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26/07/2023

Rétrospective Martine Doytier en vue en décembre à Nice...

      Martine Doytier, j'en ai quelquefois parlé sur ce blog. Cela a contribué à me mettre en contact avec ses anciens fils, ami et amant. J'ai signalé ainsi le voyage qu'elle avait accompli en 1977 avec Marc Sanchez qui prenait les photos, du côté des Inspirés du bord des routes qui commençaient d'intéresser divers amateurs de poésie de grand chemin buissonnier, tout ceci en lien avec le goût des cultures alternatives.

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     Voici que s'annonce une rétrospective pour décembre à Nice, montée par Alain Amiel et Marc Sanchez. Dans cette perspective, ils recueillent grâce à un questionnaire en cinq points des témoignages de gens qui ont connu Martine Doytier de près ou de très loin (comme mézigue, qui ne l'ai jamais rencontré, mais qui ai été frappé en 1984, l'année de son suicide, par la reproduction de son affiche pour le centième anniversaire du Carnaval ; cela m'a conduit à reparler d'elle sur ce blog, en demandant, de loin, à ce que l'on daigne nous en apprendre davantage). Si vous voulez en savoir plus sur ces témoignages, c'est ici: https://martinedoytier.com/ecrits/cinq-questions-a/

      Où situer Martine Doytier, m'y est-il demandé? Pas dans l'Ecole de Nice, où elle n'était visiblement pas à sa place, ni dans l'art naïf auquel une partie de ses tableaux se rattacha pourtant à un moment, mais plutôt peut-être – mais elle était en avance là-dessus – dans l'art singulier, comme un Chaissac ou un Macréau qui furent eux aussi des précurseurs, avec d'autres (Fred Bédarride, par exemple ; Armand Goupil...).

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Frédéric Altmann à l'extrême gauche, Martine Doytier au centre tenant son chien, Anatole Jakovsky à l'extrême droite ; photo X vers 1982.

 

Vous retrouverez par ailleurs à côté de ce questionnaire le site de l'Association des Amis de Martine Doytier, avec diverses rubriques, informations, galerie d'œuvres, etc...

liste des témoignages au 26 juillet 23 suite au questionnaiee de M Sanchez.jpg

La liste des auteurs de réponses au questionnaire sur Martine Doytier, telle qu'elle était constituée à la date du 26 juillet 2023.

 

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Martine Doytier, Les autres,130 x 97 cm. collection privée, 1977; photo X.?

04/03/2023

Dessin prémonitoire d'une artiste ukrainienne

Taisiia Cherkasova, La peur donne de grands yeux, 2019 (2).jpg

Taisiia Cherkasova, "La peur donne de grands yeux" (proverbe ukrainien qui sert de titre à ce dessin), mine de plomb sur papier, 28 x 22 cm, 2019 (trois ans avant le début de l'agression russe contre l'Ukraine) ; photo et collection Bruno Montpied.

19/10/2022

"Des Pays Habitables", six numéros, et "Alcheringa", trois numéros, des revues amies à la Halle Saint-Pierre

      Cette rencontre (au sommet) de deux revues – auxquelles je participe (pour le n° 5 de Des Pays Habitables, et pour les numéros 2 et 3 d'Alcheringa) – aura lieu samedi 22 octobre prochain, à 15h dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre. Il y aura présentation de sa revue par l'animateur de Des Pays Habitables, Joël Cornuault, avec lecture de quelques textes de James Ensor par Nicolas Eprendre, et présentation de la leur – Alcheringa (Le temps du rêve, en langage aborigène d'Australie) – par trois membres du groupe surréaliste de Paris, Guy Girard, Sylwia Chrostowska et Joël Gayraud. Pour clore la réunion, qui devrait durer environ une heure (et plus si affinités), je serai également présent pour ajouter aux traits d'union entre ces revues cousines, en passant quelques images en rapport avec mes contributions dans les deux publications, contributions ayant bien sûr à voir, me connaissant – et connaissant ce blog –, avec les arts spontanés (bruts, naïfs, populaires). En l'occurrence, il s'agira d'oeuvres réalisées par divers autodidactes, certaines (celles d'Emile Posteaux, sculpteur de bouchons de champagne), datant des années 1930, d'autres plus récentes, plus ou moins en rapport avec des tentations infernales...

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Gabriel Jenny, sans titre (crèche "païenne"), terre cuite vernissée, 43 x 35 cm, années 2000 (?) ; photo et collection Bruno Montpied ; cette photo sera projetée samedi parmi 13 autres ayant un un rapport avec deux de mes articles dans les revues.

 

     Ce sera aussi l'occasion pour les deux revues de proposer à l'achat les derniers numéros parus, le 6 pour Des Pays Habitables et le 3 pour Alcheringa. Les anciens numéros seront églement disponibles bien sûr.

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Des Pays Habitables n°5, couverture et 4e de couv'.

 

     On en saura plus en consultant la newsletter des "événements" à la Halle Saint-Pierre: https://www.hallesaintpierre.org/2022/09/05/lectures/

     Pour se procurer la revue Des Pays Habitables, on peut en savoir plus en allant sur le site web des éditions La Brèche. Ce sera aussi l'occasion de consulter les autres livres toujours séduisants que cette maison édite. A signaler en particulier la réédition par La Brèche du merveilleux Journal de neiges du poète Jean-Pierre Goff (un journal tenu uniquement les jours de neige à Paris) qui n'avait pas été republié depuis 1983 (voir ci-dessous la couverture de l'édition originale de 83 – qui a malheureusement pris un "coup de soleil"–, ainsi que le dessin (fait à la carte à gratter, il me semble) que Jean Benoît avait offert à Le Goff en guise de frontispice).

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La réédition du Journal de neiges de Jean-Pierre Le Goff par La Brèche éditions, 2022.

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L'édition originale aux éditions le Hasard d'être, 1983.

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Dessin en frontispice de l'édition originale de Jean Benoît ; le petit homme moustachu sur le chemin, c'est Le Goff bien sûr.

 

28/08/2022

Guy Girard, le surréaliste de Saint-Ouen

      Guy Girard expose bientôt à la galerie associative Amarrage avec un acolyte, Thierry Pertuisot (dont je ne sais pas grand-chose, sauf que son oeuvre ne relève pas, comme celle de Guy, du surréalisme).

     Ce dernier a eu plusieurs périodes depuis le temps qu'il peint. Nous avons été quelques-uns à être frappés de ses "anagraphomorphoses", fût un temps, où des paraphes de personnages historiques figurant au Panthéon personnel de l'artiste se métamorphosaient sur la surface des toiles (il a toujours peint à l'huile sur toile, héritier de la peinture classique et de ses supports traditionnels) en images déduites des rubans d'écriture de ces signatures. Parfois, comme dans une très belle toile que je détiens de lui, le paraphe – en l'occurrence, celui de Freud – jouait à cache-cache avec des lettrines, imagées elles aussi, formant le nom de Merlin, le tout planant au-dessus de la ville de Paris, représentée selon son historique plan du XVIe siècle...

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Guy Girard, Roi d'argot (la rencontre du nom de Freud et de celui de Merlin au-dessus du ciel de Paris), huile sur toile, 30 M, 1985 ; photo et collection Bruno Montpied. Non exposé à Saint-Ouen.

     

      Guy Girard aime bien les mots rares, tarabiscotés, quasi ésotériques. De même son écriture (il est parfois aussi essayiste et théoricien) prend des tours parfois fort labyrinthiques. Il se cache derrière ou dedans, affublé d'une modestie indécrottable, tout en se faisant en interne une haute idée du rôle de l'artiste qui se confond bien sûr – selon une doxa surréaliste que je partage moi-même – avec l'image de poète. Un poète qui suit les préceptes du "Ne travaillez jamais!" surréalisto-situationniste... Sa (quasi maladive) modestie, son refus de la "ramener" – il se refuse à donner l'impression qu'il cherche à parader sur les mêmes tréteaux que les histrions, qui eux, cervelles d'oiseux, ne cherchent qu'à "communiquer" (quoi? nécessairement des contenus creux...) –,  cela a amené notre Normand (il est originaire du Cotentin) à mener sa vie, et son art, au sein d'une ombre quasi complète. Il y a ainsi en ce temps, toutes sortes de créatifs qui répugnent à sacrifier à la maladie du paraître et du spectacle médiatique qui fascinent tant les faibles d'esprit contemporains. On retrouvera ces artistes secrets sur les trottoirs des Puces, et devenus à leur tour des énigmes. Car on ne peut compter sur les brocanteurs pour vous donner des biographies...

 

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Guy Girard, Un café sur le boulevard, huile sur toile, 50 x 61 cm,, 2018 ; ph. B.M. Non exposé à Saint-Ouen.

 

      Malgré ses différentes autres périodes (tribulations de Napoléon, une période que j'ai appelée en mon for intérieur sa période "spaghetti", une période "suédoise", une autre série de peintures stylisées en 2018 (voir-ci-dessus le dragon et la tasse remplie de personnages), ou encore ses portraits doubles de 1998 – cf. les tableaux reproduits dans le n°3 de la revue du groupe surréaliste auquel il appartient, Alcheringa, numéro qui vient de sortir, voir au bas de cette note), malgré une oeuvre désormais variée et conséquente, où l'imagination n'a jamais cessé d'être au pouvoir, qui a, en effet, jamais entendu parler de notre héros¹?

 

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Guy Girard, Toyen et Victor Considérant (portrait double), huile sur toile, 1998., ph. Guy Girard. Non exposé à Saint-Ouen.

 

     L'exposition (-vente!) qui débute le 1er septembre (jour du vernissage) pour se poursuivre jusqu'au 25 de ce même mois sera donc une occasion à ne pas rater si les amateurs de peinture souhaitent en découvrir davantage... Les tableaux qui seront présentés font partie des oeuvres oniriques inspirées à Guy par son voyage en Chine d'il ya quelques années. On pourra aussi se procurer durant l'exposition  le n°3 de la revue Alcheringa, où, je le signale entre parenthèses, votre serviteur a donné un article pour défendre des inconnus de l'art, retrouvés aux Puces, et adeptes de tentations infernales.

Guy Girard et Thierry Pertuisot, "Passage du Sud-Est", exposition du 3 au 25 septembre 2022, Galerie Amarrage, 88 rue des Rosiers, Saint-Ouen, ouv. les samedis et dimanches de 14 à 19h et sur RV en semaine au 06 15 63 93 11 (c'est en lisière des Puces de Saint-Ouen).

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La revue Alcheringa n°3 sera disponible (ainsi que quelques exemplaires restants du n°1 et du n°2), pour quelques exemplaires au nombre limité, à la galerie durant le temps de l'expo, et sinon, on pourra l'acquérir auprès des éditions Venus d'ailleurs, qui l'éditent, en cliquant sur ce lien, où l'on trouvera entre autres le sommaire très varié du numéro.

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¹ Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler le texte que je lui ai personnellment autrefois consacré: Bruno Montpied, « Guy Girard, peintre d’histoire d’un nouveau genre », catalogue de l’exposition Visions et créations dissidentes au Musée de la Création franche, Bègles, du 27 septembre au 30 novembre 2003.

 

15/07/2022

André Devambez, pour en voir plus, au Petit Palais, cet automne...

     Cet André Devambez, qui nous avait intrigués au musée des Beaux-Arts de Rennes, moi et mon camarade Régis Gayraud, en 2017, m'avait poussé à mettre en ligne sur ce blog quelques images insolites incitant à en découvrir davantage. Les vues plongeantes de ce peintre, très en avance sur son temps, les illustrations de livres pour la jeunesse frappaient l'attention. Voici, pour ceux de mes lecteurs qui voudraient comme moi en savoir, et en voir, plus, que le Petit Palais à Paris a eu l'heureuse idée de faire venir une exposition (qui s'est tenue à Rennes du 5 février au 7 mai 2022), pour cet automne, du 9 septembre au 31 décembre 2022 :  "André Devambez, vertiges de l'imagination", cela s'appelle. Pour en savoir plus, on va ... C'est l'occasion, en plus de la découverte d'une peinture solide, de partir en balade dans une imagerie narrative, liée à l'illustration, notamment celle qui était destinée à la littérature jeunesse dans les années du début XXe siècle, qui a gardé beaucoup de charme jusqu'à aujourd'hui.

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André Devambez, Gulliver en tournée à Lilliput, 1909, coll. partic. galerie Talabardon et Gauthier.

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André Devambez, le Dirigeablobus, 1909 ; photo RMN-Grand Palais - Adrien Didierjean.

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André Devambez faisant une grimace.

06/07/2022

Sur les pas de Jean Dubuffet en Auvergne... et les traces des Barbus Müller/Rabany

        Une nouvelle exposition au Musée d'Art Roger Quilliot (MARQ) de Clermont-Ferrand cet été, "Sur les pas de Jean Dubuffet en Auvergne", montée par la directrice adjointe du Musée, Pauline Goutain (une ancienne membre du CRAB), invite les spectateurs à explorer les liens qui ont uni le peintre à cette belle région.

     Ce dernier était ami avec l'écrivain Henri Pourrat, que l'on sait avoir été un collecteur et un adaptateur littéraire des contes auvergnats, de même qu'un passionné du folklore. Autre écrivain avec qui il eut des relations fréquentes, Alexandre Vialatte (leurs relations ont du reste donné lieu à une exposition plus ancienne à Clermont-Ferrand, "Sur la route du Grand Magma (1953-1962)" au FRAC-Auvergne du 1er juin au 30 septembre 1991). Dubuffet vint aussi assister sa femme Lili lorsqu'elle se fit soigner au sanatorium de Durtol, ce qui l'amena durant son séjour de juillet 1954 à janvier 1955 à se passionner pour différents matériaux qu'il incorpora à ses œuvres (dont des scories, laves et pierres volcaniques, ce qui, personnellement, m'intrigue si l'on pense aux Barbus Müller, dont j'ai prouvé que leurs  pierres, taillées dans de la roche volcanique ou du granit, avaient été créées à Chambon-sur-Lac, village situé dans la chaîne des puys ; or, Dubuffet a toujours dit qu'il ne savait pas d'où ces Barbus Müller provenaient... Curieux, non? Sans doute une coïncidence...). Ses périodes picturales des "Herbes" et des "Vaches" proviennent aussi de ce séjour en Auvergne, où il se balada en auto dans la campagne, armé d'un appareil photo.

 

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       L'expo se décompose en quatre sections, selon les renseignements que m'a fait parvenir Pauline Goutain que je reprends en majorité ci-après : 

     "La première partie est consacrée aux liens qui unissent Dubuffet et le milieu littéraire et artistique auvergnat ; liens qui se cristallisent lors de son séjour au château de Saint-Genés-la-Tourette durant l’été 1945, puis lors de sa rencontre avec Alexandre Vialatte en 1947.
    La seconde mettra en avant le rôle, jusque-là passé sous silence, que Emilie Cornu-Dubuffet dite Lili a joué dans la vie et la carrière de Dubuffet. Elle mettra à jour la biographie de cette femme et la relation singulière qu’elle eut avec Dubuffet. Cette section abordera en particulier le séjour de Lili Dubuffet à Durtol et les œuvres que ce séjour inspira à Dubuffet : série des "Vaches", des "Herbes", des paysages, des "Petites statues de la vie précaire" (en particulier celles en pierre de Volvic). 
     La troisième partie se concentrera sur l’appréciation de l’oeuvre de Dubuffet par Alexandre Vialatte, à travers la notion de « grand magma », ses chroniques dans La Montagne et sa correspondance. Cette section exposera les "Hautes Pâtes" de Dubuffet, les oeuvres de sa période vençoise et de "l’Hourloupe"."
      La quatrième section portera sur les « Barbus Müller », œuvres-clés de l’Art Brut. Elle présentera leur histoire : leur collection par Josef Müller (
entre autres), l’intégration par Dubuffet à la collection d’Art Brut, leur attribution au cultivateur Antoine Rabany (1844-1919) par moi, Bruno Montpied (ma recherche, commencée en 2017, n'est pas achevée à ce jour)¹. Elle présentera également "les recherches menées par le village de Chambon-sur-Lac en collaboration avec l’Université de Rennes II depuis 2020". De nombreuses sculptures desdits "Barbus Müller" d'Antoine Rabany seront exposés, en provenance du Musée Barbier-Mueller de Genève (où elles ont déjà été exposés en 2020 avec un catalogue à la clé, où j'ai publié un essai sur mon enquête avec, pour la première fois, la photo du Barbu de Rabany encore incrusté aujourd'hui dans le mur de son ancienne maison dans le village de Chambon). Il semble aussi que cinq Barbus Müller inédits, retrouvés dans les parages de Chambon, seront exposés au musée clermontois, mais je dois dire que cette information reste pour le moment bien secrète, du moins pour quatre d'entre eux, car je suppose que l'un des cinq doit être l'essai inachevé que j'ai photographié l'année dernière dans les locaux de la mairie ( voir ci-dessous).

 

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Sculpture d'Antoine Rabany (très vraisemblablement), retrouvée par les services de la mairie de Chambon-sur-Lac dans un dépôt de matériel où elle était à l'abandon ; il est fort possible que le sculpteur ait cassé la tête et donc abandonné la pièce, pour la refaire avec une autre pierre (voir ci-dessous cette pierre, conservée par le Museum of Everything à Londres, qui, à mon avis, est le second essai que Rabany sculpta après la première version ratée...).

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Barbu Müller/Rabany, tel qu'il apparaissait avant d'aller au museum of everything, reproduit par Dubuffet dans le fascicule n°I de 1947 consacré aux Barbus Müller ; elle possède un petit "chapeau" triangulaire qui a disparu au fil du temps.

 

     Il semble que je doive avoir des successeurs suite à ma découverte de l'identité de l'auteur des Barbus Müller (que j'avais commencé d'exposer sur ce blog même), des successeurs qui, pour le moment, ne se montrent guère diserts à mon égard, en ne me faisant pas part de leurs propres recherches, qu'ils exposent cependant au cours de conférences sur place à Chambon ou de projets universitaires (comme celui de Barbara Delamarre dans le cadre de l'INHA), recherches qui découlent pourtant directement de mes propres découvertes...

     En tout cas, si vous voulez voir plusieurs de ces "Barbus Müller" sculptés par Antoine Rabany (j'ai l'intuition que les plus belles pièces rangées sous ce sobriquet proviennent en effet toutes du paysan Rabany, surnommé le Zouave dans son pays), courez à Clermont-Ferrand les voir. Ce n'est pas souvent qu'on peut en trouver d'aussi nombreux rassemblés en France (la dernière fois, c'était au LaM de Villeneuve-d'Ascq).

 

Exposition 8 juillet – 30 octobre 2022. Musée d’art Roger-Quilliot, Clermont Auvergne Métropole, Place Louis Deteix, 63 100 Clermont-Ferrand. Commissaire scientifique et général : Pauline Goutain, directrice adjointe MARQ et docteur en histoire de l’art. Un catalogue, édité par les éditions In Fine paraît à cette occasion, avec notamment un  mien article, nouveau, sur les Barbus Müller et Rabany, que je mets en rapport avec d'autres sculpteurs autodidactes de la même époque, eux aussi dans le Massif Central.

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¹ Bruno Montpied viendra le samedi 9 juillet à l'Université d'été de la bibliothèque Kandinsky au 4e niveau du Centre Georges Pompidou (salle de l'Ecole Pro ou dans la Bibliothèque Kandinsky même) raconter les moments-clés de son élucidation de l'auteur des Barbus Müller, le paysan Antoine Rabany, avec sa localisation à Chambon sur Lac au début du XXe siècle. C'est sur inscription, mais des auditeurs libres peuvent venir suivre les débats. Voir ICI pour le programme général.

14/03/2022

Une nouvelle technique du sieur Darnish : le « coinçage »

 

     C’est en voulant tuer le temps alors que j’attendais du côté de la place Monge à Paris que j’ai coincé ma première image dans le vieux volet d’une boutique qui avait tout l’air d’être abandonnée.

Coinçage 1 éclairci (2).jpg

Darnish, coinçage, place Monge, Paris, janvier 2022.

 

     Assis sur la fontaine de la place Monge je venais de découper un bonhomme sur un marque-page légèrement cartonné. Tout en le découpant soigneusement, je me disais que j’allais pouvoir en faire quelque chose, l’abandonner quelque part plutôt que le mettre directement à la poubelle...

     Comme il était cartonné, il ne se prêtait pas vraiment au collage. De toute façon je n’avais pas de colle sur moi. Sur le coup, je ne voyais pas à quoi il allait servir, le poser sur un rebord de trottoir ? Le glisser entre un pare-brise et son essuie-glace ? Le garder des mois au fond de mon sac ?

      Ce n’est qu’en rejoignant mon rendez-vous qu’en passant devant cette boutique au volet usé, fendu par endroit, que m’est venu l’idée de l’y coincer. La rigidité du carton me permettait de forcer un peu et de l’enfoncer vigoureusement dans une fente du bois.

       Bien coincé, le bonhomme en noir et blanc donnait l’impression de se pencher pour voir la rue, comme on se penche à la fenêtre pour voir qui arrive. C’était mon premier « coinçage » !

 

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Darnish, coinçage, avec un personnage de Bosch, Paris, février 2022.

Darnish, autre coinçage avec Bosch, Paris, février 2022. Coinçage 3 près_edited (2).jpg

 

      De retour à la maison j’ai trouvé de vieilles images cartonnées (condition sine qua non pour réitérer l’opération) de Jérôme Bosch. Ces trognes inquiétantes m’ont semblé parfaites, comme sortant déjà de quelque part, comme pointant déjà leur nez d’une fissure. Elles ont été rejointes par des anges de Giotto, et par quelques autres visages aussi, au gré des trouvailles (personnages de Dürer, de Van Eyck entre autres).

 

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Darnish, coinçage avec Bosch, Paris, février 2022.

Darnish, coinçage, avec Giotto, Paris, février 2022.

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Coinçage 8 près_edited (2).jpg

Darnish, coinçage avec Giotto, Paris, février 2022.

Darnish, coinçage avec Van Eyck, Paris, février 2022.

Coinçage 11 près_edited (2).jpg

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Darnish, coinçage avec Dürer (peut-être), Paris, février 2022.

 

      Et c’est en me promenant avec ces quelques amis en carton dans mon sac que j’ai coincé, à Paris et au Havre ces quelques images que le Poignard Subtil a la gentillesse de montrer ici.

 

Darnish. Mars 2022

02/02/2022

Dictionnaire du Poignard Subtil

Poignard-gaulois-(Encyclopé.jpg

Professionnel (de l'art):

      "Il n'y a rien de pire que de vivre comme un professionnel. Imaginez un poète qui écrit des poèmes en se demandant s'il peut faire appel à un éditeur pour obtenir des droits d'auteur et combien. C'est une destinée terrible qu'en tant que peintre, j'ai toujours essayé d'éviter. Il n'y a rien de pire que de tenir mon pinceau et de penser à celui qui achètera ma peinture. Qu'est-ce que j'éprouve alors? De l'inquiétude et non de la joie. C'est là que la peinture s'arrête et que commence le commerce. En peignant, en m'amusant, en étant heureux, je donne une fête pour moi-même. Tout le reste est une affaire de corruption, de liquidation, de prostitution. Il n'y a pas de différences lorsqu'une femme se maquille pour sortir dans la rue ou en boîte de nuit et trouver un client. C'est la même chose que fait le "professionnel" qui pense à vendre et être séduisant."

     ( Slavko Kopac, extrait d'un entretien avec Mirko Galić, publié dans Fabrice Flahutez, Pauline Goutain, Roberta Trapani, Slavko Kopac, éd. Gallimard, janvier 2022).

28/11/2021

C'est parti pour Fatima-Azzara Khoubba à la Galerie Dettinger-Mayer

     J'en remets une couche pour inciter tous les Lyonnais et autres à aller voir les nouveaux dessins de Fatima-Azzahra chez Dettinger (du 27 novembre 2021 au 1er janvier 2022), œuvres proposées pour les Fêtes, à mettre dans toutes les hottes, toutes les bottes, entre deux oranges, surtout si l'on manque d'idées de cadeaux cause pénuries diverses...

 

FAK 5 (2).jpg

Oeuvre de Fatima-Azzahra Khoubba (son titre n'a pu être retenu par moi, en raison de son aspect un peu "cabalistique" (il est composé de lettres détachées, dont je n'ai pas saisi le sens)

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Fatima-Azzahra avec un admirateur, ph. non référencée, arch. Galerie Dettinger-Mayer, 2021.

 

     Falaises, découpures bleues, ocellées, sont ses dernières créations (curieux comme les yeux envahissent Fatima en ce moment, jusqu'à ces boucles d'oreille ocellées arrachées à la queue d'un paon, qu'elle portait à la séance de signature de son recueil de poèmes, Nuit intranquille, signé seulement de son deuxième prénom, Azzahra, le jour du vernissage de son exposition). Falaises, si on les regarde dans le sens vertical qu'elle préfère, mais, à l'horizontal, on songe aussi  à une cartographie de pays imaginaire, archipel ou continent aux côtes crevées de déchirures. Et sur tout cela, des yeux qui pullulent, dardant vers ceux qui les regardent.

podcast

"Eternelle saison", poème d'Azzahra lu par elle-même, décembre 2021.

 

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Fatima-Azzahra Khoubba campant fièrement devant ses œuvres devant les objets africains épars dans la galerie d'Alain Dettinger, 2021, archives Galerie Dettinger-Mayer.

 

04/10/2021

Info-Miettes (38)

Bientôt un livre consacré à Pierre Albasser

Les emballements de PA, Le TqF.jpeg      Quelle chance a Pierre Albasser. Un éditeur de talent a décidé de consacrer une monographie à sa ludique production artistique, toute d'expérimentations diverses – j'ai nommé les Editions Le Temps qu'il Fait, de Georges Monti, déjà connues pour avoir publié divers livres en rapport avec la création spontanée de divers autodidactes (les livres de Charles Soubeyran – Les Révoltés du Merveilleux –, de Patrick Cloux, de Denis Montebello, la correspondance de Gaston Chaissac avec l'abbé Coutant...). C'est prévu pour novembre prochain, avec des contributions, de votre serviteur, mais aussi de GEHA (son "archiviste et impresaria" comme dit l'éditeur), de Pascal Rigeade, Dino Menozzi, Denis Montebello, etc - voir le lien que j'ai mis ci-dessus renvoyant au site du Temps Qu'il Fait. Le livre est actuellement en souscription (jusqu'au 19 novembre, notamment pour le tirage de tête – 50 ex. numérotés, accompagnés d'un dessin original sur carton d’emballage, signé par l’artiste). Ah... Je suis jaloux!

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Six peintures de Pierre Albasser.

 

"Dans un pli du temps", une exposition chez Art et marges, à Bruxelles, avec, entre autres, Serge Paillard

dessin pour Ds le pli du temps AetM, 2021.JPG

Serge Paillard

      Du 7 octobre 2021 au 13 mars 2022, "Profitez d’une expérience contemplative hors du temps ! La brèche ouverte par l’exposition "Dans un pli du temps" invite à une réappropriation de la lenteur. Découvrez des œuvres réalisées dans une infinie patience, qui évoluent au fil de l’exposition ou convoquent d’autres temporalités." Parmi les artistes ou créateurs exposés, je relève notamment les noms de Serge Paillard, souvent évoqué et défendu sur ce blog, mais aussi de Augustin Lesage, Fanny Viollet, Joseph Crépin, Juliette Zanon, Kunizo Matsumoto,  Lionel Vinche, Raphaël Lonné, ou encore des travaux anonymes venus d'un HP belge... Cet éloge de la lenteur, ceci dit, j'ai l'impression d'en avoir déjà entendu parler ailleurs (ne serait-ce pas à la galerie d'ABCD à Montreuil, à côté de Paris, il y a quelques années? Mais oui, cela eut lieu en 2013, et cela s'appelait "De la lenteur avant toute chose", et le commissariat en avait été confié à Marion Alluchon, Emilie Bouvard, Camille Paulhan, Sonia Recasens et Septembre Tiberghien... ; on trouvait déjà dans cette dernière exposition au moins un exposant en commun - Kunizo Matsumoto). Pour lire le dossier de presse, c'est par ici.

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Une peinture sans titre de Juliette Zanon, 30 x 40 cm, vers 2016 (?), photo et collection Bruno Montpied.

 

Une autre exposition de Pape Diop

     On se souviendra  peut-être que j'ai déjà signalé ce créateur, actif dans un quartier déshérité de Dakar, nommé Pape Diop. Je l'avais découvert dans une première expo qui avait été montée par Sophie Bourbonnais dans sa galerie parisienne de la Fabuloserie. Voici qu'il est à nouveau présenté, cette fois à la Galerie du Moineau Ecarlate d'Eric Gauthier, au 82 rue des Cascades dans le 20e ardt. La galerie du moineau écarlate et Yaatal Art présentent:
Pape « Médina » Diop
Du 7 octobre au 20 novembre 2021.

Un petit film tourné par Modboye, la personne qui suit Pape Diop, dans un montage d'Eric Gauthier, est disponible sur Viméo (il y en a un autre après):

Musique (à signaler, pour Darnish, entre autres): Lee Scratch Perry, qui vient de nous quitter, un vrai créateur musical proche de l'art brut, et initiateur de la musique reggae)

 

J'aime beaucoup l'oeuvre de Frank Lundangi

     Nouvelle exposition de Lundangi dans la galerie qui l'expose régulièrement à Paris, la Galerie Anne de Villepoix. Là c'est déjà commencé depuis le 30 septembre, et c'est prévu pour durer jusqu'au 30 octobre. Titre de l'expo "Eclosion". C'est aussi le titre d'une des oeuvres délicates de l'artiste (qui vit en France, sur les bords de Loire).

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Franck Lundangi, Eclosions, Aquarelle et encre sur papier, 102 x 67 cm, 2020, ph. Galerie Anne de Villepoix. 

Galerie Anne de Villepoix, 18 rue du Moulin Joly 75011 Paris. Tél: +33 1 42 78 32 24 et +33 9 80 53 23 47 info@annedevillepoix.com . Ouverture Du Mardi au Samedi, de 9h30  à 18h30.
 
 
 
"Bruts et Raffinés II" à la galerie d'Hervé Courtaigne, rue de Seine (Paris 6e)
 

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      "A cette occasion, vous pourrez découvrir l'œuvre majeure de l'artiste spirite Victor Simon (1903-1976), à savoir le panneau droit, récemment retrouvé, du triptyque "Cosmogonie" de 1955. Le pendant gauche de cette oeuvre est conservé au  LaM en tant que dépôt de l'Union spiritualiste Phocéenne. Quant à son panneau central, il a été présenté lors de l'exposition "Reviendra-t-il ?" à la galerie Hervé Courtaigne en automne 2020."
 
L'expo dure jusqu'au 16 octobre, notez-le... Et soulignons aussi qu'à cette occasion, la galerie expose des œuvres de notre vieil ami Gaston Mouly (1922-1997). Peu fréquent depuis sa disparition...  
 
 
 
Lucienne Peiry sort un livre sur Armand Schulthess chez Allia
 
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A noter: Lucienne Peiry sera à la Halle Saint Pierre, à Paris, le samedi 20 novembre de 15h à 17h pour une présentation de ses dernières publications sur l’Art Brut (Nanetti, Ecrits Bruts...).
 
 
 

26/02/2021

"Ogres et croquemitaines" se termine le 7 mars

       C'est – il faudra bientôt dire "c'était" – une de ces expositions fantômes comme il y en a pas mal ici et là dans notre beau pays, que seules les mouches auront vue, hormis quelques visiteurs au début, à son ouverture ou à son vernissage l'été dernier. Le Musée d'Art Naïf et d'Arts Singuliers de Laval qui l'a(vait) montée en propose in extremis une visite virtuelle (avec plutôt de l'art plastique contemporain et de l'art singulier, mais pas du tout d'art naïf...). Moi, j'ai horreur de ce type de visite, d'habitude (ça ne remplacera jamais le contact direct avec les œuvres, bien sûr). Mais là, c'est un peu un pis-aller, compris comme cela, je pense, par la communication et le commissariat de l'expo. Cherchez bien si vous voyez les quatre petites peintures de Bruno Montpied accrochées entre les deux salles principales de l'expo... Enfin, si ça vous intéresse, bien sûr : https://musees.laval.fr/360-ogres-et-croquemitaines/index...

 

Déjeuner de la petite ogresse (Le) | l'école des loisirs

Album d'Anaïs Vaugelade

Ogre ou ogresse, qui sont-ils? - Babzman

Une ogresse d'Anne Van der Linden...

16/11/2020

Benjamin Deguenon

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Carton recto-verso de l'exposition à la galerie Dettinger-Mayer qui aurait dû se tenir en novembre 2020, en plein reconfinement... Et qui n'aura été vue que de rares privilégiés (pas de prolongement de prévu, car d'autres artistes attendent derrière).

 

     Ce n'est pas les fermetures de galeries pour cause de confinement qui m'empêcheront de présenter les  découvertes des uns et des autres galeristes bien inspirés, comme Alain Dettinger à Lyon dont je soutiens régulièrement l'action, les recherches, les propositions d'artistes qu'il ne cesse de recueillir ici et là, avec sa curiosité tous terrains. En l'occurrence, il présente actuellement un très intéressant artiste béninois qu'il a rencontré à Cotonou, Benjamin Deguenon, que l'on pourrait ranger tout à fait dans un art brut contemporain

 

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Benjamin Deguenon, dessin au stylo Bic sur papier, série "Irréalités", 2020. Image reprise d'Instagram.

 

           Ce dernier semble avoir commencé en 1996 si l'on suit le site web de l'Agence Dekart (béninoise sans doute) où ces propos sont attribués à l'artiste : "Je pourrais dire que j'ai commencé en 1996 sans m'en rendre compte que c'est de l'art que je faisais."

 

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Benjamin Deguenon, dessin au stylo Bic sur papier, série "Irréalités", 25 x 32,5 cm, 2019. Image reprise d'Instagram.

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Benjamin Deguenon, Dispute, dessin au stylo Bic sur papier, série "Irréalités", 2017. Image reprise d'Instagram.

 

     Le CV que l'on trouve également sur internet (sur un blog à son nom, probablement animé par une connaissance de l'artiste, mais qui ne paraît plus avoir été continué depuis 2013) fait remonter sa première exposition à 2000 à Abomey dans une "Maison des arts contemporains" de la ville. Il n'y a pas d'écoles d'art au Bénin, si bien que, si l'on y pratique l'art, ce ne peut être qu'en autodidacte. Dans un méli-mélo des créateurs bruts avec les artistes contemporains locaux. Deguenon paraît avoir travaillé parmi des artistes plus ou moins complices avec la vedette artistique locale, Dominique Zinkpé (dont les œuvres, personnellement, ne m'impressionnent guère). Un nom d'artiste dont les lecteurs de ce blog se rappelleront peut-être, car je l'ai déjà évoqué relativement à un autre créateur appelé Monlemé Gladys, également béninois. Je disais dans la note que je lui avais consacrée en 2015 qu'il créait "quelque peu dans l'orbite d'un autre artiste de là-bas, déjà pas mal "lancé", le dénommé Dominique Zinkpé, créateur d'un centre culturel, qui lui-même a parmi ses influences admises le peintre d'origine haïtienne Jean-Michel Basquiat." Je soulignais dans la même note le côté déstructuré des compositions de ce dernier artiste.

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Benjamin Deguenon, dessin au stylo Bic sur papier, série "Irréalités", 25 x 32,5 cm, 2019.Image reprise d'Instagram.

 

           Or, cette "déstructuration" on la retrouve quelque peu chez Benjamin Deguenon, où toutes sortes d'objets, de formes, de fragments, notamment de morceaux de corps, parfois saignant, suintant, tranchés, amputés, flottent dans le vide de la feuille. L'artiste tente de rassembler ces éléments en les structurant comme il peut. D'où les troncs sans feuillage, parfois semblables à des potences, les fils à la patte ou aux poignets reliant les corps les uns aux autres, les queues traînantes servant de délimitation de sol, les serpents ou les bras démesurément allongés comme autant de traits cherchant à stabiliser les compositions...

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Benjamin Deguenon, dessin de 2019. Image reprise d'Instagram. Que représente-t-elle? Une artiste en train de façonner deux statuettes d'homme et femme, tandis que traînent à ses pieds toutes sortes d'objets comme autant de déchets au-dessus desquels l'art se dresse...?

 

                    Benjamin Deguenon paraît bien empêtré dans son environnement de "vieilles tôles, débris d’émaux colorés, fils en cuivre, ramassés dans la « jungle urbaine » puis percés, cousus, poncés, vernis et assemblés pour recréer l’espace de la toile." (Fabiola Badoï, sur un site web parlant de l'artiste). Il s'est essayé de manière peut-être un peu trop éclectique, dans une précipitation brouillonne, à diverses formes d'art, le dessin (la série "Irréalités") ne paraissant être apparu que récemment. Il a fait des assemblages à base de matériaux glanés recyclés. Il a fait des décors pour des pièces de théâtre. Il a pratiqué la peinture, l'aquarelle, les encres, le pastel, sans que ce que j'ai vu sur le Net puisse me convaincre que ce soit là le médium le plus idoine à ce qu'il veut exprimer.

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Benjamin Deguenon, assemblage peint, 2017. Image reprise d'Instagram.

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Benjamin Deguenon, aquarelle, 2019. Image reprise d'Instagram ; on voit dans cet exemple que c'est surtout le dessin qui donne de la force à l'image, les couleurs étant presque superflues.

 

             C'est qu'au Bénin, comme dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, l'art surgit au carrefour de diverses influences. Des autodidactes purement inspirés doivent probablement composer avec le voisinage d'artistes locaux cherchant à se mesurer aux artistes occidentaux dont les réussites économiques doivent évidemment en fasciner plus d'un. Cela doit être difficile de maintenir sa ligne d'inspiration dans un tel environnement, pressé par les sirènes d'un succès possible dans le domaine de l'art (même genre de sollicitation que dans le domaine du sport, voir ce joli film intitulé Le Ballon d'or). La réputation de "l'art brut", qui pénètre progressivement en Afrique (voir le cas de Pape Diop que j'avais évoqué sur ce blog au début de l'année) vient en outre se surajouter à cette pression – un autre cas de créateur béninois est apparu dans ce corpus avec Ezéchiel Messou, réparateur de machines à coudre, obsédé par elles et les dessinant de façon obsessionnelle  au point de les sublimer en des compositions devenues étranges, voir ci-dessous).

 

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Ezéchiel Messou, sas titre (machine à coudre "Lucind"), stylo Bic sur papier, 29,7 x 21 cm, vers 2019; ph. et coll. Bruno Montpied.

 

              Benjamin Deguenon, en dépit de tous ces vents divers, semble avoir dégagé malgré tout sa voie au milieu des sirènes de l'arrivisme, grâce notamment à ses dessins de la série qu'il a intitulée "Irréalités" (qui auraient pu tout aussi valablement se nommer "surréalités", d'ailleurs). C'est le mérite d'Alain Dettinger de l'avoir remarqué en le présentant dans sa galerie de la place Gailleton, en lui offrant sa première exposition personnelle¹ en France.

_____

¹ Benjamin Deguenon a certes fait des expositions d'échange, en 2012, en collaboration avec l'Association des Artistes de Belleville, à Paris et à Cotonou, mais il semble que ce soit avant tout dans le cadre d'expos collectives.

26/10/2020

Du nouveau pour la mémoire de Martine Doytier

     M. Alain Amiel m'a écrit – suite aux notes que j'avais consacrées à cette artiste – pour me signaler la constitution d'une Association des Amies et Amis de Martine Doytier, forte à l'heure où je trace ces lignes de cent adhérents (pour en faire partie, cliquer ici). Cela fait beaucoup d'amis... Cela s'accompagne de la création d'un site web  entièrement consacré à elle: http://martinedoytier.com/.

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Martine Doytier "enchaînée" sous les essuie-glaces d'une camionnette, de Ben apparemment (je dis "apparemment" car la photo – extraite du site des Amis de M.D. – n'a pas de légende, me semble-t-il).

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Martine Doytier avec son chien "qui n'aimait qu'elle", photo extraite du site web des Amis de M.D ; elle paraissait bien défendue...

 

      Sur ce site, on trouve un lien vers Instagram avec des photos d'œuvres retrouvées ainsi que des portraits de Martine Doytier, cette artiste qui fut classable un temps dans l'art naïf (elle fréquenta Frédéric Altmann et Anatole Jakovsky) et aussi dans une forme d'art visionnaire (assez tourmenté). Les photos représentent, me semble-t-il, souvent des détails de peintures (pour avoir le titre, les dimensions de la totalité du tableau il faut cliquer sur l'icône montrant un schéma de maison en haut de l'écran, je dis ça pour les Nuls dans mon genre que l'on a oublié d'initier aux arcanes d'Instagram). Est frappante cette grande peinture sur triptyque, que l'artiste laissa inachevée après son suicide en 1984, une sorte de portrait grouillant, visionnaire, des différents protagonistes de la vie artistique niçoise que côtoya Martine Doytier (voir ci-dessous).

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Triptyque de Martine Doytier (inachevé), Autour de Nice, avec son autoportrait en peintre vers la droite.

 

          Dans la première Newsletter de l'Association, je retiens la déclaration suivante au sujet des peintures non encore répertoriées de Martine Doytier : "Nous avons lancé une opération de recherche pour tenter de retrouver certaines des œuvres qui ne sont pas localisées ou qui nous sont encore inconnues ! Peu à peu, nous avançons, mais il y a encore beaucoup à faire ! A ce jour, environ une soixantaine d’œuvres est identifiée dont moins de la moitié est localisée. Cela veut dire que nous en connaissons les propriétaires et que nous sommes donc en mesure de documenter les œuvres, voire d'en demander le prêt lorsque nous organiserons une exposition." Le but de ces recherches et de la fondation de l'association est bien de construire le catalogue raisonné de l'œuvre de cette peintre restée si longtemps dans l'ombre de l'Ecole de Nice. C'est ce à quoi s'est attelé Alain Amiel, en même temps qu'à une biographie actuellement en chantier, quoique bien avancée.

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Martine Doytier, peinture au titre non identifié, 2F, huile sur Isorel, 1952, collection Jean Ferrero (que je remercie de me l'avoir montrée), ph. Bruno Montpied.

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Verso de la peinture précédente, coll. Jean Ferrero, ph. B.M.

 

     "Un appel est donc lancé à tous ceux qui détiendraient des documents ou des informations permettant de retrouver les œuvres de cette artiste." (Site web de l'association). Pour transmettre d'éventuelles infos inédites sur cette artiste, il faut écrire à : <catalogue.martinedoytier@gmail.com>. Un numéro de téléphone est aussi disponible pour ceux qui préfèrent causer de vive voix: +33 6 08 91 56 24.

      Qu'on se le dise.

12/09/2020

Ogres et croquemitaines à Laval

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Affiche de l'expo avec en illustration Michel Hénocq, le bien Malotru.

 

      Dans sept jours, ouvre au Musée d'Art Naïf et d'Arts Singuliers du Vieux Château, à Laval (Mayenne), une exposition à la thématique réjouissante pour l'imagination. Les ogres, et – revendiquons la parité hommes/femmes – les ogresses (les castratrices?), les croquemitaines, toutes ces figures destinées à faire peur pour des raisons éducatives paraît-il – venues de nos profonds souvenirs inconscients –, dérivent depuis nos rapports enfantins avec le monde des adultes, et des parents en particulier. Papa, Maman, sont les premiers géants, et parfois les premiers ogres et ogresses. C'est finalement les rapports de domination basés sur l'épouvante que veut illustrer cette exposition proposée par Antoinette Le Fahler, directrice du musée, et son équipe. Le musée ne communique pas pour l'instant sur les artistes qui ont été sollicités pour cette manifestation : j'ai appris, à l'heure où j'écris ces lignes, qu'il y aurait déjà au moins Danielle-Marie Chanut, Anne Van Der Linden, Joël Lorand, Denis Dubois, Hélène Duclos (travail fort intéressant sur lequel j'espère pouvoir un jour revenir) et Murielle Belin (ainsi que mézigue). Dans l'ensemble, on est allé pas mal du côté de plasticiens contemporains plutôt que de l'art singulier.

      Voici l'argument de l'exposition tel que présenté par le musée:

      "L’Ogre, figure populaire alimentant les frayeurs enfantines, symbolise à la fois la puissance paternelle, les violences familiales, le totalitarisme ou les prédateurs sexuels. Le thème de la dévoration présent depuis toujours dans toutes les civilisations est largement traité dans la littérature, les bandes-dessinées, les arts plastiques et visuels. L’exposition "Ogres et croque-mitaines" propose un regard sur la création contemporaine à travers une diversité d’expressions plastiques relevant des Arts Singuliers, de la Nouvelle Figuration, de l’Expressionnisme contemporain ou de la Pop Culture."

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Bruno Montpied, L'Ourson dans le ventre, 30,5 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2019 (présenté dans l'exposition "Ogres et croque-mitaines" de Laval) ; ph. Bruno Montpied.

 

         La volonté de faire peur aux enfants, par exemple ceux qui sucent leur pouce (une des bases proposées dans l'étymologie du mot "croque-mitaine" – qui peut s'écrire avec ou sans tiret – consiste à suggérer que l'enfant qui s'entête à sucer son pouce va provoquer l'arrivée du mangeur de doigts...), est à l'origine d'une immense cohorte de personnages tous plus angoissants les uns que les autres, énumérés dans une liste donnée sur Wikipédia (le Babau, le Bonhomme sept-heures, L'Homme au Crochet,  le Spétin – qui se cache dans le brouillard et les lieux sombres –, El Coco, la Mano Negra,  les Nòchtgròbbe, corbeaux de la nuit..., la vieille Chabine dans le Berry, la Mère Tire-Bras en Sologne, le Picolaton,  etc...). La palme, selon moi, que je décerne spontanément, revient à la "came-cruse" gasconne, à l'apparence de jambe munie d'un œil à son genou, courant à travers les rues à la recherche des enfants désobéissants...

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Attention, le Coco arrive..., Francisco de Goya, 1797.

 

      Mais si personnellement, je peux faire attention à l'usage "éducatif" qui fut fait (et que l'on fait toujours) de ces épouvantails à enfants (on lira avec intérêt le petit livre de la folkloriste Nicole Belmont, Comment faire peur aux enfants, paru il y a plusieurs années (1999) au Mercure de France)ogres et croquemitaines,musée d'art naïf et d'arts singuliers de laval,géants,parents et enfants,ogresses, j'ai tendance dans mes dessins à traiter le thème avec désinvolture, oscillant entre la représentation horrifique volontairement poussée et le rendu grotesque et moqueur. Les ogres et ogresses sont souvent ridicules à mes yeux, la plupart du temps. Quatre de mes dessins en couleur figurent dans l'exposition du musée de Laval. Dont les deux que je mets en illustration ici.

 

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Bruno Montpied, Cherchant le Petit Poucet, 24 x 17 cm, technique mixte sur papier, 2011.

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Au vernissage, le 18 septembre, des "Ogres et Croque-mitaines", ph. Bruno Montpied.

29/08/2020

"Le Génie des Modestes" au Centre Emmaüs d'Esteville, avec votre serviteur

      On peut s'amuser à comprendre ce terme, "le génie des modestes", comme un jeu qui consisterait à repérer parmi les cinq artistes sélectionnés par Martine Lusardy pour le Centre Emmaüs d'Esteville, au nord de Rouen, le génie en question...! Car la formule est - involontairement - ambivalente... Alors qu'en réalité, il s'agit de présenter une sélection de créatifs modestes... ne disons pas "humbles", parce qu'au moins deux d'entre eux ne le sont guère (je vous laisse deviner lesquels). "Modestes", terme que l'on pourrait aussi interpréter comme légèrement réducteur, si on ne le prenait pas plutôt comme l'indice d'une sincérité dans l'acte de création.

 

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Les flyers, les communiqués de presse, du fait du report des dates de l'expo, sont devenus caducs, car pas réimprimables à volonté...

 

      Cette manifestation, prévue initialement du 1er avril au 30 juin 2020, a été reportée à des temps moins difficiles en terme de visite d'exposition, soit du 1er septembre au 15 novembre 2020 prochains (ouverte tous les jours de 10h à 18h). Elle présente les œuvres de Pierre Caran, Guy Colman Hercovitch, Demin, Namithalie Mendés et Bruno Montpied (votre serviteur).

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Pierre Caran, L'homme visionnaire, 30 x 24 cm, 2006, ph. et coll. Bruno Montpied.

 

        Pierre Caran, j'ai déjà eu l'occasion d'en parler à quelques reprises sur ce blog, Je renvoie donc les lecteurs à ces notes précédentes. Je ne connais pas le travail de Guy Colman dont je crois deviner cependant que comme certains nouveaux réalistes d'autrefois il aime les objets usés par le temps. Demin, j'ai aussi parlé de lui dans mes anciennes notes, lorsqu'il avait été exposé à la galerie d'Alain Dettinger à Lyon.

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Demin, sans titre (une sirène), vers 2017, ph. Demin.

 

       Namithalie Mendés, c'est une découverte de la librairie de la Halle Saint-Pierre où j'avais été frappé par ses dessins d'une grande ingénuité, ceux d'une enfant perpétuée à l'âge adulte en raison sans doute dans son cas d'une complexion psychologique particulière. Sa saga graphique (commencée à l'âge de dix ans et jamais interrompue depuis ; elle est née en 1994) raconte par séquences diverses sa vie réelle, et rêvée apparemment, manifestant un amour très profond de l'observation des autres êtres humains dont elle rapporte les dialogues dans d'innombrables bulles très vivantes. J'ajoute qu'elle ne veut pas laisser partir définitivement ses productions loin d'elle, car elle y est viscéralement attachée. De tous les créateurs ici exposés, elle est la seule à pouvoir entrer véritablement dans la catégorie de l'art brut.

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Namithalie Mendés, deux dessins aux feutres et crayons sur papier, exposés à la librairie de la Halle Saint-Pierre du 1er au 30 juin 2019.

 

       Quant à moi, je ne vais pas me présenter (à d'autres de le faire...), on peut toujours se reporter au photoblog que je tiens depuis 2013 en colonne de droite sur ce blog où j'égrène diverses productions de manière chronologique. Je dirai seulement que j'expose au Centre Emmaüs douze dessins, tous de mêmes dimensions (aux alentours de 32 x 24 cm, encadrés en 40 x 30 cm) dont celui ci-dessous. Ils sont tous disponibles à la vente.

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Bruno Montpied, Le Samouraï échoué, technique mixte sur papier, 31 x 23 cm, 2019.

 

*

POINT PRESSE :
Mardi 15 septembre, le Centre Emmaüs donnera rendez-vous aux pigistes et journalistes locaux qui le souhaitent afin qu'ils découvrent "Le génie des modestes", en visite accompagnée, à 17h.
UNE MANIFESTATION "La grande bouquinerie : foire aux livres solidaire", aura lieu le dimanche 27 septembre 2020 à 16h au Centre Emmaüs. Ceci démarre à 9h et finit à 18h. 

ADRESSE: Centre abbé Pierre - Emmaüs. Lieu de mémoire, lieu de vie, Route d'Emmaüs - 76690 Esteville
tél : 02 35 23 87 76 - port : 06 28 27 65 04. www.centre-abbe-pierre-emmaus.org

L'exposition, organisée sous le commissariat de la Halle Saint-Pierre, est ouverte tous les jours de 10h à 18h. 

29/07/2020

Un portrait du célèbre Facteur cavalant...

     J'ai réagi avec une sorte d'esprit de l'escalier vis-à-vis d'un portrait insolite que je n'avais fait qu'entrevoir il y a plusieurs mois de ça (et quand je dis "entrevoir", c'est-à-dire voir avec l'inconscient...). J'avais fait une note sur des statues d'Alfonso Calleja, de Gujan-Mestras, retrouvées par moi, en compagnie de deux amis, dans un stand d'antiquaire aux Puces de St-Ouen. On peut la retrouver ici. Sur la première photo mise en ligne sur mon blog on voit, derrière une statue d'Indien la main sur le front en position de guetteur, les deux amis en train d'observer quelque chose cachée derrière un mur. Je la remets ci-dessous.

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Photo Bruno Montpied, 2019.

      Agrandissons l'arrière-plan....

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     Ils ne regardent pas en effet un objet posé sur la table à gauche. Ce dernier aurait dû attirer mon attention tout autant, sinon plus, que les statues de Calleja. Mais ces dernières me surprenaient, venues jusqu'à St-Ouen depuis le Bassin d'Arcachon. Et je ne pouvais faire face à deux surprises en même temps...

      Je décidais d'y repasser peu avant le déferlement du Covid. Et cette fois je me concentrai sur le personnage représenté. Un facteur pour le buste, et un cheval pour le reste du corps... Un centaure d'un genre spécial, un facteur... cheval... Comme aurait dit l'inspecteur Bourrel: "Bon sang, mais c'est bien sûr!". J'étais devant un portrait inédit du Facteur Cheval. Le rébus de l'homme-cheval, était pour le coup charmant, modelé avec grâce. La technique – un modelage en terre cuite colorée réalisée avec du mouvement et, simultanément, de l'instantanéité – servait fort adéquatement le portrait à base de calembour. Je ne fis ni une ni deux, j'acquérais l'objet.

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Sans titre inscrit sur l'œuvre, ailleurs appelée "Le Centaure", 45 x 20 x 32 cm, photo et coll. B.M.

 

      Par la suite, il me revint qu'un autre artiste, Laurent Jacquy, avait lui-même eu cette idée de figurer ainsi le Facteur, dans l'effigie d'un timbre imaginaire conçu par lui. Cela venait vite à l'imagination ce genre d'image.  Rancillac, de son côté, avait préféré superposer le museau d'un cheval au portrait du Facteur, de manière à ce qu'un troisième œil lui apparaisse au milieu du front. C'était, à mon goût, une image plus plate.

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Laurent Jacquy, timbre imaginaire.

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Affiche d'expo  "Avec le Facteur Cheval" au Musée de la Poste, en 2007, faite d'après Rancillac.

 

     Une signature était inscrite en creux dans l'encolure, à la lisière du dos plus clair, avec une date : "Serge Castillo,  26 jan 2007"... Cela, c'est mon camarade Régis Gayraud, expert en farfouillages sur la Toile, qui le reconstitua, car la signature manuscrite, qui avait été gravée dans la terre quand elle était encore encore molle, était d'emblée dure à lire. L'antiquaire de St-Ouen prétendait ne pas savoir le nom de l'artiste. Or, en cherchant un peu sur le Web, on retrouvait la trace de l'objet, intitulé par une autre marchande, bordelaise, "le Centaure". facteur cheval,centaure,serge castilloAvec quelques précisions sur Serge Castillo, sculpteur contemporain, actif à une époque du côté d'Uzès dans le Gard (mais aujourd'hui ayant un atelier, semble-t-il, plutôt du côté de Belle-Ile-en-Mer), ayant exposé – tout se tient – au Palais Idéal du Facteur Cheval en 2005, comme il est signalé sur son site internet à la rubrique "parcours du sculpteur". Un artiste contemporain certes, qui n'a rien de naïf ou de brut, d'un autre temps pourtant, aux portraits fort sensibles, souvent consacrés à des gens simples venus du peuple, portraits d'écoliers, d'immigrés espagnols fuyant la répression franquiste (cet artiste d'origine espagnole doit avoir quelque souvenir de ce côté-là...). Je dois dire que j'admire sans la moindre réticence, notamment, ses portraits, toujours en terre polychrome, par exemple Rimbaud, Adam et Eve, si proches de personnes vivantes d'aujourd'hui, Carmen, et autres sculptures telles qu'on peut les découvrir sur son site internet.

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Serge Castillo, Rimbaud (et son paletot idéal?)

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Serge Castillo, Adam et Eve.

15/07/2020

Le musée de proximité de Tamaya Sapey-Triomphe

     Tamaya, je l'ai rencontrée à la suite de mon film sur Eric Le Blanche. Petite-fille de la cousine d'Eric, ayant connu enfant ledit Eric en accompagnant son père Frédéric, artiste numérique apparaissant dans le film que j'ai écrit (Eric Le Blanche, l'homme qui s'est enfermé dans sa peinture, mars 2019), elle avait envie de découvrir le film et plus généralement des informations sur l'art brut et consorts (notamment pour documenter une émission qu'elle s'apprêtait à faire sur Radio-Nova le lundi en début de soirée).

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Attroupement le 10 juillet 2020 devant le Musée de Proximité d'Angerville ; ph. Bruno Montpied.

 

     Récemment, pour son diplôme de fin d'études en architecture, elle a monté durant trois grosses semaines, à Angerville, "en dessous" d'Etampes, un projet un peu 'pataphysique, un "Musée de Proximité".

Plan 2 du musée de proximité d'Angerville (avec légendes BM).jpg

Plan dessiné par Tamaya Sapey-Triomphe, légendé par Bruno Montpied.

Dispositif 2 du périscope (2).jpg

Le périscope vu de l'intérieur ; ph. B.M.

 

     Ayant "squatté" – très légalement, en respectant tout un cahier des charges côté agence immobilière et instances administratives du lieu – un cabinet de coiffure abandonné depuis 25 ans, elle y a installé un dispositif bricolé à base de planches et de cartons. L'idée étant de présenter à 5 mètres du trottoir, visible par un petit trou tracé dans un badigeon de blanc d'Espagne (ou de Meudon, ou de Bougival, etc.), et au bout d'un "périscope" géant, une œuvre ou un objet ayant de la valeur pour son auteur ou son prêteur (seul donc à faire le choix de ce qui serait présenté, dans une politique "muséale" ultra démocratique donc).

Une spectatrice essaye le trou du périscope (2).jpg

Une spectatrice colle son œil à l'œilleton de la vitrine de gauche ; ph. B.M.

Le dresseur d'auréole de BM au bout du périscope (à 5 m)(2).jpg

Ce que voyait la spectatrice ci-dessus, un dessin en couleur de Bruno Montpied, Le dresseur d'auréole (2020), placé cinq mètres plus loin au fond de la boutique ; ph. B.M.

La vitrine de la collection permanente du musée de proximité (2).jpg

Dans la vitrine de droite du "musée", la collection "permanente" ; ph. B.M.

 

      Cet objet n'était destiné qu'à rester un seul jour au bout du périscope (voir vitrine de gauche de la boutique). Après quoi, il passait dans la vitrine de droite, appelée la "collection permanente". Une permanence tout éphémère en réalité, puisque le musée de proximité devait s'arrêter le 14 juillet...

Le Dresseur d'auréole, 32x24cm, 2020 (2).jpg

Bruno Montpied, Le Dresseur d'auréole, Série des "Auréolés", 32 x 24 cm, 2020.

 

     J'ai été heureux de m'associer à ce projet, pour le principe, en prêtant un de mes dessins récents, Le Dresseur d'auréole, pour la seule journée du 10 juillet. En dépit du fait que, malgré le concept généreux que mettait en application le projet de Tamaya Sapey-Triomphe – accoucher d'un musée qui serait le fait de tout un chacun, un musée sans conservateur, reflet de la multiplicité des goûts culturels des prêteurs, en évolution permanente, un musée de l'immédiat, comme il y a un art de l'immédiat –, l'idée restait assez chimérique, intellectuelle (ce qui n'est pas un gros mot sur mon clavier), partageable par peu de gens, car mettant en jeu une sorte d'avant-plan culturel finalement assez complexe. Comme pour l'art de l'immédiat, si la production pouvait relever de l'immédiat, la réception, elle, ne l'était pas à tout coup...

     Mais au fond, peu importait, l'idée était belle, et la réalisation hors du commun par ces temps moroses de peu d'inventivité, et de peu de poésie. Grâces en soient rendues à la prometteuse et tonique Tamaya.

TST à l'entrée de son musée de proximité, le 10 juil 2020 (2).jpg

Tamaya S-T. à la réception de son musée de proximité, un peu semblable à une voyante tireuse de cartes ; ph.B.M.

14/06/2020

François Jauvion et son panthéon singulier

      L'imagier singulier de François Jauvion, graphiste, "maquettiste pour l'industrie à l'origine", dixit Françoise Monnin qui signe l'introduction du livre – après une préface de Michel Thévoz –, est une sorte de Panthéon des admirations de l'auteur pour des auteurs d'art brut, des artistes d'art singulier ou moderne, ainsi que de quelques auteurs de bande dessinée (Gotlib), édité par Le Livre d'Art (également propriétaire du magazine Artension) et la galerie Hervé Courtaigne. Pas d'art naïf dans ce choix (on ne trouvera pas le Douanier Rousseau, pas plus que Bauchant, Vivin, Peyronnet, Séraphine, ou encore Bombois), si ce n'est Germain Van der Steen (mais ce dernier est parfois plutôt rangé du côté de l'art brut).

L'imagier singulier de FJ.jpg

Sur la couverture du livre, l'auteur s'est auto-portraituré, entouré de ses outils de graphiste, plus quelques éléments de son atelier suppose-t-on...

 

     Son titre, où je remarque surtout le mot d'"imagier", fait référence, de manière lointaine, aux imagiers pour enfants (qui servent à l'apprentissage du vocabulaire). Au centre de chaque planche, du reste, distribués autour de la figure centrale du créateur, présenté nu (sans être ressemblant particulièrement au véritable auteur traité : les voyeurs en seront pour leurs frais, on ne voit pas les anatomies d'Aloïse Corbaz, de l'abbé Fouré ou de la charmante Caroline Dayot, entre autres...), sont étalés les accessoires caractéristiques des vedettes de ce panthéon.

Carton de présentation du livre.JPG

Les planches originales du livre de François Jauvion seront exposées à la Galerie Courtaigne, rue de Seine dans le VIe ardt à partir du mardi 16 juin jusqu'au 19 juin ; une signature de l'artiste y sera possible durant cette période ; le 20 juin, le samedi, à partir de 14h, l'artiste sera ensuite à la Halle Saint-Pierre, qui inaugurera ainsi son premier événement post-confinement.

 

      Pour André Pailloux, dont j'ai signé dans ce livre la présentation, par un court texte placé en vis-à-vis de la planche à lui consacrée, rare auteur d'environnement populaire spontané présent dans cette sélection (on compte aussi l'abbé Fouré, le Facteur Cheval, Stan Ion Patras et ses stèles sculptées du cimetière roumain de Sapinta dans le Maramures, Petit Pierre – à ne pas confondre avec Pierre Petit, également présent dans ce livre), est ainsi entouré par les moulinets colorés, hypnotiques, dont il a hérissé son bout de jardin en Vendée et dont mes livres, Eloge des Jardins Anarchiques et le Gazouillis des Eléphants, ont déjà parlé ; il apparaît également dans une séquence de Bricoleurs de paradis, le documentaire que j'avais co-écrit avec Remi Ricordeau).

Mosaïque du panthéon Jauvion.JPG

 

     Le livre de Jauvion se situe dans un art hésitant entre la bande dessinée et le roman graphique, rempli de déférence à l'égard de l'art brut (en revanche, les personnalités choisies pour illustrer l'art singulier me paraissent choisies avec moins d'acuité ; il paraît y avoir prime à ceux qui font avant tout acte de présence sur les tréteaux, mais leurs oeuvres sont-elles si intrinsèquement valables que semble le croire François Jauvion?). 

06/01/2020

Petra Šimková la galerie 35, Institut français à Prague

     Petra Šimková est une artiste qui se sert de la photographie pour des photomontages numériques, parfois retouchés avec des outils de peintre ou de graphiste. Ils illustrent des thématiques diverses. Un des sujets de travail qui l'a fait  primitivement remarquer, ce sont ses autoportraits nus et métamorphosés, où elle recherche un au-delà du corps qui exprimerait plus véritablement les facettes variées de sa personnalité, l'identité multiple de sa chair et de sa personnalité.

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© La Transformation, photo Petra Šimková, 2017.

  

     C'est une quête qui s'apparente quelque peu à celle du surréaliste allemand  Hans Bellmer, avec ses "jeux de la Poupée" et ses photos de son modèle Unica Zurn dont il avait, par ligotage de cordelettes (voir ci-contre),petra simkova,captive insaisissable,photomontage numérique,autoportrait,nus,photographie surréalisante créé une image démultipliée et métamorphosée du corps. Comme le peintre Bernard Dufour qui, n'ayant pas de modèle à sa disposition au début de son œuvre, s'était pris lui-même pour modèle nu, Petra Šimková a choisi son propre reflet, certes nu au départ, qu'elle transcende ensuite à l'aide de divers artifices, utilisation d'accessoires à la prise de vue, retouchage par ordinateur, et parfois aussi par surlignage graphico-pictural. Cela ne va bien entendu sans un certain érotisme sous-jacent...

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© Photo (autoportrait) de Petra Šimková retravaillant ses photos, septembre 2019.

 

     L'ensemble de ce travail sur la recréation de sa représentation, elle l'a nommé "Captive insaisissable" (sur une suggestion que je lui fis voici plusieurs années pour ce qui n'était à l'époque qu'un travail d'étude ; à noter aussi qu'elle sortait d'un apprentissage dans une école des métiers du verre). Elle est, en apparence, captive de nos regards, ainsi que du cadre de la photo, alors que, simultanément, son apparence ne cesse de s'échapper en se transformant, se réfractant en des centaines d'éclats parfois kaléidoscopiques, où l'œil voyeur ne parvient jamais à la saisir dans une nudité réaliste fixe.

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Le sixième sens, © photo Petra Šimková, 2018.

 

     Parallèlement à ce thème, elle est aussi une artiste qui se passionne pour une forme d'abstraction colorée, et des paysages urbains sublimés, eux aussi pour révéler une sorte d'outre-paysage, une outre-ville, un outre-monde bâti à partir du décor de nos vies quotidiennes.

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La nuit est la plus jeune, © photo Petra Šimková, 2018.

 

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Carton d'invitation à l'exposition "Insaisissable" à la galerie 35.

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      Après avoir publié très récemment (2019) un magnifique ouvrage d'art sur elle-même, avec des textes de présentation de Terezie Zemánková, et de votre serviteur, Bruno Montpied, elle va bénéficier entre le 10 janvier et le 9 février 2020 d'une exposition à la galerie 35, situé dans l'Institut français de Prague, où elle vit une partie de son temps, le reste de l'année se passant plutôt dans l'île de Bali (voir le témoignage qu'elle me donna à propos de la créatrice brute Ni Tanjung, témoignage dont j'ai parlé dans une note précédente). On peut, si on veut voir plus d'œuvres, se reporter à son site web.

30/11/2019

Info-Miettes (35)

Dominique Lajameux à la Fabuloserie-Paris

    Dernière exposition à la Fabuloserie de la rue Jacob (qui se termine le 7 décembre, dépêchez-vous...), une dessinatrice de première force, très sensible, très acharnée, inconnue de moi jusqu'à présent. Elle a déjà été exposée dans le cadre de différents festivals d'art singulier, chez Hang-Art ou à la galerie Polysémie notamment. Le carton d'invitation sur le web ne nous en dit pas grand-chose, en dehors d'un beau texte poétique de l'artiste. A voir et à découvrir en tout cas.

Dominique Lajameux, nov 19.jpg

D.Lajameux

 

La compagnie l'Excentrale...

     Le terme de "Massif excentral" que j'avais inventé naguère pour une série de notes sur divers lieux, facéties et créateurs insolites du Massif Central a été repris, avec mon blanc-seing, par de jeunes musiciens auvergnats qui se sont réunis, en plusieurs groupes, dont un, les Tzapluzaires, fait également écho à une autre de mes anciennes recherches, et sous la bannière, si j'ai bien compris d'une seule compagnie, l'Excentrale. Plus de renseignements sur leurs concerts, les groupes, les tournées, voir ce lien...

Tzapluzaires.JPG

    Par ailleurs, les Tzapluzaires collaborent de temps à autre avec le violoniste Jean-François Vrod, dont j'ai eu l'occasion de citer son intérêt pour diverses formes d'art brut ou singulier populaire, dans une note de ce blog, en 2012...

Mariage musical avec une taille de bois...

 

Un surréaliste peu connu d'après-guerre, Pierre Jaouën

 

      J'ai rencontré il y a plusieurs années Anne-Yvonne Jaouën, qui était une amie du critique d'art Charles Estienne. Elle avait été amenée à héberger dans sa maison de famille à Ploudalmézeau certains des artistes (notamment Krizek) qu'Estienne, critique d'art proche des surréalistes, invitait à séjourner dans la région finistérienne chez lui à Argenton. Des artistes (ceux que je préfère) tels que Toyen, Krizek, Fahr-el-Nissa Zeid, ou Marcelle Loubchansky, ou bien (je les goûte moins) René Duvillier, Jean Degottex, Serge Poliakoff, tous visiteurs que certains historiens de l'art moderne ont rangés par la suite sous l'étiquette d'"Ecole des Abers", du nom de ces bras de mer qui découpent la côte dans cette région. Anne-Yvonne, après m'avoir montré des peintures magnifiques qu'elle possédait de Toyen (des vues des bords de mer appelés estrans revisités par l'imagination picturale de l'artiste tchéque), me parla de son frère qui était peintre, mais elle ne me montra aucune reproduction de son œuvre. Un jour, simplement, en feuilletant la revue Le surréalisme même (n°2, 1957), je suis tombé sur un dessin (encre?) de ce frangin, prénommé Pierre.lajameux,fabuloserie-paris,l'excentrale,tzapluzaïres,massif excentral,pierre jaouën,arts situés,trinkhall,ni tanjung,collection de l'art brut,biennale théâtres,georges bréguet

      Je la trouvais intéressante, mais si seule, oubliée ainsi dans un coin de la revue, n'ayant pas nécessité plus de prolongement, du coup, je ne m'appesantis pas davantage. Voici que l'occasion est donnée d'en apprendre plus sur le talent de cet artiste discret, peu mis en lumière par l'histoire de l'art moderne (cependant, on lira l'intéressante notice insérée sur Wikipédia, très complète, qui parle de lui et des peintres défendus par Charles Estienne). Il fait un peu partie de cette famille de peintres ou poètes qui vivaient dans le sillage du surréalisme après-guerre, abritant leur talent dans une ombre nécessaire, comme Jacques Le Maréchal, ou Yves Elléouët,  ce dernier étant un proche de Jaouën, comme me l'a signalé Marc Duvillier, spécialiste des artistes d'Argenton apparemment...

Pierre Jaouën, page de Mélusine avec Emmanuelle K..JPG

Une page extraite du livre d'artiste Mélusine d'emmanuelle k. (pseudonyme voulu sans majuscules) et Pierre Jaouën, image copiée du film Mélusine (38 min.).

 

     La galerie Hébert en effet, 18, rue du Pont Louis Philippe, près du métro Saint-Paul à Paris, héberge une exposition des planches d'un livre commun d'emmanuelle k. et de Pierre Jaouën (disparu en 2012), dont le texte a donné également lieu à un "oratorio pop" avec la participation des jazzmen Emmanuel Bex, Simon Goubert et François Verly (il existe un coffret avec DVD d'un film sur le livre, CD de cet oratorio et un livret). Ce livre est une réussite dans le domaine du livre d'art, ne serait-ce que par l'harmonie, la fusion de la disposition typographique avec les structures portantes, aquarellées, de Pierre Jaouën, qui rappelle, quoique dans un autre ordre d'idées au point de vue thématique, les livres de Guy Debord et d'Asger Jorn. Mais, même s'il est donné ici d'en voir un peu plus sur cet artiste qui se révèle, par prédilection semble-t-il, un paysagiste "abstrait", on aimerait que la même galerie ait l'idée de nous proposer par la suite une exposition entièrement et seulement consacrée à lui.

Expo du 27 novembre au 15 décembre 2019.

 

Un nouveau label dans le genre "prise de tête", les arts "situés"... A traduire du belge

"COLLOQUE : PENSER LES ARTS SITUÉS, 04, 05 & 06 décembre 2019. Cité Miroir - Espace Francisco Ferrer - ULiège - Accès libre"... voici l'annonce que j'ai reçue ces jours-ci en provenance de l'anciennement nommé MadMusée de Liège. Car ce musée, décidément pris d'une fièvre onomastique incontrôlée, a décidé aussi de se débaptiser et de s'appeler désormais Trinkhall... Pourquoi pas? D'autant qu'ils ont  désormais un nouveau bâtiment avec 600 m2 de surface pour exposer au mieux les oeuvres (souvent fort intéressantes) produites par différents handicapés mentaux (et trinquer dans le hall?). Mais pourquoi ce nouveau label d'"art situé"? Totalement ésotérique, si ce n'est parfaitement creux? Voici le laïus qui est servi par le musée pour expliciter, si possible le nouveau label:

    "La notion d’arts situés définit la politique muséale du Trinkhall. Elle repose sur un mode de perception et de compréhension des œuvres qui intègre la dimension fondamentale de leurs environnements : une œuvre d’art est un système de relations localisées dont l’expression esthétique est le moyen et l’effet. Toute œuvre d’art, en ce sens, est située. Mais certaines, plus que d’autres, étant donné leur apparente singularité ou leur relative marginalité, font entendre plus fortement la voix de leur situation.

 

4e Biennale de l'Art Brut: Théâtres, à la collection de l'Art Brut à Lausanne, avec entre autres Ni Tanjung...

    Du 29 novembre 2019 au 26 avril 2020, prend place une 4e biennale thématique à Lausanne, après "Corps", "Véhicules" et "Architectures". Cette fois, c'est le "théâtre" au sens de "performances", analogies avec les marionnettes, voire déguisement... La référence en creux au théâtre d'ombres indonésien du Wayang kulit a par exemple incité les commissaires d'exposition à y exposer Ni Tanjung à laquelle le LaM avait déjà pensé dans le cadre de son exposition "Danses".

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Georges Bréguet, l'anthropologue suisse qui s'est instauré protecteur de Ni Tanjung, la faisant connaître en Occident, 28 novembre 2019.

 

Anselme Boix-Vives en visite en Suède

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     Information tardive! Boix-Vives n'en finit pas de voyager à travers le monde. Une exposition lui a été consacrée du 26 mai au 15 septembre dernier avec la complicité du Centre Vendôme pour les arts plastiques au musée d'art d'Uppsala, en Suède donc... La manifestation comprenait 140 peintures et dessins ainsi que – chose inédite – quelques œuvres de ses petits-enfants Philippe et Julie Boix-Vives. 

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Julie Boix-Vives, la danse des échelles ; on est loin de l'œuvre du grand-père...

 

Et Anne-Marie Vesco, vous connaissez?

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Anne-Marie Vesco, Tête de profil, A-M.Vesco, huile et pastel sur paper, 78 x 63 cm, 2003.

 

Cette artiste dessine fort bien les éléphants. C'est déjà un bon point pour elle. Elle expose bientôt du 3 au 15 décembre dans une galerie, Le Génie de la Bastille (126 rue de Charonne dans le XIe ardt parisien), des petits formats. Vernissage samedi 7 décembre de 16 à 20 h et finissage dimanche 15 aux mêmes horaires. La Bastille...? Il y a encore un rapport avec les éléphants en plus (voir Hugo et son Gavroche).

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Anne-Marie Vesco, des mini formats...

 

22/05/2019

Info-Miettes (33)

"Zoographie", sur l'animal dans l'art, à Fontcouverte (Aude)

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     Jean-Louis Bigou, l'animateur du blog sur "l'Art Improbable dans l'Aude et ses alentours" (voir en particulier sa note de mars dernier sur les poupées de Mme Ska présentes au musée du Jouet à Figueras en Espagne que l'on avait pu admirer pendant une expo sur "les Poupées" à la Halle St-Pierre il y a quelques années), annonce une expo sur un bestiaire illustré par de "l'art brut", art actuel (pour ne pas dire art contemporain?), art ethnique (pour ne pas dire "art primitif"), pour réfléchir sur les rapports entretenus par l'homme avec l'animal, longtemps considéré comme une machine, incapable de sensibilité et de capacités cognitives, voire d'une certaine forme de conscience. Cela dit, miam c'est bon, le cochon.

De l'individualisme dans l'art populaire, un article d'E.Boussuge dans la revue L'Autre Côté

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Sommaire du n°4 de la revue L'Autre Côté.

     Emmanuel Boussuge, dans le n°4 de cette revue qui se consacre à remettre en question une certain nombre de penseurs français consacrés (Foucault, Deleuze, Badiou, etc.), auxquels elle reproche un certain goût pour le vocabulaire abscons et des théories critiquables, a synthétisé deux notes qu'il avait naguère publiées sur ce blog (voir ici et ). Il illustre ses propos comme sur ce blog par des exemples pris dans les croix de chemin, les linteaux du Cantal et les sculptures de François Michaud, tailleur de pierre que j'ai, on s'en souviendra, maintes fois défendu.
      Pour prouver l'individualisme présent dans l'art populaire (et remettre en cause la thèse selon laquelle ce dernier doit être envisagé comme une masse de signes  culturels codifiés uniformes, il serait peut-être plus convaincant de rassembler – dans une somme dont la diversité ferait de fait davantage autorité – d'autres cas d'individualistes créatifs et populaires, pris dans d'autres secteurs de l'art populaire, et pas seulement dans les croix de chemins et autres linteaux.   
    Par ailleurs, on ne peut pas non plus passer sous silence qu'il y a bien de l'uniformité pour une grande part de l'art populaire, en raison de la pression sociale, des habitudes, des règles de l'artisanat, de l'habitude de copier les uns sur les autres, et sur les artistes de la ville que l'on démarquait en les réduisant naïvement... Au sein de la culture artistique populaire, les individualistes, à mon avis, restent des êtres d'exception (Nicolas Bouvier le met particulièrement en lumière dans son livre sur l'art populaire suisse – voir son édition chez Zoé) qui se détachent au milieu d'une production populaire respectueuse de divers "cahiers des charges" (pas nécessairement ennuyeuse du reste, malgré son "uniformité"). 
       Ces individualistes, présents dans différentes catégories d'art populaire, il faut les recenser, avant de passer à la polémique... 
 
Les 40 ans du sauvetage du Manège de Petit Pierre à la Fabuloserie, le 25 mai prochain à Dicy
 

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     La Fabuloserie à Dicy (Yonne) communique:
    Pierre Avezard (1909-1992) dit Petit Pierre – atteint d'une maladie génétique qui déforme son visage et rend toute communication orale très difficile – quitte très tôt l'école et travaille comme garçon de ferme. Bricoleur de génie, il crée son Manège avec du bois, de la tôle découpée, des objets de récupération et l'anime grâce à un ingénieux système de courroies et d'engrenages. Le dimanche, le public était accueilli sur le terrain pour découvrir ce chef d’œuvre de l'art populaire. Vieillissant, Petit Pierre ne peut plus en assurer l'entretien et le Manège est en danger.

    Après de nombreuses péripéties, il est accueilli à La Fabuloserie en 1987 par Alain Bourbonnais, qui en entreprend le patient démontage et transport, avec une équipe de bénévoles. Il décède malheureusement l'année suivante et ne verra pas le résultat de ces efforts. En 1989, reconstruit à l'identique et restauré, le Manège est inauguré dans le parc du musée.

 Pour célébrer cette aventure, La Fabuloserie propose une exposition photographique des grands moments de l'épopée et vous invite bien entendu à admirer le manège en activité avec une animation toutes les heures.
    Par ailleurs, le spectacle "Petit Pierre", mis en scène et joué par Maud Hufnagel, se déroulera dans la salle polyvalente du village (10€/adulte ou 5€/enfant en sus à régler sur place avec réservation obligatoire par mail à lafemme@loeilabarbe.fr).

   Enfin, la collection permanente de plus de 1000 œuvres a fait l'objet d'un nouvel accrochage, avec la mise en avant de superbes dessins de Jaber dans le "Tunnel".
  Pour clôturer la journée de façon conviviale, une collation sera offerte aux visiteurs par l'équipe du musée. 

Autocar Paris - Dicy
Samedi 25 mai:
Départ 10h30 Porte d'Orléans (derrière station Total)
retour à Paris vers 20h30.
servation obligatoire sur fabuloserie89@gmail.com
Chèque 30€/personne (trajet+visite)
à l'ordre de: La Fabuloserie
à adresser :52 rue Jacob 75006 Paris

   

 

 

 

 

    Si l'on vient par ses propres moyens à l'heure du repas, il faut prévoir son pique-nique (solution de repli à l'abri en cas de mauvais temps). Un autocar depuis Paris est prévu (voir ci-contre), mais je ne sais s'il reste encore des places.

Pascale Roux et Sarah V. chez Alain Dettinger à Lyon

     Alain Dettinger est un grand défenseur des artistes féminines, comme on sait. J'ai reçu deux nouveaux cartons illustrant ce fait. L'un reproduit un dessin à l'encre sur carton intitulé "Santa Rata penada" (Sainte rate punie?) de Pascale Roux, faisant partie d'une expo sur le thème de "l'amour à mort", curieuse image semblant représenter une sorte de chauve-souris aux ailes tatouées de silhouettes masculines (d'anciens amants?), des enfants la flanquant de part et d'autre, un autre lui sortant  par le bas...

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Pascale Roux, Santa Rata Penada, 100 x 70 cm, encre sur carton, 2018.

    L'autre, me plaisant davantage, reproduit comme une vulve sublimée par des couleurs vaporeuses, résultant d'un dessin aux crayons de couleur, cependant intitulé "Ventre glacier"... Là, l'expo a deux thèmes: "Vierges ouvrantes" et "traversées". Tout un programme...

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Sarah V., Ventre glacier, 34 x 34 cm, crayons de couleur sur papier, 2018.

 

Du samedi 8 juin au 29 juin 2019, 4 place Gailleton, Lyon 2e ardt, tél 04 72 41 07 80.

Une grande exposition de plasticiens contemporains et singuliers à la Coopérative Collection Cérès Franco à Montolieu, "Croqueurs d'étoiles"

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Vue extérieure de la Coopérative Collection Cérès Franco, photo © Jacques-Yves Gucia.

 

   Françoise Monnin, par ailleurs rédactrice en chef de la revue Artension, est commissaire d'exposition à Montolieu (Aude) pour une expo réunissant 86 artistes sur le thème du voyage dans la Lune (nous sommes à 50 ans de l'arrivée de l'homme sur la Lune en 1969 ; une autre expo, très différente, et il faut bien le dire, bien moins vivante, est aussi montée sur le même thème au Gand Palais à Paris), conçu de manière extensive, tourné davantage sur l'évocation imaginaire et métaphorique de l'astre. L'expo est intitulée "Croqueurs d'étoiles". Car l'adage ne le dit-il pas, les artistes ont la tête dans les étoiles...

    Il y a à boire et à manger dans ce rassemblement, mais si l'on se fonde sur la mosaïque affichée sur le site web de la Coopérative, l'ensemble reste fort stimulant. Voici un tout petit choix (on se réfère au lien à la ligne précédente pour en découvrir plus) :

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Art populaire mexicain, sans titre, bois peint, Collection Cérès Franco.

jean-louis bigou,zoographie,bestiaire dans l'art,emmanuel boussuge,l'autre côté,art populaire individualiste,madame ska,fabuloserie,petit pierre,galerie dettinger,pascale roux,sarah v.,art féminin Mirabelle Dors, Consensus, Plâtre et pâte fixés sur bois, 38 x 45 x 2 cm, 1975, Collection Cérès Franco.

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Eli Malvina Heil (il me semble que cet artiste a été montré au Musée de la Création franche de Bègles, me trompé-je?), sans titre, peinture vinylique sur toile, 55 x 73 cm, 1974, Collection Cérès Franco.

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Jeannine Mongillat, Sans titre, collage et papier mâché, 24 x 34 x 9cm, 1990, Collection Cérès Franco.

 

    On y aperçoit en particulier un large panorama des nouvelles créations d'André Robillard, qui, à l'évidence, ne sont plus de son seul fait, et bénéficient de l'aide souterraine du collectionneur qui le mécène. Robillard, ce n'est plus de l'art brut, mais une nouvelle forme d'art contemporain ayant couché avec l'art brut, quelque chose d'hybride. Le langage autonome de Robillard se brouille dans ces réalisations un peu trop maîtrisées, je trouve.

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André Robillard (et autres?), OVNI Fusée martienne, 15 x 39 cm, 2012, collection particulière.

 

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André Robillard (et autres?), Soucoupe volante, 150 x 350 x 350 cm, feutres sur bois, 2008, collection particulière.

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André Robillard (et autres?) et une partie de ses assemblages, 1999-2019, collection particulière photo © FL-Alain Machelidon

"Les Croqueurs d'étoiles", Coopérative collection Cérès Franco, Montolieu, du 20 avril au 3 novembre 2019. 

Jano Pesset à l'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier tout l'été

    Paris avait pu admirer certaines de ses oeuvres il n'y a pas si longtemps à la Fabuloserie-Paris. Il y était en compagnie de quelques trop rares oeuvres de son épouse Loli. C'est au tour de Montpellier de pouvoir aller admirer son travail, des assemblages de bois de lierre et de noisetier travaillés et teints où se détachent des personnages drolatiques et des inscriptions diverses, philosophico-anarchisantes, durant tout l'été. A noter la remarquable notice que lui avait consacrée Laurent Danchin, reproduite sur le flyer d'annonce de l'exposition (voir ci-dessous, mais pour le lire mieux voir ici le PDF).

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     Jano Pesset (né en 1936) incarne un type d'artiste d'origine populaire qui s'est fait artistiquement en solitaire (un prolo self-made man...), ayant rompu avec les formes usuelles dans l'art populaire, et influencé par les cultures véhiculées par les révoltes de mai 68. Il a exposé dès le départ avec la Fabuloserie, dont il est un des artistes emblématiques.

13/02/2019

"Je peins parce que je rêve", un beau titre pour une nouvelle exposition de Guy Girard

      Guy Girard est un peintre dont j'aime très souvent le travail, selon les diverses périodes qui dominent son inspiration. Je possède plusieurs de ses toiles ou gravures. En ce moment il est à nouveau la proie d'une série de peintures remarquables, généralement en petit format. Il s'est passé avec le temps une décantation où l'essentiel de ses thèmes, de sa démarche vient converger de façon à la fois limpide, mystérieux et ludique. Il a de la technique, il connaît merveilleusement bien la couleur et son emploi, et il garde cependant un graphisme doux avec un zeste d'enfance, qui pourrait l'associer à un surréalisme naïf. Le voici qui nous propose une nouvelle exposition.

Guy Girard, l'énigme à marée basse, 2018 (2).jpg

Guy Girard, l'énigme à marée basse, huile sur toile, 30 x 30 cm, 2016, ph. et coll. Bruno Montpied.

Gy girard, titre non relevé (corps en lévitation), vers 2016 (2).jpg

Guy Girard, La chambre de l'horizon ontologique, huile sur carton,, 27 x 35 cm,  2018, ph. B.M.

Guy Girard, La Belle au crâne dormant, II-2015 (2).jpg

Guy Girard, La Belle au crâne dormant, huile sur toile, 33 x 41 cm, février 2015, ph. B.M.

Guy Girard, titre non relevé (le couple ds une tasse), vers 2016 (2).jpg

Guy Girard, Le détour du printemps, 24 x 33 cm, huile sur toile, 2015, ph. B.M. (cette œuvre sera exposée à l'Usine).

Guy Girard, titre non relevé (paysage avec Chinois), vers 2016 (2).jpg

Guy Girard, La cascade des papillons, 92 x 73 cm,, huile sur toile, 2016, ph. B.M.

Guy Girard, tableaux dans l'atelier ph 2018 (2).jpg

Guy Girard, vue de son atelier, avec, au centre, la toile Un café sur le boulevard, 54 x 65 cm,  huile sur toile, 2015 ph. B.M. ; (l'œuvre au centre sera à l'expo).

 

    L'actualité le propulse en effet, très bientôt (dans trois jours), à la galerie L'Usine, à Paris, ce temple des découvertes en tous genres, lieu secret du 19e arrondissement, tenu depuis des décennies par une grande prêtresse des inspirations cachées, Claude Brabant. Voir ci-dessous les dates de l'expo, celle du vernissage et celle de la clôture (où seront lus des poèmes de Guy et d'autres membres du groupe surréaliste de Paris (ex-canal Bounoure...)).

Je peins parce que je rêve, expo l'usine 2019.JPG

Le vernissage...

Cloture_Girard_Usine_2019_web.jpg

La petite sauterie de clôture...

    Enfin, pour mettre en garde contre le fait de se contenter de regarder les œuvres seulement en reproduction, notamment numérique, je donne une autre version photo de la toile qui figure sur le carton d'invitation à l'expo de l'Usine ci-dessus. Les couleurs sur la version ci-dessous n'ont plus grand-chose à voir, en particulier, l'atmosphère y est infiniment moins solaire, à croire qu'il existe deux versions de la même toile... :

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Guy Girard, titre, date (vers 2018) et dimensions non relevés, huile sur toile, ph. B.M. ; un lion narcissique, une sirène avec sa copine grenouille, une sorte de Maurice Béjart bizarrement coiffé d'une bassine en équilibre instable, prêt à s'entailler l'avant-bras, tout en regardant un homme qui apporte un athanor, une femme nue de dos, contemplant deux serviteurs apportant des pains de sucre semblables à des panais, deux volcans aux fumerolles comme des lanières, bref: un paysage à la fois loufoque et tendre...

14/01/2019

AME, sculpteur, peintre, designer, et roi du pneu... dans "Création Franche" n°49

     "Je reviens d'une tournée avec deux amis dans le Nord de la France et en Belgique, à la recherche comme d'habitude de curiosités, bizarreries, œuvrettes de plein air, sites et environnements insolites, etc. C'est ainsi que je conçois les voyages. Dériver dans les provinces en quête de merveilles populaires ou autres surprises...

    On musardait en direction de Gravelines et de Dunkerque, à la recherche d'un endroit où casser la croûte, lorsque notre attention fut attirée brusquement par des grandes statues noirâtres, indéniablement peu communes, qui étaient installées sur un terre-plein sur fond de magasin peint en un jaune clinquant, faisant office de dépôt-vente et d'entrepôt spécialisé dans la "déco". On aurait pu faire mieux comme écrin pour ces sculptures.

     Ce qui m'avait frappé lorsque notre voiture était passée, assez vite, à la hauteur de ces œuvres, c'était la curieuse matière dans laquelle étaient façonnées les "statues". En revenant à pied vers elles, il fallut se rendre à l'évidence : c'était du pneu, de l'assemblage de pneu, qui a priori, me disais-je, ne devait pas être un matériau facile à maîtriser, et à façonner. L'auteur y était pourtant parvenu, et de main de maître...

     Nous finîmes par apprendre son adresse, il habitait non loin, un peu plus à l'intérieur des terres. Pour aller vers ce point, il fallait nous dérouter, rentrer davantage dans l'intérieur du pays, mais l'appât d'une possible rencontre nouvelle avec un créatif nous en convainquit..."

      (Bruno Montpied)

Pour lire ce texte, dans une version complète, alternative, veuillez vous reporter au dernier numéro de la revue Création Franche, le n°49, qui vient de sortir (écrire au Musée du même nom, 58 ave du maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 Bègles, prix 8€)...! On retrouve au sommaire d'autres contributeurs que votre serviteur bien entendu, comme Dino Menozzi, Ans Van Berkum (dont on apprend qu'elle collabore avec le  nouveau musée d'art outsider d'Amsterdam sur un projet d'exposition consacrée à Willem Van Genk ; on se souviendra en effet qu'elle anima un temps le défunt musée d'art outsider de Zwolle, dont les collections sont aujourd'hui repliées sur le museum du Dr.Guislain, à Gand en Belgique), ou encore Dominique Jeanson (pas au plus haut de son inspiration, j'ai trouvé) ou encore une évocation du "Schizomètre" de Marco Decorpeliada (en roman-photo).

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Quelques photos inédites des œuvres d'Amadou Ba, dit AME, dont parle mon article de Création Franche :

 

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Amadou Ba, une bête devant le magasin de déco, non loin de Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph. Bruno Montpied, juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête devant sa maison à Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph.B.M.,  juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête dans le jardin, assemblage et sculpture de pneus, ph. B.M., juillet 2018.

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Amadou Ba, sans titre (un cortège...), huile sur toile, sd (vers 2018), ph. B.M., juillet 2018 ; car AME ne fait pas que sculpter les pneus, il peint aussi.

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Amadou Ba, sans titre, huile sur toile, vers 2018, ph. B.M. juillet 2018.

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Portrait d'Amadou Ba, par le photographe Jean-Baptiste Joire, 2014.

26/09/2018

Info-Miettes (32)

La Maison sous les Paupières

    Revoilà l'antre sous les paupières qui se remet à pondre de l'expo(-pière). Son animatrice, Anne Billon, est passée dans le village perché du Carla-Bayle en Ariège où il y a, outre le très joli petit musée enchanté des Amoureux d'Angélique (art populaire et naïf et brut), tout plein d'artistes.

    Le Carla-Bayle, c'est un peu St-Paul-de-Vence avant les touristes et l'artifice. Sera donc exposée du 6 au 28 octobre, à Rauzan (7 rue du Pont-Long), bourg de l'Entre-deux-Mers, la très inspirée Mélissa Tresse au nom comme un programme (autre que pileux).

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Mélissa Tresse, la Joute, eau-forte et aquatinte, 44x30 cm, 2017.

 

Curzio Di Giovanni, une exposition proposée par Lucienne Peiry à Lausanne

Lucienne Peiry, l'ancienne responsable de la collection de l'Art Brut, même si elle fut "débarquée" par le syndic de Lausanne en 2012, d'une façon bien peu fondée, n'en continue pas moins de s'intéresser à l'art brut, bien entendu. Et je dois dire que, prisant passablement ses goûts en cette matière, j'accorde toujours beaucoup d'intérêt à ses choix de créateurs. Elle est un bon guide... Elle propose à partir du 26 septembre jusqu'au 22 novembre 2018, à Lausanne, à la HEP Vaud, une expo consacrée à Curzio Di Giovanni et à ses têtes aux étranges conformations. Elle comportera une soixantaine de dessins issus de collections privées, dont celui ci-dessous.

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L'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier expose Helmut Nimcewski 

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Ph. Bruno Montpied, 2016.

     Ce musée aux collections d'art brut et d'art singulier bien sympathiques (surtout en ce qui concerne l'art brut) monte des expositions temporaires en sus de ses collections permanentes (au cœur desquelles on trouve un important fonds consacré à l'artiste singulier Fernand Michel qui constitue le socle du musée).

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    En voici une qui ouvrira bientôt ses portes du 3 octobre prochain au 10 janvier 2019, consacrée au créateur Helmut Nimcewski, féru de représentations de foules aux petits personnages serrés en rangs d'oignon, le tout dans des couleurs de bonbons acidulés. C'est un type de représentations que l'on retrouve souvent dans l'art brut et l'art naïf. Certaines sont même nettement plus poussées dans ce domaine, Berthe Coulon par exemple...

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L'Atelier-musée se situe 1 rue Beauséjour, à Montpellier, tél: 04 67 79 62 22, mail: <CONTACT@ATELIER-MUSEE.COM> . Le site internet du musée est annoncé en (perpétuelle?) construction...

 

Monsieur Jacques Burtin en balade à travers l'Espagne...

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Goya, gravure, communiquée par Jacques Burtin.

 

    "Hier, à Saragosse, la rencontre (...) avec l’une des gravures de Goya que je mets au-dessus des autres : « Légèreté et audace de Juanito Apiñani dans la Corrida de Madrid» (1814 -1816). Elle définit le mieux à mes yeux la situation de l’artiste. Non point le moment de la mise à mort : je laisse à ses partisans et à ses adversaires l’inutile, le vain plaisir de se combattre. Mais ce moment d’élévation où l’on risque sa vie pour la beauté d’une figure impossible."

 

"Histoires de femmes" aux Yeux Fertiles, de l'art brut et surtout de l'art singulier...

         "Histoires de femmes", la nouvelle exposition de la galerie Les Yeux Fertiles rue de Seine (Paris VIe ardt ; du 2 octobre au 3 novembre) est sous-titrée "Art brut, art singulier".

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     Mais, à part deux ou trois  créatrices effectivement cataloguées dans l'art brut (Thérèse Bonnelalbay, Madge Gill, et... Sol (Solange Lantier)), toutes les autres relèvent plutôt de de l'art moderne, voire d'un art contemporain de plus en plus éloigné de ce que l'on appelle art singulier. Certaines sont devenues au fil du temps de vraies "vedettes", comme Yolande Fièvre ou Ursula, géniale artiste, qui a déjà été présentée à la galerie les Yeux fertiles. On peut même avancer que ces deux-là sont désormais entrées dans le Panthéon de l'art moderne, non loin des surréalistes, dans la grande cohorte des assembleurs, des collagistes, des artistes fidèles à l'imaginaire (Unica Zürn peut en être rapprochée). Les autres artistes ici présentées, comme Isabelle Jarousse ou Josette Rispal, voire Ody Saban et Christine Sefolosha, se hissent même aisément dans les rangs des artistes contemporaines. Le mot "singulier", qui comme l'art brut, combine une notion esthétique (pas de volume, des aplats, une grande stylisation dans le rendu des figures, invention des techniques d'expression) à une notion sociologique (autodidacte, situation de l'artiste en dehors du milieu professionnel de l'art, influence de l'exemple moral et esthétique de l'art brut), selon moi, ne s'applique pas vraiment ici, devenant, en l'occurrence, passablement galvaudé.

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Madge Gill, image du carton d'invitation à "Histoires de femmes".

 

De l'art brut (et "outsider", c'est-à-dire "singulier") iranien à la Galerie Polysémie à Marseille

     La Galerie Polysémie file de temps à autre vers des contrées lointaines où l'on ne pense pas d'habitude que l'on puisse rencontrer de l'art dit brut.

    La galerie propose ainsi de l'art brut de Chine continentale en ce moment je crois, mais ce choix me paraît personnellement de qualité fort moyenne, étant donné qu'il s'agit, j'en ai bien l'impression, à voir ce qui est proposé, pour la plupart de peintures du même genre que celles qu'on a pu voir à la dernière Biennale Hors-les-Normes de Lyon,  en provenance d'ateliers pour handicapés (à Marseille, il me semble que François Vertadier, responsable de Polysémie, a fait appel au Nanjing Outsider Art Studio), et donc de créateurs stimulés par des animateurs dans ces ateliers, ce qui est souvent en contradiction avec le principe même de l'art brut – une expression irrépressible, surgie de façon autonome, comme le chiendent parmi une végétation disciplinée. Mais, surtout, c'était, à Lyon, des œuvres peu originales, peu surprenantes, en dépit d'un certain savoir-faire.

     La galerie présentera cependant bientôt (du 6 octobre au 3 novembre prochain) des créateurs plus étonnants, en provenance d'Iran donc, plus en rapport avec ce qui correspondrait  à de l'art brut, tel que défini plus haut.

    J'ai déjà eu l'occasion par le passé, sur ce blog, de citer des créateurs originaires de l'ancienne Perse, comme Mokarammeh, Akram Sartakhti, ou plus connu depuis quelque temps dans les milieux de l'art brut, Davood Koochaki (que l'on retrouve ici à Polysémie). A la dernière exposition de groupe montée à l'Île d'Oléron en 2017 par Jean-Louis Faravel, j'avais aussi remarqué un autre créateur, Mehrdad Rashidi (également présent à l'expo à venir chez Polysémie). J'accueille donc cette expo marseillaise avec grand intérêt et je la conseille à tous ceux qui cherchent de l'art à la fois bruto-naïf et original.

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Mahmoodkhan, trois dessins de 50x70cm, extraits du dossier de presse de la galerie Polysémie

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Trois œuvres de Reza Safahi.

 

      Le dossier de presse fourni par la galerie énumère les artistes et créateurs exposés. Personnellement, dans l'échantillon proposé je retiendrai essentiellement les dessins de Mahmoodkhan, commencés à plus de 70 ans, Reza Safahi, visiblement instruit et cultivé mais ayant conservé dans son graphisme une grande fraîcheur de tracé "brute" ou "naïve", et aussi Zabihollah Mohammadi, à l'inspiration plus empreinte de références à de grands récits épiques iraniens. On retrouvera dans l'expo cela dit aussi Davood Koochaki et ses esprits noirâtres, ainsi que Mehrdad Rashidi. Chacun pourra se faire sa propre opinion en consultant le dossier de presse.

 

Le livre d'Hervé Couton sur "Las Pinturitas" bientôt présenté par son auteur à la Halle Saint-Pierre

         "La Pinturitas", "la  Petites peintures", c'est cette femme, de son nom d'état-civil Maria Angeles Fernández Cuesta qui depuis des années (depuis 2000) réalise en Espagne, en Navarre, non loin du Pays Basque, une œuvre picturale sur le support des murs d'un bâtiment désaffecté à la sortie de la ville d'Arguedas. Ses fresques sont immenses, mixtes de street art sauvage et d'environnement brut, en constant renouvellement. C'est pourquoi le photographe Hervé Couton a trouvé nécessaire de fixer depuis huit ans ce work in progress, dont l'éphémère est la marque de fabrique. Il viendra en parler à l'auditorium de la Halle St-Pierre le 27 octobre prochain, à 15 h. Toutes précisions sont à retrouver sur le site web de la Halle St-Pierre. 

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Charles "Cako" Boussion sur le mur de la boutique d'Antoine Gentil jusqu'à début octobre

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     Une vingtaine d'œuvres de l'ami Boussion, en provenance de la Pop Galerie de Pascal Saumade, sont actuellement exposées chez Antoine Gentil au 75 bis bd de Rochechouart, dans le IXe à Paris (Sur R-V.: tél: 06 58 34 72 09). Restent quelques jours seulement... 

 

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Le mur et son miroir, boutique d'Antoine Gentil, Paris, ph. Bruno Montpied.

 

Et des dessins  d'Evelyne Postic sur photos de Joseph Caprio chez Alain Dettinger...
 
      Pour cette dernière expo, il ne reste que très peu de temps, cela s'arrête le 29 septembre, à la fin de cette semaine à Lyon, 4 place Gailleton, à la galerie d'Alain Dettinger. C'est plutôt pour mémoire donc... Des dessins exécutés sur des photos de corps bien cuivrés, d'origine africaine, apparemment. On s'en fait une idée avec la photo ci-dessous...

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Evelyne Postic-Joseph Caprio, dessins-photographies

06/08/2018

T. Venkanna, un étonnant figuratif érotomane indien

     J'avais été intrigué, il n'y a pas si longtemps, par les aquarelles ou les encres, souvent sur papier et même sur papier de riz, d'un jeune artiste indien présenté à Paris parmi d'autres artistes contemporains dans la galerie d'Hervé Perdriolle, rue Gay-Lussac.

 

T.Venkanna, aquarelle sur papier,10x14cm, 2018 (2), .jpg

T. Venkanna, sans titre, aquarelle ou encre sur papier, 10x14 cm, 2018, ph. et coll. Bruno Montpied ; qu'est-ce que cette bête qui sodomise cette femme bleue manchote qui pour sa part embouche la trompe de la dite bête par l'autre côté, une étrange forme sombre poilue, piquetée de points blancs les masquant tous deux, forme sur l'identité de laquelle le spectateur se perd en conjectures...?

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T. Venkanna, 10x15cm, 2018. Toujours cette curieuse manière de cacher une partie des scènes...

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T. Venkanna, 15x10cm, 2018 ; voici qui peut faire penser à Topor...

 

 

   Leur inspiration louche du côté d'une espèce d'érotisme souvent scabreux, représenté avec raffinement et une certaine candeur. Les scènes sexuelles exhibent ainsi parfois des rapports zoophiliques, avec des bêtes  pas toujours très répertoriées en zoologie. On songe vaguement à Roland Topor, et parfois aussi au Douanier Rousseau. Hervé Perdriolle va jusqu'à citer en référence Jérôme Bosch.

 

Venkanna 2018 encre sur papier de riz marouflé sur toile, 76x55cm.jpg

T. Venkanna, sans titre, encre sur papier de riz marouflé sur toile, 76x55cm, 2018 ; où l'on voit que l'artiste peut aussi s'exprimer sur des formats plus grands.

 

    Ce dernier s'apprête à monter une exposition de 50 œuvres de notre Venkanna à partir du 27 août dans sa galerie¹ située en appartement. A ne pas manquer pour les curieux.

 

T. Venkanna studio Baroda 2015.jpg

L'artiste photographié en 2015, à côté d'une affiche – peut-être d'un film? – en tout cas d'un graphisme au sujet voisin de son propre univers graphique ; on notera le tee-shirt à l'enseigne des pirates...

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¹ (Galerie Hervé Perdriolle, rue Gay-Lussac Paris 75005, visite sur rendez-vous, contact +33 (0)687 35 39 17).

11/08/2017

Darnish investit Notre-Dame-des-Landes

affiche-darnish.jpg

     "Art singulier", "art singulier", comme vous y allez, chère "Maison du Sabotier" de Notre-Dame-des-Landes. Darnish, moi, je le rangerai plutôt du côté de l'art contemporain acceptable (l'A.C.A. contre l'A.C....), même si, au début, peut-être, j'ai dû le classer un peu en forçant dans l'A.S.... Mais, à force de mieux le connaître,  l'ami Darnish ne me paraît plus très adapté aux dits Singuliers. Trop de Beaux-Arts en lui, trop de références au cinéma dans ses ruines artistement agencées (je ne dis pas cela en mauvaise part). A St-Ouen, quand je l'ai exposé avec douze autres artistes récemment, c'était un des plus "citationnels", dans le genre plasticien contemporain inspiré se confrontant à l'histoire de l'art. On sent encore un peu l'école derrière son travail. Il n'est pas encore complètement détaché, comme par exemple mézigue, qui suis désormais totalement désamarré, voguant dans le "flow", au petit bonheur la chance, les rives de l'histoire de l'art se perdant pour moi dans la brume du passé. Cela me fait étrange d'aller dans une exposition ou un musée. Je suis "out" et je regarde les œuvres d'art consacrées comme si elles étaient accrochées dans un espace-temps parallèle au mien, ne me concernant plus... De ce point de vue, je me sens bien plus proche des créateurs populaires autodidactes que je collectionne et documente par mes livres et articles. Eux comme moi sommes dans le sans amarres...

15/06/2017

Tourisme brut, populaire en été, poésie de l'immédiat (2): Louttre B. exposé à la galerie Le Troisième Œil à Bordeaux

      Après une balade à Strasbourg, filez donc à Bordeaux en ce mois de juin... (Le travail salarié, et les contraintes qui vont avec, ont bien sûr été abolis!). On peut y découvrir, rue des Remparts, à la galerie Le Troisième Œil (pour probablement peu de temps encore (je crois que cela se finit fin juin) une petite exposition de Louttre B., le peintre de Boissiérette dans le Lot (1926-2012), que personnellement j'apprécie bien, surtout dans ses compositions des années 70, dont certains tableaux au Troisième Œil font partie (sur son mur de gauche sans la salle du rez-de-chaussée ; il y a d'autres peintures plus récentes au 1er étage). Ces compositions-là offrent une audacieuse rencontre de matières dites abstraites avec des figurations quelque peu ingénues, pour ne pas dire assumées naïves.

Louttre B.,(2) Le Café de Syta, 1974, h sur contreplaqué, 78x107cm, Le 3e oeil.jpg

Louttre B., Le Café de Syta, huile sur contreplaqué, 78x107 cm, 1974, exposé à la Galerie Le Troisième Œil, Bordeaux, juin 2017, ph. Bruno Montpied (avec un mobile pas terrible; ne pas trop s'attarder sur la lumière orangée aussi, présente au sommet de la composition, reflet de l'éclairage de la galerie...).

 

    Le bonheur a été capté et capturé dans ces peintures, c'est lui qui passe tout entier, imprégnant de sa lumière toutes choses, posées sur la surface de la toile comme papillons mentaux, touches légères et désinvoltes, musique de nuit...

louttre b., galerie le troisième œil, naïveté et abstraction

Louttre B., Les naufragés de l'Astrolabe,  huile et sable sur contreplaqué, 78x107 cm, 1975, ph. B.M. (ici aussi, on ne se fiera que fort modérément aux couleurs faussées de cette reproduction assez minable...).

     

     Peut-être que certains internautes, après avoir parcouru cette note et vu ces reproductions si infidèles (elles ne peuvent que l'être), me rétorqueront que Louttre B., ils ne  voient pas pourquoi je m'y intéresse. C'est qu'il ne faut pas faire confiance à ces images. Il ne faut pratiquement jamais se fier aux seules images, qui ne fonctionnent que comme faibles indices. Il faut absolument, au contraire, aller voir sur place, se confronter aux œuvres dans leur présence matérielle, expérience qu'aucune contemplation d'images ne peut remplacer. Ceci paraîtra peut-être un truisme pour certains, mais sur internet cela a besoin d'être asséné, et répété. Nous sommes tellement baignés d'images que nous en perdons – surtout les plus jeunes peut-être – le sens du contact avec l'œuvre réelle, en trois dimensions. La rencontre physique avec celle-ci est incontournable. C'est peut-être pour cela que les galeries que j'aime, Le Troisième Œil à Bordeaux (d'Anne-Marie Marquette) ou la galerie Dettinger-Mayer (d'Alain Dettinger) à Lyon ne possèdent pas de sites internet (ou si elles en ont un tout de même, comme chez Dettinger, il n'est pas à jour et végète lamentablement...!).

12/05/2017

Petit trouble

     La Halle Saint-Pierre a eu envie de monter une exposition d'art contemporain au sens plein du terme, de l'art produit par des artistes du temps, soi-disant regroupés dans un "mouvement" selon ce que dit le dossier de presse et Frédéric Pajak, dessinateur-écrivain et éditeur de la maison Les Cahiers Dessinés qui avait déjà fait l'objet d'une exposition précédente à la Halle, il ya peu de temps. Pourquoi ne pas explorer ce qui peut se faire de valable dans l'art d'aujourd'hui en effet? Tout n'est pas à jeter dans ce domaine, bien sûr.

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Exposition "Grand trouble" du 9 mai au 30 juillet, et après, y aura des travaux pendant le mois d'août...

 

     Mais je me demande si la Halle a misé sur le bon cheval avec ce "mouvement"-là (étrange "mouvement", d'ailleurs, que ce rassemblement hétéroclite d'artistes qui paraissent s'être invités les uns les autres par admirations-relais, sans ligne aucune donc, apparemment). Je n'ai guère éprouvé d'émotion à déambuler sur les deux niveaux d'exposition. Il y a des moyens mis en œuvre, comme par exemple dans le cas des espèces de loups en béton d'Oliver Etoffey, exposés au rez-de-chaussée, qui doivent peser des tonnes (j'en tremble rien que d'imaginer le camion, les élévateurs, les forces déployées pour déplacer ces statues un peu effrayantes qui plus est). Certaines vidéos, comme celle où l'on voit une Chantalpetit (en un seul mot si je suis le libellé du carton d'invitation) jeter avec force des boules d'argile sur une table, pour essayer de fixer des formes aléatoires je suppose (why not?), sont intriguantes et recueillent l'adhésion du spectateur intéressé aux expériences expressives. L'œil s'arrête sur des photographies de Marc Garanger (ses portraits magnifiques de femmes algériennes – des Kabyles? – des années 1960), sur les dessins profonds et austères du Suisse Edmond Quinche (voir ci-contre un dessin de lui qui fut montré dans une expo intitulée "Surgis de l'ombre" à la Galerie Alain Paire en 2013), E.Quinche Encre et crayon sur fond de lithographie,, expo Surgis de l'ombre, choix de Florian Rodar galerie alain Parie 2013i.jpg sur les dessins démoralisés quoique captant l'attention d'Anna Sommer, sur les grandes compositions (un poil compliquées et cérébrales) de Marcel Katuchevski, les encres d'un certain Noyau (de cerise sur le gâteau?), ou les "halos" colorés d'un Al Martin (qui est exposé en permanence à la Galerie L'Espace du Dedans à Lille, qui est une galerie qui me rappelle quelque chose... ou quelqu'un... Darnish n'y a-t-il pas exposé des collages?), mais au final, au bout du bout, que reste-t-il? L'impression de figures de style, d'exercices de virtuosité cultivée, pour nous prouver qu'on n'est pas passé par les écoles pour rien. Mais pourquoi me reste-t-il dans la mémoire comme l'image d'une vitre sur laquelle glissent des larmes de pluie? Redevenant peu à peu translucide, une fois celles-ci évaporées... (Je préfère dire cela plutôt que reprendre à mon compte les qualificatifs injurieux d'un visiteur derrière moi qui grommelait, visiblement furieux de voir de telles œuvres présentées à la Halle, parlant de pures et simples "croûtes"...!).

    

04/02/2017

Les mises en boîte de Jean Veyret

       Les assembleurs d'objets en boîte sont pléthoriques depuis des années que l'on connaît les boîtes-poèmes d'André Breton ou celles de l'artiste para-surréaliste Joseph Cornell, ainsi que les objets à fonctionnement symbolique tels que les surréalistes les promurent dans les années 1930. Il y eut, pour consacrer ce nouveau support artistique, une grande exposition, intitulée "Boîtes" tout simplement (tenue de décembre 1976 à mars 1977 au Musée d'art moderne de la ville de Paris puis à la Maison de la Culture de Rennes, juste avant la fameuse exposition les Singuliers de l'art de 1978 dans ce même musée parisien).jean veyret,art d'assemblage,théâtre d'objets,boîtes à mise en scène d'objets

      Depuis, je n'ose imaginer ce qui a pu se produire dans ce domaine. Un de mes anciens amis, un surréaliste anglais, Peter Wood, excellait dans ce domaine, avant de tirer sa révérence bien trop tôt dans cette vallée de larmes. Ses assemblages sous boîte vitrée étaient fidèles à une certaine tradition surréaliste de l'image ésotérique. Il la tempérait avec une touche de naïveté ça et là.

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Peter Wood, sans titre, boîte peinte avec divers éléments assemblés, années 1980-1990, coll. et ph. Bruno Montpied.

      Récemment cependant, agréablement surpris (faut dire que j'étais conduit par Alain Dettinger, grand dénicheur de talents devant l'Eternel), j'ai été confronté à un autre style de boîtes, remplies elles aussi d'assemblages, celles d'un ancien instituteur, Jean Veyret, par ailleurs adepte avec son épouse Joëlle (elle aussi tâte des arts plastiques et du détournement de matières et d'objets) d'une forme d'archéologie amateur qui les pousse chaque été, la plupart du temps, dans les déserts, notamment ceux de la Mauritanie, où ils récoltent nombre de débris et bestioles desséchées qui viennent alimenter leurs rêveries ultérieures, une fois de retour au bercail...

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Jean Veyret, La guerre, boîte peinte avec assemblage d'accessoires divers, fil en laine, bois avec écorce, 40 x 28 x 12 cm, 2011, ph. et coll B.M., 2016 ; certes, le sujet est assez limpide, la colombe de la paix va être dévorée par un monstre à la gueule immense et vorace, mais cela est réalisé avec un sens des couleurs et des matières magnifique ; le contraste entre la pelote de fils, les ailes en plastique de la colombe, matériaux tous aussi fragiles les uns que les autres, et le bloc de bois fruste sur un fond sanglant, est très frappant, je trouve.

 

       Les assemblages de Jean Veyret recèlent une fraîcheur et une immédiateté poétique qui s'éloignent nettement de  l'esprit ésotérique qui préside aux boîtes à connotation onirique, un peu comme on pourrait distinguer la poésie d'un Prévert (du reste, poète apprécié par Jean Veyret) de la poésie d'une Alice Massénat (pour citer quelqu'un de contemporain, particulièrement "ésotérique")...

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Jean Veyret, L'apparition, date non notée,  ph. B.M., 2016.

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Jean Veyret, Le sacre, date non notée, ph. B.M., 2016.

 

     Bien qu'au début, paraît-il, cet artiste autodidacte ait commencé par des boîtes confusément interprétables. C'est sa compagne Joëlle, qui, réclamant (avec raison selon moi) du sens plus explicite, orienta involontairement le travail de son mari vers des assemblages  plus immédiatement lisibles : antimilitarisme, anticléricalisme, moquerie à l'égard du christianisme, dénonciation de l'éducation religieuse lobotomisante, poésie engendrée par des rapprochements humoristiques et des analogies surprenantes, toutes attitudes saines et salubres méritant d'être observées avec constance. D'autant que ça nous change enfin de ces boîtes remplies d'objets, certes jolis, léchés, choisis avec un goût exquis, destinées à nous faire sentir qu'on a affaire à un poème visuel qui sonne surréaliste parce qu'on n'y comprend rien et qu'on a affaire à des objets insolites particulièrement beaux...

 

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Jean Veyret, Coffret de représentant en Clous de Christ, date non notée, env. 25 x 35 cm, ph. B.M., 2016.

 

      Jean Veyret a été instituteur une bonne partie de sa vie, je l'ai déjà dit. On rencontre nombre d'artistes autodidactes parmi les professeurs des écoles en effet. Nul doute qu'un ouvrage paraisse un jour à ce sujet, comme il y en eut déjà un sur les artistes postiers (Josette Rasle, Ecrivains et artistes postiers du monde, éditions Cercle d'Art, Paris, 1997). J'ai abondamment parlé sur ce blog des œuvres de deux autres maîtres d'école, Jean-Louis Cerisier et Armand Goupil. Voici donc à présent les boîtes de Jean Veyret. L'instituteur est souvent féru de cultures diverses, pratique un métier altruiste tourné vers les enfants, désire améliorer la société en propageant toutes sortes d'idéaux via les élèves qu'il enseigne. Il n'est pas étonnant, qu'il puisse à côté de son travail, durant les temps de loisir qu'il possède – que l'on sait plus longs  que dans bien d'autres métiers –, tenter de s'exprimer à son tour. Il le fait souvent en autodidacte, ou, au mieux, avec des moyens et des techniques artistiques moins poussées que celles qu'on enseigne dans les écoles spécialisées des Beaux-Arts.

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Jean Veyret, Lobotomies, date non notée, ph. B.M. , 2016 ; les lobotomisés que l'on aperçoit ici, adéquatement choisis parmi des figurines Duplo (plutôt des Playmobil...), aux crânes creux, connues des enfants, se dressent devant une photo de classe religieuse... 

 

      Parallèlement à cette activité de metteur en boîte, qu'il poursuit depuis une trentaine d'années à peu près (et qu'il a très peu montrée, sa première exposition n'ayant été organisée qu'en 2013, à la galerie Dettinger-Mayer à Lyon, suivie d'une autre, tout récemment, fin 2016, dans le même lieu),  Jean Veyret a coulé aussi ses pas dans ceux des aventuriers qui de tous temps ont été attirés par les espaces sauvages ou inconnus des Occidentaux. Il partit à moto à travers le Sahara, stimulé par les premiers rallyes Paris-Dakar, fréquentés et organisés en amateur au début, puisque leurs premiers vainqueurs, côté voiture, avaient roulé en 4L Renault. On était très loin de l'actuel rallye avec ses caravanes de matériel, de technologie, sa couverture médiatique, son spectacle, donnant l'impression d'un divertissement du capitalisme instrumentalisant des territoires au profit de ses jeux du cirque.

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Chez Jean Veyret, la réserve aux boîtes-poèmes... ph. B.M. 2016.

 

     Jean Veyret cherche depuis quelque temps à exposer davantage. Avis aux professionnels de la diffusion artistique qui n'ont pas les yeux dans leurs poches... 

23/12/2016

Jean-Louis Cerisier et ses "contrées intermédiaires, 1972-2016", un bel ouvrage pour les fêtes

     Le peintre Jean-Louis Cerisier, dont j'ai déjà eu ici de nombreuses occasions de parler, publie en cette fin d'année une monographie sur son œuvre qu'il envisage rétrospectivement. Titre complet : Jean-Louis Cerisier, contrées intermédiaires. Dessins, peintures et compositions, 1972-2016. C'est le deuxième titre de la collection Les Cahiers de la Création Naïve et Singulière que dirige par ailleurs le même Cerisier ("charité bien ordonnée, etc."..!). On se souviendra peut-être que j'avais chroniqué, sur ce même blog, le n°1, consacré à Serge Paillard, le visionnaire des pommes de terre.

Contrées intermédiaires, 1ère et 4e de couverture (2).jpg

Le livre sur Jean-Louis Cerisier, ph. Bruno Montpied, 2016.

      Il a demandé quelques contributions à des auteurs extérieurs (Gérard Sendrey - qui signe là un de ses meilleurs textes, j'ai trouvé – votre serviteur, Bruno Montpied (texte intitulé Un Cerisier parmi mes talismans), et des notices, analysant certains tableaux, dues à Françoise Limouzy).

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Jean-Louis Cerisier, Imaginaires Le rêve, huile sur panneau de bois, 39x49 cm, 1983, coll. ville de Laval ; cette peinture n'est pas reproduite dans le livre Contrées intermédiaires.

 

     Dans mon texte, je confesse vers la fin que  l'œuvre de Jean-Louis Cerisier me ravit surtout lorsqu'elle s'applique à générer une atmosphère onirique au sein d'une représentation en apparence réaliste (exemple le tableau ci-dessus), mais que cette opération reste "intermittente"... Le mot, je le sais, a chiffonné le peintre qui a tout de même accepté de publier le texte. D'après lui, la "majorité de son œuvre est onirique"... Et, effectivement, à parcourir l'iconographie choisie pour cette monographie, il semble que l'artiste mayennais a tout fait pour me faire mentir, en sélectionnant ses pièces avec soin du côté de l'imaginaire et du mystère. Il faut dire que pour les commentateurs extérieurs, même ceux qui ont approché, comme moi, régulièrement l'œuvre (je crois bien avoir été un des tout premiers à l'avoir défendue, dès 1992, dans un entrefilet de Création Franche n°5, puis en 1994, dans mon  fanzine L'Art immédiat n°1 (dont tous les textes dataient en réalité de 1990), références bibliographiques que je dois déplorer, cela dit, de ne  pas voir indiquées dans la bibliographie finale de l'ouvrage), il a toujours été difficile de s'en faire une idée exacte, des pans entiers en restant secrets. Comment, dans ces conditions, M. Cerisier, espérer que vos exégètes pourront être parfaitement documentés afin de fonder au mieux leurs analyses?

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Bon de commande de l'ouvrage, ci-dessus en JPEG, ce qui ne le rend pas très lisible mais permet de voir à quoi ça ressemble.... On veillera donc à l'imprimer plutôt au format PDF, comme je le propose ici même en suivant ce lien.

 

      Personnellement, je me suis posé la question d'une possible intermittence à l'onirisme, suite aux deux expositions que nous fîmes ensemble, au musée de la Création franche en 2011 et au Manoir des Renaudières à Carquefou en 2015. J'y vis une tendance de l'artiste à s'essayer à des "compositions" un peu trop formalistes et gratuites, comme si l'auteur se mirait en elles dans une certaine pose artiste (voir ci-dessous La Grande Côte), voire à des scènes sans grande saveur (une série de maisons simples par exemple exposée à Carquefou). Ce livre évite ce genre d'œuvres, (hormis quelques-unes, les plus réussies dans le genre), et donne donc en apparence tort à ma remarque...

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J-L. Cerisier, La Grande Côte, expo au musée de la Création franche, ph. B.M. (non reproduit dans Contrées intermédiaires).

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J-L. Cerisier, L'escalier et la fenêtre, tempera, 28,5x20cm, 2008, coll. de l'artiste ; extrait du livre Contrées intermédiaires, exemple de tableau où le cadrage est particulièrement étudié.

 

     L'ouvrage (de 112 pages) est illustré de 85 reproductions couleur, choisies en fonction des époques, et des différentes techniques, (gouache, grattage, ardoises, collage, etc.), "compositions", ou  marottes (Cerisier aime découper certains de ces tableaux, le cadrage jouant un grand rôle dans son travail - influence que l'on pourrait  imputer, au début de l'œuvre cerisiéenne, à son admiration pour le grand peintre "naïf" (ou réaliste poétique?) Jules Lefranc, qui par ailleurs fut à l'origine du musée d'art naïf du Vieux-Château, à Laval, ville où Jean-Louis Cerisier a grandi).

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J-L. Cerisier, Le petit déjeuner, stylo sur papier, 23x30,5 cm, 1984, ph. et coll. B.M. (œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires) ; exemple d'œuvre où une extrême importance est accordée au service à thé aux étranges rutilances...

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J-L. Cerisier, Scène d'intérieur avec arrosoir, huile sur toile, 92x73cm, 2005, coll. privée Rouen (œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires) ; où l'on retrouve le soin particulier de l'auteur du tableau pour le rendu mystérieux et disproportionné des objets, après le service à thé du dessin ci-avant, voici en l'occurrence ces pots de fleurs où l'on perçoit encore d'étranges phosphorescences (comme le décrit Françoise Limouzy dans une de ses analyses) ; l'effet de perspective n'explique pas tout dans ce gigantisme...!

 

      En majorité, les peintures choisies reflètent avec grand sérieux l'amour du peintre pour les objets (qu'à mon avis, il restitue avec une étrangeté et une maestria plus grandes que lorsqu'il campe des êtres humains, voir ci-dessus les deux œuvres que je mets en vis-à-vis), les situations aux statuts énigmatiques, les paysages, confinant parfois à l'abstraction ou au visionnaire, comme dans le cas de Ardoise Paysage I de 2008 , qui n'est pas loin de faire penser, par sa qualité et son esprit, aux paysages "surréalisant" de Joseph Sima, ce peintre fameux du groupe Le Grand Jeu.

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J-L. Cerisier, Ardoise Paysage I, gouache sur ardoise, 30x20cm, 2008, coll. privée, Châteaubriant ; œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires.

 

      En ce qui concerne la dimension visionnaire, je produirai également en exemple cette petite peinture intitulée Souvenir de Versailles (2004 - où passe le souvenir d'un art visionnaire  fin XIXe siècle un peu nordique ; il ne m'étonne pas qu'elle soit partie dans une collection privée en Finlande) ou encore Le cerf-volant de 1988 (dont, moi qui l'ai vu en train d'être peint à même le sol dans un camping, j'ai publié une esquisse dessinée au stylo en noir et blanc dans l'Art immédiat n°1, voir plus bas) .

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J-L. Cerisier, Souvenir de Versailles, gouache et crayons de couleur, 29,7x21 cm, 2004, coll. privée, Finlande (œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires).

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J-L. Cerisier, Le cerf-volant, huile sur panneau de bois, 19x13 cm, 1988, coll. privée, Paris (œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires)

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Page 15 de mon fanzine L'Art Immédiat, daté de 1994, avec mon premier texte sur Jean-Louis Cerisier, Portrait-minute daté du 17 juillet 1988, écrit pendant la réalisation du Cerf-volant.

 

       Il y a aussi chez Cerisier une dimension ingénue ou naïve, n'ayons pas peur du mot, si détesté des critiques d'art académiques vite effarouchés devant l'innocence – ou pour le dire autrement, un réalisme poétique qui ne débouche pas toujours nécessairement sur l'onirisme, comme dans le cas de ce paysage parisien, représentant le café de la Grosse Bouteille, qui existe (existait?) réellement Boulevard Richard-Lenoir dans le XIe ardt, mais hélas!, plus pour longtemps, si l'on en croit un article du Parisien de mai dernier, qui prédisait la destruction prochaine du bistrot miteux dont on atteste la présence depuis les années 1920 (la bouteille ayant changé au moins deux fois de matériau). Doisneau l'a photographiée dans les années 1960... Une fois de plus, les édiles parisiens se font remarquer par leur insensibilité crétine à la poésie du Paris populaire. On ne parle même pas d'essayer de remiser la bouteille "en plastique médiocre des années 1950" dans un quelconque musée Carnavalet., mais plutôt de l'intégrer en deux dimensions dans une fresque du square qui va remplacer le bistrot (on voit le genre d'ici...).

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J-L.Cerisier, La grosse bouteille, gouache sur carton, 32x25 cm, 1995, coll. privée, Paris (œuvre reproduite dans Contrées intermédiaires, appelée à devenir un document historique...) ; les pompiers qui paraissent l'avoir encordée et semblent prêts à la faire tomber sont prémonitoires, hélas...; l'étiquette Byrrh me paraît fantaisiste, mais c'est à vérifier, quelque Isabelle Molitor ou Régis Gayraud de passage vont bien nous le confirmer ou l'infirmer...

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Robert Doisneau, la Grosse Bouteille aux couleurs du Picon en 1961.

      Mais plutôt de continuer cette note, mieux vaut vous inciter à vous procurer l'ouvrage, édité, est-il besoin de le souligner?, avec beaucoup de courage et d'audace par l'artiste lui-même.