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05/08/2010

Postérité des environnements (2): Fernand Chatelain, où il va falloir restaurer la restauration...

    Croisant cet été du côté de Fyé, prés d'Alençon, je suis allé revoir ce qu'il reste des statues refaites (pardon, restaurées) de Fernand Chatelain. Elles étaient rangées à gauche de l'ancienne propriété qui paraît à présent divisée en deux parties distinctes, un bouquet d'arbustes touffu marquant la frontière entre elles du côté de la route. Et quelle n'a pas été ma surprise de constater qu'une partie de la barrière toute neuve avait été cassée, de même que des sections du serpent qui se lovait autour de ses barreaux. Va-t-il déjà falloir restaurer la restauration?

Ancienne propriété Fernand Châtelain, Barrière cassée,juillet 2010, ph. Bruno Montpied.jpg
Barrière et serpent cassés sur l'environnement de feu Fernand Chatelain, 2010
Serpent cassé,ph Bruno Montpied, juillet 2010.jpg
Autre blessure du serpent, 2010

03/08/2010

Visilisation, nolphabet?

Erreur d'affichage, métro parisien, mars 2008, ph. Bruno Montpied.jpg
Erreur d'affichage dans le métro en mars 2008 ; cela devait annoncer au départ une exposition sur les Phéniciens à l'Institut du Monde Arabe, à l'arrivée, il n'est plus question de civilisation, ni d'alphabet ; est-ce cela la novlangue?

02/08/2010

Bruly-Bouabré, Ataa Oko, les films

Ataa Oko et Bruly-Bouabré,jaquette des films à eux consacrés par Philippe Lespinasse et Andress Alvarez-.jpg

     Il y avait l'expo à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, il y aura désormais, pour s'en souvenir plus longtemps, les films de Philippe Lespinasse (accompagné d'Andress Alvarez et de Regula Tschumi) sur nos deux compères respectivement ivoirien (en fait, i voit beaucoup) et ghanéen, Frédéric Bruly-Bouabré et Ataa Oko, deux grands voyants venus du continent africain (voir ma note de mars au sujet surtout d'Ataa Oko).

Bruly-Bouabré,dans le film de Philippe Lespinasse, 2010.jpg
Frédéric Bruly-Bouabré dans le film de Philippe Lespinasse et Andress Alvarez, 2010

     Nous avons donc deux courts-métrages sur ces créateurs, produit par Lokomotiv Films et la Collection de l'Art Brut. Le premier, Frédéric Bruly-Bouabré, l'universaliste, fait 32 minutes, et le second, Ataa Oko et les esprits, 16 minutes.

Dessin de taches sur une banane,Frédéric Bruly-Bouabré,film Philippe Lespinasse.jpg

      "Théodore Monod, le savant blanc, m'avait dit, mon fils dans la vie il faut être observateur", nous confie celui qui, à 88 ans (dans le film), devenu un vieux sage et un patriarche respecté, reste plus que jamais un adepte de la divination. Observer les nuages, les peaux de banane, les signes de scarification, la disposition du marc de café, les taches de ciment dans la rue, pour y déceler un message du hasard, les fixer sur des bristols qu'il encadre de commentaires descriptifs, telle fut la tâche de Bruly-Bouabré durant ses soixantes dernières années. Composer un alphabet de 449 pictogrammes associés à des syllabes, afin d'inventer un langage qui réunirait toutes les langues du monde (projet assez voisin de celui de certains fous littéraires chers à André Blavier), a été une autre des grandes préoccupations de cet homme qui fut profondément influencé, paradoxe pour un créateur que l'on range désormais dans l'art brut (censé être un art produit en dehors de toute influence culturelle), par Victor Hugo. Il dit par exemple dans le film de Philippe Lespinasse, "J'étais littéraire au début... J'ai été envoûté par Victor Hugo, puis finalement c'est le dessin qui a dominé...". Le même Hugo qui lui aussi avait été requis par les taches d'encre, et autres accidents du hasard (sait-on bien que le poète à Guernesey, signait, à la façon des pierres de rêve chinoises, des galets trouvés sur la grève?), fut il est vrai enrôlé par Michel Thévoz (voir son livre L'Art Brut de 1975) comme un précurseur de l'art brut... Bruly-Bouabré a été frappé à n'en pas douter par l'idée très hugolienne que le poète est l'instrument de Dieu, qu'il est la main, l'oeil et l'esprit qui témoignent des miracles créés par la divinité. Etonnante postérité du grand Hugo tout de même...

Dessin vu sur une noix de cola,Frédéric Bruly-Bouabré, film de Philippe Lespinasse.jpg
"Divine peinture relevée sur noix de cola ou l'art de déterrer les "os" pour la résurrection", dessin de Frédéric Bruly-Bouabré
Ataa Oko,photogramme film Philippe Lespinasse et Andress Alvarez.jpg
Ataa Oko, son fils (et Régula Tschumi?), décrivant les esprits qui sont représentés dans les dessins sur la table, 2010 

      On voit les créateurs dessiner devant la caméra, et notamment, dans le cas d'Ataa Oko, ce prodigieux créateur de cercueils imagés au début, qui passa sur ses vieux jours au dessin aux crayons de couleurs, sur la demande de l'ethnologue Regula Tschumi (qu'on aperçoit brièvement à un moment du film), on les voit parfois commenter leurs créations, parler des esprits avec lesquels Oko paraît s'entretenir familièrement. Il y a de l'enfantin résiduel chez ce nonagénaire lorsqu'il explique le sens des attitudes de certains esprits par exemple.

Ataa Oko, dessin d'un Cercueil-espadon,film de Philippe Lespinasse.jpg
Un des premiers dessins d'Ataa Oko, au départ sollicité par Régula Tschumi pour redonner une image des cercueils qu'il avait créés autrefois et qui étaient désormais impossibles d'accès puisqu'enterrés

      C'est un des intérêts majeurs de ces films, nous faire sentir le feeling profond d'un Bruly-Bouabré par exemple, la jeunesse et la malice de ces vieillards, à fond dans le seul réel qui vaille, qu'on appelle aussi ailleurs surréel.

L'exposition Bruly-Bouabré se termine le 22 août, tandis que celle des oeuvres d'Ataa Oko, devant le succès rencontré, comme dit le site web de la Collection de l'Art Brut, est prolongée jusqu'au 30 janvier 2011. Le DVD est disponible à la Collection de l'Art Brut.

30/07/2010

40 ans du CAT de Ménilmontant

    Je ne savais pas qu'il existât quelque chose comme un CAT à Ménilmuche. Et c'est un des bénéfices secondaires de la vogue actuelle pour l'art brut et consorts (le "consorts" s'appelle en l'occurrence l'art singulier ; on emploie ce genre de terme en bonus, quand on n'est pas sûr de ratisser assez large avec le seul terme d'art brut) que de nous l'apprendre à la faveur de l'exposition (qui se termine demain!), organisée au Pavillon Carré de Baudouin (ancienne folie XVIIIe rénovée par la Mairie de Paris, assez impressionnante ma foi), et qui s'appelle "Essentiel, 40 ans d'art brut et singulier". Cette manifestation fête le quarantième anniversaire du CAT, installé rue des Panoyaux dans le 20e ardt. Elle nous parle des oeuvres produites par 30 travailleurs qui fréquentent les ateliers artistiques dépendant du CAT (parfois plusieurs à la fois, comme par exemple la peinture et la céramique, dont les organisateurs paraissent particulièrement fiers,  et effectivement trois créateurs émergent nettement dans cette discipline, Fathi Oulad Ben Abid, Philippe Lefresne, et la "gothique" Marie Ollivier-Henry, qui aime bien entre autres façonner des cercueils ).Fathi Oulad Ben Abid.jpg

Cercueil de Marie Ollivier-Henry.jpgPhilippe Lefresne, La boîte à cigarette.jpg
Céramique de Philippe Lefresne, La boîte à cigarettes

 

    Si les qualificatifs de brut et singulier paraissent ici un peu produits pour attirer le public, il faut convenir que la qualité des travaux montrés, si elle ne colle pas toujours à l'aspect "jamais-vu" qui est une caractéristique de l'art brut, de même qu'à l'aspect transgressif de cette notion chère à Dubuffet, cette qualité esthétique paraît souvent évidente. Les grandes gouaches de Joseph Tibi, créateur qui a droit à une salle pour lui tout seul, sont particulièrement belles, possédant une présence immédiate et une tenue esthétique proprement remarquable étant donné leur simplicité dans le dessin, et la taille de leurs supports qui ne paraît à aucun moment avoir pu poser problème pour leur auteur. L'accrochage des oeuvres est aussi fort impressionnant, dans des salles nues aux proportions conséquentes. Manquent peut-être quelques salles supplémentaires, cela dit.

Joseph Tibi au Pavillon Carré de Baudouin, 2010.jpg
Pas trouvé de reproduction plus grande d'une oeuvre de Tibi!

      Et l'on reste de ce fait un peu sur sa faim. Comment en quarante ans de travaux ce CAT ne peut-il nous montrer davantage d'oeuvres? N'a-t-il pas constitué de fonds permanent? Tout est-il parti avec les créateurs ayant fréquenté les ateliers? Il faudra aller au 52, rue des Panoyaux, adresse du CAT, pour le savoir sans doute.

Tarzan aussi a un poignard subtil

Tarzan,-juin-10,-Tiff.jpg
Sculpture de Léon Evangélaire, dans son jardin, à Pont-en-Vendin (Nord), photo Bruno Montpied, juin 2010

28/07/2010

Le saint patron du Poignard Subtil

    J'ai trouvé récemment le saint auquel vouer le blog, c'est Saint-Paul, qui était le porte glaive, paraît-il (car je suis assez ignare en matière d'histoire biblique), de Jésus, saint patron des saucissons. C'est André Gourlet qui m'a révélé cela de sa voix traînante. Il avait décidément une grande épée, ce spadassin. Enfin sa mine longue comme un jour sans pain m'a gagné définitivement à sa cause, je n'ai pas reculé, ni une, ni deux, je l'ai acheté.

André Gourlet,St-Paul, coll. Bruno Montpied.jpg
André Gourlet, St-Paul, front bas et grand chlasse, un sacré coupe-papier

 

26/07/2010

Fin du Tour de France

      Pour saluer la fin du Tour de France, ce petit panneau d'un de nos inspirés du bord des routes récemment découvert.

1erau-colventou,-juil-10.jpg
Panneau d'Alexis Le Breton, Morbihan, photo Bruno Montpied, 2010

24/07/2010

Des outsiders dans le Cantal: jeunes, entre deux ou affinés

      Voici des "Singuliers" conséquents qui se présentent comme des "outsiders", c'est-à-dire comme des officieux qui pourraient devenir des officiels un jour, qui sait? En plus, le terme anglo-saxon attire les touristes anglo-saxons qui pourraient croiser dans le Massif Central, c'est tout bonus. 
Flyer OUTSIDERS Recto.jpg                                  Flyer OUTSIDERS Verso.jpg
      Exposition dans une chapelle (comment peut-on penser librement à l'ombre d'une chapelle, alors je ne vous dis pas à l'intérieur...?), la chapelle Marmontel à Mauriac dans le Cantal (ceci dit, là-bas, à part la médiathèque, où fut montée naguère une jolie expo Pierrot Cassan dont je m'étais fait l'écho, il n'y a sans doute pas trente-six locaux pour monter une exposition). L'organisation est due aux Staelens qui paraissent animer l'association responsable de la manifestation, au nom inspiré de Malcolm Lowry, "au dessous des volcans", nom adapté étant donné la configuration de la région cantalienne. Ils ont réuni autour d'eux (façon de parler, l'énumération par ordre alphabétique des exposants montrant bien qu'il y a là volonté de présenter les artistes sur un plan d'égalité) - Ghyslaine et Sylvain Staelens étant des créateurs tout à faits talentueux, dont les oeuvres rougeâtres paraissent de retour des laves des volcans justement - des créateurs anciens de la neuve invention, de l'art singulier, de la création franche, comme Carlés-Tolra, Kurt Haas, Michel Nedjar ou François Monchâtre, et des entre deux comme Syvia Katuszewski, Christine Sefolosha ou Jerzy Ruszczynski, le protégé de Frédéric Lux, ainsi que des créateurs plus récents, comme l'ubique (il-est-partout) Joël Lorand et Jean-Michel Chesné.
      Tout arrive donc, même des "singuliers" dans le Cantal.
Jerzy-Ruszczynski,-codes-me.jpg
Jerzy Ruszczynski, Codes mentaux, extrait du site de Frédéric Lux
Syvia-K.jpg
Sylvia Katuschewski, quand elle s'appelle aussi Sylvia K. Reyftmann (expo galerie de la Halle saint-Pierre, mars 2009), ph. Bruno Montpied 

Vernissage de l'exposition le Samedi 7 Août 2010 à partir de 17h30. Chapelle Marmontel: 12, Rue du Collège 15200 Mauriac. Ouvert tous les jours de 14h à 19h. Samedi de 10h à 19h. Au-dessous des Volcans (Ghyslaine et Sylvain Staëlens): Jailhac 15380 Moussages - France. + 33 04.71.40.06.18 / + 33 06.64.84.68.68.

audessousdesvolcans@hotmail.fr 

http://www.audessousdesvolcans.fr

   

11e festival à Aubagne

      L'art singulier... Qu'a-t-il d'encore véritablement "singulier"? Quand on voit la multiplicité des festivals et des artistes se réclamant de ce terme, et lorsqu'on constate qu'au fond leurs oeuvres ne se distinguent pas tant que cela du tout venant de la création contemporaine (la création qui continue dans les arts plastiques, s'entend), on se dit que le terme "outsiders" au sens turfiste - le cheval  qui n'était pas prévu pour la victoire et qui arrive cependant à gagner... - est bien mieux adapté.

11e festival d'art singulier.jpg
Une des meilleures affiches du festival depuis ses débuts, je trouve, due à Philip Pak Hin Chiu

      Le 11e festival d'art singulier - le premier festival du nom, animé dès le départ par Danielle Jacqui, avec l'appui au début de feu-Raymond Reynaud -, basé au début à Roquevaire-en-Provence, puis migré à Aubagne, dans la grande banlieue de Marseille, ouvre ses portes le 31 juillet prochain, pour une exposition hétéroclite et bourrée comme d'hab' jusqu'au 29 août. On consultera le programme ci-lié, pour se rendre compte des artistes qu'on y trouvera (malheureusement, peu d'images sont fournies, quid de Pierre Hornung, par exemple, dont on nous annonce sur le site du festival monts et merveilles?). En lisant rapidement la liste des créateurs invités, j'ai relevé quelques noms, Jean Branciard (souvent mentionné sur ce blog), Bonaria Manca (très intéressante créatrice sarde auteur de peintures mais aussi d'une maison entièrement décorée à la limite du naïf et du brut authentiques ; un film a été fait sur elle par Marie Famulicki, excellent au demeurant)Bonaria Manca, extrait du film la sérénité sans carburant, de Marie Famulicki.jpg, Swen et ses dessins touffus, Ester Chacon Avila, artiste chilienne de renommée internationale qui crée des oeuvres textiles aux figurations primitivistes qui font penser à du Marie-Rose Lortet, ou à du Karskaya en plus simple, Jacqueline Vizcaïno, Catherine Ursin, Adam Nidzgorski, ou encore Rosaria Cannonito (créatrice handicapée sicilienne sur qui on trouve un site à elle toute entière consacrée ; merci à Roberta Trapani de nous l'avoir indiqué)...

Ester Chacon Avila.jpg
Ester Chacon Avila

      Les festivals jacquiens sont toujours foisonnants, à l'image de son animatrice charismatique, qui aime l'abondance et l'explosion de couleurs, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à dénicher dans cette salle du Bras d'Or la bien nommée. Bonne pêche!...

23/07/2010

Plein Chant débarque sur internet...

    Je n'ai pas beaucoup de mérite sur ce coup-là. J'ai recopié l'info directement de L'Alamblog, le blog d'Eric Dussert. Effectivement, comme il l'écrit, ça, c'est de l'information! Les éditions Plein Chant ont désormais un site internet. Tout arrive. Il s'agit a priori d'un catalogue, d'une vitrine des activités de la maison, qui comme on sait édite depuis les années 1970 entre autres une des meilleures revues littéraires qui ait jamais été publiée dans ce beau pays de France, la revue Plein Chant, où j'eus le bonheur de publier trois textes dans le passé, ce dont je ne suis pas peu fier. Mais grâce à cette vitrine, les internautes qui voudront se renseigner plus rapidement que d'ordinaire (en ramassant par exemple les catalogues dans les salons où par ailleurs l'éditeur se faisait de plus en plus rare je trouve) pourront être mieux satisfaits. C'est l'occasion pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette bonne maison de découvrir l'éventail de ses titres, dont je prise particulièrement les rééditions de chroniqueurs du singulier du XIXe siècle, comme Lorédan Larchey, Champfleury, Charles Yriarte ou Théodor de Wyzewa. Voici donc le lien pour aller tout droit à Bassac: http://www.pleinchant.fr/

Plein chant 83-84.jpg
Le dernier numéro paru, à ma connaissance, de la revue (2008 déjà...), avec plein de bonnes choses, Frédéric Allamel (qui y cause d'un site post-médiéval à Lignan dans l'Hérault), Jean-Pierre Levaray, Ziegelmeyer, Zo d'Axa, François Caradec, etc.

21/07/2010

Les constructeurs de Babel, bienvenue à un nouveau site sur les environnements "visionnaires" italiens

      Je reçois de Gabriele Mina, anthropologue italien, la référence de son site, intitulé costruttori di babele et consacré aux environnements visionnaires de son beau pays. L'insertion de ma note ancienne sur Marcello Cammi m'avait fait croiser sa route. Je ne parle guère l'italien, mais j'arrive à peu prés à déchiffrer entre les lignes ce dont il est question, tant nos langues sont proches.

Marcello Cammi, Pinocchio, ph.Bruno Montpied, 1990.jpg
Marcello Cammi, Pinocchio, ph. Bruno Montpied, Bordighera, 1990
      Si l'on retrouve sur ce site de riches ensembles d'images sur Cammi (dont mes photos floues datant de 1990, voir album en colonne de droite), notamment des photos de ce même environnement dûes à feu-André Escard, on ne peut que rester interloqué devant un autre environnement mentionné sur le site (parmi d'autres), celui de Mario Andreoli.
     "La colline des lumières", est située en Ligurie à Manarola, près de La Spezia. Andreoli, qualifié par Mina de "land-artist autodidacte", en recyclant divers objets, a dressé prés de trois cents figures (anges, bergers, dauphins, châteaux...) sur environ quatre mille mètres carré. Cela serait déjà un tour de force insolite en soi, mais il ne s'est pas arrêté là (et heureusement, car ces figures restent par trop schématiques, limitées à leurs silhouettes, et pour cause, comme on va le voir). Sa véritable invention est ailleurs. Il a en effet conçu un véritable spectacle à partir d'elles, réalisant une scénographie abstraite lumineuse, qui vue de loin compose un tableau chatoyant et changeant d'année en année aux dimensions d'une colline entière... Il semble que ces jeux de lumière se tiennent entre le début décembre et la fin janvier. 
Mario Andreoli, la colline des lumières, photo site web i costruttori de babele.jpg
Mario Andreoli, photo empruntée au site i costruttori di babele
Mario Andreoli, ph Gabriele Mina, 2007.jpg
Mario Andreoli installant une de ses figures schématiques, ph. Gabriele Mina, 2007

     Le terme de land-art s'applique bien en l'occurrence, plus que le terme d'art paysagiste dont il est un proche parent. Je vois une distinction entre ces deux formes d'intervention artistique, car le land-art est davantage la création d'un tableau prenant pour support un territoire donné, alors que l'art du paysage serait plutôt un territoire qui fait recours à des conceptions artistiques dans la réalisation de son dessin. Les deux vont à peu prés à rebours l'un de l'autre... Et c'est vrai qu'un terme en langue étrangère s'est imposé là parce qu'il n'y avait pas de terme équivalent en français.

20/07/2010

Pourquoi pas une sirène de plus?

     Vue à Bailleul dans le Nord, cette effigie séduisante au-dessus du débit de boisson (en l'occurrence, du débit de poisson) "le Mélusine", cette sirène se recoiffant devant son miroir:

Enseigne à la sirène, Bailleul, ph.Bruno Montpied, 2010.jpg
Enseigne à la sirène, Bailleul, ph. Bruno Montpied, 2010

18/07/2010

Postérité des environnements (1): Bohdan Litnianski

     L'été est propice pour partir sur les routes, aller vérifier l'état de nos jardins créatifs, ceux du peuple j'entends, qui me sont plus chers parce que créés en dehors de toute histoire de l'art, par des sans-grades, des non adulés, des non avenus, à partir d'eux-mêmes, de leur culture en miettes, récupérée dans les poubelles de la télé et des média sacro-saints.

      Je commence ici une chronique des environnements orphelins. Qu'est-ce que ça devient quand le patron est parti? A mon avis, cela risque fort d'être la chronique d'une mort et d'un pourrissement annoncés. Tant est forte la relation entre le créateur et sa création en l'espèce. Déjà, n'est-ce pas, les créations sont placées en plein air, comme si la pelouse qui longe la route devenait une galerie d'art spontané. Réalisées en des matériaux dont on n'a que rarement mesuré la tenue dans la durée - non, ça n'est pas du bronze, mais plutôt du ciment, des assiettes, des poupées, du bois, de la ficelle, du plastique... - les oeuvres durent généralement autant que la vie de leurs propriétaires. Bonjour les dilemmes sur la conservation de ces matériaux pour ceux qui arrivent après! Qu'ils soient des personnes privées ou des institutions (musée d'art moderne et d'art brut de  Villeneuve d'Ascq)... En définitive, ces problèmes, liés à la question de la conservation des environnements, reflètent le questionnement fondamental qui se pose en amont, relatif au statut de ces créations: art ou bien autre chose? Intemporalité de l'art ou immédiateté et éphémère d'une création vécue au jour le jour?

      Pour commencer cette chronique, je me contenterais de deux photos prises à quelques mois de distance sur le site de Bohdan Litnianski à Viry-Noureuil dans l'Aisne. La maison et son jardin incroyable sont toujours à vendre. Le temps fait son oeuvre parallèlement... 

Bodan-19bis,-L'esprit-ouver.jpg
 Bohdan Litnianski (2008), de l'ouverture d'esprit à...
Tête-éclatée,juin10.jpg
l'évanescence et la dissolution complètes de l'âme..., juin 2010, photos Bruno Montpied

17/07/2010

Antonio de Pedro

      Au musée des Amoureux d'Angélique à Carla-Bayle cet été, en plus des masques, j'ai oublié de mentionner une autre exposition, celle des sculptures sur formes naturelles en bois étonnamment ouvragées par un monsieur appelé Antonio de Pedro. Les affichettes éditées par le musée en 10 x 15 cm disent à peu prés toute ma science sur le personnage et son oeuvre. Je m'abrite donc trés paresseusement derrière elles.

Affichette Antonio de Pedro, musée des Amoureux d'Angélique .jpg
Affichette Antonio de Pedro au musée des Amoureux d'Angélique.jpg
Affichettes confectionnées par Martine et Pierre-Louis Boudra

15/07/2010

Un petit bouquet de noms prédestinants

    Et si on remettait ça du côté des noms prédestinants? J'ai là dessous le coude une petite brassée de patronymes faisant sensation, collectés auprès des meilleures plumes:

« Sieur Bruno, j'ai lu pour vous dans le quotidien Le populaire du Centre–Haute-Vienne, le vendredi 6 fév. 2009, p.3 : "Sylvestre Coudert, expert forestier à Saint-Pardoux-Le-Vieux (Corrèze)". Je suppose qu'il connaît tout sur les pins sylvestres,  et que Sylvanus, le Dieu des forêts l'a inspiré et a soufflé fort sur son berceau... (Vous pouvez étendre l'interprétation en cherchant le sens de "coudert" en Limousin...). Michel Valière »

Alors j'ai un peu cherché l'origine du nom Coudert qui viendrait, on l'aurait parié connaissant le goût de Michel Valière pour la langue d'oc, de cette dernière, et désignerait un "espace inculte prés d'une ferme". Le monsieur dont parle Le populaire réunit donc à la fois fertilité et stérilité dans son patronyme. En psychologie, cela se rapproche de cette problématique que Gregory Bateson appelait la double injonction, le "double bind", qui peut faire le lit d'une certaine schizophrénie...

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«  Je voudrais citer ici celui de ce prof du lycée de Saint-Quentin (Aisne), dont ma tendre m'a parlé si souvent, qui s'appelait Monsieur de la Morvaunay. » Régis Gayraud. 

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Une institutrice est frappée par une mère d’élève à Pézenas dans l’Hérault, dépêche AFP (24-10-2008) :

« L'agresseure est identifiée mais n'a pas été interpellée afin que les auditions des témoins se poursuivent pour déterminer avec exactitude les circonstances de l'agression", a indiqué le capitaine Emmanuel Bobo, à la tête de la compagnie de gendarmerie de Pézenas, où la professeure a déposé plainte. »

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Le 1er Juin 2009 :

« Cher Bruno, je viens de relever pour vous hier après-midi à Châteauroux (Indre) : M. Alain Robinet, plombier-chauffagiste, dans cette ville. Avec mes plus cordiales amitiés. » (Michel Valière)

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Jacques Vivant est mort…

« Nous venons d’apprendre le décès de Jacques Vivant ce mercredi 24 février. Jacques a fait partie de l’équipe d’instructeurs nationaux qui, aux côtés des fondateurs (des CEMEA) ont construit les démarches pédagogiques développées dès le début des années 50. Jacques Vivant a été instructeur national « chant et danses », aux côtés de William Lemit, et a été le promoteur de la danse sous toutes ses formes jusqu’au début des années 80 » (comm. par Francis et Michel Valière fin fév. 10).

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Le footballeur Sydney Govou, de l’équipe de Lyon, a un avocat nommé Thierry Braillard… (avr. 2010)

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« Jean Le Bitoux, fondateur du journal homo Gai-Pied, qui est mort récemment… » (Régis Gayraud, avril 2010) 

 

14/07/2010

La sorcière qui attend

     Il y a un certain nombre de sorcières qui hantent les pages de ce blog depuis trois ans qu'il existe. En voici une que j'avais repérée avec un choc, il y a plus de 20 ans, un jour de flânerie sur les hauteurs de Cannes, zone fleurant bon l'ennui des dimanches que l'on a étendus à toute la semaine, Cannes ce mouroir pour riches.

Sieste de la sorcière, ph. Bruno Montpied, 1988.jpg
Sieste de la sorcière, ph. Bruno Montpied, 1988

12/07/2010

Masques et métamorphoses au musée des Amoureuxd'Angélique

      Voilà l'été comme disaient les Négresses Vertes. Et le temps des expos estivales qui vont avec. A Carla-Bayle, en Ariège, dans ce village perché, le joli et inventif musée de Martine et Pierre-Louis Boudra vit cette saison sous le signe du masque. Tout le monde là-bas a posé, le samedi 26 juin sur la place du village, sous ces visages étranges, la plupart du temps en bois, et rappelant singulièrement les masques de carnaval des régions suisses du Lötschental ou de l'Appenzell (que l'on se rappelle des "Sylvester Klaüse", ces hommes sauvages aux faces de troncs et aux bras noueux couverts de feuilles qui errent entre les maisons du côté d'Urnäsch en dessous du massif du Santis au tournant de l'année, vers la fin décembre). C'est donc carnaval tout l'été à Carla-Bayle.

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Ph. Gepetto

       Un livre paraît à l'occasion de leur exposition, aux éditions de la Boîte à Gants, son titre? "Peaux masques" (wow, le calembour). Les auteurs en sont Vincent Pachès, Pierre-Louis Boudra et Béatrice Jan. Les espaces d'expo temporaires, déjà réduits d'ordinaire, sont complètement réquisitionnés par cette pluie de masques au reste fort réussis. Qu'on en juge.

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10/07/2010

Empreintes n°15

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       En citant cette revue éditée par la Galerie l'Usine à Paris (102, Bd de la Villette dans le 19e ardt), je crois avoir oublié de mentionner l'existence d'un numéro 15, publié tout récemment. Il contient, outre quelques photos des magnifiques têtes de mort de l'Aître Saint-Maclou, l'ancien ossuaire de Rouen (voir la couverture ci-dessus de la revue), des vues des oeuvres du sculpteur-assembleur Philippe Ammial (fort réjouissantes ma foi), par ailleurs responsable de la Collection australienne d'art outsider, une présentation d'un sculpteur sur bois nommé Robert Carl Lamy, oeuvrant dans le Jura. On doit la courte introduction de cette oeuvre, apparemment présentée à l'air libre et voisine d'un petit musée appelé "Faune et flore", à Charles Soubeyran, également auteur de quatre magnifiques clichés. Mais on reste un peu sur sa faim à la lecture de si peu d'indices. Davantage d'images et de précisions n'auraient pas été pour nous déplaire.

Sculpture de Robert Carl Lamy, Photo Charles Soubeyran.jpg
La plus marquante des 4 photos de l'oeuvre sculptée de Robert Carl Lamy

08/07/2010

Michel Godin des Mers

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Photo Marc Décimo, datant sans doute de 1998 (vu l'inscription sur l'ardoise placée devant le conducteur), in Les Jardins de l'art brut (Les Presses du Réel, 2007)

     Je cherchais à le photographier depuis longtemps ce "Monsieuye X", ainsi nommé dans le livre "Les Jardins de l'art brut" par Marc Décimo, avec son attelage incroyable, fait de vélos accouplés réagencés de façon à pouvoir porter entre autres une voile rectangulaire où l'on peut lire toutes sortes de proclamations dans des lettrages de taille différente.

Michel Godin des Mers,l'attelage, photo Bruno Montpied, 2010.jpg

Place de la Nation, juin 2010, ph. Bruno Montpied des Routes

      Je me plaignais à tout un chacun de mon manque de chance, je le rencontrai (deux fois), une fois sans mon appareil photo, rue de Rivoli, et la seconde, sans le reconnaître, son attelage s'étant semble-t-il métamorphosé (replié?), le temps d'une aubade jouée à la flûte (une de ses occupations quand il ne donne pas le spectacle vociférant de sa révolte). Enfin Myriam Peignist vint et me donna le renseignement parfait. L'homme se tenait tous les 14 du mois place de la Nation (sur le terre-plein central) à Paris, ainsi que tous les vendredi soir de 20h à 24h sur le pont reliant l'île de la Cité à l'île St-Louis (pour des concerts de flûte).

Michel Godin des Mers,sa fontaine,son véhicule étonnant, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg
Révolution civile..., place de la Nation, juin 2010, ph.BM

     Il était bien place de la Nation au rendez-vous fixé, bien en vue devant la statue de la Marianne républicaine, et ce jour-là sans le moindre chaland venu l'écouter ou seulement examiner son étonnant attelage. Ce dernier se compose d'un premier véhicule à quatre roues de vélo, remorquant à sa suite une sorte de berceau lui aussi sur roues, contenant je ne sais quel objet arborescent aux allures cancéreuses, et faisant peut-être office de parabole de l'enfance aux yeux de l'auteur. Celui-ci, qui a pour nom en réalité Michel Godin des Mers (le complément de nom maritime est de son cru, joliment trouvé non?) - ce qui balaie l'insuffisant "Monsieuye X" - se fait en effet une idée plutôt peu ragoûtante de l'enfance, témoin cette pancarte accrochée en tête de son attelage vélocipédique:

Michel Godin des Mers,détail Non aux parents, ph.Bruno Montpied, 2010.jpg 

Et bizarrement, ses parents, pourtant "traîtres à l'enfant", ce jour-là l'assistaient en silence, se tenant à l'écart comme deux vestales muettes, comme venus veiller sur lui malgré tout... L'allusion au "vol des jardins d'enfant" pouvait être en rapport avec le berceau contenant une espèce de flore pétrifiée proliférante à l'aspect inquiétant en un tel endroit.

Michel Godin des Mers,La remorque en forme de berceau, ph.Bruno Montpied, 2010.jpg
Michel Godin des Mers, la remorque en forme de berceau, un sapin desséché installé au moment de la photo à l'arrière, un souvenir de Noël? Ph. BM, 2010

      Michel Godin des Mers, qui se proclame "acteur, novateur, artisan" et intermittent du spectacle (à prendre aussi dans son sens littéral), en veut à cette société "esclavagiste" qui ne permet pas à tout un chacun de bénéficier d'un logement gratuit. N'a-t-il pas raison? Ce serait évidemment bien mieux si l'on pouvait se loger où bon nous semble sans bourse délier, dans la masure d'un pauvre un matin, dans le palais d'un prince le soir. Il porte ainsi deux casquettes semble-t-il, à la fois bateleur et revendicatif, appelant à une "révolution civile", interpellant les puissants du jour pour leur crier que la démocratie n'existe pas.

Michel Godin des Mers,la voile de son attelage, ph; Bruno Montpied, 2010.jpg
Michel Godin des Mers (qu'à part moi, j'appelle du sigle MGM...), la "voile", ph.BM, 2010

      Sa "voile", qui est en fait plutôt une série de panneaux montés les uns à côté des autres par-dessus un système de supports comprenant entre autres des lattes, sa voile contient ses principaux thèmes de réclamation, mais il distribue aussi des tracts en agitateur conséquent comme celui ci-dessous où l'on trouve une autre Marseillaise datée de 2006, nous montrant bien chez lui à travers ce détournement une certaine culture de la subversion. Cela peut aussi le ranger parmi les "fous" littéraires contemporains.

Michel Godin des Mers, tract.jpg

      Michel Godin des Mers n'est pas loin de se constituer en république autonome par défi peut-être à la république officielle qu'il accuse d'esclavagisme, elle qui a permis qu'il soit "expulsé une dizaine de fois avec destruction d'ouvrages...Grrr" (le "Grrr" est très bien je trouve). Il s'est ainsi créé un logo qui flotte au centre du drapeau qui couronne son attelage, une pomme au centre d'une étoile ceinte de rayons, à traduire nécessairement par "Ma pomme"...

Michel Godin des Mers,Ma Pomme,logo, ph Bruno Montpied, 2010.jpg

      Cet environnement ambulant est un petit pays créatif et revendicatif follement original que j'admire particulièrement. Il faut souhaiter que la maréchaussée et les bien pensants lui flanquent la paix, car ce genre de véhicule totalement  à rebours de la vogue m'as-tu-vu de notre époque est bien fait pour soulever l'irritation. 

Michel Godin des Mers, Drapeau de Ma Pomme, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg
Michel Godin des Mers, "Ma pomme" placé au centre du drapeau, ph. BM, 2010

06/07/2010

Elizabeth Magnard-Desbeaux?

    Qu'est-ce qu'il y a comme artistes sur cette planète... Voici qu'on m'annonce une expo à la Maison du Tailleu à Savennes (joli coin dans la Creuse tranquille, où l'on peut visiter par-dessus le marché le plus ancien environnement spontané français, celui de François Michaud à Masgot, commune de Fransèches) d'une artiste née en 1937 et décédée en 2009 dont bien entendu je n'avais jamais entendu parler. Jean et Michelle Estaque qui m'envoient la nouvelle, étant souvent de bon conseil, j'y fais attention et répercute ici la nouvelle de cet hommage à elle rendu. Mais nous n'avons qu'une petite reproduction pour nous faire une idée de cette peinture, et juste un nom, Magnard-Desbeaux, qui ressemble fort à un nom prédestinant, étant donné la vocation d'artiste et galeriste de la dame. Donc, à tout hasard, si vous passez par là, parce que moi ça ne sera pas sur ma route de l'été...

Invitation Exposition Elizabeth Maganrd-Desbeaux à la Maison du Tailleu.png

04/07/2010

Le pluriel des pluriels des Singuliers

     Une exposition au musée international d'art naïf Anatole Jakovsky de Nice du 2 juillet au 1er novembre qui s'intitule "Le Pluriel des Singuliers", ça ne vous rappelle rien? A moi si. Le titre servit il y a quelques années pour une série de quatre (pas plus?) manifestations qui se tinrent à Aix-en-Provence (la dernière peut-être en 2004). Je n'ai pu aller les voir, à peine ai-je pu m'en faire une idée d'après leurs catalogues plutôt bien faits (les meilleurs qu'on ait eu du reste dans la mouvance "singulière"), édités d'ailleurs par Actes Sud. Les sélections paraissaient réalisées avec soin, à la différence de tant d'autres festivals du genre amateuriste et dilettante.

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Raymond Reynaud devant deux de ses sculptures, dont "King-Kong", chez lui à Sénas, 1989, ph. Bruno Montpied

      J'ai reçu un carton d'invitation pour le 2 juillet, date du vernissage. Mais sans qu'on daigne m'en dire beaucoup plus sur le contenu de l'expo. Pas de dossier de presse sur le site www.musee-jakovsky.org en particulier, à peine quelques rares noms cités et jetés en pâture, comme ceux de Sanfourche, de Danielle Jacqui ou de Raymond Reynaud. On apprend aussi que le musée d'art naïf aurait acquis récemment une "maison" d'Auguste Forestier et une "très grande pièce de Robert Tatin". Les limites de la collection niçoise seraient-elles en train de se dilater aux confins de l'art singulier et de l'art brut (Forestier)? Le musée de Laval lui-même semble aussi aller dans ces directions, comme on me l'a récemment signalé, en créant une salle consacrée aux Singuliers. L'art naïf paraît avoir besoin d'un peu de sang frais, plus à la mode, pour redorer son blason.

      En particulier, on ne sait pas si les organisateurs de l'expo ont quelque chose à voir avec ceux qui montaient les expos à Aix (Michel Bépoix). A ceux qui auront les moyens et les disponibilités d'aller à Nice durant les quatre mois qui viennent de nous dire quels sont les créateurs représentés, et si le titre renvoie aux anciennes manifestations aixoises...    

02/07/2010

Fin de partie à la Galerie Impaire

     Même si les animateurs de cette galerie qui est une émanation du Creative Growth Center de Oakland annoncent une suite pour l'automne de leurs "projets européens", il n'en reste pas moins annoncé que la Galerie Impaire va fermer ses portes. Il n'est pas dit pourquoi. Mais chacun peut peut-être le deviner, la phynance?

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29/06/2010

Maria Angeles Fernandez, une fresquiste spontanée au beau pays d'Espagne

     Hervé Couton est un photographe de talent qui s'intéresse particulièrement aux créations populaires sur les murs de nos tanières. Il y a plusieurs années, j'étais entré en relation avec lui parce qu'il avait photographié, à peu prés au même moment que moi, les fresques naïvo-brutes que Mme Amélia Mondin avait réalisées sur les murs extérieurs et intérieurs de son logis en rez-de-chaussée d'immeuble, impasse d'Angleterre à Montauban, fresques qui en ces débuts des années 90 étaient sur le point d'être effacées (elles furent effectivement badigeonnées peu de temps après, à l'exception selon Hervé Couton de peintures du côté cour ; il reste aussi quelques peintures sur bois qui sont entre les mains de Paul Duchein qui fit beaucoup pour faire connaître Amélia Mondin ; d'autres se trouvent dans les collections de l'Aracine, à présent au LAM de Villeneuve-d'Ascq).

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Amélia Mondin, fragments de la fresque de l'impasse d'Angleterre, à Montauban, vers 1990, ph. Hervé Couton 

     Hervé Couton, par la suite, fit une exposition remarquable de photos de graffiti relevés sur les murs de l'Abbaye de Belleperche non loin de Montauban (c'est dans cette abbaye qu'eut lieu son expo du reste).

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Un des graffiti photographiés par H.C., exposition Abbaye de Belleperche, 2003

          Et voici qu'il m'envoie, sur les conseils de Laurent Danchin me dit-il (que ce dernier soit  donc poliment remercié ici) d'autres photos tout à fait intéressantes, une fois encore sur une peintre de murs. Cela se passe en Espagne, à Arguedas, petit village de Navarre, et c'est une dame peintresse sexagénaire qui fait l'objet de ce reportage en images:  Maria Angeles Fernandez, dite "La Pinturitas" (surnom qu'elle se donne et qui est, paraît-il, intraduisible ; un ami poète d'origine espagnole m'écrit que cela veut tout simplement dire "Les petites peintures", Maria "Les petites peintures" en somme). Voici quelques éléments d'information à son sujet, extraits d'un texte d'Hervé Couton qui s'intitule "La Pinturitas d'Arguedas" (version intégrale ici).

"Elle ne peint  que sur un seul et unique support, les murs d'un restaurant désaffecté situé au bord de la route qui traverse le village. Elle utilise des pots de peinture à l'eau (...) et se limite le plus souvent aux couleurs primaires. (...)

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Vivant de petits boulots pour la mairie et d'une modeste pension sociale, la « Pinturitas » se refuse de peindre sur tout autre support et pour quiconque, considérant que sa peinture doit rester à Arguedas. Théâtrale et volubile, avec un fort désir de reconnaissance, la « Pinturitas » décrit avec beaucoup de passion sa production à tout passant qui accepte de lui donner du temps. Chaque partie de cette œuvre unique raconte une petite histoire populaire locale, nationale, ou personnelle. Les thèmes évoqués peuvent aller du football où tel nom de joueur est mis en valeur, à la représentation des couleurs de tel ou tel pays en passant par des noms de villes, de personnages divers, ou par des représentations religieuses. Les barreaux des fenêtres condamnées du bâtiment ont été utilisés par elle, pour coincer et exposer des objets récupérés, mélange hétéroclite de publicités, d'articles de journaux, de bouteilles de sodas, etc. Aujourd'hui, les barreaux ont disparu, car récupérés et vendus par quelques ferrailleurs, détruisant ainsi les compositions de la « Pinturitas ». En proie au mépris et aux moqueries d'une partie de la population locale, dûs à son comportement marginal, Maria Angeles dit avoir commencé à peindre en 2000 sur les murs de ce bâtiment pour représenter ceux qui se moquaient et la raillaient. Elle raconte qu'elle a dormi un temps dans le cimetière local et qu'elle a moins peur des morts que des vivants.  Marquée dans sa vie personnelle par des épreuves lourdes – les services sociaux lui ont retiré ses enfants quand ils étaient encore jeunes à cause d'une instabilité et d'une précarité familiale -  la « Pinturitas » se serait alors réfugiée dans la peinture peut être pour ne pas sombrer.

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Aujourd'hui, rien n'arrête cette créatrice infatigable, qui s'applique, hiver comme été à transformer, enrichir, embellir et restaurer avec attention et passion ses peintures que la pluie délave régulièrement."

(Hervé Couton - avril 2010)

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      Comme on le voit l'Espagne se révèle peu à peu comme le nouveau continent de l'art immédiat (voir en particulier sur mon blog la note sur "le museo del mar" ).

 

20/06/2010

Habiter poétiquement, l'expo de rentrée du nouveau LaM à Villeneuve-d'Ascq

    LaM, c'est un sigle un peu complexe, un peu confus, mais qui sonne bien, eu égard à mon poignard subtil, outil dont l'apparent tranchant fait fantasmer certains mais qui, comme l'ont remarqué ceux qui lisent, en réalité vise plutôt à ouvrir des brèches entre des mondes que l'on s'ingénie à tenir cloisonnés. 

LaM,la partie du musée consacrée à l'art brut.jpg
L'extension du musée d'art moderne de Lille-Métropole, extension consacrée à la collection d'art brut du LaM

     Bon, on commence à le savoir que ce musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut va enfin ouvrir ses portes, après un chantier de rénovation et d'extension qui a pris des années, le 25 septembre prochain. Les conservateurs du musée s'acharnent actuellement à terminer les accrochages, ce qui ne doit pas être une mince affaire. Ce musée est riche, les oeuvres conservées, du côté de l'art moderne, de l'art naïf (oui, on oublie généralement de rappeler que la collection est riche d'un bel ensemble de maîtres de cette catégorie, ce qui n'est pas anodin, étant donné les rencontres que cela pourra permettre avec l'art brut) et de l'art brut (grâce à la donation de l'association l'Aracine) sont de la plus grande qualité. 

Marguerite Sirvins,oeuvre exposée aux chemins de l'Art Brut VI, St-Alban-sur-Limagnole, ph.Bruno Montpied, 2007.jpg
Marguerite Sirvins, Les Chemins de l'Art Brut VI, à St-Alban-sur-Limagnole, (donation de l'Aracine) ph. BM, 2007

         L'exposition de rentrée, qui se tiendra du 25 septembre 2010 au 30 janvier 2011, s'appellera "Habiter poétiquement". Son titre fait écho à celui de la journée d'études qui s'était déroulée dans l'ancienne version du musée le 10 décembre 2005, "Habiter poétiquement - architectures singulières", organisée conjointement par le musée et le LAHIC. Cette fois, si un moment - et un espace? (à l'heure où j'écris ces lignes, ce n'est pas précisé sur le site du LaM - sera consacré aux "Bâtisseurs de l'Imaginaire"Monsieurr G. dans sa piscine, ph.Clovis Prévost, années 70.jpg dans un "théma" "transversal" entre art contemporain et art brut (une autre expo, intitulée de façon un peu absconse "Mémoires de performance" sur un thème d'architecture poétique contemporaine doit être montée en parallèle), la manifestation cependant devrait être consacrée à la façon dont "des artistes, mais aussi des écrivains et des cinéastes peuvent « habiter poétiquement le monde, la maison du monde » selon la phrase du poète Friedrich Hölderlin".

     A un récent colloque dans les locaux de l'INHA (sur Michel Ragon et les arts, l'architecture), un excité, manifestement venu du groupe Fluxus semble-t-il, particulièrement infatué, avait annoncé cette exposition en précisant qu'il s'agirait enfin d'une reconnaissance des artistes bâtisseurs dans un monde de l'art où il n'y en aurait que pour les habitats bruts... C'était là une façon très habile de renverser les problèmes. Car la reconnaissance des habitats populaires est loin d'avoir été effectuée par le monde de l'intelligentsia tout de même, même si la situation est peut-être en train de changer (notamment grâce au LaM). La réapparition du musée d'art moderne et d'art brut de Lille-Métropole semble coïncider avec la volonté de ses conservateurs de montrer les rapports qui existent entre les bâtisseurs populaires d'environnements poétiques et les sites créés par des artistes, de même qu'il semble que de nombreuses expo "transversales" entre art brut, art contemporain et art moderne soient également à venir (c'est déjà commencé si l'on se rappelle les expos organisées précédemment hors les murs par le LaM). La tentation est grande dans cette perspective chez certains - notamment des artistes - de se mettre à tout mélanger, en ne retenant que la dimension artistique des travaux exécutés par les créateurs de l'art brut et des environnements spontanés.

       Je n'ai personnellement pas envie de tout mélanger, et en particulier de traiter les environnements, de même que les créations de l'art brut, comme s'il ne s'agissait que de travaux d'art d'un genre nouveau (alimentant un nouveau marché de l'art, il ne faut pas l'oublier, car cela se profile derrière, voir par exemple la dernière vente aux enchères d'oeuvres de Chomo). Avec ces créations, a été peu à peu révélé le phénomène de la créativité tel qu'elle se présente de façon stupéfiante chez les prolétaires, ce qui remet en cause la division du travail telle qu'elle était jusque là instituée dans le monde des Beaux-Arts. On s'est convaincu dés lors que le génie pouvait souffler où il voulait (le fameux incognito souligné par Dubuffet), sans aucune hiérarchie, loin de toute théorie du don, sans que soient nécessaires un enseignement ou une initiation. Cette révélation, je crains que l'institution, le système corporatiste des Beaux-Arts, ne tentent de la noyer sous l'apparence d'une reconnaissance sélective de certains créateurs.

Virgili, fragment de totem, donation l'Aracine,ph. Bruno Montpied, 2007.jpg
Virgili, ancien morceau d'un des "totems" qu'il mettait dans son jardin au Kremlin-Bicêtre et qui servit longtemps de logo à l'association l'Aracine

       Dans l'exposition à venir, il est bon de songer à mettre en parallèle cependant le corpus des créations architecturales ou environnementales des artistes professionnels avec le corpus des "bâtisseurs de l'imaginaire" d'origine populaire. J'espère que cela sera instructif. A noter que le département d'art brut du LaM devrait comporter un espace dévolu aux habitats des inspirés populaires, ce qui sera une première dans un musée d'art brut, tout au moins en Europe. Quelques fragments de créations environnementales sont en effet d'ores et déjà conservés à Villeneuve-d'Ascq, comme ceux de Jean Smilowski, Théo Wiesen, Virgili, ou, plus récemment entré dans les collections (grâce à l'entremise d'un de ses héritiers et de Patricia Allio, qui l'avait fait connaître en l'exposant à Dol-de-Bretagne, puis à Rennes, avant et après son suicide) Jean Grard, dont d'importants éléments du jardin d'origine ont pu être ainsi préservés.

Jean Grard, un fragment de son environnement de maquettes et autres statues à Baguer-Pican, ph.Bruno Montpied, 2001.jpg
Jean Grard, une partie de son décor de manèges, maquettes, statues divers, tel qu'il était à l'origine à Baguer-Pican (Ille-et-Vilaine), ph. Bruno Montpied, juillet 2001

 

19/06/2010

Destructions

     L'été m'apporte des nouvelles de destructions d'environnements sur le continent américain. J'ai appris voici quelques jours, jetée bénignement au détour d'un papotage d'arrière-colloque, la nouvelle de la disparition des "cabanes" de Richard Greaves au Canada. C'était déjà en soi assez catastrophique comme information (mon informateur, curieusement, en outre, ne paraissait pas souhaiter que ce soit divulgué, au point que j'en suis à me demander si ce ne serait pas une fausse nouvelle - je n'ai pour l'heure trouvé aucune confirmation du fait ).

greaves_2.jpg
Richard Greaves, photo Mario del Curto

       Puis voici que mon camarade Sasha Vlad, depuis la Californie m'informe du péril de rasage imminent d'un site que je ne connaissais pas, la "Cathedral of Junk" (la Cathédrale des Déchets) qui est située à Austin, Texas.

        Cela ressemble à une sorte de tipi gigantesque fait d'une accumulation de matériaux de rebuts qui pourrait faire croire que cette architecture labyrinthique et babélienne était l'oeuvre d'un cousin américain de notre Bohdan Litnianski (dont la propriété, en Picardie, n'est toujours pas vendue, au fait). Tristes nouvelles en vérité. Nous avons beau être de l'autre côté des mers, chers amis américains, nous n'en regrettons pas moins que vous ne songiez pas davantage à protéger vos monuments d'inventivité spontanée. C'est vrai qu'en France, on ne fait généralement guère mieux que vous, cela dit.

13/06/2010

Château de la Loire

 

Château-barbouillé-,Saumur.jpg
Château de Saumur ou Tour de Robert Garcet ? Photo BM, 2009

12/06/2010

Empreintes au marché de la poésie

    Ca fait un bout de temps que la revue Empreintes, imprimée volontairement en noir et blanc, dans la conception classique de la photographie, animée par Claude Brabant, par ailleurs maîtresse de la Galerie l'Usine, du 102, boulevard de la Villette dans le 19e arrondissement - depuis quoi? Au moins trente ans? - sort des numéros avec de ci de là des textes en relation avec les dadas de ce blog,  sur des environnements spontanés par exemple. Petite recension ultra rapide et parcellaire: dans le n°13 (sans date),Couverture d'Empreintes n°13.jpg on trouve un article sur Lucien Favreau avec des photos de Claude (p 35 à 41) et dans le n° 14, un texte sur Bohdan Litnianski (p 22 à 27). Le noir et blanc va particulièrement bien au jardin de rebuts assemblés de Bohdan.

Lucien Favreau,ph.Claude Brabant.jpg
Lucien Favreau, photo Claude Brabant, Empreintes n°13

    Pour la couleur des statues de l'environnement de  Lucien Favreau (que je n'ai jamais trouvé l'occasion d'aller visiter), on peut trouver sur le web des photos en couleur abondantes sur un site anglo-saxon Outsider art in France (signalé par le blog d'Henk Van Es, Outsider environments Europe).

Lucien Favreau sur le site web Outsider art in France.jpg
La même oeuvre que ci-dessus, site anglo-saxon Outsider art in France

    Pour Litnianski, on peut aussi aller sur mon propre blog (où plusieurs photos sont d'ailleurs faites sous le même angle que celles de Claude B.).

      D'autres numéros contiennent d'autres sujets en rapport avec les environnements (il me revient qu'il y en a eu un avec des photos sur la cave sculptée des Mousseaux à Dénezé-sous-Doué, dans le Maine-et-Loire). Je vous invite à aller les repérer au prochain Marché de la Poésie, stand F.11, où la revue Empreintes sera présente. Du 17 au 20 juin prochain, place Saint-Sulpice, Paris 6e ardt. Et si vous n'avez pas l'opportunité, ni les moyens d'y aller, voici le lien vers le site de l'Usine où vous trouverez d'autres renseignements.

08/06/2010

Un autre regard, la collection permanente de la création franche s'expose

       Du 11 juin, date du vernissage (pour les Bordelais, car cela a lieu un vendredi soir, les gens qui habitent plus loin ne sont pas invités à venir ce soir là, à moins de casser un bout de leurs RTT?), au 5 septembre, "à l'occasion de la parution d'un nouveau catalogue", voici que le fonds permanent du musée de la Création Franche est exposé avec prés de 300 oeuvres sur les 13000 inscrites à l'inventaire, le tout réparti sur les onze salles du musée. C'est le retour en force de la collection qui n'était que trés, trés partiellement montrée depuis des lustres, la plupart du temps confinée dans les trois quatre salles du fond du premier étage, où il ne fallait pas hésiter à faire un tour aprés chaque expo temporaire, dans l'espoir d'y voir surgir, ou resurgir, telle ou telle oeuvre inconnue, ou oubliée.

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique,1974, mus. de la Création Franche.jpg

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique, 1974

       Comment présenter cette masse d'oeuvres assez diverses il faut l'avouer (cela me plaît à moi cette variété)?

Claude Massé,des patots, musée de la Création Franche.jpg
Claude Massé, des patots comme s'il en pleuvait..., Collection du musée, ph Bruno Montpied, 2008

      Les organisateurs ont opté pour une classification par ensembles et thèmes semble-t-il. Les "pionniers" de la collection sont au rez-de-chaussée, à côté d'une salle plus spécifiquement consacrée aux créateurs classés dans les collections de l'art brut (comme Madge Gill, Louise Tournay, Benjamin Bonjour, Martha Grünenwaldt, etc - seul Michel Nedjar, il est vrai classé généralement dans l'art brut, y fait figure d'erreur, sa place étant plutôt selon moi parmi les singuliers, créateurs francs et autres "neufs inventeurs"...), dans lequel la création franche, nous dit le prospectus (non signé) de la présentation (consultable sur le site web du musée, voir plus haut), "prend sa source". Une autre salle du rez-de-chaussée est vouée à Claude Massé et à ses découvertes d'art "autre",Joseph Sagués, donation Claude Massé au musée de la Création Franche, ph.Bruno Montpied 2009,-avril-.jpg à la succession du peintre Jacques Karamanoukian, et à Gérard Sendrey, dont beaucoup d'oeuvres, à ce que j'ai découvert, aprés sa récente méga-exposition au Musée, ont rejoint la collection permanente, ce qui met un terme à son refus maintes fois réitéré de mêler sa propre oeuvre à celles de la collection qu'il avait grandement contribué à rassembler. Gérard Sendrey devient in fine un créateur franc tout à coup...

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Emile Ratier, grande roue de fête foraine, ph. BM, sept 2009

      L'étage paraît plus labyrinthique, du moins dans l'exposé de la présentation de l'expo. On y a ménagé des espaces avec des thèmes hétéroclites, le coin des "visionnaires" ou des "rêveurs de mondes", un cabinet de curiosités (avec paraît-il des oeuvres "inclassables et insolites" - miam-miam, c'est là que j'aimerais être! - un coin "maternité et enfance", qui sent presque sa crèche... En salle 10 (cela vous prend un petit air de jeu de l'oie tout à coup cette expo), ont été parqués les "tourmentés", merci pour eux...Stani Nitkowski, (sans titre mentionné), musée de la Création Franche.jpg Les "tronches", c'est en salle 9... "L"homme du commun" (le bouseux en somme?) est en salle 5, avec ses travaux des champs, ses animaux... Et le visiteur n'aura encore vu qu'une petite partie de l'ensemble de la collection, que seule une plus grande surface, souvent annoncée sous cape, jamais effective, pourrait révélér dans toute sa munificence éclatée.

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Jean Dominique, un "homme du commun" comme dit la présentation de l'exposition,en des termes qui deviennent presque moqueurs, et pourquoi? Ce genre d'oeuvre est plus prés de la plus grande poésie que tous les chefs d'oeuvre ciselés du monde..., ph. BM 2009

      Je n'ai pu voir l'accrochage, je ne fais ici qu'un compte rendu basé sur le dossier de presse envoyé en signe avant-coureur. Mais pourquoi ne pas faire moi aussi mon mini-accrochage à partir de quelques photos prises au cours des années? Chaque visiteur devrait ainsi avoir le droit à son accrochage perso, ses préférences, ses passerelles à lui, ses analogies, ses confrontations d'une oeuvre face aux autres, etc. Pourquoi pas?

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Bruno Montpied, Les masques de la mort rouge, 35x27cm, collage et technique mixte sur papier, Musée de la Création Franche
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Guy Girard, peinture à l'huile, anagraphomorphose sur la signature de René Char, ph BM, 2009, musée de la Création Franche
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Alain Garret, La diligence de Gustave, Musée de la Création Franche, ph BM, juillet 2008
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Cathy Massé, Rêve, déc.1985, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Pépé Vignes, 1979, Musée de la Création Franche, ph. BM, mars 2009
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Marilena Pelosi, dessin sans titre, 2001, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Jean Tourlonias, "Spéçiale Gérard Sendrey", 1996, Musée de la Création Franche, ph. BM, juil. 2008 
 

     

06/06/2010

Info-Miettes (8)

Un peu de poésie dans un monde de bruts

     Pierre Gallissaires publie un recueil de ses poèmes écrits entre 1979 et 2009 sous le titre Le dit du poème parmi d'autres aux éditions Aviva (la vie va?), basées à Bègles (tiens?). Plus connu jusqu'à présent comme traducteur d'allemand (on lui doit entre autres une traduction d'après L'Unique et sa propriété de Max Stirner), Pierre Gallissaires écrit aussi des poèmes et depuis fort longtemps (il publia des recueils autrefois chez Pierre-Jean Oswald, Guy Chambelland, ou Nautilus Hambourg). Leur couleur tire plutôt du côté d'un certain goût pour les jeux de mots, les instants de rien, les constructions mentales qui déroulent leurs magnifiques paysages abstraits dans l'âme des lecteurs. Voici deux d'entre eux, le premier tel un haïku:

le calme plane une route

se perd

dans le lointain surnage un cil

 

tel un beau ténébreux

Couverture Le Dit du Poème parmi d'autres de Pierre Gallissaires, 2009.jpg

le pas le pain

perdus

 

cailloux froissés

 supplient

 

et déjà le fagot sent la braise des bois

 

Livre relié 88 p, 14x21,5, couverture vergé. Bon de commande: éditions Aviva, 84, rue Amédée-Berque, 33130 Bègles, tél/fax: 05 56 85 58 63. Prix 13€, envoi franco de port dès réception de la commande accompagnée du réglement aux éditions Aviva.

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Vous avez dit Biz'art?

     Encore un calembour sur l'art, têtes de l'art, bab'art, tôt ou t'art, caf'art, etc, y a encore de la m'artge et de la pl'artce pour d'autres. Mais trêve de tartquineries (sinon, je vais encore me faire traiter de poignartdeur pas subtil, cette raillerie venant facilement sur le clavier chez les petites âmes pas finaudes du web), ce lieu (cette association), basée au Vaudioux, entre Dôle, Pontarlier et Lons-le-Saunier, dans le Jura, à ce que l'on m'a assuré de diverses directions, montre de temps à autre des expositions d'art singulier choisies avec le minimum d'exigence requis pour que l'art dit singulier ne se retrouve pas une fois de plus décrédibilisé par des nuées de têtes à Toto toutes interchangeables. 

 
Jean Branciard,Catamaran noir.jpg
Jean Branciard, Catamaran noir, photo Bruno Montpied, 2008

     Cette fois, on retrouvera au Vaudioux les constructions en assemblage de matériaux naturels, "tracteurs de mer" et autres esquifs branlicotant de partout de Jean Branciard, dont j'ai déjà parlé ici, ainsi que l'incontournable Joël Lorand, Alain Lacoste, Serge Vollin, les Staelens (c'est un couple aux travaux rougeâtres particuliers), plus d'autres créateurs encore que je ne connais pas bien. On ira se renseigner davantage en se connectant sur le site de Biz'art-Biz'art.

L'expo est du 1er juin au 30 septembre, tous les jours de 14h à 19h (vernissage dimanche 13 juin de 14 à 19h aussi). Biz'art-Biz'art, 2 chemin Prayat, 39300 Le Vaudioux, tél: 03 84 51 63 36.

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Quand l'art naïf se cache dans les algues?

      De passage récemment dans la région de Cherbourg, je suis passé en coup de vent, ce qui dans la région est plutôt banal, à quelques centaines de mètres de l'île de Tatihou en compagnie de Romuald Reutimann, l'émérite animateur du foyer d'arts plastiques de La Passerelle. Les heures de cabotage de la navette qui mène à l'île ne collant pas avec notre emploi du temps de ce jour-là, je me suis rabattu en désespoir de cause, au guichet d'embarquement, sur des cartes postales éditées apparemment par le musée maritime de Tatihou qui organise de temps à autre de stimulantes expositions en rapport avec l'univers maritime. Une a particulièrement attiré mon attention, c'est une reproduction de planche d'alguier (herbier, c'est pour les "herbes") où l'on voit un serpent plutôt naïf s'enrouler autour d'une algue. Comme le début d'une oeuvre faite à partir d'un collage de matière naturelle, ce qui n'est pas usuel, il me semble.

Alguier de M.Doublet,coll. Musée maritime de Tatihou, ph Jacques Blondel.jpg
Alguier de M. Doublet, coll. musée maritime de Tatihou ("algues marines récoltées dans le Nord-Cotentin au début du XXe siècle", dit la légende de la carte ; photo Jacques Blondel)
 
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Fernand Michel le retour, avec ses imaginaires zincifères
 
 
 
      Fernand Michel, on ne sait pas grand-chose sur lui. Il fut exposé à la galerie des Mages d'Alphonse Chave à Vence dans les années 60 et 70. Il faisait partie du Petit Musée du Bizarre à Lavilledieu en Ardèche (que devient la collection de ce musée, depuis la disparition de son maître d'oeuvre Candide, alias Serge Tekielski, on aimerait le savoir ?). Il fut montré aussi aux expos Les Indomptables de l'art à Besançon en 1986, et Art Brut et Cie à la Halle Saint-Pierre en 1995-1996. Une notice du catalogue de cette expo donna du reste quelques éléments biographiques à son sujet. Né en 1913 dans les Vosges, en marge de son métier de relieur (qui lui fit croiser la route du typographe-poète Jean Vodaine), il se mit à sculpter et à assembler le zinc vers 1962. Retraité, il s'était installé à Montpellier. Son oeuvre, au début consacrée à la représentation de paysages, évolua bien vite vers des personnages féminins à connotation érotique le plus souvent (c'est d'ailleurs toujours ces statues-là qu'on trouve en reproduction).
 
Fernand Michel, couverture du livre de Frédéric Allamel, bulletin de souscription.jpg
Maquette du livre (susceptible d'être modifiée)
 
 
      On devrait très vite en apprendre davantage à son sujet grâce au livre que Frédéric Allamel lui a consacré, Imaginaires zincifères, Variations autour de Fernand Michel, artiste-zingueur, sorte de "catalogue irraisonné", qui devrait incessamment paraître à l'égide d'une Association pour le Développement de l'Art Brut et Singulier basée à Montpellier. Le bulletin de souscription que j'ai reçu indique notamment : "de ses poupées plantureuses et vertigineusement fétichistes jusqu'aux gravures illustrant des poèmes de Raymond Queneau, en passant par l'architecture et ses "peintures d'une nuit", ce livre est conçu à la manière d'un catalogue irraisonné, au diapason du personnage, flamboyant et qui fit de l'esprit surréaliste un art de vivre de tous les instants."
La parution semble annoncée pour l'automne. 180 pages, 21x29,7 cm. Un exemplaire: 28€ + 5€ de frais de port. Chèque à l'ordre de ADABS, 68 rue de Lunaret, 34000 Montpellier, tél: 04 67 66 32 40 et fax: 04 67 60 60 27.
 
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Tout finit sur le carreau
 
 
       Je me balade dans un déballage de brocanteurs et autres antiquaires au Mans il y a peu. Je m'arrête un instant devant des maquettes de bâtiments de village, ou de véhicules, un tank, un camion de pompiers...
Vestiges d'un musée de maquettes, Le Mans, ph.Bruno Montpied, 2009.jpg
Le Mans, ph BM, déc 2009
 
       Interrogé, le marchand indique une vague provenance (comme toujours, l'origine est imprécise, se perdant dans les limbes des acquisitions pas toujours retraçables), cela viendrait d'Ille-et-Vilaine, l'auteur aurait confectionné chez lui ce petit musée de miniaturisations, il y a une église (de "Ladeu"?), les pompiers seraient d'un lieu orthographié de façon peu claire, "Thourie" (?), on voit des avions, des batteries de canon, une diligence, un relais. Les maquettes étaient éclairées... L'ensemble n'est pas très inventif, juste un peu curieux d'un point de vue sociologique, digne de ces infos-miettes... J'en parle ici à tout hasard...
 
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Exposition de Raymond Humbert, "Paysages et autres objets", dessins 1980-1990
 
      Du 12 juin au 19 septembre 2010, la Galerie du Musée des Arts Populaires à Laduz (nouveau nom de ce qui est toujours la collection Humbert) organise une nouvelle exposition consacrée au peintre fondateur du musée rural de Laduz, pour les vingt ans de sa disparition. Vernissage le samedi 12 juin 2010. Voir le site du musée.
 
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Exposition Loïc Lucas à la Galerie Christian Berst
 
Loïc Lucas, Galerie Christian Berst.jpg
 
      Nouvelle trouvaille, Loïc Lucas, dont la galerie Christian Berst dit qu'il a déjà intégré de grandes collections d'art brut, les choses vont donc vite. Dans ce domaine, les personnes averties de ces formes d'art autodidacte sont bien souvent en effet les premiers sur la terra incognita, découvrant et mettant l'expression découverte à l'abri d'une collection. Le public n'arrive qu'après...
Loïc Lucas, Galerie Christian Berst.jpg
 
      Ce sont des dessins fort colorés dans des bleus, des roses, des pistaches, des caramels comme comestibles, trés ornementaux a priori, mais dont les sujets ne sont pas purement décoratifs en réalité, plutôt en rapport qu'ils sont avec des références corporelles, comme une fantomatique coupe à l'intérieur d'organes, de tissus cellulaires, coupe qui prendrait des allures de voyage fantastique rose bonbon.
 
L'expo se tient du 11 juin au 17 juillet prochain. Voir le site de la galerie.
 
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Vincent Prieur, et Paul d'Haese
 
       Le second est photographe, mais c'est plutôt le premier qui nous intéresse (même si le bloc de pierre posé sur l'eau dans l'affiche de l'expo est bien belle...), ainsi que le lieu où ils sont exposés tous les deux, un "Petit Casino d'Ailleurs" situé à Ault, entre Le Tréport et Amiens, ce même Ault où vit Caroline Dahyot dont je vous ai trés récemment parlé (voir quelques notes plus bas). Le petit casino en question paraît animé par Mme Hélène Busnel, danseuse, chanteuse, sculpteur, et amie de Frank Horvat, grand photographe vivant. Il semble s'y montrer de jolies choses à Ault, village perdu de Picardie, grâce à elle, entre autres.
EXPO Casino 2010.jpg
 
       Vincent Prieur m'avait frappé par quelques figures bizarroïdes faites de bois trouvés sur les plages qui avaient été exposées dans la biennale "Brut de Pinsé" à la Galerie du Quartz de Brest en 2000, voici exactement dix ans (j'en avais parlé dans une note brève de mes "Billets du Sciapode" dans Création Franche).
 
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Les oeuvres en bois flotté, reproduites d'après le catalogue de l'expo Brut de Pinsé, 2000
 
      Il se présente toujours comme "un penseyeur", c'est-à-dire comme un créateur qui travaille à partir de matériaux trouvés sur l'estran à marée basse. Ses oeuvres ont évolué vers plus de joliesse naïve et enfantine, moins âpres que celles aperçues à Brest (où, à l'époque, il était présenté comme faisant partie aussi de la collection de la Fabuloserie).
 
Vincent Prieur petitcasinodailleurs127347774146_art.jpg
Vincent Prieur, 2010
 
L'expo dure tout le mois de juillet et tout le mois d'août. Voir le blog du Petit Casino
 
 
       

05/06/2010

5 juin, la belle bleue mais virtuelle

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     Oui, ça fait trois ans aujourd'hui, jour pour jour, que je tiens ce journal, pardon, ce blog-notes. Alors on entonne, aussi virtuelle que la gerbe ci-dessus tirée simultanément dans la nuit de la toile, la chanson suivante (légèrement pénible il faut l'avouer) :
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