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18/11/2017

Gaston Teuscher, deux petites oeuvres d'art brut classique à vendre

     Je remets le couvert avec la boutique du Poignard. Puisque j'ai des petits camarades qui veulent déballer le contenu de leurs malles aux trésors bruts... Voici donc deux petits dessins sur taches diverses du Suisse Gaston Teuscher, bien connu des lecteurs des fascicules de l'Art Brut (voir le n° 10 de 1977 qui contenait une notice sur Teuscher écrite par Michel Thévoz). Comme précédemment, si ces œuvres vous intéressent pour les acheter (le prix est légèrement en dessous de la cote pratiquée), veuillez me contacter en privé (voir dans la colonne de droite "Me contacter").

 

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Gaston Teuscher, sans titre, encre sur papier fin, 11 x 16,5 cm.

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Gaston Teuscher, sans titre, encre, crayon de couleur et collage sur papier (peut-être de paquet de cigarettes ; le verso est doré), 19 x 8 cm.

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Verso du dessin précédent, papier doré.

12/11/2017

"Le Gazouillis des éléphants", Actualités...

     J'ai récemment annoncé des présentations effectuées par votre serviteur, suite à la parution de mon récent inventaire des environnements spontanés, Le Gazouillis des éléphants. Je vais les rappeler ci-après. Mais voici que s'en rajoute une, plus rapprochée dans le temps. Je serai en effet présent pour une dédicace (plus qu'une présentation) sur le stand des éditions du Sandre au salon L'Autre Livre, à l'Espace des Blancs Manteaux (Paris 4e ardt), le dimanche 19 novembre, de 16 à 18h.

Et donc, petit rappel, n'oublions pas la présentation assortie de quelques photos, accompagnée d'une interview de mézigue par Régis Gayraud, et d'un débat avec les personnes intéressées, qui suivra à la librairie Atout-livre dans le XIIe arrondissement, tout près de la place Daumesnil (au 203 bis avenue Daumesnil, exactement), le vendredi 24 novembre à 19h30.

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Vitrine actuelle (durant tout le mois de novembre) de la librairie Atout-livre, consacrée au Gazouillis, avec quelques objets venus de divers sites d'inspirés du bord des routes, ph. Bruno Montpied, 2017.

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Exposition de photos de B.Montpied chez Atout-Livre (là aussi durant tout le mois de novembre 2017).

 

Puis, dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, le samedi 9 décembre à 15h, idem, mais cette fois en solo et avec une présentation plus étoffée en photos, que je classerai dans l'ordre chronologique des dates de création des sites inventoriés dans mon livre.

Je poursuivrai à Bègles, au musée de la Création franche, le mercredi 20 décembre à 19h30, là aussi pour une présentation-dédicace du livre, en partenariat avec la librairie bordelaise La Machine à lire.

08/11/2017

Pas de musée d'art brut à Hauterives...

Hauterives renonce Le Dauphiné vers le 28 oct 17 (2).jpg

Paru dans le Dauphiné, vers le 28 octobre 2017.

 

      Le musée d'art brut qui devait se constituer autour de la collection de l'association ABCD (Bruno Decharme) dans l'ancien château d'Hauterives, à côté du Palais Idéal du Facteur Cheval, dans la Drôme, ne se fera donc pas. On lira l'article ci-dessus pour se faire une idée de ce qui a coincé. Des histoires de gros sous apparemment, comme toujours. Et peut-être aussi de l'idéologie par dessous aussi? Je relève personnellement les propos passablement aventurés du maire de la commune, M. Florent Brunet ("divers droite"), qui aurait avancé que la collection Decharme, n'ayant pas attiré plus de 100 000 visiteurs en 2015 lorsqu'elle a été exposée à Hauterives, prouverait par là, selon lui, qu'elle serait pour un public qui resterait "élitiste". Le sens caché de cette déclaration a de quoi laisser perplexe. Parce qu'une manifestation n'attire pas une flopée de visiteurs d'emblée, on serait en droit de la qualifier réservée à une "élite" (ou ce que voulait peut-être plutôt dire ce maire : réservée à "une coterie d'initiés"?)? Ne serait-ce pas plutôt que l'art brut n'est pas encore suffisamment connu, et que le public n'a pas été correctement informé ? Quand on sait l'alarmante incurie du monde médiatique vis-à-vis du corpus des œuvres populaires (art populaire, art naïf, art brut), ne serait-ce pas à cela qu'il faut davantage imputer le manque d'affluence du public (quoique "moins de 100 000" indique que le maire mettait déjà la barre bien haute dans ses espoirs...)? Comment veut-on faire venir du monde si ce monde n'est pas avant tout informé?  

       Sans compter qu'Hauterives ne se trouve pas non plus extraordinairement bien desservi par les transports... Ce serait tout de même autre chose si on était à Valence par exemple, ou encore mieux, à Lyon, une ville où, personnellement, je verrais fort bien un nouveau musée d'art brut...

      Taxer d'élitiste une collection d'art brut, c'est donc renverser le problème, quand il faudrait plutôt incriminer les responsables des préjugés à l'égard de l'art brut qui freinent sa pénétration auprès du public, que les manipulateurs d'opinion professionnels (c'est-à-dire les responsables des media) prennent généralement pour des imbéciles. Alors que l'art brut est tout à fait capable d'intéresser le public, répétons-le avec Antoine de Galbert ("l'art brut peut toucher au contraire un large public populaire", dit-il dans le même article ci-dessus), d'autant plus, ajouterais-je, que ce sont des créateurs d'origine populaire qui ont alimenté une large partie des collections d'art brut.

02/11/2017

"Le Gazouillis des éléphants", premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, par Bruno Montpied, paraît aujourd'hui

      Trente-cinq ans que je le méditais cet inventaire... Longtemps, je me suis dit que je n'y arriverais jamais. Et puis un soir... A la Maison de Victor Hugo, j'ai fait une rencontre, j'ai fait connaissance avec le responsable des éditions du Sandre, Guillaume Zorgbibe, qui accompagnait un vieux camarade à moi, Joël Gayraud. Guillaume éditait alors la revue de Marco Martella, Jardins, qui cessa malheureusement après six numéros. Martella m'avait invité à publier un article pour son n°2. Par la suite j'en fis un autre dans le n°5. Bref, les Editions  du Sandre, c'était donc déjà mon éditeur... Je le signalai en souriant à l'ami Guillaume. Il me semble qu'il m'a regardé avec curiosité, mais peut-être mon souvenir enjolive, mythifie ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Ce fut le début de notre collaboration plus étroite autour d'un projet qui m'était cher depuis longtemps, faire l'inventaire des environnements spontanés français...

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Après Eloge des jardins anarchiques en 2011...

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Andrée Acézat, oublier le passé, en 2015...

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Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, en 2016...

 

Voici donc :

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Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, etc., éditions du Sandre, novembre 2017.

 

     Ce projet d'inventaire des environnements populaires spontanés français (= "inspirés des bords de  routes", "habitants-paysagistes", "bâtisseurs de l'imaginaire"...) me trottait dans la tête depuis des décennies. Chaque fois que je commençais à accélérer dans l'idée de le finaliser en m'y mettant sérieusement, un livre sortait sur la question, parcellaire, toujours insuffisant à mon avis (par exemple le Bonjour aux promeneurs d'Olivier Thiébaut chez Alternatives en 1996), ou mixé de façon peu judicieuse (mais commerciale!) avec des sujets insolites plats  (par exemple Le Guide de la France insolite de Claude Arz chez Hachette en 1990, où le sujet était mêlé à l'évocation de lieux hantés, de trésors cachés, de musées de l'épicerie, de la sorcellerie de bazar...).

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Le Gazouillis présent à l'étalage du stand de la Halle St-Pierre à la dernière Outsider Art Fair, du 19 au 22 octobre dernier, où il fit une apparition temporaire en avant-première... pour une dédicace.

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Le Gazouillis ouvert sur une notice consacrée à Denise Chalvet en Lozère. Ph. B.M.

 

     En rassemblant tous les sites recensés dans les différents ouvrages d'un certain volume traitant de la question, il me semblait toujours qu'on ne dépassait pas la centaine de créateurs environ, tout compris, dispersés qui plus est sur plusieurs ouvrages distincts publiés à des années de distance. En outre, les découvertes se renouvelaient fort lentement (je ne veux pas jeter la pierre à Claude et Clovis Prévost, mais au fil des années, ils ne nous ont parlé que des mêmes 15 créateurs, dont certains, comme Chomo, Tatin ou Garcet étaient plutôt des artistes singuliers et marginaux que des créateurs totalement hors système des Beaux-arts). Dans Eloge des Jardins anarchiques, moi-même, je n'évoquais qu'une cinquantaine de sites (dont plusieurs avec une seule photo).

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Couverture de Jardins n°5, 2014 ; avec un texte de Bruno Montpied sur la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan)

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Alexis Le Breton, dans son arboretum de La Mare au Poivre, Locqueltas, ph. Bruno Montpied, 2010.

 

       Ainsi, si l'on voulait se faire une idée de l'ensemble des sites qui avaient existé, existaient encore, ou étaient en train d'apparaître, l'information était éclatée, parfois dans des publications devenues très difficiles de se procurer, uniquement consultables pour beaucoup en bibliothèque, ou bien se trouvait sur des cartes postales anciennes rarement rassemblées en un livre unique (la collection de cartes postales sur les Inspirés de Jean-Michel Chesné, si elle fut dévoilée dans la défunte revue Gazogène de Jean-François Maurice, ne paraît l'avoir été que de façon fragmentaire et, là aussi, éclatée sur les différents numéros ; de plus ce rassemblement de documents anciens, séparé d'un rassemblement plus général qui aurait montré la continuité des sites présents sur les cartes postales, donnait une impression tronquée du phénomène). Ces cartes postales anciennes (en l'occurrence, venues de ma propre collection), il me semblait nécessaire – c'est une autre caractéristique importante de mon inventaire - de les associer dans mon livre à une iconographie en couleur illustrant les mêmes sites conservés jusqu'à l'époque présente, ainsi, bien sûr, que des sites nettement plus récents. D'une manière  immédiate, devant ce noir et blanc confronté à la couleur, le lecteur comprend que les environnements existent depuis bien avant le Palais Idéal du Facteur Cheval (commencé en 1879) et se poursuivent aujourd'hui...

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Bas-relief de Louis Licois, daté de 1843, toujours présent sur la façade d'une maison à Baugé (Maine-et-Loire), Photo B.M., extraite du Gazouillis, 2009.

 

       J'ai longtemps déploré dans mes débuts de recherche de ne pas trouver une ressource qui me permettrait d'avoir la liste complète des lieux existants ! C'est une question qui m'a souvent été posée au cours des débats que j'ai pu faire à la suite de la sortie d'Eloge des jardins anarchiques : comment faites-vous pour trouver ces sites? Pour aller voir ces sites étonnants, c'est un truisme,  il faut d'abord apprendre qu'ils existent, et trouver l'endroit où on les évoque. Ce sont des lieux privés, où il y a une exhibition certes, mais qui restent des lieux privés, des habitats  supposant une approche discrète et respectueuse des habitants. Dans les années 1980, années où j'ai commencé ma quête, il n'y avait bien sûr pas d'annuaire des inspirés! Ce dernier n'est d'ailleurs pas souhaitable. J'ai patiemment cherché, sans me presser (cette lenteur m'a toujours paru essentielle ; aujourd'hui les nouveaux venus dans ce genre de recherche, habitués à tout trouver très vite sur internet, sont trop pressés...), accumulant des fiches, des références... Une bibliographie condensée et fournie, commencée dans Eloge des JA, et légèrement augmentée dans mon nouveau livre, fait office à mes yeux de premier signe de pistes... Il n'est pas aventuré ou has been de considérer cette recherche des Inspirés hors système des Beaux-Arts comme une longue dérive au sein d'un labyrinthe... Un sens préservé du merveilleux est à ce prix.

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Entrée du Paradis, chez son auteur, Léopold Truc, à Cabrières d'Avignon (Vaucluse), ph. B.M. (extraite du Gazouillis), 1989.

 

      Le Gazouillis n'est donc pas un annuaire. Je n'y ai donné des adresses que lorsque j'étais sûr que cela correspondait au désir des créateurs inventoriés, ou des collections qui préservent des fragments d'environnements (comme la Fabuloserie dans l'Yonne, la collection de l'Art Brut à Lausanne, le LaM de Villeneuve d'Ascq à côté de Lille, ou le Jardin de la Luna Rossa à Caen). C'est plutôt une immense stimulation à découvrir la création primesautière française se déployant hors les cadres des beaux-arts traditionnels, et aussi, point remarquable, hors du marché de l'art (ce qui explique qu'on n'en parle pas tant que cela!).

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Les Ruines de la Vacherie, exemple de carte postale ancienne (début de XXe siècle), montrant un site réalisé par un récupérateur de gravats nommé Auguste Bourgoin, alentours de Troyes (Aube), aujourd'hui disparu, coll. B.M.

 

      Il rassemble, avec discrétion et parfois un peu de mystère, en un seul volume, tout ce que j'ai pu voir et trouver dans des ouvrages ou des revues, pas forcément des publications spécialisées en art brut d'ailleurs, et  tout ce que j'ai découvert de mon côté, ou éclairé, ou remis en perspective. A partir de ce rassemblement, il me semble qu'on pourra se faire une idée plus précise du phénomène des créations d'autodidactes en plein air, entre habitat et route, associables tantôt à l'art brut, tantôt à l'art naïf, sur le territoire métropolitain en France.

      Le Gazouillis des éléphants recèle ainsi jusqu'à 305 notices consacrées à ces créations d'hier et d'aujourd'hui. En donnant l'état des lieux, dans la mesure de mes connaissances, et en particulier les solutions diverses qui ont été trouvées pour sauvegarder ou prolonger, en partie ou en totalité, divers sites. Depuis quelque temps, il me semble en effet que la notoriété de l'art brut et des environnements d'inspirés allant en augmentant, le public se montre de plus en plus sensibilisé à la question du prolongement à donner aux environnements spontanés post mortem. Ce que les héritiers de ces décors foutraques auraient jeté naguère, il arrive plus fréquemment qu'il soit désormais conservé ou, quand on veut à tout prix s'en débarrasser, au moins mis en vente par exemple (voir le cas du site d'André Hardy en Normandie).

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André Hardy, lion en ciment peint et collage de faux crin, ph. B.M. en 2010.

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Le même lion d'André Hardy dans les réserves du LaM à Villeneuve d'Ascq, après acquisition et en attente de restauration, © photo LaM 2011.

 

    Fidèle à mon angle habituel pour aborder ces créations de plein air, je  me suis cantonné  dans cet ouvrage aux environnements populaires, en écartant tous les environnements créés par des artistes modernes ou singuliers (marginaux), hormis quelques cas-limites qui permettent de faire ressortir la spécificité du corpus retenu (comme par exemple le jardin de Monsieur X dans la Presqu'île de Crozon en Bretagne, de son vrai nom Jacques Boënnec - je donne à présent son nom car il vient de disparaître ; auparavant, il m'avait demandé de taire son identité, d'autres que moi n'avaient pas eu ce respect...). Pas de Cyclop de Tinguely, ou de musée Robert Tatin, pas davantage de maison de "Celle qui peint" (Danielle Jacqui), manifestant une culture artistique préalable (Jacqui m'a toujours donné l'impression de connaître Picassiette, par exemple).

     Primo, il fallait circonscrire à tout prix le champ d'étude (déjà, arriver à 305 notices m'a amené à un livre-monstre qui fait 930 pages avec plus de mille photos, pour un poids de 2,7 kgs...). Secundo, j'ai un faible pour les créations d'autodidactes populaires, qui œuvrent artistiquement sans se revendiquer artistes, et dont les travaux, détachés de toute attitude référentielle – y compris quand il leur arrive de démarquer ou de copier/transposer des œuvres d'art vues à la télé ou dans les magazines –, gardent une fraîcheur authentique. Fraîcheur brute ou naïve, je ne fais pas de hiérarchie sur ce point, si l'œuvre me surprend et m'enchante (critère premier!).

     C'est ce qui explique que l'Introduction du Gazouillis insiste sur ce slogan que je reprends régulièrement, depuis quelque temps, dans mes textes : il s'agit bien d'un Art sans artistes. Comme on parla à une époque d'une architecture sans architectes.

     Bon vagabondage à tous!

 

Bruno Montpied, Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, excentriques, loufoques, brindezingues, ou tout simplement inventifs, passés, présents et en devenir, en plein air ou sous terre (quelquefois en intérieur), pour le plaisir de leurs auteurs et de quelques amateurs de passage, Editions du Sandre, 2017. 950 pages, 220x240x70 mm, plus de mille photos couleurs et noir et blanc. Disponible au prix de 39€ dans toutes les bonnes librairies (si vous ne le trouvez pas, faites-le commander par votre libraire favori) à partir de la première semaine de novembre. Diffusion Harmonia mundi.

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Les professionnels des éditions du Sandre, sans qui il n'y aurait jamais eu de multiplication du Gazouillis, de gauche à droite: Guillaume Zorgbibe, Stefani de Loppinot et Julia Curiel, ph. B.M., 2017 ; merci à eux! Heureusement que ces gens existent...

 

QUELQUES DATES A RETENIR :

Durant tout le mois de novembre, exposition de photos et d'objets de la collection de Bruno Montpied dans la librairie Atout-Livre, 203 bis avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement. Causerie et débat avec le public le vendredi 24 novembre à 19h30, en présence de B.M. et de Régis Gayraud, camarade d'enquête de B.M.

Le samedi 9 décembre, à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, à 15h, projection de photos extraites du livre (rangées par ordre chronologique de dates de création) et débat avec le public en présence de B.M. Suivie d'une dédicace. Organisée en partenariat avec  la librairie de la Halle St-Pierre.

Le mercredi 20 décembre, au Musée de la Création franche à Bègles, à 19h30, projection de photos et rencontre-débat avec le public dans le cadre du LAB et en partenariat avec la librairie bordelaise La Machine à lire.

 

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Dessin de Jade, 8 ans (qui sert de cul-de-lampe à quelques endroits du Gazouillis, notamment sur les pages de garde)

17/10/2017

Souvenirs sur l'Aracine (1) : un fragment de lettre de Madeleine Lommel à Bruno Montpied

     "En tout cas c'est une autre époque et je suis très inquiète pour le regard que l'on portera désormais sur l'art  brut, la hauteur avec laquelle on le regarde sans se préoccuper du pourquoi et du comment ; l'œuvre seule intéresse! et plus encore l'argent qu'elle représente, pourtant rencontrer les auteurs est d'une richesse irremplaçable.

     C'est  la dérive."

     (Madeleine Lommel, lettre à Bruno Montpied du 29-11-2004, à en-tête de l'association l'Aracine)

       L'Outsider art fair (la Foire de l'art brut) se tiendra du 19 au 22 octobre 2017 à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt parisien... Où l'on parlera d'œuvres et d'argent sans y rencontrer beaucoup d'auteurs d'art brut vivants... Mais il faut cependant y aller, ne serait-ce que pour maintenir le fil entre amateurs sincères – et désintéressés – de l'art brut qui croisent aussi par là-bas, entre les lignes. Personnellement, j'y dédicacerai mon nouveau livre, Le Gazouillis des éléphants, premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, le samedi 21 octobre à 15h30 sur le stand de la librairie de la Halle St-Pierre. A venir, bientôt, une note sur ce blog, pour y revenir plus précisément.  

12/10/2017

Deux autres expositions à voir: "Pop collection" et Michel Zimbacca à l'Usine

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Couverture du carton annonçant l'exposition-vente de la collection de Pascal Saumade à l'Arts factory (11 octobre- 17 novembre 2017)

 

    J'ai un petit rab d'annonces à faire concernant deux expos. Rue de Charonne, dans la galerie de l'Arts factory, connue jusqu'ici pour être "le premier espace d'envergure entièrement dédié à la scène graphique contemporaine",  ils ont invité Pascal Saumade de la Pop galerie (galerie nomade, qui s'expose notamment à l'Outsider art fair ; une nouvelle édition est d'ailleurs pour bientôt, à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt à Paris). J'ai eu l'occasion de parler de lui, qui fut l'organisateur de plusieurs expos en collaboration avec le musée des arts modestes de Sète. Une partie de sa collection – le tiers paraît-il  – est présentée rue de Charonne. Cela part dans tous les sens, bien en accord avec l'éclectisme revendiqué du galeriste-collectionneur, amateur en gros de tout ce qui constitue l'art populaire contemporain, autre nom de l'art modeste.

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Jean Pous dans Pop Collection, photo Bruno Montpied.

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Rnord (?), portrait d'une femme, crayon graphite, ph. B.M.

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Philippe Jacq, assemblage et terracotta, 2015-2017. Ph. B.M.

       On trouve des posters du Ghana (ils furent exposés par l'Arts Factory au temps où ils étaient installés rue d'Orcel dans le XVIIIe), des paños chicanos, de l'art "outsider" afro-américain (S.L. Jones par exemple), des artistes graphistes divers (Javier Mayoral, Anne Van Der Linden), de l'art brut (quatre dessins de Jean Pous, Guy Brunet - affiches, portraits -, Charles Boussion, Yves Jules, Patrick Chapelière, Jean Tourlonias, Pépé Vignes...), des dessins d'inconnus (R Nord), de l'art populaire sétois (Aldo Biascamano dont le tryptique sur la "pêche à la traïne" fait beaucoup penser aux faux ex-voto de Gérard Lattier), de l'art singulier (François Burland,  Jaber, Nidzgorski, Angkasapura, Sendrey, Jacqui, etc.), de l'art naïf même (Germain Tessier) et ce que Saumade et l'Arts factory appellent du "Rock'n'Folk Art" (voir liste ci-dessous). Tout cela mélangé dans une grande arlequinade de 300 œuvres où personnellement j'aurai tendance à opérer un tri, car tout ce qui est produit là n'est pas de la même provenance sociologique – l'usage social de l'art définissant aussi celui-ci. Sans compter que tout n'y est pas toujours de premier ordre au point de vue poético-esthétique. Il reste qu'on a toujours intérêt à suivre les curiosités de Pascal Saumade, qui est de la race des grands fureteurs.

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Liste des exposants à l'Arts factory, expo "Pop Collection".

*

Michel Zimbacca à l'Usine

      Sous ce titre, j'ai l'air de vouloir renvoyer Zimbacca en arrière, il y a très longtemps au temps du travail. Car cela fait un bout de temps qu'il a pris sa retraite, quoique pas celle du merveilleux. Surréaliste discret (depuis son arrivée dans le groupe dès 1949) – ultra discret même –, on connaît surtout de lui des films, qui ont été réunis récemment en DVD, dont  L'invention du monde, très connu auprès des cinéphiles amateurs de documentaires sur l'art, et, en l'occurrence, sur le monde des arts tribaux (le commentaire était de Benjamin Péret). Certains seront projetés d'ailleurs le 28 octobre à 20h à la galerie L'Usine de Claude Brabant (102 boulevard de la Villette, dans le XIXe ardt parisien).

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     Cette même galerie a en effet l'insigne honneur de nous proposer une exposition rare d'autres œuvres de Michel Zimbacca : des peintures, des dessins, des collages et des objets. J'en suis personnellement curieux, moi qui recopiais récemment un récit de rêve de 1998 où justement j'interrogeais Zimbacca sur les travaux graphiques et autres qu'il avait pu faire et sur lesquels ils se montrait fort discret. Je l'ai toujours imaginé, se réservant pour lui et ses proches les fruits variés et éclectiques de ses flâneries mentales, de ses digressions et rêveries intimes, si profondément intimes qu'elles durent peut-être lui paraître de nature à être réservées au cercle de sa vie quotidienne. Ce qui provient de l'inconscient et du hasard en effet apparaît bien souvent comme risquant de se galvauder au contact du monde extérieur. C'est affaire de pudeur et de scrupules qui sont également pratiqués par les auteurs d'art brut et qui expliquent que l'on découvre les œuvres de ces derniers bien souvent de façon posthume. La galerie l'Usine, galerie pour happy few, au charme secret lui aussi, est sans doute l'endroit idéal pour présenter, de façon anthume heureusement, les résultats des prospections mystérieuses du poète Michel Zimbacca. Avis aux amateurs, l'expo ne dure que deux semaines...

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Une curieuse production spontanée de Michel Zimbacca, réalisée à la fin d'un repas sur un bout de nappe en papier qui fut partiellement brûlée, coll. B.M., 2002 ; un oiseau passablement dépenaillé est jeté en travers du papier déchiré, celui-ci adoptant – involontairement? – la forme d'une tête dont la bouche est soulignée par la couleur du papier brûlé, les yeux étant figurés pour le premier par un cercle dans une serre de l'oiseau et pour le second par l'œil de l'oiseau lui-même.

02/10/2017

Expositions en pagaille tous azimuts

      L'automne est là, les feuilles roussissent, avant de se faire bientôt ramasser à la pelle, les marrons commencent à jaillir de leurs bogues, je ne vous apprends rien, et, comme d'habitude, l'actualité des expositions connaît l'emballement habituel des rentrées. Cela me donne des scrupules : par lesquelles commencer? C'est du boulot, et je renâcle à me faire le complaisant écho de ces manifestations qui toutes ne me font pas sauter en l'air, surtout quand elles participent d'un certain ron-ron au point de vue du choix des exposants (j'en ai un peu marre de voir parler des mêmes artistes ou créateurs : Robillard et ses sempiternels fusils pour investisseur  en poncifs de l'art brut, Joël Lorand ou Ody Saban, les arbres qui cachent la forêt de l'art singulier). Alors, j'ai envie aujourd'hui de mettre plusieurs expos dans une même note, en vrac, sans trop de commentaires, et dieu, comme on dit (je n'irai pas jusqu'à lui mettre une majuscule), reconnaîtra les siens.

     Toutes celles que j'indique ci-après, cependant, après un tri rigoureux, me paraissent dignes d'intérêt, et sont donc une sélection automnale non exhaustive de ce qui a trait à l'art singulier, brut, outsider, spontané, surréaliste spontané, etc.

      Exposition Outsider Art III, "Art brut haïtien contemporain" : Charles Djerry, Jean-Baptiste Getho, Frantz Jacques dit Guyodo, Alexis Peterson, Fanfan Romain, Pierre-Paul Lesly. Du 5 octobre au 4 novembre 2017. Galerie Claire Corcia et Polysémie.

Outsiders haïtiens à la galerie Corcia, Guyodo.jpg

Guyodo à la galerie Corcia ; à noter qu'on a découvert cet artiste autodidacte (dont les graphismes, intéressants, ressemblent tout de même pas mal à d'autres œuvres déjà vues ailleurs dans le domaine de l'art brut, vous savez, tous ces dessins griffonnés au stylo Bic...) à l'expo du Grand Palais, "Haïti, deux siècles de création contemporaine" (19 novembre 2014-15 février 2015), où il était présenté avant tout comme un sculpteur, un récupérateur de matériaux variés, unifiant ses assemblages sous des couches de pulvérisation d'aluminium (technique qui fait beaucoup penser à celle des Staelens en France qui unifient également leurs assemblages de même manière, quoique en rouge, ou minium). A priori donc, ne relevant pas strictement, pour des raisons sociologiques de l'art brut annoncé sur l'intitulé de l'expo. A noter qu'on parle rarement d'art brut haïtien, plutôt d'art naïf. Ou d'art vaudou. Ces délimitations terminologiques sont bien délicates...

 

     Claude et Clovis Prévost exhibent leur "exposition multimédia (photographies, films et œuvres d'artistes depuis 1963), avec la contribution des Rocamberlus de Georges Maillard, en son jardin de pierres d'Osny dans le Val d'Oise" à la Villa Daumier à Valmondois. Ouvert le week-end du 9 septembre au 15 octobre 2017. C'est bien sûr à l'occasion de la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, aux Belles Lettres. Sur leur carton d'invitation, une photo non légendée (voir ci-dessous) montre un monsieur barbu d'allure distinguée posant devant une sorte de portail germinatif qui paraît indiquer une inspiration naturelle, quoique mâtinée d'une certaine culture, donc relevant à mes yeux du corpus des environnements singuliers (genre Robert Tatin). Ce doit être, par élimination de ce que nous connaissons déjà des trouvailles de Claude et Clovis Prévost, le dénommé Georges Maillard avec ses "Rocamberlus". Mais on aimerait que les Prévost le confirment.

Georges Maillard peut-être, ph Clovis Prévost.jpg

Photo Clovis Prévost.

 

      La Galerie Les Yeux Fertiles pour sa part s'apprête à établir des "Connexions" entre art brut, surréalisme et art singulier. A ses visiteurs de rendre à César... ce qui appartient à chacune des étiquettes en question. Deux cas parmi les exposants que je situe mal, les dénommés "L. Smith" (créateur populaire afro-américain?) et "D.Valdés-Lilla" Au chapitre du surréalisme, on rangera seulement Masson et les Cadavres exquis, Mirabelle Dors (qui inventa une éphémère "tendance surréaliste populaire") et en prenant quelques libertés, Louis Pons. Du côté de l'art singulier, je placerai personnellement, Bettencourt, Rispal, Sefolosha et Chomo (souvent abusivement rangé dans l'art brut). A noter cinq contemporains dans cette liste, Pons, Sefolosha et Rispal, voire Charles Boussion, un authentique créateur d'art brut d'aujourd'hui, avec Lubos Plny aussi. Pourquoi avancer, dès lors, M. Morand, que la galerie ne se tourne pas vers l'art contemporain? Vous avez le contemporain sélectif? (Pourquoi pas, d'ailleurs?).

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A la nouvelle galerie de la Fabuloserie à Paris, l'expo d'automne est consacrée à Genowefa Magiera, seule cette fois.guyodo,art brut haïtien,art naïf haïtien,claud eet clovis prévost,environnement ssinguliers,georges maillard,rocamberlus,villa daumier,outsider art 3,galerie les yeux fertiles,surréalisme,art brut,art singulier On se souviendra en effet qu'elle fut une première fois présentée dans l'expo d'art brut polonais précédente, à la galerie parisienne et plus récemment à la Fabuloserie dans l'Yonne. C'est une trouvaille de Sophie Bourbonnais en compagnie de Marek Mlodecki, suite à des explorations en Pologne. Expo du 8 septembre au 21 octobre. Voir le lien. J'aime beaucoup ce genre de peinture d'une fraîcheur et d'une ingénuité absolues.

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Geneviève Magiera en vrac...

 

      Et la Maison sous les Paupières, à Rauzan, dans l'Entre-deux-mers, que devient-elle, me direz-vous (enfin, ceux qui suivent...)? Après une longue éclipse due à des petits problèmes de dérapage sur verglas cet hiver, son animatrice, Anne Billon a repris l'activité. Elle expose Bernard Briantais, le singulier Nantais dont personnellement j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog. C'est du 7 au 29 octobre. Le vernissage ce sera samedi prochain le 7, à 18h (ouverture de la galerie dès 14h). Adresse de la Maison sous les paupières... voyez l'affichette ci-dessous :

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      Sans transition, signalons aussi l'exposition plurielle de visionnaires et créateurs dissidents que concocte chaque mois de septembre, depuis des années, le Musée de la Création Franche à Bègles. Si la plupart des créateurs ou artistes présentés me sont inconnus, et je ne peux donc rien en dire de particulier, à part signaler leur présence, on notera tout de même qu'en fait partie Solange Knopf que j'ai plusieurs fois défendue ici même et aussi dans les colonnes de la revue du musée : je fais allusion à l'entretien que j'avais réalisée avec elle dans Création Franche n°41, en décembre 2014 (« Quelques questions à Solange Knopf au-delà des ténèbres »). "Visions et créations dissidentes", musée de la Création franche, du 30 septembre au 3 décembre 2017. A noter qu'à l'issue du vernissage qui a eu lieu le 30 septembre dernier, le nouveau maire de Bègles, Clément Rossignol Puech, a remis symboliquement les clés du musée au Président de Bordeaux Métropole, en l'occurrence Alain Juppé. Je crois qu'on espère au musée que ce transfert de propriété des locaux (et non pas de l'entité administrative et artistique qui reste l'apanage de la ville de Bègles) ouvrira la porte à des travaux d'extension dont la collection a bien besoin, étant donné son étendue croissante.

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Dessin de  Solange Knopf présenté sur le site de la galerie d'Ys en Belgique où elle a une exposition parallèle à celle de Bègles (du 8 au 29 octobre).

 

     

      Ailleurs, c'est la folie qui requièrent les efforts de deux organisateurs d'exposition et pas des moindres, d'une part le MAHHSA (Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, anciennement Musée Singer-Polignac ; on annonce pour bientôt son déménagement dans de nouveaux locaux, la Chapelle de l'hôpital...  – désertée pour cause de mort de Dieu?), pour deux expos dont une déjà en cours, "Elle était une fois, Acte I" (du 15 septembre au 26 novembre 2017) et "Acte II" (Du 1er décembre 2017 au 28 février 2018) – c'est "l'Acte I "qui est commencé – et d'autre part,  la Maison de Victor Hugo place des Vosges qui va bientôt présenter une formidable exposition, montée avec l'appui de diverse collections et fondations, et intitulée "La folie en tête, aux racines de l'art brut". Cette dernière, comme son sous-titre l'indique, se veut comme une mise en perspective de quatre collections psychiatriques du XIXe siècle (celle écossaise du Dr. Browne – une des plus anciennes, puisque fondée en 1838 –, celle d'Auguste Marie – qui fut un des premiers en France à créer un Musée de la folie, à Villejuif il me semble –, et celles de Walter Morgenthaler et de Hans Prinzhorn). Ces collections existaient  donc bien avant que la collection d'art brut de Jean Dubuffet ne se monte elle-même (à partir de 1945), parfois en s'incorporant justement certaines anciennes collections de psychiatres (comme celle du professeur Ladame, par exemple). L'exposition se tiendra du 16 novembre 2017 au 18 mars 2018 (vous avez le temps donc). La commissaire d'exposition, en dehors du directeur de la Maison de Victor Hugo, Gérard Audinet,  en est Barbara Safarova, présidente de l'association ABCD. On note la présence, au sommaire du catalogue, de contributions de Savine Faupin et de Thomas Röske entre autres. Mais je m'étonne de ne pas retrouver de contributions de Vincent Gille qui travaillait encore il n'y a pas si longtemps à la Maison de Victor Hugo et avait contribué à plusieurs reprises à tisser de fructueuses collaborations du musée avec la collection d'ABCD.

 du vernissage, le Maire de Bègles, Clémen

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Exposants au MAHHSA dans le cadre d'"Elle était une fois Acte I".

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Visuel proposé par la Maison de Victor Hugo pour l'expo "La folie en tête".

 

09/09/2017

Une fiction sur le Facteur Cheval bientôt au cinéma : la mode "Séraphine"

     Le Séraphine de Martin Provost a été un succès et a contribué à faire connaître Séraphine Louis, la peintre visionnaire naïvo-brute de Senlis. Oui? Je commanderai bien un sondage pour savoir combien de spectateurs après le film seront allés se plonger dans les quelques livres existant sur la peintre (signalons au passage une référence récente, fort sérieuse, enrichie de témoignages de première main, le Séraphine Louis,  d'Hans Körner et Manja Wilkens, paru chez Reimer/Benteli en 2009). Le film permettait en tout cas de découvrir de nombreux tableaux de Séraphine, magnifiquement photographiés, mais souffrait du choix de l'actrice, Yolande Moreau, au physique marqué par la gourmandise et l'épicurisme, qui ne correspondait en rien, selon moi, à l'austère physique de la véritable Séraphine de Senlis, confite dans la frustration et le refoulement, ce qui la conduisit vers les exubérantes turgescences de ces bouquets de fleurs hésitant entre l'enfer et le paradis...

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Séraphine Louis, les seules photos que l'on ait d'elle, prises il me semble par Anne-Marie Uhde (sœur de Wilhelm Uhde ; à signaler: le LaM préparerait une expo sur ce critique d'art-collectionneur pour bientôt).

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Yolande Moreau, photographe non identifié.

     Les producteurs de cinéma ont dû se dire, tiens? Séraphine, ça a marché, pourquoi ne pas continuer? Si on allait chercher aut'chose du côté des Bruts... Et c'est tombé sur le Facteur Cheval. Le réalisateur qui a été sollicité est Nils Tavernier, le fils de Bertrand, qui a avoué ne pas connaître un mot sur le fameux Facteur il y a un an. Je ne reprocherai rien à ce sujet. Après tout, tout le monde peut faire un bon film ou un bon livre sur un thème qu'il a découvert depuis peu. Non, ce qui m'amuse dans cette histoire de tournage, c'est le casting, là encore. Si je n'ai rien contre Jacques Gamblin, que je trouve tout à fait adapté au personnage de Ferdinand Cheval, j'ai plus de réticences vis-à-vis de l'actrice destinée à jouer sa femme : Laetitia Casta... Et pourtant, j'apprécie cette actrice, belle et intelligente. Mais, le physique, là aussi, ne correspond guère. Et mieux que de longues palabres, autant confronter la femme du rôle et le modèle original en photo. C'est comme si, comme me le suggérait un camarade récemment, on proposait Paméla Anderson pour jouer la femme de Picassiette (au nom de cette théorie que peu importe la ressemblance physique, un acteur peut tout jouer...)!

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La Famille Cheval, la femme de Ferdinand qui avait l'air brave mais pas très sexy.. (Tandis que la fille, Alice. n'avait pas l'air de rigoler tous les jours...)

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Et Laetitia Casta en mannequin qui va certainement apporter un autre souffle à la vie de Ferdinand...

 

 

07/09/2017

Une exposition consacrée à Marcel Vinsard dans le cadre de la 7e Biennale Hors les Normes de Lyon

– 

Exposition de Marcel VINSARD 14 septembre au 20 octobre 2017

Taxis Lyonnais

(où, paraît-il, quelques statues seront présentées dans les bureaux, mais aussi, initiative plus étrange, dans un vieux taxi - qui devrait peut-être circuler dans Lyon??)

Lundi au vendredi : 10h-12h / 14h-18h, 83, Rue Jean Jaurès – 69500 Bron T2- arrêt Bron Hôtel de Ville

 

     Dans le cadre de la 7e Biennale Hors-les-Normes de Lyon (aux dates variées selon les événements dont elle est partenaire), va se tenir une exposition consacrée aux pièces sculptées par Marcel Vinsard, le créateur d'un environnement de mille statues, naguère installé à Pontcharra en Isère, et qui a été démantelé à l'été 2016, après sa mort survenue en juillet de la même année.

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Démantélement du site de Marcel Vinsard, ph. Fatimazara Khoubba en août 2016 ; on aperçoit, très abîmé, au centre du cliché un portrait de Gérard Depardieu tout ruiné...

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Le même portrait de Depardieu du temps de sa "splendeur"; Marcel Vinsard collait souvent dans un coin de ses compositions des photos de ceux qui lui avaient servi de "modèles", ph.B.M., 2013.

 

 

      Les animateurs de l'association La Sauce Singulière, Loren, Jean-François Rieux et autres, prévenus par le sculpteur Jean Rosset, qui est de la région, connaissaient comme moi cet environnement, et ont eu le temps de récupérer environ deux cents pièces. De mon côté, j'en ai récupéré quelques-unes aussi, dont certaines sont allées au musée des Arts Buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier dans l'Aveyron. D'autres sont chez quelques collectionneurs (qui les ont acquises durant une précédente expo à Lyon, déjà organisée par la BHN en 2015). Personnellement j'en conserve six, dont un de Gaulle que j'avais acquis directement auprès de Marcel Vinsard. J'ai gardé aussi, abîmé, le panneau où Vinsard avait inscrit des jeux de mots près de son chalet.

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Marcel Vinsard, de Gaulle, coll. et photo Bruno Montpied, 2013.

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Marcel Vinsard, masque vert, polystyrène peint, créé vers 2013, ph. et coll. B.M. (devant la galerie Dettinger), 2016.

Marcel Vinsard, panneau avec inscription, coiffeur qui rase les murs (2)....jpg

Marcel Vinsard, "Coiffeur à la retraite...", panneau en polystyréne peint, années 2000, coll. et ph. B.M., 2016

 

     Marcel Vinsard, j'en ai causé sur ce blog le 3 février 2015, après l'avoir rencontré en juillet 2013 en compagnie d'un camarade, suite à un signalement par Alain Dettinger et Fatimazara Khoubba. C'est le type même de créateur d'œuvres éphémères qui installent leurs artefacts en plein air en négligeant absolument la question de la pérennité de leurs œuvres. Il est probable, en outre, que Vinsard ne se faisait aucune illusion sur la suite que donnerait sa famille à ses excentricités... Mais il reste tout de même emblématique de l'attitude toute empreinte d'immédiateté d'une majorité de ces créateurs autodidactes, étrangers  aux milieux artistiques. Leurs environnements vivent aussi longtemps qu'eux. Lorsque ces derniers pensent avoir atteint la fin (de leur art et de leur vie, c'est tout un), tout part en quenouille... Les matériaux qu'employait Vinsard, le polystyrène, les mousses polyuréthanes dans une grande majorité des œuvres (il recourut cependant aussi au bois, au Siporex et au ciment-colle par exemple), n'arrangeaient pas les choses, non plus! Il est donc vain de traiter les familles ou les héritiers de ces sites avec des noms d'oiseaux – comme le font certains sur des sites web que je ne nommerai pas...

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Marcel Vinsard, vue des abords de son chalet d'habitation en 2013... Ph. B.M.

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...et après le démantèlement, le vide, l'ennui... ph. B.M., 2016.

 

     A signaler que dans l'expo on pourra trouver mon livre paru l'année dernière dans la collection La Petite Brute aux éditions de l'Insomniaque, Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles. Ne pas hésiter à le demander à l'accueil...! Très beau, pas cher... Il contient de nombreuses photos du site prises en 2013, à son apogée quasiment.

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01/09/2017

Art brut en Chine populaire ?

     La question se pose depuis quelque temps, depuis peut-être la découverte de Guo Fengyi et de ses femmes visionnaires émergeant au sein d'arabesques fleuries. Des centres d'art pour "malades mentaux" et sans doute aussi pour handicapés mentaux, existent ; le blog  CN KICK (article de Lauriane Roger-Li), féru de culture contemporaine chinoise,  cite par exemple le Nanjing Outsider Art Center (voir ci-contre une œuvre de Ba Zi publiée sur le site CN KICK) Oeuvre de Ba Zi, Nanjing outsider art center.jpg et le Today Art museum, mais on peut se demander si l'art qu'on y défend ne proviendrait pas avant tout d'ateliers, comme c'est le cas en Europe, à Gugging en Autriche par exemple (où, certes, il y a des créateurs talentueux mais qui reflètent un style "Gugging", dû peut-être avant tout au matériel mis à la disposition des auteurs) ou ailleurs en Asie, comme au Japon, où une bonne partie des productions proviennent d'ateliers pour handicapés. L'art produit dans des hôpitaux, ou des locaux mis à disposition par des ONG comme en Chine, à notre époque, est médiatisé par l'entourage du créateur qui le stimule. Ce qui, on se le rappelle, est contradictoire avec les critères de l'art brut envisagé dans son sens strict, puisqu'il s'agit d'une expression autarcique, coupée de toute influence artistique, émanant d'un individu secret ne cherchant pas a priori à communiquer ses œuvres.

       En ce qui concerne ce que l'on appelait "l'art des fous", jusqu'à la moitié du XXe siècle, dans les hôpitaux français, on ne s'intéressait pas de très près aux productions sauvages des malades, productions qui ont constitué une partie de la collection d'art brut montée après la seconde guerre par Jean Dubuffet, grâce aux dons que lui consentirent plusieurs psychiatres collectionneurs. On ne s'y intéressait guère et on ne cherchait pas à l'encourager particulièrement, on s'en servait plutôt comme matériel de diagnostic. Cela changea par la suite avec l'art-thérapie. On encouragea, on stimula, on créa des galeries, des circuits de vente, ce qui perturba l'appréhension de cet aérolithe créatif qu'était l'art brut tel qu'envisagé au départ par Dubuffet. C'est cette attitude en vogue dans les milieux asilaires que l'on retrouve aujourd'hui en Asie, semble-t-il. En outre, la confusion est entretenue, en Europe, par  certains marchands d'art brut désireux de mêler l'art brut à l'art contemporain, et bien entendu cela n'aide guère à s'y retrouver....

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Œuvre de Li Zhongdong sur le "Facebook" de la BHN 7.

 

     La Biennale Hors-les-Normes propose  du 29 septembre au 7 octobre prochains une sélection de créateurs chinois, dans les locaux de la MAPRAA (9 rue Paul Chenavard, 69001 Lyon). "Art brut raffiné de Chine", cela va s'appeler. On notera le jeu de mots sans trop saisir l'intention, s'il y en a une, qui se cache derrière... Des noms sont jetés en pâture pour les amateurs : Zhang Qifeng, Zhou Huiming, Li Zhongdong, Fen Cangyu, Li Jie, Jian Jian, Pin Fang, Qi Wen, Qiao Yulong, Shi Zhiwei, Yang Chuanming, Yang Min, Yue Yue, Zheng Donghui, Feng Ying et Li Changsheng... Mais – n'est-ce pas ? – je ne pense pas que cela dise grand-chose à personne par ici, à moins d'être un proche des trois personnes citées par la BHN comme étant ceux avec qui elle a étroitement collaboré "depuis six ans" pour l'organisation de cette exposition : "Zhang Tianzhi, Guo Haiping, fondateur de l’atelier Outsider, et Liu Sammi, fondateur (sic? Car il semble que ce soit plutôt une "fondatrice") du festival «Almost Art Project»". Sur ces gens-là, on n'apprend pas non plus grand-chose dans le programme de la BHN, 7e du nom, à part peut-être à partir des mots "Almost art project" qui renvoient à un site internet chinois (muni de quelques traductions en anglais). Les animateurs qui sont derrière, semble-t-il des professionnels de la communication culturelle, paraissent s'intéresser à la fois à "l'outsider art" (sans donner beaucoup d'exemples), aux comic's, et au street art, joyeux mélange qui signe une tendance plutôt "contre-culturelle" donc...

Expo d'art outsider à Pékin Almost art project.JPG

Sur le site internet d'Almost Art project, on trouve une photo en faible résolution montrant Liu Sammi (ou Sammi Liu...), une femme donc apparemment, interviewée devant un éclectique rassemblement d'œuvres de styles bruto-naïvo-singularo-autodidactes... pas vilaines a priori...

       Il faudra donc aller à Lyon. Le Poignard Subtil fera le voyage et tentera de vous en dire plus.

17/07/2017

Parution du livre de Benoît Jaïn, "Pierre Jaïn, un hérétique chez les Bruts"

     Comme on va me rétorquer que, puisque j'en ai écrit la préface, et que j'ai été à de nombreuse reprises l'instigateur de redécouvertes du sculpteur d'art brut douarneniste Pierre Jaïn (entre autres, sur ce blog), il n'est pas étonnant que je défende l'édition du livre de Benoît Jaïn récemment paru sur son grand-oncle (et l'on ne s'embarrassera pas alors pour me reprocher mon copinage...), je répondrai que c'est parce que j'ai toujours été profondément intrigué par l'œuvre et la personnalité de Pierre Jaïn que je défends toutes les entreprises  qui visent à faire connaître ce créateur hors-normes. Donc, pas de souci, nulle complaisance ici.

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     Il est logique que je vous conseille de vous procurer Pierre Jaïn, un hérétique chez les "Bruts", aux éditions YIL, surtout si l'on aime la problématique de l'art brut, de ses liens avec l'art populaire rural d'autrefois, et accessoirement l'imaginaire traditionnel breton. Cela vient tout juste de sortir, et ce ne sera peut-être pas très facile de se le procurer partout  (pour le moment, la librairie de la Halle Saint-Pierre en possède quelques exemplaires, et sans doute le trouve-t-on en différents points de la Bretagne, mais sa diffusion paraît d'ores et déjà restreinte, du genre bouche à oreille, ou d'un mail à l'autre ; le mieux étant, pour ceux qui seraient loin de Paris et de la Bretagne - il y en a... -, de le commander à ce lien : http://yil-edition.com/produit/pierre-jain-un-heretique-c...). J'en profite au passage pour signaler l'exposition qui se tient en ce moment dans son village natal, à Kerlaz (Finistère), non loin de Douarnenez (voir le carton ci-dessous). Que les gens passant par là-bas durant la semaine qui vient ne manquent pas l'événement, cela se termine  le dimanche 23 juillet. On doit sûrement y trouver le livre de Benoît Jaïn.

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     Pierre Jaïn, ce "colosse boîteux", comme le surnomme Benoît dans son livre, m'est apparu très tôt, avant même que je ne découvre le cas du sculpteur creusois François Michaud – lui-même au carrefour entre l'art populaire rustique et l'art brut (mais plus tôt que Jaïn ; si ce dernier a commencé grosso modo après guerre la sculpture, sur pierre, puis sur bois, et enfin sur os après la mort de sa mère en 1964, et trois ans avant sa propre mort,  on sait que François Michaud a œuvré dans la deuxième moitié du XIXe siècle) –, comme un cas que les défenseurs sourcilleux de l'art brut orthodoxe ne voulaient envisager que sous un seul aspect, le plus conforme à leur vision de l'art brut. La même chose s'est reproduite ailleurs avec le dessinateur bourguignon Maugri que l'animatrice principale de l'Aracine, Madeleine Lommel, refusait d'envisager dans toutes ses dimensions, de dessinateur naïf, dessinateur visionnaire, et dessinateur automatique (et donc "brut"), ne privilégiant que la dernière veine. Selon mes vues, il me paraît fort partial et injuste de découper en tranches l'œuvre d'un homme. L'information se doit d'être la  plus complète à son sujet, quitte à donner ses préférences dans un second temps.

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Pierre Jaïn, La femme et le dragon, bloc de bois sculpté représentant le diable avec une femme (sorcière?), coll. particulière, ph. Bruno Montpied, 2013.

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Pierre Jaïn, personnage sculpté dans la pierre, placé dans un tube de métal, ancien élément de la "batterie" du sculpteur (merci à Benoît qui m'a donné cette précision), jardin de Kérioré-Isella, Kerlaz, ph. B.M., 1991.

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Pierre Jaïn, os d'omoplate taillée et colorée, coll. de l'Art Brut, Lausanne, ph. Arnaud Conne.

 

     Benoît Jaïn ne l'entend pas de cette oreille et il nous donne avec cet ouvrage un portrait des plus complets, dans l'état actuel des informations disponibles, de son grand-oncle, à l'inspiration éclectique, visant selon lui à un projet universaliste qui fut parfaitement incompris de ses contemporains (et ajoutons-le, toujours aussi méconnu des contemporains actuels). Son livre dévoile un grand nombre d'œuvres de Pierre, le plus souvent détourées, mariées ainsi plus intimement à son texte, où, seul bémol que j'apporterai quant à la maquette typographique, l'on peut s'agacer de l'usage répété du gras dans les caractères soulignant inutilement les membres de phrases sur lesquelles l'auteur veut attirer l'attention du lecteur par une espèce de tic didactique.  On oublie cependant vite ce défaut bénin, à mesure que l'on suit Benoît, nous déroulant progressivement comme dans une balade séduisante  le labyrinthe de cette œuvre hétéroclite restée  longtemps inédite, expérimentale souvent, mais aussi déployant des sortes de transposition d'après diverses sources iconographiques que le sculpteur kerlazien recueillait pieusement dans sa maison.

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Œuvre sculptée de Pierre Jaïn, démarquée des photographies illustrant le livre de Denise Paulme et Jacques Brosse, Parures africaines (éd. Hachette.), ph. B.M., 2013.

 

     En effet, nombreuses paraissent être les œuvres qui s'inspirent de modèles dénichés dans les livres dont le sculpteur aimait à s'entourer. Benoît publie dans son livre une petite partie de sa bibliothèque telle qu'elle a pu être malaisément reconstituée, à la fois pour montrer sans détour la manière de procéder de son aïeul et à la fois pour démontrer que l'autodidacte ne dédaignait pas de se construire ses propres références, s'intéressant aux peuples africains, à la cryptozoologie (science des animaux à l'existence controversée), à l'astronomie, aux mysticismes divers (il avait des relations avec les Témoins de Jéhovah), car il était très pieux, à l'histoire, à la préhistoire, et à la musique. Pour cette dernière, il pratiquait, chantait en s'accompagnant sur une batterie bricolée dont Benoît nous détaille dans le livre les différents éléments, ce qui intéressera les amateurs de musique brute qui croisent de temps à autre sur ce blog.

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     C'est aussi l'occasion pour Benoît Jaïn d'insister sur l'environnement de sculptures et installations diverses que son grand-oncle avait fini par constituer autour de la ferme familiale, où, aujourd'hui encore, subsistent quelques-unes des ses pierres sculptées (à ce titre, le jardin figurera dans mon prochain livre, Le Gazouillis des éléphants, à paraître en novembre). S'il y avait organisé sa "batterie" loufoque le long d'une clôture, il avait disposé aussi une hutte contenant une femme nue sculptée, des sortes de galettes de ciment incrustées de divers accessoires, un totem dont il ne reste aujourd'hui que la tête (voir ci-dessous)...

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Benoît Jaïn présentant la tête, vestige de l'ancien totem du jardin (pour voir l'aspect du totem complet dans le jardin, se référer à mon livre à paraître en nov.17), ph.B.M., 2013.

 

      Le livre propose aussi, heureuse initiative, un lexique des principales catégories artistiques auxquelles on pourrait rattacher l'œuvre de Pierre Jaïn, avec leurs définitions et les caractéristiques que l'œuvre possède en rapport avec ces catégories.

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Une page, la 91, de Pierre Jaïn un hérétique chez les "Bruts", avec un Yéti, un Néandertalien, un dinosaure... 

 

      En conclusion, cet ouvrage est aussi une éclatante réponse de la famille du "colosse boiteux" aux rumeurs propagées au départ par le Dr.Maunoury, puis par Michel Thévoz et Michel Ragon, ayant exagéré la destruction  par les proches de Pierre Jaïn des œuvres décrétées les plus originales par eux. S'il y a bien eu des pièces rejetées et perdues (certaines sont parfois retrouvées par Benoît en fouillant le sol autour de la ferme, quand il a l'occasion de se faire archéologue de l'art brut), cela ne paraît concerner en définitive qu'une minorité d'œuvres. Et c'est finalement du sein de la famille qu'est sortie la voix la plus habilitée pour défendre la mémoire de Pierre Jaïn, hérétique par rapport à l'art brut, hérétique par rapport à toutes les religions, et ajoutons-le, par rapport à toutes les catégories artistiques.

     Enfin, un dernier point à signaler. Cet ouvrage, commandé par moi au départ à Benoît Jaïn, aurait dû être le cinquième opus de la collection La Petite Brute que je dirigeais aux éditions de l'Insomniaque et qui a cessé de paraître, faute de lecteurs, de presse, de diffusion, etc. Pour mémoire... (D'un certain point de vue, cela fut une bonne chose pour cet ouvrage, car son auteur, Benoît, a pu ainsi réaliser lui-même la maquette de son ouvrage, profitant de sa compétence d'infographiste).

*

On consultera si l'on veut être tenu au courant des actualités autour de Pierre Jaïn le site internet suivant, créé par Benoît: http://pierrejainartbrut.com/

04/07/2017

Des Joseph Donadello à vendre

      Aperçues récemment chez un ami collectionneur qui souhaite s'en défaire, voici quelques peintures de Joseph Donadello sur panneaux de bois, dans des dimensions variant entre 32 x 38 cm et 30x50 cm (voir les dimensions exactes par œuvre ci-dessous. On sait que ce dernier a créé un environnement de statues et maquettes, pour leur majorité en ciment coloré en Haute-Garonne, je lui ai consacré un chapitre dans mon livre de 2011, Eloge des jardins anarchiques, et il est également mentionné, plus succinctement, par une notice dans mon prochain ouvrage, Le Gazouillis des Eléphants.

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Le jardin de Joseph Donadello en 2008, ph. Bruno Montpied.

 

    Ces dernières années, Joseph Donadello, persuadé que ses œuvres ne lui survivraient pas si elles restaient autour de ou dans sa maison, en a cédé et vendu un nombre assez considérable. Le musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle dans l'Ariège en possède une sélection conséquente. Personnellement, j'en conserve aussi. Les œuvres ci-dessous mises en ligne sont à vendre, au nombre de cinq. Leurs prix sont peu élevés (me contacter en privé), c'est surtout une affaire d'aficionados attachés à préserver la mémoire de cette création particulière d'Occitanie et qui revendent des œuvres acquises sans idée spéculative.

01 Ciovana (2), AOUT 2013, signé au dos Bepi Donald, 32x38cm.jpg

Joseph Donadello, Ciovana (sic, en réalité, ce doit être le prénom Giovanna), peinture sur bois aggloméré (1 cm d'épaisseur), daté août 2013 et signé au dos "Bepi Donald" (le surnom de Donadello), 32 x 38cm, ph. B.M. VENDUE

03 Silvie (2), fait le 8 10 2001, 31x40cm, signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Silvie, "fait le 8 10 2001", 31 x 40cm, signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE

04 Sisi (Sissi) (2), Fait le 10-9-1988, 46X35 env.,signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Sisi (Sissi), "Fait le 10-9-1988", 46 X 35 cm env., signé au dos, peinture sur panneau de bois (1 cm d'épaisseur ; au verso, on trouve un essai de coulure, expérimentation dont Donadello était de temps à autre adepte), ph. B.M. PLUS A VENDRE

05 Ss titre (2), le 7-11-1999, 30x50cm,  signé au dos.jpg

Joseph Donadello, sans titre, "le 7-11-1999", 30 x 50cm,  signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE.

02 Le beau Richard (2), tempé moins 4; fait le 4 12 1998, (repeint le 9 7 2011 ptet), 32x44 cm.jpg

Joseph Donadello, Le beau Richard (titre donné au verso en dépit du prénom Pierre apposé sur le personnage au recto, Donadello n'est pas à une contradiction près), avec, marqué au verso: "tempé moins 4; fait le 4 12 1998", (tableau probablement repeint le 9-7-2011, comme il est indiqué sur le panneau en bas à gauche ; il est également probable que les inscriptions du verso correspondent à un état plus ancien du tableau), 32 x 44 cm, peinture et collage sur panneau de 0,5 cm d'épaisseur, ph.B.M. PLUS A VENDRE

 

30/06/2017

L'art partagé à Saint-Trojan (île d'Oléron), codicille

      Je me suis décidé entre les trois manifestations dont je vous causais récemment, j'ai commandé mon pilote-chauffeur, le jet est arrivé sur mon toit, et d'un coup d'aile je me suis propulsé à St-Trojan-les-Bains, où il pleuvait fort ma foi...

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Vue sur l'allée centrale de la troisième édition de l'Art partagé à Saint-Trojan, ph. Bruno Montpied, juin 2017.

 

       Peu importait, le soleil était à l'intérieur de l'entrepôt à festivals avec plein d'œuvres de belle qualité, sélectionnées par l'Association Œil-art, dirigé de main de maître par Jean-Louis Faravel, qui organise en alternance avec ses biennales de Rives en Isère cette autre manifestation, également tous les deux ans sur l'île d'Oléron. Celui-là travaille passionnément, et ne compte pas ses heures pour choisir ce qu'il veut montrer, le présenter de façon soignée, avec encadrements étudiés et accrochés par lui. Pour connaître le nom des artistes ou créateurs exposants, on se reportera à ma note précédente...

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Pierre Albasser n'a pas manqué de faire son apparition sur les cimaises, plus coloré qu'autrefois..., ph. B.M.

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Vue au fond de l'allée centrale, œuvres sous globe de Gilles Manero, et derrière, de droite à gauche sur les paravents blancs, d'Irène Gérard, de Mehrdad Rashidi, et d'Imam Sucahyo ; ph. B.M.

 

        Certes, on pourrait trouver qu'il y a beaucoup (trop) d'œuvres venues des centres d'aide par le travail et autres foyers d'aide sociale. Ce serait oublier qu'Œil-art les sélectionne dans leur majorité avec rigueur et exigence. Cela nous change de tant de lieux où l'on se contente de peu, remplissant la voiture sans grand souci de tri, avec la paresse de n'avoir pas cherché ailleurs qui plus est. Avec ces expos d'"Art partagé", une des grandes raisons de venir les voir, pour les amateurs, collectionneurs, et prospecteurs de tous calibres (les prix n'y sont pas trop élevés, c'est à noter pour les passionnés qui ne se recrutent pas nécessairement et uniquement chez les cossus - peut-être même ne se rencontrant que très rarement de ces côtés-là...), tient au fait qu'on est à peu près sûr d'y faire des trouvailles de tous premiers ordres, certes pas sous des noms connus (ce qui éloigne à coup sûr investisseurs et spéculateurs, et bon débarras, restons entre gens de bonne compagnie...!), mais manifestant une inventivité hors du commun.

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Imam Sucahyo, sans titre (des cavaliers guerroyant semble-t-il, mais sur... des chevaux?... des moutons?), ph. B.M.

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Mehrdad Rashidi, sans titre, crayon à dessin sur papier (environ 50x65 cm) ; ph.B.M.

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Un des dessins de Gilles Manero exposé à St-Trojan, ph. B.M.

 

        Allez donc à St-Trojan toutes affaires cessantes, l'exposition ne durant qu'assez peu de temps (jusqu'au 16 juillet). C'est le moment d'y découvrir, peut-être comme moi (mais je ne vous impose rien...), par exemple... : les œuvres d'un nouveau venu balinais, Imam Sucahyo, des dessins aux stylos bic multicolores étourdissants, côtoyant les dessins au crayon à dessin simple de l'Iranien Mehrdad Rashidi qui n'ont rien à envier à notre Gaston Chaissac, l'ancêtre de l'art singulier français ; les saynètes étagées sous globe de Gilles Manero, qui expose aussi, accrochés au mur, de fort beaux dessins visionnaires et presqu'abstraits, "minéralogistes", où il n'a pas oublié les frottages de son maître Max Ernst ; les puissants dessins de Dimitri Pietquin ; les travaux éclectiques de Marie-Jeanne Faravel ; les touffus dessins aquarellés de couleurs sépia de Jean-Christophe Humbert (le fils de Raymond et Jacqueline Humbert, qui a donc de qui tenir, on s'en convaincra en allant faire un tour au musée de Laduz cet été où Jacqueline monte une nouvelle exposition consacrée aux anciennes œuvres de son mari Raymond) ; les magnifiques dessins fouillés en blanc sur noir de Catherine Garrigues (également exposée à Lyon chez Alain Dettinger en ce moment...) qui font un peu penser à Unica Zürn ; les non moins magnifiques peintures d'une inconnue à mon bataillon, Hélène Blondin, active dans le Sud-Ouest à ce que m'a dit Jean-Louis Faravel, qui peint un peu comme moi en ce moment, des figures peu nombreuses sur un fond laissé en réserve ; les dessins naïfs, mais riches d'un point de vue graphique d'un créateur venu d'Allemagne, Christian Gautier...

 

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Quatre peintures sur papier d'Hélène Blondin (elle excusera, j'espère l'aspect sombre de ma photo...), ph. B.M.

 

     Je ne vous cite là que ceux qui m'ont littéralement tapé dans l'œil, pour le reste, reportez-vous, si vous voulez en savoir plus au site de l'association organisatrice, Œil-art, on y trouve un texte (d'Emmanuel Merle) et une image pour chacun des exposants.

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Marie-Jeanne Faravel, sans titre (il me semble), une histoire de nouage..., ph. B.M.

23/06/2017

Tourisme du côté de l'art singulier (et un peu de l'art brut) (3)

       Embêtons – voulez-vous? – les lecteurs du type R.R. qui se plaignent de ne pas pouvoir être au four et au moulin (et qui, également, et peut-être, n'apprécient que modérément l'absurde et le nonsense)... Et envoyons-les, non, pas sur les roses, mais à la fois (les vernissages étant tous le même 30 juin, ça va être dur pour ceux qui voulaient manger les petits fours partout) dans trois endroits différents, en trois points cardinaux,  à savoir à Saint-Trojan-les-Bains (Île d'Oléron) pour l'exposition de l'Art Partagé organisée par l'œil de lynx de Jean-Louis Faravel...St Trojan_1.jpg

St Trojan_2.jpg... Puis à Gisors (c'est plus près de Paris, ça), pour le bien nommé Grand Baz'art (jeu de mots sur le mot art à noter dans notre collection), où l'on verra entre autres une sélection d'art obscur de Michel Leroux,  Gd Bazar.jpgart obscur qui, à force d'être en pleine lumière va bientôt s'appeler l'art clair-obscur...

Et enfin, toujours le même jour de vernissage, histoire d'accentuer le grand écart, ne pas oublier d'aller "Ailleurs", c'est-à-dire, en l'occurrence à Fontcouverte (c'est tout en bas, dans le sud profond, l'Aude je crois, du côté de l'art improbable de Jean-Louis Bigou qui enchaîne les expositions depuis quelque temps, présentant simultanément art brut, art des handicapés, art enfantin...

Hein? Joli programme, qu'en dites-vous, R.R., pour vous couper en quatre, je veux dire en trois?

Et, de fait, à cause de cette date très demandée (début des vacances?), ce n'est plus d'art partagé qu'il faut parler, mais bien plutôt d'art simultané... Mais bon, je taquine (faut-il le souligner? Eh bien oui...), hormis le Baz'art de Gisors, qui ne dure que trois jours, pour les deux autres, si vous ne tenez pas aux petits fours, vous pourrez sauter dans des véhicules qui vous emméneront partout pour ne rien rater, puisque les deux autres expos durent un peu plus durant le mois de juillet.

Ailleurs Bigou.jpg

05/06/2017

Ce blog a dix ans jour pour jour ce 5 juin : grand rassemblement d'éléphants de tous poils pour fêter l'événement, et en hommage précoce à un certain "Gazouillis" à venir bientôt...

Les éléphants sont étonnants. Les éléphants sont intrigants.

cp match avec joueurs de football univ de Loyola.jpg      Ils ont des nez très longs, des airs pachydermiques (et pour cause), des grosses pa-pattes avec des gros ongles et le dessous des pieds plat. Deux grandes quenottes qui leur sortent des deux côtés de la bouche, que toute une série de gens mal intentionnés veulent leur arracher. Des portugaises comacs pour ceux d'Afrique, mais plus riquiqui pour ceux d'Asie, qui me font penser à des feuilles de choux.

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André Robillard, un éléphant dafrique (sic ; cette bête-là a dû être coupée avec un cocker on dirait), env. 40x50cm, coll. et ph. Bruno Montpied.

Calder, éléphan, sculpture en bronze, 1973t.jpg

Sandy Calder, un éléphant  de bronze en mobile, 1973.

 

     Ils ont la peau rugueuse, paraissant avoir des milliers d'années, comme une peau fossile. Des airs de vieux, vieux sages revenus de tout. Il ne faut cependant pas leur courir sur le haricot, ils s'énervent facilement. Et en  même temps, ils sont attentionnés avec leurs cornacs, qui leur peignent dessus parfois (c'est du plus bel effet, ils devraient être tout le temps  peints).

    Ils marchent avec des airs balourds, l'air grommelant de traîneur de savate.

    L'éléphant fascine petits et grands. Il y eut Babar bien sûr (voir ci-contre un exemplaire par le sculpteur naïvo-brut Joseph Donadello (en Hte-Garonne), ph. B.M., 2008).Babar par Donadello.jpg Et des jouets (voir ci-dessous un à roulettes ayant appartenu à un rassemblement d'objets du brocanteur Philipe Lalane),Jouet, éléphant à roulettes, réun Lalane, mai 2016.JPG des éléphants de dessin animé et de publicités improbables...

 

Anonyme, poupée éléphante (2), peut-être ukrainienne, coll BM.jpg

Poupée-éléphant, peut-être d'origine ukrainienne, ph. et coll. B.M.

 

Soyez bon avec les animaux (2), cadeau Bon Marché.jpg

Le Jardin d'Acclimatation, Constructions enfantines, cadeau du magasin Le Bon Marché (merci à Guillaume pour la permission de photographier la chose), ph.B.M.

Néocide la terreur des moustiques, Lille.jpg

Vu à Lille dans une brasserie, reproduction d'une ancienne affiche publicitaire, où l'éléphant chasse les moustiques en courant, ph.B.M.

Affiche cappiello le Nil, ext L.Jacquy.jpg

Affiche de Capiello reproduite sur le blog Les Beaux dimanches de Laurent Jacquy

Affiche l'orchestre des éléphants, F Appel 1890.jpg

Affiche "l'orchestre des éléphants", F Appel, 1890.

 

     L'éléphant est tellement sympathique et fort, avec une réputation de mémoire légendaire que les publicitaires et inventeurs de logos ont bien souvent songé  à lui...

Elephant logo sur un camion qq part en Lorraine.jpg 

Cherchez-le, ici en logo d'une société de transport (en Lorraine?) qui cherche à donner une image de force et de puissance, ph. B.M.

 

      Mais ceux qui ont adoubé le pachyderme qui hante nos rêves restent avant tout les artistes, les créateurs anonymes et populaires, naïfs, les enfants aussi qui adorent "croquer" les éléphants, et puis, au bout de la chaîne, ceux qu'on a appelés tour à tour inspirés du bord des routes, habitants-paysagistes ou créateurs d'environnements spontanés. Ces derniers en sèment très souvent dans leurs jardins, soit dans un recoin de l'espace dont ils disposent entre habitat et route, soit en majesté avec toute la lumière désirable braquée sur eux... Tant et si bien, que, dans le  volumineux livre que je vais faire paraître aux Editions du Sandre en octobre prochain, intitulé de façon cohérente Le Gazouillis des Eléphants, qui est une tentative d'inventaire des environnements populaires spontanés d'hier et aujourd'hui en France (voir projet de couverture  actuel ci-contre), je suis souvent amené à publier de nombreux exemples de cette étrange mascotte des inspirés.

 

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       L'éléphant qui gazouille, formule démarquée d'une stèle installée dans la "Seigneurie de la Mare au Poivre" d'Alexis Le Breton à Locqueltas dans le Morbihan, y servira de virgule visuelle, et de métaphore programmatique du propos de l'ouvrage : une défense et illustration de l'imaginaire gracieux des plébéiens bien souvent perçus et méprisés par l'intelligentsia comme des lourdauds et des bourrins de l'art...

Eléphant, (copie) Coli, 2011.jpgDessin d'enfant d'environ 7 ans, 2011.

Idriss Bigou 1.jpg

Dessin d'Idriss Bigou, un éléphant dont la trompe ressemble à une paille...

 

Marionnette à fil africaine, un éléphant, coll Veyret.JPG

Marionnette à fil africaine, coll. Joëlle et Jean Veyret, ph.B.M., 2016.

 

Cyrille Augeard, art de la Passerelle, les éléphants, feutres, 45x32, 2012.JPG

Cyrille Augeard, Les éléphants, feutres sur papier, 32x45 cm, 2012,  atelier La Passerelle, Cherbourg.

 

Eléphant (2), décor de Guimonneau,vase aux chinois, la reine bérengère.jpg

Un éléphant représenté sur un vase "aux Chinois", dû à l'artisan Pierre-Innocent Guimonneau de La Forterie, vers 1786,  musée de la Reine Bérengère, Le Mans, ph.B.M.

 

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Jean Bertholle, silhouettes en tôle découpée et peinte, montées sur girouette, parc de la Fabuloserie, ph.B.M., 2011.

 

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Eléphant (détouré) du Facteur Cheval, couloir intérieur du Palais Idéal, Hauterives (Drôme), ph.B.M., 2011.

 

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Morris Hirschfield, éléphanteau avec jeune garçon, env. 44 x 22 cm, 1943.

 

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Chez André Hardy, outre une baleine bleue, et divers autres bestiaux, il y avait ce magnifique pachyderme à l'œil extatique, ph.B.M., 2010.

 

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Anonyme, éléphants de la fontaine à Cléon d'Andran (Drôme), ph. B.M., 1994.

 

Fernand et Marie-Louise (2), par Prévost, années 70.jpg

Marie-Louise et Fernand Chatelain (Fyé, Sarthe) posant devant l'objectif de Clovis Prévost ; derrière on reconnaît les éléphants de la fontaine de Chambéry, celle des "4-100-Q".

fontaine des éléphants chambéry, un éléphant.JPG

L'éléphant de la fontaine de Chambéry, en effet dépourvu d'arrière-train...

 

      Quelquefois, c'est la nuit qu'ils surgissent, travestis en buissons, et arpentant la ville comme des fantômes...

éléphants ptêt londoniens, transmis par julia curiel.png

Art topiaire à Londres en nocturne, photo sans référence transmise par Julia (merci à elle).

    

      Même sur les sablières des églises bretonnes, il arrive qu'on en rencontre...

Sablière-chapelle-St-Pierre.jpg

Sablière d'une chapelle Saint-Pierre (pas plus de référence...).

 

     Le "yarn bombing" (si je ne me trompe pas d'orthographe), cet enrobage de formes en plein air (mobilier urbain, troncs d'arbre...) par d'habilles mains tricoteuses, s'en prend aussi aux pachydermes...

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Yarn bombing en Espagne, pas plus de références...

 

     L'homme, à l'évidence, entretient un rapport fusionnel à l'éléphant, qu'on en juge avec cette statue funéraire consacrée à un dompteur et à un dompté :

Tombe de dompteur-dresseur, (2) cim Méza Kapi, Riga, ph André Chabot.jpg

Tombe d'un dresseur-dompteur au cimetière de Méza Kapi, Riga, ph André Chabot.

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Et un éléphant par Yves d'Anglefort, qui se dit "artiste d'art brut" (dans son cas, le terme paraît coller) ; 32x41 cm, technique mixte sur Canson, coll. privée, Grenoble.

 

    Les éléphants sont innombrables. Il faut bien conclure (provisoirement? La suite du feuilleton se proposera-t-elle au prochain anniversaire décennal ?). En attendant cet hypothétique et beau jour, voici un enregistrement où nos héros ne gazouillent pas vraiment... (capté à la Fondation Cartier, enregistrements de Bernie Krause) :


podcast

    Et encore, un cadeau en sus, la reproduction d'une carte postale peu connue (je ne pense pas que les autres amateurs cartophiles, collectionnant les autodidactes inspirés, à supposer qu'ils la connaissent, l'aient mise quelque part en ligne...) :

Winter Duerec (2), sculpteur sur sable, vue redressée.jpg

L'auteur de ces sculptures sur sable paraît se nommer Winter Duerec (ou Duérée? Ou bien, peut-être plus probablement Querée? Voir ci-dessous dans les commentaires l'hypothèse de Régis Gayraud) : "Artiste autodidacte, modeleur de bêtes sauvages Attention à la nouveauté", est-il proclamé sur la banderole tendue derrière la scène sculptée ; Winter Querée est sans doute l'homme accroupi au centre des animaux féroces (au moins trois félins avec un éléphant, un homme étant sur le point de se faire dévorer...).


 

29/05/2017

Loli et Jano Pesset dans les murs de la Fabuloserie parisienne jusqu'au 10 juin, hâtez-vous...

      Rue Jacob, dans le VIe arrondissement de Paris, comme je l'ai déjà dit, la Fabuloserie, dont les principaux locaux et la collection incessible se trouvent à Dicy en Bourgogne (Yonne), a ouvert une "antenne" parisienne, où ont déjà eu lieu quelques expositions, une sur Michèle Burles, une sur des créateurs bruts polonais et actuellement la dernière en date, une expo consacrée à de merveilleux travaux, les "buissonneries" de Jano Pesset et  les broderies de sa femme Loli, que je trouve personnellement remarquables, d'une extrême originalité, fleurant bon une étrange inspiration, comme venue d'extrême-orient. L'idée de la Fabuloserie et de son animatrice, Sophie Bourbonnais, était de demander aux artistes de la collection de présenter en vente des œuvres récentes, et donc ne faisant pas partie de la collection de Dicy. Cela permet aux amateurs qui voudraient se constituer une petite Fabuloserie en réduction à la maison d'acquérir quelques pépites alternatives...

Buissonneries de Jano Pesset.JPG

Les broderies de Loli.JPG

      Jano Pesset et Loli ont eu peu d'occasions d'exposer à Paris, ce me semble, alors même qu'ils sont d'anciens artistes de la Fabuloserie puisque présentés par Alain Bourbonnais dès ses premiers pas de montreur d'art hors-les-normes dans la galerie qui s'appela de 1972 à 1982 l'Atelier Jacob, galerie située quasiment en face des locaux actuels de la Fabuloserie parisienne. Jano tient de l'anarchiste et du sage dans les discours qu'il parsème dans ses compositions en relief vernissé. Ce sont en vérité d'étranges œuvres d'art, mot dont il doit penser, je crois, qu'il sonne bien grandiose parfois, synonyme d'"art du vent", comme le suggère malicieusement un tableau, en trois dimensions comme les autres, qui est exposé à la Fabuloserie, collection permanente, à Dicy.

Jano Pesset (2), Le vantard, art du vent.jpg

Jano Pesset, avec le texte suivant du haut vers le bas et de gauche vers la droite: "LE VANTARD / L'ART DU VENT / son esprit n'avance qu'avec des béquilles il transpire en pesant bien ses gouttes / Le soufflet à flatteries et faussettes grand doreur d'ordures enfle sa tête en remplaçant le vide par des idées creuses. Mais l'air qui orne et ment n'est qu'un ornement / Proie des moulins à vent le vantard atteint de hauts sommets mais vite se vide et son cul plus lourd que sa tête le ramène à la raison. Ainsi sont leurres remis à l'heure" ; cette littérature résonne comme en écho des jeux de mots à la Boby Lapointe, dont il ne m'étonnerait pas d'apprendre qu'il est un auteur de chevet de Pesset ; un cousinage est à note  aussi avec divers textes remplis d'homophonies que commit à une époque dans plusieurs petits livres l'artiste Noël Fillaudeau, dont la Fabuloserie du reste possède aussi des œuvres ; ph. Bruno Montpied, 2017.

       Ce sont en réalité de véritables poèmes visuels aux formes tourmentées, tenant de la maquette de paysage, du tableau, de la sculpture, du poème-objet, réalisés grâce à une technique propre à Jano Pesset.

Jano Pesset (2), La peau de hérisson.jpg

Jano Pesset, L'Homme ressemble au HERISSON..., expo "Buissonneries" à la Fabuloserie Paris, ph. B.M., mai 2017.

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Jano Pesset, L'ORIGINE DU MONDE (version forestière) d'après Courbet, exposition "Buissonneries" à la Fabuloserie Paris, ph.B.M.

 

      Il a contribué à construire la signature esthétique de l'art-hors-les-normes, avec d'autres, citons par exemple Francis Marshall et ses poupées bourrées encadrant le personnage désormais célèbre de Mauricette, Alain Bourbonnais et ses turbulents eux-mêmes, Reynaldo Eckenberger, Pascal Verbena, Michel Nedjar (qui débuta, je crois, par l'Atelier Jacob), François Monchâtre, Mario Chichorro, Jean Rosset, Joël Negri, Andrée Moiziard, Marie-Rose Lortet, Le Carré Galimard, etc. Signature d'art singulier qui constitue l'identité (quelque peu carnavalesque) de la Fabuloserie bien davantage que – ou parallèlement à – l'art brut dont certaines œuvres sont aussi présentes pourtant dans la collection (Aloïse, Podesta, Pierre Petit, Petit Pierre, Albert Sallé, Sylvette Galmiche, Juva, etc.). Ces deux tendances qui irriguent la collection reflètent Alain Bourbonnais, qui paraît avoir hésité toute sa vie entre son goût personnel pour une certaine truculence provocante et l'art brut plus tourmenté tel que collectionné par Dubuffet.

Loli (2), sans titre 1, broderie avec encadrement de Jano Pesset, expo 2017 Fab Paris.jpg

Une des six broderies de Loli exposées jusqu'au 10 juin, dépêchez-vous, elles sont en vente, ce qui est extrêmement rare concernant ces merveilleuses broderies, déjà deux de parties sur les six..., ph.B.M., mai 2017.

 

 

Coordonnées Fabuloserie parisienne.JPG

 

 

21/05/2017

Festival du film d'art singulier à Nice: "C'est quoi"?

      "C'EST QUOI?", sous cette question brutalement formulée en grosses capitales, se présente le programme du 20e festival organisé par l'association Hors-Champ chaque année au début du mois de juin à Nice, dans l'auditorium du MAMAC, à la librairie Masséna,, voire depuis peu de temps dans les locaux de l'Hôtel Impérial où, à chaque fois, est projeté un nouveau film de Guy Brunet, cette fois-ci sur Marcel Pagnol... Demandez le programme... Avant que je ne me fende de quelque laïus ou réclamation...

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      Bon, il y a des choses classiques, les Prévost qui viennent signer la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, comme ils l'ont fait naguère à Paris. Guy Brunet, la mascotte du festival, le raton-laveur incontournable... Les nouveaux courts-métrages de Philippe Lespinasse (Zemankova, connue au bataillon, Mikaël Glotz, beaucoup moins, et que se cache-t-il sous le titre "A bâtons rompus"? C'est là qu'un petit dossier de presse avec explicitations et visuels à la clé ne serait pas de trop, mister Wurtz! Voilà, c'était ma réclamation, c'est parti plus vite que je ne l'aurais voulu...)... Les incontournables de l'art singulier, Ody Saban et Adam Nidzgorski (manque juste Joël Lorand)... Le tapis rouge déroulé en matinée au MAMAC pour Pierre Albasser, le Chaissac du carton alimentaire (pour un film de 52 minutes, mazette, qu'est-ce qui s'est passé? Albasser a vampé Wurtz, on dirait, lui qui n'en voulait pas des moyens-métrages au début...)

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Dessin de Pierre Albasser, ph. Bruno Montpied, 2007.

 

      Et côté art brut stricto sensu (non, pas "sangsue"...), on a deux petits opus (opi?) sur Smilowki, et Sylvain Fusco (celui-ci m'intrigue, et le film sur lui, d'Eric Duvivier, me paraît du genre rare).

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Sulfateuse retapée à l'aide d'une pompe à vélo, collection du "raccommodage rustique" à l'écomusée de Cuzals (Lot), ph. B.M., 1991.

 

     Enfin, on annonce dans ce même programme un film sur les "ingénieux du Lot" produit et réalisé par l'Ecomusée quercynois de Cuzals. Et cela m'interpelle, me rappelant que j'ai mentionné un jour (conversation? texte ancien?)  les objets rapetassés ingénieusement pendant l'Occupation dans le Quercy (ç'aurait pu être ailleurs tout aussi bien), que cet Ecomusée – que j'avais visité avec Gaston Mouly à la fin des années 1980, puis avec Jean-François Maurice au début des années 1990 – conservait judicieusement. Ils appelaient cela je crois me souvenir "le raccommodage rustique". Il me semblait alors que ce corpus était peu retenu et étudié, encore moins préservé (est-ce que cela a beaucoup changé depuis, j'en doute...). L'Ecomusée de Cuzals était en 1991 le seul que je connaisse à avoir entrepris une telle sauvegarde. J'avais fait deux photos lors de ma visite, je suis allé en repêcher une pour ce blog (la sulfateuse ci-dessus)... Par contre je ne sais pas du tout si le film annoncé à Nice a un quelconque rapport avec cette section des objets rapetassés ingénieusement par des anonymes qui était remisée un peu à l'écart à Cuzals. A vérifier pour ceux qui pourront aller sur place... Mais "ingénieux du Lot", si on ne doit se fier qu'aux titres, ça fait penser avant tout à ces "raccommodages", dont un de mes amis brocs (la Patience) a le chic de collecter des exemples au hasard de ses chines.

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Objets collectés par Philippe Lalane (La Patience), chaussures faites en morceaux de pneus récupérés ; hypothèse aventurée par moi: cela servait pour aller marcher dans l'eau des rivières sans se blesser les pieds sur les cailloux... ; ph. B.M., 2016.

 

 

18/05/2017

Art brut polonais à la Fabuloserie (dans l'Yonne)

CollectionAndrzejKwasiborski-Fabuloserie.jpg

      Pour la belle saison, la Fabuloserie, cettte année, a choisi de présenter 130 œuvres de 25 créateurs et artistes issus de la collection "turbulente" d'Andrzej Kwasiborski, tous polonais (même le nommé Kosek qui n'est pas le créateur tchèque Zdenek Kosek, mais plutôt sans doute le Polonais Ryszard Kosek). C'est la poursuite de l'intérêt porté par les Bourbonnais et leurs complices, Marek Mlodecki et aussi Radek Labarszewski, pour des créateurs qui sont nombreux dans un pays où longtemps ils ne furent pas identifiés comme pouvant se situer dans ce que l'on a appelé depuis 1945, en France, l'art brut. Jusqu'à ces  dernières années, on les classait du côté de l'art populaire, et de l'art naïf. Ce qui n'était pas complètement usurpé, cela dit. Depuis quelques années, on a cependant remarqué, par exemple, les œuvres d'Edmund Monsiel, d'Henrik Zarski (dont des œuvres semblent exposées à Dicy cette année,collectionneurs turbulents, la liste des créateurs.JPG voir la liste des créateurs et artistes exposés ci-dessous), et autres, qui ne relèvent pas d'une révérence marquée à une peinture de genre, manifestant plutôt une fantaisie figurative déconnectée de la perception visuelle du monde, mettant en jeu en somme une figuration autre, dont les règles s'élaborent dans le jeu libre des lignes, des couleurs et des formes dans un cadre et sur un support qui sont des mondes en soi...

Collectionneurs turbulents, l'art brut polonais 2017.jpg

Patchwork proposé par la Fabuloserie à Dicy actuellement jusqu'à la fin de l'été.

 

      Il est à remarquer que les œuvres sont exposées, mêlées, dans le parcours de la Fabuloserie, aux œuvres de la collection permanente, dans une volonté de les faire dialoguer. 

Collectionneurs turbulents, laïus.JPG

On note que cette exposition a plusieurs titres ; ici, on nous parle de "collectionneurs turbulents, art hors-les-normes sans frontières 1", comme qui dirait un sous-titre, ou comme le titre d'une nouvelle série d'expos consacrées aux collectionneurs d'art hors-les-normes (donc "turbulents" pour faire référence au fondateur de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais) dont cette expo est le premier exemple.

 

     C'est donc une seconde occasion de découvrir plus amplement la création brute polonaise, "seconde", parce qu'il y avait déjà eu il n'y a pas si longtemps, au Musée de la Création franche, à Bègles, une exposition similaire, intitulée (pieusement) "Les saints de l'art polonais" (voir la chronique que j'en avais faite sur ce blog). On retrouve quelques noms communs dans les deux expositions d'ailleurs, comme Zarski, Dembinski, Glowala et Kosek, tout en découvrant majoritairement des noms de créateurs nouveaux par nos contrées. A noter en particulier une créatrice déjà présentée dans l'antenne parisienne de la Fabuloserie, que j'ai trouvée exceptionnelle, Genowefa Magiera, vieille dame peignant au sein d'une  maison de retraite à ce que j'ai compris. On peut se faire une idée des œuvres présentées en feuilletant le catalogue sur Calameo.

Genowefa Magiera (2), sans titre 42x19cm, vers 2016 (alt).jpg

Genowefa Magiera, sans titre, peinture et collage sur carton, 42x19cm, vers 2016, coll. privée, Paris ; ph. Bruno Montpied

Genowefa Magiera, portrait photo.jpg

La créatrice en action...

 

16/05/2017

Cecilie Markova

Vente close... (22 mai)

 

     A nouveau, je signale une œuvre à vendre, un dessin au crayon de couleur (peut-être à la sanguine) d'une créatrice médiumnique connue en République tchèque, Cecilie Marková (1911-1998). C'est sous l'influence de séances spirites qu'elle a commencé à dessiner vers 1938, essentiellement des formes proches du végétal, stoppées bien souvent, dirait-on, avant que la composition ne commence à être trop dirigée. C'est avant tout l'automatisme pur, actif pleinement au moment des premiers gestes, qu'elle paraît rechercher dans ses graphismes. Elle fut longtemps classée dans l'art naïf, avant d'être rangée à la suite des expositions d'art brut tchèque montées par l'artiste et historienne de l'art surréaliste Alena Nadvornikova au début des années 2000, à Prague, Paris (notamment l'expo montée à Paris à la Halle Saint-Pierre en 2002-2003) ou à Lausanne, sous cette dernière notion. Quelques œuvres (huit exactement) de Cecilie Marková sont présentes dans la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Elle fut présentée aussi au LaM au cours de l'exposition Hypnos en 2009.

Cecilie-Markova,-dessin-aux.jpg

Cecilie Marková, sans titre, 29,7x21cm (dans un cadre de merisier, avec marie-louise et sous-verre, le tout mesurant  44,5x35cm), crayon de couleur (ou sanguine) sur papier, daté du 22-05-1960 ; une petite tache est visible à gauche, qui est du fait de la créatrice, ph. Bruno Montpied.

 

12/04/2017

L'art brut en Finlande, la collection Korine et Max Ammann au musée de la Création Franche à Bègles

Affiche-Art-brut-en-Finlande.jpg

 

Affiche de l'exposition béglaise avec, au centre, un détail d'une œuvre d'Ilmari (ou Imppu) Salminen.

 

      Le musée de la Création Franche, se détachant provisoirement de l'art singulier, qui est tout de même d'habitude son "cœur de cible", ou sa cible de cœur, revient à l'art  brut stricto sensu, ou plus exactement à l'"I.T.E." (encore une nouvelle étiquette...), du 14 avril au 11 juin. Qués aco? C'est du finnois, Itse Tehty Eläma en toutes lettres, c'est-à-dire en anglais self made life. Et en français? : la vie faite par soi, en somme la vie fait maison? L'art de la vie en autodidacte? Cela dit, dans un livre que je possède, publié en 2011,  l'auteur (Seppo Knuuttila), dans son édition en anglais, parle, comme synonyme pour l'art de l'ITE, d'"art populaire contemporain", ce qui nous rapproche aussi de l'art modeste, terme utilisé par Di Rosa (dans une acception plus large). Un musée existe en Finlande qui défend cette catégorie d'art, The ITE contemporary folk art in Finland.

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Le livre de Seppo Knuuttila, éd.Maahenki, Helsinki, 2011, avec des photos de Veli Granö (à noter que je ne sais pas pour l'instant si à Bègles, dans l'exposition Ammann, on retrouve des œuvres de quelques-uns des 23 créateurs recensés dans cet ouvrage, probablement... (puisqu'on en y retrouve au moins un, Ilmari Salminen,dont un détail paraît avoir servi pour l'affiche béglaise) ; la sculpture en couverture du livre est de Martti Hömppi (né en 1935) ; elle fait penser par association aux guitaristes de André Morvan au Bar du Mont Salut dans le Morbihan, qui recoure pour sa part davantage aux formes trouvées dans les arbres.

 

     Le laïus du musée de la Création Franche nous explique que les créateurs collectionnés par le couple Ammann sont des individus quelque peu retirés de la société de consommation traditionnelle, "la majorité d'entre eux vivant en pleine nature, très souvent dans des cabanes au milieu des forêts nordiques", et utilisant pour s'exprimer de ce fait les matériaux qui se trouvent à leur portée immédiate. On connaît quelque peu ce genre de créateurs ici en France. Plusieurs créateurs de bord des routes font de même, à l'écart des chemins de l'art contemporain. Il est facile de tracer de nombreux parallèles entre créateurs populaires finlandais et français, que ce soit dans la propension à dresser des statues naïves au milieu de son jardin ou dans le traitement visionnaire appliqué à des matériaux naturels bruts, comme les branches ou les racines.

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Pentti Mäkäräinen, photo Teijo Määttänen (dans ITE Art in Finland), à mettre en parallèle avec...

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....Emille Chaudron, œuvres en brindilles d'épines ou de mirabelliers, musée municipal de Lafauche (Haute-Marne), photo Bruno Montpied, 2016.

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Et cette installation primesautière en plein champ avec piquets sculptés et peints de manière anthropomorphe, dû à Niilo Rytkönen (né en1928 ; photo de Minna Haveri empruntée à l'ouvrage ITE Art in Finland), qui comporte en arrière-plan une autre série de figures, des épouvantails venus à plusieurs, pour cette dernière idée, est à rapprocher des...

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...épouvantails-mannequins, en France, de Denise Chalvet et Pierre-Maurice Gladine à Rimeizenc en Lozère, ph. B.M., 2014.

      Parmi les créateurs finlandais recensés par ITE Art in Finland, on trouve aussi des naïfs, du genre visionnaire, comme par exemple les trois cas ci-dessous:

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Rauha Ryynänen (née en 1921), photo Pentti Potkonen (dans ITE Art in Finland)

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Tuula Huusko (1946-2004), ph.Pekka Agarth (dans ITE Art in Finland)

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Tyyne Esko (née en 1920) ; photo Aki Paavola, dans ITE Art in Finland

    Mais l'incontestable vedette, tout au moins parmi les créateurs d'environnements finlandais, est Veijo Rönkkönen (1944-2010), qui a dressé près de 500 statues cherchant à magnifier le corps humain, en particulier le sien propre, qu'il entretenait avec un amour immense, à ce qu'il semble. Dans son parc de statues, une partie est consacrée à 250 postures de yoga, discipline qu'il pratiquait (voir ci-contre).art brut en finlande,collection ammann,création franche Cette zone du parc est, comme il l'a confié une fois, "un monument dédié à la mémoire de son corps à l'état jeune". 250 variations d'hommage à la jeunesse de son anatomie... C'est ce qui s'appelle s'aimer. Mais cela ne l'empêcha pas de ne plus se réveiller après une sieste, à 66 ans seulement. Une sieste affreusement "crapuleuse" pour le coup...

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Veijo Rönkkönen (1944-2010), ph. Veli Granö, dans ITE Art in Finland.

      Pourquoi, me dira-t-on, illustrer cette évocation succincte de l'"art brut en Finlande" avec des illustrations venues d'un livre extérieur aux œuvres exposées? Outre le fait que, comme je l'ai déjà dit, certaines œuvres doivent être communes aux deux ensembles, il faut savoir que mon information venue du musée est pour le moment déficitaire question visuels. Sur leur page Facebook, il y en a peut-être plus, mais je refuse de m'inscrire sur ce réseau, n'en appréciant ni la forme, ni les pratiques. Il est à imaginer que l'exposition de la collection Ammann doit recéler plus de travaux en deux dimensions qu'en trois, question de commodité de transport... J'invite donc chacun à aller vérifier tout cela sur place à Bègles. Le vernissage est dans deux jours, le 14 avril.

     Et tiens, pour finir, et pour adresser un clin d'œil-trait d'union à ma note précédente sur mon éloignement proclamé vis-à-vis des maquettes par trop réalistes, voici une autre nef, finlandaise, faite en os cette fois....

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Jussi Tuklainen (né en 1934), photo Sanni Seppo, dans ITE Art in Finland.

 

 

 

 

03/04/2017

Du maquettisme à Saint-Nazaire

 

Cette note a été remaniée par rapport à de précédentes versions que j'estime désormais caduques, tels des brouillons.

 

      Depuis quelques temps, un correspondant ne cesse de vouloir me convaincre que des maquettes de paquebots que fabrique un passionné à St-Nazaire – en s'inspirant de ces bateaux de croisière qui ont des formes hésitant entre le tiroir-caisse et l'empilement de containers, que l'on fabrique aux chantiers de Saint-Nazaire, ce qui bien sûr donne du boulot aux ouvriers de la ville mais n'en fait pas pour autant des merveilles esthétiques – sont des chefs-d'œuvre d'art brut ou apparentés.  Je ne l'entends pas de cette oreille (ni de cet œil), et j'ai répondu plusieurs fois que je ne voyais pas l'intérêt de faire en plus petit ce qui est déjà moche en plus grand (car je pense avant tout – que l'on me comprenne bien! – aux reproductions de paquebots actuels),  mais ce correspondant insiste, car il lui apparaît sans doute que tous ceux qui s'intéressent aux arts populaires devraient penser comme lui... Ce monsieur ne voit que le travail minutieux du maquettiste (et il faut l'avouer, ce dernier a beaucoup travaillé sur ses bâtiments reconstitués, on ne peut le contester), et ma réponse le révulse. Il faut admirer à toute force les chefs d'œuvre qu'il m'indique...

PHOTO RETIRÉE À LA DEMANDE DE SON AUTEUR

Un des paquebots en maquette construit par M. Vince (St-Nazaire).

PHOTO RETIRÉE À LA DEMANDE DE SON AUTEUR

Autres maquettes de M. Vince à St-Nazaire.

 

          Il faut que je l'avoue, le maquettisme, envisagé du seul point de vue de la réduction minutieuse de ce qui existe, sans le moindre recours à une poésie quelconque, un maquettisme qui cherche à faire exact (même si, pour ce faire, l'auteur utilise des matériaux de récupération), ne m'intéresse en effet pas. Et en outre, il faut également le répéter, malgré l'évidence pour ceux qui sont déjà au courant, cela ne relève en rien de l'art brut, ni de l'art singulier. Ni même d'une poésie que l'on peut rencontrer dans d'autres types de maquettes, plus proches d'ailleurs des jouets –  je pense en particulier aux maquettes de bateaux sculptés naïvement par des marins, objets de patience confectionnés pour leurs enfants en attendant de pouvoir  les revoir au retour de leurs longues campagnes de pêche, ou aux bateaux naïvement logés au fond de leurs bouteilles, comme dans un rêve d'ivresse marine.

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Bateau confectionné en guise de patience, collection Humbert, musée rural des arts populaires de Laduz (Yonne), ph. Bruno Montpied.

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Paquebot en bouteille, voici de la poésie pure, cet énorme bâtiment étant dessiné et sculpté ingénument à l'intérieur de sa prison de verre, comme fixé pour l'éternité d'un songe... Coll. L. Jacquy, photo B.M.

 

         Le maquettisme visant à la copie, on en voit dans tous les musées de la marine, cela peut avoir un intérêt didactique, pédagogique, mais ce n'est pas sous cet angle que se place le correspondant dont j'ai parlé au début de cette note. Non, lui, veut voir de "l'art brut" dans ces maquettes, emporté qu'il est par l'usage de plus en galvaudé et confus du terme, par la faute de tant de commentateurs insuffisamment informés.... Eh bien, c'est une erreur...

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Une salle du musée de la Marine à Paris...

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...ou du musée maritime de Hambourg, où c'est bourré de maquettes, à des fins historiques, etc., mais sont-ce pour autant des musées d'art brut?

 

     Le maquettisme qui consiste à reproduire le plus exactement possible des véhicules, bateaux, trains électriques, maisons..., pourrait plutôt appartenir,  à la rigueur, à ce que l'on appelle du côté de Sète, "l'art modeste", qui rassemble toutes sortes d'expressions populaires, du collectionneur d'étiquettes de boîtes de camembert ou de petits soldats au peintre décorateur de flippers... Il y a des salons pour ce genre de hobby, avec leurs lots de "bénédictins" se consacrant entièrement à leur passion de la miniaturisation.

      La copie miniaturisée de la réalité ne me cause aucune émotion. Ce que nous recherchons avant tout, en effet, et au contraire, c'est de contribuer à dévoiler l'autre réalité sous-jacente qui se cache dans le dialogue permanent entre l'homme et le monde, que l'imagination de l'homme sert à révéler.  Ce sont les travaux où cette imagination est à l'œuvre qui nous interpellent. Je préférerai toujours les nefs de Jean Branciard (assimilable à l'art singulier), par exemple, aux maquettes réalistes qui ne nous apportent pas ce surplus d'imagination et de poésie dont nous sommes plusieurs à être affamés. Ou bien les maquettes incroyablement bricolées que l'on rencontre dans le véritable art brut, comme les deux exemples que je donne ci-dessous (après les nefs de Branciard) en donneront une suffisante  illustration. Voilà la véritable marine brute en réduction! 

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Jean Branciard, La péniche

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Jean Branciard, catamaran, vers 2008.

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Un bateau, le Myra,  par le sculpteur brut Auguste Forestier qui séjournait dans les années 1940 à l'hôpital psychiatrique de St-Alban-du-Limagnole, anc. collection du Dr. Ferdière, ph. B.M.

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Un bateau extraordinaire créé "en os de cuisine" par un Poilu "dans la zone des armées entre 1916 et 1917. Carte postale situant l'objet à St-Vigor-d'Ymonville (à l'époque en Seine Inférieure).

 

09/03/2017

Jeanne Giraud, brodeuse d'îles de songe

      Jean-Luc Giraud et Laurent Danchin ont créé l'année dernière une petite collection de titres jusque là consacrée à certains de leurs écrits ou à Chomo, artiste singulier auquel Danchin aura été fidèle toute sa vie (on sait qu'il vient de disparaître en janvier dernier). Cela s'appelle "les bonbons de Mycélium", du nom du site web de l'association basée à Nantes. Jusqu'ici je n'ai pas été très sensible aux sujets traités dans cette collection, mais j'attendais avec une certaine impatience la parution du quatrième titre consacré aux broderies de Jeanne Giraud, la mère de Jean-Luc Giraud.

Jeanne Giraud couv des bonbons de mycélium.jpg

Doigts de fée, les broderies de Jeanne Giraud, collection Les bonbons de Mycélium, éditions Lelivredart, novembre 2016 ; le livre est disponible en particulier à la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris.

 

    "Ce qui est sûr, c'est que ma mère ne se prenait pas du tout pour une artiste. Il ne pouvait y avoir qu'un artiste dans la famille et c'était évidemment son fils, dont elle était si fière.

     Ses broderies n'étaient d'ailleurs pas de l'art, mais un support à la méditation."

    (Jean-Luc Giraud ; on sait que ce dernier est peintre, entre autres, car je crois qu'il fait aussi du cinéma d'animation).

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Jeanne Giraud, œuvre reproduite dans le livre Doigts de fée.

 

    J'aime infiniment ce genre de travail dit "méditatif" (faute de terme plus adéquat peut-être?). On avait déjà remarqué avec la publication d'un article de Jean-Luc Giraud dans le fascicule n°20 de l'Art Brut¹ (1997) cette œuvre si fortement empreinte d'intimisme, réalisée avec les matériaux les plus simples et les moins coûteux (dans le texte liminaire de ce petit livre, repris du texte déjà édité dans le fascicule n°20 de 97 – l'autre texte du livre étant constitué de ses réponses à un questionnaire de Laurent Danchin – Giraud rappelle que sa mère "n'avait jamais acheté une bobine de fil ailleurs qu'au marché aux puces (la modicité du prix guidant le choix de la couleur), ni brodé sur un autre support que des chiffons provenant des chemises usagées de mon père"). M'avait frappé dans ce fascicule l'aspect insulaire des mondes représentés, carrés d'herbes folles d'où surgissait un arbre, un étang, avec un être humain campant à côté, exerçant une activité bénigne, peu importait, ce qui comptait étant de restituer avant tout le caractère de merveilleux de l'évocation (cette insularité, nous la rencontrons aussi dans les dessins tirés de l'observation visionnaire de pommes de terre par Serge Paillard). Parfois, la composition aux modestes fils de couleur se concentrait toute entière à magnifier un mot cousu : "confiance"... Il y entrait donc un peu de magie blanche dans cette occupation. Décidément, oui, Jean-Luc Giraud a raison, sa mère n'était pas une "artiste", au sens où elle exerçait ses talents dans un rapport fusionnel avec ses productions brodées. C'est comme si elle avait fait une œuvre avec la sève même de sa mémoire.

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Jeanne Giraud, œuvre brodée reproduite dans Doigts de fée.

 

      Car la broderie apparaît parfaitement adaptée à cette mission de remémoration enchantée, qui s'accompagne semble-t-il inévitablement d'un aspect vaporeux et flou, comme le cinéma Super 8 également peut nous le procurer. Les traits sont comme tremblants, et rendent les images assez analogues à des mirages objectifs qui surnagent, comme des îles séparées de toute continuité, tels que nous apparaissent nos souvenirs au fond, proches de morceaux de banquise brisée, dérivant sans souci d'une quelconque chronologie... 

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¹ Les œuvres de Jeanne Giraud sont entrées dans la Collection de l'Art Brut de Lausanne en 1986, grâce à Laurent Danchin qui les avait présentées à Michel Thévoz. Avec Germain Tessier, Marcel Storr, Petit-Pierre, ou encore Youen Durand, elle fait partie des quelques créateurs naïfs ou bruts dont Laurent Danchin aura su se faire le passeur émérite (j'en excepte Chomo qui n'est pas à mes yeux un créateur brut ou naïf, mais plutôt un artiste de la mouvance "singulière").

03/03/2017

Le site de Picassiette vandalisé!

     Est-ce un signe des temps obscurs qui approchent, je ne sais, mais comment expliquer cet incroyable fait-divers rapporté par l'Echo Républicain (merci à M. Bézelin qui me l'a communiqué), selon lequel l'œuvre de Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, a été vandalisée par un individu qui a sauté les grilles de clôture du site dimanche 26 février, entre 17h et 18h (il a été filmé par des caméras de surveillance). Il s'en serait pris essentiellement – l'article n'est pas très disert sur l'étendue du saccage – à la maquette de la cathédrale de Chartres qui est scellée sur  le tombeau dans la Cour Noire, juste après la maison, si je me souviens bien de la disposition des lieux. Il l'aurait brisée en une quarantaine de fragments...

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La maquette de la cathédrale de Chartres au-dessus du tombeau, ph. Jérémie Fulleringer, parue dans l'Echo républicain.

    Bien sûr, on peut imaginer que le vandale, probablement passablement déséquilibré, qui a commis cet acte aberrant sera retrouvé, puisqu'il a été filmé, et l'on en saura peut-être alors davantage sur ses motivations. S'il ne s'en est pris qu'à la cathédrale en miniature, c'est peut-être déjà une indication.. L'acte a en tout cas quelque chose de particulièrement révoltant lorsqu'on veut bien se rappeler tout ce qu'a pu endurer déjà de son vivant Picassiette lui-même, en butte aux moqueries de toutes sortes de la part de gens à l'entendement limité (pour ne pas dire plus). Et cela nous prouve aussi que le fait de bâtir ou de créer en plein vent des œuvres ou des monuments d'art anticonformiste n'a pas tant que cela le vent en poupe. II y a toujours quelques (?) crétins qui rôdent. Et certains partis politiques aux conceptions culturelles bornées ont peut-être plus d'influence qu'on ne le croit généralement sur ce genre d'excités.

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Extrait de Poésie pas morte, 1961.

 

     Les internautes qui en sauraient plus à Chartres même sont priés de nous faire savoir les développements de l'affaire...  

09/02/2017

Info-Miettes (29)

Le musée de l'art spontané

 

    Oui, il y a un musée pour la spontanéité et il est à Bruxelles. Semble-t-il longtemps concentré sur l'art naïf (envisagé dans nombre de cas dans son versant gentillet), il s'ouvre aussi à différentes formes d'automatisme autodidacte dans l'art (dans une démarche qui n'est pas sans rappeler celle du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval). Comme c'est le cas, en février et mars, avec l'exposition "Au fil de l'encre" de Rosanna Brusadelli, dessinatrice qui crée en symbiose avec les formes naturelles, calquant son graphisme sur des arborescences et des réseaux, voire des rhizomes, ressemblant parfois à des échangeurs routiers.  Elle dessine à la plume "à profiler" en noir et colorie après coup, toujours à l'encre. Un travail en tout cas qui me retient, d'après le peu que j'ai vu jusqu'à présent..

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Rosanna Brusadelli 

Exposition du 14-02-2017 au 05-03-2017, Musée d'Art spontané, 27, rue de la Constitution, à 1030 Schaerbeeck (nord de Bruxelles).

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Dreamdew n°8

     Dreamdew, ça veut dire "Rosée de rêve". C'est un bulletin de 4 pages édité numériquement par Sasha Vlad et Bruno Jacobs, rédigé en anglais et provenant des USA. La publication est entièrement vouée aux rêves, comme de juste. Le dernier numéro (de février 2017) vient de m'être envoyé, et on y trouve des récits, plutôt brefs dans l'ensemble, relatifs à des lectures intervenues dans les rêves des divers auteurs des récits. Pour accéder à ce numéro, cliquez ici.

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Sasha Vlad, "Sur le plan horizontal, une fraîcheur noire. Sur le plan vertical, un éther neutre" (légende de Dan Stanciu), collage, date et dimensions non précisées ; œuvre non reproduite dans Dreamdew.

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Des "Singuliers de l'art" à Carquefou, au Manoir des Renaudières

            Une exposition, parmi les dernières qui vont se tenir dans l'année qui vient au Manoir des Renaudières qu'anime avec brio Chantal Giteau à Carquefou (banlieue de Nantes), en instance de départ à la retraite, promet d'être un perit feu d'artifice rendant grâce à l'art véritablement singulier.

Singuliers à Carquefou, Carton Recto (2).jpgCarton d'invitation à l'expo "Des singuliers de l'art", on reconnaît en bas à droite un dessin patatomancien de Serge Paillard, plus haut une roulotte en réduction de Paskal Tirmant, quelques personnages grotesques de Briantais, des corbeaux (peut-être de Manero? Il est difficile à identifier, celui-ci, parce qu'il a plusieurs manières), en déduisant que le reste, par élimination, est due à Goux et Cottalorda...

 

      "Véritablement", parce qu'en l'occurrence cela n'a rien à voir avec les festivals de Têtes à Toto que l'on déplore ici et là, et qui abîment l'étiquette d'art singulier par voie de conséquence plus du tout "singulier". Sont annoncés pour l'occasion Gilles Manero, Serge Paillard, Paskal Tirmant, Bernard Briantais (quatre artistes que j'ai chroniqués sur ce blog), et Claudine Goux (un pilier de l'art singulier et de la création franche), ainsi que Chloé Cottalorda (inconnue de moi). Le carton d'invitation est un collage original réunissant en un tout homogène des fragments d'œuvres de ces six artistes.

Singuliers à Carquefou carton verso.jpg

       En outre, seront présentés le samedi du vernissage, à 10h30, un film sur l'abbé Fouré, L'homme de granit, avec une intervention de Joëlle Jouneau, animatrice de l'association qui cherche à faire mieux connaître l'ermite de Rothéneuf, et surtout, à 14h30, un film plus inédit, car récemment produit (2016), La Dame de Saint-Lunaire, d'Agathe Oléron, consacrée aux recherches et découvertes de cette dernière sur l'étonnante créatrice d'une maison singulière à Dinard, Jeanne Devidal.

 

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 Disparition de Bernard Jugie (1940-2013)

 

 La-porte,-la-boîte-aux-lett.jpg           M'est avis que ce nom ne dira vraiment rien à la plupart de mes lecteurs en dépit de l'article que je lui avais consacré dans la revue Création franche (le n°37, décembre 2012), de quelques notes sur ce blog et d'une de ces expositions confidentielles dont la revue Recoins a le secret – c'était dans la galerie de la Halle Saint Pierre.

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Bernard Jugie, sans titre, panneau de bois peint et gratté, ph. et coll. Bruno Montpied

      J'avais repéré des indices de son activité de sculpteur et de peintre naïf et populaire en passant en voiture dans une rue de Billom (Puy-de-Dôme ; voir photo ci-dessus avec la boîte aux lettres, ph.B.M., 2012). Je poussais alors mes compagnons de route vers le Livradois en quête d'un château où se trouvaient peut-être de belles fresques naïves de l'époque napoléonienne (cette quête se heurta à une magnifique porte fermée). Quelques années plus tard, en 2012, on fit l'expédition directement à Billom pour savoir si on aurait plus de chances du côté de Billom. On appela l'intéressé au téléphone au préalable, grâce à l'entremise d'une créatrice de cette ville, Marie Paccou.

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Bernard Jugie, un renard obtenu par évidement d'un panneau d'aggloméré longuement travaillé, ph. et coll. B.M., 2012.

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Bernard Jugie, une lapine et ses lapereaux, ph. B.M., 2012.

 

     Qui se cachait derrière cette porte surmontée de tableautins naïfs (renard, oiseaux, faisans, nichoir, papillons...), on le découvrit bientôt avec bonheur. C'était un des ces créateurs solitaires qui produit des objets, des sculptures, des tableaux (fleurs, animaux, paysages) pour son plaisir et celui de quelques rares proches et amis... Un dépositaire d'un talent naïf, toujours aussi difficile à expliquer pour ce qui est de savoir pourquoi il avait élu domicile en ce corps-là, et pas ailleurs chez maints autres individus.

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Bernard Jugie, statuette sans titre, coll. privée, Paris, ph. B.M. 2012.

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Bernard Jugie, sans titre (fleurs dans un vase), vers 2012, ph. et coll. B.M.

 

      Bernard Jugie était modeste, parlait peu, et il était généreux. Je poussai à la roue pour acquérir des œuvres, conscient de l'éphémère de la situation. A trois, nous lui achetâmes quelques pièces qui sont pour le moment à l'abri. Est-il sûr qu'il en soit de même pour les œuvres que Jugie garda jusqu'à l'année suivante? On vient de m'apprendre en effet que la Camarde est venue l'année d'après le chercher. On aimerait savoir ce que deviennent les sculptures et peintures qu'il accumulait dans son petit musée sous les combles...

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Bernard Jugie, créateur à ses heures, ph. B.M., 2012.

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Joël Lorand dans une nouvelle galerie d'art singulier à Nantes, la galerie Perrine Humeau

     Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé de Joël Lorand, le globe-trotter de l'art singulier. II est toujours autant en recherche qu'au début. Après être passé par différentes périodes (les dernières étant les "personnages floricoles", les "boucliers cosmogoniques" et une série de dessins en noir et blanc - qui me laissent personnellement  sur ma réserve), le voici qui fait une incursion à Nantes dans une neuve galerie (ouverte en mars 2016) qui veut se consacrer à l'art singulier, plus qu'à "l'art brut" proprement dit (si l'on doit s'en référer aux créateurs et artistes choisis jusqu'à présent), la galerie Perrine Humeau, qui a déjà exposé entre autres Bernard Briantais (qui s'est fait connaître des amateurs d'art singulier en exposant préalablement au Manoir des Renaudières à Carquefou) et quelques créateurs venus de l'atelier de l'ESAT de Cholet.

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Joël Lorand, exposition du 2 février au 25 mars 2017. Coordonnées de la galerie en cliquant sur le lien ci-dessus.

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Scottie Wilson à la Galerie du Marché, Lausanne

 

     Une exposition d'œuvres d'un créateur classique de l'art brut – qui me paraissent inégales (si je dois penser que les œuvres exposées correspondent à celles qu'on voit sur le site de la galerie), mais baste, ça n'est pas si fréquent de voir des dessins de Scottie par ces temps de marché de l'art brut galopant – est organisée à la Galerie du Marché animée par l'affable Jean-David Mermod à Lausanne, du 25 janvier au 11 mars. Le danger avec les dessins de Scottie Wilson, c'est leur propension à tomber parfois dans le décoratif. Toutes les œuvres affichées sur le site web n''échappent pas toutes à cet écueil. Je n'ai pu m'empêcher d'être un peu déçu, surtout après avoir d'abord découvert l'œuvre ci-dessous que proposait comme une amorce alléchante le mail d'annonce de l'expo...

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Scottie Wilson, sans titre, technique mixte, 50x70 cm, Galerie du Marché

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Jean-Marie Massou est édité en disque chez un nouveau label dont le titre me rappelle quelque chose...

 

      Il y a quelque temps, j'ai parlé de M. Olivier Brisson et de son projet d'éditer un enregistrement des complaintes et autres mixages sur radio K7 de l'ermite de la forêt de Marminiac, Jean-Marie Massou, dont il nous dit qu'il n'a plus trop d'énergie désormais pour descendre dans les galeries qu'il a creusées durant des décennies à la recherche d'on ne sait quelle civilisation préhistorique (ce qu'il m'avait confié en 1987 lors de ma visite chez lui en compagnie de Gaston Mouly). Eh bien, le projet vient de se réaliser, un disque vinyl vient d'être réalisé (zut, je n'ai plus de platine...) avec cartes de téléchargement aussi (je n' y comprends plus rien à ces nouveaux supports... Le CD me paraissait pourtant bien pratique et bien plus simple). Il  fixe les expérimentations de Massou. Olivier Brisson, avec deux de ses compères (Matthieu Morin - ce nom me dit quelque chose... - et Julien Bancilhon - on comprend qu'il s'occupe de vinyls avec un tel nom, où l'on entend déjà du sillon sur un banc...), paraît passionné de mettre en lumière la possibilité d'une musique brute, moi, je dis "d'outre-normes" pour éviter toute possibilité de confusion. Pour ce faire, il a fondé, après un premier label qui s'appelait, si j'ai bien compris, "Vert pituite la Belle", une nouvelle collection... "La Belle Brute"... Fondée au milieu de 2016. Tiens? Ça ne vous rappelle rien?

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Curieux titre que ce "volume 1" de "musiques" de Jean-Marie Massou... Comment le décrypter? Une plateforme de départ en voyage pour la sodomie... ? (Sodo...rome, comme il ya des aérodromes, des vélodromes...?)

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Vous vous souvenez d'elle...? (Voir "la boutique du Poignard subtil" dans la colonne de droite de ce blog...)

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"Introspective" Michel Nedjar au LaM, une exposition d'art contemporain

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      Je n'ai pas grand-chose à ajouter au laïus du LaM qui annonce la rétrospective Nedjar, artiste et fondateur de l'association l'Aracine (à quand une expo aussi pour Claire Teller et Madeleine Lommel, qui restèrent infiniment plus discrètes?) dans ses locaux à Villeneuve-d'Ascq du 24 février prochain jusqu'au 4 juin. Tout y est dit (un bémol pourtant sur le "à la croisée de l'art brut et de l'art contemporain") :

"Michel Nedjar (1947), artiste à la croisée de l’art brut et de l’art contemporain, est l’un des membres fondateurs de l’association L’Aracine qui donna son exceptionnelle collection d’art brut au LaM en 1999. Ses poupées de chiffon et de boue sont à ce jour ses œuvres les plus connues, alors même que son importante production artistique est loin de s’y limiter. À travers cette nouvelle exposition, explorez toutes les facettes de son œuvre : poupées bien sûr, mais aussi sculptures, dessins, peintures et films expérimentaux, de 1960 à 2016, ainsi que les thèmes qui sous-tendent l’ensemble de son travail : l’enfance et le primitivisme, la vie et la mort, la magie et le voyage."

      Si je n'ai aucune inclination pour ses poupées "de chiffon et de boue" (qu'à part moi, je surnomme "les étrons"), je dois reconnaître avoir été plus enchanté par ses poupées "Pourim", que j'ai aperçues dans un livre édité par Gallimard,art singulier à carquefou,manoir des renaudière,chantal giteau,gilles manero,art spontané,musée de l'art spontané,rosanna brusadelli,bernard jugie,dreamdew,sasha vlad,art populaire contemporain,jeanne devidal,agathe oléron,joël lorand,galerie perrine humeau,galerie du marché,jean-david mermod,scottie wilson,jean-marie massou,la belle brute,olivier brisson,musique d'outre-normes ou bien encore ce qu'il appelle ses poupées "coudrées", comme doit en faire partie la "poupée" ci-après (j'espère ne pas me tromper). Du côté de ses peintures et de ses dessins, on sent une grande influence des œuvres d'art brut qu'il connaît fort bien, et dont, pour cette raison même,  il ne peut faire partie, à moins qu'on ne brouille toutes les notions.

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Michel Nedjar

 

22/01/2017

Création Franche, la revue, n° 44 et n° 45

     Si, régulièrement, je me fais l'écho de la seule revue que nous ayons réussi à pondre en France au sujet de l'actualité des arts spontanés (la création, dite franchepar Gérard Sendrey,  fondateur du musée du même nom), j'avoue avoir pris du retard vis-à-vis du n°44, sorti en juin 2016. Pourtant, il contenait d'intéressants articles, dont un en particulier de Brigitte Gilardet, une chercheuse en histoire de l'art contemporain, travaillant au CNRS, auteur récent d'un (probablement) fort intéressant ouvrage,  Réinventer le musée, François Mathey, un précurseur méconnu (1953-1985), qui est paru aux Presses du Réel en 2014.Lucienne Peiry, ph. Chris Blaser.jpg Dans ce n°44, elle se préoccupe de braquer la lumière sur Lucienne Peiry (voir son portrait ci-contre par le photographe Chris Blaser) et, en particulier, sur l'ouverture de l'art brut vers les mondes extra-européens qu'opéra celle-ci, le temps où elle fut aux commandes de la Collection de l'Art Brut (une dizaine d'années de 2002 à 2012).

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Création Franche n°44, avec une œuvre de Dimitri Pietquin en couverture, juin 2016.

 

     Par ailleurs, la création franche, ayant le courage de ne pas laisser retomber les peintres naïfs, victimes de l'aura grandissante de l'art brut – et, il faut bien le dire, des oukases de Dubuffet et de ses partisans, qui avaient beau jeu de vouer aux gémonies l'art naïf si l'on se référe à ce que l'on a mis en avant dans cet art des années 1960 à aujourd'hui , une sorte d'art cu-cul, comme dit Yankel... –, rend hommage de temps à autre à certains d'entre eux, comme dans ce même n°44 de la revue, à Simone Le Moigne (article de Jean-Pierre Nuaud).

Gisèle Grun-Rousseau, portrait d'un marin nommé Forbin, Coll perm du M de la Création Franche, ph 2008.jpg

Gisèle Grun-Rousseau, sans titre (portrait d'un marin appelé Forbin), coll. permanente du musée de la Création franche, exemple d'art naïf contemporain de belle venue, ph. B.Montpied en 2008.

 

     Gérard Sendrey dans  le même numéro, comme Gilardet avec Lucienne Peiry, veut rendre hommage à un autre critique d'art, Dino Menozzi, qui anima très longtemps en Italie la revue Arte naïve qui s'ouvrit dans la dernière partie de son existence  aux arts singuliers. Par ailleurs, on trouve aussi un article d'archive (de 1991), de Jacques Karamanoukian, trop tôt disparu, s'étant fait l'écho de sa rencontre avec le créateur brut noir américain Sam Mackey à Detroit.

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Quelques numéros d'une valeureuse revue italienne sur l'art naïf et l'art singulier (marginal), Arte naïve... 

 

     Il y a bien sûr d'autres articles dans ce numéro, je ne vais pas tous les citer, il suffit de s'abonner. En ce qui me concerne, je signe un article, d'hommage là aussi, consacré à l'autodidacte Lino Sartori, mari de cette Andrée Acézat (à qui j'ai consacré un ouvrage dans ma collection La Petite Brute), influencé par la liberté de cette femme qui sut, à plus de 70 ans passé, abandonner tout ce qu'elle avait peint jusque-là pour se lancer dans une production de caricatures enfantines singulières. Lino Sartori, quant à lui, s'il peignit aussi sur divers supports en deux dimensions, choisit de préférence les souches de bois qu'il interprétait à la peinture, dans une démarche inconsciemment proche d'un Gaston Chaissac qui, on le sait, adorait peindre sur tout ce qui se présentait à lui, vieux bidons, planches de rebut, parpaings, marmites cabossées... Des œuvres de Sartori sont récemment entrées dans la collection permanente du musée de la Création franche.

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Lino Sartori, sans titre, tronc d'arbre évidé peint, coll. privée, région bordelaise, ph. B.M.

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Lino Sartori, sans titre (dialogue entre marionnettes?), 2007, coll. privée bordelaise, ph.B.M.

 

     Par ailleurs, est également sorti, en ce mois de janvier 2017, traditionnellement décalé par rapport à son mois annoncé en couverture (décembre 2016 ; la revue publie deux numéros par an), le n° 45 de Création Franche.

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Création Franche n°45, décembre 2016 ; en couverture, une œuvre d'une récente découverte de Pascal Rigeade : Léonie Pointis.

 

    Au sommaire, j'ai particulièrement retenu l'annonce par le directeur du musée, Pascal Rigeade, de la requalification du musée en "équipement d'intérêt métropolitain" depuis le 1er janvier dernier. Ce qui paraît signifier que les locaux deviennent propriété de Bordeaux métropole, alors que ce qui s'y expose et s'y anime reste de l'initiative de la ville de Bègles. Pascal Rigeade, dans son éditorial, délivre l'idée que cela pourrait induire des possibilités d'agrandissement et de modernisation pour le bâtiment actuel du musée. Ainsi qu'une communication accrue autour de ses manifestations. On sait qu'a été abandonné le projet de déménager le musée vers la Cité Numérique qui se trouve géographiquement plus près de Bordeaux. Il faut donc imaginer que les responsables de la Création franche rêvent maintenant plutôt de repousser les murs. Cependant, il faut noter parallèlement que le maire actuel de Bègles, Noël Mamère, qui a œuvré grandement à l'épanouissement du musée, ne se représentera pas aux élections en 2020. Il faut espérer que cela n'aura pas de conséquences sur l'avenir du musée, en place et actif depuis 1989 tout de même, et donc bien inscrit dans le paysage des arts spontanés à la fois régionalement, nationalement et internationalement.

      Par ailleurs, dans ce numéro on retrouve quelques contributeurs habituels : Paul Duchein (qui me paraît en petite forme), Dino Menozzi (sur une exposition d'"Irréguliers" à Cles, province de Trente, qui pose la question de "l'authenticité" préalable à toute création par ailleurs taxée d'"outsider" ; je dois dire que son texte, reposant les sempiternelles questions de délimitation terminologique m'a paru quelque peu embrouillé ; en particulier, qui  aurait l'idée – à part en Italie?– de reléguer encore  les "outsiders" et les "irréguliers" dans un quelconque ghetto?), Gérard Sendrey, Bernard Chevassu (qui revient sur les rochers de Rothéneuf de l'abbé Fouré sans véritablement apporter du neuf sur la question, et en véhiculant même une approximation à propos du gisant de la pointe du Christ – ce dernier n'est pas "Judicaël", comme avait cru bon de l'affirmer Frédéric Altmann, que l'on se rapporte à ce que j'ai révélé sur ce blog même, on se demande à quoi ça sert que je me décarcasse?), Jo Farb Hernandez (qui signale ses travaux de recherche sur les environnements spontanés en Espagne, ce que j'avais moi-même déjà relevé dans le n°43 de cette même revue en la citant, ainsi que d'autres ayant travaillé sur le même sujet (ce qu'elle bien entendu se passe bien de faire... ; le rédacteur en chef de la revue aurait pu – je le signale au passage – le rappeler en note)...

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Michel Maurice, sans titre, Musée des mille et une racines de Cornimont, ph. (inédite) B.M., 2016.

 

       En ce qui me concerne, j'ai offert à ce numéro un article qui dévoile pour la première fois dans une publication liée aux arts spontanés un petit musée pratiquement - je gage - inconnu du public des amateurs de ces arts, le Musée des mille et une racines de Michel Maurice (1937-2014) situé à Cornimont (Vosges ; il est dommage que la revue n'ait pas jugé utile de garder les coordonnées de ce musée que j'avais pourtant pris soin d'insérer à la fin de mon article, je les remets donc ici à la fin de cette note). Encore un créateur qui a collecté durant des décennies (50 ans) des formes naturelles en bois tantôt laissées telles quelles, tantôt réinterprétées, teintées, sculptées, etc. Cela avec beaucoup de goût. Après son décès, il est à noter que la municipalité de Cornimont, avec l'appui de ses proches, notamment sa fille Corinne, lui a bâti un musée tout exprès dédié.

Musée des Mille et Une Racines, 23, route de Lansauchamp, Cornimont (près de Gérardmer) . Ouvert tous les jours de 10h à 12 h et de 14h à 18h sauf les mardis ; fermeture du 14 au 30 novembre. Tél : 03 29 23 95 74.

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Michel Maurice, sans titre, (deux promeneuses?), musée des Mille et une racines de Cornimont, ph. B.M., 2016 ; photo non retenue par la rédaction de Création Franche.

Du côté de la Création Franche, à signaler dans les expositions à venir plus particulièrement une expo consacrée à l'art brut en Finlande du 14 avril au 11 juin 2017 qui promet d'être intrigante, tout autant que celle qui fut récemment consacrée à l'art brut indonésien.

09/01/2017

A vendre un Sefolosha et deux Roland Vincent (vendus)

     Comme dans le cas du "proto-fusil" d'André Robillard vendu par un ami dont je m'étais fait l'intermédiaire, voici déjà quelque temps, je signale à nouveau des mises en vente, d'une part de deux œuvres réalisées par un créateur "brut", Roland Vincent, maçon sculpteur vivant dans la Creuse (deux statuettes faisant partie de sa série dites communément des "babioles" ; elles ne sont plus disponibles, NDLR 9 octobre 2017), et d'autre part d'une œuvre d'une artiste de la mouvance "art singulier", Christine Sefolosha, une peinture qui fait partie de sa série dite des "Terres" (appelée ainsi en raison des matières graineuses qui donnent un effet de relief et des pigments aux couleurs terreuses, rouge, brun, sombre...).

     Voici ci-dessous les deux statuettes de Roland Vincent (vendues):

 

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Roland Vincent, à gauche une statuette sans titre ("le musicien à la cornemuse"), 38cm (H) ; à droite une autre également sans titre ("le tambourinaire"), 32 cm (H), poudre de granit à la colle forte sur matériaux recyclés, années 2000, coll. privée. 

 

     Et voici l'œuvre, également sans titre, de la peintre suisse Christine Sefolosha (il me semble que des peintures de cette série des "terres" ne sont pas si fréquentes) :

Christine-Sefolosha-Sans-ti.jpg

Christine Sefolosha, sans titre, 54 x 80 cm, technique mixte sur carton contrecollé et agrafé sur panneau de bois, 1994 (série des "terres"").

 

Si quelqu'un est intéressé, prière de me contacter en privé (voir ci-dessus "Me contacter", juste au-dessus de la vignette représentant un sciapode), le prix pour Séfolosha apparemment en dessous des prix pratiqués pour les peintures de cette artiste de cette période. Depuis le 17 janvier, l'œuvre de cette dernière est visible en format d'image plus grand dans la "Boutique du Poignard subtil" (voir colonne de droite pour en trouver l'accès).

25/12/2016

Les épouvantails de Denise et Maurice en voyage à Mamers (Sarthe)

       Qu'on se le dise dans les bocages et ailleurs, le film de Remy Ricordeau, Denise et Maurice dresseurs d’épouvantails, sera projeté en sa présence le mardi 24 janvier à 20h au cinéma Rex de Mamers (dans la Sarthe) ainsi que le dimanche 29 du même mois à 14h dans le cadre du festival "Regards sur le monde rural". M'est avis qu'on devrait trouver aussi à cette occasion le livre au titre éponyme publié dans la collection La Petite Brute (éd. L'Insomniaque). Et, non, avant qu'un commentaire ne s'empare de la question, autant préciser tout de suite que le maire de Mamers n'est pas Noël Mamère (ce serait trop beau)...

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On reconnaît, sur la photo de l'affiche, l'oie Fifi du couple créateur d'épouvantails, en train de défendre son épouvantail favori.

17/12/2016

Mark/Isidor, l'art au bord du gouffre

      Hier, je me baladais dans un quartier de Paris connu pour abriter de nombreuses galeries. Un quartier des plus chics et des plus historiques de la capitale. Belles maisons, beaux objets, tout très cher évidemment. Subitement, mon œil aperçoit de l'autre côté d'une rue très passante, sur un trottoir étroit, un amas de planches parmi lesquelles se trouvent des panneaux peints de scènes diverses, certains qui paraissent pouvoir retenir l'attention. Je traverse, me disant qu'un artiste du coin a vidé ses laissés pour compte sur le trottoir autour de sa poubelle. Dans le tas, il me semble que parmi des peintures pas très poussées, mais tout de même assez brutes de décoffrage, peuvent surnager quelques pièces à sauver de la destruction (les éboueurs ne sont pas encore passés). Je commence à déplacer les peintures, ébauchant un tri, tout en repêchant les œuvres qui se cachent les unes en dessous des autres. Tout à ma tâche, je n'ai pas examiné de quoi est fait le tas sur lequel s'empilent les panneaux, et brusquement, je perçois un mouvement à l'intérieur. Il y a un homme là-dessous! Qui s'extirpe pour voir qui je suis et pourquoi je fouille dans ses affaires... Il n'est pas en colère. Je m'excuse, en outre... Je lui explique que j'ai cru qu'il s'agissait de peintures jetées à la rue. Il baragouine dans un pidgin difficile à décrypter, mais il a compris que je m'intéressais à ses petits tableaux. Nous nous entendons rapidement. A force de lui faire répéter ses mots, je parviens à dégager quelques éléments. Il viendrait d'un pays de l'est, un de ses tableaux montre un drapeau de l'ancienne Yougoslavie. Il signe "Mark" sur plusieurs de ses tableaux, ajoutant parfois un nom en rapport avec une personne rencontrée (je n'ai pas compris de quel type était le lien entre cette personne et l'image), par exemple "Calamo" (nom d'un encadreur du quartier paraît-il, peut-être une transcription ultra approximative du vrai nom) ou "Isidor"...

Vue générale (2) de l'expo de rue 1.jpg

Vue générale de l'installation de Mark, "street artist" d'un autre genre, photo Bruno Montpied, 2016.

Vue générale (2) de l'expo de rue 2.jpg

Mark, pour les besoins de la photo, a disposé la plupart de ses tableaux comme pour une expo sauvage, en pleine rue, ph. B.M., 2016.

 

     Sa situation est des plus périlleuses. Il dort et vit sur un petit matelas sous cet échafaudage de planches (je n'ai pas trop eu le temps d'examiner en détail son abri, j'étais appelé ailleurs), sur  un trottoir qui ressemble à une corniche posée au bord d'un torrent de bolides hurlant, se précipitant à cet endroit vers le sud de la capitale. En dormant, ou ayant bu un coup de trop,  il pourrait verser sous les roues des voitures. Je le lui dis, mais il répond, mais non, c'est OK... Est-il là, justement à cause de cette localisation peu enviable, sur un bout de bitume que personne ne peut songer à lui disputer? Il s'enfouit sous cet amas de tableaux qui lui sert de couvertures (à tous les sens du terme), d'abri, de carte de visite, et de cachette, qu'on prend, comme moi, pour un tas de détritus en lisière d'une circulation si bruyante qu'on n'a qu'une hâte, s'éloigner le plus vite possible... (D'ailleurs, le bref dialogue que j'eus avec ce peintre clochard était sans arrêt recouvert par le vacarme des véhicules, ce qui n'arrangeait pas la compréhension comme on l'imagine). Mais, je m'en apercevrai plus tard, il laisse dépasser du tas ses jambes abritées dans un sac de couchage , simplement masquées par un mince tableau (sans doute est-ce un moyen d'informer le passant – et l'éboueur – qu'il ne s'agit pas là d'un tas de détritus comme les autres... De plus, il est aussi à remarquer que sous l'endroit où il pose une chaise, il y a une bouche d'aération qui lui assure peut-être un peu de chaleur.

Mark, sans titre (2) (Salamo ; tête cornue, ptêt un faune...), 33x28cm, 2016 (alt).jpg

Mark, sans titre ("Calamo" ne paraît pas être le titre), peinture (acrylique?) sur panneau de bois, 33x28cm, ph. et coll.B.M. ; à noter qu'il semble que la peinture lui ait été fournie par un marchand de fournitures artistiques du quartier, à partir de ses invendus

 

      Le contexte urbain a dû peser sur son choix de se lancer dans la peinture. Le quartier est semé de galeries diverses et variées. Juste à côté de son abri, visible sur la première photo mise en ligne ci-dessus, on aperçoit d'ailleurs un bout d'un magasin d'antiquités (où les prix des œuvres sont bien entendu à des années-lumière de ses prix à lui...! Je lui  ai acheté un petit portrait d'homme, pourvu de cornes, ressemblant à un faune, pour une somme peu élevée mais qui peut tout de même l'aider). Il "habite" ce trottoir depuis déjà quelques années, d'après ce que m'a confié une galeriste du coin, mais le désir de peindre ne semble être venu que depuis  un an – le temps sans doute qu'infuse en lui la présence massive des œuvres d'art présentes autour de lui dans le quartier...?

Paysage à l'éléphant (2), 60x110cm env.jpg

Mark, sans titre, paysage à l'éléphant (fort membré), à peu prés 60x100cm, ph.B.M., 2016.

Source d'inspiration (2), une brochure donnée par des passants.jpg

D'où vient l'inspiration... pour les scènes érotiques situées en contrebas sur la photo ; à noter aussi le portrait de Michel Sardou en jaune et bleu, sous la brochure... ph.B.M, 2016.

 

    Il paraît chercher de temps à autre une utilité à ses peintures – distincte du pur plaisir de les contempler, je veux dire. Il me montra par exemple une peinture de paysage dont un espace vide, peint en bleu ciel, pouvait servir à insérer un menu de restaurant . Il fait dans la peinture érotique aussi, en démarquant les images d'une brochure que des passants grecs lui ont donnée. Mais dans sa (petite) production, le meilleur est encore à chercher du côté de peintures bizarres, un paysage avec un éléphant semi rose (rançon d'un demi éthylisme?), une "grenouille" qui m'a tout l'air d'avoir été écrasée, un portrait de Michel Sardou (chanteur qui a l'air de l'obnubiler), une composition bleue vaguement "cubiste", une autre avec un globe terrestre, un portrait en profil de Spartacus, un bateau à la forme inusitée...

La grenouille (2), Isidore.jpg

Mark, "grenouille"... Une inscription à droite : "Isidor" (une autre signature?), ph.B.M., 2016.

Saynète bleue.jpg

Mark, sans titre (saynète bleue "cubiste"), ph. B.M., 2016.

Bateau, Isidorejpg.jpg

Mark, sans titre (un bateau ; plus la  même inscription que ci-dessus, "Isidor", qui paraît comme masquée...), ph.B.M., 2016.

 

    Cet homme, peintre sauvage de rue, devrait être encouragé, je trouve. Cela fait d'ailleurs longtemps que je pense que les SDF qui mendient dans la rue devraient s'essayer à l'art. Cela pourrait être une source de revenu. Vu le nombre de passants dans les couloirs du métro, ils toucheraient fatalement quelques collectionneurs croisant devant leur installation de misère. Je ne donne pas l'adresse exacte de ce peintre, mais si quelque amateur demandait à le rencontrer, qu'il n'hésite pas à me contacter en privé (adresse en haut sur la colonne à droite sur ce blog, ou adresse à la fin de "l'éditorial" qui se cache dans la rubrique "A propos", même colonne). 

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Mark (Isidor?), ph. B.M., 2016.

13/12/2016

Monsieur Arthur Borgnis cherche de l'aide pour financer son film sur une Histoire de l'Art Brut

     C'est la mode, on adore prendre des termes anglo-saxons pour intituler ses œuvres, la langue française étant désormais perçue par tant de gens – à mon avis de façon désolante –  comme moins sexy...  M. Arthur Borgnis n'y a pas coupé en reprenant une citation (quelque peu sybilline, je dois dire, surtout si on la rapporte au sujet du film) d'une créatrice rangée dans l'art brut, Madge Gill, Eternity has no door of escape (= "On ne peut  pas s'échapper de l'éternité"), pour en faire le titre d'un documentaire qu'il souhaite réaliser et éditer en DVD l'année prochaine (pas de diffusion possible sur les chaînes de télé, que la dictature de l'audimat continue d'écraser), et qu'il rêve de voir comme une "histoire de l'art brut", projet qui n'aurait pas été tenté selon lui (et pourtant, ne pourrait-on pas citer le film de Bruno Decharme, Rouge Ciel, qui a déjà été sur le même "créneau"?).

Trailer du film d'Arthur Borgnis projeté

 

     Ce titre a déjà été utilisé pour l'exposition de la collection Eternod-Mermod il ya quelques années (2001) à Lugano, et je me demande s'il est bien adéquat pour un tel projet (évidemment, surtout auprès d'un public francophone)... On lira cependant attentivement le projet du film avec la demande de collaboration participative (Kiss Kiss Bank Bank...) demandée auprès de tous ceux qui veulent  le soutenir.

    Cependant, personnellement, une phrase dans ce projet, qui évoque "quatre figures emblématiques incontournables" de l'art brut, me chiffonne assez considérablement : "Jean Dubuffet, qui théorisa l’art brut, sera la figure tutélaire du film. Hans Prinzhorn, qui fut le premier à considérer les œuvres d’aliénés comme des œuvres à part entière, puis  Harald Szeemann qui l’introduisit dans l’art contemporain, et Alain Bourbonnais qui l’ouvrit à l’art autodidacte sous différentes formes seront nos guides, nos passeurs." Si je peux m'accorder avec l'auteur du projet avec la première partie de cette déclaration (Dubuffet, Prinzhorn...), la seconde me paraît ultra délicate. Szeemann aurait introduit l'art brut dans l'art contemporain? Si c'est vrai, cela n'a aucun sens et ne peut être réalisé qu'à la faveur d'une entourloupe, d'une manipulation et d'une usurpation du sens des mots "art brut". C'est en effet, cependant, ce qu'essayent de faire aujourd'hui, certains marchands (la galerie Christian Berst par exemple), créer une confusion entre art brut et art contemporain, mais cela n'a pas à être défendu par les vrais amis de l'art brut. Dire ensuite qu'"Alain Bourbonnais" aurait ouvert l'art brut "à l'art autodidacte" est incohérent et confus, puisque l'art brut, par définition, est précisément le fait d'autodidactes. Il semble que le texte veut dire autre chose, si on me permet de l'interpréter en dépit de sa confusion: ne veut-on pas insinuer en effet qu'Alain Bourbonnais aurait "élargi" l'art brut  à l'art des marginaux contemporains en tous genres, classés dans la neuve invention ou dans l'art singulier, ou selon le terme utilisé par Bourbonnais justement, "l'art hors-les-normes"? Qu'il aurait en quelque sorte adhéré par là à l'amalgame très anglo-saxon de l'art "outsider"? Cela serait défendre une contre-vérité là aussi, puisque Bourbonnais a bifurqué au contraire par rapport à l'art brut, en s'intéressant avant tout à des formes de création inclassables, singulières : de l'art contemporain de marginaux, pas assimilables à l'art autarcique propre à l'art brut. Il ouvrait ainsi une voie qui s'est poursuivie avec l'art dit singulier (après 1978) qui reste une catégorie d'art à distinguer de l'art brut. Quelques créateurs de l'art brut se retrouvent certes dans la collection de la Fabuloserie de la famille Bourbonnais (Ratier, Aloïse, Podesta par exemple), mais ils sont minoritaires au sein de la collection, n'étant là que parce qu'Alain et Caroline Bourbonnais étaient avant tout éblouis par leur créativité. Il est aussi à noter que la Fabuloserie recèle peu d'œuvres venues du monde asilaire.

03/12/2016

"Jean-Dubuffet-Alain Bourbonnais: Collectionner l'art brut", une correspondance ou un calque?

      Vient de paraître chez Albin Michel un magnifique ouvrage, un pavé orange, consacré, par delà la correspondance entre Jean Dubuffet et Alain Bourbonnais qu'il met en scène (dans un appareil critique dû à Déborah Couette), à l'histoire de l'activité de la galerie nommée l'Atelier Jacob (de 1972 à 1982) et de la constitution de la collection "d'Art-Hors-les-Normes" de la Fabuloserie (ouverte à Dicy dans l'Yonne de 1983 jusqu'à aujourd'hui).

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Photo Bruno Montpied

      Disons d'emblée que ce gros livre est d'abord un très beau livre d'images. Son iconographie est riche et variée, couvrant à la fois les œuvres d'art brut d'auteurs qui furent exposées ou non à l'Atelier Jacob et les œuvres, plus nombreuses, d'artistes ou d'auteurs travaillant "sous le vent de l'art brut", pour reprendre la terminologie de Jean Dubuffet. Beaucoup de ces œuvres sont inconnues, en terme de publication. Grâce à la recherche qu'a menée Déborah Couette, on découvre les filiations et les échanges qui ont existé entre Alain Bourbonnais et son foyer d'art hors-les-normes (étiquette suggérée par Dubuffet) d'une part, et, d'autre part, la collection de l'art brut et sa documentation installée dans les années 1960-70 encore rue de Vaugirard (dans l'hôtel particulier qui est devenu aujourd'hui le siège de la Fondation Dubuffet), où Bourbonnais allait en compagnie de sa femme Caroline puiser des idées et des informations pour sa propre collection.



Un feuilletage du livre en moins de 15secondes (et non pas un effeuillage, Bousquetou, si vous traînez encore par ces pages...), film B.M.

 

      Mais au fur et à mesure de la lecture se dégage une curieuse constatation. Dubuffet, on le sait depuis peu (grâce à un témoignage de Michel Thévoz paru dans le catalogue des 40 ans de la collection de Lausanne), donna sa collection d'art brut à la ville de Lausanne, après avoir refusé de la confier à une institution française (il craignit même un temps que sa donation soit bloquée à la frontière lors de son transfert en Suisse), ne voulant pas que son "Art Brut" (il préférait les majuscules) soit mélangé à l'art moderne du Centre Georges Pompidou (cela devrait nous faire réfléchir actuellement, alors qu'art brut et art contemporain ont entamé une drôle de valse ensemble...). Ce transfert prit place en 71 (la Collection au Château de Beaulieu ne s'ouvrant au public qu'en 1976). Alain Bourbonnais, c'est ce qui apparaît de manière éclatante dans l'ouvrage paru chez Albin Michel, était en admiration éperdue devant l'œuvre de Dubuffet elle-même. Il la suivait depuis pas mal de temps. Il admirait également, en parallèle, ses collections d'art brut. Et il tenta donc de renouveler l'expérience à Paris, puis en Bourgogne, en se calquant sur Dubuffet. Ce mot de "calque", ce n'est pas moi qui l'invente, il apparaît dans une lettre de Dubuffet à Michel Thévoz (premier conservateur de la Collection d'Art Brut), publiée dans cette correspondance (p.383 ; lettre du 13 octobre 1978): "Alain Bourbonnais paraît s'appliquer à calquer ce qui  a été fait pour la Collection de l'Art Brut et faire à son tour en France à l'identique, ce qui me donne un peu de malaise." Dubuffet, pour conjurer ce malaise qui l'étreint par moments, aide pourtant Bourbonnais, surtout en l'orientant vers des créateurs qui appartiennent plutôt à ce que Dubuffet a classé dans sa "collection annexe", intitulée par la suite par Thévoz et Dubuffet "Neuve Invention". Mais Dubuffet n'en est pas moins méfiant, attentif de façon sourcilleuse à ce que Bourbonnais ne joue pas les usurpateurs. Une lettre publiée elle aussi dans cette correspondance montre un Dubuffet fort mécontent, après avoir vu une émission de télévision ayant présenté les œuvres de Bourbonnais, et ses collections comme de "l'art brut" (voir p. 348, lettre du 12 janvier 1980 ; et aussi, p. 148, la lettre parue bien auparavant le 6 décembre 1972). Pourtant, Bourbonnais – que je devine fort matois et malin, diplomate et rusé (mais Dubuffet en face lui rend des points! Au fond, au fil de cette correspondance, on suit une passionnante partie d'échecs...) – ne cesse de protester de son amitié, de son admiration et de son respect à l'égard du peintre-théoricien. Il pousse  même l'imitation de Dubuffet jusque à copier son attitude sourcilleuse vis-à-vis de l'usurpation du mot "art brut", en lui signalant telle ou telle récupération du terme.

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Alain Bourbonnais, quatre "Turbulents" parmi d'autres dans la salle qui leur est consacrée dans la Fabuloserie (au rez-de-chaussée), été 2016, ph. B.M.

 

     Même l'œuvre de Bourbonnais est imprégnée de sa fascination pour celle de Dubuffet. Ses lithographies du début des années 1970 (voir p.49 et p.51) portent la marque de son admiration. Et plus tard, les "Turbulents" eux-mêmes, grosses poupées carnavalesques articulées dans lesquelles un homme peut parfois se glisser pour les animer, paraissent passablement cousines des gigantesques marionnettes que Dubuffet avait conçues pour son spectacle "Coucou Bazar", dans les mêmes années (le spectacle semble avoir été monté pour la première fois en 1973 aux USA).

     Cette fascination de Bourbonnais, notamment  pour les collections de Dubuffet, sa conviction qu'il existe un continent de créateurs méconnus – sur ces mots, "artiste", "créateur" , "productions", on trouve plusieurs lettres, entre autres de Dubuffet, qui rendent clairement compte des problèmes qui s'agitent derrière la terminologie, voir notamment p.347, la lettre de Dubuffet du 6 février 1978 –, on la retrouvera, quelques années plus tard (1982), chez les fondateurs de l'association l'Aracine, dont un des membres, Michel Nedjar – artiste autodidacte affilié approximativement selon moi à l'Art Brut – avait exposé dès 1975 à l'Atelier Jacob.

      Mais, au final, Alain et Caroline Bourbonnais finiront par bâtir une collection qui s'éloignera de l'Art Brut, plus axée en effet sur des créateurs et artistes marginaux (l'Art-hors-les-normes, l'Art singulier, la Neuve invention, la Création franche, l'Outsider art anglo-saxon sont des labels plus ou moins synonymes servant à rassembler ces productions), restant sur un plan de communication avec l'extérieur, cherchant à exposer dans des structures alternatives. Ils rassembleront aussi des éléments venus d'environnements populaires spontanés (Petit-Pierre, Charles Pecqueur, François Portrat, etc.), environnements qui sont le fait d'individus recherchant la communication avec leur voisinage immédiat.

     L'art brut est on le sait un terme qui s'applique davantage à de grands pratiquants de l'art au contraire autarciques, se souciant comme de l'an quarante de faire connaître leurs œuvres. C'est un corpus d'œuvres exprimées par de grands individualistes, la plupart du temps débranchés de toute relation avec le reste de la société, œuvres d'exclus, de rejetés par le système social, qui à la faveur de cette exclusion, inventent une écriture originale, construite sur les ruines de leurs relations aux autres. 

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Marcel Landreau, un couple, statues en silex collés sauvegardées à la Fabuloserie (contrairement à l'Aracine qui ne put en conserver faute à un conflit avec l'auteur) ; Marcel Landreau est l'auteur d'un incroyable environnement spontané à Mantes-la-Ville qui a été démantelé par le créateur lui-même au début des années 1990 ; ph. B.M., 2015.

      Le départ (vu peut-être comme un exil) de la collection d'art brut de Dubuffet pour la Suisse fut un véritable traumatisme pour beaucoup d'amateurs dans ces années-là (fin des années 1970, début des années 1980). C'est visiblement un tournant dans l'histoire de l'art brut, et plus généralement dans l'histoire de la création hors circuit traditionnel des Beaux-Arts.

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Collection de pièces d'Emile Ratier présentées à l'avant-dernier étage de la Fabuloserie à Dicy, ph. B.M., 2015.

 

      L'ouvrage "Collectionner l'art brut" apparaît comme un document essentiel pour comprendre cette histoire.

      Au chapitre des points criticables (points formels seulement) : si la maquette générale de l'ouvrage est dans l'ensemble fort belle et attractive, il reste que les notes de bas de page (que, personnellement, j'ai le vice d'aimer lire...) ont été éditées dans un corps véritablement microscopique qui les rend difficilement lisibles de tous ceux qui n'ont pas, ou plus, un œil de lynx. Ce genre de défaut typographique apparaît de plus en plus fréquent dans l'édition contemporaine, comme si un certain savoir traditionnel (justifié pourtant au départ par le respect dû aux lecteurs) s'était perdu du côté des maquettistes. Autre chose qui me chiffonne: en plusieurs endroits du livre, on confond, abusivement à mon sens, "Neuve Invention" (collection annexe, Singuliers...) et Art Brut, par exemple dans le libellé de  légendes placées à côté des œuvres de la Collection de l'Art Brut. Comme si une volonté se dessinait chez les concepteurs du livre – ou plutôt des responsables de la collection de l'Art Brut ? Il semble bien que ce soit plutôt du côté de l'éditeur qu'il faudrait aller voir... Voir commentaires ci-dessous de Déborah Couette, puis celui, nettement plus éclairant, du documentaliste de la Collection de l'Art Brut, Vincent Monod... – de tout amalgamer, contrairement à ce que demande Dubuffet pourtant tout au long de cette correspondance avec Alain Bourbonnais...

 

A signaler que la sortie de cet ouvrage, Collectionner l'art brut, correspondance Jean Dubuffet-Alain Bourbonnais, fera l'objet d'une présentation au public le 12 décembre à la Fondation Dubuffet (de 18h à 21 h, 137 rue de Sèvres, dans le VIe ardt, à Paris), en même temps que sera présentée une autre publication récente, tout aussi intéressante, réalisée par la Collection de l'Art Brut, SIK ISEA et les éditions 5 Continents, l'Almanach de l'Art Brutjean dubuffet,alain bourbonnais,correspondances épistolaires,art brut,art-hors-les-normes,collectionner l'art brut,collectionneurs,fabuloserie,déborah couette,ateleir jacob,sophie bourbonnais,fabuloserie-paris,marcel landreau,émile ratier

Parallèlement, dans le nouvel espace de la Fabuloserie-Paris (retour des choses, cette nouvelle galerie,  animée par Sophie Bourbonnais, fille d'Alain et Caroline Bourbonnais, est ouverte à côté de l'emplacement de l'ancien Atelier Jacob, au 52 rue Jacob Paris VIe ardt (ouvert du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous au 01 42 60 84 23 ; voir aussi fabuloserie.paris@gmail.com), se tient une exposition consacrée à quatre artistes défendus par la Fabuloserie : Francis Marshall, To Bich Hai, Genowefa Jankowska et Genowefa Magiera (vernissage le 8 décembre de 18h à 21h).

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Un nouveau venu à la Fabuloserie: Jean Branciard (que les lecteurs de ce blog reconnaîtront comme un artiste que nous avons défendu parmi les tout premiers ; je suis content que le Poignard Subtil puisse voir ainsi ses choix corroborés par ceux de la Fabuloserie), ph. B.M., 2016.


Film de Joanna Lasserre sur le vernissage de la sortie de "Collectionner l'art brut" les 22 et 23 octobre derniers, avec pour l'occasion, une exposition d'œuvres de la Fabuloserie dans un Atelier Jacob provisoirement réinstallé dans ses anciens locaux.