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11/12/2011

Il y a de l'art brut parisien, le saviez-vous?

 

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Vue partielle de l'exposition Exil, ph Bruno Montpied

    "Exil, l'art brut parisien", c'est une exposition au Réfectoire des Cordeliers dans le Ve ardt qui n'est pas une salle de cantine comme les autres, c'est une architecture fort ancienne où sont montées depuis quelque temps des manifestations fort bien mises en scène. La dernière prévue entre le 1er décembre 2011 et le 12 janvier 2012 ne déroge pas à cette règle. Elle est très soigneusement présentée, les œuvres sont fort bien mises en valeur. On nous y annonce 59 "artistes" (c'est moi qui rajoute les guillemets) venus de 9 ateliers médico-sociaux et de 4 ateliers d'art-thérapie tous situés à Paris. On en retrouve un, l'ESAT (ex-CAT) de Ménilmontant dont j'ai déjà eu l'occasion de mentionner une intéressante expo au Carré de Baudouin dans les hauteurs de Ménilmontant naguère. Reviennent ainsi dans cette expo faire un petit tour une grande peinture de Joseph Tibi (décidément remarquable peintre d'origine tunisienne), et quelques pièces de Philippe Lefresne et de Fathi Oulad Ben Abid qui paraissent toujours assez en forme. A noter aussi que c'est la troisième expo d'envergure sur l'art des handicapés mentaux que l'on nous présente à Paris en l'espace d'un an et demi, la première ayant été l'expo du Madmusée à la Maison des Métallos (plutôt réussie, voir la note où je la signalais) en avril 2010.

 

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Philippe Lefresne, sans titre, 65x50cm, 1985, (ESAT de Ménilmontant), ph B.M.

     Mais, à part quelques cas comme ceux que je viens de citer, il ne se produit pas de choc véritable à parcourir cette grande et belle salle des Cordeliers. On nous y annonce de "l'art brut", mais qui en a décidé, hormis les organisateurs? Suffit-il de sortir quelques productions, au reste de qualité (sans aller jusqu'à la surprise bouleversante), la plupart du temps vraiment trop en référence à des courants divers de l'art moderne (un zeste de COBRA, un peu d'expressionnisme, un peu de peinture enfantine, beaucoup "d'art brut" déjà vu), sans qu'on en sache la raison (on soupçonne tout de même l'influence occulte de l'animateur de l'atelier), pour obtenir à coup sûr le sacro-saint "art brut"? L'impression dominante est d'assister à une sorte de revue d'influences mal digérées de l'art moderne. Comme si les animateurs avaient fait réaliser leurs rêves secrets de créateurs par les participants interposés de leurs ateliers.

 

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Anne et Cyril, L'Oiseau, 100x80cm, 2009 (CAJ Robert Job) ; tiens? On dirait du Acézat... Ph BM

     L'affirmation, placée en préambule de l'exposition par Véronique Dubarry (adjointe au maire de Paris chargée des personnes en situation de handicap), comme quoi on aurait ici affaire à de l'art brut parisien, m'apparaît donc quelque peu aventurée (on retrouve son "éditorial" sur le site internet consacré à l'exposition, www.exil-artbrutparisien.fr ; à lire sur ce site aussi le texte du professeur François Robichon, petit chef d'œuvre de passe-passe intellectuel où l'art brut se voit retourné comme un gant, assimilé à l'art contemporain, ce qui permet de légitimer toutes les insuffisances côté inventivité et tous les mimétismes aussi de ces productions d'art-thérapie). Une autre affirmation de Mme Dubarry prête à sourire, il n'existerait à Paris en effet aucun lieu voué à présenter de l'art brut (« Existe-t-il à Paris un lieu dédié où les artistes parisiens en situation de handicap mental et psychique, issus de n’importe quels ateliers, puissent exposer? De cette question, et de sa réponse négative, a émergé la volonté collective de sortir hors les murs le travail d’artistes jusqu’ici cloisonné »). Il faudrait emmener de toute urgence Mme Dubarry visiter la Halle Saint-Pierre (qui n'a jamais réservé des expos uniquement à l'art issu des handicaps, préférant l'intégrer à des ensembles plus vastes et moins cloisonnés)... Il est vrai qu'en ce moment à la Ville on se préoccupe de moins en moins de la Halle, préférant lui augmenter sans cesse son loyer, et diminuer les subventions dans l'espoir sans doute de voir ses animateurs actuels (Martine Lusardy et son équipe) enfin abandonner les lieux, pour les livrer aux associations de quartier justement, peut-être même ces associations qui promeuvent de ce simili art brut style Réfectoire des Cordeliers.

    Ceci dit, je n'ai rien contre le fait qu'on puisse créer à Paris un nouveau lieu voué aux "artistes parisiens en situation de handicap mental et psychique" (pour les y "recloisonner", Mme Dubarry?) pourvu que cela ne  se fasse pas au détriment de lieux déjà existants comme cela semble être parfois la politique de la Ville de Paris qui adore créer par ailleurs des nouveaux lieux complètement artificiels (voir le 104 ce complexe culturel créé dans les locaux des anciennes pompes funèbres municipales...) ou ressusciter des salles de spectacle d'un autre temps (les trois Baudets, le Louxor...).

 

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Lydie Boisset, Autoportrait, mai 2008,(production Atelier de la Passerelle, coll. BM)


       Il existe des endroits en France où l'on produit des œuvres autrement inventives qui pour le coup sont davantage dignes d'être rangées dans l'art brut (par le fait de cette inventivité), comme par exemple les productions de l'Atelier La Passerelle à Cherbourg que je défends sur ce blog depuis quelque temps. On aura l'occasion très bientôt de découvrir quelques œuvres venues de ce Cotentin où souffle le vent de l'art brut dans les locaux de la Maison Rouge bd de la Bastille (voir bientôt la note à ce sujet sur ce blog).

Exil, l'art brut parisien, Réfectoire des Cordeliers, du mardi au samedi, 10h30-19h, nocturne les jeudi de 10h30 à 21h30, 15 rue de l'Ecole de Médecine, Ve ardt. Renseignements: 01 40 33 19 19.

22/11/2011

Jeu de familles au Père-Lachaise

     Il faut de temps à autre aller visiter le blog du Tampographe Sardon, toujours acide et réjouissant. Il dit habiter rue du Repos, et c'est le long du Père-Lachaise. Des photos de caveaux de famille aux noms choisis, qu'il a mises en ligne au mois d'août, m'ont bien fait rigoler, comme celle ci-dessous (trop belle pour être vraie?):

 

ankulé, tombe ph Sardon, père Lachaise, août 11.jpg

Photo Sardon

     N'hésitez donc pas à aller chez lui, et à passer aussi dans les bonnes librairies qui vendent son livre récemment édité de "bons points" à distribuer à tous vos amis ou ennemis.

 

Sardon, doigt d'honneurbonpoint007.jpg

Extrait des "bons points" du Tampographe Sardon


Dans une foule d'hidalgos

Invitación-Expo-Figuracione.jpg

     Dans cette armée de figuratifs espagnols du fonds du Musée de Navarre à Pamplona (en français, je crois que ça donne Pampelune?), je me fais tout petit au milieu d'un minuscule bloc de Français venus de la mouvance singulière et de la création franche, Adam Nidzgorski, Claude Massé, Pierre Silvin ("pseudonyme de Gérard Sendrey", est-il dit dans le catalogue? Ah oui? A l'évidence, les auteurs de ce catalogue se sont plantés en beauté, Pierre Silvin n'est pas Gérard Sendrey, mais le fils de Gérard), et c'est tout (pourquoi n'avoir pas sélectionné Gérard Sendrey en particulier, dont les productions sont emblématiques de tout un courant de la création franche? Parce qu'on l'aurait confondu avec son fils?). On ne trouve pas non plus Gilles Manero dont le patronyme  lui aurait pourtant permis de se fondre sans coup férir dans cette foule d'hidalgos.

    Et voici l'unique oeuvre de mézigue que l'on a extraite de ma donation d'une vingtaine de dessins pour cette expo collective, expo qui est l'occasion de montrer le fonds du musée de Pampelune contenant quelques rares "Singuliers" (mais je suis dans l'impossibilité, étant donné ma méconnaissance de la langue espagnole, de dénombrer dans la bande les Espagnols qui relèveraient de cette épithète ; il me semble dans l'état actuel de mes informations qu'il n'y en a aucun). J'y ajoute en dessous, par delà la légende, le texte d'interprétation que le commissaire de cette exposition,  signor Francisco Javier Zubiaur Carreño, m'avait proposé de faire sur cette image vieille de quatorze ans déjà.

Négresse-Canard-poisson-oiseau-97.jpg

Bruno Montpied, Négresse, canard, poisson, oiseau commettant un larcin, etc., env. 15x21 cm, 1997, Musée de Navarre, Espagne ; j'ai fait don à ce musée d'une vingtaine d'oeuvres datant d'avant les années 2000

Interprétation 2011 de "Négresse, canard, poisson...":

      "Certainement ai-je voulu représenter une scène contrastée et absurde, jouée par des personnages n’ayant que peu à voir les uns avec les autres, nés du souci, pour le peintre, de tracer des figures, des formes qui puissent avant tout le surprendre (les caractérisations sont venues ensuite). Qu’ont à faire ensemble ce volatile, mi-homme, mi-oiseau qui tient fébrilement un jouet en forme de cheval, cette silhouette de femme rouge étonnée, cette femme noire levant les bras au ciel (dans son costume de négresse de lieu commun, seins nus de nourrice et jupette de paille), ce canard un peu trop fier au bec recourbé vers le ciel, cette silhouette d’homme rouge lui aussi retourné, montrant son derrière et s’effilochant, ce poisson volant insouciant devant un nuage jaune ? Le tout sur un fond verdâtre (qui aujourd’hui me dégoûte) ? Une forme centrale qui tient de la jambe articulée à une sorte de gigantesque pince-scie pourvue d’un visage et d’une patte donne à la composition un caractère inquiétant. Une menace paraît lisible dans le geste d’empoignement, répété deux fois dans ce dessin. La femme noire aux gros seins lève les bras au ciel comme scandalisée." (BM)

30/10/2011

Une collection d'art immédiat dans "L'Or aux 13 îles" n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain

     L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).

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     Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal. 

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      Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés  que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir  comme rôdeurs dans ces parages...

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girardA noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.

Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.

        

Info-miettes (13): merveilles et singuliers ici et là

(Cette note comporte deux mises à jour)

MIRABILIA, le sommaire annoncé, et un bulletin d'abonnement

      Fondée par Anne Guglielmetti, romancière, et Vincent Gille, ancien chargé de mission au Pavillon des Arts, commissaire d'exposition sur des manifestations aussi réussies que Trajectoire du Rêve, ABCD, A corps perdu, Les Bidules de Maître Molina, ayant aussi travaillé sur l'expo consacrée aux Jungles du Douanier Rousseau (Grand Palais) et sur celle récente de la Tate Gallery à Londres sur Gauguin, la revue Mirabilia paraît prête à sortir des starting blocks.

guy girard,gilles manero,surréalisme contemporain,art singulier,galerie amarrage,napoléon,carquefou,création francheLéon Spilliaert, La Digue, 1909

Léon Spilliaert, L'élévation, 1910guy girard,gilles manero,surréalisme contemporain,art singulier,galerie amarrage,napoléon,carquefou,création franche

 

      En témoigne le sommaire de son n°1 (annoncé sous réserve), prévu pour cet automne. J'attends avec intérêt pour ma part la contribution sur Léon Spilliaert, peintre post-impressionniste si je me rappelle, dont on avait vu une rétrospective au Grand-Palais il y a déjà un bon moment. Michaël Kenna, pour sa part, est un photographe qui paraît travailler dans l'épure.

 

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Michaël Kenna, Torii, Etude 2, Takaishima, Lac Biwa, Japon, 2007, ph extraite du site web consacré aux travaux de Michaël Kenna

 

      Si l'on veut s'abonner, veuillez cliquer sur ce lien. Le bulletin d'abonnement, et le sommaire complet s'y trouvent.

 

GUY GIRARD à SAINT-OUEN, Galerie Amarrage

 

Carton pour Napoléon à St-Ouen 2011.jpg

 

     On se souviendra peut-être de mes notes plus anciennes sur ce peintre "d'histoire" du genre désinvolte qui s'amuse à subvertir les icônes de l'histoire de France et d'ailleurs, dans l'espoir peut-être de contribuer à l'apparition de nouveaux mythes plus libérateurs surgissant des ruines de ces déboulonnages.

 

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Guy Girard, Napoléon et le passage du Nord-Ouest, 116x89cm, exposé à la galerie Amarrage

      A la galerie Amarrage, gérée par une association du même nom à St-Ouen, aux frontières des Puces, il présente actuellement quelques tableaux à l'huile où pullulent des clones d'un Napoléon cuisiné à toutes les sauces.: de ses rencontres avec Salvador Dali, en passant par ses tribulations avec une autruche, ses coïts en public, son goût de l'haltérophilie, son éléphant domestique, ses métamorphoses en grand méchant loup, chameau ou bonhomme de neige.Napoléon et son autruche, 30x30,H sur toile.jpg Guy Girard s'inscrit là à n'en pas douter dans une tendance très contemporaine qui joue à jongler avec les codes et les normes de la représentation, télescopant joyeusement les époques, usant de l'anachronisme assumé comme une arme de démystification massive.

Espace Amarrage, St-Ouen, le plan.jpg

Exposition "Napoléon et quelques autres" du 21 octobre au 7 novembre (probablement prolongeable jusqu'au 14 novembre), à la galerie Amarrage, 88, rue des Rosiers, 93400 St-Ouen, www.amarrage.org. Ouverture Samedi, dimanche et lundi, de 14h à 19h Renseignements: 01 40 10 05 46 ou 06 15 63 93 11.

GILLES MANERO à Carquefou

     Je suis toujours avec intérêt le travail sans cesse expérimentateur de Gilles Manero que l'on a connu peintre sur vieux microsillons récupérés où il racontait une obscure épopée de volatiles échappés d'une basse-cour onirique.

Carton-Manero-à-Carquefou.jpg

Carton d'invitation expo Manero à Carquefou

 

     Depuis quelques temps, comme on a pu le constater à une récente expo au Musée de la Création Franche à Bègles où de nouvelles pièces sur le thème étaient montrées, il développe une certaine attirance pour les horloges, qu'il travaille directement sur le cadran (ce qui fait le trait d'union avec la circularité de ses anciens microsillons)Cadran-d'horloge,expo-CF-20.jpg ou qu'il édifie des petits théâtres de personnages montés comme sur un échafaudage autour de ces mêmes cadrans (voir le carton d'invitation à son actuelle exposition à Carquefou). On le sait moins, Gilles est également un excellent et raffiné dessinateur, que l'on aurait pu ranger sans coup férir dans le surréalisme contemporain s'il existait encore un mouvement suffisamment curieux de ce côté-là.

 

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 Gilles Manero, L'Ange du dimanche, coll. privée, Bordeaux

Exposition à l'espace du Manoir des Renaudières, direction la Fleuriaye, du samedi 5 novembre au dimanche 4 décembre, entrée libre, ouvert les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18h, ou sur RDV. Renseignements: Direction de l'Action Culturelle, ville de Carquefou, 02 28 22 24 40, ou culture@mairie-carquefou.fr. Vernissage le 5 novembre à 16h.

Isabelle Jarousse à Paris chez Béatrice Soulié

      Nouvelle exposition ici encore d'une artiste que l'on ne rangera pas parmi les Singuliers, mais plutôt du côté de ces artistes contemporains poétiques, tels qu'on peut en découvrir dans des galeries comme celle d'Alain Dettinger à Lyon, place Gailleton (qui fit beaucoup pour lancer la carrière  d'Isabelle Jarousse) ou celle de Pierre et Madeleine Chave, héritiers d'Alphonse, à Vence (qui présente régulièrement désormais Jarousse).

 

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       La galerie de Béatrice Soulié sur la rive gauche de Paris elle aussi s'intéresse à ces travaux atypiques. Jarousse travaille le  papier, qu'elle façonne elle-même, ce qui donne à certaines de ses oeuvres un aspect de dessin sculpté. Elle se caractérise aussi autrement, par l'élaboration d'un univers dense et serré de personnages entrelacés dans une jungle de tiges, lianes ou fils, presque étouffant.

Expo Isabelle Jarousse "Les parfums de l'attente", du 20 octobre au 26 novembre, Galerie Béatrice Soulié, 21, rue Guénégaud, 75006 Paris.

04/10/2011

Un Monch et un Paillard s'exhibent à Montreuil

    Hasard du calendrier et des événements, deux créateurs fort inventifs vont bientôt pouvoir montrer aux curieux leurs productions que personnellement j'apprécie déjà hautement, sans attendre l'assentiment général. Dans la même ville, le même week-end, c'est-à-dire dans le XXIe arrondissement de Paris à Montreuil-sous-Bois.

 

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    Cela se passera les 15 et 16 octobre après-midi pour Serge Paillard, 12, rue des Sorins (c'est près du métro Croix-de-Chavaux). C'est dans le cadre des portes ouvertes des ateliers d'artistes de cette bonne ville. Serge Paillard expose depuis quelques années les images qu'il confectionne de retour de ses explorations dans un pays imaginaire créé par lui, la Patatonie. On nous promet rue des Sorins que l'on pourra à nouveau observer des "merveilles archéologiques" venues  de cette Patatonie, "objets divers, gravures galactiques, empreintes pariétales, spectres circonspects, autant de fenêtres sur l'infini peaufinées par un vitrier hors circonstance, artiste extravagant, métaphysicien en culotte courte" (Jean-Claude Leroy). Peut-être seront-elles assez semblables aux dessins à l'encre ci-dessous.

 

monch,poésie naturelle,photographie modifiée,serge paillard,art singulier,patatonieSerge Paillard, Pomme de terre dite de la petite lampe, 2007 

SP, Pomme de Terre en Cosmos, 2007monch,poésie naturelle,photographie modifiée,serge paillard,art singulier,patatonie

 

       Ces Portes Ouvertes sont donc également un autre prétexte d'exhibition pour les travaux photographiques de Monch, que j'avais découverts je ne sais plus trop comment, par son intermédiaire direct je crois, par mail, voici déjà quelque temps. J'aime beaucoup le travail de celui-ci, tel qu'on peut le découvrir sur son site web. Surtout parce qu'il travaille sur les formes naturelles, des pierres ou du bois,monch,poésie naturelle,photographie modifiée,serge paillard,art singulier,patatonie faisant des séries de photos non retouchées des formes visionnarisées dans la nature (l'angle de vue, et l'instant où l'éclairage est propice, sont autant de "retouches" apportées au réel, ce qui remet quelque peu en cause l'aspect de "non retouché" absolu, qui est une vue de l'esprit en définitive ; il y a finalement toujours une projection de l'esprit du photographe). Ces visions naturelles, il les appelle des pareidolies, je ne connaissais pas le mot (pour la définition, allez faire un petit tour sur Wikipédia).monch,poésie naturelle,photographie modifiée,serge paillard,art singulier,patatonie Monch, connaissant les limites de l'objectivité humaine en matière de regard, compose aussi  des séries de photos sciemment retouchées (mais si peu). Le photographe joue alors à se mesurer davantage avec l'inconscient naturel dans lequel il avait commencé à se plonger avec innocence (mais y a-t-il un inconscient naturel?).

 

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Monch, Mais où est passée Mère-Grand

 

     Une autre série sur le site de Monch concerne des portraits interprétés, réalisés à partir de photos que lui ont confiées volontairement divers amis ou relations. Je me suis personnellement prêté au jeu. Un des résultats de la métamorphose que m'a fait subir Monch est paru dans la revue L'Or aux 13 îles n°2 dont je parlerai bientôt sur ce blog. Voici l'autoportait de Monch de cette série: 

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Monch, Retour aux racines...

     Comme on le voit, amateurs de poésie naturelle et autres pareidolies, le monsieur a un certain talent qui mérite un petit détour par Montreuil. Monch, 14h-20h, 15-16-17 octobre (vernissage  le 15, à partir de 14h), à l'Usine Chapal, 2, rue Marcellin Berthelot, Esc. D, 4e étage, M° Crois-de-Chavaux, Montreuil.

 

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Annonce expo Monch, "Emoi, émoi, émoi"

 

  

15/08/2011

Qui est aveugle?

     That is the question, en effet. Posée par le Centre d'Etude de l'Expression dans  les caves voûtées du musée Singer-Polignac, situé dans l'enceinte de l'Hôpital Sainte-Anne (on peut y entrer et en sortir, pas d'inquiétude...). Et ce du 17 septembre prochain jusqu'au 20 novembre (début de l'expo pour la journée du patrimoine le jeudi 15). C'est visiblement une expo de confrontations entre diverses appellations plus ou moins contrôlées.

 

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Fresque de Le Gouïc, escalier d'accès au musée Singer-Polignac, ph.Bruno Montpied, 2009

      Voici la liste des créateurs ou artistes (on répartira ces deux termes en fonction du degré de professionalisation de chacun) exposés à cette occasion:

Albino Braz, Noëlle Defages, Madeleine Dujardin, Even, Anna Hackel, André Le Hien, Alexandre Nelidoff, Neveu, Fernando Pau, Nicholas Sarley, Charles Schley, Joseph Barbiero, Aristide Cailliaud, Patrick Chapelière, Jill Gallieni, Vincent Germani, Charles Lanert, Frédéric Léglise, Michel Nedjar, Jean-Christophe Philippi, Abdelkader Rifi ; ainsi que les artistes du Créative Growth (USA) : Dwight Mackintosh, Donald Mitchell, William Tyler, Aurie Ramirez.

      Albino Braz, brésilien, j'admire ses femmes nues aux chevelures hirsutes, aux corps striés comme si c'était des femmes velues et sauvages.Albino-Braz,-Centre-d'etude.jpg Beaucoup d'autres noms de cette liste ne m'évoquent rien par contre. Charles Schley figure dans les créateurs mentionnés par Anne-Marie Dubois dans ses livres sur la collection du Centre d'Etude de l'Expression (Braz aussi). Joseph Barbiero, j'en ai causé il n'y a pas longtemps ici. Aristide Caillaud est connu depuis des lustres comme un artiste original parfois rangé dans les Naïfs (épithète non infâmante pour moi), ou parmi les singuliers naïfs...Couv catal Ar.Caillaud.gif Patrick Chapelière, je viens de le mentionner comme vu récemment au musée des Arts Buissonniers en Aveyron, son oeuvre hésite entre naïvisme et poésie brute, quoique je pencherai plutôt pour la première catégorie (ci-dessous une repro d'un œuvre alliant évocations d'éléphant et de poignard, coll. privée).Patrick-Chapelière,-ss-titr.jpg Charles Lanert (1902-1995) est un cas curieux d'artiste qui n'a jamais réussi à se faire connaître. Ancien radiologue au service de l'armée de terre (ça me rappelle Gabritschewsky qui avait été biologiste), il produisit beaucoup de peintures qui ressemblent à des réminiscences de vues microscopiques genre cellulaires.
     Son oeuvre qu'on peut découvrir sur le net surtout grâce  une vidéo sur Youtube paraît imprégnée de références à divers courants de l'art moderne, et a priori ne ressemblerait pas à quelque chose qu'on peut ranger dans l'art brut, pas plus qu'une œuvre de Michaux, de Wols ou de Gorki en tout cas. Mais elle peut par contre contribuer à propager la confusion des genres, comme c'est la mode actuellement...

 

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© Michel Nedjar, 2001

J-C.jpg

Jean-Christophe Philippi, coll.privée, ph.BM 2008 (ces deux peintures ne renvoient pas à ce qui est montré à l'expo, elles sont nettement antérieures)

 

   Michel Nedjar se retrouve embarqué dans cette réunion, ainsi que Jean-Christophe Philippi, tous deux excellents artistes singuliers entretenant des rapports esthétiques certains. Abdelkader Rifi est plus rare ici. Car avant tout créateur d'un environnement en mosaïque à Gagny, il a aussi laissé (il est mort en 2005) des oeuvres transportables qu'on ne voit jamais, c'est peut-être ce qui m'intrigue personnellement le plus dans cette expo. Les créateurs du Creative Growth Center sont eux beaucoup moins inconnus, si l'on se souvient, par exemple, des expos montées à Paris dans l'ex-Galerie Impaire de la rue Lancry dans le Xe ardt.

 

Abdelkader Rifi, composition florale, 59x80, vente Tajan 2008.jpg

Abdelkader Rifi, composition florale, 59x80cm, œuvre présente à une vente chez Tajan en 2008

 

   

02/07/2011

Info-Miettes (12)

Expo Ody Saban tout l'été au musée de la Création Franche

     Cela se tiendra du 1er juillet au 4 septembre au musée de Bègles.

 

Ody-Invitation-Bègles-2011-.jpg

Du côté de chez Chave maintenant...

    Galerie Alphonse Chave, à Vence, on monte une exposition intitulée de façon un peu tarabiscotée je trouve, "L'harmonie des antonymes", avec en épigraphe sur le carton d'invitation quelques mots d'Héraclite d'où il ressort que "tout [surtout l'harmonie] devient par discorde" (le Poignard Subtil se voit ainsi confirmé dans ses choix)... Du 18 juin à fin août 2011. Avec Georges Bru, Gaston Chaissac, Gérard Eppelé, Jean Dubuffet, Slavko Kopac, Max Ernst, G.Lauro, Jean-François Ozenda, Jacques Prévert, Georges Ribemont-Dessaignes et alii... Tél: 04 93 58 03 45.

Le Musée des arts populaires de Laduz n'est plus subventionné...

     Jacqueline Humbert se bat toujours pour maintenir la merveilleuse collection construite par elle et son mari décédé en 1990, Raymond Humbert. La région lui refuse la subvention qu'elle recevait pourtant depuis plusieurs années. A-t-on décidé d'étrangler par l'indifférence et l'insensibilité (pour ne pas dire l'ignorance) des élus toutes les collections d'art populaire, qu'elles soient comme en l'espèce privée, mais ouverte aux publics de tous âges, ou qu'elles soient étatiques comme celle de l'ex-musée des ATP autrefois installé près du Jardin d'Acclimatation dans le Bois de Boulogne à Paris, et qui végète à présent dans on ne sait quel entrepôt en attendant que se bâtisse le mirifique bâtiment promis depuis des lustres près du fort Saint-Jean à Marseille?

 

Expo-à-Laduz-été-2011.jpg

 

    En attendant, le musée de Laduz tient cependant à organiser une exposition d'été, et cette fois on reviendra à la peinture de Raymond Humbert qui fut un admirable paysagiste abstrait, parallèlement à sa passion pour l'art populaire qu'il interprétait en visionnaire. Sans doute, Jacqueline Humbert puisera dans la force intacte des oeuvres de ce grand vivant l'énergie de faire face aux défis qui attendent le musée. Je ne saurai trop inviter tous ceux qui subodorent la poésie présente au sein des arts populaires à venir visiter ce musée champêtre qui n'a rien à voir avec les collections habituelles de vieux outils poussiéreux. Sa muséographie est sans cesse attractive, attachée à mettre en valeur tous les côtés inspirants de la vie créatrice des campagnes anciennes, en s'appuyant sur la valeur esthétique des objets présentés. Son département de sculpture populaire insolite de plus flirte avec l'art brut, de même que ceux de la marine populaire ou de la mémoire des campagnes font parfois allusion à l'art naïf.

 

Flyer-2011-musée.jpg

Akram Sartakhti

    J'ai laissé passé l'occasion de parler de cette femme iranienne (née en 1950) qui chipa les pastels de son petit-fils pour lui montrer ce dont elle était aussi capable, non mais... (on pensa à d'autres qui firent de même, comme M'an Jeanne par exemple, ou Joseph Barbiero encouragé par un fils artiste, ou encore Boix-Vives lui-même... non?). La cafétéria de la Halle Saint-Pierre abritait une petite expo de ses oeuvres colorées et stylisées du 10 janvier au 13 février dernier.Akram 6.jpg La galerie Hamer à Amsterdam l'a aussi exposée entre mars et mai, avec une brochure à la clé préfacée par Laurent Danchin qui précise dedans qu'elle a commencé il y a seulement dix ans et que malgré le fait qu'elle ait caché d'abord ses oeuvres à son petit-fils, ce dernier, ayant quand même découvert ses dessins, les porta à l'attention de quelques experts, ce qui amena une ou deux oeuvres de sa grand-mère au musée d'art contemporain de Téhéran. C'est pour le peu qu'on a pu en voir à la Halle, une oeuvre fraîche et spontanée, joyeusement colorée et dégageant une grande vitalité grâce à la conjugaison de formes simples, suggestives avec de sensuels contrastes de teintes. Seuls les fonds peuvent paraître un peu vite faits comme si la peintre n'y attachait que peu d'importance. On ressent alors une impression de travail fait dans l'urgence, avec la bizarre sensation d'une précipitation.Akram 5.jpg

     Une autre peintre autodidacte iranienne existait aussi naguère, décédée à présent, qui était peut-être plus inspirée et brute qu'Akram Sartakhti, à savoir Mokarrameh Ghanbari, que ce blog-ci a évoqué voici déjà quelque temps, que l'on se reporte à... ces notes...

 

Mokarrameh 10.jpg

Une oeuvre de Mokarrameh Ghanbari

Au Madmusée de Liège on révise son histoire...

     "Harvest", c'est le titre de l'exposition estivale du Musée d'Art Différencié (qui donne ce bel acronyme de MAD), titre très Neil Young, un peu trop anglais pour mon goût (est-ce que "moisson", ça fait péquenot chez nos amis belges...?). Elle se tiendra en deux lieux, en accès libre, au MADmusée du 2 juillet au 10 septembre, et au Grand Curtius, toujours à Liège, du 2 juillet au 13 novembre. Le propos du commissaire d'exposition (Brigitte Van Den Bossche?) est de montrer comment le "futur de la collection se dessine, grâce aux acquis des dernières années".ody saban,raymond humbert,akram sartakhti,mokarrameh,galerie hamer,art singulier,laduz,jacuqeline humbert,arts populaires ruraux,art contemporain iranien Depuis que j'ai vu des parties de ces acquis à l'expo parisienne de la Maison des Métallos, j'acquiesce à toutes ces propositions. Donc, que ceux qui le peuvent aillent faire un tour à Liège, une fois.

26/11/2010

Tristan Bastit, oupeinpien

    Je ne connais pas trop les oeuvres de Tristan Bastit, mais je subodore que cela pourrait être intéressant, d'autant que l'Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle) m'ayant toujours éveillé la curiosité, je suppose que l'Oupeinpo (OUvroir de PEinture POtentielle) peut en faire de même. Le dernier carton d'invitation que j'ai reçu pour une de ses expos, intitulée "Saler la soupe", est appétissant. Vernissage demain samedi de 18h à 21h à la galerie associative l'Usine, 102, boulevard de la Villette à Paris.

Tristan Bastit invitation pour expo Saler la soupe, Galerie l'Usine, Paris 19e.jpg

 

      L'expo ne dure pas longtemps. Elle se clôt le 4 décembre avec un vernissage de fermeture, où viendra officier Pascal Varejka, pour parler d'éléphantologie ; on le sait déjà éminent spécialiste des "éléphants d'Europe"...

Pascal Varejka à l'Usine le 4 déc. 2010.jpg

Pascal Varejka, Singularité des éléphants d'Europe, Gingko éditeur.jpg

 

     Moi aussi j'aime beaucoup le thème des éléphants, il m'arrive même de les entendre gazouiller plus souvent qu'à mon tour...

Alexis Le Breton,Ici on entend gazouiller les éléphants, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg

 Stèle gravée par Alexis Le Breton, Bretagne, ph. Bruno Montpied, 2010

17/10/2010

Art sans étiquette à Rives, sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché...

    Art singulier? Trop galvaudé ces temps-ci. Art brut? Inadéquat, et déjà pris. Art contemporain? Trop vague. Art Hors-les-Normes? Pas tant que ça... Alors on opte pour un terme descriptif qui ne dérangera personne, "Art partagé", pour cette 3ème biennale organisée par l'association Oeil'Art, à Rives en Isère. 

Art partagé, 3ème biennale.jpg

     Une bonne partie des créateurs présentés ici viennent des ateliers qui hébergent les expressions des déficients et autres handicapés mentaux, Jean-Louis Faravel, animateur d'Oeil'Art ayant une prédilection marquée de ce côté-là (mais gare aux redites! Il commence à y avoir beaucoup de "bonshommes" peints dépouillés sur des fonds très colorés au sein de cet art des handicapés, et cela finit par nuire à l'écho que ses partisans voudraient voir bien établi).

     On reconnaît aussi parmi les propositions d'oeuvres quelques noms connusJoël Lorand portrait en train de dessiner, ph Association Oeil'art.jpg des lieux voués à la défense et à l'illustration de ce que l'on appella en 1978 "les singuliers de l'art", et depuis les festivals qui se sont montés dans les années suivantes, "l'art singulier".Adam Nidzgorski,ph. Site web Art tout simplement 2010.jpg On notera l'inversion des termes qui signala que l'on accordait dans ces festivals le mot "singulier" davantage avec l'art, plutôt qu'avec les personnalités, et leur comportement singulièrement créatif. L'art singulier au fond devenait l'art contemporain du dimanche... Dès lors, on risquait d'y trouver à boire et à manger. Il est difficile aujourd'hui, dans les festivals d'art plutôt pluriel de ne pas se retrouver au milieu d'un bric à brac confus envahi de suiveurs et d'arrivistes aux dents longues quoiqu'un peu voyantes.

 

POSTIC Les larmes de la pluie encre sur toile80x40cm 2009.jpgEvelyne Postic, Les larmes de la pluie, encre sur toile, 80x40cm, 2009

 

Marie-Jeanne Faravel, Mes petites histoires,43x39, encre, matériaux divers et points de couture, 2010.JPG

Marie-Jeanne Faravel, extrait de la série "Mes petites histoires", 43x39cm, encre, matériaux divers et points de couture, 2010

        Ce ne paraît pas être le cas avec la biennale de "L'art partagé" où un effort sincère est fait en faveur de la découverte de nouvelles formes d'expression autodidactes.  C'est pourquoi je suis allé proposer mes propres productions auprès d'Oeil'art qui m'a accueilli avec hospitalité. Une douzaine de mes petits formats sont présents dans les cartons de l'association. Voici quelques unités:

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui, 2008.jpg

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui..., 24x18, 2008 

Bruno Montpied, Où l'on perd la tête, 2005.jpg 

B.M., Où l'on perd la tête, 25x30cm, 2005 

Bruno Montpied, Le Pouvoir,2009.jpg

 B.M., Le Pouvoir, 29,7x21cm, 2009

Bruno Montpied, La bouliste bizarre, 2010.jpgB.M., La bouliste bizarre, 24x17cm, 2010 

     

      On sent qu'une des lignes de force des expositions montées par Oeil'art est un certain goût des figures épurées, voire dépouillées (c'est pourquoi l'association est aimantée par les figures de l'art des handicapés). Et c'est aussi vrai qu'il est très émouvant, et parfois même vertigineux, de constater la force que peut recéler une figure très nue, très simplement rendue. Chaissac y arrive avec une virtuosité quasiment sans égale (comme on pourra s'en rendre compte en ce moment  en allant visiter l'exposition très réussie qui se tient à Paris sur la rive gauche dans la galerie Nicolas Deman).

Jean Dehombreux 1, 73x55.jpgJean Dehombreux (nom prédestinant?), ph. site web Art Tout Simplement 



02/10/2010

Info-miettes (10)

Cécile Reims graveuse à la Maison du Tailleu

     La Maison du Tailleu, "le plus grand musée de Savennes" (Estaque, petit plaisantin!), au fond de la Creuse, offre une exposition de gravures de Cécile Reims, proposée par l'association Artémis en Creuse. Les Parisiens avaient eu l'occasion d'admirer d'autres travaux montrés il y a peu à la Halle Saint-Pierre dans le cadre d'une grande expo avec Fred Deux. Le carton d'invitation montre en particulier un bel arbre strié de lianes et de tiges l'enlaçant ou sous l'écorce on ne sait. L'oeil hésite, arbre imaginaire, arbre imité?

Carton d'invitation expo Cécile Reims.jpg

 Cécile Reims, Plaies d'arbre, gravure, burin sur papier, exposition réalisée en partenariat avec la galerie Michèle Broutta et le Musée de l'hospice Saint-Roch à Issoudun

Verso du carton d'invitation à l'expo Cécile Reims.jpg

      Cécile Reims expose en trois lieux en réalité, en plus de Savennes, à Aubusson et à Felletin aussi. L'image reproduite sur le carton d'invitation m'a permis de davantage faire attention à l'oeuvre originale de cette artiste que j'avais imparfaitement vue à la Halle Saint-Pierre où je n'avais perçu qu'un aspect avant tout virtuose de son art.

Jean Branciard s'expose à nouveau

Expo Jean Branciard à la galerie Chybulski.jpg

         Samedi 2 octobre, c'est aujourd'hui. Ceusses qui voudraient aller du côté du Beaujolais découvrir l'oeuvre brinquebalante de Branciard, avec ses véhicules bizarres et autres navires improbables, toujours prêts à s'effondrer dirait-on, fragilités faites intangibles, il faut vous rendre à la Galerie Chybulski entre le 2 et le 17 octobre.

Lieu-dit Le Cosset, Ville-sur-Jarnioux dans le Rhône. Tél 04 74 03 89 94.

Du côté de nos poètes

      Le sérénissime Joël Gayraud publie Clairière du rêve avec des illustrations de Jean-Pierre Paraggio dans la collection de l'Umbo.

Avis d'apparition de la plaquette de Joël Gayraud, Clairière du rêve, collection de l'Umbo.jpg

 

 

 

      Les Cahiers de l'Umbo de leur côté cessent de paraître. Ils se sont arrêtés sur leur n°12, et plus précisément sur un cahier d'errata, supplément au cahier 12 (oui, faut les suivre, c'est un vrai foutoir, avec tous leurs suppléments, tirés à part, and so on...), avec tout plein de poètes et illustrateurs estimables (Peuchmaurd, Albarracin, Olivier Hervy, Alice Massénat,  Emmanuel Boussuge, votre serviteur...). Les Cahiers de Dumbo sont morts, vive désormais L'Impromptu n°0 (on retrouve parfois les mêmes que ci-dessus, plus quelques autres, comme Barthélémy Schwartz, Jean-Yves Bériou, Philippe Lemaire, etc.).

Toute correspondance/ Jean-Pierre Paraggio, 33, ave Jules Ferry, 74100 Annemasse. jeanpierreparaggio@yahoo.fr

Rétrospective Jan Svankmajer au Forum des Images à Paris

     C'est un événement bien sûr pour tous les amateurs de cinéma surréaliste ou de cinéma d'animation poétique, il sera bientôt possible de voir l'ensemble des longs et des courts-métrages du surréaliste tchèque Jan Svankmajer, bien connu pour son Quelque chose d'Alice, mais qui a réalisé nombre d'autres films dont plusieurs restent inconnus en France, comme Démence ou le dernier intitulé Survivre à sa vie, et ce du 26 au 31 octobre prochain au Forum des Images dans le Forum des Halles à Paris.Svankmajer, possibilités du dialogue.jpg L'auteur n'est pas qu'un cinéaste, on le comprend aisément en voyant le film de Bertrand Schmitt et Michel Leclerc, Les Chimères des Svankmajer, qui sera projeté aussi dans cette rétrospective et où l'on voit quelques images de la demeure créée par ce créateur prodigieusement inventif, également adepte d'un certain art médiumnique dont on avait vu quelques exemples à l'expo de la Halle saint-Pierre sur l'Art Brut tchèque.Svankmajer, fabrique des petits cercueils.jpg  

 

Si on veut prendre connaissance du programme complet on va . Ou bien, y a aussi le programme du Forum des Images of course... A signaler aussi que l'on peut trouver plusieurs courts-métrages de Svankmajer sous le label Chalet Pointu, qui a une boutique à Paris dans le Xe arrrondissement rue des Goncourt (3 DVD parus).

30/07/2010

40 ans du CAT de Ménilmontant

    Je ne savais pas qu'il existât quelque chose comme un CAT à Ménilmuche. Et c'est un des bénéfices secondaires de la vogue actuelle pour l'art brut et consorts (le "consorts" s'appelle en l'occurrence l'art singulier ; on emploie ce genre de terme en bonus, quand on n'est pas sûr de ratisser assez large avec le seul terme d'art brut) que de nous l'apprendre à la faveur de l'exposition (qui se termine demain!), organisée au Pavillon Carré de Baudouin (ancienne folie XVIIIe rénovée par la Mairie de Paris, assez impressionnante ma foi), et qui s'appelle "Essentiel, 40 ans d'art brut et singulier". Cette manifestation fête le quarantième anniversaire du CAT, installé rue des Panoyaux dans le 20e ardt. Elle nous parle des oeuvres produites par 30 travailleurs qui fréquentent les ateliers artistiques dépendant du CAT (parfois plusieurs à la fois, comme par exemple la peinture et la céramique, dont les organisateurs paraissent particulièrement fiers,  et effectivement trois créateurs émergent nettement dans cette discipline, Fathi Oulad Ben Abid, Philippe Lefresne, et la "gothique" Marie Ollivier-Henry, qui aime bien entre autres façonner des cercueils ).Fathi Oulad Ben Abid.jpg

Cercueil de Marie Ollivier-Henry.jpgPhilippe Lefresne, La boîte à cigarette.jpg
Céramique de Philippe Lefresne, La boîte à cigarettes

 

    Si les qualificatifs de brut et singulier paraissent ici un peu produits pour attirer le public, il faut convenir que la qualité des travaux montrés, si elle ne colle pas toujours à l'aspect "jamais-vu" qui est une caractéristique de l'art brut, de même qu'à l'aspect transgressif de cette notion chère à Dubuffet, cette qualité esthétique paraît souvent évidente. Les grandes gouaches de Joseph Tibi, créateur qui a droit à une salle pour lui tout seul, sont particulièrement belles, possédant une présence immédiate et une tenue esthétique proprement remarquable étant donné leur simplicité dans le dessin, et la taille de leurs supports qui ne paraît à aucun moment avoir pu poser problème pour leur auteur. L'accrochage des oeuvres est aussi fort impressionnant, dans des salles nues aux proportions conséquentes. Manquent peut-être quelques salles supplémentaires, cela dit.

Joseph Tibi au Pavillon Carré de Baudouin, 2010.jpg
Pas trouvé de reproduction plus grande d'une oeuvre de Tibi!

      Et l'on reste de ce fait un peu sur sa faim. Comment en quarante ans de travaux ce CAT ne peut-il nous montrer davantage d'oeuvres? N'a-t-il pas constitué de fonds permanent? Tout est-il parti avec les créateurs ayant fréquenté les ateliers? Il faudra aller au 52, rue des Panoyaux, adresse du CAT, pour le savoir sans doute.

24/07/2010

11e festival à Aubagne

      L'art singulier... Qu'a-t-il d'encore véritablement "singulier"? Quand on voit la multiplicité des festivals et des artistes se réclamant de ce terme, et lorsqu'on constate qu'au fond leurs oeuvres ne se distinguent pas tant que cela du tout venant de la création contemporaine (la création qui continue dans les arts plastiques, s'entend), on se dit que le terme "outsiders" au sens turfiste - le cheval  qui n'était pas prévu pour la victoire et qui arrive cependant à gagner... - est bien mieux adapté.

11e festival d'art singulier.jpg
Une des meilleures affiches du festival depuis ses débuts, je trouve, due à Philip Pak Hin Chiu

      Le 11e festival d'art singulier - le premier festival du nom, animé dès le départ par Danielle Jacqui, avec l'appui au début de feu-Raymond Reynaud -, basé au début à Roquevaire-en-Provence, puis migré à Aubagne, dans la grande banlieue de Marseille, ouvre ses portes le 31 juillet prochain, pour une exposition hétéroclite et bourrée comme d'hab' jusqu'au 29 août. On consultera le programme ci-lié, pour se rendre compte des artistes qu'on y trouvera (malheureusement, peu d'images sont fournies, quid de Pierre Hornung, par exemple, dont on nous annonce sur le site du festival monts et merveilles?). En lisant rapidement la liste des créateurs invités, j'ai relevé quelques noms, Jean Branciard (souvent mentionné sur ce blog), Bonaria Manca (très intéressante créatrice sarde auteur de peintures mais aussi d'une maison entièrement décorée à la limite du naïf et du brut authentiques ; un film a été fait sur elle par Marie Famulicki, excellent au demeurant)Bonaria Manca, extrait du film la sérénité sans carburant, de Marie Famulicki.jpg, Swen et ses dessins touffus, Ester Chacon Avila, artiste chilienne de renommée internationale qui crée des oeuvres textiles aux figurations primitivistes qui font penser à du Marie-Rose Lortet, ou à du Karskaya en plus simple, Jacqueline Vizcaïno, Catherine Ursin, Adam Nidzgorski, ou encore Rosaria Cannonito (créatrice handicapée sicilienne sur qui on trouve un site à elle toute entière consacrée ; merci à Roberta Trapani de nous l'avoir indiqué)...

Ester Chacon Avila.jpg
Ester Chacon Avila

      Les festivals jacquiens sont toujours foisonnants, à l'image de son animatrice charismatique, qui aime l'abondance et l'explosion de couleurs, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à dénicher dans cette salle du Bras d'Or la bien nommée. Bonne pêche!...

20/06/2010

Habiter poétiquement, l'expo de rentrée du nouveau LaM à Villeneuve-d'Ascq

    LaM, c'est un sigle un peu complexe, un peu confus, mais qui sonne bien, eu égard à mon poignard subtil, outil dont l'apparent tranchant fait fantasmer certains mais qui, comme l'ont remarqué ceux qui lisent, en réalité vise plutôt à ouvrir des brèches entre des mondes que l'on s'ingénie à tenir cloisonnés. 

LaM,la partie du musée consacrée à l'art brut.jpg
L'extension du musée d'art moderne de Lille-Métropole, extension consacrée à la collection d'art brut du LaM

     Bon, on commence à le savoir que ce musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut va enfin ouvrir ses portes, après un chantier de rénovation et d'extension qui a pris des années, le 25 septembre prochain. Les conservateurs du musée s'acharnent actuellement à terminer les accrochages, ce qui ne doit pas être une mince affaire. Ce musée est riche, les oeuvres conservées, du côté de l'art moderne, de l'art naïf (oui, on oublie généralement de rappeler que la collection est riche d'un bel ensemble de maîtres de cette catégorie, ce qui n'est pas anodin, étant donné les rencontres que cela pourra permettre avec l'art brut) et de l'art brut (grâce à la donation de l'association l'Aracine) sont de la plus grande qualité. 

Marguerite Sirvins,oeuvre exposée aux chemins de l'Art Brut VI, St-Alban-sur-Limagnole, ph.Bruno Montpied, 2007.jpg
Marguerite Sirvins, Les Chemins de l'Art Brut VI, à St-Alban-sur-Limagnole, (donation de l'Aracine) ph. BM, 2007

         L'exposition de rentrée, qui se tiendra du 25 septembre 2010 au 30 janvier 2011, s'appellera "Habiter poétiquement". Son titre fait écho à celui de la journée d'études qui s'était déroulée dans l'ancienne version du musée le 10 décembre 2005, "Habiter poétiquement - architectures singulières", organisée conjointement par le musée et le LAHIC. Cette fois, si un moment - et un espace? (à l'heure où j'écris ces lignes, ce n'est pas précisé sur le site du LaM - sera consacré aux "Bâtisseurs de l'Imaginaire"Monsieurr G. dans sa piscine, ph.Clovis Prévost, années 70.jpg dans un "théma" "transversal" entre art contemporain et art brut (une autre expo, intitulée de façon un peu absconse "Mémoires de performance" sur un thème d'architecture poétique contemporaine doit être montée en parallèle), la manifestation cependant devrait être consacrée à la façon dont "des artistes, mais aussi des écrivains et des cinéastes peuvent « habiter poétiquement le monde, la maison du monde » selon la phrase du poète Friedrich Hölderlin".

     A un récent colloque dans les locaux de l'INHA (sur Michel Ragon et les arts, l'architecture), un excité, manifestement venu du groupe Fluxus semble-t-il, particulièrement infatué, avait annoncé cette exposition en précisant qu'il s'agirait enfin d'une reconnaissance des artistes bâtisseurs dans un monde de l'art où il n'y en aurait que pour les habitats bruts... C'était là une façon très habile de renverser les problèmes. Car la reconnaissance des habitats populaires est loin d'avoir été effectuée par le monde de l'intelligentsia tout de même, même si la situation est peut-être en train de changer (notamment grâce au LaM). La réapparition du musée d'art moderne et d'art brut de Lille-Métropole semble coïncider avec la volonté de ses conservateurs de montrer les rapports qui existent entre les bâtisseurs populaires d'environnements poétiques et les sites créés par des artistes, de même qu'il semble que de nombreuses expo "transversales" entre art brut, art contemporain et art moderne soient également à venir (c'est déjà commencé si l'on se rappelle les expos organisées précédemment hors les murs par le LaM). La tentation est grande dans cette perspective chez certains - notamment des artistes - de se mettre à tout mélanger, en ne retenant que la dimension artistique des travaux exécutés par les créateurs de l'art brut et des environnements spontanés.

       Je n'ai personnellement pas envie de tout mélanger, et en particulier de traiter les environnements, de même que les créations de l'art brut, comme s'il ne s'agissait que de travaux d'art d'un genre nouveau (alimentant un nouveau marché de l'art, il ne faut pas l'oublier, car cela se profile derrière, voir par exemple la dernière vente aux enchères d'oeuvres de Chomo). Avec ces créations, a été peu à peu révélé le phénomène de la créativité tel qu'elle se présente de façon stupéfiante chez les prolétaires, ce qui remet en cause la division du travail telle qu'elle était jusque là instituée dans le monde des Beaux-Arts. On s'est convaincu dés lors que le génie pouvait souffler où il voulait (le fameux incognito souligné par Dubuffet), sans aucune hiérarchie, loin de toute théorie du don, sans que soient nécessaires un enseignement ou une initiation. Cette révélation, je crains que l'institution, le système corporatiste des Beaux-Arts, ne tentent de la noyer sous l'apparence d'une reconnaissance sélective de certains créateurs.

Virgili, fragment de totem, donation l'Aracine,ph. Bruno Montpied, 2007.jpg
Virgili, ancien morceau d'un des "totems" qu'il mettait dans son jardin au Kremlin-Bicêtre et qui servit longtemps de logo à l'association l'Aracine

       Dans l'exposition à venir, il est bon de songer à mettre en parallèle cependant le corpus des créations architecturales ou environnementales des artistes professionnels avec le corpus des "bâtisseurs de l'imaginaire" d'origine populaire. J'espère que cela sera instructif. A noter que le département d'art brut du LaM devrait comporter un espace dévolu aux habitats des inspirés populaires, ce qui sera une première dans un musée d'art brut, tout au moins en Europe. Quelques fragments de créations environnementales sont en effet d'ores et déjà conservés à Villeneuve-d'Ascq, comme ceux de Jean Smilowski, Théo Wiesen, Virgili, ou, plus récemment entré dans les collections (grâce à l'entremise d'un de ses héritiers et de Patricia Allio, qui l'avait fait connaître en l'exposant à Dol-de-Bretagne, puis à Rennes, avant et après son suicide) Jean Grard, dont d'importants éléments du jardin d'origine ont pu être ainsi préservés.

Jean Grard, un fragment de son environnement de maquettes et autres statues à Baguer-Pican, ph.Bruno Montpied, 2001.jpg
Jean Grard, une partie de son décor de manèges, maquettes, statues divers, tel qu'il était à l'origine à Baguer-Pican (Ille-et-Vilaine), ph. Bruno Montpied, juillet 2001

 

17/04/2010

Qui va là?

Anonyme,sculptures,glycéro,.jpg

      Laurent Jacquy, que j'ai déjà eu l'occasion de citer ici, par rapport au jardin de Bohdan Litnianski dans l'Aisne, ou pour une carte postale détournée de sa composition (le monsieur paraît priser les images modifiées) me fait part d'une exposition qui s'annonce fort intéressante dans sa bonne ville d'Amiens, manifestation apparemment organisée par lui et quelques autres amis et intitulée Qui va là?Laurent Jacquy, L'apparition de Tintin à Bernadette Soubirous, exposition Qui va là?, Le Safran, Amiens, 2010.jpg

     Il me donne l'information brute, les dates (du 30 avril au 17 juin), le lieu (Galerie Carré Noir, Le Safran, ce dernier étant un centre culturel), et me signale un lien vers un blog qui parait avoir été créé tout exprès pour l'exposition, au nom éponyme de cette dernière, Qui va là? Ce blog paraît servir de catalogue (faute de mieux?). On y trouve une "bonne partie" des 200 oeuvres exposées à la galerie Carré Noir. Ah, si, son info contient aussi une courte phrase de présentation: "Cette exposition regroupe autour des travaux de Laurent Jacquy et de Yann Paris des oeuvres d'anonymes ou d'artistes plus connus". Parmi les "artistes plus connus", sans doute veut-on parler d'un Jaber (aux oeuvres pour une fois bien choisies) ou d'une Ody Saban (un dessin inhabituel dans sa production), voire d'un Maurice Rapin (j'y reviens plus bas).

Yann Paris, André Breton.jpg
Yann Paris, André Breton, poète, écrivain, essayiste, sculpture sur bois

       C'est à chacun de se faire une opinion à partir des images que l'on découvre sur ce blog (j'en reproduis quelques-unes ici même). D'emblée, l'ensemble me séduit et m'apporte une impression de nouveauté et de fraîcheur, un goût de la création autodidacte populaire se manifestant là, imprégnée d'humour et d'esprit aimablement critique. Il y a là des peintures de Laurent Jacquy, en position de référence au monde des ex-voto contemporains ou plus anciens (certains exemplaires de ceux-ci sont présentés du reste, dont des mexicains), à un goût de l'imagerie modeste décalée et en écho à une imagerie politique caricaturale ou humoristique aussi (voir sa série de peintures sur l'histoire de la résistance dans le massif du Vercors qui n'est pas sans rappeler les tableaux à histoire de Gérard Lattier, qui fut influencé par Clovis Trouille lui de son côté).Laurent Jacquy,Vercors, peinture sur bois.jpg Un dessin de Maurice Rapin, visible dans le blog qui fait le "pré-inventaire" de cette exposition, prend peut-être de ce point de vue valeur de référence et de filiation. Ce dernier (disparu en 2000), qui appartint un temps au mouvement surréaliste avec Mirabelle Dors (1913-1991), avant de s'en détacher pour des raisons d'ordre esthétique avant tout, semble-t-il, prisait une figuration critique pour laquelle avec sa compagne il anima un salon du même nom. Ce même Maurice Rapin fut aussi en relation avec Clovis Trouille, qui avec Alfred Courmes fait figure de grand ancêtre de toute cette nouvelle figuration décalée inspirée de l'art populaire.

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Yann Paris, super-héros
Georges Paris, Tintintin.jpg
Georges Paris, Tintintin

       Les sculptures sur bois de Yann Paris, ou de Georges Paris également, sont aussi des oeuvres affichant une certaine naïveté de style, avec une posture déférente à l'égard de l'imagerie populaire contemporaine (le catch, les super-héros des séries de Marvel) qui ne déplairait pas aux animateurs du Musée international des Arts Modestes. J'apprécie également les peintures d'un certain Javier Mayoral, elles aussi dans l'esprit du démarquage d'une iconographie préexistante.Javier Mayoral, peinture sur bois.jpg On trouve également nombre de portraits de vedettes de la culture de masse (Nana Mouskouri, Bourvil, James Dean...) peints par des anonymes qui ne sont pas sans fasciner les organisateurs de cette expo par le mélange d'admiration et d'une problématique prise de distance vis-à-vis de leurs modèles qu'ils supposent aussi peut-être en creux.Anonyme, James Dean, expo Qui va là? Le Safran, Amiens, 2010.jpg Ce goût de portraiturer ces "saints de rechange" dans la culture populaire contemporaine (on en trouve un grand nombre dans les jardins naïfs de bord de route) paraît ambivalent (mais peut-être n'est-ce qu'une vue de l'esprit?). Certaines déformations, des yeux un peu trop exorbités par exemple, ou des boîtes crâniennes bizarrement conformées, semblent trahir un inconscient désir de caricature, qu'un artiste plus délibérement frondeur choisira de pousser plus loin.

Anonyme, Nana Mouskouri, expo Qui va là ? Le Safran, Amiens, 2010.jpg
Anonyme, Nana Mouskouri
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A. Lamy, Bourvil
       Ce concept d'exposition n'est pas sans rappeler aussi le goût d'un Olivier Thiébaut qui à Caen a fondé le jardin de la Luna Rossa à partir de fragments de jardins et d'environnements populaires, après avoir monté des expositions où il mêlait ces oeuvres naïves populaires à ses propres créations au style proche de l'art populaire. De même, on pensera aux expos montées par Pascal Saumade ici ou là, comme récemment Sur le Fil à la Maison-Folie de Wazemmes à Lille. Voire à l'intérêt qu'on porte ailleurs au bad art ou à l'art des vide-greniers et autres dépôts-ventes. Il y a là comme un éloge du regard naïf vu avant tout comme un regard dépourvu du désir d'épater à tout prix, et comme un refus de l'effet. Pour certains amateurs d'art plus intellectuels, en tout cas, cette imagerie populaire que l'on chine en brocante et dans les vide-greniers apporte en ce moment indéniablement un souffle d'air frais, en même temps qu'un moyen de remettre en question certaines valeurs admises dans le monde de l'art dominant.
Anoprincessemalgache.jpg
Anonyme, Princesse malgache
 

Qui va là? Exposition du 30 avril au 17 juin 2010, Le Safran, rue Georges Guynemer, 80000 Amiens. Tél 03 22 69 66 00.

18/10/2009

Un musée de l'art médiocre à Dedham, Massachusetts

     Dans la problématique de la valeur des oeuvres d'art, on versera au dossier l'existence d'un Musée de l'art médiocre (ou moche, voir dans les commentaires ci-dessous) aux Etats-Unis, le MOBA (museum of bad art).Dog, collection du MOBA(auteurInconnu peut-être d'origine danoise).jpg Il m'a été signalé par l'animateur de l'émission de radio Song of praise, Cosmo Helectra. Cela faisait suite à des discussions que nous avions eues au sujet de la vogue qui sévit aux USA autour des collections d'oeuvres trouvées dans les dépôts-ventes et autres brocantes, dans les décharges, dans la rue, etc., oeuvres qui possèdent un aspect bizarre, difficile à classer dans l'une ou l'autre des catégories en usage telles que l'art brut, l'art naïf, l'art populaire. Des oeuvres étranges que le regard hésite à taxer d'idiotie, leurs apparentes maladresses pouvant recéler quelque langage nouveau, pas encore perceptible à notre époque. Des oeuvres inclassables, véritablement inclassables. Cosmo m'a ainsi montré un bouquin édité aux USA, intitulé Thrift store paintings (peintures de dépôts-ventes),Couverture du catalogue Thrift Store paintings.jpg qui présentent un certain nombre de ces tableaux effectivement fort insolites, d'un surréalisme involontaire semble-t-il dans certains cas (quoique... Un certain nombre d'entre elles paraissent en même temps mal digérées de ce dernier mouvement, l'inspiration, et la technique, étant le plus souvent défaillantes...).

peinture d'auteur inconnu,extraite d'un blog américain pour femmes au foyer.jpg
Image trouvée sur un blog à l'intention des femmes au foyer américaines...

    Je donne ici quelques exemples pris sur internet, venus d'horizons hétéroclites, comme l'image ci-dessous piquée sur un site dédié au ping-pong:

peinture d'un certain Wolters, peinture trouvée dans un dépôt-vente aux USA.jpg

        Certains artistes, bien documentés, se sont mis, toujours aux USA, dans l'esprit d'Asger Jorn, à repeindre ou à faire des collages sur les peintures de dépôts-ventes. Que l'on se reporte par exemple à cette artiste contemporaine américaine (née en 1934), Margot Bergman, dont cela paraît être le procédé permanent (de fort beaux résultats). On se souvient que cela n'est pas nouveau, Jorn, dont j'ai déjà parlé sur ce blog, a eu une période où il exécutait des modifications sur des croûtes achetées aux Puces, affirmant par ailleurs admirer la banalité pure de ces tableaux anonymes, y ajoutant sa patte (et sa pâte). La rencontre des deux styles nous a laissé des oeuvres très attachantes. Il apparaît à la lumière du déferlement actuel des modificateurs sur croûtes comme un véritable précurseur.

margot bergman,joy gaye,2008,acrilique sur toile, peinture d'amateur modifiée.jpg
Margot Bergman, Joy Gaye, acrylique sur toile, peinture de dépôt-vente modifiée, 2008
Asger Jorn,Dolce vita,modification,1962.jpg
Asger Jorn, La Dolce Vita, Huile sur toile, 1962

      Cependant, le projet du MOBA paraît quelque peu différent. Sur leur site, ils affirment vouloir donner toute sa place au mauvais art, une place aussi grande que celle accordée à l'art établi comme bon art (leur slogan est "Un art trop mauvais pour être ignoré"). Il entre bien entendu là-dedans une part de provocation et d'humour qui sonne très pataphysique. Leur démarche est quelque peu ambiguë, ne sont-ils pas moqueurs, dépréciatifs sous couvert de reconnaissance du mauvais art? Veulent-ils simplement donner à voir des pièces médiocres pour réenraciner par contraste la valeur des oeuvres traditionnellement établies qu'une certaine relativisation généralisée des valeurs, très contemporaine, menace actuellement, dans notre époque post-avant-gardiste? Des questions sont posées à ce sujet sur le blog des éditions Cynthia 3000 qui sont par ailleurs à l'origine de la CAPUT dont j'ai déjà parlé ici (Collection d'Art Populaire et de l'Underground Tacite, qui se constitue à partir d'oeuvres d'inconnus retrouvées dans  les brocantes là aussi), dans une réponse des animateurs du blog à un autre commentaire que votre serviteur leur avait laissé il y a quelque temps.

Peinture d'un anonyme, collection du MOBA.jpg

Oeuvre d'un inconnu, MOBA

     Autre remarque, ce projet de constituer une collection d'art médiocre me fait aussi beaucoup penser au fond à la reprise  du projet primitif de l'écrivain Georges Courteline qui au début du XXe siècle collectionnait les peintures d'amateurs en les recouvrant du terme générique de "musée des horreurs" (ce qu'il modifia à la fin de sa vie, lorsqu'il voulut les revendre, en "musée du labeur ingénu"...). Il se livra dans différents articles à une recension de ses trouvailles - de fort belles peintures à la poétique naïveté du reste - qu'il accompagna cependant de commentaires narquois, se gaussant par en dessous des tableaux qu'il avait acquis par esprit de dérision (au début en tout cas). André Breton se moqua à son tour de lui en traitant son état d'esprit de "bon sens éculé", "la croissante misère psychologique "(de Courteline) "cherchant dans les sarcasmes à se libérer de l'éternelle peur d'être dupe" (voir le texte de Breton, Autodidactes dits "Naïfs", dans Le Surréalisme et la peinture).

09/07/2009

D'autres pays, d'autres frontières

Laurie-Anne Estaque Monde politique, découpage.jpg
Laurie-Anne Estaque, Monde politique, découpage in situ 

      Je ne m'intéresse que très modérément, comme on l'aura sans doute compris, à l'art contemporain tel qu'il reflète les recettes apprises dans les écoles. C'est souvent un bal de poncifs et de tics recyclés au contact des professeurs, de la pression générale des autres élèves, de la critique d'art patentée, etc. Cependant il faudrait être particulièrement dogmatique et aveugle pour ne pas remarquer de temps à autre telle ou telle novation, tel ou tel créateur qui vient surprendre son monde. Tel est le cas par exemple de Laurie-Anne Estaque, basée à Felletin dans la Creuse qui, venue me faire de l'information sur les activités de son père artiste Jean Estaque qui a ouvert récemment un espace d'exposition en pleine campagne à Savennes (Creuse toujours), "La Maison du Tailleu", où il  a exposé récemment Joël Thépault, m'a également fait connaître son site web, où j'ai repéré particulièrement certains collages réalisés à partir de fragments de cartes géographiques qui m'ont fait penser que décidément existait une tradition du collage "géographique" (que l'on songe à ceux que faisait le Tchèque Ladislav Novak ou aux collages situationnistes de  plans de dérive de Debord et autres...).

Laurie-Anne Estaque Monde politique, découpage.jpg
Laurie-Anne Estaque, Monde politique, découpage in situ
     Cette artiste fait actuellement une exposition, voir l'affichette ci-dessous:
Laurie-Anne Estaque, Affiche Expo à l'Atelier Royère de Vassivière,2009.jpg

26/06/2009

La Mami Wata de Cyprien Tokoudagba

     Ces histoires de sirènes africaines, les Mami Wata, m'ont fait oublier je ne sais pourquoi de parler d'un bel ouvrage édité par la Fondation Zinsou au Bénin (l'ancien Dahomey) au sujet de cet extraordinaire artiste nommé Cyprien Tokoudagba, que j'apprécie énormément, surtout depuis une exposition qui s'était tenue à l'Institut du Monde Arabe en 1994, Rencontres Africaines, où ses tableaux gigantesques montrant des figures isolées sur fond blanc, manifestement inspirées des cultes vodoun, figures d'une grande audace picturale, m'avaient littéralement sidéré. Certes, en France, le travail de Tokoudagba avait  déjà surtout été révélé par la remarquable exposition des Magiciens de la Terre (organisée en même temps à la Villette et au Centre Beaubourg en 1989). A l'époque dans la foule de créateurs venus des quatre coins du monde pour les besoins de cette exposition fondatrice, j'avais surtout remarqué d'autres créateurs africains, en particulier Bruly Bouabré ou Bodys Isek Kinghelez, mieux mis en scène sans doute.

Couverture du livre sur Cyprien Tokoudagba édité par la Fondation Zinsou, 2006.jpg

      Dahomey, Rois et dieux, Cyprien Tokoudagba, tel est le titre de cet ouvrage (bilingue anglais-français) que j'ai trouvé sur un stand dédié à la culture béninoise tel qu'on pouvait en voir un peu en marge de l'immense espace du Salon du Livre en mars dernier. Il parut à l'occasion d'une expo du même titre consacrée à l'artiste à Cotonou à la même Fondation Zinsou en 2006. Or, ce livre en plus du fait qu'il permet d'en apprendre davantage sur Tokoudagba (à lire l'éclairant texte de Joëlle Busca en particulier), nous met en contact avec une autre version de la Mami Wata, cette fois concocté par notre artiste béninois.

Cyprien Tokoudagba,Mami Wata, Extrait du catalogue de la Fondation Zinsou, 2006.jpg
Mamiwata, Acrylique sur toile, 154x98cm

      A côté de sa reproduction, une notice donne de précieux renseignements sur la "sirène" en question, en réalité une déesse, un "génie de la mer": "Elle habite les profondeurs de la mer et commande à des myriades d'ondines. Souvent elle se présente sous les traits d'une très belle femme lorsqu'on l'invoque surtout au bord de la mer. Elle est détentrice de beaucoup de richesses (argent, bijou, or...) convoitées par les humains à qui elle les dispense (...). Elle s'entoure de serpents qu'elle enroule autour d'elle. Son culte est assez répandu. En tant qu'esprit, elle peut prendre la forme qu'elle veut, tel ici un personnage visiblement masculin à trois têtes..." Elle peut "prendre la forme qu'elle veut"... On ne saurait mieux dire... Au vu de toutes les reproductions de Mami Wata en circulation (voir ma note du 9 novembre 2008 ), on s'en convainc aisément. Dans le même livre, on trouve aussi, entre autres images magnifiques, une toile représentant le dieu Gou, du fer et de la guerre (c'est le même qu'Ogun, une sorte "d'homologue du dieu Mars de la mythologie latine", dit le catalogue), c'est une image géniale, hallucinée...

Cyprien Tokoudagba, Dieu Gou, extrait du catalogue de la Fondation Zinsou, 2006.jpg
Gou, acrylique sur toile, 195x102cm

 

 

23/06/2009

La sirène du festival de l'Oh! (Suite)

     La communication du festival de l'Oh! est fort bien faite, merci à M. Rym Nassef en particulier qui m'a précisé que le nom de l'auteur de la sirène dont je parle dans "le bal des sirènes" (note du 20 juin) était Toyin Loye (il paraît que c'est marqué en petit dans un coin de l'affiche...).Toyin Loye, Sentinel Poétry International, Royaume-Uni.jpg Ce dernier est un artiste nigérian, fils de roi, ayant étudié les Beaux-Arts, et faisant une carrière internationale. Une galerie aux Pays-Bas notamment, la galerie Chiefs and Spirits, basée à La Haye, le représente. C'est sur son site qu'on trouvera des renseignements supplémentaires sur cet artiste qui vit actuellement dans cette même ville. Il y est dit que Toyin Loye intègre souvent dans ses oeuvres des éléments symboliques appartenant aux cultures traditionnelles de son pays (c'est un Yoruba).Toyin Loye, La Grande Maison, Galerie Chiefs and Spirits, La Haye.jpg Alors, d'ici à ce que cette sirène soit cousine avec les Mami Wata du Congo... Peut-être est-elle davantage proche d'une représentation de la déesse de la mer appelée Yemoja que Toyin Loye aime à représenter, à l'instar d'autres déités vénérées par son peuple comme Ogun le dieu du fer. Ca ne vous rappelle rien ce nom d'Ogun? En Haïti, on le retrouve dans les peintures naïves inspirées par le Vaudou (Ogun Ferraille).... Je subodore du coup que dans l'oeuvre de Loye passe un petit parfum de Vaudou...

Toyin Loye, Amants, 2006, Acrylique,fibres de coco sur carton, Galerie Saatchi, Londres.jpg
Toyin Loye, Amants, 2006, Galerie Saatchi, Londres

16/06/2009

VENUS D'AILLEURS, atterrissage à Montmartre...

     Certaine que je connais à la Halle prononce "Vénusse d'ailleurs", c'est homologué je crois, de même que "Venus d'ailleurs". Pas des Martiens donc, mais aussi un peu des Vénusiens, ambition qu'il va falloir prouver, et pas plus tard que dimanche 21 juin prochain à la Halle Saint-Pierre, de 14h à 18H...Venus d'ailleurs,Halle St-Pierre le 21 juin.jpg

      Les animateurs de ce...comment appeler cela?... de ce foyer de création tous azimuts... Yohan-Armand Gil et Aurélie Aura par exemple (j'ai déjà eu l'occasion de citer les dessins du premier que j'admire beaucoup), "montent" à la capitale depuis Nîmes, leur port d'attache. Il s'agit d'être le plus foisonnant possible. C'est ainsi qu'ils viennent exposer les "Carnets nomades" de Michel CadièreVenus d'Ailleurs, Michel Cadière, dessin.jpg dont ils aiment la production graphique (l'expo se prolongera jusqu'au 5 juillet dans les locaux de la librairie de la Halle). Ils montrent aussi par la même occasion leur revue, éditée sous forme de livres-objets se divisant en trois parties généralement, avec à chaque livraison un mot-clé. Le n°9 sort pour l'occasion, en avant-première, centré sur le thème des jardins, avec au sommaire votre serviteur (un texte sur les jardins des autodidactes inspirés, Jardins-manifestes, jardins de fantaisie, territoirs libérés?, illustré de plusieurs photos), mais aussi Hervé Brunon, Lou Dubois, Yves Reynier, Bruno Garrigues, Peter Greenaway, Alain Suby, Rosine Buhler, Nina Reumaux (je ne connais que Dubois et Greenaway dans ce groupe).

Venus d'ailleurs n°9 .jpg
Le n°9 de la revue Venus d'Ailleurs, spécial Jardin, à droite en bas, une photo du livret contenant le texte de B.M., Jardins manifestes... Avec une photo du jardin de Joseph Donadello en couverture...
Venus d'Ailleurs n°2.jpg
Le n°2 de la revue

      Il y aura aussi du cinéma avec des projections à 14h30 et 15h30 des films d'Aurélie Aura, Estelle Brun, Vincent Capes, Remy Leboissetier et Florian Gerbaud. Des rencontres bien sûr, et des signatures avec Louis Pons annoncé, en même temps que Yohan-Armand Gil (il a édité des carnets de ses dessins dont l'esprit se situe semble-t-il entre Grandville et Roland Topor, le groupe Panique, ainsi qu'Alfred Jarry, faisant partie de ses références avouées, de même qu'un certain goût pour l'alchimie), Augustin Pineau, Chris Van Hansendonck.

Bohdan Litnianski, détail de son jardin à Viry-Noureuil, ph.Bruno Montpied, 2008.jpg
Bohdan Litnianski, un détail de son environnement fait d'un agglomérat de matériaux divers récupérés dans les décharges, ph.Bruno Montpied, 2008 (la photo est en noir et blanc dans la revue)

     Enfin, on nous annonce aussi un concert en hommage à l'art bruitiste de Luigi Russolo, ce futuriste du début XXe siècle, concert qui sera mené par Pascal Deleuze à 16h30. Quand je vous disais que cela partait tous azimuts...

12/06/2009

Chave dans l'esprit

     Une litanie de noms qui me chantent aux oreilles, et sans doute aussi à nombre de mes lecteurs habitués de l'histoire de la galerie Alphonse Chave à Vence (rue Isnard, 06), du nom de celui qui la fonda après-guerre (1947) dans un esprit bohème et bricoleur, alternant son animation avec celle de la tenue du magasin de jouets et de matériel pour les arts qui la jouxtait. Reste à aider à faire connaître à d'autres amis le parcours et le savoir poétique accumulé au fil du temps par cette galerie.

Louis Carmeille,1969,ph.Bruno Montpied.jpg
Louis Carmeille [orthographe de la signature apposée au dos de la toile], sans titre, 1969, ph.Bruno Montpied, coll.privée, Paris (ancienne coll.Jean-Pierre Le Goff, ancienne collection Christine Bruces-Cerisier)

     Certes depuis de nombreuses années (depuis 1975, date de la disparition d'Alphonse Chave), la galerie est animée par son fils Pierre et par Madeleine Chave. Au départ, elle s'appelait la galerie "Les Mages". Amateur d'art contemporain, moderne, de surréalistes indépendants (Max Ernst, Joseph Sima), de vieux dadaïstes dont certain habitait parfois sa région (Ribemont-Dessaignes à St-Jeannet, Man Ray...), mais aussi d'art brutGabritschevsky, 41x59, Galerie Alphonse Chave, Vence.jpg et d'art singulier (la liste en est plus longue, de Chaissac, Philippe Dereux, Ursula B. à Gabritchevsky, Louis Carmeil, Jules Godi Jules Godi, 42x64, 1976, Galerie Alphonse Chave.jpgou Marthe Isely), Alphonse Chave croisa la route de Jean Dubuffet venu s'installer à Vence à la fin des années 50 après l'exil de sa collection d'art brut aux USA chez le peintre Ossorio. Puis, semble-t-il, se fâcha avec lui par la suite... Continuant cependant à découvrir sans cesse de nouveaux talents, qu'il exposait sous le sigle du SIC (Séniles, Invendables, Crétins), tout un programme...Marque-pages SIC 1963, exposition le Monde d'Alphonse Chave, Lyon, 1981.jpg

MartheIsely, jeune femme créole,45x30, 1959, Galerie Alphonse Chave.jpg
Marthe Isely, Jeune femme créole, 1959

     A l'activité de défricheur de son père, Pierre Chave a ajouté ses talents d'éditeur, d'imprimeur et de graveur. De magnifiques catalogues, édités avec soin avec tout l'amour de l'artisan, sont systématiquement recherchés par les passionnés de l'activité de cette galerie. Alphonse Chave en particulier a fait connaître au public français le génial aquarelliste visionnaire Eugen Gabritschevsky (il l'exposa hors des milieux psychiatriques dans sa galerie en 1961 sur les conseils de Dubuffet), plusieurs catalogues furent du coup consacrés à ce dernier dont un plus récent que les autres, en 1998, avec une préface d'Annie Le Brun. C'était un créateur parmi tant d'autres. Ils reviennent à partir du 13 juin - demain... -  au Château de Villeneuve, à Vence, dans le cadre de la Fondation Emile Hugues (2, place du Frêne, Tél: 04 93 58 15 78), dirigée par M. Zia Mirabdolbaghi (que voilà un beau nom), pour une exposition en quelque sorte rétrospective:  "De Dada à demain, L'Esprit Chave".  Jusqu'au 1er novembre 2009, on pourra y retrouver donc (en citant ici dans le désordre des noms qui me sont chers et que je n'ai pas encore cités): Aloïse, Jacqueline B., Rose Aubert, Boris Bojnev,Georges Bru L'Ange du Bizarre, 82x60, 2003, Galerie Alphonse Chave.jpg Georges Bru, Slavko Kopac (créateur à qui un Dubuffet a fait bien trop d'ombre de façon injuste, alors que le rapport de valeurs devrait être renversé en sa faveur et de loin), Raphaël Lonné, Henri Michaux, Dado, Marcelo Modrego, Georges Demkin, J-F. Ozenda, Francis Palanc, Louis Pons, Paul Duchein, Manou Pouderoux, Juan Ferrer, Réquichot, Gironella, Woldemar Winkler, Isabelle Jarousse (une trouvaille plus récente celle-ci), etc...

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Boris Bojnev, une de ses "auras", Galerie Alphonse Chave

      A noter aussi, en parallèle, une importante exposition consacrée au créateur de théâtres d'épluchures Philippe Dereux dont l'oeuvre sera mise en confrontation avec celle de Dubuffet pour qui il travailla en lui préparant des ailes de papillon en prévision de ses collages. De là vint ensuite le désir de Dereux de voler de ses propres ailes... Philippe Dereux/Jean Dubuffet, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 25 juin - 21septembre 2009.

Expo Philippe Dereux à la Galerie Chave, 2007.jpg
Carton d'annonce de l'exposition Philippe Dereux à la Galerie Chave en 2007

    

14/03/2009

Chasse-Pot et Caroll Bertin au Musée international d'art naïf de Nice

     J'allais oublier Chasse-Pot, Jean-Jules de son prénom. Le MIAN de Nice, celui de la collection d'art naïf Anatole Jakovsky, le rappelle à mon bon souvenir (exposition du 6 mars au 6 avril 2009). Et c'est juste que ses figures étrangement flottantes, aux yeux de souris, perpétuellement au garde-à-vous, qu'il confectionne en papier mâché depuis 1968 (il n'aime représenter que cela, des figures), viennent faire un tour du côté de l'art naïf. Elles partagent avec lui la grande immédiateté de leurs expressions.

     Doucement éberluées, ses figures, lévitantes dirait-on, regardent un point lointain derrière nos têtes, laissant passer par-dessous un possible sous-entendu de l'auteur, comme dans le cas de cette sculpture représentant un homme semblant poser devant un photographe (le spectateur) la main sur l'épaule de celui que l'artiste reconnaît dans le titre de cette oeuvre comme un "demi-frère" (allusion à son propre lien de parenté avec cet autre peintre qu'est Bernard Rancillac, frère de Chasse-Pot dont  le pseudonyme cache en fait le nom de Paul Rancillac?)  

Chasse-Pot,Le demi-frère,2006,copyright Adagp 2009, expo au MIAN de Nice 2009.jpg

Jean-Jules Chasse-Pot, Le demi-frère, 2006, copyright Adagp, Paris, 2009

     Commencée le 6 février et prévue pour se terminer aussi le 6 avril, il faut également mentionner l'exposition dans le même musée des oeuvres textiles de Caroll Bertin, que j'avoue bien aimer. Enfantines, humoristiques, elles restent en même temps confectionnées avec un sens esthétique développé. Caroll Bertin, exposition Musée International d'Art Naïf de Nice, 2009.jpg Cet artiste a exposé dans le temps au Musée de la Création Franche, ainsi que dans divers autres lieux se rapportant peu ou prou à l'art singulier. Elle possède un site sur lequel on peut voir quelques-une de ses oeuvres choisies. En fouillant dans les anciens numéros de Création Franche, on trouve un article dans son n°8, datant de 1993, dû à Bernard Chevassu, dont j'extrais l'image ci-dessous, montrant une oeuvre déjà ancienne.

Caroll Bertin, photo extraite de Création Franche n°8, article de Bernard Chevassu, 1993.jpg
Caroll Bertin, extrait de Création Franche n°8, 1993

20/02/2009

Muscle carabine, quoique...

    Je reçois tout un tas d'avis venus de tous bords. Aujourd'hui, c'était un petit mot du groupe des United Dead Artists, qui paraît être un foyer de graphistes particulièrement inventifs qui doit avoir des accointances avec l'Arts Factory, du côté de la rue Beaurepaire dans le 4e à Paris, et tout ça... Je regarde généralement leurs cartons d'invitation avec un sentiment mêlé ne me sentant concerné qu'à demi. Je reconnais cependant qu'il y a du beau travail de ce côté-là. Ces graphistes, liés aux grafzines (je suis sûr que ça s'écrit pas comme ça) et autres fanzines sérigraphiés, participent d'une culture populaire graphique contemporaine qui a une tradition derrière elle, des filiations honorables (Crumb, les pochettes de disque, les pin'up sur les camions, les flippers, l'art modeste, etc.), je le reconnais bien volontiers. La créativité se déploie là aussi à l'évidence.

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    Ils sortent le numéro 3 de leur revue joliment appelé Le Muscle Carabine, dont on peut voir la couverture ci-dessus, avec un dessin dû à Stéphane Blanquet (ça fait un peu penser à l'outsider Vonn Ströpp qui a été montré il n'y a pas très longtemps à la Halle Saint-Pierre). Et sur le site des Artistes Morts Unis, on trouve le nom de Chris Hipkiss, souvent exposé et rangé chez les Outsiders anglais, tiens... On découvre aussi les dessins qui personnellement me font hurler de rire du Japonais Harukawa Namio, avec son personnage féminin au popotin absolument hypertrophié, la dimension même du fantasme. Il se glisse dans la perversité japonaise une touche d'humour et de délire loufoque qui me ravit. Pas vous?... L'infortuné placé dessous s'appelait-il Jean Soulacroup (ce qui prouve que, contrairement à ce que j'avançais dans ma note du 4 août 2007, on n'est pas toujours si bien placé en pareille situation)?

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Dessin d'Harukawa Namio, voir le site de United Dead Artists

17/02/2009

Des petites nouvelles du musée de Laduz

    Dans ma boîte aux lettres ce jour m'attendait la Lettre du Musée que m'adressait l'équipe du musée rural de Laduz à l'égard duquel je garde mon affection intacte. Malgré l'égrenage des mauvaises nouvelles, le compte des amis du musée qui disparaissent, l'âge ne reculant pas, hélas... Malgré la difficulté d'obtenir des subventions qui s'accentue chaque année davantage, et contre laquelle il faut d'ailleurs se mobiliser pour aider le musée en adhérant à l'Association des Amis (membre de soutien 25€, membre bienfaiteur 150€, à l'orde de l'Association des Amis du Musée, 22, rue du Monceau, 89110 Laduz, l'adhésion devant indiquer les nom, prénom, adresse, tél et éventuellement e-mail, la date et la signature). Plus que jamais, ce splendide musée et son parc, qui ressemblent à une petite partie d'Eden, ont besoin d'aide.

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Une installation d'Hélène Soubeyran

    Cette année deux nouveautés, l'expo de l'été continue du côté des artistes contemporains spécialisé dans  le textile. Ce sera "Du souffle de la terre", émergence de plis et de couleurs, avec Hélène Soubeyran, sculpteur textile, et la participation de Simonne Pheulpin et de Gérard Lognon, plisseur haute couture. Voci ce qu'écrit  Jacqueline Humbert du travail d'Hélène Soubeyran: "En 1993, inspirée par les coupes de bois pétrifiés et des prélévements de sol, Hélène Soubeyran décide "d'immortaliser" ses oeuvres plissées du passé en les emprisonnant. Ce fut un long travail de préparation: d'enveloppes en baluchons, elle empile ses tissus chronologiquement. Il en résulte un bloc destiné à être induré puis il est scié dans une marbrerie en neuf piliers et en lames minces où apparaît, en strates colorées, le contenu des tissus plissés des années 1974 à 1994."

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Le DVD sur le musée de Laduz, bientôt édité

     La deuxième nouveauté, c'est l'édition d'un DVD d'une durée de 30 minutes consacré aux collections de la famille Humbert. Bientôt disponible, et que l'on peut déjà commander au prix de 20€+1,50€ de frais de port.

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Le DVD, 4ème de couverture

16/11/2008

Info-miettes

    C'est le moment de communiquer diverses petites informations qui me parviennent, sans que je sois tout  à fait fixé à leur égard, mais ça peut servir à d'autres, alors...

1. Exposition à partir du 18 novembre (mardi prochain) jusqu'au 12 janvier 2009 de M. Ch.Rouffio au Nouveau Latina (www.lelatina.com), 20 rue du Temple, à Paris 4e, qui présente des photographies apparemment sur le thème d'affiches lacérées, cela s'appelle finement "Défonce d'afficher".

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2. Dans le numéro 73 de la revue La Grappe, Claude Dehêtre (poète amateur de boucheries-charcuteries semble-t-il et entre autres) présente quelques facettes du travail de Chomo. Revue de format 10,5 x 14,8 cm, 60 p., tirée à 120 ex, 5€ (port compris). (Claude Dehêtre 4 Cité Souzy 75 011 Paris. Chèque libellé à l’ordre de La Grappe).Chomo.jpg

 

3. Exposition Martin Udo Koch du 22-11-08 au 14-02-09 à la Galerie du Madmusée, Parc d'Avroy, 4000, Liège, Belgique. A signaler également à propos de ce musée qui se consacre à défendre entre autres ce qu'il appelle l'Art Différencié (l'art de ceux qui ont des capacités intellectuelles différentes, déficientes par certains côtés, hyper-développées par d'autres), la parution d'un catalogue de 312 pages (30€) présentant la collection du Madmusée (1998-2008), forte des oeuvres de 214 artistes et auteurs. On peut contacter le musée à info@madmusee.be .

Martin-Udo Koch , Momo, 1998, sur art-magazin.de.jpgMartin-Udo Koch, "Momo", 1998, assemblage de matériaux et objets divers, extrait du site web allemand art-magazin
4. Se termine bientôt en revanche (le 23 novembre prochain), une exposition collective "HANG-ART" (encore un des calembours avec le mot art, un ami m'a récemment signalé qu'on avait oublié dans le panel "Con'Art" aussi bien...), où parmi divers artistes contemporains régionaux (je préfère écrire cela, car "G." me surveille...), j'ai eu le plaisir de voir que l'oeuvre de Noël Fillaudeau était au programme. On sait que ce dernier, décédé en 2003, était un des disciples de Chaissac qu'il avait connu, mais qu'il ne copiait pas, son inspiration personnelle ayant opéré une sorte de transubstantiation à partir de l'oeuvre de Chaissac. On trouve son oeuvre à présent représentée un peu partout, par exemple à la galerie Objet Trouvé. Tous renseignements sur l'expo Hang'Art, cliquez ici. Cela se situe au Moulin Roty sur la commune de Saffré en Loire-Atlantique. Tél: 02 40 77 22 10. Accés en entrée libre.
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Noël Fillaudeau, sans titre, de la série des "Métamorphoses" (avant 1993), coll.privée, Paris, Ph.Bruno Montpied
5. L'abbé Coutant, éminent destinataire et ami de Chaissac, peintre aussi, dont l'oeuvre fit l'objet d'une rétrospective au musée de la Création Franche à Bègles naguère, est décédé en juillet 2008.
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6. L'Association des Amis de Benjamin Péret publie un bulletin d'information intitulé Trois cerises et une sardine. Dans son prochain numéro sont publiées entre autres des lettres inédites d'André Breton, Paul Eluard, Eugenio Granell, Benjamin Péret. Mais plein d'autres choses aussi.

7. Jean-Pierre Paraggio publie un fort magnifique recueil d'images récemment créées par lui,  le long desquelles Pierre Peuchmaurd a déposé quelques poèmes, quelques vues. Le tout s'intitule "La Nature chez elle". Imprimé sur les presses de l'Umbo (à compte d'auteur) par les auteurs, à Annemasse.

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Une image de Jean-Pierre Paraggio (obtenue par caviardage, semble-t-il, et retouche d'une image donnée)

 

 

15/06/2008

"ET POUR CELA PREFERE L'IMPAIR(E)"... UNE NOUVELLE GALERIE D'ART BRUT A PARIS

  

Entrée de la Galerie Impaire, rue de Lancry, Paris 10, ph.Bruno Montpied, 2008.jpg
La Galerie Impaire, dans la cour du 47, rue de Lancry dans le 10e arrdondissement à Paris ; ph.B.Montpied, 2008

    Longtemps je me suis défié de l'art des handicapés, tant ce que j'en voyais en France me paraissait proche de l'art des enfants, et très piloté à distance peut-être par une sorte de deus ex machina, l'animateur de l'atelier du home d'accueil, qui donnait en secret une coloration à toutes les oeuvres de ses protégés. J'entendais parler de "handicaps" avec la même indifférenciation que celle que l'on applique aux "fous", aux "schizophrènes". Pourtant, on en revient à présent de ce magma sans nuances. Il semble que l'on établit des distinctions, on découvre des cas séparés, on parle même de formes atypiques de génie...Dan Miller, photo de Cheryl Dunn, exposée à la Galerie Impaire, juin 2008.jpg La notion de handicap quant à elle semble évoluer. Si les auteurs d'oeuvres produites dans certains centres d'art devenus aujourd'hui notoires, comme Art en Marge ou la Pommeraie en Belgique, ou bien le Creative Growth Art Center à Oakland en Californie (un des plus anciens puisque fondé en 1978, il y a donc tout juste trente ans ; ses animateurs préfèrent eux parler d'incapacités ("disabilities") plutôt que de handicaps), si ces auteurs peuvent paraître d'un côté incapables de se fabriquer ne serait-ce que leurs propres sandwichs, d'un autre ils sont capables de prodiges de mémoire, avec des calendriers perpétuels dans la tête par exemple. Ils se trouvent simplement porteurs de facultés autres.

   Ce qui conduit certains d'entre eux à pratiquer naturellement l'art. Certaines techniques plutôt que d'autres (le pastel, les feutres chez John Martin et autres créateurs du Creative Growth Art Center, le textile chez Judith Scott, plutôt que la peinture à l'huile ou autres pigments peut-être, parce que plus immédiats, parce que l'esprit recherche le chemin le plus court qui va de la pensée au support?). Des créateurs de qualité incontestable ont été révélés au public ces dernières décennies, en Europe, Paul Duhem,Paul Duhem, pastel et crayon, sans titre, coll.privée, ph Bruno Montpied.jpg Oskar Haus ou Alexis Lippstreu par exemple, venus du Centre "la Pommeraie" à Ellignies-Sainte-Anne en Belgique. Depuis pas mal de temps (cela a commencé pour moi avec l'exposition montée à la Galerie ABCD à Montreuil), on entend parler des créateurs qui oeuvrent au Creative Growth Art Center en Californie, Donald Mitchell, Dwight Mackintosh, Aurie Ramirez, Judith Scott,Judith Scott, exposition Untitled à la Galerie Impaire, juin 2008, ph.B.Montpied.jpg John Martin, Kerry Damianakes, Dan Miller, entre autres (je crois qu'il y a environ 140 créateurs qui sont passés entre les murs de ce centre). Certains commencent à être fort connus, exposés à l'extérieur du monde de l'art brut même, dans des musées américains d'art contemporain. Dan Miller est rapproché par Tom di Maria du travail d'un Cy Twombly par exemple, créateur signiste.

Peinture de Dan Miller, Galerie Impaire, ph B.Montpied, juin 2008.jpg
Dan Miller, Exposition Untitled, Galerie Impaire, juin 2008, ph B.Montpied

    C'est vrai que certaines de ces oeuvres sont fortes. Ma première idée de les rapprocher de l'art des enfants (au vocabulaire plastique toujours un peu restreint, parfois cependant assez fascinant en raison de ce que les enfants parviennent à faire en dépit de ces limites précisément) n'était pas pertinente. J'ai évolué peu à peu. J'aime Duhem, Oskar Haus, Lippstreu. Aurie Ramirez m'intrigue aujourd'hui fortement. On peut découvrir quelques-uns de ses dessins dans l'exposition "Untitled" montée en ouverture de la nouvelle galerie Impaire qui vient de s'installer au 47 de la rue de Lancry (chiffre impair bien sûr) dans le 10e arrondissement de Paris (merci à "Monsieur Info" qui a eu l'obligeance de nous le signaler dans son récent commentaire).Aurie Ramirez, exposition Untitled, Galerie Impaire, juin 2008, ph B.Montpied.jpg Ce lieu est une expérience que tente le Centre d'Art d'Oakland, en jetant un pont entre les USA et l'Europe par-dessus l'océan. Etonnante et risquée tentative, mais salutaire à laquelle je pense nous pouvons souhaiter la bienvenue. On y retrouve les noms cités ci-dessus dont une sélection d'oeuvres est présentée en parallèle avec des portraits photographiques des créateurs par la photographe new-yorkaise Cheryl Dunn (magnifiques portraits qui nous changent un peu des photos de Mario Del Curto, certes fort belles mais perpétuellement exposées, à cause de cette manie paresseuse qu'ont les organisateurs d'expositions de se tourner toujours vers les mêmes recettes, les mêmes "spécialistes", les mêmes confiscateurs de parole...).

Barbara Mealey, photo de Cheryl Dunn, Galerie Impaire, juin 2008.jpg
Barbara Mealey (où s'arrête le masque?), photographiée par Cheryl Dunn, exposition Untitled, Galerie Impaire, juin 2008, Paris

     Tom di Maria nous a confié qu'il souhaite voir associées les oeuvres de ses "poulains" avec les oeuvres d'art contemporain, tant son désir est grand de voir les handicapés regardés pour leurs créations et non pas en fonction d'un handicap qui affecterait leur réception auprès des autres. Ce souhait est communément partagé par tous les animateurs d'ateliers d'art à l'usage des handicapés. Il me semble que cela dissimule aussi parfois le fait que ces animateurs sont parfois eux-mêmes des créateurs qui se tiennent en retrait et qui possèdent une culture artistique pétrie de références à l'art contemporain justement. N'y aurait-il pas (et ici je reviens à la deuxième impression que j'ai signalée au début de cette note) une influence sourde, diffuse, de cette culture non-dite sur le style des productions des créateurs accueillis dans les homes et autres centres d'art pour handicapés? Le désir de voir mêlé l'art des handicapés à l'art contemporain révélerait ainsi le désir rentré des animateurs eux-mêmes désireux de se voir rattachés, via leurs "poulains", à l'art du "mainstream"...?

Vue d'une partie de l'exposition Untitled à la Galerie Impaire en juin 2008, ph B.Montpied.jpg
Vue d'une partie de l'exposition Untitled, à la Galerie Impaire en juin 2008, de gauche à droite: Aurie Ramirez, George Wilson, Kerry Damianakes, Dwight Mackintosh, Ramon Avalos ; sur le sol une oeuvre de Judith Scott ; ph B.M.

      On en profitera pour noter ici une différence remarquable entre les créateurs de l'art brut et les créateurs modernes ou contemporains, c'est que les premiers sont toujours flanqués d'une deuxième personne qui les introduit dans le monde extérieur, d'un médiateur (écrivain, chercheur ou critique, animateur de centre d'art, collectionneur, marchand, ou que sais-je encore) qui les rendra visibles et les fera exposer, alors que les seconds peuvent très bien le faire tout seuls. Un problème de conscience en quelque sorte.

William Scott photographié par Cheryll Dunn, exposition Untitled, Galerie Impaire, Paris, juin 2008.jpg
William Scott, photographié par Cheryll Dunn ; le masque de la créature du Dr.Frankenstein, assimilée dans la langue courante à Frankenstein lui-même, n'est ici pas insignifiante, l'handicapé est-il parfois la "créature" de son animateur?
(NB: cette note a été concoctée indépendamment de notre consoeur Animula Vagula, les grands esprits se rejoignent, je m'aperçois, en insérant ma note, qu'ils ont pensé au même titre que nous dans la note qu'ils viennent de publier eux-mêmes il y a 40 minutes... Verlaine, ça nous fait au moins un point commun)

20/03/2008

Y.A.Gil, les dessins venus d'ailleurs

   Le blog a ceci de bon qu'on peut y faire des rencontres tout à fait intriguantes, en l'occurrence avec un artiste de la région de Nîmes, Y.A. Gil, qui en venant me parler de la maison d'éditions et site web qui l'héberge lui et toute une flopée d'autres artistes m'a aussi révélé, en marge de ses nombreuses activités (performances, sculpture, collages et cinéma), des dessins tout à fait remarquables.

Y.A. Gil, Marmiton, 2008.jpg

   Réalisés au stylo, ils sont nés cette année 2008, au nombre d'une cinquantaine pour le moment, après une éclipse où leur auteur s'était davantage exercé aux activités ci-dessus mentionnées. Bien sûr il est loisible d'y retrouver des influences graphiques diverses et variées, mais je préfère m'attacher à leur timbre personnel, à un certain goût du bizarre, de l'irréel volontairement assumé, tel que l'illustre cette phrase citée par un ami de Gil, Eric Garnier (auteur par ailleurs d'un Cabinet d'Eroscopie délectable, voir le site Venus d'aileurs), phrase dûe à Paul Valéry: "Que serions-nous donc sans le secours de ce qui n'existe pas?".

Y.A. Gil, Les murs roses des vents, 2008.jpg

   Ces dessins sont de format 35 x 22 cm. Une douzaine d'entre eux ont été reproduits en format A5 dans un  carnet édité en fac-similé imitant les carnets de dessin à spirale. Voir ici la page du site qui en montre la couverture.

Y.A. Gil, Cabal-Z, 2008.jpg

   Le groupe d'artistes auquel appartient Y.A.Gil édite une revue qui édite fort soigneusement apparemment, une fois par trimestre, une déclinaison de trois "livrets", le premier étant un ouvrage à système fait à plusieurs, le deuxième se consacrant à un artiste ou à un écrivain, le troisième se vouant à une réédition d'un ouvrage court "méconnu ou à redécouvrir" (William Blake, Hakim Bey par exemple...). Le n°5 de la revue devrait sortir en mai, un dépôt serait prévu à la librairie du Palais de Tokyo et une présentation aura peut-être lieu à l'Ecole des Beaux-Arts... Mais une information plus précise viendra ultérieurement.

   Affaire à suivre donc...

27/10/2007

Le vingt-huitième numéro de "Création Franche"

 

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  Le n°28 de la revue Création Franche, qui paraît apparemment deux fois l'an, vient de sortir (numéro de septembre). Au sommaire, toujours une suite d'articles sur des créateurs variés, avec ce principe maintes fois réaffirmé auparavant par le rédacteur en chef Gérard Sendrey (artiste et deus ex machina du musée éponyme de la Création Franche, situé comme on sait au 33, ave du Maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 à Bègles ; c'est aussi à cette adresse qu'on peut se procurer la revue (8€ le numéro), voir également ici le site du musée), on ne doit y parler que des vivants... Cependant, cette fois, il y a des petites entorses à la règle (mais elles sont justifiées). On parle dans ce numéro (article de mézigue, Bruno Montpied, un habitué des entorses...!) d'environnements spontanés datant "d'avant le facteur Cheval" (François Michaud, Jean Cacaud, la cave des Mousseaux à Dénezé-sous-Doué, une maison sculptée en Margeride, l'abbé Fouré -pas tout à fait d'avant le facteur Cheval celui-ci, c'était en fait un contemporain de Ferdinand- et surtout d'un certain Louis Licois et de son bas-relief très naïf à Baugé dans le Maine-et-Loire).

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Bas-relief de Louis Licois à Baugé (1843), inscription: "J'ai réussi grâce à l'Etre Suprême", (Photo B.Montpied)

   Gérard Sendrey lui-même  pratique aussi l'entorse à ses propres principes puisqu'il évoque dans ce numéro 28 la mémoire des magnifiques dessins tourmentés de Swen Westerberg, le défunt époux de Claude Brabant de la galerie l'Usine à Paris (qui défend depuis tant d'années la création imaginiste de tous bords). Il faut dire que ce principe ne s'applique pas, me semble-t-il, à des créateurs qui sont passés au milieu de nous furtivement et sans trompettes. La renommée n'a pas eu le temps d'apprendre leur existence que déjà ils s'éclipsaient. Et ils avaient très mal su faire leur propre publicité, ce qui est le péché des péchés au jour d'aujourd'hui... Autant dire que l'époque regorge encore plus que les précédentes de créateurs originaux que l'on n'a pas su remarquer. Swen est incontestablement de ceux-là. Les dessins que publie ce numéro de Création Franche, et qui ont déjà fait l'objet d'un livre édité par Claude Brabant dans le cadre de sa galerie (avec 270 dessins reproduits), datent apparemment des années 60. Moi qui ai fréquenté la galerie dans les années 80, je n'avais pas eu vent de leur existence, les dessins que j'avais alors vus ne m'ayant pas autant intrigué. L'auteur n'avait alors peut-être plus l'envie de les montrer.

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Dessin de Swen (veuillez cliquer dessus si vous voulez agrandir l'image)

    Joseph Ryczko, un vieux de la vieille dans ces domaines des arts buissonniers, nous fait découvrir des dessins très ornementaux d'une nouvelle au bataillon, Gabrielle Decarpigny, qui paraît vivre du côté des Pyrénées, dessins fort séduisants si l'on en juge par ceux qui sont reproduits ici.

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Gabrielle Decarpigny, dessins reproduits dans Création Franche

   Trois plumes venues de la Collection d'Art Brut de Lausanne, Sarah Lombardi, Lucienne Peiry et Pascale Marini occupent également le terrain de ce numéro avec des articles sur Rosa Zharkikh, sur les "travaux de dames", les textiles de l'art brut, et sur Donald Mitchell (il m'ennuie un peu celui-ci, déjà aperçu à Montreuil du côté d'ABCD il me semble...). Et que je n'oublie pas de mentionner un article également de Dino Menozzi sur l'artiste Tina San , Menozzi sur qui je reviendrai dans une note suivante de ce blog.

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Juliette Elisa Bataille, Vieille maison de Montmartre, 1949 (Photo Olivier Laffely, Coll.de l'Art Brut, Lausanne, publié dans le n°28 de Création Franche, article de Lucienne Peiry)

    Ce Création Franche est un numéro peut-être un peu plus bref que de coutume mais il contient des textes et des images qui apportent du nouveau et auront peut-être ainsi quelque chance de revenir nous hanter. 

12/10/2007

La couleur des mots

    Passant devant l'hôpital Sainte-Anne à Paris, j'avise l'affiche suivante:

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   Plus que quelques jours pour aller voir au Musée Singer-Polignac cette exposition conçue par le Centre d'Etude de l'Expression (et que je n'ai personnellement pas encore vue ; à noter qu'elle fait apparemment écho à une autre expo faite sur le même thème qui voyagea de la Collection d'Art Brut de Lausanne à la Halle Saint-Pierre). Mardi est le seul jour de fermeture, et c'est ouvert de 14 à 19h. Les oeuvres présentées proviennent de la collection de Ste-Anne, et des artistes contemporains sont présentés en parallèle qui, à ce que j'ai entraperçu sur le site du Centre d'Etude et de l'Expression, ne m'emballent pas des masses...