, photos, documents divers sur Robert Giraud.
Ce dernier est un écrivain, dont on réédite du reste par la même occasion Le Vin des rues chez le même Stock (l'année dernière avait déjà vu la parution au Dilettante d'un excellent recueil de ses reportages, Paris, mon pote), mais plus encore un amoureux du Paris populaire et de son "fantastique social" comme le nommait paraît-il Mac Orlan. Fantastique social, monde des figures de la rue que Paris, en dépit du vandalisme institutionnel des bourgeois, n'a jamais cessé de produire (il aurait peut-être même en ces temps de misère et de folie sociale tendance à s'épanouir...).
Giraud connaît bien le monde de la nuit parisienne, les petits malfrats, les clochards, et se situe comme écrivain en successeur d'une tradition littéraire et artistique qui remonte à Fargue, Francis Carco ou Brassaï, et peut-être au delà à Lorédan Larchey, et aux chroniqueurs du Paris excentrique du XIXe siècle (Yriarte, Champfleury, etc.). Il connaît les rades où l'on boît du bon vin, il les chronique dans L'Auvergnat de Paris. Sa route (mauve) croise celle de l'art brut à un moment (il devient un temps le "secrétaire" de Dubuffet pour la collection de l'art brut en train de se monter). Son frère Pierre Giraud est un moment exposé dans le cadre des premières manifestations de l'art brut au moment où Dubuffet cherche la définition de sa notion (juste après la seconde guerre). Giraud et lui se quitteront en mauvais termes, semble-t-il, puisque dans la suite des années Giraud parlera de Dubuffet comme d'un "cave"... Il écrit diverses chroniques sur des autodidactes inspirés (comme Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, sur qui il sera le premier à écrire, et qu'il interviewera). Surtout, il fait paraître, avec son complice de toujours, Robert Doisneau, ainsi qu'avec Jacques Delarue, un fort bon livre sur les tatouages populaires, Les Tatouages du "Milieu" (réédité en 1999 aux éditions L'Oiseau de Minerve). Mais d'autres livres, sur l'argot d'Eros ou celui des bistrots, des romans aussi, sont à mettre à son crédit.
Je ne m'étends pas davantage. Rendez-vous avec ce flâneur des deux rives (d'un fleuve qui ne charriait pas que de l'eau) en lisant le bouquin d'Olivier Bailly qui nous promet d'entrer dans l'intimité de ce monsieur Bob comme si on y était.
Ci-dessous, un échantillon du style de M.Bailly, ça donne envie d'en lire davantage, non?
"Tracer le portrait de Bob Giraud, c'est facile. Bien que sécot, il est choucard. Il plaît aux frangines à cause qu'il a un petit air voyou. Ses crins drus et droits tombent en gouttes de pluie. Ca lui donne l'air d'un hérisson. Son nez: un bec d'oiseau. Au marigot fédérateur que l'on appelait jadis le comptoir, on nomme cet animal le pic-verre. Maigre comme un chat. Tel est le faune. Au mental, un brin solitaire. Il a ses têtes. Celles qui lui reviennent, il leur paye un canon. Les autres, c'est des cons." (Olivier Bailly, Giraud, mon pote, présentation de Paris, mon pote, éd. le Dilettante, 2008)
22:04 Publié dans Art Brut, Fantastique social, Littérature | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : olivier bailly, robert giraud, robert doisneau, fantastique social, paris populaire | Imprimer
20/04/2009
Libérez Pierre Etaix, ou du moins ses films
Je répercute cet appel que m'a transmis Mme Myriam Peignist, que je remercie ici:
"Chers amis,
A quatre-vingts ans, Pierre Etaix, clown, dessinateur et cinéaste ne peut plus montrer ses films !!
Ses cinq longs métrages (dont quatre co-écrits avec Jean-Claude Carrière) sont aujourd'hui totalement invisibles, victimes d'un imbroglio juridique scandaleux qui prive les auteurs de leurs droits et interdit toute diffusion (même gratuite)de leurs films.
Alors, si comme moi, vous souhaitez comprendre les raisons de ce rapt culturel et signer la pétition pour la ressortie des films de Pierre Etaix, visitez ce lien: http://sites.google.com/site/petitionetaix/
N'hésitez pas à faire suivre ce mail à tous vos contacts et amis avant le 10 mai 2009, date de remise de la pétition à Madame Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication.
Par avance, merci de votre aide.
NB for English speaking friends: You can sign the petition for the re-release of Pierre Etaix'film HERE: http://www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix/index.h...
Thanks "
Effectivement, je me demandais pourquoi on ne songeait nulle part à ressortir les films de Pierre Etaix, alors que celui-ci est toujours parmi nous, bien vivant, que c'est un immense créateur, peu commun, en marge de tout ce qui existe. Et notamment son film Yoyo que je me souviens avoir vu à sa sortie, alors que j'étais enfant et qui m'avait ennuyé à l'époque tout en me laissant un souvenir qui s'est bonifié avec le temps, me relançant périodiquement pour me dire, tu devrais le revoir, vérifier, c'était trop tôt, ce doit être un chef-d'oeuvre...
23:46 Publié dans Cinéma et arts (notamment populaires) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pierre etaix, yoyo | Imprimer
15/04/2009
Madeleine Lommel n'est plus...
J'ai lu en cherchant ce qui pouvait se trouver sur la Toile au sujet de Madeleine Lommel les voeux d'un blogueur qui souhaitait à cette dernière, au début de l'année, de ne pas refuser la paix si elle s'offrait à elle en 2009. Propos devenus ces jours-ci étrangement ambigus. Madeleine l'a de fait trouvée cette paix, malheureusement pour l'éternité... Et c'est une part de miracle qui s'en est aussi allé avec elle.
Sacrée bonne femme... Le Château-Guérin, à Neuilly-sur-Marne en sera désormais hanté. C'est dans ce bâtiment prêté à l'association l'Aracine par la mairie que Madeleine Lommel, Claire Teller et Michel Nedjar commencèrent d'abriter en dur la petite collection d'art brut qu'ils avaient déjà exposée en 1982 (leur première exposition, où j'étais allé, avait eu lieu dans une maison de la culture à Aulnay-sous-Bois, elle s'intitulait "Jardins barbares"; elle fut suivie d'une autre en 1983 dans une salle d'exposition éphémère du Forum des Halles à Paris). 1984 fut l'année d'ouverture du petit musée de Neuilly-sur-Marne. On y fit nombre de découvertes, Robillard venait déjà avec son accordéon, j'y rencontrai Gaston Mouly, Maugri, dans les premiers temps, lorsqu'il n'était pas rare de rencontrer des auteurs d'art brut en chair et en os (car cela se fit plus rare au fil du temps). Toutes sortes de mordus de l'art brut, écrivains, collectionneurs, amateurs désargentés, entremetteurs divers, artistes, libraires, etc, venaient faire un tour aux vernissages. Les trois fondateurs de l'Aracine, dont Madeleine était à l'évidence l'âme (lame?) décisive, eurent le mérite de créer ce lieu, ce foyer de rencontres autour d'une source de création secrète, clandestine, qui permettait d'aider à vivre au milieu des eaux froides du calcul égoïste.
Certes, elle était connue pour son caractère difficile. Je me rappellerai toujours à quel point elle règnait en maîtresse absolue sur son petit royaume de Château-Guérin, se servant parfois des aides bénévoles comme de vulgaires kleenex... Elle avait sa vision de l'art brut, moins déconnectée vis-à-vis de ses racines populaires que dans les théories de Dubuffet et Thévoz, ce qui aida à ce que je ne perde pas le contact avec elle le temps passant, l'internet, avec ses distances, permettant des relations plus attentives avec de tels personnages, davantage que les contacts directs. Elle avait été ouvrière, dans la coiffure, à ce qui avait été écrit dans la petite brochure éditée pour Les Jardins barbares (l'expo d'Aulnay-sous-Bois). Et ses opinions politiques se portaient plutôt vers les communistes. Etait-ce pour ces raisons que son coeur penchait aussi vers les gens de peu, et croyait à leur rédemption par la grâce de la création sauvage? Sans doute... elle avait un faible pour les vieillards en particulier, allant jusqu'à imaginer un art sénile, aux styles caractéristiques. Elle-même dessina durant un temps, mais il semble qu'elle abandonna par la suite (à vérifier cependant), touchée par des critiques qui lui avaient fait remarquer la proximité de ses dessins avec ceux de Madge Gill. Cela peut paraitre fondé en regardant ce dessin que j'ai gardé d'elle, tel qu'il figurait au recto de la carte d'adhérent à l'association l'Aracine (les cartes comportaient plusieurs dessins variés que les adhérents choisissaient).
Elle aura réussi, avec tous ceux qui aidèrent à la constitution, à l'animation et à la conservation de la collection de l'Aracine, l'immense exploit d'avoir pu faire entrer une collection d'art brut dans un musée français (il semble que ce fut par l'entremise d'Henri-Claude Cousseau), ce qui constitua pour elle une revanche sur le départ mal digéré de la collection de Jean Dubuffet pour la Suisse. L'Etat français est en effet resté d'une cécité confondante à l'égard de l'art brut, ainsi que des autres arts populaires (voir par exemple les avatars des collections des défunts ATP reconvertis en MuCEM à Marseille où elles n'en finissent pas de végéter en attendant que leur usine à gaz soit enfin construite dans dix mille ans...).
Rien que pour cela, nous ne l'oublierons pas.
22:57 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : madeleine lommel, art brut, l'aracine | Imprimer
Claude, Clovis Prévost, Chomo, André Robillard...
Oyez, oyez, oyez... Pour ceux qui aimeraient voir en vrai sur grand écran les films de Claude et Clovis Prévost sur Chomo et André Robillard (quelle actualité pour ce dernier...), il faudra aller le 24 avril au cinéma Utopia de St-Ouen-L'Aumône. Deux films sur Chomo (qui fera l'objet d'une exposition aux alentours de l'automne - à partir du 10 septembre exactement - à la Halle Saint-Pierre, l'avez-vous noté sur leur site?) et un sur André Robillard, dont j'ai déjà mis sur ce blog quelques images en ligne. Il paraît que le cinéma est tout proche de la gare. Cette programmation va de pair avec une exposition intitulée "L'Art à la Marge" où l'on retrouve Michel Nedjar, Francis Marshall et plusieurs créateurs venus apparemment d'Art en Marge et autres ateliers d'art pour personnes atteintes de divers handicaps et incapacités (la Pommeraie entre autres), mais aussi des artistes contemporains moins connus que les deux ci-dessus cités et sans rapport avec l'art brut apparemment...
12/04/2009
André Robillard parmi nous, et puis Gérard, Lucienne et Roger dans la bibliothèque...
André Robillard, on peut le toucher, on ne nous l'a pas encore embaumé, enfoui sous un tas de cotes, d'attitudes vitrifiantes marchandes ayant pour inévitables corollaires la réification des artistes et de leur geste vivante.
C'est un brut de décoffrage tout ce qu'il y a de plus agissant et palpitant. Ceux qui l'approchaient, l'autre week-end à Bègles pour le vernissage de son exposition courant jusqu'au 19 avril prochain, ne savaient pas toujours comment se comporter vis-à-vis de lui. Cela tournait parfois au spectacle du montreur d'ours, sans qu'il y ait pourtant de montreurs en l'occurrence, en tout cas surtout pas les deux animateurs de la compagnie des Endimanchés, Alexis Forestier et Charlotte Ranson qui jouent avec lui la pièce "Tuer la misère", le soutiennent, créent avec lui (comme me l'a confié Charlotte Ranson entre deux paravents d'exposition, certaines oeuvres présentées sur les scènes de leurs performances à mi chemin du rock alternatif, du théâtre, de la poésie sonore et de l'art brut, ayant été réalisées en commun, ce qui va de pair avec leur création théâtrale actuelle, création elle aussi éminemment collective). On lui demandait l'inévitable couplet à l'harmonica, de psalmodier le langage martien ("chiop, chiop, chiop...")...
Placé dos à dos avec lui au repas d'après vernissage, je lui demandai, pour changer de ces prestations un peu trop commandées, s'il avait entendu parler d'Hélène Smith qui comme lui prétendait pouvoir parler martien, mieux, pouvait même l'écrire. Je me hasardai à lui suggérer qu'il pourrait transcrire à sa manière comme la protégée de Théodore Flournoy ce langage qu'il lui était déjà si facile de restituer à coup de chiop-chiop-chiop (c'est ainsi que je le traduis moi-même ce martien robillardisé)...
Il était là, bien campé sur ses deux jambes, les pognes formidables ballantes au bout de bras immenses, septuagénaire encore vivace, avec sa coupe de cheveux de jeune homme, sa tenue sportive (comme s'il venait de quitter son vélo) et sa disponibilité intacte à l'égard du tout venant. De plain pied avec tous ceux qui l'abordaient. Débordant d'énergie, et curieux de ce qui lui arrivait, content de voir toutes ces têtes plus ou moins nouvelles, sa mémoire paraissant assez prodigieuse puisqu'il paraissait reconnaître certains qu'il n'avait pourtant que peu rencontrés jusque là. J'eus ainsi l'illusion qu'il me reconnaissait, alors que je ne lui avais serré qu'une fois la main au Théâtre parisien de la Bastille des mois plus tôt, et encore au milieu d'une foule, et dans la fatigue d'une fin de représentation...
Des dessins étaient exposés, à côté des inévitables fusils dont certains étaient plus originaux que d'autres (deux gros calibres venus de la collection de Frédéric Lux par exemple, ou un comme ramolli par suite d'un traitement dalinien on aurait dit, venant de la collection de Bernadette Chevillon). Michel Boudin m'a confié avoir trouvé une inspiration d'origine populaire à l'un des dessins présentés. Il représente un "renard de la forêt d'Orléans". Michel retrouve dans ses contours la forme de ces hachoirs taillés en forme d'animaux qui ne sont pas rares aux cimaises des antiquaires spécialisés en outils populaires. Est-ce une source d'inspiration du gars André? Pourquoi pas: quand on l'entend souffler dans son harmonica, surgit le plus souvent le fantôme d'une mélodie traditionnelle, répétitive, nouée en boucle obsédante, ce qui lui assure une forme nouvelle. Robillard partage cette façon de jouer de la musique avec Pierre Jaïn, autre sculpteur de l'art brut qui lui aussi recyclait des airs traditionnels quand il s'amusait à faire de la musique.
Preuve une fois de plus que la culture populaire est le substrat qui sous-tend pas mal de créations dites "brutes". Depuis la salle, j'ai essayé de l'insérer à l'intérieur de la causerie où, le samedi 4 avril à la bibliothèque jouxtant le musée de la création franche, conférençaient Gérard Sendrey, Lucienne Peiry et Roger Cardinal. Le public intervint un peu durant cette causerie qui réunissait ces trois personnages fort contrastés. Qu'en ai-je retenu? Une phrase de Sendrey le rimbaldien, la création travaille toujours à partir de l'inconnu, jamais du connu. Lucienne Peiry insista sur l'art des enfants qu'elle n'a pas envie de tacler comme Dubuffet l'a fait (j'avoue être moi plutôt de l'avis de Dubuffet qui reprochait aux enfants leur besoin de singer la réalité, leur conformisme ; mais s'ils le font, c'est aussi sans doute par suite de la pression énorme qu'exercent les adultes sur eux à ce sujet). Roger Cardinal trouvait qu'art brut et art savant peuvent rester chacun de leur côté, c'est quelquefois pas plus mal. A un autre moment, il répéta aussi cette évidence que le poète est toujours en avance sur l'homme de science.
Bref, on échangea gentiment mais exclusivement sur le thème de l'art brut, personne n'ayant remarqué que le sujet initial de la causerie qui devait aborder la question de la nouveauté de la création après l'art brut (titre original: "De l'Art Brut à l'Outsider Art et à la Création Franche, héritage et novation") avait été purement et simplement évacué... Ni Sendrey, ni Cardinal ne voulant par égard pour la conservatrice de la Collection de l'art brut signifier que la notion d'art brut aurait pu être aujourd'hui dépassée. Ou tout simplement, parce que ces protagonistes avaient conclu implicitement à la cohabitation simultanée de leurs trois "labels" (création franche pour Sendrey, art brut pour Peiry, outsider art pour Cardinal), sans possibilité de friction entre eux.
22:04 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : andré robillard, musée de la création franche, roger cardinal, art brut, endimanchés | Imprimer
Sirène du 5 avril
La sirène était bien tout à fait kitsch. A combien d'exemplaires furent-elles fabriquées? Depuis celle que RR a trouvée à Paris, sur le trottoir (elles ont tendance à vivre au ras des paquerettes), voici qu'elles me suivent où que j'aille. L'autre jour à Espiet, en Gironde, une deuxième m'attendait au coin d'une braderie, avec sa table vitrée. Ce sont des séries curieuses, il suffise qu'on remarque une chose une fois pour que cette chose continue à se montrer les jours suivants, comme par un bégaiement d'interpellation du hasard.
19:02 Publié dans Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sirènes, hasard objectif | Imprimer
Un drôle d'air
La nurse de la belle grosse est toute rusée.
Un petit cadeau (une chanson curieuse pour voir si vous l'aimez aussi) à celle ou à celui qui comprend le langage morse, euh... je veux dire nurse. Ca a peut-être à voir avec l'asphyxiante culture...
02:34 Publié dans Curiosités, modifications et divertissements langa | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jeux d'esprit, divertissements linguistiques | Imprimer
11/04/2009
Carles-Tolra et Vizcaïno à Bègles
Le musée de la Création Franche ne fait pas de pause. Après Robillard (sur qui je reviendrai bientôt), voici Ignacio Carles-Tolra et Jacqueline Vizcaïno qui s'avancent. Le premier est un un des ancêtres de la Neuve Invention, étiquette forgée à Lausanne par Dubuffet et Thévoz dans le temps et qui a tendance à ne plus être prononcé désormais par la nouvelle responsable de la Collection de l'Art Brut, Lucienne Peiry, au point qu'on se demande parfois si la collection du même nom, anciennement "collection annexe" à Lausanne, existe encore... Neuve Invention, Art singulier, création franche, tout ça au fond c'est un peu pareil, ça regroupe tous les marginaux, coincés entre l'art "principal" et des expressions comme l'art brut. Position en définitive intéressante car circonscrivant une place inclassable, et n'est-ce pas le rêve de tout créateur ambitieux que de se retrouver impossible à classifier?
Quant à Jacqueline Vizcaïno, qui a des origines espagnoles comme Carles-Tolra, c'est un peu la petite nouvelle à Bègles. Elle produit des images impeccables, basées semble-t-il sur des compositions à partir d'axes symétriques, à la manière de certains créateurs de l'art brut (Lesage...), que l'on songe par exemple aux créateurs médiumniques, mais peut-être est-ce un peu trop habile., trop esthétiquement maîtrisé, sans qu'on ait laissé entrer l'émotion, la surprise...? Tout ceci bien entendu n'est qu'une simple impression qui mériterait d'être confrontée aux oeuvres (je n'en ai vu jusqu'ici qu'une, d'assez grand format, qui fait partie de la collection permanente du Musée de la Création Franche).
L'exposition dure jusqu'au 14 juin.
22:10 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carles-tolra, jacqueline vizcaïno, art singulier, musée de la création franche | Imprimer
07/04/2009
René Jenthon, le Disneyland de l'Etang Bazin, aussitôt apparu aussitôt disparu
Agnès Barbier et Régis Gayraud m'ont alerté un jour sur l'existence d'un environnement insolite qui se trouvait aux abords de la bonne ville de Saint-Pourçain-Sur-Sioule dans l'Allier, ville connue pour ses vins de table, sa moutarde de Charroux ainsi que ses délectables andouillettes... Mais pas trop pour ses monuments d'art excentrique, jusque là plutôt proches du néant.
René Jenthon, son site décoré, vue générale ; ph.B.Montpied, 2002
Or, il y a quelques années encore, s'étendait en bordure de la principale route qui passe dans cette commune, une installation de silhouettes en métal peint que son auteur avait intitulé "Le Disneyland de l'Etang Bazin", et qui eut malheureusement une vie éphémère.
C'est Agnès qui l'avait remarqué du coin de l'oeil, passant souvent le long de cette route. Elle et Régis savaient mon intérêt pour ce genre de création, et je descendis dès que je pus pour voir la chose. Nous ne rencontrâmes, l'unique fois où je pus photographier le site (en 2002), pas la moindre âme qui vive dans la propriété. Cette dernière paraissait désertée.
Deux initiales, "JR", se lisaient sur le portail du jardin (sûrement une malice en référence au personnage populaire d'une série télévisée américaine). Un autre panneau placé au milieu des diverses effigies colorées qui animaient le talus à l'intérieur du terrain, destinées à attirer le regard des automobilistes, un autre panneau donnait le titre de l'installation, "Le Disneyland de l'Etang Bazin". L'Etang Bazin devait être le nom du lieu dit... (Ici, je sens que mon fidèle lecteur Régis va se sentir obligé de corriger mes inévitables approximations... Mais que n'a-t-il écrit lui-même sur ce site remarquable?). Sur une niche, se lisait aussi "9.95.Lila", peut-être la date de naissance de l'habitant de cette niche? Sur le pourtour d'une porte de grange, où la rumeur aurait localisé d'autres oeuvres restant cachées, d'autres mots étaient tracés: "Caves de l'ancien relais -1780", semblant indiquer qu'on y cachait surtout, peut-être, d'autres nourritures, plus spiritueuses que spirituelles... Un poisson en bois peint, placé de l'autre côté de la route, désignait aussi "L'Etang Bazin", peut-être en référence à quelque lieu poissonneux recherché des amateurs de pêche. Une croix, érigée un peu à l'écart de la propriété, proclamait qu'elle était vouée "A ma maman"... Un chaudron avait été recyclé en jardinière où poussaient des fleurs et pour qu'on n'oublie pas son ancienne fonction avait été affublé des mots "Le vieux chaudron", naïvement redondants.
Disneyland donc, nous promettait-on... Et pourtant, les attractions étaient plutôt réduites en ces lieux. Il y avait bien un Mickey, une sorte de Donald, un Lucky Luke (pas très Disney celui-ci) parmi les personnages aux expressions légèrement distordues, deux ou trois dinosaures, une girafe, des individus difficiles à identifier (un dont le vêtement était marqué des lettres "KG") dont un, multiplié par deux, comme un clonage, ressemblait à une sorte de jockey ou à un policier nain, un masque de "Loup-garou", un Babar (pas souvent reproduit dans les environnements populaires ce dernier), une sirène joyeusement peinturlurée comme ses congénères mais enfouie dans l'herbe, d'où je l'extirpais généreusement pour lui redonner vie le temps d'une photo (voir ma note du 9 novembre 2008 sur les "Mami Wata", ou bien ci-contre...),
un indigène africain accueillant les visiteurs dans une case au toit couvert de paille, des animaux, telles des oies et des cigognes, une vache au flanc constellé des étoiles du drapeau européen, semblait-il, vache que tétait son veau, des moulins, une guérite, divers exemplaires de roches, maquettes, roues de charette... Mais tout cela semblant davantage destiné à égayer le bord de la route, jugée sans doute un peu trop monotone, qu'à proposer une véritable attraction. En réalité, il est probable que l'auteur de ce jardin aux personnages fantaisistes tendait à une sorte de parodie, se moquant gentiment des grands parcs de loisirs médiatiquement consacrés pour proposer le sien, infiniment moins prétentieux.
Hélas, cette joyeuseté fut jugée à peu de temps de là hors de saison. Le créateur avait dû disparaître, un nouveau propriétaire avait acquis la maison et le jardin, on résolut de faire table rase de la gaîté... Régis et Agnès qu'une obscure prémonition avait sans doute réveillés en pleine nuit s'étaient justement mis en route pour savoir ce que devenait le lieu. Ils arrivèrent trop tard. Les silhouettes de métal avaient été fourguées à un récupérateur de ferraille. Ils partirent à sa poursuite! Et quand ils atteignirent son lieu de travail, le "forfait" était accompli... Tout avait été compressé, refondu en métal brut... Du brut en brut en somme. Aucune chance n'avait été donnée au Disneyland de l'Etang Bazin, aucun Olivier Thiébaut (archéologue de l'art brut des bords de routes comme on sait) ne pourrait venir désormais l'exhumer puisqu'on était allé jusqu'à faire disparaître le corps de la victime ce coup-ci...
Seules subsistent à ma connaissance quatre pièces dues à la fantaisie de "J.R." (ses initiales, selon Régis et Agnès, paraissent correspondre à monsieur René Jenthon), la sirène ( reproduite ci-dessus), une Statue de la Liberté, un renard à la gueule ensanglantée (il vient de dévorer une poule) et un crocodile, œuvres (oui... ŒUVRES) sauvées de l'anéantissement par des amateurs qui les ont extirpées in extremis du jardin abandonné, les sauvant ainsi de la destruction finale, récupération qu'il faut bien se représenter comme une solution de la dernière chance, certes assez peu orthodoxe, menée en rébellion face au vandalisme des bien-pensants et des inertes.
01:29 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : environnements spontanés, rené jenthon, agnès barbier, disneyland de l'étang bazin | Imprimer
01/04/2009
Sirène du 1er avril
Le camarade Remy Ricordeau passe dans une rue et avise une sculpture que l'on a jetée en travers d'une grille. Certes, il la trouve du genre kitsch, avec son air de descendre de la tombe à Dalida et son Flipper le dauphin couché sur son flanc comme bon chien de berger. Elle prend cependant un air plus poétique en raison de cet environnement insolite, le trottoir, les déchets, l'abandon des objets au rebut. Sirène, joli thème, figure éminemment poétique que l'on a sabordée, trouvaille au hasard des déambulations dans la ville sans rêves éveillés. Remy n'a pas d'appareil photo, il demande à une femme qui passe munie du précieux outil, si elle peut... Oui...? Clic, et reclic. Cette dame, prénommée Claire, lui envoie par la suite les photos, il me les transmet, et les voici en ligne, sirène ressuscitée pour un temps, pour un temps seulement, dans la lumière rasante de l'oubli...
07:00 Publié dans Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sirènes, poésie involontaire | Imprimer
31/03/2009
Les fous littéraires à la Bibliothèque Nationale de France
Les fous littéraires (et artistiques), pilotés par Marc Ways et son équipe de la revue Les Cahiers de l'Institut, émanation de l'Institut International de Recherche et d'Exploration sur les Fous Littéraires (IIREFL), débarquent ce mercredi 1er avril, jour des blagues proposé paraît-il par hasard et sans aucun rapport avec le sujet (faut-il y croire?), dans le cadre d'un colloque ouvert à tous, libre d'accès. Des colloques gratuits, ouverts à tous sans distinction de fortune, c'est pas tous les jours que cela arrive...
Alors... Demandez le programme...
LES FOUS LITTERAIRES ET ARTISTIQUES
Mercredi 1er avril 2009
Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand
Petit auditorium, hall Est, quai François Mauriac, Paris 13e, de 14h30 à 20h
(Après-midi proposé avec l'IIREFL)
ENTREE LIBRE
À l'aube du XXIe siècle, dans un monde où le politiquement correct et la pensée unique sont de règle, où la raison n'est que ruine de la fantaisie, il est venu le temps d'exhumer et de considérer enfin - pour éviter que ne meurent une seconde fois les grandes oeuvres des petits auteurs - la piétaille des « Fous Littéraires, Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers, Outsiders, Tapés, Assimilés... »
Fous musicaux : Au cours de l'après-midi, Fanchon Daemers rythmera les communications par des interventions chantées autour et alentour des fous littéraires ou des hétéroclites.
14h30 - 18h :
Ouf, petit film d'introduction
de Laurent Gervereau, président du comité scientifique de l' IIREFL
Histoire d'une passion
par Marc Ways, président et fondateur de L'IIREFL
Présentation de l'IIREFL : Qu'est-ce que l'Institut?
par André Stas, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL
Les Cahiers de l'Institut
par Marc Décimo, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL
Hersilie Rouy
par Laurent Soulayrol, psychiatre-psychanalyste
Pour une histoire de la folie littéraire. De Charles Nodier à André Blavier : en quête d'immoralité
par Tanka G. Tremblay, doctorant en langue et littératurefrançaises à l'Université McGill, Canada et co-fondateurde l'IIREFL
Warungka : perdre le sens des mots et des pas chez les Warlpiri du désert central australien
par Barbara Glowczewski, directrice de recherche au CNRS Laboratoire d'Anthropologie Sociale, Collège de France
Pause
Les fous scientifiques
par Michel Criton, président de la Fédération française des jeux mathématiques
Les Causeries brouettiques du Marquis de Camaras,
par Francis Mizio, écrivain et scénariste
Un éditeur chez les fous littéraires
par Marc Kopylov, éditions des Cendres
La guérison infinie : quelques cas de folie en histoire de l'art
par Nicolas Surlapierre, conservateur au Musée d'Art moderne de Lille Métropole
Paul Tisseyre, Ananké-Hel! et Jean-Pierre Brisset
par Marc Décimo
18h30 - 20h :
Lecture de textes de Brisset, Roux, Boudin et Gagne
par Sagamore Stévenin , comédien
Projections d'extraits des films
Praline, autour des fous de Rimbaud
par Jean-Hugues Berrou
Sacrées bouteilles,
film tunisien de Fitouri Belhiba
Brouettes. Autour du marquis de Camarasa,
par Laurent Gervereau
00:43 Publié dans Fous littéraires ou écrits bruts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fous litéraires, les cahiers de l'institut, marc ways, marc décimo | Imprimer
30/03/2009
Fusils chinois rapide 6h46 et chasseurs bombardiers du rêve noir, André Robillard
Du 28 mars au 19 avril, les sculptures d'assemblage et les dessins d'André Robillard viennent faire un tour plus conséquent que dans le passé (voir la présentation de la collection Eternod-Mermod) au musée de la création dite franche, à Bègles. Un vernissage, pardon l'inauguration, aura lieu le vendredi 3 avril, un peu confidentiel comme voudrait peut-être le suggérer ce terme d'inauguration placé là pas au hasard...
Cela a lieu en parallèle avec une autre série de représentations du spectacle Tuer la misère (voir ma note du 3 juin 2008 ) qui se tiendra à Bordeaux (au "TNT Manufacture de Chaussures", tél: 05 56 85 82 81, représentations les 7, 8 et 9 avril). Ce sera l'occasion de constater comment évolue le travail de Robillard, sur lequel j'ai entendu ces jours-ci de nombreuses rumeurs, sur des collectionneurs qui rafleraient son travail, sur une certaine excitation bref qui l'entourerait, lui dont la réputation de créateur de l'art brut ferait tourner la tête à nombre de rapaces...
Les performers du spectacle, Charlotte Ranson et Alexis Forestier, demandent régulièrement à Robillard de décorer de ses oeuvres les scènes où ils jouent, où il clame ses diatribes en langages martien ou allemand guttural burlesque. Sont-ce ces oeuvres-là aussi qui seront présentes? Peu d'oeuvres proviendront de la collection permanente du musée en tout cas (une ou deux ?). Quelques collectionneurs, dont Frédéric Lux, déjà cité ici, ou Michel Leroux, ont prêté des éléments de leurs trésors. Reste à savoir s'il n'y a pas au fil du temps (André Robillard crée ses fusils et autres depuis les années 60), comme dans le cas d'autres créateurs qui n'arrivent pas toujours à faire face à la demande trop pressante des "clients", une dévitalisation et une tendance à l'inachèvement embryonnaire des oeuvres de la part de cet étonnant créateur qui reste une véritable force de la nature (toujours solide malgré ses soixante-dix ans dépassés).
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28/03/2009
Un meneur
21:17 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bruno montpied, art singulier | Imprimer
27/03/2009
Le Musée des Méprises (2)
C'était une de ces fins d'après-midi pluvieuses et froides, de celles qui annoncent l'approche de l'hiver.
Ma compagne, sortie faire quelques courses, venait de rentrer. Moi j'étais absorbé par la lecture de quelque livre, à moins que ce ne fût le journal du jour. Bref, nous en étions là, moi dans ma lecture, elle son cabas encore à la main. C'est alors que sur un ton non dénué d'inquiétude, elle me fit part d'une information tout à fait incroyable, du genre de ces rumeurs que vous apprenez au détour d'une conversation entendue dans la rue ou dans une file d'attente au super marché.
Il faut faire attention, me dit-elle, en ce moment il y a plein de vieux russes à Paris!
Quoi, me dis-je, les cosaques seraient de retour ? Curieux de comprendre en outre le danger que peut représenter pour la population une armée de vieillards, autant qu'étonné par la rapidité d'une soudaine occupation venue de l'Est dont je ne m'étais, je dois l'avouer, pas encore rendu compte, je l'interrogeai sur l'origine de cette surprenante révélation.
Ces périodes de demi-saison sont propices à la diffusion de microbes en tous genre, me répondit-elle, pour bien faire il faudrait porter des masques hygiéniques comme le font les Chinois.
Quoique soucieux de ma santé, je décidai alors de sortir affronter ces vieux russes sans me laisser atteindre, toutefois, par le virus d'un anti-slavisme primaire.
Remy Ricordeau
15:58 Publié dans Curiosités, modifications et divertissements langa | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : remy ricordeau, homophonies, divertissements linguistiques | Imprimer
"Indépendamment de ce qui arrive...
15:40 Publié dans Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré breton, fango, corse | Imprimer
24/03/2009
Macrévives et Boixau (Macréau et Boix-Vives)
Ce soir, vernissage à la Halle St-Pierre, rue Ronsard, 18e ardt, Paris, des expositions Macréau et Boix-Vives (à partir de 18h comme d'habitude). En douce un autre vernissage qui a attendu ce même soir pour être officialisé, afin de profiter on l'espère de la foule des grands jours, de l'autre petite expo de la Galerie du hall d'entrée, A chacun son dessin. Effectivement, il est légitime d'attendre la grande foule, Macréau et Boix-Vives sont deux immenses peintres, chacun dans leur genre bien distinct. Macréau c'est une sorte de Picasso graffiteur, un Picasso graphiste qui se serait emparé en contrebande de pinceaux. Boix-Vives, c'est un immense candide, candide jusqu'à la violence la plus absolue (il avait, paraît-il, des colères éruptives), amoureux de la couleur où il se roulait avec une gourmandise inspirée par une grâce venue d'on ne sait où, mais si on le sait, du fond de son être prodigieusement sage, équilibré, du bout de ses doigts soudaineement aimantés. Confiant dans ses pouvoirs au point de croire qu'il pourrait résoudre tous les problèmes de l'humanité grâce à de simples brochures où il traçait ses plans sur la comète pour la paix et l'harmonie dans le monde.
Je ne m'étends pas plus sur la question, il existe déjà pas mal de livres sur lui, notamment celui de Marie-Caroline Sainsaulieu aux éditions Acatos, et celui de Jean-Dominique Jacquemond à La Différence, sans compter les catalogues sur Boix-Vives et Macréau édités por l'occasion par la Galerie Margaron, galerie qui prête les oeuvres exposées, semble-t-il...
Cadeau en avant-première (pour ceux qui auront l'idée de venir faire un tour ce 24 mars après-midi sur ce blog), une des toiles de Macréau exposées à l'étage, photographiée l'autre jour avec autorisation spéciale de Martine Lusardy:
15:27 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne méconnu | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel macréau, anselme boix-vives, art brut, art moderne méconnu | Imprimer
Armand Goupil au gré des blogs
Je ne me souviens plus comment je suis tombé sur le site du mouvement ambiphoque.... Oui, vous avez bien lu, ambiphoque. Cela renvoie à une librairie, située à Paris, 10, rue des Ecoles dans le 5e ardt, à ma surprise (je viens tout juste de m'en aviser ; au fait, tout prés de la Sorbonne, comme ça, le mouvement aurait peut-être mieux fait de s'intituler amphi-bock...). Je ne l'ai jamais vue, cette librairie-là, pourtant j'y passe souvent. C'est sans doute de création récente? Va falloir s'en assurer en y allant physiquement. Ce mouvement ambiphoque, correspondant à un désir de faire voler des êtres pourvus de nageoires, dixit un des deux libraires, Claire Ambi (l'autre se prénomme Julien, comme il est dit sur le site web de la librairie), s'intéresse en tout cas à Armand Goupil, comme mézigue. Je renvoie à la note que leur blog a mise en ligne à la date du 18 mars dernier.
Ce peintre m'intrigue et me séduit beaucoup, au point que je lui ai consacré un article dans la revue Création Franche n°29 en avril 2008. J'en ai peu parlé sur ce blog en fait, je ne sais pas pourquoi, d'autres sujets ayant pris le dessus entre temps. Deux notes seulement, pas particulièrement centrées sur le Goupil (cliquez sur ce mot et puis ici aussi) en question, ont reproduit deux peintures photographiées chez un brocanteur qui m'avait laissé les prendre avec beaucoup de complaisance (merci à Jean-Philippe Reverdy). Je vais essayer de réparer cet oubli dès aujourd'hui. D'abord en publiant l'image que m'a transmise Claire Ambi, qui l'a aussi insérée sur son propre blog, Ambiphoque, (voir image ci-dessus) et en signalant d'autres peintures du même Goupil sur un autre blog, celui d'un M.Yves Barré, intitulé Ah Oui... Suivre les liens... Et puis, en mettant en ligne de temps à autre d'autres peintures de Goupil, comme celle ci-dessous, qui montre que le monsieur aimait les calembours traduits en images.
Armand Goupil, on ne sait que très peu de chose sur lui, il serait mort en 1965, avance Ambiphoque (c'est vrai que la plupart des peintures vues de lui ne dépassent pas cette date). Des brocanteurs (Philippe Lalane par exemple qui m'a mis à l'origine sur la piste de ce peintre) le présentent comme un instituteur qui aurait peint à la retraite, "de 1953 à 1964"... La famille vivrait toujours dans la Sarthe. Ce serait elle qui aurait décidé de disperser chez un brocanteur l'oeuvre de leur aïeul (au moins deux mille oeuvres...). Mais tout ceci n'est que bruits et rumeurs, sur lesquels personnellement j'ai résolu sciemment de divaguer à loisir, en reconstituant rêveusement les motivations de l'artiste telles qu'on peut les découvrir présentes au gré des peintures que j'ai pu photographier en un beau choix (50 environ), un jour à Chatou... C'est ce qui a servi pour l'article que j'ai publié dans Création Franche. Cependant, je reconnais que ce texte peut se réduire en définitive à un pur délire d'interprétation! Qui sait...? Par le détour du délire, j'ai pu toucher à quelque port aussi bien...
00:32 Publié dans Art immédiat, Art inclassable, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : armand goupil, ambiphoque, art singulier | Imprimer
22/03/2009
Le musée des méprises (1)
Un matin où nous prenions ensemble notre petit déjeuner, moi encore passablement ensommeillé devant ma tasse de café, ma chère compagne, un peu plus éveillée que je ne l'étais, se mit en tête, pour modérer sans doute mon excessive consommation de café quotidienne, de me convertir à sa religion du thé matinal en m'en vantant toutes les vertus supposées (vertus que je ne discute pas au demeurant).
Je vous passe le détail des arguments avancés, tous assurément plus convaincants les uns que les autres, mais n'étant cependant pas de nature à modifier durablement les habitudes d'un buveur de café impénitent tel que moi. J'écoutais donc d'une oreille semi attentive cette litanie de bienfaits que procure une consommation journalière de thé vert (le thé noir ou rouge ayant selon elle moins de vertus, cela dit pour les amateurs de ces deux breuvages), et j'allais sans doute me rendormir si je n'avais été brutalement secoué de ma torpeur par le dernier argument qu'elle venait de m'asséner: à l'entendre, en effet, le thé vert était une boisson notoirement antisémite !
Bien que n'étant ni juif ni arabe mais de vieille souche sarthoise depuis 52 générations, je n'en suis pas moins sensible aux discriminations de toutes sortes dont nombre de nos contemporains peuvent être victimes en raison de leurs origines. Cependant sceptique sur la possibilité que peut avoir un breuvage d'afficher des opinions aussi discutables (mais pour dire vrai ma réaction eût été semblable si elle avait affirmé qu'au contraire le thé vert était antiraciste), je me mis en devoir de comprendre les raisons d'une telle affirmation. Il est connu, m'expliqua-t-elle alors, que le thé vert tue les bactéries, la preuve étant que ses feuilles sont utilisées dans la pharmacopée chinoise traditionnelle pour la confection d'onguents désinfectants. Ce qui en fait donc bien une boisson antisémite. De sceptique que j'étais, je devins alors moi aussi antiseptique.
Remy Ricordeau
13:35 Publié dans Curiosités, modifications et divertissements langa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : divertissements langagiers, remy ricordeau | Imprimer
21/03/2009
Info-Miettes (3)
Je signale l'exposition prochaine de Christian Pinault, Catherine Ursin et de quelques autres (Chamoro et Boistine) à la Galerie La Main qui parle, située dans le 20e ardt à Paris, avenue du Père-Lachaise, du 1er au 12 avril. Histoire de faire la liaison avec l'exposition Hang'Art annoncée dans une note précédente, où expose aussi Pinault, le récupérateur d'épaves (et non pas de cadavres, pour faire référence à Stevenson). Cette galerie est en fait un lieu associatif qui invite, moyennant cotisation individuelle ou collective, des groupes à exposer. Pas de ligne précise donc (hormis l'étiquette de galerie d'art singulier qui devient une étiquette qui ne veut plus rien dire, tant les artistes récupérateurs plus ou moins improvisés font florés), pas d'exigence esthétique particulièrement marquée. On constate simplement que des "singuliers" sincères s'y retrouvent régulièrement, Jean-Michel Chesné par exemple y est passé récemment. A regarder leur site web, j'ai trouvé jusqu'à présent leurs accrochages assez "foutoir" (on veut en mettre le plus possible). Pour l'occasion, l'expo Pinault-Ursin and co, ils ne sont que quatre. L'affiche de l'expo paraît équilibrée, et les artistes talentueux, même si le syndrôme de la "Tête à Toto" y est toujours actif...


Vernissage le 3 avril à 18H, Galerie La Main qui parle, 3, avenue du Père Lachaise, Paris 20. Expo ouverte tous les jours 10h-20h.
14:35 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christian pinault, catherine ursin, la main qui parle | Imprimer
Disparition de Lolette Grégogna
01:29 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lolette et rené-françois grégogna | Imprimer
20/03/2009
Les mots de la fin (1)
"Avant de fusiller le criminel américain James W.Rodgers, en 1962, on lui demande quelle est sa dernière volonté:
- Eh bien... Un gilet pare-balles! "
(Le Dernier Mot, De Néron à Desproges, près de 500 façons de tirer sa révérence, une anthologie présentée par Anne-France Hubau et Roger Lenglet, Librio, 2005)
10:05 Publié dans Curiosités, modifications et divertissements langa | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mots de la fin, derniers mots, james rodgers, peine de mort | Imprimer
19/03/2009
Il paraît que
Un petit livre à la maquette sobre et originale, un peu énigmatique, tel s'est révélé à moi le recueil de Goria (qui est-ce?) intitulé Il paraît et vendu sur le stand des éditions Cent Pages au Salon du Livre (il a été édité la première fois en 2004). Cela contient des centaines d'informations (440 exactement) plus ou moins invérifiées par l'auteur qui prétend dans la courte préface servant d'explication au début du livre qu'il les a collectées à la radio, tandis qu'il tirait des photos dans son laboratoire ("Du flux des propos, il arrive qu'une information se détache, forçant l'écoute"). Curieuse litanie d'Il paraît que... qui vient nous rappeler le flot d'informations qui nous envahit et tantôt dilate notre vision du monde et le cercle de notre mémoire, tantôt nous plonge dans le désordre et la confusion, où l'on ne sait plus faire la part entre le réel et l'imaginaire. Ces petits textes ressemblent à des départs de rumeurs aussi (exemples, les trois textes relatifs à Diogène, contradictoires, que contient le recueil). Et les rumeurs regardent la créativité populaire involontaire comme cela a déjà été remarqué par certains folkloristes (Nicole Belmont par exemple).
Quelques exemples ci-dessous, choisis par moi je l'avoue pour leur curiosité et leur cocasserie avant tout:
Il paraît que les cailloux possèdent un pouvoir hypnotique qui leur permet de se déplacer: quand un caillou veut changer d'endroit, il attend que quelqu'un passe, il l'hypnotise, le passant le ramasse et l'emporte ailleurs.
Il paraît que les électrons en se déplaçant émettent un son qui, selon la nature du métal, change.
Il paraît qu'on fabrique encore des 2CV en Chine.
Il paraît que le bouillon cube a été lancé sur le marché la même année que le cubisme.
Il paraît que le requin coule s'il cesse de nager car il est plus lourd que l'eau.
Il paraît qu'en Grèce, le pédagogue était l'esclave chargé d'amener les enfants à l'école..
Il paraît que chez les Arwakos, le mort est enterré en position foetale avec une cordelette dans la bouche qui, maintenue à la surface, permettra à son âme de rejoindre les esprits.
Il paraît que Louis Aragon et Elsa Triolet allaient aux concerts de Johnny Halliday.
Il paraît que l'horizon est à quinze kilomètres.
Il paraît que lorsque la Joconde fut volée en 1911, Kafka, alors à Paris, alla voir l'emplacement vide au Louvre.
Il paraît que notre plus proche voisin qui était à 23,12 mètres est maintenant à 12, 80 mètres.
Il paraît qu'un moustique bat des ailes 133000 fois par minute.
Il paraît que Clemenceau a arraché le drap noir qui recouvrait le cercueil de Monet en disant: "De la couleur pour Monet".
Il paraît que dans certaines tribus d'Esquimaux, au Pôle nord, parfois les hommes se réunissent, choisissent l'un d'entre eux et tous ensemble le jettent en l'air le plus haut possible pour qu'il voie très loin et raconte.
Il paraît que les oreilles de monsieur Spock ont été vendues 1600 livres sterling chez Sotheby's.
Etc., etc....
(Merci à Jean-Raphaël Prieto pour avoir attiré mon attention sur ce livre)
20:22 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : goria, éditions cent pages | Imprimer
15/03/2009
Asylum, un documentaire de Catherine Bernstein
L'information tombe un peu juste, je le reconnais, mais elle arrive quand même. Si cela vous intéresse de retourner dans les hôpitaux psychiatriques des années d'après-guerre aux années 70 (hôpitaux de Sarreguemines, Maison Blanche, Villejuif, Fleury-les-Aubrais, Lyon...), il vous faut allumer le poste de télévision ce dimanche 15 mars en fin de soirée, sur la chaîne Arte, à 23h50 très précise (rediffusion cependant le 22 mars à 4h15...). On diffuse un documentaire de 40 minutes, Asylum, de Catherine Bernstein, réalisé en 2008 à partir d'un montage de films en format amateur (Super-8) tournés à l'origine par le "psychiatre réformateur" (je cite) Georges Daumézon. Le film ne comporte pas de commentaires, bruité seulement par des sons d'ambiance, pas, chuchotements, portes qui grincent... Ces images en noir et blanc pour la majorité dormaient, paraît-il, dans les archives de l'Hôpital Sainte-Anne. La caméra du médecin veut exposer l'aspect des hôpitaux psychiatriques en ces lendemains de guerre. Des psychiatres cinéastes amateurs, il n'y en a pas tant que ça, à mon avis. Avis donc à la population...
00:33 Publié dans Cinéma et arts (notamment populaires) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : catherine bernstein, georges daumézon, ste-anne, cinéma super-8, aliénation | Imprimer
14/03/2009
Chasse-Pot et Caroll Bertin au Musée international d'art naïf de Nice
J'allais oublier Chasse-Pot, Jean-Jules de son prénom. Le MIAN de Nice, celui de la collection d'art naïf Anatole Jakovsky, le rappelle à mon bon souvenir (exposition du 6 mars au 6 avril 2009). Et c'est juste que ses figures étrangement flottantes, aux yeux de souris, perpétuellement au garde-à-vous, qu'il confectionne en papier mâché depuis 1968 (il n'aime représenter que cela, des figures), viennent faire un tour du côté de l'art naïf. Elles partagent avec lui la grande immédiateté de leurs expressions.
Doucement éberluées, ses figures, lévitantes dirait-on, regardent un point lointain derrière nos têtes, laissant passer par-dessous un possible sous-entendu de l'auteur, comme dans le cas de cette sculpture représentant un homme semblant poser devant un photographe (le spectateur) la main sur l'épaule de celui que l'artiste reconnaît dans le titre de cette oeuvre comme un "demi-frère" (allusion à son propre lien de parenté avec cet autre peintre qu'est Bernard Rancillac, frère de Chasse-Pot dont le pseudonyme cache en fait le nom de Paul Rancillac?)
Jean-Jules Chasse-Pot, Le demi-frère, 2006, copyright Adagp, Paris, 2009
Commencée le 6 février et prévue pour se terminer aussi le 6 avril, il faut également mentionner l'exposition dans le même musée des oeuvres textiles de Caroll Bertin, que j'avoue bien aimer. Enfantines, humoristiques, elles restent en même temps confectionnées avec un sens esthétique développé. Cet artiste a exposé dans le temps au Musée de la Création Franche, ainsi que dans divers autres lieux se rapportant peu ou prou à l'art singulier. Elle possède un site sur lequel on peut voir quelques-une de ses oeuvres choisies. En fouillant dans les anciens numéros de Création Franche, on trouve un article dans son n°8, datant de 1993, dû à Bernard Chevassu, dont j'extrais l'image ci-dessous, montrant une oeuvre déjà ancienne.
21:34 Publié dans Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-jules chasse-pot, caroll bertin, château ste-hélène, rancillac | Imprimer
11/03/2009
Ex-voto du Mexique, Alfredo Vilchis en particulier
La galerie Frédéric Moisan accroche à ses cimaises (jusqu'au 29 mars prochain, se presser...) les petits "retables" naïfs du peintre mexicain d'ex-voto contemporains Alfredo Vilchis, ainsi que ceux de ses descendants, puisqu'à présent c'est tout une famille de peintres qui turbinent pour pondre de l'ex-voto à tour de bras (comme dans le cas de la famille Linarés qui fait dans le squelette polychrome) dans un faubourg de Mexico.

On connaît déjà passablement les peintures de cette famille depuis la parution du livre de Pierre Schwartz, préfacé par Victoire et Hervé Di Rosa, Rue des Miracles, ex-voto mexicains contemporains (Le Seuil, Paris, 2003), qui recensait de nombreux tableaux, dont certains du reste se retrouvent dans cette exposition.
Cette forme d'art populaire contemporain, encore très vivante au Mexique, intéresse comme on sait les animateurs et les sympathisants du Musée International des Arts Modestes de Sète. Parmi eux, Pascal Saumade, animateur par ailleurs de la structure nomade appelée Pop Galerie, avait monté il y a quelques années rue d'Orsel à Montmartre, dans les anciens locaux de l'Art's Factory, une exposition d'autres peintres populaires mexicains d'ex-voto, comme l'auteur du "retable" (tableau) ci-dessous, moins connu qu'Alfredo Vilchis qu'on a tendance à citer un peu trop exclusivement depuis quelque temps...
J'avais cru comprendre à l'époque -mais n'ai-je pas halluciné?- que beaucoup de ces ex-voto portaient des dates qui pouvaient être bien antérieures à leur date d'exécution. Vrai? On aimerait avoir des renseignements plus précis là-dessus... J'ai fait un échange il y a quelque temps avec Frédéric Lux de quatre ex-voto, eux aussi mexicains, dont trois datés des premières années du XXe siècle paraissent visiblement peints avec un pigment bien plus proche de nous dans le temps (le quatrième est plus patiné, donc peut-être plus ancien, paraissant d'une autre main que les trois premiers)... Je laisse juges mes lecteurs...
23:42 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Danse macabre, art et coutumes funéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alfredo vilchis, galerie frédéric moisan, di rosa, ex-voto mexicains | Imprimer
07/03/2009
Expo O5, Hang-Art
Signalons une nouvelle exposition de Serge Paillard, l'homme qui voyage par intermittences visionnaires au pays caché des pommes de terre, ces tubercules aux formes suggestives, exposition de dessins d'après des patates métamorphosées qui s'insère au milieu d'une expo plus particulièrement collective (ils s'y sont mis à sept, et cela dure du 28 février au 13 avril 2009).
Hang-Art 05, qu'elle s'intitule l'expo. On y retrouve aussi un grand amateur de récupération de bois flottés, Christian Pinault, qui participe de temps à autre aux biennales du type "Brut de Pinsé" en Bretagne, ouvertes aux artistes pilleurs d'épaves lorsqu'ils sont de retour de leurs glanures sur les estrans (le bord de mer où la marée (que-j'ai-dans-le-coeur, of course) s'est retirée). Et puis il y a d'autres personnes dont je ne connais pas grand-chose. Si on veut prolonger l'information, on va sur le site du site, weu weu weu.hang-art.fr. On y retrouve comme d'habitude tous les renseignements pratiques. Cela se passe à Saffré, en Loire-Atlantique, en pleine campagne.
23:53 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art singulier, serge paillard, hang-art, christian pinault | Imprimer
06/03/2009
Jean Estaque
Jean Estaque est une des figures déjà anciennes de l'art dit singulier. Sous ce terme, j'entends les créateurs quelque peu en marge des courants principaux des arts plastiques contemporains et qui font preuve d'une belle fidélité à une expression synthétique, voire enfantine, primitiviste si on veut, proche des arts populaires dont par ailleurs Estaque recueille chez lui certains exemples pris dans l'art brut et autres. C'est un petit cousin de Chaissac, pourrait-on dire (n'oublions pas que Gaston était originaire du Limousin), qui a débuté dans la sculpture sous l'influence de l'art roman, nous dit un dossier de presse. C'est un amoureux de la Creuse où il vit (c'est là que je l'ai rencontré voici plusieurs années déjà, à Savesnes, où il a aménagé depuis quelque temps une salle vouée à exposer des créations qui lui plaisent -on aimerait pouvoir en faire autant...), après être né dans l'Ariège en 1945.
Il expose jusqu'au 11 mars, plus que quelques jours donc, à la galerie lyonnaise A.Del Gallery (nom un peu tirebouchonné, n'est-il pas?), au 33, rue Auguste Comte, dans le 2ème arrondissement. Des oeuvres inspirées des personnages vus dans les nouvelles de Guy de Maupassant. C'est un tailleur de bois qui aime en outre la polychromie, mais il saura utiliser à l'occasion d'autres matières et supports, cartons et papiers (découpés, déchirés, dessinés...), faisant recours plus souvent qu'à son tour aux techniques de la gravure. Ses oeuvres ont parfois fort à voir avec certains jouets, et débouchent à d'autres moments sur les reliquaires. Des oeuvres monumentales ont pu lui être commandées, comme ce fut le cas au Lac de Vassivière.
Contrairement à tant d'autres artistes uniquement préoccupés de leur nombril, il sait se tourner vers les autres créateurs, notamment les plus modestes et les plus discrets d'entre eux, les créateurs populaires. C'est lui qui me signala l'existence de Pierrot Cassan, comme je l'ai déjà dit, mais c'est aussi avec son aide que je pus retrouver la trace des oeuvres de Ludovic Montégudet conservées par sa famille à Lépinas (toujours en Creuse), ce qui ouvrit la voie à une exposition des oeuvres sculptées naïves de ce dernier au Moutier d'Ahun à l'été 1992. En fait, il semble qu'entre l'art populaire et Jean Estaque ce soit un continuel va-et-vient, comme dans le phénomène des vases communicants. Tout ce qui me vient d'Estaque me maintient toujours en alerte.
00:55 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean estaque, art singulier, maupassant, a.del gallery | Imprimer
02/03/2009
Dessins du sciapode à la Halle Saint-Pierre
Prévue pour débuter le 3 mars, il y aura bientôt une exposition intitulée "A chacun son dessin" à la Halle Saint-Pierre, dans l'espace consacré à des présentations quelque peu alternatives, à des essais si l'on veut (sur place, ils appellent cela la galerie). Et l'éternel débutant que je suis se trouve donc fort aise de se retrouver présent dans cette sélection de dessins (des encres dans mon cas), en compagnie de sept autres dessinateurs. Le vernissage est programmé pour le 24 mars, le même jour que le vernissage de la double exposition Michel Macréau-Anselme Boix-Vives qui commence à cette date. Rendez-vous est donné aux amis qui aimeraient se rendre compte plus physiquement - si je puis dire - de mes travaux, car le virtuel, ça va bien un temps...
A CHACUN SON DESSIN
Exposition collective
du 3 au 30 mars 2009
Jean-Michel CHESNE • Annie COHEN • Caroline DEMONGEL
Jean DEMELIER • Joseph KURHAJEC • Bruno MONTPIED
Jude MORNIER • Sylvia K. REYFTMANN
Bruno Montpied, Le Château qui prend vie, 30x37cm, 2006
Galerie Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard - 75018 Paris
Entrée libre.Tous les jours de 10h à 18h
Renseignements : 01 42 58 72 89
(En partenariat avec le Salon du dessin contemporain)
01:00 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : bruno montpied, art singulier, à chacun son dessin | Imprimer
28/02/2009
Pensons-nous à la même chose?
Oui, pensons-nous à la même interprétation devant une image sans identification précise, image qui sollicite l'imagination? Je propose un jeu encore, dire ce que l'on voit dans l'image insérée ci-dessous. Je donnerai, seulement au bout d'un moment, ma propre interprétation (le titre de la photo qui existe donc avant les interprétations des lecteurs que j'espère voir venir). A mes yeux, c'est évident (surtout dans ce cadrage resserré sur un seul détail au sein d'une série de formes dûes à un raclement). Mais "l'évidence" est-elle la même pour tous?
Donc, pour vous que représente cette image?
17:55 Publié dans Images cachées, images délirantes? | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : images cachées, illusions, paranoïa-critique, télépathie | Imprimer
27/02/2009
Dessus de nez et je le prouve
Voici le nez qui va avec ce que M.Zébulon prend pour des fesses (moi, je ne trouve pas ça dégoûtant, des fesses), et que M.Fatta (Morgana?) prend pour une peinture de J-P.Paraggio (rapport entre les deux? Le dessus de nez en question)...
00:15 Publié dans Images cachées, images délirantes? | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : images cachées, images dans le tapis | Imprimer