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03/03/2011

Soyez les bienvenus chez Fatima

    Mystérieuses photos venues du Maroc, dans les Gorges du Dadès (et oui, on a manqué Dada de peu), voici quelques traces d'un environnement étrange, expédiées par notre correspondant Michel Boudin, chercheur au flair légendaire. Le goût des simulacres de ciment (ou de terre séchée?) appartient décidément à toutes les cultures.

Chez Fatima,Gorges du Dadès,photo Michel Boudin, 2011.jpg

      Peut-être sommes-nous en présence d'un bistrot, que l'on a agrémenté de quelques statues pour égayer un décor un peu trop dépouillé? De qui sont ces oeuvres, mon correspondant à son habitude n'a pas été bavard, me réduisant aux conjectures...?Chez Fatima, Gorges du Dadès, photo Michel Boudin, 2011.jpg On doit remarquer une signature difficile à déchiffrer précisément, au bas d'une peinture sur le mur de terre de chez Fatima: "Ahorb Abdellah, Kenitra". Sans doute le peintre du portrait présumé de Fatima, la tenancière de l'auberge? Les points d'interrogation voltigent en tous sens.

 

Chez Fatima, Gorges du Dadès,photo Michel Boudin, 2011.jpgChez Fatima,Gorges du Dadès, photo Michel Boudin, 2011.jpg

 

      Kenitra, c'est où? Entre Rabat et Fés, au nord du pays. Est-ce loin des Gorges du Dadès où notre excursionniste est allé dénicher cette galerie en plein air? Oui, c'est pas du tout le même coin. Gogol maps nous signale qu'il y a des Gorges du Dadès (rien à voir avec les grands du même nom) à la latitude de Marrakech, elle-même ville à la la latitude de la célèbre Essaouira, l'ancienne Mogador, la ville où comme les amateurs d'art brut marocain le savent a fleuri une "école" de créateurs autodidactes remarquables (comme Ali Maimoune, ce créateur qui fut, entre autres lieux, présenté  autrefois au musée de la Création franche à Bègles).

Ali Maimoune, oeuvre de la collection permanente du musée de la Création franche, Bègles, ph. Bruno Montpied.jpg

Ali Maimoune, oeuvre au musée de la Création franche

Erraad, coll.Durande-Letourneau, ph.Bruno Montpied

Erraad, peintre d'Essaouira, coll. Durande-Letourneau

    Y a-t-il un rapport avec ces voisinages? On serait évidemment tenté de le penser. Même si le style des sculptures et de la peinture n'a rien à voir avec la peinture d'Essaouira. Il y a peut-être seulement dans ces coins-là une même tradition d'audace à s'exprimer.

Chez Fatima, Gorges du Dadès, ph.Michel Boudin, 2011.jpg

Chez Fatima, Gorges du Dadès, ph.Michel boudin, 2011.jpg

(Les photos de chez Fatima sont dues à Michel Boudin, celles des peintres d'Essaouira à Bruno Montpied)

22/02/2011

Fanny revient s'exposer

Fanny,-oeuvre-anonyme,-JK,-.jpg

Fanny anonyme (signée JK, datée 1961), trouvée par l'antiquaire Michel Boudin

 

    L'Art en Marche de Lapalisse délivre ces jours-ci une intéressante information, distincte des expositions que cette association-collection-galerie (je ne sais comment les qualifier au juste) monte régulièrement dans l'Allier. Il s'agit d'une expo de Fanny, tableaux, sculptures, collages, moulages, photographies - les techniques sont variées, selon le degré de capacité à reproduire des arrière-trains plus ou moins réalistes -  qui va ouvrir à Mably à partir du 5 mars (vernissage le 4 à 18h), à quelques kilomètres au nord de Roanne, jusqu'au 20 mars, à l'Espace de la Tour.

INVIT_Art_en_Marche.jpg

    

    Si la Fanny montrée sur le carton ci-dessus m'apparaît quelque peu mièvre, il faut savoir aussi que les talents se révèlent généralement très inégaux dans ce corpus (et ce pétrus). La bible, pour connaître un peu mieux un bon échantillon de ces représentations destinées à être embrassées par les boulistes perdant 13 (ou 15) à 0 leurs parties, dans la région lyonnaise et ailleurs, est sans contexte le livre de Mérou et Fouskoudis que l'antiquaire Lucien Henry m'avait indiqué autrefois (éditions Terre et Mer, 1982).La-Fanny,-couv,-1982.jpg Voici deux ou trois images extraites de cet inestimable ouvrage qui prouveront que certaines Fanny peuvent s'élever au rang de chefs-d'oeuvre naïfs.

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 Peinture sur bois, Pont-de-Claix (Isère)

Fraternelle-boule-du-monument-Caluire, 1930, ext La Fanny.jpg

 Fraternelle Boule du Monument, Caluire (Rhône), 1930 (cette peinture n'est pas sans rappeler certain tableau du naïf Camille Bombois)

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Fanny conservée au musée d'art naïf de Noyers-sur-Serein (Yonne)

 

 (L'Art en Marche, 9, rue du 8 mai 1945, 03120 Lapalisse ; à noter une conférence de Luis Marcel le 18 mars sur les lieux de l'expo, intitulée, vaste programme, "L'art brut existe-t-il?")

16/02/2011

Nouvelle expo sur l'abbé Fouré, à St-Malo cette fois

    Le Poignard Subtil, le blog qui vous donne en primeur les infos sur les expos dont ne parlent pas les médias artistiques (et pour cause? Ce silence indique peut-être que selon ces médias il ne s'agit pas d'art, mais alors qui en parlera ?... car tout de même, ces rochers et bois sculptés par l'ermite de Rothéneuf nous intéressent beaucoup) : une nouvelle manifestation est organisée début mars dans la ville de Saint-Malo, aux archives municipales, et toujours à l'instigation de l'Association des amis de l'œuvre de l'abbé Fouré, animée par la main énergique de Joëlle Jouneau.

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Affiche faite à partir d'une carte postale agrandie montrant l'abbé posant devant la "besace" et le tronc qui était destiné à recueillir les dons qu'il distribuait, disait-il, aux pauvres

06/02/2011

Franck Montardier, à la fois déroutant et familier

     Laurent Jacquy m'informe d'une exposition mystérieuse qui va bientôt s'achever à l'espace d'exposition le Safran à Amiens. Elle a ouvert le 7 janvier dernier et se termine le 11 février prochain. J'ai tardé à la répercuter sur ce blog. Mais tout n'est pas perdu, on la reverra du 14 mars au 15 avril 2011 à la galerie des Beaux-Arts d'Abbeville (18, rue des Capucins, tél: 03.22.24.41.15 ; le lieu dépend de l'école municipale des Beaux-Arts de la Communauté de Communes de l'Abbevillois).

Franck Montardier expo Safran 2011.jpg

    Mystérieuse? Oui, un peu, car j'ai l'impression que le peintre présenté, Franck Montardier, n'est guère connu, en dehors de la Picardie, et que les rares images visibles de son travail s'apparentent à des sortes d'esquisses jetées à la diable sur des supports de fortune, loin de toute volonté esthétisante, tant paraît pressante la nécessité de dire quelque chose avec des dessins, des traces colorées que l'on n'estime pas utile d'insérer dans une composition... Comme si l'on voulait en priorité fixer des empreintes brutes des sensations vécues.

Figures-visages,-acryl-toil.jpg

Franck Montardier, Figures, visages, acrylique sur toile

 

    Un dossier de presse était joint à l'information de l'expo, confirmant le peu de sacralisation du créateur vis-à-vis des matériaux de sa quête: "Planches trouvées, plaques d'aggloméré, cartons, toiles ou chiffons sont autant de supports possibles pour déployer une imagerie à la fois familière et déroutante". Ce dossier comporte d'autres remarques qui m'ont titillé. "Franck Montardier n'a aucune référence historique et ne s'inscrit dans aucune école ou filiation artistique. Il ne se reconnaît pas non plus comme artiste ni même peintre et n'a aucune ambition artistique". Il ne se reconnait pas comme artiste, il crée avant toute chose dans un état d'urgence. L'oeuvre, nous dit-on (je n'ai vu que quelques pauvres reproductions, ce qui ne m'embarrasse nullement pour annoncer d'avance le probable intérêt que l'on doit pouvoir éprouver à la rencontre d'une telle production, étant donné les signaux envoyés), se déploie du côté des portraits, des saynètes, des paysages, s'attardant par moment sur le thème des bateaux, qui a notre agrément (et même notre agréement) sur ce blog... Il semble bien que les travaux de ce monsieur ressemblent en définitive à une sorte de carnet de ses voyages intérieurs, centré avant tout sur le désir de capter des bribes de la vie telle qu'elle va, bien plus que sur le fait de bâtir une oeuvre esthétique. C'est le genre de démarche qui  a bien sûr toutes les chances de nous captiver, au Poignard subtil.

Franck Montardier 1.jpg 

 

16/01/2011

Lundi 17 janvier, Recoins sur Aligre FM

       J'ai oublié... Demain a lieu une réunion au sommet de votre serviteur avec Emmanuel Boussuge, et Cosmo Hélectra, assisté de ses camarades de l'émission Songs of Praise sur Aligre FM (93.1), pour causer du dernier numéro 4 de Recoins. L'émission se tient de 19h30 à 21h, tous les lundis (elle peut être réécoutée par la suite sur le site d'Aligre FM). On va pouvoir entendre la musique dont nous parle Emmanuel et ses amis de la revue (Franck Fiat, Bastien Contraire, etc.) un peu plus concrètement qu'en lisant les pages de cette stimulante et attachante revue, où j'ai publié pour ma part en pré-publication un article sur Pierre et Yvette Darcel, qui se retrouvera dans mon livre, L'Eloge des Jardins Anarchiques.

(L'émission peut être écoutée en suivant ce lien vers un téléchargement: http://songsofpraise.hautetfort.com/)

     A noter aussi que la situation financière de cette radio associative est actuellement "au plus mal" pour citer les mots de Cosmo, "mettant en péril son avenir". Si vous pensez qu'il faut soutenir cette radio, faisant partie des lieux d'expression alternatifs qui nous sont précieux face aux grands médias décervelants, envoyez donc un chèque de soutien à Aligre FM, 42, rue de Montreuil, 75011 Paris.

Photo Emmanuel Boussuge, un poteau anthropomorphe du côté de Valuéjols, Cantal, 2010.jpg

 Photo Emmanuel Boussuge, 2010

09/01/2011

L'Eloge des Jardins Anarchiques, le livre de Bruno Montpied sort en mars

Maquette de le 1ère et de la 4ème de couv de L'Eloge des Jardins Anarchiques, Editions de l'Insomniaque, mars 2010.jpg

1ère et 4ème de couverture du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques, éditions de L'Insomniaque, avec les rabats déployés (dernière maquette établie au moment où j'écris ces lignes)

 

     Il y a le film, Bricoleurs de Paradis, qui sort bientôt à la télévision, mais il y aura aussi dans un peu plus de temps, quand le méchant hiver sera balayé par les giboulées, et que les bourgeons reviendront, L'Eloge des Jardins Anarchiques, publié par votre serviteur aux Editions de l'Insomniaque en mars. Les deux se complètent, et c'est pourquoi on retrouvera le film en DVD sous les rabats du livre.

L'Eloe des Jardins anarchiques, 1ère de couv, Editions de l'Insomniaque.jpg

Voir l'avis de souscription (pour acquérir ce livre avec une réduction) au bas de cette note

     Il s'est agi de rassembler un certain nombre d'articles anciens en les joignant à de nouveaux rédigés spécialement pour l'occasion. Les articles anciens ont été remaniés, pourvus de notes concernant quelques mises à jour d'information. La réédition de ces textes était souhaitée par moi depuis longtemps car ils avaient fait l'objet de publications dans des revues ou des livres restés en diffusion passablement confidentielle (Plein Chant, Création Franche, les premiers numéros de Raw Vision, Réfractions, Le Monde Libertaire, L'oeuvre énigmatique de François Michaud, Recoins...), quand ils n'avaient pas été raccourcis par les tribunes qui les avaient accueillies (Artension, 2ème série, pour Les Inspirés qui expirent, titre qui devint Voués à la destruction). Le projet parallèle de film avec Remy Ricordeau me permit de découvrir d'autres sites pour lesquels de nouveaux articles s'imposaient, sur Bohdan Litnianski, les vestiges du jardin d'Emile Taugourdeau, ou sur le jardin de moulins multicolores d'André Pailloux, par exemple. Par manque de place, j'ai été amené à regrouper un certain nombre de notices sur des sites pressentis pour être incorporés au film et qui ne furent pas toujours gardés au montage final (sur Alexis Le Breton, Bernard Roux, la maison "tricotée" de Madame C., André Hardy, André Gourlet, Léon Evangélaire, Joseph Meyer, Michele et Concetta Sassano, Remy Callot, etc.). J'en profitais aussi pour prolonger certains articles anciens en les incorporant dans une  mise à jour étendue (La Dynastie des Montégudet, rare cas de prolongement du travail d'un créateur par son fils).

René Montégudet portrait sur son crocodile, ph. Bruno Montpied, 2009.jpg

René Montégudet sur son crocodile (fils de Ludovic, dont des photos du site qu'il avait créé furent exposées aux Singuliers de l'Art en 1978 à Paris), ph. Bruno Montpied, 2009

 

    Il doit bien y avoir une trentaine de sites évoqués avec une certaine ampleur dans ce livre. Mais si l'on se réfère à l'index que j'ai ajouté au bout du livre, uniquement consacré à l'indexation des noms des créateurs cités à un moment donné de l'ouvrage, on atteint plus de  90 sites mentionnés, avec leur localisation (ou non!), leur état actuel (dans la mesure où j'ai  toujours l'information à ce sujet), les lieux qui les conservent en partie.... Une bibliographie passablement épaisse, et pas assez exhaustive à mon goût (mais il a bien fallu que je me réfrène), complète je pense utilement l'ensemble, à l'usage des chercheurs et des amateurs qui sont toujours attentifs à la mémoire de ces créateurs et des médiateurs qui ont aidé à les faire connaître.

Table des matières de L'Eloge des Jardins anarchiques, Ed. de L'Insomniaque.jpg

     Le problème de la médiation est un problème délicat. On a affaire en l'espèce - il faut sans cesse le rappeler - à des créateurs qui agissent au sein de propriétés  privées, avec, certes, à l'évidence, le besoin de montrer leurs réalisations depuis la rue ou la route qui passe devant chez eux. Parfois même, le jardin de ces gens ressemble à une galerie en plein air (exemple de Joseph Donadello, que j'ai évoqué sur ce blog, note qui a été développé pour les besoins du livre d'ailleurs).

Le-voile-de-ciment,détailGC.jpg

 Monsieur C., site en Normandie, détail d'une photo plus large de BM, 2010

 

       Il n'en reste pas moins que ces créateurs aiment montrer leurs "oeuvres" (mot qui les gêne) dans un cadre qui reste de l'ordre de l'environnement plus ou moins immédiat. Les relais sur l'information concernant leur existence, par des média plus ou moins puissants  (du petit passionné dans mon genre, jusqu'à la télévision régionale, voire nationale, en passant par la presse régionale) les dépassent généralement, même si ici ou là certains se montrent un peu mégalomanes.  La méfiance est même souvent au rendez-vous avec parfois des récriminations concernant une possible exploitation de leurs travaux par les photographes de passage, ou les cinéastes comme ceux de l'équipe à laquelle j'ai collaboré (j'en profite pour dire que jusqu'à présent, dans notre cas, ces profits sont restés largement imaginaires! Si les techniciens sont payés dans ce pays,  les auteurs ne sont pas souvent servis à la même enseigne...).

Chez Joseph Donadello, Panneau peint:Ralenti regarde moi, ph. Bruno Montpied, 2008.jpg

 Panneau chez Joseph Donadello, Saiguèdes, Haute-Garonne, ph. BM, 2008

 

      Les créateurs ne sont donc pas toujours bien conscients de ce qui peut arriver par ce long ruban routier dont ils attendent des regards, mais quels regards au juste? Je pense personnellement qu'ils les souhaitent discrets, bien élevés, respectueux. Les gros sabots des médias de ce point de vue pourraient leur causer du tort. Soyons-en conscients à leur place...

Alexis Le Breton, L'Art Sacré,ph. Bruno Montpied, 2010.jpg

 Alexis Le Breton, L'Art sacré..., parc de "la Seigneurie de la Mare au Poivre", Locqueltas, Morbihan, ph. BM, 2010

 

      A-t-on affaire à de l'art? Oui, si on entend ce terme dans son acception liée au seul façonnage, à la seule mise en forme. Mais non, si on rappelle que l'art c'est aussi un mode social de production, un discours théorique, une histoire, un marché surtout, une vision d'une certaine pérennité de l'oeuvre produite.     Mon livre, et le film aussi bien, évoquent l'aspect extrêmement éphémère de ces créations de plein vent, ce qui me fait les ranger sous le terme "d'art immédiat" (art de l'immédiat), et les problèmes de conservation qui découlent inévitablement de leur façon d'être créées (le problème est fort apparent dans le film lorsqu'est interrogé Claude Vasseur, le fils de Robert, qui se débat actuellement dans des difficultés quasi inextricables pour tenter de sauver le jardin de mosaïque de son père ; ce genre de problème est tellement aigu qu'on ne peut s'en tirer en traitant tous ceux qui prennent parti pour l'éphèmère "d'imbéciles", d'ignorants, etc, comme c'est le cas sur certains sites se présentant en champions exclusifs de la conservation de ces sites).

Robert Vasseur, honneur aux visiteurs, photo Remy Ricordeau, 2008.jpg

Chez Robert Vasseur, photo Remy Ricordeau, 2008

 

      Rendez-vous donc en mars, et le 3 avril plus physiquement parlant, à la Halle Saint-Pierre en début d'après-midi, un dimanche, pour la signature du livre et la présentation du film. En attendant, veuillez prendre connaissance de l'avis de souscription du livre (soit en PDF en cliquant sur le lien de l'avis ci-dessus, soit en imprimant l'image en faible résolution ci-dessous).

Avis de souscription pour L'Eloge des Jardins Anarchiques, Editions de l'Insomniaque.jpg  

      Les Editions de L'Insomniaque: 43, rue de Stalingrad, 93100 Monteuil-sous-Bois, Tél: 01 48 59 65 42. insomniaqueediteur@free.fr et le site web: www.insomniaqueediteur.org. Pour les libraires qui souhaitent vendre le livre, il faut s'adresser au diffuseur Court-Circuit Diffusion.

  

  

07/01/2011

"Bricoleurs de Paradis", le film où gazouillent les éléphants

Bricoleurs de paradis, DVD à paraître dans le livre L'Eloge des Jardins anarchiques, de Bruno Montpied, Editions de l'Insomniaque, mars 2011.jpg

Rabat du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques de Bruno Montpied (à paraître en mars aux Editions de l'Insomniaque), évoquant le film Bricoleurs de Paradis (le Gazouillis des Eléphants) dont le DVD sera joint au livre

 

     Alors, c'est parti pour le passage prochain en télévision du film de Remy Ricordeau, co-écrit avec votre serviteur,  Bruno Montpied. Cela s'appelle "Bricoleurs de Paradis", c'est produit par la maison Temps Noir, et cela sera visible pour les habitants de Normandie, le samedi 15 janvier à 15h30. De quoi est-ce que cela parle? Des environnement spontanés, des habitants-paysagistes, de l'art brut, des inspirés du bord des routes, des outsiders... Un des personnages du film, et pas l'un des moindres tant est peu commune sa réalisation dans le lopin de terre qui s'étend entre la rue et sa maison en Vendée, répond à  ces appellations qui le dépassent: et si je n'étais qu'un original?

 

andré Pailloux, Les moulinets dans le jardin,photo Bruno Montpied, 2010.jpg

André Pailloux, un détail de son site, une des découvertes inédites du film (et  du livre L'Eloge des Jardins Anarchiques), photo Bruno Montpied, 2010 

 

       C'est l'homme du peu commun qui s'exprime ainsi, et peut-être le mot même "d'exprimer" est de trop. Car, au fur et à mesure du tournage et de la réalisation de notre projet, ce qui finit par revenir comme un leitmotiv fut que les inhabituels créateurs que nous visitions à travers la France (du Nord à la Normandie, des Pays de Loire à la Bretagne) avait décidément du mal à trouver des mots pour décrire leur travail, à répondre à nos questions qui les dérangeaient, et qui les déstabilisaient souvent (parfois à cause de leur âge aussi). On venait taper dans la fourmilière de leur inspiration, on ne les avait pas prévenus, ils n'étaient pas prêts, certains - comme Arthur Vanabelle - avaient entendu d'autres intervieweurs leur parler "d'art brut", alors ils nous resservaient la soupe, ils croyaient nous donner ce qu'ils pensaient que nous voulions entendre...

Chez Arthur Vanabelle, l'équipe de tournage du film   

L'équipe du film Bricoleurs de Paradis chezArthur Vanabelle; Remy Ricordeau, Stéphane Kayler, Pierre Maïllis-Laval, ph. BM, juin 2010

 

       Ce film est ainsi, il y eut un projet (cela fait plus de deux ans qu'il a été projeté, c'est incroyable  comme c'est long la réalisation de quelque projet que ce soit), on sentait bien que cela pourrait ressembler à une sorte d'enquête à travers le territoire français, comme un road-movie, disait Remy depuis le début, lui qui avait été passablement impressionné au début par les Glaneurs et la Glaneuse d'Agnès Varda (où l'on aperçoit un des sites que l'on retrouve dans notre film, celui de Bohdan Litnianski). Une enquête non pas policière mais plutôt une quête. Sur ces créateurs des bas-côtés, à tous les sens du terme, qui dressent sous le ciel de nos paysages uniformisés, leurs splendides lubies expressives, naïves ou brutes, faites avec "deux fois rien" (Arthur Vanabelle), des mosaïques, des statues, des empilements de matériaux de rebut, des reproductions de canons anti-aériens, des rochers sculptés, des moulinets multicolores, la quête, en cherchant à capturer quelque chose de la poésie spontanée, évanescente, de ces inspirations fantasques, débusqua sans crier gare de nouveaux environnements inconnus de très belles apparence et qualité. Le film permet ainsi de découvrir au moins trois sites nouveaux de première importance jamais vus au cinéma (et ailleurs): ceux d'André Pailloux, d'Alexis Le Breton (la seigneurie de la Mare au Poivre, dont j'ai déjà parlé ici), et la maison extraordinairement décorée d'une dentelle de plâtre et papier mâché de Madame C.

Rochers de Rothéneuf, tournage de Bricoleurs de Paradis, film de Remy Ricordeau, 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

Aux rochers sculptés de Rothéneuf sculptés voici cent ans par l'abbé Fouré

       Est-ce de l'art? La question voletait sans cesse au-dessus de nos têtes.Bien sûr, répondit Savine Faupin dans l'interview que je fis d'elle dans le chantier du LaM en juin 2010 (on trouvera cette interview dans les bonus du DVD du film, voir une prochaine information à ce sujet sur ce blog), c'est de l'art, quoique modeste. Vanabelle, qui est très sollicité par les gens d'association et de musée qui voudraient préserver ce qui peut l'être de son environnement étonnant et mémorable, dit "on est tous un artiste, non?" (il sait prendre la casaque qu'on lui tend...). Pierre Darcel en Bretagne dit que ce qu'il fait est plus vivant que ce que l'on trouve dans les musées (Vanabelle aussi dit cela, Picasso c'est pas si fameux...). chez André Gourlet, tournage de Bricoleurs de Paradis, juillet 2010, ph.Bruno Montpied.jpg André Gourlet dans le Morbihan se verrait bien dans un musée, pourquoi pas, mais André Pailloux, lui, trouverait que c'est bien de l'orgueil que de parler d'oeuvre à son sujet... On dirait bien que nos héros oscillent entre modestie et ambition démesurée parfois. Mais on pense finalement, et on le dit en conclusion du film, que si ces messieurs n'arrivent pas tout à fait à se situer face à ce monde de l'art (qui n'a au fond vraiment rien à voir avec cette création immédiate), c'est qu'ils vont bien plus loin, dans un monde où la séparation entre art et vie quotidienne n'existe plus. Un monde où l'on parvient parfois à entendre, comme dans la Seigneurie de la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan), "gazouiller les éléphants"...

 

André Hardy,un éléphant dans son jardin, 2008, ph.Remy Ricordeau.jpg 

 André Hardy, éléphant dans son jardin à Saint-Quentin-les-Chardonnets (propriété privée), ph. Remy Ricordeau, 2008

  

Le documentaire Bricoleurs de Paradis sera diffusé a priori surtout sur FR3 régions (Normandie, Pays de Loire, Bretagne, peut-être Nord), mais aussi sur la chaîne Planète. Il sera également présenté le dimanche 3 avril 2011, à 14h, dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le XVIIIe ardt à Paris.

01/01/2011

Sauve-toi, Petit Poucet...

Bruno Montpied, Cherchant le Petit Poucet, 2011.jpg

Bruno Montpied, Cherchant le Petit Poucet, 24 x 17 cm, 1.1.11

      Il a le physique d'un ours vraiment mal léché. D'ailleurs, à propos de lèche, vous avez vu sa langue? Il en goutte des grains de poussière qui vont s'accumuler en un gros tas poudreux devant ses pieds. L'estomac proéminent, il s'avance d'un pas lourd à la recherche de celui dont il veut se venger, depuis qu'on lui a fait une mauvaise, une très mauvaise farce. Sa main gauche tient, au bout d'un bras démesuré, ballottant comme une chiffe molle, une petite hache. Ses hardes peu soignées, roussies à force d'être restées tant de fois trop prés des âtres, flottent au vent, on dirait une vague robe de chambre, il ne porte plus ses bottes habituelles qui lui faisaient gagner tellement de temps (c'est d'ailleurs pour cette raison que son corps a pris du poids, ne faisant plus les efforts dont le dispensaient ses bottes magiques). Il avance d'un pas lourd, des petites bêtes lui mordillent les chevilles pour tenter de le ralentir davantage. Le Petit Poucet est déjà loin. Il ne paraît pas pouvoir s'en rendre compte, car son crâne n'a pas eu la place de lui garantir une loge pour un cerveau suffisamment grand. Le peu qu'il lui reste, par surcroît, goutte de sa langue en particules de poussière. Il va bientôt buter dessus et s'étendre de tout son long, la gueule fendue sur sa propre hache.

31/12/2010

Voeux...

Carte de voeux 2011, Adofe-Julien Fouré, Rochers Sculptés de Rothéneuf, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg

Adofe-Julien Fouré, tête barbue (le Christ?), site des Rochers Sculptés, Rothéneuf, photo Bruno Montpied, 2010

26/12/2010

Jean-Louis Cerisier bientôt au Musée de la Création Franche

      J'annonce cette exposition longtemps à l'avance pour le cas où l'on voudrait faire le voyage en réservant un billet à tarif réduit. L'inauguration aura lieu en effet le samedi 5 février, un samedi pour les voyageurs qui viendraient de beaucoup plus loin que Bègles, merci aux organisateurs du musée qui ont eu cette délicate attention.

 

 Jean-Louis Cerisier, Mythologie, 2009.jpg 

   Jean-Louis Cerisier, Mythologie, 2009

 

      Jean-Louis Cerisier, cela faisait longtemps que je n'avais plus parlé de ses travaux. J'avais même cru à un moment qu'il allait laisser tomber la peinture. Et puis voici que pas du tout il est reparti la fleur au fusil, ou plutôt qu'il n'a jamais cessé de créer sous roche, continuant à produire des tableaux, des travaux graphiques avec une belle opiniâtreté. Peut-être n'était-ce qu'une stratégie pour pouvoir continuer sur d'autres voies plus inédites, tranquillement, en se procurant le calme nécessaire. Je l'ai un peu enfermé au début dans l'art naïf, tant je continue de croire que dans ce domaine, on peut rencontrer d'aussi poétiques trouvailles qu'ailleurs (et Jean-Louis me faisait l'effet d'une de ces trouvailles). Naïf n'est pas forcément synonyme de mièvre et de peinture cu-cul. Lui-même paraissait s'enfermer dans un système, tout en cherchant à casser les limites qu'il s'assignait inconsciemment. Plusieurs de ses peintures, à un moment, attestent de ce besoin de rupture, par des jeux de décadrement. A une époque, comme le rappelle Françoise Limouzy dans le texte qui présentera Jean-Louis sur le carton d'invitation à l'exposition, ce dernier allait même jusqu'à scier ses anciens tableaux, cherchant de nouveaux cadrages, déboîtant, recomposant ses images comme un photographe ou un joueur de casse-tête genre Rubik's cube.Jean-Louis Cerisier, Portrait masqué,collage et peinture, 2000.jpg Certains  portraits masqués représentait un homme se cachant derrière un masque tatoué de cases, de grilles, de labyrinthes vaguement inquiétants. Aujourd'hui, il semble vouloir dépasser cette période. Une de ses dernières peintures, Mythologie (voir notre première illustration), montre ainsi un trio, au sein duquel on peut imaginer un personnage bras en croix comme une projection de l'auteur, enfin sorti avec ses compagnes d'un jardin fermé de grilles, à la végétation envahissante, quelque peu étouffante, s'échappant avec satisfaction semble-t-il de la toile d'araignée de fils blanchâtres qui occupe la composition par-dessus le jardin et le voile noir qui bouche une partie du cadre.

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Jean-Louis Cerisier, Les soeurs jumelles, 2010   

      A Bègles, au Musée de la Création Franche, du 5 février au 20 mars 2011, Jean-Louis Cerisier présentera une centaine d'oeuvres dont beaucoup d'inconnues, puisque la politique du musée est d'offrir aux regards, durant ces expositions, avant tout des oeuvres nouvelles de l'artiste, susceptibles de migrer vers d'autres collections. Jean-Louis a pour ambition de montrer diverses facettes de ses expérimentations, qui contiennent parfois des compositions en collage d'éléments pré-fabriqués par d'autres (comme dans l'oeuvre ci-dessus où l'on découvre un véritable dessin d'enfant recollé dans sa peinture), des peintures sur ardoise, des surlignages, des dessins fantastiques, parfois semi abstraits, etc., etc. Rendez-vous donc à Bègles le 5 février! 

25/12/2010

Bonzom's de neige, gardiens de Nono, gardiens de Noël, hips!

    Voici des bonshommes tendrement amassés, tassés, palpés, façonnés par l'ami Max T., que la neige inspire toujours, malgré l'âge venu. Il essaie de les collectionner, me dit-il, mais l'on conviendra que c'est une collection des plus éphémères, bien accordée à la spontanéité de sa création. Une véritable collection d'art immédiat pour le coup. Encore une fois, pour s'en rendre compte et garder quelque souvenir de cette forme d'art collant à l'inspiration quotidienne, rien ne vaut la photo (ou le film).

 

Max T., bonhomme de neige[1], 2010.jpg

 

Bonhom' number one, photo et sculpture Max T.

 

        Le premier est raide comme la justice, un balai peut-être fourré là où je pense au lieu d'être dans ces bras qu'il n'a pas (ce qui explique qu'il a bien fallu mettre l'outil ailleurs). Bonhomme de neige genre sentinelle qui n'alertera personne.

  

 

Max T., bonhomme de neige (2), 2010.jpg

 Bonhom' number two, idem

 

     Pour le second, la nuit est tombée, manteau traditionnel qui va bien au teint des bonhommes de neige. C'est un boulimique, un obèse rembourré d'une baudruche qui pendra lamentablement sur l'herbe brûlée par le froid une fois le redoux bien amorcé, à moins que cette sous-ventrière trop gonflée n'explose sous la pleine lune, par suite d'une vilaine farce (encore un balai). On admire cependant le chapeau effilé à quatre testicules. 



 Max T., bonhomme de neige[3], 2010.jpg

Bonhom' number three, idem

 

    Enfin vint le troisième, avec son large sourire benêt, ses trous de nez en route pour devenir un groin, son poitrail de lutteur, ses onze âmes tournoyant autour de son chef, âmes boules de neige qu'il pourrait lancer à tous ceux qu'il aime, s'il avait des bras (il ne lui reste que des moignons) et s'il y avait des gens qu'il pût aimer.

22/12/2010

Beaucoup d'artistes et trop peu de titres?

     Il peut parfois y avoir surpopulation et bousculade pour trouver un titre inédit à un dessin ou une peinture... L'imaginaire permet en même temps des rencontres logiques, comme dans les deux cas ci-dessous, Gilles Manero et Bruno Montpied. A l'actuelle exposition du premier au Musée de la Création Franche à Bègles, on peut découvrir sur un mur ce dessin appartenant à une série intitulée "Sur la Terre comme au ciel". C'est daté de 2008. Eh bien, Bruno Montpied fut prem's sur le titre (vraiment? A ma connaissance bien sûr, car il serait bien étonnant qu'il n'y ait pas eu d'autres prédécesseurs...). Voir cette peinture de 2000, intitulée pareillement que celle de Gilles Manero, Sur la Terre comme au ciel. Je m'empresse d'ajouter qu'il n'y a aucune chance que Gilles ait pu connaître cette peinture qui ne me paraît pas être beaucoup sortie des cartons de BM... 

Gilles Manero, Sur la Terre comme au ciel,n°9, 2008.jpg

 

 Gilles Manero, Sur la Terre comme au ciel, n°9, mai 2008



Bruno Montpied, Sur la terre comme au ciel,2000.jpg

Bruno Montpied, Sur la terre comme au ciel, 2000 

 

     A noter une curieuse coïncidence supplémentaire dans les deux dessins. On trouve deux personnages faisant la sieste dans ces deux compositions, l'un assis se reposant au pied de ce qui peut tenir lieu d'un arbre dans le cas Montpied (l'arbre rouge se révèle être aussi un autre personnage), l'autre étant vautré dans le cas Manero le long d'un talus, personnage résumé à une tête quelque peu chauve (à moins que je n'hallucine?).

17/12/2010

Postérité des environnements (5): Franck Barret renaît (un peu) de ses cendres

   Ah oui, c'est un drôle de nom que celui de cet ancien coureur cycliste régional, qui sonne comme prédestiné à une existence excentrique. Franck Barret est un peu connu des amateurs d'environnements depuis que Pierre Bonte l'interviewa dans les années 1970 et publia cet entretien par la suite aux éditions Stock (1977). Avant cela, des magazines s'étaient déjà intéressés à lui de son vivant comme L'Information Artistique n°55 au milieu des années 1950 (comme me l'avait signalé en son temps J-F. Maurice). Après un accident qui l'avait rendu incapable de reprendre le vélo en compétition, il devint agriculteur, et sur le tard quelque peu rebouteux.Franc Barret, photo Musée du Pays Foyen, extraite de leur site web.jpg 

 

  On l'associe généralement, pour les statues fort proches de l'art brut qu'il créa, aux créateurs d'environnements, mais à la différence de ceux-ci, s'il organisa lui aussi une mise en scène pour les camper, et semble-t-il un parcours comme dans un musée de cire (auquel son site fait immanquablement penser), ce ne fut pas sous le ciel qu'il choisit de le faire mais bien à l'intérieur de sa ferme, dans deux pièces vouées à l'exposition (entre1948 à peu prés et 1968, les visites étant autorisées par lui à partir de 1955).

 

       Un reportage paru dans la revue des patrimoines de la région Aquitaine, Le Festin n°15, en 1994, de Jean Vircoulon, avec des photographies en noir et blanc de Christophe Garcia, permettait d'avoir quelques idées sur l'ambiance qui pouvait régner dans ce réduit. L'homme a expliqué ses créatures par les rêves  qui le mettaient dans un état second. Dalinien au petit pied, Franc Barret? Peut-être. Cependant, on constate en se documentant sur les sujets de ses modelages et assemblages (plus que des sculptures) qu'il allait aussi les puiser dans la littérature (Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, la mythologie chrétienne, Joseph, Marie, le Christ enfant puis adulte,  Sainte Blandine, Jeanne d'Arc, la préhistoire avec son homme de Néanderthal, les animaux fabuleux avec son Yéti et son dragon de carnaval, des personnalités historiques comme Pie XII...Pour son homme préhistorique, on a retrouvé une image gravée qui lui servit de modèle, ce qui paraît indiquer que comme de nombreux cas de créateurs populaires il recourait à la copie qui se trouvait ensuite au cours du façonnage transformée, transcendée.

  

 

Franc Barret,deux vues par J-C. Garcia de son musée à Saint-Philippe du Seignal, revue Le Festin n°15, 1994.jpg

 

 Ci-dessus, deux photos de Jean-Christophe Garcia dans Le Festin n°15

 Le gorille de Franc Barret, ph. Musée du Pays Foyen.jpg 

Le gorille du petit musée de Franck Barret

Guynemer, le fantôme del'Opéra, ph. Musée du Pays Foyen.jpg 

De gauche à droite, Guynemer, le Fantôme de l'Opéra avec, derrière, la poitrine nue, Sainte Blandine, et la main sur l'épaule du fantôme, Christine Daaé (autre personnage du roman de Gaston Leroux ayant servi de source aux statues), ph.Musée du Pays Foyen (date?)

 

 

Franc Barret,Christine Daaé, vestige de la statue originale, musée du pays foyen, 2008, ph Bruno Montpied.jpg 

La même Christine Daaé, dans son état 2008, le jour où je passai dans le musée : on mesure ici l'étendue des problèmes de restauration pour M. Lamothe... ph.Bruno Montpied

 

  

       Heureusement d'autres photos existent, en couleur qui plus est, montrant l'intérieur de ce musée, et publiées récemment sur le site du Musée du Pays Foyen (voir ci-dessous le lien), musée qui a conservé quelques pièces que j'avais photographiées en 2008 avant restauration. On doit ces clichés sans doute à Pierre Lamothe, par ailleurs sauveur de ce qui pouvait encore être sauvé, ce qui reste n'étant certes qu'une petite partie de l'ensemble, mais conservée au prix d'efforts incroyables chez un homme seul, acharné à préserver des lambeaux d'un patrimoine auquel on le sent profondément attaché. Il raconte sur le site du Musée du Pays Foyen, petit musée que la municipalité de Sainte-Foy-la-Grande lui laisse organiser, l'histoire des difficultés rencontrées du fait de l'extrême fragilité - et du poids - des matériaux employés par Barret qui édifiait ses statues couche par couche au moyen d'une argile jamais cuite, ce qui leur assura de se dissoudre peu à peu dans le temps, la terre redevenant friable progressivement... C'était de l'art éphémère, comme le dit très bien M. Lamothe sur son site, art pratiqué dans l'urgence, pour satisfaire un besoin d'expression irrépressible se déployant dans la plus stricte immédiateté.

Pierre Lamothe avec les vestiges d'un homme préhistorique, 2008, photo Bruno Montpied.jpg

 

Pierre Lamothe devant des vestiges d'un homme préhistorique de Franc Barret, gageure de restauration, photo BM, 2008

 

    Bonne nouvelle que celle-ci, la restauration a dû aller assez loin pour que Pierre Lamothe ait pu enfin juger venue l'heure d'ouvrir les portes du Musée du Pays Foyen.

Bâtiment-du-musée-du-pays-f.jpg

 Le Musée du Pays Foyen, Sainte-Foy-la-Grande, 2008, photo BM

 

 

Le musée va éditer une plaquette, plus complète,  en couleur, de 26 pages, en vente à l'Office de tourisme de Sainte Foy à partir de janvier 2011. L'exposition est visitable, uniquement sur rendez vous, au 142 rue de la république, Sainte-Foy-La-Grande (Gironde), le mardi soir à partir de 20h30,  le samedi après midi de 14h à 18h et le dimanche. Téléphone : 05 57 46 59 73  - 06 75 70 35 34  - 06 28 37 73 63

10/12/2010

Un nouveau livre sur les Rochers sculptés de Rothéneuf, et une exposition sur place

     Annoncé depuis plusieurs mois, voici qu'est paru, selon une information de Joëlle Jouneau, fondatrice de l'Association des Amis de l'Abbé Fouré (qui veut se consacrer à mieux faire comprendre la vie et l'oeuvre du fameux ermite), le livre du photographe et cinéaste Jean Jéhan, Saint-Malo-Rothéneuf, au temps des Rochers Sculptés, aux éditions Cristel. Je peux montrer ici, transmis par cette même Joëlle, la couverture et le 4e de couv de cet ouvrage qui paraît fort coquet ma foi:

  

Couverture du livre Jean Jéhan, St-Malo-Rothéneuf au temps des rochers sculptés, éd. Cristel, 2010.jpgCouverture du livre de Jean Jéhan, éd Cristel, préface d'Alain Bouillet, 2010

4e de couverture du livre de Jean Jéhan.jpg

 4e de couv' avec un curieux photomontage

  

     On notera le format italien du livre qui paraît par son titre (ne mentionnant curieusement pas le nom de l'auteur des rochers sculptés) mettre l'accent avant tout sur l'aspect régionaliste du thème traité, annonçant des reproductions de cartes postales anciennes, ainsi que des photographies en noir et blanc de l'auteur extraites des 300 clichés de sa collection personnelle (prises à des époques où certaines statues, disparues depuis, existaient encore, ce qui permet de mettre en évidence la dégradation du site). Dès que j'aurai pu davantage le consulter, j'y reviendrai bien entendu (puisque mon blog sert de caisse de résonance à ma propre recherche sur l'abbé depuis déjà plusieurs notes). D'ores et déjà, on attend avec impatience de trouver dans le livre de Jean Jéhan  la reproduction promise de plusieurs pages du Livre d'Or de l'abbé, que celui-ci gardait à la disposition des visiteurs de son petit musée dans le bourg. Ce livre d'or contiendrait des dessins de l'abbé. Une rumeur court ainsi comme quoi certaines "enluminures" de ce livre, les dragons ci-dessous par exemple (reproduits d'après une photocopie d'un autre article paru cette année dans Le Pays Malouin sur l'existence de ce Livre d'Or, conservé jusqu'à présent par une descendante de l'abbé), seraient de la main de l'abbé, ce qui serait, si cela s'avère bien attesté, une belle découverte de la part de M. Jéhan.

 

 

Page du Livre d'Or de l'abbé fouré, d'après photo Pays Malouin.jpg

 "Enluminure" du Livre d'Or de l'abbé, tel que parue dans un numéro du Pays Malouin, journal de la région de St-Malo

 

    Autres révélations que l'on devrait aussi trouver dans ce livre de Jean Jéhan, des témoignages de personnes ayant connu dans leur enfance l'abbé, personnes disparues depuis. Le Pays malouin cite l'anecdote rapportée par l'une d'elles des bains de sable que l'on faisait prendre à l'abbé pour le soulager de ses rhumatismes... De même, le caractère taciturne et pour le moins taiseux du personnage se trouve corroboré dans ces témoignages (mais s'il avait des difficultés d'élocution engendrées par sa surdité, cela ne pouvait que le rendre taiseux, non?...). On attend certes beaucoup de ce livre que d'aucuns présentent déjà, de façon pour le moins précipitée comme celui qui traiterait enfin de "l'intégralité" de l'abbé Fouré... Attention de ne pas lui en demander trop. Mais il faut certes se féliciter de ce qu'un ouvrage sérieux ait enfin paru sur les terres mêmes de l'abbé Fouré, cent ans que ses mânes, errant entre les falaises de Rothéneuf, attendaient cela.

   Joëlle Jouneau me signale par ailleurs que le livre reprend « en annexe » le Guide du Musée de l‘ermite de Rothéneuf dont on se souviendra peut-être que j’ai donné au début de cette année, date anniversaire des cent ans de la mort de l’abbé Fouré, dans le n°1 de la revue apparentée au surréalisme L’Or aux 13 îles la première édition commentée depuis son édition originale en 1919. Je ne suis pas mécontent de vérifier qu’une fois de plus, face aux partisans de l’art brut, les surréalistes auront encore tiré les premiers ! (Ce qui explique peut-être l’attitude assez mesquine d’une Animula Vagula, sur un blog parallèle, qui s’empresse de ne pas mentionner notre première édition lorsqu’elle apprend avec ravissement la publication prochaine du livre de M. Jéhan - éternelle jalousie du parti de l’art brut ?).

     Mais revenons à Joëlle Jouneau. Cette dame, intéressée vivement à la vie et  à l'oeuvre de l'abbé, surprise comme beaucoup de visiteurs des rochers que l'on n'ait jamais songé sur place à communiquer davantage d'informations véridiques sur le compte de l'abbé, au lieu de se contenter des légendes créées de toutes pièces par les ancêtres des gérants du lieu, cette dame a décidé de créer donc une association qui se donne pour mission d'aider à restituer la mémoire et le sens de l'oeuvre de l'abbé. Il va de soi que je m'associe pleinement à cette mission. C'est pourquoi je viendrais à la journée du 18 décembre prochain à la salle de quartier de Rothéneuf, qu'organise Joëlle Jouneau en prélude à une exposition qui sera ensuite installée au manoir Jacques Cartier qui vient d'être donné à la Ville de St-Malo par la fondation canadienne qui le gérait jusque là. Voir l'affiche ci-dessous:

 

affiche exposition  sur l'abbé Fouré et journée du 18 décembre 2010 à la nouvelle salle de quartier de Rothéneuf.jpg

 

 

     Je devrai normalement, au cours de la soirée, si la technique ne nous fait pas faux bond, présenter un film surprise sur la question des environnements spontanés contemporains afin de situer les rochers sculptés dans un contexte plus général (je donnerai bientôt plus de détails à propos de ce film). L'exposition essaie de retracer l'ensemble de ce que l'on sait du parcours biographique de l'abbé, et de la signification de ses sculptures sur pierre ou sur bois, à partir des recherches des divers exégètes de l'abbé Fouré .

 

expo abbé Fouré, manoir Jacques Cartier.jpg

 

 

07/12/2010

Un créateur secret au Musée de la Création Franche, Gilles Manero

Plaquette exposition Gilles Manero, dessin sans titre, musée de la Création Franche, 2010-2011.jpg

 

      Voici Gilles qui dévoile à nouveau ses dernières investigations du côté de l'imaginaire expérimental. Manero, l'esthète discret, photograveur de métier (ce qui influe sûrement sur ses recherches), revient avec un cabas rempli de mystères à Bègles, la patrie de la Création dite Franche, et ce du 10 décembre 2010 (l'inauguration, c'est vendredi soir) au 23 janvier 2011. Cet alchimiste de l'image prospecte toujours du côté des supports inédits, les papiers en tous genres, par exemple les papiers photographiques comme ces deux exemples de dessins sans titre (à l'encre et à la mine de plomb) qui sont publiés sur le 4 pages qui tient lieu de catalogue pour son expo. Remarquables dessins qui nous changent de ses vinyls repeints de volailles bizarres (comme des personnages de Bosch ou de Breughel qui se seraient métamorphosés en espèces de Shadoks) qu'il produisait presque à la chaîne auparavant (tout en cultivant des images plus secrètes en marge de cette production, souvent des détournements et autres modifications d'images trouvées, vieilles gravures de planches anatomiques ou photographies anciennes)...Gilles Manero,sans titre, dessin mine de plomb,200l, coll.BM.jpg L'image ambivalente, Gilles connaît cela, il sait que la mémoire du spectateur va se mettre à s'affoler. Qu'est cela?, se dira-t-elle... Elle cherchera à combler les vides laissés par la perception trop rationnelle et se propulsera alors vers des horizons où se dévoilera peut-être quelque secret inavouable.

 

Gilles Manero,dessin sans titre, Musée de la Création Franche, expo 2010-2011.jpg

Gilles Manero, sans titre, 2010, encre et mine de plomb sur papier  photographique, 50 x 46 cm

Gilles Manero, sans tire, encre et mine de plomb, exposition 2010-2011, Bègles, musée de la création franche.jpg GM, sans titre, 2010, même technique que ci-dessus, 42 x 35 cm

 

    La mienne de mémoire a sa propre vision automatique du premier dessin du dépliant annonçant l'expo (juste ci-dessus), vision qui exprime cette fois un secret bien avouable. Je reconnais à cette calvitie rêveuse mon propre portrait en vagabond, vu de dos, la besace en travers de l'échine, mes hardes volant au vent, m'acheminant lentement moi aussi vers Bègles où j'arriverais le 5 février à mon tour pour m'exposer, en compagnie d'un autre camarade habitué des lieux, Jean-Louis Cerisier.

Pour situer le musée de la Création Franche voir leur site web

05/12/2010

Le Théâtre Bois De Bout de François

Théâtre-Bois-De-Bout-s,déc0.jpg

François le marionnettiste, photo Bruno Montpied, décembre 2009

      Depuis quelques mois, l'ami Remy Ricordeau me l'ayant signalé sur le parvis du Centre Beaubourg à Paris, je garde des photos de côté sur un marionnettiste de rue, dont je viens de découvrir qu'il se prénomme François. Remy me l'avait présenté en me disant qu'il s'exprimait avec ses marionnettes dans une musique qu'on pourrait apparenter à une sorte d'art brut musical. J'étais allé le voir, l'avais écouté. Il s'exprime avec un sabir étrange, déformant les mots, prenant un drôle d'accent en effet. Mais lorsqu'on l'entend répondre aux questions d'un interview dans le web-documentaire présent sur le site Brèves de trottoir (excellent site qui se voue à l'illustration sonore, visuelle, cinématographique des figures de la rue parisienne - et voilà encore un crêneau de pris sur le web!), on se dit qu'il a de la culture - il cite Dubuffet et son "homme du commun" à un moment - il nous dit descendre d'une famille de marionnettistes, il n'est pas complètement "barré".

Théâtre-Bois-De-Bout-8.jpg

François, 2009, ph. BM 

 

   Mais qu'est-ce que ça fait au fond? L'homme est éminemment sympathique. Il vient en vélo tous les jours d'une campagne située à 50 kms de Paris pour rencontrer un public divers et varié (ou non, il lui est arrivé de jouer devant le vide, en continuant quand même), il manipule ses marionnettes à fil, tirant des borborygmes par-dessus l'action de ses histoires décousues, soufflant dans son harmonica avec une sainte inspiration. Il fait de "l'art populaire", il maintient le théâtre de marionnettes en public, comme il dit à un moment où on n'en voit plus beaucoup dans les rues. Son désintéressement est peut-être ce qui lui fait  avant tout rencontrer quelque public plus ou moins éberlué et lentement gagné à sa cause. Son jeu, son accent pâteux, comme d'un dyslexique ou d'un handicapé verbal, intriguent, donnant à ses spectacles un aspect vaguement foutraque.

Théâtre-Bois-Debout-9.jpg

 Les marionnettes épuisées, ph BM, 2009

04/12/2010

Une sirène africaine à Pamiers

     Les Amoureux d'Angélique m'ont fait un magnifique cadeau avant l'heure, en se baladant aux Puces de Pamiers, où ils ne se sont pas pâmés devant des puciers, non, au contraire, ils sont tombés sur une petite merveille, une sirène à queue bifide, c'est-à-dire deux queues. Qui a tout l'air d'une Mami Wata, avec ce serpent qui lui passe sous les reins, en tout cas, eux comme moi avons plaisir à nous l'imaginer... Elle valait 1 €. Comme quoi nul besoin de s'en aller faire ses emplettes avec la Jet Set de l'art brut du côté des grandes foires d'art brut à la mode pour trouver de la poésie populaire à portée de tout un chacun.

 

 

Anonyme,-sirène-(mami-wata-.jpg

Anonyme, sirène, peut-être une Mami Wata africaine, des traces de trous sur le haut de la pièce peut laisser imaginer qu'elle servit peut-être de figure de proue sur quelque grosse barque, comme image propitiatoire chargée d'éloigner les  esprits malins des eaux  ; dénichée par Martine et Pierre-Louis Boudra à Pamiers, 2010, photo BM

02/12/2010

Recoins n°4

Couverture du n°4 de la revue Recoins.jpg

 

     Les recoins se sont agrandis, la revue, pour les besoins de ce n°4, a  repoussé les murs comme on dit pour se donner un peu plus d'air (format 25x20cm). Si je n'arrive pas à me départir de l'impression que la revue par certains aspects de sa mise en pages tient un peu comme à distance les sujets qu'elle présente à ses lecteurs, du fait du corps des caractères qui reste encore trop petit pour mes yeux fragiles, je comprends par ailleurs qu'étant donné la richesse des matières traitées dans ce numéro, les rédacteurs (tous des passionnés et des bénévoles) aient été placés devant des choix cornéliens sur la question de la mise en pages. On retiendra donc avant tout la nette amélioration de cette dernière, ainsi que de la ligne éditoriale.

 

 

Pierre Darcel,Les 4 danseurs et le dos de la Statue de la Liberté, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg

 

Pierre Darcel, danseurs bretons en ciment couvert de coquilles de moules, coques, berniques, coquilles Saint-Jacques, ph. (inédite) Bruno Montpied, 2010

 

 

     Il s'est passé en effet quelque chose de plus, la revue a basculé dans une autre ère il me semble. On est là face à un saut qualitatif indéniable. Un de ses plus grands mérites est son excellent équilibre en dépit de sa variété. Car le sommaire marie les environnements spontanés (c'est moi qui m'y recolle avec un article sur un site nouveau en Bretagne, de Pierre et Yvette Darcel, statufieurs et mosaïstes, du côté de St-Brieuc), à la boxe, le rock n'roll, le blues ou la country, voire la musique antillaise d'avant le zouk (tiens il y a aussi un texte de Cosmo Helectra sur la musique de ski nautique, Cosmo un habitué de nos parages et animateur de l'émission Songs of praise sur Aligre FM tous les lundis soirs). Le mixage continue avec des articles sur un auteur de livres anticléricaux du  XVIIIe siècle, plus une très belle étude de Bertrand Schmitt sur un créateur tchèque Vladimir Boudnik (non, ni beatnik, ni spoutnik, quoique nom-valise on dirait, comme fait à partir des deux). Sont également convoqués deux très beaux textes de Régis Gayraud à thématiques contrastées (démontrant une fois de plus le grand talent du bonhomme, et je ne dis pas ça parce que c'est un ami, c'est plutôt le contraire, c'est parce qu'il crée aussi des choses de ce calibre qu'il est mon ami), une (trop) courte intervention d'Olivier Bailly sur Robert Giraud, une notice d'André Vers sur le Vin des Rues de Giraud, de l'art populaire dans les oratoires du Cantal, 

Pieta,Cantal,ph.Bruno Montpied, 1990.jpg

 

 

des compte-rendus de divers livres, des aphorismes (d'Olivier Hervy, en petite forme, j'ai trouvé), des brèves de comptoir comme celle-ci:

 

"La fin du monde, c'est mieux à la campagne, tu te fais pas piétiner"

(Tirée d'une anthologie de Jean-Marie Gourio, concoctée par l'auteur à partir de propos tenus dans les bistrots, pratique certes antérieure à Gourio, mais mettant en relief l'indéniable esprit des rues, volatil, anonyme, difficile à fixer en littérature, une création littéraire immédiate en quelque sorte)

 

Sommaire-Recoins-4.jpg

Sommaire de Recoins n°4

      Au sein de ce sommaire éclectique, et parce qu'il faut bien se limiter sur ce blog à quelques détails seulement, les deux interventions sur lesquelles j’ai tendance à focaliser sont celles de Régis Gayraud pour son texte « Méritoires d’outre-terre, feuilleton (1) », et l’étude de Bertrand Schmitt sur le poète, plasticien et théoricien tchèque Vladimir Boudnik.

     Du premier, on peut retenir son étourdissante habileté à plonger le lecteur dans un climat de pur onirisme qui a cette particularité de ne pas se cantonner au réveil - à cet entre deux où la conscience pas encore complètement extirpée du sommeil vacille entre deux mondes - mais bien plutôt à s’étendre progressivement, insidieusement à tout l’ensemble de l’activité diurne. Monde renversé, où la veille devient territoire du rêve, ce qui n’est pas sans laisser le lecteur au bord d’une certaine angoisse assez voisine de celle qui préoccupe un Roger Caillois par exemple dans les expériences qu’il relate dans son petit livre L’Incertitude qui vient des rêves. Régis l’a déjà écrit ailleurs (dans une enquête sur les rêves publiée naguère par le groupe de Paris du mouvement surréaliste –auquel soit dit en passant appartient Bertrand Schmitt), les rêves ont pour lui un autre aspect que celui de révéler des désirs enfouis et refoulés, selon la doctrine freudienne. L’activité onirique brasse les cartes des situations possibles, se prêtant ainsi à une véritable combinatoire des situations qui pourraient se produire. Ce qui explique qu’elle puisse prendre l’aspect d’un terrain propice aux prémonitions. Il semble que le texte de Régis publié dans ce nouveau numéro de Recoins joue quelque peu avec ce désir d’anticipation. Comme si l’auteur cherchait à diriger son destin, comme d’autres cherchaient à diriger leurs rêves.

Vladimir-Boudnik,-variation.jpg

Vladimir Boudnik, du cycle Variations sur le test de Rorschach, 1967 (extrait des illustrations de la revue Recoins)

 

     L'étude de Bertand Schmitt qui présente le fort peu connu Vladimir Boudnik (1924-1968) m'a fait l'effet d'une véritable illumination. J'ai reconnu en lui - comme certainement cela a été le cas pour la rédaction de Recoins (il faut repérer dans la revue les photos d'Emmanuel Boussuge qui comme moi s'intéresse de fort prés aux images créées par le hasard, figures anthropomorphes des ferrures de portes, piquets de clôture, taches diverses) - un précurseur, ou un continuateur, de la création immédiate. Ce poète, plasticien, et théoricien tchèque, instruit des ravages profonds induits dans l'âme des hommes par les désastres de la Seconde Guerre Mondiale, chercha à créer une nouvelle forme d'expression qu'il appela "l'explosionnalisme", qui consistait entre autres à pousser les individus dans la rue à projeter leurs inconscients à travers les traces existant sur les murs. "Armé de fusains, de craies, de graphites, il lit et interprète les vieux murs, fait surgir de la chaux des fantômes endormis". Ce que Bertrand nous apprend des actions et de la quête de Boudnik le montre assez parallèle avec les idéaux des membres contemporains du groupe Cobra, convaincus de la transfusion de l'art dans la vie quotidienne des classes populaires, ou d'un Dubuffet, également contemporain, qui découvrait à cette époque-là le génie populaire individualiste des oeuvres de ce qu'il appela "l'art brut". Il écrit les phrases suivantes, qui font indéniablement écho à l'illustration et à la défense de la poétique de l'immédiat que je cherche à promouvoir sur ce blog: "Un [...] appel à la création immédiate et concrète avait été exprimé dans le premier manifeste de l'explosionnalisme...". "Cette exhortation à la création collective, directe et populaire contient aussi une remise en cause du statut séparé de l'artiste professionnel". Et voici aussi cette phrase empruntée aux écrits de Boudnik: "Regardez autour de vous! Sur le mur sale, le marbre, le bois... Ce que vous voyez est ce qui est à l'intérieur de vous. Ne sous-estimez pas les taches. Faites-en le tour avec votre doigt, redessinez-les sur le papier... Saisissez votre monde intérieur." C'est la leçon de Léonard de Vinci proposée à l'homme du commun! Travaillant en usine, il va former des groupes de prolétaires à l'étude et à la création de formes inspirées d'images aléatoires comme les taches, les traces que l'on trouve communément autour de soi (les nuages, les signes sur les peaux de bananes, n'est-ce pas Bruly-Bouabré?...). Il organise des expositions dans les couloirs de son usine "au grand ébahissement des cadres et des ouvriers"...

Extrait d'un documentaire sur Boudnik sur You Tube (plusieurs oeuvres de cet étonnant expérimentateur sont ainsi visibles ici)

 

       Il expérimente à tout va (il fera ainsi une suite d'interprétations des tests de Rorschach), cherchant apparemment à ce que suggère Bertrand Schmitt dans son si éclairant article à partir en quête des secrets de la matière, de l'énergie génitrice présente au sein de celle-ci. Bref, on a là  à l'évidence une étude tout à fait passionnante, et rien que pour ces textes-ci, la revue Recoins dans ce n°4, a déjà rempli son office d'illuminatrice. J'encourage naturellement tout un chacun à s'enquérir du reste de son contenu.

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Recoins  est disponible en écrivant et en s'abonnant 13, rue Bergier, 63000 Clermont-Ferrand. Adresse e-mail: revuerecoins@yahoo.fr

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A signaler également ce jeudi soir 2 décembre au Kiosque/Images, 105, rue Oberkampf, la présentation de l'ouvrage Les 12 travaux d'Hercule, édité par Recoins et Cie, sur les dessins de Pascal, un des créateurs fréquentant le foyer d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg (voir les notes que j'ai consacrées sur ce sujet).

La revue est disponible également sur Paris à la librairie de la Halle Saint-Pierre (XVIIIe ardt), ainsi que chez Bimbo Tower, passage Saint-Antoine dans le XIe arrondissement. D'autres librairies seront bientôt pourvues à leur tour.  

27/11/2010

Caroline Dahyot et le Kamasutra

   Titre alléchant, n'est-ce pas? C'est le titre de l'exposition à laquelle, à partir du 10 décembre va participer Madame Dahyot à Roubaix.

affiche expo Kamasutra au Goût des Choses, Roubaix, déc 2010-Janvier 2011.jpg

   C'est surtout pour moi aussi l'occasion d'insérer ici un supplément en images et musique sur les poupées de l'artiste d'Ault, diaporama trouvé sur l'inépuisable Youtube. Sur cet inestimable site sont trouvables d'autres vidéos et montages réalisés par Caroline Dahyot et ses amis.

     La bande-son de cet opus pourrait intéresser les amateurs de musiques d'outre-normes également. 

21/11/2010

La quête d'Acézat, feuilleton

      Un dessin d'Acézat m'a récemment été communiqué par une de mes commentatrices, Charlotte, qui était intervenue sur ce blog à la suite des deux notes que j'avais publiées au sujet de cette créatrice fort peu connue que j'avais découverte chez l'ami Alain Garret. Voir ici et . Il semble qu'une petite communauté d'amateurs se constitue naturellement autour de l'oeuvre de cette peintre singulière disparue récemment. Nourrissons sa curiosité.

     Le dessin ci-dessous, me dit Charlotte, est présenté par elle comme un "collage". A dire vrai,  je pense plutôt, en me basant seulement sur la photo, à un dessin simplement encadré de façon originale dans la trouée d'un vieux journal déchiré (un exemplaire de 1939 du journal Gringoire).

 

Acézat, Le cocu qui a mis une branlée à sa nana, collection Charlotte Cante.jpg

Acézat, Le cocu qui a mis une branlée à sa nana, dessin, collage et assemblagecoll. Charlotte Cante

     Charlotte Cante décrit en ces termes le dessin ci-dessus: "Les dimensions sont de 70 x 54 cm, avec le cadre. Il s'agit d'un cadre en bois brut "fait maison", le collage est recouvert par une vitre. Le fond est la première page du journal Gringoire, daté du 22 juin 1939 ; le dessin du personnage semble être fait au feutre ou au marqueur  et les contours irréguliers ont été brûlés, cela se voit par endroits. Sur le personnage, une étiquette (d'identification de bagage?) est collée, et plus bas, entre les jambes, une petite tête de femme est positionnée (elle n'était pas collée)".

      Il y a là, on en conviendra, une originalité empreinte d'humour qui mériterait d'être davantage connue, d'autant qu'elle paraît s'être déployée à l'écart du monde, en toute indépendance, gage d'authenticité absolue, à ce qu'il me semble.

 

Acézat,sans titre,1998, ph. Alain Garret.jpg

Acézat, sans titre (un enfant noir?), 1998, exposition de Talence, ph. Alain Garret

 

16/11/2010

En plein rêve

     L'ai-je déjà publiée cette photo? Je la regarde à nouveau cette nuit avant de me confier à Morphée et je me dis que c'est une bonne planche à rêve...

Cimetière de La Souterraine, art topiaire, ph.Bruno Montpied, 2005.jpg

Cimetière de La Souterraine, Creuse, 2005, ph. Bruno Montpied

         La Lanterne des Morts qui attend au fond de la perspective est comme l'aiguille, immobile pour toujours, d'un cadran absent car inutile. Les morts déambulent mais on ne les voit pas, ils n'ont pas voulu impressionner la photo (ils n'aiment pas le numérique peut-être). Ils aiment à se lover, se contorsionner dans ces gros blocs d'ifs taillés en art topiaire. Ceux-ci ressemblent à des pièces de jeux d'échec géants, rendus difformes par l'anarchie naturelle d'une germination nourrie de chairs grasses et purulentes. Nous sommes dans le labyrinthe de la planète des morts, cette même planète dont parlait une petite fille dans une enquête que j'ai mise en ligne jadis (il y a un an presque jour pour jour) sur ce blog. Je ne sais pourquoi, mais j'ai tout à coup l'impression que ces blocs peuvent devenir caoutchouteux, et qu'ils vont se mettre à sauter comme des bouchons de champagne en rebondissant dans tous les sens dans la campagne environnante.

Cimetière-blocscouleur.jpg

Version couleur du même cliché précédent (pour répondre à la demande de Gilles ci-dessous ; est-ce le noir et blanc qui est au départ ou la couleur? Avec le numérique, on ne sait plus ; cette version couleur, résultat d'un photoshopage triturant les couleurs, est-elle première, pas plus que le noir et blanc sans doute...; mais le brouillard du petit matin était bien au rendez-vous ; la revoyant aujourd'hui, je me dis qu'elle est comme la photo d'un mort qui se serait promené au petit matin sorti des arbres, photographiant le vide, l'absence de vie, ce qui est bien un sujet de morts ; ce qui n'est pas loin d'une anticipation, puisqu'inéluctablement elle le sera bien un jour, photo d'un mort)

15/11/2010

Les mêmes monstres au pouvoir

    Remaniement? Qu'est-ce que ce fracas pour rien? Mieux vaut se tourner vers cette involontaire (?) caricature signée Yves Jules de l'Atelier Campagn'art en Belgique montrant les puissants du jour dans toute leur splendeur. L'auteur a voulu camper des icônes, mais la machine à gloire a dû se dérégler, des sortes de vampires se sont tout à coup dressés entre lui et nous...

Yves Jules, Carla C'est Nicolas Sarkozy leur tendre complicitée en Afrique, exposition musée de la Création Franche 2009, coll. Bruno Montpied.jpg

 Yves Jules, Carla c'est Nicolas Sarkozy leur tendre complicitée en Afrique, vers 2009, coll. BM

    A signaler une exposition qui commence le 25 novembre (du 26 novembre au 12 décembre 2010 exactement) à la fondation Folon au château de la Hulpe intitulée "L'être et le par être, ateliers d'artistes dits différents" avec des créateurs venus des ateliers du Créahm, de l'Atelier Campagn'art (Yves Jules ne sera pas de cette expo) et de la Maisonnée. Voir ce lien pour en apprendre davantage.

Invitation campagn'art.jpg

06/11/2010

Quarante ans après sa mort, le grand Charles...

     Cette statuette, dont l'auteur est resté anonyme, semble représenter à n'en pas douter le fameux général, au képi ici muni de deux étoiles, identifiable surtout grâce à la croix de Lorraine épinglée sur la vareuse brune. Même si elle fut vraisemblablement sculptée au moment de la Seconde Guerre Mondiale, rien ne m'empêche de la mettre quelque peu en scène en guise d'hommage (anniversaire des quarante ans de sa mort aussi) à une de ses gestuelles connues des années 60, surtout si cela permet d'exhiber quelque peu le petit secret caché dans ses dessous...

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De Gaulle...

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...Vive le Québec libre!

(Ou quand De Gaulle a la gaule ; coll. BM, ancienne réunion du brocanteur Philippe Lalane actuellement sur la Foire à la brocante de la Bastille, stand "La Patience")

Conférence à Chartres de Marielle Magliozzi

     Dans le cadre des 8èmes Rencontres internationales de la Mosaïque à Chartres, rencontres qui bien entendu découlent de la présence dans la  ville de la maison en mosaïque de Picassiette (rue du Repos), s'annonce pour le samedi 20 novembre prochain (14h30, lycée Fulbert, rue Saint-Chéron), une conférence de Marielle Magliozzi intitulée "Architecture et art singulier", ce dernier terme étant à comprendre comme désignant des créations environnementales d'autodidactes (voir l'annonce que j'avais faite en son temps du livre publié par Miss Magliozzi sur ce thème aux éditions de l'Harmattan). Quelques plus amples renseignements? On se reporte aux placards ci-dessous:

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invitation 8èmes rencontres autour de la mosaïque, à Chartres .jpg

 

 

01/11/2010

Musique d'outre-normes

Oskar Haus,les frères Péguri, pastel et crayon sur papier, vers 2009.jpg

Oskar Haus, portrait des frères Péguri, célèbres accordéonnistes, 42x52cm, vers 2009

      La question de la possibilité d'une musique brute en passionne plus d'un. Est-elle possible? Jusqu'à présent, du côté des créateurs de l'art brut qui sont aussi des producteurs de sons musicaux, on n'a pas encore trouvé - à ma connaissance, mais dans ce domaine, elle est plutôt limitée, donc prenez mes avis comme des interrogations plutôt que comme des affirmations -  des créateurs véritablement inventifs, ou du moins aussi inventifs que dans les arts plastiques. La plupart du temps, on recycle des instruments populaires comme l'accordéon (Oskar Haus ; ou André Robillard, qui va plus loin cela dit, en chantant dans des seaux, ou en inventant des tirades gutturales en langue imaginaire), on se bricole des percussions en chantant des airs traditionnels plus ou moins bien reproduits (Pierre Jaïn), on joue du violon en amateur (Martha Grünenwaldt). Il y a les cas cependant de Jean-Marie Massou qui au fond de ses boyaux creusés sous terre dans le Lot (voir le film d'Antoine Boutet que j'ai évoqué ici à plusieurs reprises) chante d'entêtantes mélopées, ou celui de Wölfli que l'on voit sur certaines photos chanter ou imiter des sons de trompes en tenant d'immenses cornets de papier enroulé devant sa bouche (on pense à certaines pratiques jazzistiques). Derrière, en réalité, se cache chez l'amateur de ce genre de recherche un désir de trouver de nouvelles formes musicales, de nouvelles expérimentations qui puissent le détourner de ses conclusions blasées devant les formes musicales connues.

Couverture de Chronic'art numéro 68, sept-oct 2010.jpg     Voici qu'un dossier est paru durant ces temps-ci dans le magazine Chronic'art (numéro 68, septembre/octobre 2010), intitulé "Outsiders, les maîtres fous" et dû à Julien Bécout et Sylvain Quément, illustré de photos de Frédéric Lux et d'Eric La Casa. Outre un article bien documenté, on y trouve une "galerie de portraits" d'outsiders musicaux qui fonctionne, pour l'ignorant que je suis, comme une première piste alléchante. Y sont évoquées en de courts paragraphes illustrés de photos quelques figures peu connues de la scène "outsider" comme Madam X-Otic, répondant aussi  au doux pseudo de "Dolly Rambo", jeune handicapée mentale originaire de  Hongrie dont un groupe de musiciens arrange et mixe les chantonnements au sein de clips scénographiées approximativement.

    Il y a bien sûr le cas de Daniel Johnston, né en 1961, autodidacte, ayant fait des séjours en hôpital psychiatrique pour maniaco-dépression, passionné de diverses obsessions, comme le diable, Casper le fantôme, les Beatles, King-Kong, qu'il met en poèmes, dessins et musique. Ses dessins jusqu'ici ne m'avaient pas trop convaincu, mais ses performances musicales, sur scène quelquefois, lui aussi accompagné de musiciens qui l'accompagnent, sont fort touchantes. Ci-dessous une des nombreuses vidéos trouvables sur internet à son sujet. La chanson qu'on entend, à la fort jolie mélodie, fait songer vaguement à un Neil Young aux accents fêlés et pour cette raison extrêmement émouvant.

 

     Lucia Pamela, pianiste et meneuse de revues, nous dit toujours l'article de Chronic'art, enregistre de son côté vers 1969 "de manière rudimentaire un album de caquètements doo-wop [qui] prend les atours d'une féérie candide". Il y a aussi le cas de cette cantatrice mégalo à la voix de crécelle qui massacra sa vie durant le répertoire de l'opéra classique, Florence Foster Jenkins, cantatrice qui aurait servi de modèle à la Castafiore d'Hergé dans ses aventures de Tintin. Etc... On se reportera au dossier de Chronic'art pour connaître les autres cas (Damiao Experiencia, Mingering Mike, Jandek, Wesley Willis, Harry Merry en particulier). Nul doute qu'on puisse prolonger la recherche du côté du libraire-disquaire Bimbo Tower, passage  St-Antoine à Paris.

    Ce dossier fait-il évoluer la question initiale de la possibilité d'une musique brute? Sarah Lombardi, une des conservatrices de la Collection de l'Art Brut à Lausanne, citée par l'auteur de l'article sur "Les beaux excentriques", aurait dit que selon elle il est difficile de trouver ce genre de musique en raison des instruments de musique, complexes par nature, et formatant les pratiques. Mais il faut compter avec les forcenés créatifs toujours prêts à remettre en cause les prééminences et les préjugés en matière d'outils ou de convictions établis. On voit qu'on accorde, dans les milieux passionnés de musique expérimentale autre, de plus en plus d'intérêt aux amateurs non musiciens qui chantent dans leurs douches avec des voix de fausset, dont les fêlures retiennent précisément l'attention. Comme si dans ces failles passait une nouvelle lumière remettant en cause le formatage généralisé. Du coup, peu importe qu'elle soit brute ou non...

A signaler, parmi d'autres, ce blog consacré aux musiques indépendantes, rares et bizarroïdes, Cartilage consortium.

24/10/2010

Art brut et art singulier à l'encan

      Je ne vais que fort rarement aux ventes aux enchères. Une question avant tout d'habitude, bien sûr. Je ne connais pas trop les moeurs de la peuplade qui séjourne dans ces lieux. J'ai toujours peur en particulier qu'en me frottant par mégarde l'aile du nez, je me retrouve acquéreur de quelque horrible rossignol. Mais bon, je consulte les catalogues quelquefois, comme celui de la vente chez Tajan, rue des Mathurins dans le VIIIe arrondissement,  qui aura lieu demain à Paris. C'est l'occasion de voir défiler de belles images (1), et parfois de belles découvertes, même chez des créateurs aussi connus que Chaissac par exemple (2). On peut également bien entendu découvrir à ces occasions de nouveaux venus non encore repérés (3). Tout en se confirmant par devers soi à quel point vieillissent mal certaines fausses valeurs (Jean-Pierre Nadau, Chomo, par exemple souffrent du voisinage avec les autres oeuvres proposées ; c'est parfois inhérent à l'aspect de bazar que prennent parfois les ventes aux enchères).

 

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(1). Alexandre Lobanov, sans titre, aquarelle, encre et crayons de couleur sur papier, extrait du catalogue de la vente chez Tajan, 25 octobre 2010

 

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  (1). Yassir Amazine, sans titre, dessin double face, crayons de couleur, stylo bille et crayon sur papier, 35,5 x 33,5 cm, catalogue de la vente Tajan ("provenance" Art et Marges, Bruxelles)

 

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(3). Baudoin Fierens, sans titre, stylo bille sur papier, catalogue de la vente Tajan ("provenance" Art et Marges, Bruxelles)

 

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(2), Gaston Chaissac, composition aux personnages, collage et encre sur papier, 18,5 x 13,5 cm, catalogue de la vente Tajan

 

      Et l'on peut aussi avoir la surprise de découvrir des oeuvres annoncées "en provenance de" l'association ABCD, et non des moindres, comme ce magnifique dessin de Jaime Fernandes, dont on se demande pourquoi ABCD aurait songé à s'en défaire (ou pourquoi il ne l'a pas acquis)... Est-ce le début de la grande dispersion? Sur le site de l'association, nulle information à ce sujet heureusement. Au point qu'on se demande s'il n'y aurait pas quelque erreur du côté des rédacteurs du catalogue de la vente Tajan. (Voir cependant le commentaire de "Lem" au bas de cette note qui semble indiquer qu'il pourrait s'agir d'oeuvres ayant été vendues lors d'expositions à la galerie ABCD de Montreuil)

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Jaime Fernandes (1899-1968), Personnage, stylo à bille sur carton, 32 x 25 cm, catalogue de la vente Tajan, " provenance collection ABCD"

      De même, autre sujet d'étonnement, deux oeuvres de Noël Fillaudeau, une valeur sûre de l'art singulier (ce continent en marge de l'art brut, ce surréalisme inconscient et inachevé...), sont également à vendre, en "provenance"... du Musée de la Création Franche ! Je croyais ce dernier pourtant en train de bâtir une collection en évitant d'en perdre la moindre brique. Le fondateur de cette dernière collection, sollicité par moi, m'a aimablement fait savoir que cette information concernant cette problématique "provenance" des deux Fillaudeau était tout bonnement fausse! La collection de la Création Franche est par principe "invendable et incessible". Cette formule "en provenance" est bien confusionnelle, je trouve, et peut créer des inquiétudes chez ceux qui ont fait des donations aux collections mentionnées, par exemple... 

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Noël Fillaudeau, sans titre, gouache sur papier (en réalité, cette oeuvre semble faire partie de la série dite des "Métamorphoses" dans laquelle Fillaudeau peignait en "modifiant" des reproductions photographiques de magazines et autres), catalogue de la vente Tajan, donc pas en "provenance" du musée de la Création Franche 

22/10/2010

Postérité des environnements (4): Virgili et son cri d'amour

    Virgili, ça vous rappelle quelqu'un? Un maçon italien actif dans son jardin et son garage du côté du Kremlin-Bicêtre près de Paris dans les années 1970-1980. Il avait hérissé son lopin de "totems" égrenant des têtes tirant la langue, des faces solaires cernées de rayons, des proclamations d'amour, des arabesques de fer forgé, des oiseaux en ciment blanc, des tables couvertes de mosaïques...Totems de Virgili en 1984, Le Kremlin-Bicêtre, photo Bruno Montpied avec un Instamatic.jpg Le visitant avec mon bon ami Régis en 1984, nous n'avions pas pu rester bien longtemps à baragouiner avec lui (j'ai souvenir qu'il parlait malaisément français?), car sa femme nous avait proprement jetés dehors en nous insultant, nous traitant de métèques, de bougnouls...Pendant que son mari, le pauvre Virgili à voix basse nous conjurait de ne pas prêter attention, ce qui était difficile à faire étant donné la voix d'orfraie de la virago qui ameutait tout le voisinage. A l'époque, j'avais entendu parler de lui dans un numéro spécial d'Actuel sur les banlieues de l'art. Et puis Madeleine Lommel au Château-Guérin de l'Aracine à Neuilly-sur-Marne était intarissable à son sujet, en extase quasiment...

Virgili,fragments d'assemblages, photo Bruno Montpied avec Instamatic, 1984.jpg

Virgili, assemblages de têtes et divers motifs ornementaux sur des piquets, 1984, photo Bruno Montpied (avec un Instamatic)

 

      L'Aracine lui avait consacré une plaquette, en 1984, une des rares qu'ils éditèrent du reste, ressemblant par sa livrée modeste un peu aux premières publications de la Compagnie de l'Art Brut avant que cette dernière ne parte migrer aux USA chez Alfonso Ossorio.

Couverture de la plaquette sur Virgili, éditions L'Aracine, 1984.jpgDernière page de la plaquette Virgili,L'Aracine, 1984.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Couverture et dernière page de la plaquette consacrée par l'Aracine à Virgili en 1984

 

      Dedans, il y avait, à la dernière page, ce panneau circulaire (Virgili adorait les cercles, les soleils, c'est même l'un d'entre eux qui devint longtemps le logo de l'Aracine) couvert d'une proclamation en hommage à l'amour (et à la jouissance). Je m'étais dit que la plupart des panneaux de Virgili avaient pu échouer dans les collections de l'Aracine. Je me trompais. Le panneau en question n'y était pas, il a fait un autre bout de chemin, de collectionneur en collectionneur. Le voici réapparu dans la réunion d'art populaire de l'antiquaire Michel Boudin.

 

Virgili, Panneau slogan d'amour, réunion et photo M.Boudin, 2010.jpg

Virgili, "Le cri de la vie...", réunion et photo Michel Boudin, 2010

      C'était donc l'occasion pour moi de le révéler ici en couleur, et de montrer l'étonnante et merveilleuse postérité des oeuvres éphémères des créateurs d'environnements bruts, certes extraites de leur contexte d'origine mais point encore absolument tuées, tant qu'existe un peu de passion à leur égard. Ces oeuvres se défendent toutes seules, en dépit de la disparition de leur auteur. Signe d'un message qui n'a pas été perdu.

 

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Virgili qui va calmer la mégère pendant que ses visiteurs s'éloignent à regret..., 1984, ph.BM (toujours à l'Instamatic)

 

17/10/2010

Art sans étiquette à Rives, sortie A 48 entre Lyon et Grenoble, parcours fléché...

    Art singulier? Trop galvaudé ces temps-ci. Art brut? Inadéquat, et déjà pris. Art contemporain? Trop vague. Art Hors-les-Normes? Pas tant que ça... Alors on opte pour un terme descriptif qui ne dérangera personne, "Art partagé", pour cette 3ème biennale organisée par l'association Oeil'Art, à Rives en Isère. 

Art partagé, 3ème biennale.jpg

     Une bonne partie des créateurs présentés ici viennent des ateliers qui hébergent les expressions des déficients et autres handicapés mentaux, Jean-Louis Faravel, animateur d'Oeil'Art ayant une prédilection marquée de ce côté-là (mais gare aux redites! Il commence à y avoir beaucoup de "bonshommes" peints dépouillés sur des fonds très colorés au sein de cet art des handicapés, et cela finit par nuire à l'écho que ses partisans voudraient voir bien établi).

     On reconnaît aussi parmi les propositions d'oeuvres quelques noms connusJoël Lorand portrait en train de dessiner, ph Association Oeil'art.jpg des lieux voués à la défense et à l'illustration de ce que l'on appella en 1978 "les singuliers de l'art", et depuis les festivals qui se sont montés dans les années suivantes, "l'art singulier".Adam Nidzgorski,ph. Site web Art tout simplement 2010.jpg On notera l'inversion des termes qui signala que l'on accordait dans ces festivals le mot "singulier" davantage avec l'art, plutôt qu'avec les personnalités, et leur comportement singulièrement créatif. L'art singulier au fond devenait l'art contemporain du dimanche... Dès lors, on risquait d'y trouver à boire et à manger. Il est difficile aujourd'hui, dans les festivals d'art plutôt pluriel de ne pas se retrouver au milieu d'un bric à brac confus envahi de suiveurs et d'arrivistes aux dents longues quoiqu'un peu voyantes.

 

POSTIC Les larmes de la pluie encre sur toile80x40cm 2009.jpgEvelyne Postic, Les larmes de la pluie, encre sur toile, 80x40cm, 2009

 

Marie-Jeanne Faravel, Mes petites histoires,43x39, encre, matériaux divers et points de couture, 2010.JPG

Marie-Jeanne Faravel, extrait de la série "Mes petites histoires", 43x39cm, encre, matériaux divers et points de couture, 2010

        Ce ne paraît pas être le cas avec la biennale de "L'art partagé" où un effort sincère est fait en faveur de la découverte de nouvelles formes d'expression autodidactes.  C'est pourquoi je suis allé proposer mes propres productions auprès d'Oeil'art qui m'a accueilli avec hospitalité. Une douzaine de mes petits formats sont présents dans les cartons de l'association. Voici quelques unités:

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui, 2008.jpg

Bruno Montpied, Ils sont plusieurs à hésiter en lui..., 24x18, 2008 

Bruno Montpied, Où l'on perd la tête, 2005.jpg 

B.M., Où l'on perd la tête, 25x30cm, 2005 

Bruno Montpied, Le Pouvoir,2009.jpg

 B.M., Le Pouvoir, 29,7x21cm, 2009

Bruno Montpied, La bouliste bizarre, 2010.jpgB.M., La bouliste bizarre, 24x17cm, 2010 

     

      On sent qu'une des lignes de force des expositions montées par Oeil'art est un certain goût des figures épurées, voire dépouillées (c'est pourquoi l'association est aimantée par les figures de l'art des handicapés). Et c'est aussi vrai qu'il est très émouvant, et parfois même vertigineux, de constater la force que peut recéler une figure très nue, très simplement rendue. Chaissac y arrive avec une virtuosité quasiment sans égale (comme on pourra s'en rendre compte en ce moment  en allant visiter l'exposition très réussie qui se tient à Paris sur la rive gauche dans la galerie Nicolas Deman).

Jean Dehombreux 1, 73x55.jpgJean Dehombreux (nom prédestinant?), ph. site web Art Tout Simplement 



12/10/2010

Une sirène des rues encore (Mami Wata la suite, à Paris)

     Les sirènes me poursuivent drôlement je trouve. J'errais samedi matin avec un ami brocanteur aux Puces de Vanves, et comme souvent je me disais que je n'allais encore rien trouver. Et c'est toujours au moment où l'on désespère (enfin c'est souvent  à ces moments-là, un peu comme lorsqu'on est las d'attendre un bus qui ne vient pas, et qu'on se décide à partir, et il survient juste au point de lassitude...), que la surprise se manifeste. Repassant devant un éventaire qui sans doute avait été tardivement déballé, me frappent comme une balle deux peintures représentant deux magnifiques sirènes que le biffin a accrochées à la grille longeant le trottoir. Présences immédiates! Qui m'élisent aussi sec! Une connexion se fait instantanément, je ne peux faire autrement que chercher à en acquérir une. Il y en a quatre au total, et aussi des animaux (une belle hyène dégustant une proie sanguinolente, deux lions qui ont une certaine ressemblance avec ceux que peignait le naïf italien Ligabue). Et le marchand me dit: c'est les "Mami Wata" qui vous intéressent? Encore des Mami Wata...! Je ne les avais pas d'emblée reconnues pour sirènes africaines. Elles sont signées "Mansuela 78". Un peintre zaïrois (le Zaïre est l'ancien Congo) actif dans les années 70 donc.

 

Mansuela,-Mami-Wata-(Zaïre).jpg

Mansuela, sans titre (Mami wata), 43 x 62 cm, 1978

 

      Je choisis d'acquérir, parmi les quatre sirènes, qui tiennent tantôt un téléphone, tantôt un micro surgi des eaux, une qui cueille des roses, poussant bizarrement parmi des touffes d'herbes dans le fleuve d'où elle émerge (les Mami Wata sont des esprits d'eau douce plus particulièrement, je crois). Et il ne me revient qu'à présent, en rédigeant cette note, l'anecdote relative au rosier de la variété de roses "Mermaid" que j'ai évoqué dans ma précédente note sur les Mami Wata (voir lien ci-dessus). L'inconscient a parlé, je ne pouvais choisir qu'une sirène à la rose. Les collections se constituent ainsi, pièce après pièce, recomposant un puzzle qui dessine le désir de ce que nous voudrions sauver de notre vie (voir aussi la note sur ce fantôme lumineux de sirène surgi un jour dans la même maison au rosier "Mermaid").   

 

10/10/2010

L'éternel retour de Jacques Brunius

    Jacques Brunius fut un homme lié au surréalisme jusqu'à sa mort (1967), survenue au moment du vernissage d'une exposition collective surréaliste en Angleterre, pays où il s'était installé durant la Seconde Guerre Mondiale, et où il avait exercé au nom de la résistance aux Nazis la fonction de speaker à la radio (peut-être que certains des célèbres messages codés envoyés aux résistants de l'autre côté de la Manche ont été prononcés par lui). Il fut poète, collagiste, comédien, cinéaste, homme de radio, critique de cinéma. Il a exercé une influence considérable sur diverses personnalités du surréalisme, a aidé à découvrir toutes sortes de créateurs cinématographiques ou littéraires (il fut en effet aussi traducteur). Ce fut un "génial touche-à-tout", comme l'écrivit André Breton, avec qui Brunius resta ami jusqu'au bout. Un créatif qui fut aussi plus passionné de l'action créative que de la publicité à donner à cette action. Les rares exégètes (Lucien Logette, Jean-Pierre Pagliano) qui se sont penchés sur son cas ont eu bien du mal à retrouver des archives qui pourraient aider à reconstituer son parcours complet dans les diverses formes d'action artistico-littéraire où il s'exerça.

Jacques Brunius,André Delons,Colette Brunius, par Denise Bellon, 1936.jpg

Jacques Brunius (en haut de l'escalier), André Delons, Colette Brunius, photo Denise Bellon, 1936 ; extraite du catalogue "Avec le facteur Cheval", Musée de la Poste  

 

       Il m'intéresse moi aussi depuis plusieurs années. J'ai eu l'occasion de revenir sur son rôle précurseur dans la découverte des créateurs autodidactes populaires dans les années 20-30 bien avant que Dubuffet n'arrive avec son "art brut". On commence à savoir en particulier qu'il fut l'auteur du merveilleux Violons d'Ingres (1939), où l'on voit entre autres des images du Palais Idéal, des rochers de l'abbé Fouré, ou de l'atelier du douanier Rousseau, et qui a été réédité en bonus dans le DVD "Mon frère Jacques", excellent documentaire de Pierre Prévert sur Jacques. 

Mon frère Jacques avec dans les bonus le film de Brunius, Violons d'Ingres.jpg 

      C'est peut-être à Brunius que l'on doit la reconnaissance par les milieux intellectuels (surréalistes en tête) du Palais Idéal du modeste facteur Ferdinand Cheval (j'écris "peut-être" car je suis plus prudent que Jean-Pierre Pagliano qui affirme sans ambages - notamment dans le livret du DVD "Mon frère Jacques" - que c'est Brunius qui a fait découvrir le Palais aux surréalistes ; nous n'avons pas de preuves écrites de ce fait à ma connaissance, et cela reste une supposition, plausible, mais une supposition quand même).

 

Jacques-Bernard Brunius et le facteur Cheval, programme des journées du 15 et du 16 octobre 2010 à Valence.jpg

 

       Voici qu'après l'exposition intitulée "Avec le facteur Cheval", qui s'était tenue en 2007 au Musée de la Poste (voir ici la note assez longue que je lui avais consacrée en son temps), on annonce (merci à Roberta Trapani de me les avoir signalées) deux journées de "films, rencontres et visite" intitulées "Jacques-Bernard Brunius et le facteur Cheval". Elles sont prévues pour le vendredi 15 et le samedi 16 cotobre dans la ville de Valence dans la salle du Lux (scène nationale). Demandez, en cliquant sur ces mots qui suivent: le programme... La manifestation est organisée conjointement par le Palais Idéal de Hauterives et Eric Le Roy, chef du service valorisation et enrichissement des Archives Françaises du Film/CNC, ce dernier monsieur étant aussi l'agent du fonds Denise Bellon, cette photographe connue qui photographia le Palais Idéal dans les années 30 pour Jacques Brunius (elle était sa belle-soeur), ce dernier ayant aussi réalisé des photos du Palais dans le but entre autres de faire un livre chez José Corti, projet qui n'alla pas jusqu'au bout.

 Portrait caricatural de Brunius par Maurice Henry.jpg

Jacques Brunius, croqué par Maurice Henry, dessin reproduit dans le livre de Jean-Pierre Pagliano, Brunius (toujours disponible aux éditions L'âge d'Homme)

     Ces journées vont être l'occasion pour ceux qui pourront s'y déplacer de voir en particulier quelques films rares de Brunius, comme, en plus de Violons d'Ingres, Autour d'une évasion (ce court-métrage de 1931, où apparaît le bagnard anarchiste Dieudonné, a été restauré récemment par les Archives Françaises du Film ; Jean-Pierre Pagliano a signalé que le film avait été fait à partir d'éléments ramenés de Guyane par un certain "marquis de Silvagni" et Isabelle Marinone de son côté, dans la revue Réfractions n°11 (2003), a précisé que Brunius avait en fait repris un scénario de Jean Vigo qui s'intéressait beaucoup à ce Dieudonné que l'on avait accusé de faire partie de la Bande à Bonnot). On pourra également voir Sources noires (un "documentaire artistique" de 1937 au commentaire signé Robert Desnos) ou encore Records 37. Une rencontre est prévue avec Eric Le Roy, Christophe Bonin, Lucien Logette et Jean-Pierre Pagliano.          

                 Brunius-par-Pagliano.jpg              En marge du cinéma français, annoté Pagliano.jpg

A gauche le Brunius par J-P. Pagliano ; à droite le livre de Brunius "En marge du cinéma français" (1954) réédité à l'Age d'Homme en 1987, dans une présentation annotée et commentée par le même Pagliano

 

Sur Jacques Brunius, voir aussi Bruno Montpied, « Violons d’Ingres, un film de Jacques Bernard Brunius », Création franche n°25, Bègles, automne 2005.