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19/10/2010

Modifier Alfred de Vigny

     Les modifications, c'est un terme qu'utilisait Asger Jorn, si je me souviens bien, pour distinguer ses transformations de peintures de croûte, achetées aux Puces trois francs six sous, des détournements debordiens aux ambitions plus largement subversives. J'ai repris le mot plus modestement mais avec un goût similaire du retravail métamorphosant toutes sortes d'images qui me laissaient soit indifférent, soit agacé pour ne pas dire plus. Ce genre de démarche n'est pas nouvelle, je me hâte de le reconnaître. Rien que parmi les Singuliers on a déjà du monde qui redessine ou repeint par-dessus des images trouvées, je pense à Noël Fillaudeau (ses "Métamorphoses") ou à Alain Lacoste. Ils avaient de grands ancêtres, comme Chaissac qui n'hésitait pas à repeindre par-dessus un Gleizes... En fait, en cherchant bien, on pourrait certainement rameuter toute une brillante cohorte d'impertinents en tous genres qui se sont exprimés ainsi en caviardant, occultant, modifiant à qui mieux mieux (déjà, Duchamp avec sa moustache à la Joconde...). De quoi faire une innovante exposition, n'est-ce pas? (Il faut bien donner des idées à nos commissaires d'exposition toujours prêts à se vautrer dans leurs vieilles habitudes).

Bruno Montpied,Affreux de vigne, monument au plénipotentiaire gros plein de soupe, gravure modifiée,2010.jpg

 Bruno Montpied, Affreux de vigne, monument au plénipotentiaire gros plein de soupe, modification d'une gravure du XIXe siècle représentant Alfred de Vigny, encre et crayons de couleur, 2010

 

 

17/10/2010

Art sans étiquette à Rives, sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché...

    Art singulier? Trop galvaudé ces temps-ci. Art brut? Inadéquat, et déjà pris. Art contemporain? Trop vague. Art Hors-les-Normes? Pas tant que ça... Alors on opte pour un terme descriptif qui ne dérangera personne, "Art partagé", pour cette 3ème biennale organisée par l'association Oeil'Art, à Rives en Isère. 

Art partagé, 3ème biennale.jpg

     Une bonne partie des créateurs présentés ici viennent des ateliers qui hébergent les expressions des déficients et autres handicapés mentaux, Jean-Louis Faravel, animateur d'Oeil'Art ayant une prédilection marquée de ce côté-là (mais gare aux redites! Il commence à y avoir beaucoup de "bonshommes" peints dépouillés sur des fonds très colorés au sein de cet art des handicapés, et cela finit par nuire à l'écho que ses partisans voudraient voir bien établi).

     On reconnaît aussi parmi les propositions d'oeuvres quelques noms connusJoël Lorand portrait en train de dessiner, ph Association Oeil'art.jpg des lieux voués à la défense et à l'illustration de ce que l'on appella en 1978 "les singuliers de l'art", et depuis les festivals qui se sont montés dans les années suivantes, "l'art singulier".Adam Nidzgorski,ph. Site web Art tout simplement 2010.jpg On notera l'inversion des termes qui signala que l'on accordait dans ces festivals le mot "singulier" davantage avec l'art, plutôt qu'avec les personnalités, et leur comportement singulièrement créatif. L'art singulier au fond devenait l'art contemporain du dimanche... Dès lors, on risquait d'y trouver à boire et à manger. Il est difficile aujourd'hui, dans les festivals d'art plutôt pluriel de ne pas se retrouver au milieu d'un bric à brac confus envahi de suiveurs et d'arrivistes aux dents longues quoiqu'un peu voyantes.

 

POSTIC Les larmes de la pluie encre sur toile80x40cm 2009.jpgEvelyne Postic, Les larmes de la pluie, encre sur toile, 80x40cm, 2009

 

Marie-Jeanne Faravel, Mes petites histoires,43x39, encre, matériaux divers et points de couture, 2010.JPG

Marie-Jeanne Faravel, extrait de la série "Mes petites histoires", 43x39cm, encre, matériaux divers et points de couture, 2010

        Ce ne paraît pas être le cas avec la biennale de "L'art partagé" où un effort sincère est fait en faveur de la découverte de nouvelles formes d'expression autodidactes.  C'est pourquoi je suis allé proposer mes propres productions auprès d'Oeil'art qui m'a accueilli avec hospitalité. Une douzaine de mes petits formats sont présents dans les cartons de l'association. Voici quelques unités:

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui, 2008.jpg

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui..., 24x18, 2008 

Bruno Montpied, Où l'on perd la tête, 2005.jpg 

B.M., Où l'on perd la tête, 25x30cm, 2005 

Bruno Montpied, Le Pouvoir,2009.jpg

 B.M., Le Pouvoir, 29,7x21cm, 2009

Bruno Montpied, La bouliste bizarre, 2010.jpgB.M., La bouliste bizarre, 24x17cm, 2010 

     

      On sent qu'une des lignes de force des expositions montées par Oeil'art est un certain goût des figures épurées, voire dépouillées (c'est pourquoi l'association est aimantée par les figures de l'art des handicapés). Et c'est aussi vrai qu'il est très émouvant, et parfois même vertigineux, de constater la force que peut recéler une figure très nue, très simplement rendue. Chaissac y arrive avec une virtuosité quasiment sans égale (comme on pourra s'en rendre compte en ce moment  en allant visiter l'exposition très réussie qui se tient à Paris sur la rive gauche dans la galerie Nicolas Deman).

Jean Dehombreux 1, 73x55.jpgJean Dehombreux (nom prédestinant?), ph. site web Art Tout Simplement 



10/10/2010

Stéphanie Lucas, une Jérôme Bosch dans l'art singulier?

    Dans le récent catalogue du 11e festival d'art singulier d'Aubagne (terminé le 29 août dernier), suite à son arrivée in extremis du reste dans la sélection finale du festival, à ce que m'a précisé une distinguée membre de l'association organisatrice, j'avais été passablement estomaqué, puis conquis par des reproductions de tableaux d'une certaine Stéphanie Lucas. Depuis, j'en ai appris un (tout petit) peu plus. Sans formation artistique, sans trop d'information en matière d'histoire de l'art (semble-t-il) non plus, Stéphanie peint sur des tableaux de bonne dimension (environ 60x80cm). L'oeuvre, comme on va le constater ci-dessous, est d'aspect foisonnant! tableaux steph 021.jpg

70 x 70 cm
 

   L'auteur de ces images paraît priser les mondes imaginaires, univers où sa fantaisie appliquée aux jeux des formes, aux sensuels chromatismes, aux rapprochements audacieux entre des êtres chimériques, au sein d'une végétation et une nature traitées avec délectation, peut se donner libre cours. Comme les enfants qui adorent bâtir des mondes étanches par rapport à la réalité qui les environne, Stéphanie Lucas semble prendre un plaisir extrême à ces mondes parallèles, où les métamorphoses fixes, faute de se déployer dans un art de mouvement, comme le cinéma peut le proposer, se renouvellent d'un tableau à l'autre.

tableaux steph 023.jpg 82 x 65 cm

 

     Nous sommes ici dans un univers non situé, comme si on nous proposait une tranche de jungle non localisée. Nous entrons de plain pied dans un maelström de sinuosités face auxquelles notre regard s'accommode peu à peu, reconnaissant comme des chapelets de prunelles formant les rayons (ressemblant à des tresses) d'une roue d'engrenage (ou de rouet?) enfoui dans une dégringolade de diablotins, d'effilochages bleus, où se glissent des serpents perplexes, tandis que dans les fonds de cet amas faisant songer à un tricot on croit discerner des vermicelles roux. Des asticots, des scolopendres, des bêtes plus dures à identifier, grignotent, pincent, dévorent patiemment semble-t-il les lianes et les grains qui font la trame de ce monde. Ici, je ne décris qu'un aspect succinct d'un tableau parmi d'autres (celui qui est reproduit ci-dessus).

tableaux steph 024.jpg

  58 x 90  cm

 

     Notre artiste, si elle n'est pas informée des autres créateurs de mondes imaginaires (des plus anciens - je songe au parricide anglais Richard Dadd -  aux plus contemporains - Stéphanie est cousine sans le savoir des univers de Ruzena ou d'Isabelle Jarousse, son vocabulaire de personnages, de plantes et autres formes étant plus foisonnant et peut-être moins obsessionnel), ne serait-elle pas par ailleurs plus habituée d'une information liée à l'histoire naturelle? Est-elle familière des planches zoologiques, botaniques par exemple? Elle qui constitue à n'en pas douter par ses inventions plastiques une zoologie et une botanique parallèles. 

     On sait par ailleurs que Stéphanie est mariée à Loïc Lucas, lui-même artiste passionné d'images ayant de forts rapports avec les planches anatomiques, particulièrement celles qui reléveraient de la biologie cellulaire (une exposition de ses oeuvres s'est tenue récemment à la galerie Christian Berst, expo dont je m'étais fait briévement l'écho sur ce blog ; j'ajoute que mon intérêt pour la peinture de Mme Lucas n'a rien à voir avec ce lien conjugal que je ne connaissais pas au moment où j'ai vu le catalogue du festival d'Aubagne). On peut à cette occasion aussi se demander pourquoi l'oeuvre de Stéphanie elle-même ne rentrerait pas elle aussi dans une collection d'art brut. A moins qu'au contraire, ce soit l'oeuvre de son mari qui pourrait plus idoinement se ranger dans l'art contemporain,  section du merveilleux contemporain, voire dans un surréalisme sans étiquette, un surréalisme errant?    

 

  

28/09/2010

Il faut sauver la Villa Verveine

 

    Incroyable nouvelle, le maire du bourg d'Ault a envoyé récemment une sommation à Mlle Caroline Dahyot de devoir diligemment recouvrir les fresques qu'il ne saurait voir dessus le mur de la maison dont elle est propriétaire...! Invoquant un code de l'urbanisme auquel personnellement je ne connais pas grand-chose il est vrai, mais qui prescrirait à tout un chacun de ravaler sa façade régulièrement. Ce qui n'est pas le problème avec la façade peinte par Caroline dans sa bonne ville, oeuvre artistique de qualité fonctionnant comme une enseigne pour la profession de la gente dame. Le mur est correctement ravalé, et enrichi par la fresque qui s'y trouve.

Photo façade VERVEINE.jpg

Vue de la façade de la Villa Verveine de Caroline Dahyot à Ault, 2010

 

   Ault, personnellement je n'en avais jamais entendu parler (et je parie que nombre de mes lecteurs étaient dans le même cas!), si je n'étais pas tombé sur l'oeuvre de Caroline Dahyot, plusieurs fois exposée, et notamment récemment au festival Art et Déchirure à Rouen. Contactée, cette gente personne m'a parlé en premier lieu de son port d'attache qu'elle paraît fort aimer, en des termes qui m'ont tout de suite donné envie de visiter le bourg (c'est entre Le Tréport et Amiens grosso modo). Si l'on empêche Caroline Dahyot de s'exprimer, ce sera donc une chance de moins pour le tourisme culturel en direction de cette station picarde. Est-ce donc là le but visé, madame le maire?

   Je parie que cette élue n'est en outre pas au courant qu'ailleurs en France on peut voir de nombreux sites d'art en plein air, créés par des artistes autodidactes ou professionnels, c'est varié, et que ces sites ont fait l'objet de nombreux ouvrages, et aussi de classement au titre des monuments historiques (le Palais Idéal du facteur Cheval dans la Drôme, la maison en mosaïque de Picassiette à Chartres, la ferme aux avions d'Arthur Vanabelle dans le Nord, dont une maquette a été réalisée pour les besoins de l'exposition qui vient d'ouvrir tout récemment dans le nouveau musée d'art moderne et d'art brut de Villeneuve-d'Ascq, etc., etc.). A Montauban, dans les années 1980, les murs d'un immeuble situé dans une ruelle avaient entièrement été peints à la fresque par une dame qui y habitait (Amélia Mondin). Personne n'y avait rien trouvé à redire. Serait-on plus intolérant à Ault qu'à Montauban?

     Si l'on donne du temps à la fresque sur rue de Caroline Dahyot, qui sait si le même phénomène de reconnaissance par les monuments historiques, ou simplement avant cela, par les guides touristiques, ne se produira pas à Ault? Il serait dommage que ce bourg reste uniquement connu pour être le siège d'une atteinte à la liberté d'expression monumentale...

 

Voici une petite vidéo tirée de récentes actualités de F3 Picardie, rubrique "insolite"...

 

 

    Que peuvent apporter à l'estimation juste d'une oeuvre d'art peinte sur une maison les témoignages de gens visiblement incompétents pour en parler? Limites du micro-trottoir! Ne serions-nous pas ici aux frontières de la démagogie, voire du populisme?

     Il est urgent et nécessaire de se mobiliser pour aider à la sauvegarde de cette façade. une pétition a été mise en ligne par Caroline Dahyot et ceux qui la soutiennent. Veuillez cliquer sur ce lien.

21/09/2010

Cuisse de nymphe

    Une drôle de gourgandine est venue sous mes mains ces jours-ci... Souriante, d'un sourire de Joconde enfantine, elle va chevelure rousse au vent, sûre de son fait. Elle découvre coquine sa jarretelle en haut de sa cuisse rose, genre, "tu as vu ma jambe? Elle est faite au moule, non ?"... Etrange survenue sur mes papiers, comme il m'en est rarement arrivé. C'est comme une immigration de personnes isolées ces temps-ci qui viennent me visiter. Je les accueille avec hospitalité et gratitude pour la surprise qu'elles me procurent.

Bruno Montpied, Cuisse de nymphe part en vadrouille, 2010.jpg 

Bruno Montpied, Cuisse de nymphe part en vadrouille, 24x18cm, 2010

 

 

 

Brassée automnale de "visionnaires et créateurs dissidents"

    Huit créateurs à mettre du 25 septembre au 28 novembre prochains sur le devant d'une scène depuis plus de vingt ans dédiée à la création autre, j'ai nommé le Musée de la Création Franche, comme chaque automne, les yeux qui restent curieux se tournent vers Bègles.

    Parmi  ces huit, je fais mon choix et j'en retiens trois. Un que j'aime bien pour ces divinations devant des pommes de terre où il aperçoit des îles pleines de projections inconscientes, Serge Paillard. Le voici enfin exposé parmi les créateurs francs, juste récompense d'un travail particulièrement original (voir l'article que je fis sur lui dans SURR n°5 à l'automne 2005).

 

Serge Paillard, Et elle rêva que viendraient des temps lumineux, 2006.jpg

Serge Paillard, "Et elle rêva que viendraient des Temps Lumineux", encre sur papier, 30xx24 cm, 2006

 

        Deux, Giuseppe Barrochi, présenté ici par l'institution de la Tinaia à Florence en Italie, dont le catalogue montre trois dessins remarquables aux crayons de couleur, mélanges d'images et de mots paraissant inspirés des actualités journalistiques et des sentiments personnels du dessinateur.

Giuseppe Barrochi,Sans titre,2009.jpg

Giuseppe Barochi, sans titre, 50x70 cm, 2009

      Et trois, les dessins étranges, originaux de Huub Niessen, venu des Pays-Bas, ancien journaliste ayant abandonné le métier pour cause de "troubles psychologiques" et présenté par le galeriste passionné d'art outsider Nico Van der Endt.

 

Huub Niessen,Saint-François, 2009.jpg Huub Niessen, "St-Franciscus" (Saint-François?), 16,6x23,3 cm, 2009

 

        Cela fait trois bonnes occasions de venir faire un petit tour à Bègles le week-end prochain.

16/09/2010

Quelques tireurs de langues et autres montreurs de crocs

    Voici que je propose à mes lecteurs l'image ci-dessous afin de quêter un avis, espérer une réaction. Qu'en pensent-ils? Cet imaginaire aux outrances provocatrices a de quoi séduire le fan d'humour très noir, non? Doit-on vraiment le garder si caché, comme paraît le désirer fermement son auteur?

Anonyme, couvercle de coffre peint, 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

 Anonyme, peinture sans titre sur couvercle de coffre (détail), sept 2010, ph. Bruno Montpied

 

 

Marcel Katuchevski, l'Espace du Noir

     Voici une nouvelle exposition de Marcel Katuchevski qui s'annonce dans un lieu qui m'était inconnu jusqu'à présent, "l'Espace Topographie de l'art" situé 15, rue de Thorigny dans le 3e, à Paris (c'est le long du musée Picasso). Du 11 septembre au 24 octobre. Sur le carton qu'on m'a envoyé (Martine Lusardy? C'est elle qui est la commissaire de cette expo), il y a un grand dessin impressionnant à la mine de plomb qui me fait penser un peu aux dessins d'exorcisme d'Antonin Artaud. C'est aussi fort, d'après moi. Il y a aussi ces lignes d'Adon Peres sur le même carton: "Bien souvent, Marcel Katuchevski a l'impression que la figure est là, sur la feuille blanche, précédant le dessin lui-même: J'ai parfois du mal à la faire surgir. Puis je la dissimule, avant de la faire ressurgir. C'est une sorte de lutte autour de quelque chose, qui est là, et qu'il faut que j'accepte." Une lutte? Effectivement. Jugez plutôt...

Marcel Katuchevski,Espace Topographie de l'art, 2008.jpg

Marcel Katuchevski, Sans titre, mine de plomb, 2008

14/09/2010

Acézat, un talent à Talence

     Du 7 septembre, ça vient de commencer donc, jusqu'au 30 octobre, comme me l'ont signalé divers amis, Anne, Alain et récemment Jérôme en commentaire, on poura avoir l'occasion d'en découvrir plus au sujet d'Andrée Acézat qui est exposée avec son mari Lino Sartori (peintre-sculpteur talentueux lui aussi) et Jean-Claude Delannoy au Forum des Arts et de la Culture de Talence, en Gironde.

 Acézat, exposition Comédies Humaines, Forum des Arts et de la Culture de Talence, automne 2010.jpg

 

Andrée Acézat, sans titre, 1999, Exposition "Comédies humaines" à Talence

 

     Elle vient de nous quitter, l'année dernière, apprend-on dans le mince dépliant édité à cette occasion. Il est dit aussi dans le même texte de présentation que, née en 1922,'et après avoir passé ses années de formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, sa peinture bifurqua dans les années 80 vers "l'art singulier" ("l'art brut", est-il écrit aussi, mais là on commet à mon avis une erreur, devenue hélas assez commune, lorsque l'on confond l'expression primitiviste "singulière" pratiquée par une artiste avec le primitivisme brut des créateurs collectionnés par Dubuffet, gens n'ayant rien à voir avec le monde des professionnels de l'art). Il paraît évident que Mme Acézat, par ses "bonshommes" ressemblant à des poupées, dans un dessin empruntant beaucoup à l'art des enfants, a fait acte d'allégeance à une certaine forme de primitivité dans l'art, et qu'elle a dû par la même occasion rejeter une certaine science de l'expression acquise aux Beaux-Arts.

 

Quelques peintures d'Andrée Acézat, Forum des Arts et de la Culture de Talence, 2010.jpg

 

      Ses personnages, avec leurs gros yeux comme implorants parfois, ou tout bonnement pleins d'innocence,  retiennent aisément le regard je trouve.

 

29/08/2010

Info-Miettes (9)

Galerie Susi Brunner, Zürich

    Je viens de recevoir des dépliants, une carte postale, pour m'inciter à aller faire mon marché - mon expéditeur me supposant collectionneur avisé - du côté de l'art brut à Zürich, à la galerie de Susi Brunner, apparemment une bonne adresse  pour ce genre d'emplettes. "C'est depuis 1973 que je m'implique de façon professionnelle dans l'art "outsider" et l'Art Brut", écrit-elle dans une courte présentation traduite en français dans sa présentation de la galerie. Le programme des derniers mois de 2010 s'annonce comme d'habitude stimulant: nous aurons ainsi Umberto Gervasi, Giuseppe Zivieri, Alberto Guindani et Nicola Gianini, quatre créateurs apparemment italiens - l'Italie se fait beaucoup remarquer ces temps-ci du côté de l'art brut ; voir Bonaria Manca, ou ce Giovanni Bosco sur lequel un blog parallèle, celui de la Madame Figaro de l'Art Brut, en fait des caisses depuis déjà quelque temps - quatre créateurs qui exposeront entre le 18 septembre et le 18 octobre ; Alain Signori, sans titre, 30x21cm.jpgun certain Alain Signori, venu de France (une sorte de figuratif naïf on dirait? Il y a pas mal de renseignements sur lui et ses travaux sur internet, notamment un site web à lui seul consacré), exposera ensuite de ce 18 octobre jusqu'au 18 novembre,Alain Signori, sans titre 20x12cm.jpg date à laquelle sera fait place aux "acquisitions" de la galerie et ce jusqu'au 18 décembre, date à laquelle les relaieront Paul Amar et ses boîtes de saynètes incrustées de coquillages et autres loupiotes parfaites pour aller avec les arbres de Noël qui refleuriront, façon de parler, un peu partout en Europe en cette fin d'année... Un film de Philippe Lespinasse sur Amar (déjà ancien) sera également projeté à cette occasion.

Galerie Susi Brunner, Spitalgasse 10, Suisse, 8001 Zürich. Tél 41(0)44 251 23 42. www.susibrunner.ch

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Jarousse chez Chave

     La galerie Alphonse Chave de son côté poursuit son défrichement des créateurs un zeste obsessionnels en exposant du 21 août au 30 novembre Isabelle Jarousse et ses oeuvres en papier épais, couverts de faunes et flores divers dessinés méticuleusement à l'encre par-dessus des vagues et des plis tortueux. Nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer sur ce blog ainsi que dans la revue Création Franche (n°23, cotobre 2003, article Sans paroles, Isabelle Jarousse).

Isabelle-Jarousse-Chave-201.jpg

 

   A signaler la parution d'un catalogue à l'occasion de cette exposition, reproduisant 25 oeuvres d'Isabelle Jarousse, faisant partie d'une série intitulée "Fleurs et couronnes", avec un texte de Damien Chantrenne. Deux expositions supplémentaires consacrées respectivement à Pascal Verbena et à "l'Art Brut et ses alentours" se poursuivent dans la même galerie, à ses premier et second étages.

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Insectes en tous genres à Verderonne

21x30.jpg

     Photos et dessins d'insectes sont au menu de l'expo d'été qui se poursuit actuellement au Centre Artistique de Verderonne, animé par Caroline Corre dans l'Oise jusqu'au 27 novembre prochain. Pour les photos (d'Alain Muriot), je suppose que c'est de la photographie entomologico-poétique, style Roger Caillois (à seconde vue, ce serait plutôt proche des évocations de Nabokov). Pour les dessins, nous avons l'occasion ici de retrouver les bestioles voraces de Michel Boudin, que j'ai déjà aussi eu l'occasion d'évoquer ici et là (dans le catalogue de l'exposition Créations et Visions Dissidentes au Musée de la Création Franche à l'automne 2001).

24/08/2010

Acezat, une inconnue au bataillon

    Cela fait quelque temps déjà que l'ami Alain Garret, à Bordeaux, m'a parlé en passant de quelques-unes de ses acquisitions picturales accrochées dans la salle à manger, et notamment d'une peintre inconnue de moi - et je gage de plusieurs autres - auteur d'aquarelles hésitant entre primitivisme enfantin et barbouillage graffiteux, mâtinés d'une certaine âpreté brute... J'ai nommé Acezat, aux oeuvres trouvées sur des brocantes, je crois. Voici quelques images:Acézat,En se promenant dans les bois..., coll. Alain Garret.jpg

Acezat, En se promenant dans les bois avec un maçon, la belle Lison entendit..., coll. Alain Garret, ph.Bruno Montpied, 2009
Acézat,six dessins, 1999, coll. Alain Garret.jpg
 Acezat, Etc... Etcetera..., 1999, coll. Alain Garret, ph. BM, 2009

    En cherchant sur internet, je n'ai guère trouvé grand-chose de plus sur la créatrice, à peine l'aquarelle ci-dessous, mentionnée comme faisant partie de la collection du museum de l'art cru (oui, encore une autre appellation).

Acézat, sans titre,2000, musée d'art cru.jpg

Acézat, sans titre, 2000, coll. museum de l'Art Cru

19/08/2010

Cangaceiro du mois d'août

     Petite apparition d'été...

Cangaceiro-prenant-conseil-.jpg
Cangaceiro prenant conseil auprès d'un génie, Bruno Montpied, 2010

24/07/2010

Des outsiders dans le Cantal: jeunes, entre deux ou affinés

      Voici des "Singuliers" conséquents qui se présentent comme des "outsiders", c'est-à-dire comme des officieux qui pourraient devenir des officiels un jour, qui sait? En plus, le terme anglo-saxon attire les touristes anglo-saxons qui pourraient croiser dans le Massif Central, c'est tout bonus. 
Flyer OUTSIDERS Recto.jpg                                  Flyer OUTSIDERS Verso.jpg
      Exposition dans une chapelle (comment peut-on penser librement à l'ombre d'une chapelle, alors je ne vous dis pas à l'intérieur...?), la chapelle Marmontel à Mauriac dans le Cantal (ceci dit, là-bas, à part la médiathèque, où fut montée naguère une jolie expo Pierrot Cassan dont je m'étais fait l'écho, il n'y a sans doute pas trente-six locaux pour monter une exposition). L'organisation est due aux Staelens qui paraissent animer l'association responsable de la manifestation, au nom inspiré de Malcolm Lowry, "au dessous des volcans", nom adapté étant donné la configuration de la région cantalienne. Ils ont réuni autour d'eux (façon de parler, l'énumération par ordre alphabétique des exposants montrant bien qu'il y a là volonté de présenter les artistes sur un plan d'égalité) - Ghyslaine et Sylvain Staelens étant des créateurs tout à faits talentueux, dont les oeuvres rougeâtres paraissent de retour des laves des volcans justement - des créateurs anciens de la neuve invention, de l'art singulier, de la création franche, comme Carlés-Tolra, Kurt Haas, Michel Nedjar ou François Monchâtre, et des entre deux comme Syvia Katuszewski, Christine Sefolosha ou Jerzy Ruszczynski, le protégé de Frédéric Lux, ainsi que des créateurs plus récents, comme l'ubique (il-est-partout) Joël Lorand et Jean-Michel Chesné.
      Tout arrive donc, même des "singuliers" dans le Cantal.
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Jerzy Ruszczynski, Codes mentaux, extrait du site de Frédéric Lux
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Sylvia Katuschewski, quand elle s'appelle aussi Sylvia K. Reyftmann (expo galerie de la Halle saint-Pierre, mars 2009), ph. Bruno Montpied 

Vernissage de l'exposition le Samedi 7 Août 2010 à partir de 17h30. Chapelle Marmontel: 12, Rue du Collège 15200 Mauriac. Ouvert tous les jours de 14h à 19h. Samedi de 10h à 19h. Au-dessous des Volcans (Ghyslaine et Sylvain Staëlens): Jailhac 15380 Moussages - France. + 33 04.71.40.06.18 / + 33 06.64.84.68.68.

audessousdesvolcans@hotmail.fr 

http://www.audessousdesvolcans.fr

   

11e festival à Aubagne

      L'art singulier... Qu'a-t-il d'encore véritablement "singulier"? Quand on voit la multiplicité des festivals et des artistes se réclamant de ce terme, et lorsqu'on constate qu'au fond leurs oeuvres ne se distinguent pas tant que cela du tout venant de la création contemporaine (la création qui continue dans les arts plastiques, s'entend), on se dit que le terme "outsiders" au sens turfiste - le cheval  qui n'était pas prévu pour la victoire et qui arrive cependant à gagner... - est bien mieux adapté.

11e festival d'art singulier.jpg
Une des meilleures affiches du festival depuis ses débuts, je trouve, due à Philip Pak Hin Chiu

      Le 11e festival d'art singulier - le premier festival du nom, animé dès le départ par Danielle Jacqui, avec l'appui au début de feu-Raymond Reynaud -, basé au début à Roquevaire-en-Provence, puis migré à Aubagne, dans la grande banlieue de Marseille, ouvre ses portes le 31 juillet prochain, pour une exposition hétéroclite et bourrée comme d'hab' jusqu'au 29 août. On consultera le programme ci-lié, pour se rendre compte des artistes qu'on y trouvera (malheureusement, peu d'images sont fournies, quid de Pierre Hornung, par exemple, dont on nous annonce sur le site du festival monts et merveilles?). En lisant rapidement la liste des créateurs invités, j'ai relevé quelques noms, Jean Branciard (souvent mentionné sur ce blog), Bonaria Manca (très intéressante créatrice sarde auteur de peintures mais aussi d'une maison entièrement décorée à la limite du naïf et du brut authentiques ; un film a été fait sur elle par Marie Famulicki, excellent au demeurant)Bonaria Manca, extrait du film la sérénité sans carburant, de Marie Famulicki.jpg, Swen et ses dessins touffus, Ester Chacon Avila, artiste chilienne de renommée internationale qui crée des oeuvres textiles aux figurations primitivistes qui font penser à du Marie-Rose Lortet, ou à du Karskaya en plus simple, Jacqueline Vizcaïno, Catherine Ursin, Adam Nidzgorski, ou encore Rosaria Cannonito (créatrice handicapée sicilienne sur qui on trouve un site à elle toute entière consacrée ; merci à Roberta Trapani de nous l'avoir indiqué)...

Ester Chacon Avila.jpg
Ester Chacon Avila

      Les festivals jacquiens sont toujours foisonnants, à l'image de son animatrice charismatique, qui aime l'abondance et l'explosion de couleurs, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à dénicher dans cette salle du Bras d'Or la bien nommée. Bonne pêche!...

12/07/2010

Masques et métamorphoses au musée des Amoureuxd'Angélique

      Voilà l'été comme disaient les Négresses Vertes. Et le temps des expos estivales qui vont avec. A Carla-Bayle, en Ariège, dans ce village perché, le joli et inventif musée de Martine et Pierre-Louis Boudra vit cette saison sous le signe du masque. Tout le monde là-bas a posé, le samedi 26 juin sur la place du village, sous ces visages étranges, la plupart du temps en bois, et rappelant singulièrement les masques de carnaval des régions suisses du Lötschental ou de l'Appenzell (que l'on se rappelle des "Sylvester Klaüse", ces hommes sauvages aux faces de troncs et aux bras noueux couverts de feuilles qui errent entre les maisons du côté d'Urnäsch en dessous du massif du Santis au tournant de l'année, vers la fin décembre). C'est donc carnaval tout l'été à Carla-Bayle.

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Ph. Gepetto

       Un livre paraît à l'occasion de leur exposition, aux éditions de la Boîte à Gants, son titre? "Peaux masques" (wow, le calembour). Les auteurs en sont Vincent Pachès, Pierre-Louis Boudra et Béatrice Jan. Les espaces d'expo temporaires, déjà réduits d'ordinaire, sont complètement réquisitionnés par cette pluie de masques au reste fort réussis. Qu'on en juge.

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10/07/2010

Empreintes n°15

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       En citant cette revue éditée par la Galerie l'Usine à Paris (102, Bd de la Villette dans le 19e ardt), je crois avoir oublié de mentionner l'existence d'un numéro 15, publié tout récemment. Il contient, outre quelques photos des magnifiques têtes de mort de l'Aître Saint-Maclou, l'ancien ossuaire de Rouen (voir la couverture ci-dessus de la revue), des vues des oeuvres du sculpteur-assembleur Philippe Ammial (fort réjouissantes ma foi), par ailleurs responsable de la Collection australienne d'art outsider, une présentation d'un sculpteur sur bois nommé Robert Carl Lamy, oeuvrant dans le Jura. On doit la courte introduction de cette oeuvre, apparemment présentée à l'air libre et voisine d'un petit musée appelé "Faune et flore", à Charles Soubeyran, également auteur de quatre magnifiques clichés. Mais on reste un peu sur sa faim à la lecture de si peu d'indices. Davantage d'images et de précisions n'auraient pas été pour nous déplaire.

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La plus marquante des 4 photos de l'oeuvre sculptée de Robert Carl Lamy

04/07/2010

Le pluriel des pluriels des Singuliers

     Une exposition au musée international d'art naïf Anatole Jakovsky de Nice du 2 juillet au 1er novembre qui s'intitule "Le Pluriel des Singuliers", ça ne vous rappelle rien? A moi si. Le titre servit il y a quelques années pour une série de quatre (pas plus?) manifestations qui se tinrent à Aix-en-Provence (la dernière peut-être en 2004). Je n'ai pu aller les voir, à peine ai-je pu m'en faire une idée d'après leurs catalogues plutôt bien faits (les meilleurs qu'on ait eu du reste dans la mouvance "singulière"), édités d'ailleurs par Actes Sud. Les sélections paraissaient réalisées avec soin, à la différence de tant d'autres festivals du genre amateuriste et dilettante.

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Raymond Reynaud devant deux de ses sculptures, dont "King-Kong", chez lui à Sénas, 1989, ph. Bruno Montpied

      J'ai reçu un carton d'invitation pour le 2 juillet, date du vernissage. Mais sans qu'on daigne m'en dire beaucoup plus sur le contenu de l'expo. Pas de dossier de presse sur le site www.musee-jakovsky.org en particulier, à peine quelques rares noms cités et jetés en pâture, comme ceux de Sanfourche, de Danielle Jacqui ou de Raymond Reynaud. On apprend aussi que le musée d'art naïf aurait acquis récemment une "maison" d'Auguste Forestier et une "très grande pièce de Robert Tatin". Les limites de la collection niçoise seraient-elles en train de se dilater aux confins de l'art singulier et de l'art brut (Forestier)? Le musée de Laval lui-même semble aussi aller dans ces directions, comme on me l'a récemment signalé, en créant une salle consacrée aux Singuliers. L'art naïf paraît avoir besoin d'un peu de sang frais, plus à la mode, pour redorer son blason.

      En particulier, on ne sait pas si les organisateurs de l'expo ont quelque chose à voir avec ceux qui montaient les expos à Aix (Michel Bépoix). A ceux qui auront les moyens et les disponibilités d'aller à Nice durant les quatre mois qui viennent de nous dire quels sont les créateurs représentés, et si le titre renvoie aux anciennes manifestations aixoises...    

02/07/2010

Fin de partie à la Galerie Impaire

     Même si les animateurs de cette galerie qui est une émanation du Creative Growth Center de Oakland annoncent une suite pour l'automne de leurs "projets européens", il n'en reste pas moins annoncé que la Galerie Impaire va fermer ses portes. Il n'est pas dit pourquoi. Mais chacun peut peut-être le deviner, la phynance?

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08/06/2010

Un autre regard, la collection permanente de la création franche s'expose

       Du 11 juin, date du vernissage (pour les Bordelais, car cela a lieu un vendredi soir, les gens qui habitent plus loin ne sont pas invités à venir ce soir là, à moins de casser un bout de leurs RTT?), au 5 septembre, "à l'occasion de la parution d'un nouveau catalogue", voici que le fonds permanent du musée de la Création Franche est exposé avec prés de 300 oeuvres sur les 13000 inscrites à l'inventaire, le tout réparti sur les onze salles du musée. C'est le retour en force de la collection qui n'était que trés, trés partiellement montrée depuis des lustres, la plupart du temps confinée dans les trois quatre salles du fond du premier étage, où il ne fallait pas hésiter à faire un tour aprés chaque expo temporaire, dans l'espoir d'y voir surgir, ou resurgir, telle ou telle oeuvre inconnue, ou oubliée.

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique,1974, mus. de la Création Franche.jpg

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique, 1974

       Comment présenter cette masse d'oeuvres assez diverses il faut l'avouer (cela me plaît à moi cette variété)?

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Claude Massé, des patots comme s'il en pleuvait..., Collection du musée, ph Bruno Montpied, 2008

      Les organisateurs ont opté pour une classification par ensembles et thèmes semble-t-il. Les "pionniers" de la collection sont au rez-de-chaussée, à côté d'une salle plus spécifiquement consacrée aux créateurs classés dans les collections de l'art brut (comme Madge Gill, Louise Tournay, Benjamin Bonjour, Martha Grünenwaldt, etc - seul Michel Nedjar, il est vrai classé généralement dans l'art brut, y fait figure d'erreur, sa place étant plutôt selon moi parmi les singuliers, créateurs francs et autres "neufs inventeurs"...), dans lequel la création franche, nous dit le prospectus (non signé) de la présentation (consultable sur le site web du musée, voir plus haut), "prend sa source". Une autre salle du rez-de-chaussée est vouée à Claude Massé et à ses découvertes d'art "autre",Joseph Sagués, donation Claude Massé au musée de la Création Franche, ph.Bruno Montpied 2009,-avril-.jpg à la succession du peintre Jacques Karamanoukian, et à Gérard Sendrey, dont beaucoup d'oeuvres, à ce que j'ai découvert, aprés sa récente méga-exposition au Musée, ont rejoint la collection permanente, ce qui met un terme à son refus maintes fois réitéré de mêler sa propre oeuvre à celles de la collection qu'il avait grandement contribué à rassembler. Gérard Sendrey devient in fine un créateur franc tout à coup...

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Emile Ratier, grande roue de fête foraine, ph. BM, sept 2009

      L'étage paraît plus labyrinthique, du moins dans l'exposé de la présentation de l'expo. On y a ménagé des espaces avec des thèmes hétéroclites, le coin des "visionnaires" ou des "rêveurs de mondes", un cabinet de curiosités (avec paraît-il des oeuvres "inclassables et insolites" - miam-miam, c'est là que j'aimerais être! - un coin "maternité et enfance", qui sent presque sa crèche... En salle 10 (cela vous prend un petit air de jeu de l'oie tout à coup cette expo), ont été parqués les "tourmentés", merci pour eux...Stani Nitkowski, (sans titre mentionné), musée de la Création Franche.jpg Les "tronches", c'est en salle 9... "L"homme du commun" (le bouseux en somme?) est en salle 5, avec ses travaux des champs, ses animaux... Et le visiteur n'aura encore vu qu'une petite partie de l'ensemble de la collection, que seule une plus grande surface, souvent annoncée sous cape, jamais effective, pourrait révélér dans toute sa munificence éclatée.

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Jean Dominique, un "homme du commun" comme dit la présentation de l'exposition,en des termes qui deviennent presque moqueurs, et pourquoi? Ce genre d'oeuvre est plus prés de la plus grande poésie que tous les chefs d'oeuvre ciselés du monde..., ph. BM 2009

      Je n'ai pu voir l'accrochage, je ne fais ici qu'un compte rendu basé sur le dossier de presse envoyé en signe avant-coureur. Mais pourquoi ne pas faire moi aussi mon mini-accrochage à partir de quelques photos prises au cours des années? Chaque visiteur devrait ainsi avoir le droit à son accrochage perso, ses préférences, ses passerelles à lui, ses analogies, ses confrontations d'une oeuvre face aux autres, etc. Pourquoi pas?

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Bruno Montpied, Les masques de la mort rouge, 35x27cm, collage et technique mixte sur papier, Musée de la Création Franche
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Guy Girard, peinture à l'huile, anagraphomorphose sur la signature de René Char, ph BM, 2009, musée de la Création Franche
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Alain Garret, La diligence de Gustave, Musée de la Création Franche, ph BM, juillet 2008
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Cathy Massé, Rêve, déc.1985, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Pépé Vignes, 1979, Musée de la Création Franche, ph. BM, mars 2009
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Marilena Pelosi, dessin sans titre, 2001, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Jean Tourlonias, "Spéçiale Gérard Sendrey", 1996, Musée de la Création Franche, ph. BM, juil. 2008 
 

     

06/06/2010

Info-Miettes (8)

Un peu de poésie dans un monde de bruts

     Pierre Gallissaires publie un recueil de ses poèmes écrits entre 1979 et 2009 sous le titre Le dit du poème parmi d'autres aux éditions Aviva (la vie va?), basées à Bègles (tiens?). Plus connu jusqu'à présent comme traducteur d'allemand (on lui doit entre autres une traduction d'après L'Unique et sa propriété de Max Stirner), Pierre Gallissaires écrit aussi des poèmes et depuis fort longtemps (il publia des recueils autrefois chez Pierre-Jean Oswald, Guy Chambelland, ou Nautilus Hambourg). Leur couleur tire plutôt du côté d'un certain goût pour les jeux de mots, les instants de rien, les constructions mentales qui déroulent leurs magnifiques paysages abstraits dans l'âme des lecteurs. Voici deux d'entre eux, le premier tel un haïku:

le calme plane une route

se perd

dans le lointain surnage un cil

 

tel un beau ténébreux

Couverture Le Dit du Poème parmi d'autres de Pierre Gallissaires, 2009.jpg

le pas le pain

perdus

 

cailloux froissés

 supplient

 

et déjà le fagot sent la braise des bois

 

Livre relié 88 p, 14x21,5, couverture vergé. Bon de commande: éditions Aviva, 84, rue Amédée-Berque, 33130 Bègles, tél/fax: 05 56 85 58 63. Prix 13€, envoi franco de port dès réception de la commande accompagnée du réglement aux éditions Aviva.

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Vous avez dit Biz'art?

     Encore un calembour sur l'art, têtes de l'art, bab'art, tôt ou t'art, caf'art, etc, y a encore de la m'artge et de la pl'artce pour d'autres. Mais trêve de tartquineries (sinon, je vais encore me faire traiter de poignartdeur pas subtil, cette raillerie venant facilement sur le clavier chez les petites âmes pas finaudes du web), ce lieu (cette association), basée au Vaudioux, entre Dôle, Pontarlier et Lons-le-Saunier, dans le Jura, à ce que l'on m'a assuré de diverses directions, montre de temps à autre des expositions d'art singulier choisies avec le minimum d'exigence requis pour que l'art dit singulier ne se retrouve pas une fois de plus décrédibilisé par des nuées de têtes à Toto toutes interchangeables. 

 
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Jean Branciard, Catamaran noir, photo Bruno Montpied, 2008

     Cette fois, on retrouvera au Vaudioux les constructions en assemblage de matériaux naturels, "tracteurs de mer" et autres esquifs branlicotant de partout de Jean Branciard, dont j'ai déjà parlé ici, ainsi que l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste, Serge Vollin, les Staelens (c'est un couple aux travaux rougeâtres particuliers), plus d'autres créateurs encore que je ne connais pas bien. On ira se renseigner davantage en se connectant sur le site de Biz'art-Biz'art.

L'expo est du 1er juin au 30 septembre, tous les jours de 14h à 19h (vernissage dimanche 13 juin de 14 à 19h aussi). Biz'art-Biz'art, 2 chemin Prayat, 39300 Le Vaudioux, tél: 03 84 51 63 36.

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Quand l'art naïf se cache dans les algues?

      De passage récemment dans la région de Cherbourg, je suis passé en coup de vent, ce qui dans la région est plutôt banal, à quelques centaines de mètres de l'île de Tatihou en compagnie de Romuald Reutimann, l'émérite animateur du foyer d'arts plastiques de La Passerelle. Les heures de cabotage de la navette qui mène à l'île ne collant pas avec notre emploi du temps de ce jour-là, je me suis rabattu en désespoir de cause, au guichet d'embarquement, sur des cartes postales éditées apparemment par le musée maritime de Tatihou qui organise de temps à autre de stimulantes expositions en rapport avec l'univers maritime. Une a particulièrement attiré mon attention, c'est une reproduction de planche d'alguier (herbier, c'est pour les "herbes") où l'on voit un serpent plutôt naïf s'enrouler autour d'une algue. Comme le début d'une oeuvre faite à partir d'un collage de matière naturelle, ce qui n'est pas usuel, il me semble.

Alguier de M.Doublet,coll. Musée maritime de Tatihou, ph Jacques Blondel.jpg
Alguier de M. Doublet, coll. musée maritime de Tatihou ("algues marines récoltées dans le Nord-Cotentin au début du XXe siècle", dit la légende de la carte ; photo Jacques Blondel)
 
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Fernand Michel le retour, avec ses imaginaires zincifères
 
 
 
      Fernand Michel, on ne sait pas grand-chose sur lui. Il fut exposé à la galerie des Mages d'Alphonse Chave à Vence dans les années 60 et 70. Il faisait partie du Petit Musée du Bizarre à Lavilledieu en Ardèche (que devient la collection de ce musée, depuis la disparition de son maître d'oeuvre Candide, alias Serge Tekielski, on aimerait le savoir ?). Il fut montré aussi aux expos Les Indomptables de l'art à Besançon en 1986, et Art Brut et Cie à la Halle Saint-Pierre en 1995-1996. Une notice du catalogue de cette expo donna du reste quelques éléments biographiques à son sujet. Né en 1913 dans les Vosges, en marge de son métier de relieur (qui lui fit croiser la route du typographe-poète Jean Vodaine), il se mit à sculpter et à assembler le zinc vers 1962. Retraité, il s'était installé à Montpellier. Son oeuvre, au début consacrée à la représentation de paysages, évolua bien vite vers des personnages féminins à connotation érotique le plus souvent (c'est d'ailleurs toujours ces statues-là qu'on trouve en reproduction).
 
Fernand Michel, couverture du livre de Frédéric Allamel, bulletin de souscription.jpg
Maquette du livre (susceptible d'être modifiée)
 
 
      On devrait très vite en apprendre davantage à son sujet grâce au livre que Frédéric Allamel lui a consacré, Imaginaires zincifères, Variations autour de Fernand Michel, artiste-zingueur, sorte de "catalogue irraisonné", qui devrait incessamment paraître à l'égide d'une Association pour le Développement de l'Art Brut et Singulier basée à Montpellier. Le bulletin de souscription que j'ai reçu indique notamment : "de ses poupées plantureuses et vertigineusement fétichistes jusqu'aux gravures illustrant des poèmes de Raymond Queneau, en passant par l'architecture et ses "peintures d'une nuit", ce livre est conçu à la manière d'un catalogue irraisonné, au diapason du personnage, flamboyant et qui fit de l'esprit surréaliste un art de vivre de tous les instants."
La parution semble annoncée pour l'automne. 180 pages, 21x29,7 cm. Un exemplaire: 28€ + 5€ de frais de port. Chèque à l'ordre de ADABS, 68 rue de Lunaret, 34000 Montpellier, tél: 04 67 66 32 40 et fax: 04 67 60 60 27.
 
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Tout finit sur le carreau
 
 
       Je me balade dans un déballage de brocanteurs et autres antiquaires au Mans il y a peu. Je m'arrête un instant devant des maquettes de bâtiments de village, ou de véhicules, un tank, un camion de pompiers...
Vestiges d'un musée de maquettes, Le Mans, ph.Bruno Montpied, 2009.jpg
Le Mans, ph BM, déc 2009
 
       Interrogé, le marchand indique une vague provenance (comme toujours, l'origine est imprécise, se perdant dans les limbes des acquisitions pas toujours retraçables), cela viendrait d'Ille-et-Vilaine, l'auteur aurait confectionné chez lui ce petit musée de miniaturisations, il y a une église (de "Ladeu"?), les pompiers seraient d'un lieu orthographié de façon peu claire, "Thourie" (?), on voit des avions, des batteries de canon, une diligence, un relais. Les maquettes étaient éclairées... L'ensemble n'est pas très inventif, juste un peu curieux d'un point de vue sociologique, digne de ces infos-miettes... J'en parle ici à tout hasard...
 
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Exposition de Raymond Humbert, "Paysages et autres objets", dessins 1980-1990
 
      Du 12 juin au 19 septembre 2010, la Galerie du Musée des Arts Populaires à Laduz (nouveau nom de ce qui est toujours la collection Humbert) organise une nouvelle exposition consacrée au peintre fondateur du musée rural de Laduz, pour les vingt ans de sa disparition. Vernissage le samedi 12 juin 2010. Voir le site du musée.
 
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Exposition Loïc Lucas à la Galerie Christian Berst
 
Loïc Lucas, Galerie Christian Berst.jpg
 
      Nouvelle trouvaille, Loïc Lucas, dont la galerie Christian Berst dit qu'il a déjà intégré de grandes collections d'art brut, les choses vont donc vite. Dans ce domaine, les personnes averties de ces formes d'art autodidacte sont bien souvent en effet les premiers sur la terra incognita, découvrant et mettant l'expression découverte à l'abri d'une collection. Le public n'arrive qu'après...
Loïc Lucas, Galerie Christian Berst.jpg
 
      Ce sont des dessins fort colorés dans des bleus, des roses, des pistaches, des caramels comme comestibles, trés ornementaux a priori, mais dont les sujets ne sont pas purement décoratifs en réalité, plutôt en rapport qu'ils sont avec des références corporelles, comme une fantomatique coupe à l'intérieur d'organes, de tissus cellulaires, coupe qui prendrait des allures de voyage fantastique rose bonbon.
 
L'expo se tient du 11 juin au 17 juillet prochain. Voir le site de la galerie.
 
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Vincent Prieur, et Paul d'Haese
 
       Le second est photographe, mais c'est plutôt le premier qui nous intéresse (même si le bloc de pierre posé sur l'eau dans l'affiche de l'expo est bien belle...), ainsi que le lieu où ils sont exposés tous les deux, un "Petit Casino d'Ailleurs" situé à Ault, entre Le Tréport et Amiens, ce même Ault où vit Caroline Dahyot dont je vous ai trés récemment parlé (voir quelques notes plus bas). Le petit casino en question paraît animé par Mme Hélène Busnel, danseuse, chanteuse, sculpteur, et amie de Frank Horvat, grand photographe vivant. Il semble s'y montrer de jolies choses à Ault, village perdu de Picardie, grâce à elle, entre autres.
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       Vincent Prieur m'avait frappé par quelques figures bizarroïdes faites de bois trouvés sur les plages qui avaient été exposées dans la biennale "Brut de Pinsé" à la Galerie du Quartz de Brest en 2000, voici exactement dix ans (j'en avais parlé dans une note brève de mes "Billets du Sciapode" dans Création Franche).
 
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Les oeuvres en bois flotté, reproduites d'après le catalogue de l'expo Brut de Pinsé, 2000
 
      Il se présente toujours comme "un penseyeur", c'est-à-dire comme un créateur qui travaille à partir de matériaux trouvés sur l'estran à marée basse. Ses oeuvres ont évolué vers plus de joliesse naïve et enfantine, moins âpres que celles aperçues à Brest (où, à l'époque, il était présenté comme faisant partie aussi de la collection de la Fabuloserie).
 
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Vincent Prieur, 2010
 
L'expo dure tout le mois de juillet et tout le mois d'août. Voir le blog du Petit Casino
 
 
       

24/05/2010

Surgies de la nuit les poupées les tapisseries de Caroline Dahyot

     Il est difficile de se faire un jugement en se basant  sur des images que l'on a seulement aperçues sur la Toile et jamais encore dans la réalité physique, mais ce soir j'ai envie de prendre fait et cause pour les images que Mme Caroline Dahyot - dont au demeurant j'ignorais jusqu'à présent l'existence  - a mises en ligne sur le site web chargé de faire connaître son oeuvre (et puis, de fil en aiguille, on trouve ailleurs sur cette damnée vitrine qu'est le web baucoup d'autres aperçus, même sa date de naissance, une bonne année qui plus est!).Caroline Dahyot, poupée.jpg J'ai déjà dit ici, dans ma note sur le festival rouennais d'Art et Déchirure, que j'avais été intriguée par un détail d'une de ses "tapisseries" sur le site web de ce festival (c'est Alain Bouillet qui l'a présentée cette année). On se rend compte en compulsant (façon de parler ; j'ai eu du mal, ma loupe n'allait pas très loin dans le rapproché avec les lignes) les pages de son site que d'autres auteurs ont déjà parlé d'elle, comme par exemple à l'occasion d'une expo récente à la Maison de la Poésie de St-Quentin en Yvelines.Caroline Dahyot tapisserie.jpg Sur le blog Baie-des-Artistes.com, on apprend qu'elle habite une maison appelée "Verveine", située à Ault, au bord de la mer (c'est prés du Tréport). Surtout, on y apprend qu'elle a grandement décoré  cette maison, de grands dessins, d'inscriptions, et de mosaïques, à l'intérieur et à l'extérieur.Caroline Dahyot, fresque sur salle de bain.jpg Si on sent chez elle, je veux dire dans ses dessins, une influence de l'enseignement qu'elle paraît avoir reçu primitivement en matière d'arts graphiques, cela ne gêne pas, attendu que l'inspiration souffle ici à grandes bouffées irrépressibles, semble-t-il. Caroline Dahyot (mes doigts sur le clavier "coquillent" à loisir en me faisant écrire sans cesse "Day hot"...) a fait à l'évidence passer son combat avec l'existence, les problèmes auxquels tout un chacun s'affronte, et où ce chacun se retrouvera à travers les expressions de l'artiste, tout chauds et tout vivants, encore palpitants dans les oeuvres qu'elle expulse à jet continu autour d'elle (semble-t-il).Caroline Dahyot, poupée.jpg Cela peut prendre l'aspect d'une tapisserie (drôle de tapisserie effilochée, comme faite de sutures, de raboutage, avec incorporation d'objets), ou bien d'une poupée (j'aime celle où un crâne a été ouvert comme une boîte de conserve pour y faire jouer une minuscule pièce de théâtre aux clés inconnues), de dessins mettant en scène des hommes, des femmes, des enfants, le théâtre de la comédie humaine en somme, ou de décors sur les murs de sa vie quotidienne. C'est encore sur son site que ces oeuvres sont le mieux représentées, dans l'écrin qui leur sied à ravir, à savoir sur fond de nuit. Les poupées, les figures défigurées, y surgissent comme enfantées par les ténèbres. Il y a de la poésie noire dans l'oeuvre de Caroline Dahyot. Art brut? Art Singulier? Qu'importe puisque le vent souffle...Caroline Dahyot, poupée.jpg

Quelques phrases relevées sur le site:

Les choses se font en dehors de moi.

Mes poupées prennent place dans un quotidien imaginaire pour que les choses deviennent paradoxalement de plus en plus réelles.

Ces poupées sont devenues petit à petit un questionnement sur l'amour et le carcan de notre éducation amoureuse.

Pour lier dessins et poupées, je commence la tapisserie.

Je commence à peindre les murs de mon appartement de manière obsessionnelle pour créer un univers rassurant et remplacer la tapisserie répétitive de mon enfance qui m'aidait à m'endormir.

Caroline Dahyot, Dessin.jpg
Toutes ces images proviennent du site web de Caroline Dahyot

Expositions auxquelles  Caroline Dahyot a participé:

2007, Exposition: « poupées d'amour » au centre culturel Neptune de Criel.
2007, Exposition à la MJC de Dieppe avec Gérard Cambon « jouets d'artistes».
Printemps 2008, exposition personnelle des poupées à la maison de la poésie de Saint Quentin en Yvelines.

Août 2008, exposition à Beaumont en Auge au festival d'art fantastique.

Avril 2009, exposition  de dessins à la librairie : « le rêve de l'escalier » à Rouen.

2009, Exposition « Ça coule de source » (avec entre autres Miss Ming, cette créatrice que l'on présente un peu partout comme "autiste" et qui joue dans les films réalisés par les créateurs de Groland), Association Culturelle en Baie de Somme, à Ault).

Mai 2010, Festival "Art et Déchirure", Rouen.

Caroline Dahyot, installation au festival Art et Déchirure, Rouen 2010.jpg
Installation de Caroline Dahyot au festival Art et Déchirure, la volonté de présenter l'oeuvre comme un art total, 2010

21/05/2010

François Burland avec Sophie Gaury

     François Burland revient à Bordeaux montrer de nouveaux travaux, peu connus en France à ma connaissance. Des photographies aux "paysages incertains", dont certaines paraissent retouchées par la peinture (l'huile), celles qui me plaisent a priori davantage (voir les exemples ci-dessous, dont le premier, "landscape", n'est peut-être qu'une huile en fait, mais tellement proche de ce que l'on peut obtenir en retouchant picturalement une photo de paysage). Ce sont ces dernières qui font le pont selon moi avec ses anciennes peintures aux grandes silhouettes ombreuses qui paraissaient elles-mêmes faire écho aux silhouettes charbonnées aux poings par son compatriote Louis Soutter, que François Burland a sans doute beaucoup admiré. Mais on aimerait avoir plus de détails sur les techniques employées, alors, François, si tu m'entends, ne te gêne pas...

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      Il paraît devoir ce passage bordelais à Sophie Gaury qui l'héberge dans une structure qui est elle-même l'hôte éphémère de cette commissaire d'exposition "nomade" (je connais un autre exemple de ce genre,  celui de la Pop Galerie de Pascal Saumade), en l'occurrence le Garage Moderne. "Après 20 ans au Musée de la Création Franche de Bègles, Sophie Gaury, à l'oeil exercé et tenace, organise depuis 2009 des expositions nomades" (comme dit le site web de Sophie, semble-t-il fraîchement créé et encore en chantier). Il est probable aussi que Sophie Gaury, elle-même photographe, était prédisposée à se montrer sensible à ce côté inédit du travail de Burland. 

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François Burland, jardins, technique mixte, 21 x 49 cm, 2009

Sophie Gaury expose les photographies et dessins de François Burland, "paysages incertains/jardins", au Garage Moderne, du 27 mai au 6 juin (de 14h à 19h), 1, rue des Etrangers (ce qui est dur pour notre ami suisse...), 33000 Bordeaux (05 56 50 91 33, www.legaragemoderne.org).  Vernissage le jeudi 27 mai à partir de 19h en présence de l'artiste. Contact et rendez-vous : Sophie Gaury +33 6 11 08 37 97, et sophie@sophiegaury.com , www.sophiegaury.com

 

 

Brises de Nice, un nouveau festival hors-champ

    Le chiffre 13 va sûrement leur porter bonheur à ce festival Hors-Champ, treizième du nom. Treize rencontres  de cinéma autour de l'art singulier, pour un festival qui devait s'arrêter au bout de dix éditions, il semble que le pli ait été pris et qu'à Nice on ait décidément pris goût à réunir son monde au printemps. Cela aura lieu cette fois sur deux jours, le vendredi 4 juin tout d'abord, dans l'auditorium de la Bibliothèque municipale de Nice, quelques films (déjà montrés dans les éditions précédentes) à l'usage des nouveaux spectateurs (sur Gilbert Peyre: que devient ce dernier au fait? ; sur Petit-Pierre et sur les châteaux de sable de Peter Wiersma, les deux films par le légendaire documentariste mort trop jeune Emmanuel Clot ; sur Yvonne Robert...). Et le samedi 5 juin surtout, dans l'auditorium du MAMAC de Nice, où là les films et autres documents présentés auront une toute autre importance, au point de vue de leur rareté.

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     Le gros morceau (probablement, mais surtout pour un amateur "d'archive") sera sans doute la reprojection des photographies de Gilles Ehrmann, intitulées "Les inspirés et leurs demeures", à savoir sans doute des images (en couleur?) des sites évoqués par Ehrmann dans son livre au titre éponyme de 1962, ceux de Frédéric Séron, Malaquier, Chaissac, Fouré, Picassiette, etc., qui avaient été présentées à la fameuse exposition des "Singuliers de l'Art" au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris en 1978 (on se référera au catalogue de l'expo trouvable encore ici ou là, ou en bibliothèque). Mais bien entendu, la présentation du film de Michel Zimbacca et Jean-Louis Bédouin, L'invention du monde, avec des commentaires de Benjamin Péret, permettra aussi à d'autres amateurs, plus tournés vers les arts dits premiers, de découvrir là aussi un film mythique que l'on attend depuis bien trop longtemps en réédition sous forme de DVD (c'est pour aujourd'hui ou pour demain en effet?).

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     Les organisateurs de ce festival, qui se voue comme on le voit à un éclectique programme de documentaires d'art sur la créativité vivante, pas seulement borné à l'art brut ou singulier, se sont aussi tournés cette année vers la rediffusion du film de Jean Painlevé consacré à Calder qui fut tourné en 1955 et qui avait été un peu occulté par l'autre film tourné sur le cirque de semi-automates fait par Calder en fil de fer et autres bouts de chiffon, à savoir "le cirque de Calder" de Carlos Vilardebo en 1961. Le documentaire de Painlevé s'intitule "Le grand cirque Calder 1927" et il est disponible en DVD (édité par le Centre Pompidou et les documents cinématographiques dirigés par Brigitte Berg qui viendra à Nice présenter le film). Avec ses figures en matériaux précaires, il devance de plusieurs décennies des créations populaires comme celle de Petit-Pierre Avezard, aujourd'hui conservée à la Fabuloserie.

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Michel Nedjar, quelques poupées pour la fête de Pourim, ph Adam Rzepka, Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, extrait du livre "Poupées Pourim" paru chez Gallimard, coll. Giboulées en 2008

   Egalement présents, on pourra voir à Nice Alain Bouillet et Adam Nidzgorski présenter des images relatives à l'art brut et l'art populaire polonais (pour une confontation? Le programme ne le précise pas). On retrouvera aussi un film de Philippe Lespinasse et Andress Alvarez sur les reliquaires du Suisse Marc Moret, et un autre film consacré à la "grotte" de Maurice Dumoulin (autre créateur présenté à l'expo sur l'art brut fribourgeois naguère à la Collection de l'art brut à Lausanne). Bref, comme on le voit, du beau, du bon, rien que du bonheur.  

   

14/05/2010

Les roulottes de Pascal Tirmant

     Qui n'a jamais rêvé de se déplacer en roulotte, ou en péniche? Pascal Tirmant, je ne sais s'il a pu réaliser le rêve, mais en tendres maquettes curieuses, fichées sur des tiges comme fleurs d'un nouveau genre, au moins il aura pu lui donner un commencement d'exécution. Il possède un blog consacré à son travail, et à celui de sa compagne Léa qui fait des monotypes d'après ses roulottes, blog qui permet de se faire une idée de dix-huit d'entre elles. En voici deux que j'ai sélectionnées parmi la troupe, la première en raison de la thématique de la sirène qui m'est chère. On peut voir les originaux à Paris en ce moment (voir ci-dessous).

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Pascal Tirmant, Roulotte-sirène

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Pascal Tirmant, Où sont les nuages?

Les Roulottes Objets-sculptés de Pascal Tirmant, Toiles et monotypes de Léa Tirmant sont à découvrir du 6 mai au 4 juin 2010 à la Médiathèque Fnasat-Gens du voyage - 59, rue de l'Ourcq, Paris 19e. T: 01 40 00 35 04. (Merci à Myriam Peignist pour l'information);

11/05/2010

De l'art déchiré à Rouen

Art Et Dechirure 2010 Affiche.jpg     Voici qu'une nouvelle édition du festival Art et Déchirure s'annonce du 19 au 30 mai à Rouen. Je n'y suis jusqu'à présent jamais allé, question de décalages, de disponibilités. Car question sources de découvertes, je crois qu'on peut avoir là-bas des surprises, la quête des organisateurs (Joël Delaunay entre autres) étant d'aller plutôt du côté de l'inconnu pour y chercher du nouveau,  en évitant la redite. C'est un festival consacré à diverses formes d'expression, il y a des expositions d'arts plastiques - ce qui m'intéresse avant tout - mais aussi de la danse, du théâtre (cette année, entre autres spectacles, j'ai noté qu'une actrice jouait l'histoire de Petit-Pierre sur scène), etc. Il faut aller butiner sur le blog du festival et de l'association, où chacun trouvera son miel dans le programme qui s'y trouve détaillé.

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Marie-Rose Lortet, extrait du blog d'Art et Déchirure

     J'ai fait mon propre "marché" en consultant ce programme, et j'ai retenu, du côté des classiques de l'art singulier, ou en passe de le devenir, l'expo Marie-Rose Lortet (à Petit Quevilly), celle de Joël Lorand (pas forcément une nouveauté, là, mais on a plaisir à suivre son cheminement d'année en année), celle d'Alain Lacoste (qui a au même moment  une rétrospective à Laval à l'Espace SCOMAM, du 10 avril au 4 juillet), ou du côté de l'art brut André Robillard dont on paraît exposer les fusils et autres créations faites en marge du spectacle Tuer la Misère .

Art et Déchirure 2010, expo Caroline Dahyot.jpg
Caroline Dahyot, extrait du blog d'Art et Déchirure

     Et puis du côté des créateurs moins connus, et nouveaux au bataillon, j'ai été intrigué par un portrait de femme imaginaire dû à Martine Mangard, un dessin de Catherine Ursin aussi (merci à elle pour nous avoir transmis l'info du festival), et plus encore par une oeuvre de Caroline Dahyot  que présente sur le blog du festival le chercheur et collectionneur Alain Bouillet. Ce dernier, dont j'aurai bientôt l'occasion de citer une autre intervention prochaine, présente également, dans le cadre de ce festival, de l'art brut polonais, duquel il avait déjà eu l'occasion de parler dans le n° 31 de Création Franche (sept 2009). 

01/05/2010

Jean Estaque dans sa Maison du Tailleu

    J'ai déjà mentionné l'existence de la Maison du Tailleu créée à Savennes dans la Creuse par le sculpteur Jean Estaque, créateur au moins aussi important (sinon plus à mon goût) qu'un Sanfourche à qui, dans les dîners en aparté, on le comparait à une époque. Il a décidé de présenter le travail de certains artistes qu'il trouve intéressants de montrer dans une maison qu'il consacre entièrement à des expositions, d'où cette "Maison du Tailleu" (Tailleur).

Jean Estaque,l'homme-fille selon Maupassant, photo Bruno Montpied, 2009-.jpg
Jean Estaque, L'homme-fille selon Guy de Maupassant

     Il ne s'efface pas complètement derrière ces talents extérieurs et veut aussi montrer ses propres oeuvres, en l'occurrence ses étranges "reliquaires" consacrés aux livres de Guy de Maupassant, où il installe au centre de ses compositions des personnages taillés à sa façon naïviste qu'il place environnés d'un extrait littéraire tracé dans une calligraphie appliquée qui s'accorde parfaitement à l'ingénuité maîtrisée de ses personnages. Voici qu'une nouvelle exposition de ces oeuvres liées à Maupassant est organisée à Savennes. Comme une suite de l'exposition qui avait été montée naguère à Lyon (et que j'ai signalée en mars de l'année dernière).

Expo Jean Estaque, Conte, reconte et raconte, à Savennes, 2010.jpg

 

 

30/04/2010

A la recherche de la Mare au Poivre

     L'ami Ricordeau me signale un curieux parc de sculptures situé à Locqueltas, au nord de Vannes (tout près de cette dernière agglomération), que s'est employé à dresser sous le ciel, pendant vingt-trois ans (en secret semble-t-il, au moins dans un premier temps) un personnage plein d'humour et haut en couleurs appelé Alexis Le Breton. Des informations complémentaires peuvent se trouver sur la Toile, sur le site de Ouest-France et sur celui du Télégramme. Le créateur de ce parc où sont dispersées sur cinq hectares environ 200 sculptures sur bois et pierre parmi des arbres et autres essences rares (le parc est aussi un arboretum) est malheureusement disparu à l'automne dernier (à l'âge de 80 ans). C'est sa fille, Mme Marie-Thérèse Pasco, animatrice d'une association vouée au lieu et à la mémoire de son auteur, qui a repris le flambeau des visites du parc. Ces dernières peuvent se pratiquer le week-end selon ce qui en est dit sur le site indiqué ci-dessous et dans les articles déjà cités.

Marie-Thérèse Pasco, fille d'Alexis Le Breton, photo Ouest-France, 2010.jpg

      Alexis Le Breton paraît d'expression naïve et populaire, son inspiration est variée, empruntant à la fois aux références bibliques (Jacob sur un buffle) et à l'actualité récente (la jungle des FARC en Colombie). Original, il aimait à recevoir en tenue traditionnelle bretonne ses visiteurs.Portrait d'Alexis Le Breton en sabots et pantalon bouffant traditionnel breton, photo Association de la Mare au Poivre.jpg Il paraissait avoir un faible pour les jeux de mots aussi, son village de La Mare au Sel lui a sans doute donné l'idée d'appeler l'étang qui est au coeur de son parc originellement marécageux la Mare au Poivre (voici aussi ce qu'écrit Nathalie Jay, auteur de l'article du 30-04-10 sur Ouest-France que m'a signalé Remy Ricordeau: "Titres, rébus, épitaphes apposés aux sculptures peints sur des bouts de bois récupérés ou gravés dans de la pierre sont souvent humoristiques, parfois sulfureux, avec ici ou là quelques connotations sexuelles"). Peu d'images se trouvent sur internet pour montrer à quoi ressemble cet endroit. Celles que je mets ici sont empruntées aux sites ci-dessus nommés. Et en voici une dernière, trouvée à la fin de ma rédaction de cette note, jolie photo signée d'un monsieur Erwan, sur le site Bretagne.com.

Sculpture d'Alexis Le Breton, photo copyright Erwan, 2009, site Bretagne.com.jpg
Sculpture d'Alexis Le Breton, photo Erwan 2009 ; pas mal non? Toujours l'accordéon à l'honneur chez nos amis les créateurs populaires, c'est décidément leur instrument de prédilection, mais en l'occurrence, on en joue seins nus

       Donc, pour en apprendre davantage, chers lecteurs du Poi.Sub., comme disait l'autre, lâchez tout, et partez sur les routes....

Alexis Le Breton, sa sculpture de Jacob sur son buffle, avec Mme Pasco au premier plan, photo Le Télégramme, 2009 .jpg

La Mare au poivre, à Locqueltas, route de Bignan. Ouvert tous les samedis et dimanches de 14h à 18h. Tarif: 1 EUR (en août 2009). Renseignements au 02.97.45.94.10 ou sur http://www.landes-de-lanvaux.com/associations_locqueltas....

 

29/04/2010

Improvisation au Musée de la Création Franche

          J'ai reçu l'information ci-dessous du musée de la Création Franche qui s'associe à la manifestation annuelle de "la Nuit des Musées". Faut répondre aux questions sinon vous êtes au piquet et en retenue. Mais trêve de plaisanterie, pourquoi pas? L'idée n'est pas mauvaise et les questions pas inintéressantes. Chacun peut y répondre dans son for intérieur, pas seulement la ligue d'improvisation invitée à tirer la première (on aimerait connaître les "dessins, peintures, sculptures" qui seront "placées sous ses regards"). Si les improvisateurs sont inspirés cette nuit-là, cela peut souffler fort du côté de Bègles le 15 mai.

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Alain Garret, La diligence de Gustave, coll FCABI, musée de la Création Franche

      "Une œuvre doit-elle faire sens commun ? Renferme-t-elle sa vérité ? Y-a-t-il une pertinence du regard ? Pour advenir, l'émotion est-elle assujettie au savoir ?

        Esquisses de réponses avec la Licœur Compagnie, ligue d'improvisation. 
        La Création Franche vous invite à une soirée déambulatoire, le samedi 15 mai, dès 19h30 : trois intervenants évoqueront tour à tour ce que suggère la sélection de dessins, peintures et sculptures placée sous leur regard.

        Verrez-vous ce qu'ils verront ?

 (La soirée se poursuivra autour d'un verre)."

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Marilena Pelosi, dessin encre, sans titre, sans date, coll. FCABI, musée de la Création Franche

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Joseph Sagués, (ancienne collection de Claude Massé), coll. FCABI, musée de la Création Franche

Musée de la Création Franche, 58, av. du Maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 BEGLES. Tél. : 05 56 85 81 73

 

22/04/2010

Les cochons dans la boue

     Je suis allé à Cherbourg où paraît-il il n'y a que deux saisons, l'hiver et le 15 août, et figurez-vous que pour moi le soleil fut de sortie. J'ai ramené plein de photos prises dans l'atelier du centre d'arts plastiques de La Passerelle qu'anime Romuald Reutimann (voir anciennes notes). Il y a là à n'en pas douter une certaine effervescence créatrice qui paraît rare en France. Je médite quelque texte plus long à  ce sujet. Dans les limites de ce blog, et pour rester dans le sillage des impressions ressenties à chaud, je vous invite à prendre connaissance d'un petit texte d'interprétation automatique d'une des oeuvres vues à Cherbourg.

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Cyrille A., Les cochons dans la boue, acrylique et marqueurs à peinture, centre d'arts plastiques de La Passerelle, déc. 2008
Cortège

           Ils processionnent, bien silencieux, bien cois. Moutons de Panurge prêts à se jeter dans les flots, mais de mort lente, comme dit la chanson. La queue dressée, en forme de goupillon ou de matraque, ou d'autre chose. Est-ce l'heure de la transhumance ? Horizontale alors, car il n'y a nulle trace d'alpage, de pente à gravir à l'horizon. Il n'y a pas d'horizon pour ce cortège figé, enfermé dans ses pensées, ou son absence de pensée. Le monde est une orange qui les entoure de toutes parts, ils flottent dans le vide, ronds jolis, colorés... Des choses sans nom traînent à terre, à côté d'eux, parmi eux.

         Ils se ressemblent terriblement. Pourquoi « terriblement » ? Parce que certains pourraient les trouver monotones. Identiques, clonés. En réalité, s'ils paraissent bien bâtis sur un même modèle, ils ont leurs différences, de points, couleurs, taille. Il y a ceux qui sont clairs, et puis les plus sombres. Et encore ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre.

         Ils font bloc cependant. Groupe soudé, car l'union fait peut-être la force, mur de rondouillards mutiques érigé pour on ne sait quel ennemi invisible sur cette feuille. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'en dépit de leur apparence décorative, ils intriguent. Leur dessin va du côté d'un possible dessein, d'un mystère destiné à rester insoluble sans doute.

         Ils sont simples, mais aussi ésotériques. Du grand art, en somme.

         J'ai découvert le titre de ce dessin après l'avoir décrit : « Les cochons dans la boue ». Cochons jouets, mais où est la boue ? Dans leur âme sans doute, qu'il faudra alors laver. Il paraît que les cochons ne préfèrent pas la boue. Ce sont les hommes qui les y précipitent.

17/04/2010

Qui va là?

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      Laurent Jacquy, que j'ai déjà eu l'occasion de citer ici, par rapport au jardin de Bohdan Litnianski dans l'Aisne, ou pour une carte postale détournée de sa composition (le monsieur paraît priser les images modifiées) me fait part d'une exposition qui s'annonce fort intéressante dans sa bonne ville d'Amiens, manifestation apparemment organisée par lui et quelques autres amis et intitulée Qui va là?Laurent Jacquy, L'apparition de Tintin à Bernadette Soubirous, exposition Qui va là?, Le Safran, Amiens, 2010.jpg

     Il me donne l'information brute, les dates (du 30 avril au 17 juin), le lieu (Galerie Carré Noir, Le Safran, ce dernier étant un centre culturel), et me signale un lien vers un blog qui parait avoir été créé tout exprès pour l'exposition, au nom éponyme de cette dernière, Qui va là? Ce blog paraît servir de catalogue (faute de mieux?). On y trouve une "bonne partie" des 200 oeuvres exposées à la galerie Carré Noir. Ah, si, son info contient aussi une courte phrase de présentation: "Cette exposition regroupe autour des travaux de Laurent Jacquy et de Yann Paris des oeuvres d'anonymes ou d'artistes plus connus". Parmi les "artistes plus connus", sans doute veut-on parler d'un Jaber (aux oeuvres pour une fois bien choisies) ou d'une Ody Saban (un dessin inhabituel dans sa production), voire d'un Maurice Rapin (j'y reviens plus bas).

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Yann Paris, André Breton, poète, écrivain, essayiste, sculpture sur bois

       C'est à chacun de se faire une opinion à partir des images que l'on découvre sur ce blog (j'en reproduis quelques-unes ici même). D'emblée, l'ensemble me séduit et m'apporte une impression de nouveauté et de fraîcheur, un goût de la création autodidacte populaire se manifestant là, imprégnée d'humour et d'esprit aimablement critique. Il y a là des peintures de Laurent Jacquy, en position de référence au monde des ex-voto contemporains ou plus anciens (certains exemplaires de ceux-ci sont présentés du reste, dont des mexicains), à un goût de l'imagerie modeste décalée et en écho à une imagerie politique caricaturale ou humoristique aussi (voir sa série de peintures sur l'histoire de la résistance dans le massif du Vercors qui n'est pas sans rappeler les tableaux à histoire de Gérard Lattier, qui fut influencé par Clovis Trouille lui de son côté).Laurent Jacquy,Vercors, peinture sur bois.jpg Un dessin de Maurice Rapin, visible dans le blog qui fait le "pré-inventaire" de cette exposition, prend peut-être de ce point de vue valeur de référence et de filiation. Ce dernier (disparu en 2000), qui appartint un temps au mouvement surréaliste avec Mirabelle Dors (1913-1991), avant de s'en détacher pour des raisons d'ordre esthétique avant tout, semble-t-il, prisait une figuration critique pour laquelle avec sa compagne il anima un salon du même nom. Ce même Maurice Rapin fut aussi en relation avec Clovis Trouille, qui avec Alfred Courmes fait figure de grand ancêtre de toute cette nouvelle figuration décalée inspirée de l'art populaire.

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Yann Paris, super-héros
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Georges Paris, Tintintin

       Les sculptures sur bois de Yann Paris, ou de Georges Paris également, sont aussi des oeuvres affichant une certaine naïveté de style, avec une posture déférente à l'égard de l'imagerie populaire contemporaine (le catch, les super-héros des séries de Marvel) qui ne déplairait pas aux animateurs du Musée international des Arts Modestes. J'apprécie également les peintures d'un certain Javier Mayoral, elles aussi dans l'esprit du démarquage d'une iconographie préexistante.Javier Mayoral, peinture sur bois.jpg On trouve également nombre de portraits de vedettes de la culture de masse (Nana Mouskouri, Bourvil, James Dean...) peints par des anonymes qui ne sont pas sans fasciner les organisateurs de cette expo par le mélange d'admiration et d'une problématique prise de distance vis-à-vis de leurs modèles qu'ils supposent aussi peut-être en creux.Anonyme, James Dean, expo Qui va là? Le Safran, Amiens, 2010.jpg Ce goût de portraiturer ces "saints de rechange" dans la culture populaire contemporaine (on en trouve un grand nombre dans les jardins naïfs de bord de route) paraît ambivalent (mais peut-être n'est-ce qu'une vue de l'esprit?). Certaines déformations, des yeux un peu trop exorbités par exemple, ou des boîtes crâniennes bizarrement conformées, semblent trahir un inconscient désir de caricature, qu'un artiste plus délibérement frondeur choisira de pousser plus loin.

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Anonyme, Nana Mouskouri
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A. Lamy, Bourvil
       Ce concept d'exposition n'est pas sans rappeler aussi le goût d'un Olivier Thiébaut qui à Caen a fondé le jardin de la Luna Rossa à partir de fragments de jardins et d'environnements populaires, après avoir monté des expositions où il mêlait ces oeuvres naïves populaires à ses propres créations au style proche de l'art populaire. De même, on pensera aux expos montées par Pascal Saumade ici ou là, comme récemment Sur le Fil à la Maison-Folie de Wazemmes à Lille. Voire à l'intérêt qu'on porte ailleurs au bad art ou à l'art des vide-greniers et autres dépôts-ventes. Il y a là comme un éloge du regard naïf vu avant tout comme un regard dépourvu du désir d'épater à tout prix, et comme un refus de l'effet. Pour certains amateurs d'art plus intellectuels, en tout cas, cette imagerie populaire que l'on chine en brocante et dans les vide-greniers apporte en ce moment indéniablement un souffle d'air frais, en même temps qu'un moyen de remettre en question certaines valeurs admises dans le monde de l'art dominant.
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Anonyme, Princesse malgache
 

Qui va là? Exposition du 30 avril au 17 juin 2010, Le Safran, rue Georges Guynemer, 80000 Amiens. Tél 03 22 69 66 00.