19/01/2016
Le 6 février à Talence on causera d'Andrée Acézat
Rendez-vous à la librairie Georges, à Talence, le samedi 6 février prochain à 16h pour une rencontre avec le livre que j'ai écrit, Andrée Acézat, oublier le passé, publié récemment chez l'Insomniaque. Et avec moi... Car je serai présent pour un dialogue avec les lecteurs et les amateurs de cette créatrice atypique, peintre de genre issue des Beaux-Arts de Bordeaux, qui à plus de 70 ans, jeta ses recettes aux orties pour partir librement à la découverte d'un expressionnisme primitif par lequel elle caricaturait des types d'êtres humains, des personnages mythiques ou tout simplement des gens de rencontre dont la mise, la physionomie la divertissaient. Une cohorte de bonshommes aux grosses têtes le plus souvent grotesques, collées sans transition à des boules chargées de représenter leurs bustes, des petits bras minuscules comme des fils de fer poussant, malingres, de part et d'autre de ces boules, se mit à proliférer dans une série qu'elle ne montrait qu'avec parcimonie, en donnant quelquefois certains dessins à des proches, les confiant au final à un dépôt de brocante. Parmi ceux qui découvrirent cette étrange production, difficile à classer, entre art singulier et expressionnisme naïf, deux viendront m'épauler pour évoquer sa figure, Alain Garret et Jean Corrèze, tous deux également artistes. Michel Jolly, le responsable des expositions au Forum des Arts, et l'organisateur de cette rencontre sera également présent. Il était primordial que cette rencontre et cette présentation aient lieu à Talence, la ville où Acézat résida en compagnie de son mari, Lino Sartori, devenu à son contact créateur autodidacte de toute première force. Le Forum des Arts de Talence les a exposés tous les deux à plusieurs reprises. On peut espérer aussi que tous les amateurs de cette artiste - il en existe un nombre encore peu délimité, quoique certain -, généralement des collectionneurs de la période classique d'Acézat, possédant des paysages, des marines du bassin d'Arcachon, des natures mortes, voire des nus, sauront se manifester à l'occasion de cette présentation et confronter ce qu'ils savent de la part classique d'Acézat à sa part plus spontanée, proche du graffiti et de l'art enfantin. Rendez-vous donc à Talence, bientôt, pour tous les amis de cette attachante artiste...
Andrée Acézat, Céparla, env. 30 x 25 cm, coll. particulière, région bordelaise
Chez Lino Sartori, quelques mois avant sa disparition, certains de ses bois peints au milieu de petites peintures d'Acézat, ph. Bruno Montpied, 2011
23:41 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : andrée acézat, lino sartori, alain garret, jean corrèze, bruno montpied, michel jolly, forum des arts de talence, expressionisme naïf, art singulier, l'insomniaque, librairie georges | Imprimer
27/12/2015
Des goujats de Goujounac
Trois sculptures en médaillon et silhouettes, dont celle de droite qui est la véritable première œuvre de Gaston Mouly (telle qu'il me l'affirma en 1984), ce qui contredit ce qu'affirme (p.7 et p.22) Jean-François Maurice dans le catalogue de l'exposition Mouly au musée Henri Martin de Cahors en 2000 ; photogramme du film en Super 8 de Bruno Montpied sur Gaston Mouly (1987)
Une exposition sur Gaston Mouly se prépare à Goujounac, son village natal du Lot. Ce sera pour juin semble-t-il. Une association nommée Goujoun'Art, animée par des personnes du cru, ont contacté plusieurs personnes qui de près ou de loin ont connu Gaston Mouly.
Est-ce l'air du temps porté sur la paranoïa et sur la lâcheté? La peur du qu'en-dira-t-on (qui n'effrayait pourtant aucunement un Gaston Mouly comme le proclament parfois les titres de ses œuvres, voir aussi l'inscription au bas de cette note)? La crainte frileuse d'assumer les propos des participants à cette manifestation auxquels ils prêtent d'imaginaires retombées en terme de réputation ? Toujours est-il que le signataire de ces lignes, après avoir avec bienveillance apporté son soutien au projet, donné quelques informations, jugements et conseils qu'il estimait de nature à aider les organisateurs, avoir écrit un texte de souvenirs sur Gaston Mouly, une première fois remanié pour complaire à Goujoun'Art, aménagé son agenda pour une conférence qu'on lui avait demandée pour la fin avril 2016, discuté avec la responsable de cette association, le signataire de ces lignes s'est fait purement et simplement renvoyer à ses chères études, sans la moindre justification, par un mail en cinq lignes! On ne voulait plus du texte, dans ce qui ressemblait à un caprice, et la conférence elle-même était annulée... A Goujounac apparemment on prend les gens pour des kleenex. Plus goujat, tu meurs!
Dessin inédit de Gaston Mouly, 56x76 cm, du 9 avril 1996, donné à l'école maternelle de Castelnau-Montratier (où il se trouve toujours), selon ce que nous en a dit Mme Claudie Bousquet, ancienne institutrice de cette école, suite à l'appel que je fis sur ce blog pour aider Doriane Mouly à retrouver des œuvres de Gaston
Gaston Mouly donnant quelques explications à des enfants de l'école maternelle de Castelnau-Montratier lors de sa venue en 1996 (un an avant l'accident qui lui coûta la vie), archives de l'école ; photo inédite
Qu'est-ce qui a déplu dans ma proposition de texte (car c'est celui-ci qui est en cause apparemment)? Je suis inévitablement conduit, en l'absence d'explication, à proposer des hypothèses. Mon but second étant d'alerter tous ceux, dans les milieux d'art brut et d'art singulier, qui auraient affaire à l'avenir à cette association. Et je voudrais souligner aussi une propension de certains amateurs d'art − beaucoup trop "amateurs", dans le pire sens du terme − à s'ériger en censeurs. La censure d'Etat, c'est déjà atroce, alors que dire de la censure des gens ordinaires...?
Voici mon texte ci-dessous proposé dans la version que je considérais comme définitive:
Gaston Mouly dans mon rétroviseur
En 1984, alors que l’Aracine venait d’ouvrir les portes du Château-Guérin, à Neuilly-sur-Marne, afin d’y présenter son embryonnaire collection d’art d’autodidactes ‒ à cette époque, elle n’avait pas le droit d’employer le terme « d’art brut », Jean Dubuffet n’autorisant personne à en user en dehors de sa propre collection ‒, je fis la connaissance de Gaston Mouly, et de son inénarrable faconde, de son accent quercynois et surtout de son univers plastique, qui se limitait alors à ses sculptures en ciment polychrome.
Il avait débuté dans ce domaine depuis trois ou quatre ans, et c’était une future romancière, Myriam Anissimov, qui, en faisant sa connaissance (via une commande à son entreprise de maçonnerie je pense), l’avait recommandé à Madeleine Lommel et à Michel Nedjar. Ces derniers étaient en effet à l’affût de nouveaux créateurs afin d’étoffer la collection qu’ils rêvaient de construire en suivant l’exemple de la collection d’art brut princeps, celle de Dubuffet, qui venait d’être donnée à la ville de Lausanne (et ouverte en 1976), en ayant quitté la France où l’art brut avait été pourtant inventé (dès 1945). Notre pays attendit jusqu’en 1999 pour qu’une collection d’art brut entre officiellement dans un musée d’art moderne, au LaM de Villeneuve-d’Ascq dans le Nord. Cette collection étant justement celle que s’ingénièrent à constituer les animateurs de l’Aracine durant une quinzaine d’années.
Je suivais l’aventure de l’Aracine depuis sa première exposition à Aulnay-sous-Bois en 1982. Ce qui m’y intéressait, c’était précisément cette recherche de nouveaux créateurs, et je dois dire que je suis resté fidèle toute ma vie à ce genre d’attitude. Tomber sur des auteurs sauvages, en dehors de tout système des beaux-arts, et de tout marché de l’art, est une aventure passionnante, stimulante en retour pour notre propre démarche créative. Je fus d’autant plus surpris de constater qu’au fil des mois, les animateurs du Château-Guérin paraissaient mettre de côté Mouly, peut-être parce que, entre autres raisons, cherchant avec fièvre de nouvelles œuvres, il leur arrivait de remiser leurs précédentes trouvailles.
Je trouvais dommage qu’on puisse avoir envie de mettre entre parenthèses l’art d’un Mouly, son dévoilement venant tout juste d’être opéré. Je fis plus amplement connaissance avec lui, me rendant à plusieurs reprises dans son village de Lherm, et lui venant souvent à Paris, pour se confronter à son rêve naïf de vie artistique à la capitale (il descendait dans un hôtel de St-Germain-des-Prés, d’où il nous arrivait d’aller nous exhiber aux Deux Magots pour faire plaisir à Gaston).
Je décidai donc quelques années plus tard de le recommander à mon tour à Gérard Sendrey du Site de la Création Franche (nom primitif du musée de Bègles), en 1988-89. Gaston avait déjà, depuis quelques années, fait de la peinture (plusieurs tableaux en attestent). Il m’avait même donné des dessins pour mon fanzine, La Chambre rouge en 1985.
Couverture de La Chambre rouge n°4/5, 1985 ; la première occurrence où apparaissent des dessins de Gaston Mouly
Sendrey, ne disposant pas de beaucoup d’espace dans sa minuscule galerie Imago (espace qu’il avait ouvert avant de récupérer un local plus grand où se trouve toujours aujourd’hui le musée de la Création Franche), voulait des œuvres de petit format. Il repoussait en conséquence les sculptures de Gaston, qu’il jugeait trop difficiles à manœuvrer pour des accrochages. Il lui demanda s’il ne faisait pas des dessins. Gaston sauta sur l’occasion pour développer un secteur de sa création qui ne demandait qu’à prendre plus d’ampleur¹. Une magnifique floraison de dessins en couleur surgit alors, qui devait lui ouvrir les portes d’autres collections prestigieuses, comme celles de la Fabuloserie et de la Neuve Invention dans la collection de l’Art brut à Lausanne² (« Neuve Invention » étant un terme inventé par Dubuffet pour classer les cas-limites situés entre l’art savant et l’art brut au sens strict).
Carton d'exposition en 4 pages de Gaston Mouly à la galerie Imago de Gérard Sendrey en 1989, avec un texte d'introduction de Bruno Montpied
L’originalité du dessin de Gaston Mouly provient de son désir profond de faire moderne. Parallèlement, il restait fier de sa culture de base, intimement liée à son goût du patois. Il m’a souvent dit que la langue française lui paraissait peu imagée, alors que l’occitan rendait mieux de ce point de vue. On trouve aussi ce genre d’opinion chez un Gaston Chaissac. Ce dernier qualifiait sa propre œuvre « d’art rustique moderne », terme que l’on pourrait aussi appliquer à l’art de de Gaston Mouly.
Ses diverses œuvres portent la marque d’une inspiration à nulle autre pareille, certes sommaire, eu égard au tracé de ses figures par exemple, mais porteuse d’un goût inné de l’architecture qui éclate partout dans l’articulation, la structuration des images. Je pense même que le sujet n’a que peu d’importance fondamentalement. C’est d’abord le plaisir d’architecturer qui mène Mouly, qui ne fut pas maçon par hasard. Le sujet doit se plier à cette loi, de gré ou de force. Procédant par intuition, il se créait ses solutions figuratives dans la conscience pleine d’agir ainsi en inventeur solitaire, s’appuyant sur l’exemple d’artistes modernes pour qui il avait travaillé dans sa région (Zadkine, Bissière, Nicolas Wacker). Mais il ne faut pas oublier que l’on trouvait aussi, accrochés au-dessus de ses sculptures, au mur de son atelier d’été, divers objets et outils caractéristiques de la culture rurale, attestant de son goût pour les formes générées dans le cadre de cette dernière. Dans son dessin, dans sa sculpture, il tentait de marier influences formelles venues de l’art moderne et influences stylisatrices provenant de l’art populaire. Ce dernier aime les raccourcis, les associations d’images, les jeux de mots, et se passe fort bien de l’imitation de la réalité photographique. Comme Gaston Mouly.
Alors, « singulier », Gaston Mouly ? Ce dernier terme ‒ qui désigne aujourd’hui de plus en plus des artistes semi professionnels inspirés par l’art brut, et plutôt liés à une culture urbaine ‒ ne lui correspond pas exactement. Certes, ses opinions politiques étaient nettement droitières, comme celles de tant de gens qui appartiennent au peuple des paysans et des artisans, choisissant à l’occasion, par facilité, un individualisme égocentrique teinté de populisme. En dépit de cela, il est loisible de reconnaître à travers son imaginaire graphique et plastique toute une culture à coloration païenne mettant en avant l’esprit de fête, de danse, de jouissance, où la ligne est virevoltante, sinueuse et sensuelle. Ses sculptures font parfois penser aux figures populaires en pain sculpté que l’on trouve dans plusieurs pays d’Europe. Artiste populaire contemporain, prisant le plaisir sous toutes ses formes, bon vivant, c’est ainsi que je préfère revoir Gaston Mouly, quand il m’arrive de contempler nos rencontres dans mon rétroviseur…
Bruno Montpied, décembre 2015.
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[1] Voir le dessin qu’il avait fait en 1983 sur une porte de sa maison, que j’ai reproduit dans le catalogue Des jardins imaginaires au jardin habité, Hommage à Caroline Bourbonnais, édité par la Fabuloserie en mai 2015.
[2] Gaston Mouly et moi, en 1987, bien avant qu’il expose à Bègles, avions du reste conçu un projet d’aller montrer ses sculptures à Michel Thévoz, que j’avais contacté par téléphone. Ce dernier, dès cet entretien, m’avait confié que, si ces sculptures pouvaient intéresser leur collection, elles ne pourraient être intégrées au mieux que dans la Neuve Invention. Selon lui, en effet, Mouly ne relevait pas complétement de la définition de l’art brut. Malheureusement, notre projet de voyage en camionnette avec les sculptures capota, à mon grand regret.
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Après avoir lu ce texte, que comprendre de ce qui a pu déplaire à nos goujats de Goujounac? Est-ce le dernier paragraphe qui les chiffonne où il est fait allusion aux opinions droitières de Gaston? Doit-on donner une image lisse du créateur, émasculée de tout ce qui pourrait rompre avec une évocation de Bisounours, strictement axée sur la question esthétique (le créateur vu uniquement au ras des pâquerettes, en ne prenant en considération que ses outils et ses tubes de peinture comme s'il n'y avait rien d'autre autour de lui)?
Serait-ce une considération de respect exagéré vis-à-vis de je ne sais quelle peur de déplaire à la famille sur une question de détail (en particulier le rappel du rôle d'intercesseur de Myriam Anissimov, que j'avais pourtant signalé dès la plaquette Imago de 1989?) ? Je me perds en conjectures... Et je finis par conclure à la décision absurde d'une belle bande de neuneus doublés de jésuites qui vont nous pondre une expo ruisselante de bons sentiments. A oublier bien vite.
Inscription qui était apposée sur la porte de l'atelier d'été de Gaston Mouly à Lherm, archives BM ; en dépit de sa syntaxe bizarre, on décrypte aisément le propos: "bien qu'ici mes œuvres puissent emmerder les raseurs, leurs fruits parlent, tâchez donc d'en faire autant...." ; lisse, Gaston Mouly? Allons donc...
15:51 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art rustique moderne, Art singulier, Questionnements | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : gaston mouly, goujounac, goujats, art brut, art singulier, bruno montpied, castelnau-montratier, censure ordinaire, myriam anissimov, l'aracine, la chambre rouge, art rustique moderne, neuneus, jésuites, goujoun'art | Imprimer
05/11/2015
Exposition Cerisier-Montpied à Carquefou, aux Renaudières
Nous voici Jean-Louis Cerisier et moi à nouveau réunis¹, cette fois aux Renaudières, cet espace culturel que la municipalité de Carquefou (ville située dans la grande périphérie de Nantes), sous la direction de Chantal Giteau, voue généreusement depuis plusieurs années, entre autres, à la découverte de divers artistes de la mouvance dite "singulière". L'exposition qui commence le 14 novembre prochain est prévue pour se clore le 13 décembre.
Bruno Montpied, Nid de nuit, 32 x 25 cm, 2004
Nous présentons chacun une quarantaine d'œuvres dans l'espace de trois salles dont la dernière tentera de faire cohabiter nos deux systèmes de représentation. Si Cerisier pour sa part montre des œuvres qui furent choisies par Chantal Giteau dans une de ses récentes périodes où le thème dominant est la "maison" (voir ci-contre La fugue, huile sur toile, 38 x 46 cm, 2015) je présente de mon côté des œuvres de petit format (la plus grande fait 30 x 43 cm ), réalisées pour la plupart d'entre elles selon une technique qui mixe l'encre, la mine de plomb, des solutions acryliques, des crayons de couleur et autres marqueurs. Deux œuvres ont été le fruit d'un travail à deux, tantôt avec Sasha Vlad en Californie (nous avons travaillé par échange postal de la même œuvre, un collage proposé par lui et interprété graphiquement par moi, ; voir ci-dessous), tantôt avec Petra Simkova (Chansons d'ivrognes, œuvre réalisée en simultané). Quatre autres œuvres font partie des "modifications" que j'exécute régulièrement depuis des années en repeignant ou en redessinant par-dessus des reproductions photographiques de cartes postales, magazines, gravures, etc. Plusieurs autres œuvres que j'exposerai à Carquefou ont été précédemment montrées cet été dans la Creuse à la Maison du Tailleu. Il y a bien sûr aussi plusieurs autres nouveaux venus.
Bruno Montpied et Sasha Vlad, Le Monument et son gardien effaré, 30 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2010
Bruno Montpied, Le message, gravure modifiée à l'encre, au stylo et aux crayons de couleur, 29 x 20 cm, 2010
Un petit catalogue d'une trentaine de pages, avec neuf reproductions pour chaque artiste, a été prévu par les Renaudières pour être diffusé le jour du vernissage (semble-t-il). Ce sera aussi l'occasion pour moi de vendre quelques exemplaires de mon récent livre "Andrée Acézat, oublier le passé", ainsi que des exemplaires de l'autre titre paru dans la collection La Petite Brute, "Visionnaires de Taïwan" de Remy Ricordeau. Bienvenue à tous ceux qui pourront se retrouver par là-bas, près de Nantes.
Bruno Montpied, La Grande Dame et l'homme qui a perdu la tête, encre, mine de plomb, lavis et marqueurs sur carton d'emballage alimentaire, diamètre 19 cm, 2015
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¹ La première fois, Cerisier et moi fûmes réunis par Pascal Rigeade à Bègles au musée de la Création franche en février-mars 2011.
10:27 Publié dans Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruno montpied, les renaudières, carquefou, chantal giteau, jean-louis cerisier, art singulier, art naïf, création franche, art collectif, modifications, sasha vlad, petra simkova, andrée acézat, visionnaires de taïwan | Imprimer
22/09/2015
Découverte de Claudie Gousset, dessinatrice en couleur
Gousset, c'est un nom qui me fait songer... Et si c'était le gousset où le lapin poursuivi par l'Alice de Lewis Carroll remet sans cesse sa montre?
Claudie Gousset, sans titre, 30 x 40 cm, crayons et feutres, sans date
Elle habite dans la région bordelaise, elle dessine depuis fort longtemps, me dit-elle, mais elle s'est contentée jusqu'à ces dernières années d'exposer ses œuvres dans l'espace réservé du cercle familial. Elle peut recourir au noir et blanc, mais ce qu'elle préfère avant tout, c'est nager avec délectation dans la couleur. Elle paraît cultivée, elle fit des études littéraires liées au monde germanique, elle a été bibliothécaire.
Deux autres œuvres aux crayons, feutres et à la gouache, sans titre sans date
Dans les œuvres que l'on peut découvrir sur son site web, je préfère personnellement les œuvres narratives. Elle dessine en effet aussi, en dehors de ces dernières, des œuvres où l'ornemental revendique de prendre beaucoup de place. On sent des influences dans son travail, par moments on voit un Wolfli pointer le bout de son nez dans une de ses compositions. Elle avoue être allée au musée de la Création Franche, y avoir admiré les travaux de Claudine Goux (ça commence en plus comme son nom, Goux...sset), ou ceux de Gilles Manero. Son travail en tout cas est sensible, et me paraît prometteur. A suivre donc.
Claudie Gousset, 40 x 30 cm, feutres, crayons, gouache, sans titre, sans date
00:07 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : claudie gousset, artistes bordelais, création franche, ornementation, gilles manero, art singulier | Imprimer
23/08/2015
D'Alphonse Gurlhie à René Gregogna, une exposition à Beauchastel, patrie de Gurlhie le braconnier de l'art
René Gregogna, j'ai eu l'occasion d'en parler plusieurs fois par le passé sur ce blog, était un artiste attachant, très varié dans son expression, alternant peut-être le pire et le meilleur, charriant toutes sortes de matériaux qui lui venaient sous les mains, repeignant une digue entière du côté de Pézenas, peignant les cailloux dans le lit des rivières... Dans sa jeunesse, il n'en faisait pas mystère, il avait rencontré un authentique créateur brut, Alphonse Gurlhie, qui vécut entre Beauchastel et Maisonneuve en Ardèche, actif des années 1920 à 1940, racontant ses exploits de chasseur et de pêcheur à travers des statues de ciment qu'il avait installées aux abords de ses deux différentes maisons. Et cette rencontre l'avait profondément marqué. Je l'avais croisé, lors de son passage à Paris pour l'avant-première d'un film d'Anne Desanlis sur lui, et l'avais interrogé sur ce rapport avec Gurlhie. Il est assez rare qu'on ait ainsi des aveux d'influence chez des artistes de l'art singulier, pourtant souvent impressionnés par les créateurs de l'art brut. Nul doute que ce rapport Gurlhie-Gregogna se trouve passablement explicité à l'occasion de l'exposition que montera à partir du 19 septembre l'association des Amis de Gurlhie. Ce sera peut-être aussi l'occasion de revoir les œuvres de Gurlhie qui sont conservées au musée de Beauchastel, qui était fermé aux dernières nouvelles.
00:32 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : association "les amis de gurlhie", beauchastel, alphonse gurlhie, rené-françois gregogna, art singulier, environnements spontanés populaires, musée de beauchastel, anne desanlis | Imprimer
31/07/2015
Expo de l'Art en Marche à Moulins
Du 6 juillet au 21 août 2015 à l'Hôtel du Département à Moulins
Les choix esthétiques de L'Art en Marche, disons-le sans ambages, ne sont pas pour leur majorité ma tasse de thé. Il y a trop, du moins dans le rassemblement visible à Lapalisse dans l'immense entrepôt qui l'abrite, d'artistes ailleurs qualifiés de "singuliers" mais manquant singulièrement d'originalité (à mes yeux, s'entend, ce n'est qu'un avis purement personnel). Mais il existe aussi une minorité de créateurs proches de l'art brut ou de l'art populaire contemporain, et aussi des artistes plus inspirés, marginaux talentueux peu connus (comme Jacques Renaud-Dampel par exemple ou Pépé Donate). A Moulins, du 6 juillet au 21 août, voici une petite sélection intéressante, où le terme d'art brut ne paraît cette fois pas trop usurpée.
Une œuvre de Pépé Donate exposée au musée de l'Art en Marche à Lapalisse en avril 2014
Sur les cinq artistes ou créateurs présentés à Moulins, il en est au moins trois à recommander de la part du Poignard Subtil, à savoir Monique Le Chapelain, Jean Tourlonias et Popy (alais Guy Maraval). On pourrait très bien ne pas remarquer le dernier nommé, mais je dois à un camarade qui visitait avec moi le dit entrepôt le printemps dernier (alors que Luis Marcel avait annoncé à grands renforts de trompe qu'il vendait tout - combien de fois a-t-il "tout" vendu?, me demandé-je maintenant...) de l'avoir remarqué en achetant une des ses œuvres ce qui fit que je pus repasser plusieurs fois devant par la suite, et que je me surpris à changer d'humeur à son égard au fil du temps. Il faut croire que Popy, ancien marin qui s'est mis à peindre (à l'acrylique) depuis un grave accident où il paraît avoir vu la mort de près, ne fait pas de l'art "immédiat" en dépit d'un graphisme pourtant élémentaire et d'un vocabulaire de sujets volontairement réduit. C'est peut-être à cause de cela du reste que je passai à côté au début. "Trop proche de Chaissac", me suis-je dit tout d'abord. Et pourtant un charme opère à la longue, du moins en ce qui concerne les œuvres que je reproduis autour de ces lignes (la première s'intitulant "Spirale" et la seconde "L'Œuf"), datant de la fin des années 90.
Monique Le Chapelain, Grand éléphant décoré, 20F (inventaire Muel D85), 1997, coll. Bruno Montpied (cette œuvre bien entendu ne préjuge pas de celles qui sont présentées à Moulins)
Monique Le Chapelain, je n'ai plus de nouvelles d'elle. J'ai contribué autrefois à la faire connaître, notamment par le truchement de la revue Création Franche, et puis, affamé perpétuellement de nouvelles découvertes, j'ai fini par laisser se distendre les rapports. Elle menait une vie assez rangée en compagnie de son époux dans une banlieue assez quelconque, du côté des Ulis, que rompaient seules de temps à autre des sorties dans des soirées dansantes qui étaient son plaisir suprême. Elle passait pour l'occasion des robes étourdissantes colorées et vaporeuses qui lui composaient un écrin pour la princesse qu'elle n'avait jamais cessé de rêver être depuis son enfance. Ces robes, ces parures se retrouvaient transposées dans ses peintures et ses dessins, parfois trop hâtivement brossées tellement elle était pressée de produire. Ses dessins et gouaches sont moins connus que ses peintures à l'huile, mais mériteraient pourtant d'être appréciés, étant donné leur relative "tranquillité". Les quelques exemples que je conserve ont une stabilité dans la facture, une maîtrise exempte de la précipitation dont je parlais ci-dessus. Je donne deux exemples de sa production que je conserve, une peinture à l'huile tout d'abord (ci-dessus) et immédiatement après une gouache justement...
Monique Le Chapelain, Coq de piques, 1963
Jean Tourlonias est le plus connu des trois, avant tout pour ses véhicules (motos, voitures de course...) portant les noms de vedettes connues et les noms des personnes à qui les peintures étaient destinées. il figurait en bonne place à l'exposition thématique de la Collection de l'Art Brut à Lausanne sur les véhicules (en 2013-2014). Habitant Cébazat près de Clermont-Ferrand, c'était un peu le régional de l'étape. Si l'on a vu à Lapalisse des petits paysages sans grand relief, on l'estime avant tout pour ses bolides ébouriffants dédiés aux destinataires des ces véhicules futuristes.
Jean Tourlonias est passé un jour par La Godivelle et ses deux lacs, sur les rudes hauteurs du Cézallier, petite peinture photographiée par Régis Gayraud sur une brocante auvergnate en 2015...
Trois Tourlonias aux noms des anciens animateurs de la Collection de l'Art Brut à Paris, puis à Lausanne, ph. BM
23:39 Publié dans Art Brut, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pépé donate, art en marche, art brut, monique le chapelain, renaud-dampel, luis marcel, art singulier, popy, jean tourlonias, collection de l'art brut | Imprimer
22/07/2015
Un catalogue d'expo "La Mayenne à l'oeuvre" au Centre Kondas d'Art Naïf en Estonie
On peut désormais trouver en vente à la librairie de la Halle St-Pierre (par exemple...) le catalogue de l'expo "La Mayenne à l'œuvre: Destins croisés" organisée à Viljandi au Centre Kondas d'art naïf. J'ai déjà évoqué cette manifestation montée par l'Association CSN 53 ("Création Naïve et singulière en Mayenne"), conçue et coordonnée par Jean-Louis Cerisier, avec l'aide entre autres de Serge Paillard et Michel Leroux.
L'Estonie, c'est un peu loin... Et donc ce catalogue permet d'en voir davantage. Sur les créateurs et artistes mayennais, et aussi pour partir à la découverte de ce mystérieux inconnu qu'est Paul Kondas qui, s'il a été recensé dans l'Encyclopédie mondiale de l'Art Naïf (en 1984...), reste largement inconnu par nos contrées. Ce qui est dommage étant donné les quelques quatre peintures que nous montre le catalogue... (On aimerait fortement en voir plus).
Paul Kondas, Fleur de fougère, 80,5 x 51 cm, huile sur toile, 1980, coll. Musée de Viljandi (j'aime beaucoup le procédé de cerne blanc créant un halo luisant autour des personnages et des ronds dans l'eau, halos créés par l'éclat de la lune dans l'esprit de l'artiste, lune qui nimbe toute la scène d'une lueur de merveilleux)
Paul Kondas, Chasseur aux lapins, 140,5 x 86 cm, huile sur toile, 1977, coll. Musée de Viljandi
Dans l'esprit du concepteur de l'expo, il s'agissait donc d'esquisser une sorte d'échange entre des artistes mayennais et ce peintre naïf dont 26 œuvres furent acquises par le musée de Viljandi qui lui voua aussi son nom apparemment. Je ne sais pas à l'heure où j'écris ces lignes s'il est arrivé à convaincre Laval d'exposer des œuvres de Paul Kondas.
Henri Rousseau, La fabrique de chaises à Alfortville, prêt temporaire du Musée de l'Orangerie à Paris dans le cadre des collections permanentes du Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier de Laval en février 2015 (pour pallier les prêts que ce dernier musée avait consenti au Palais des Doges à Venise dans le cadre d'une rétrospective Rousseau)
Certains pourront peut-être se demander pourquoi avoir adopté une perspective aussi régionaliste, par un curieux désir de se construire un destin ancré dans une zone départementale... Ce serait oublier qu'il s'est passé depuis déjà un siècle un curieux ancrage artistique à Laval et sa périphérie. Tout étant parti sans doute d'Henri Rousseau dit "le Douanier", puis de la fondation du Musée d'Art Naïf du Vieux-Château dont les collections s'enrichirent au départ d'un important socle d'œuvres provenant des collections rassemblées par Jules Lefranc, autre peintre naïf fort important, à la lisière d'une figuration poétique savante, de laquelle pourrait aussi participer l'œuvre d'un Elie Lascaux, originaire d'une autre partie de la France, le Limousin.
Jules Lefranc, Le môle noir, gouache sur papier, vers 1930, Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier de Laval
C'est peut-être cette ouverture de Lefranc vers une figuration réaliste poétique qui amena d'autres peintres du cru, comme Henri Trouillard, à voguer de dérivation en dérivation vers des horizons carrément visionnaires, des Robert Tatin (présent par des lithographies dans l'expo Cerisier), des Alain Lacoste (lui aussi exposé à Viljandi) arrivant dans les décennies suivantes avec dans leurs bagages une liberté de ton encore plus radicalement éloignée de la représentation du réel "rétinien" (on les range dans ce qu'il est convenu d'appeler "l'art singulier", catégorie d'artistes en marge, semi-professionnels, au dessin automatique et empirique, plus ou moins inspirés par les exemples du surréalisme, de COBRA, ou de l'art brut). Jacques Reumeau pour sa part synthétisa peut-être toutes ces tendances dans le "melting-pot" d'une œuvre qui débouchait parfois dans l'hétéroclite, dérapant même jusqu'à une forme de ratage pathétique dans quelques cas. Deux œuvres reproduites dans le catalogue, provenant des collections Cerisier et Leroux, sont au contraire bien abouties, illustrant bien ce que j'appelle le "melting-pot" stylistique que paraissait rechercher Reumeau (et qui fait sa marque de fabrique, semble-t-il).
Jacques Reumeau, L'oiseau et le poisson, la rencontre, 64,5 x 49,5 cm, pastel, 1975, coll. Art Obscur Michel Leroux
Après ces glorieux aînés, vinrent toutes sortes d'autres artistes mayennais ou d'adoption (comme Joël Lorand, venu s'installer un temps en Mayenne ; je le crois aujourd'hui plutôt posé à Alençon) dont nous parle à l'occasion Jean-Louis Cerisier. Dans son expo en Estonie, on remarque les œuvres de Brigitte Maurice (figurative poétique semble-t-il), de Serge Paillard ou de Marc Girard. A suivre les indications de Cerisier dans ce catalogue, on comprend donc qu'il y a bien un creuset particulier dans cette belle région mayennaise.
Brigitte Maurice, Sans titre, 31,2 x 29 cm, huile sur bois, 2014, coll. Jean-Louis Cerisier
Et même si Jean-Louis Cerisier paraît avant tout s'intéresser à l'art dans une perspective de plasticien contemporain féru d'histoire de l'art, il n'oublie pas d'inviter des créateurs que l'on pourrait ranger dans l'art brut, comme Gustave Cahoreau, Patrick Chapelière (découvert et défendu au départ par Joël Lorand) ou "l'Ami des Bêtes" Cénéré Hubert pour lequel j'ai une certaine prédilection, créateurs "bruts" en cela qu'ils paraissent vivre (ou paraissaient vivre dans le cas de Hubert, décédé en 2001) au plus près leur création dans une proximité fusionnelle.
Cénéré Hubert, devant le portail décoré de son atelier, St-Ouen-des-Toits (Mayenne), ph. Michel Leroux
20:39 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mayenne à l'oeuvre, jean-louis cerisier, serge paillard, centre paul kondas, viljandi, art naïf, art singulier, musée du vieux-château à laval, douanier rousseau, alain lacoste, robert tatin, henri trouillard, jacques reumeau, patrick chapelière, céneré hubert, jules lefranc | Imprimer
12/05/2015
Les Mayennais toujours à l'œuvre et à la manœuvre en Estonie
"Chers amis et contacts,
J'ai le plaisir de vous annoncer une nouvelle exposition de La Mayenne à l'oeuvre, organisée au musée Paul Kondas d'art naïf et outsider de Viljandi en Estonie, du 15 mai au 15 juillet 2015.
Article de Pauline Launay dans Le Courrier de la Mayenne du 6-5-2015
Un dessin de Robert Tatin, La Vierge aux Oiseaux, 1982, coll. Art Obscur
Jean-Louis Cerisier, un billet de 1000 zlotys déchiré, allégorie d'un refus de la vénalité proposé par l'artiste?
Gustave Cahoreau tenant une de ses sculptures, un "protégé" de Michel Leroux... Archives Art Obscur
Céneré Hubert, créateur multi-formes et notamment créateur d'environnement à St-Ouen-des-Toits (toujours en Mayenne), Archives Art Obscur
Un très beau dessin (pastel?) de Patrick Chapelière ; à noter que les trois créateurs ci-dessus s'apparentent davantage à l'art brut qu'à l'art dit singulier, tant leur travail s'accomplit dans l'écart vis-à-vis des démarches traditionnelles artistiques ; coll. Art Obscur
Alain Lacoste, autre Singulier mayennais bien connu et prolifique ; coll. Art Obscur
Marc Girard ; j'aime assez cette œuvre qui me fait penser à ... moi, mais aussi à Chaissac, à Lacoste...; coll. Art Obscur
Et un Joël Lorand, un... Peut-être relativement ancien, non? ; coll. Art Obscur
00:04 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : mayenne à l'oeuvre, jean-louis cerisier, viljandi, musée paul kondas, art naïf, art singulier, alain lacoste, marc girard, jacque reumeau, musée du vieux-château à laval, csn 53, jules lefranc, robert tatin, école de figuration poétique lavalloise, céneré hubert, environnements spontanés, patrick chapelière, art brut, joël lorand | Imprimer
01/05/2015
La Mayenne à l'oeuvre
Me parviennent depuis quelques jours diverses annonces émanant des différents acteurs (liés à l'association CSN 53, "Créations Naïves et Singulières en Mayenne") d'une exposition à deux visages, "La Mayenne à l'œuvre", qui va être montée d'un côté au Centre Kondas d'Art Naïf et Outsider à Viljandi en Estonie (du 15 mai au 15 juillet ; l'expo est initiée plus particulièrement par Jean-Louis Cerisier qui entretient depuis des années des liens étroits avec certains de ses pays à l'est et au nord de l'Europe), et de l'autre en Mayenne, dans un joli village répondant au doux nom de Saint-Céneri-Le-Gérei.
Dans ce dernier patelin, l'expo durera trois jours, du 23 au 25 mai (c'est le week-end de la Pentecôte). Elle est constituée d'une petite partie de la collection de Michel Leroux, dite par lui "d'art obscur" (pas si obscur que cela tout de même ; à signaler que Michel Leroux a recyclé ainsi un terme qui avait été envisagé au début de l'aventure de l'art brut, vers 1945 donc, par Dubuffet lui-même qui l'avait finalement rejeté comme insuffisamment adapté à ce qu'il cherchait).
Patrick Chapelière, coll Michel Leroux
Noël Fillaudeau, sans titre, série des "Métamorphoses", vers 1993, coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied
Robert Tatin œuvre actuellement exposée (jusqu'en juin prochain) au musée Robert Tatin de Cossé-Le-Vivien (Mayenne)
Au programme: Gustave Cahoreau (un protégé de Michel Leroux), Patrick Chapelière (mis en avant par Joël Lorand), Alain Lacoste (un grand ancien de l'art singulier), Robert Tatin (qui en dehors de son musée sculpté de Cossé-Le-Vivien était aussi peintre), Joël Lorand (Mayennais d'adoption, et maintenant Sarthois (non... en fait habitant de l'Orne, voir commentaires ci-dessous...) à ce que j'ai cru comprendre, puisqu'il est basé à Alençon), François Monchâtre (un autre ancien de la Singularité, connu pour ses machines imaginaires et ses personnages de "crétins"), Noël Fillaudeau (l'ancien ami de Gaston Chaissac), enfin Jean-Louis Cerisier.
Jean-Louis Cerisier, Collection L'Art Obscur de Michel Leroux
Cette expo, en dehors de la collection de Michel Leroux, comprendra aussi des œuvres venues des ateliers de Serge Paillard et de Jean-Louis Cerisier, amis lavallois dont j'ai souvent eu l'occasion de parler sur ce blog. Des œuvres provenant de la collection Michel Basset, et de la collection Jean-François Maurice (récemment disparu), seront également adjointes à ces ensembles.
Serge Paillard, Pomme de Terre en Patatonie (la cartographie rêvée du Professeur Caldnitz), 2015?, collection de l'artiste
08:08 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : csn 53, centre kondas de viljandi, art naïf, art singulier, patrick chapelière, la mayenne à l'oeuvre, art obscur, michel leroux, jean-louis cerisier, serge paillard, noël fillaudeau, alain lacoste, joël lorand, viljandi, estonie | Imprimer
05/04/2015
"Brut de pop'" dans les Landes
J'ai appris un peu à la dernière minute, et avec très peu d'informations sur le contenu de l'exposition (ainsi que sur la totalité des auteurs présentés)... qu'une manifestation commençait le 1er avril à l'Ecomusée de Marquèze (fin prévue le 28 juin) près de Sabres dans les Landes (entre Bordeaux et Mont-de-Marsan ; le titre est un calembour bien entendu, on veut nous faire songer à "brut de pomme"... Et l'on joue aussi en sous-titre sur les rapports de l'art brut avec l'art populaire en posant la question de "l'impopularité" hypothétique de ces formes d'art).
Le musée de la Création Franche de Bègles est associé à l'exposition par le prêt de pas moins de deux cents œuvres. Ils sont généreux à Bègles, faut pas le nier. Mais qui est exposé, c'est la question à mille francs ? Il semble qu'il n'y ait pour l'instant aucun dossier de presse de disponible, et l'on en est donc réduit aux supputations. Un catalogue, sous la forme d'un numéro spécial de Création Franche, devrait cependant, en principe, sortir la semaine prochaine. Les amis Albasser m'ont informé de plus qu'il y a deux douzaines d'œuvres de Pierre Albasser d'accrochées dans une section consacrée à la "récupération" (on les apercevait, à un moment d'internet, en illustration d'un communiqué de l'Ecomusée, présentées sous des cadres vitrés suspendus). Il semblerait aussi qu'on puisse aussi y trouver des pièces de Simone Le Carré Galimard, si le masque sur l'affiche est bien d'elle... A côté de l'affichette ci-dessus, on aperçoit aussi une de ces charmantes sculptures ultra brutes de décoffrage de Jean Dominique (sur lequel, je profite de l'occasion, est paru il n'y a pas si longtemps un ouvrage entièrement consacré à sa vie et son œuvre – avec une centaine de sculptures reproduites – livre écrit et autoédité par Jean-Luc Thuillier, Jean Dominique, une figure de l'art brut en Périgord, 2012). Le musée de la Création Franche possède en effet une cinquantaine de pièces de cet auteur.
Deux petites sculptures de Jean Dominique, musée de la Création Franche, ph. Bruno Montpied
Mais pour le reste? On ne peut que faire des suppositions en attendant qu'on trouve le temps de nous en dire plus ou que je rencontre quelque motorisé qui voudrait bien m'emmener là-bas... Le laïus du communiqué déjà évoqué indique: "Objets du quotidien détournés, art du bricolage et de la récupération, cette exposition propose de découvrir des objets aussi insolites qu’esthétiques, mais aussi de s’interroger sur les principes de la création artistique, qu’elle soit populaire, brute ou franche.
Anonymes, artisans, artistes, les créateurs rassemblés ici offrent une vision esthétique du monde loin des « beaux-arts » et des cercles académiques. Pour vous en faciliter la découverte, nous avons regroupé ces objets et œuvres autour de sept thématiques : l’artiste-artisan, le monde rural, le foyer, le religieux, l’enfance, les fêtes et les loisirs, la récupération."
Il semble donc que l'on veuille – dans un écomusée, c'est dans la logique des choses – associer l'art brut, et la création singulière d'artistes en porte-à-faux avec l'art des "Beaux-Arts" d'un côté (ce qui fait le fonds du musée de la Création Franche), avec, d'autre part, l'art populaire au sens rural du terme (tel qu'il a été conservé en tout cas dans ce musée consacré à la culture populaire landaise¹). Pour illustrer ce dernier aspect, il semble que l'Ecomusée ait décidé de mettre des éléments de sa collection (statues, œuvres de patience, meubles, gourdes en calebasse gravée, jouets...) en regard des œuvres venues de la Création Franche. Il faut préciser du reste que c'est une responsable de l'Ecomusée, Mme Vanessa Doutreleau, chargée des expositions au Pavillon de Marquèze, qui a choisi les 450 œuvres (au total) de "Brut de Pop'". J'applaudis en principe à ce genre d'initiative qui permet de réassocier art d'autodidactes bruts ou naïfs et art populaire, loin de l'art moderne ou contemporain (le rapprochement avec ces derniers, comme je l'ai déjà dit, se fait en effet par trop depuis quelque temps dans les cercles plus mondains de la capitale). Plutôt que de conserver une collection d'art brut dans un musée d'art contemporain et d'art moderne, on aurait pu tout aussi bien imaginer la voir entrer dans le prolongement d'un musée d'art populaire, comme c'est presque le cas lorsqu'on découvre en Bourgogne dans un même triangle géographique (j'avais appelé celui-ci autrefois, en 1989..., le "triangle d'or") le musée d'art naïf de Noyers-sur-serein, le musée d'art populaire de Laduz et la Fabuloserie de Dicy...
Une vue fort partielle de l'expo
Il faut souligner ce que ce projet a de tout à fait plausible et stimulant, à l'heure où certaine galerie parisienne et certain grand collectionneur voués à l'art brut aiment à mettre en avant ce qui relève à l'intérieur du champ de l'art brut plutôt du document ou de hautes élaborations intellectuelles pondues par des êtres cultivés en rupture, élaborations débouchant sur des chinoiseries cérébrales proches en terme d'ennui de tant d'œuvres de l'art contemporain le plus emmerdant (je pense au secteur dit "des hétérétopies scientifiques" de la dernière exposition ABCD à la Maison Rouge).
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¹ On pourrait renvoyer au fait les responsables de ce musée à l'information que j'ai délivrée il y a déjà quelque temps sur ce blog à propos d'Alphonse Benquet, ce peintre et sculpteur landais qui vivait dans les décennies du début XXe siècle à Tartas, non loin de Mont-de-Marsan dont est proche Sabres.
12:37 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire insolite, Art singulier, Confrontations, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écomusée de marquèze, musée de la création franche, art populaire des landes, art brut, art singulier, brut de pop', albasser, jean dominique, édition jean-luc thuillier, enfance, art sans artistes, création franche | Imprimer
24/01/2015
Appel de la famille de Gaston Mouly
Travail de mémoire sur l’œuvre de Gaston Mouly
Gaston Mouly, notre père ou grand-père, a produit des œuvres pendant plus de 15 ans en grand nombre et de toutes sortes (sculptures, dessins, pyrogravures…) et de toutes tailles (de la galette à la sculpture monumentale). Et chacun sait qu’il fut reconnu pour sa créativité et son travail. C’est en 1997 qu’il nous a quittés en nous laissant cette œuvre considérable, mais en grande partie dispersée.
Nous jugeons aujourd’hui nécessaire d’engager un travail pour la recenser et la sauvegarder.
Celui-ci débute par la recherche de lieux ou de personnes ayant en leur possession ses œuvres et acceptant de nous en transmettre les références (titre, date, matériaux, description) accompagnées de visuels.
Aussi, nous sollicitons les potentiels détenteurs d’œuvres de bien vouloir se manifester auprès de sa petite-fille Doriane Mouly pour permettre la réalisation de ce catalogue raisonné.
Votre aide nous est précieuse, et nous vous en remercions très sincèrement par avance.
Doriane Mouly
PS: Pour contacter Doriane Mouly, prière de passer par l'adresse de ce blog, en privé donc. Deux moyens de trouver l'adresse: 1 Vous cliquez à droite en haut de la colonne de droite sur "Me contacter". Par ce moyen vous ne pouvez envoyer que du texte dans vos messages. 2. Autre solution, vous cliquez sur "A propos". S'ouvre alors une page qui contient "l'éditorial" de ce blog. A la fin de ce texte d'intention, vous trouvez une adresse e-mail du blog. Vous pourrez alors joindre à vos messages des visuels en pièces jointes. L'animateur du blog répercutera vers la famille Mouly.
Gaston Mouly, Soldats écossais s'exerçant à l'escrime à la baïonnette 1917/ Observoitoire (sic) anglais dans un moulin 1917, Crayons de couleur sur papier Arches, 46x61 cm, vers 1989 (photographié à Lherm en 89), coll. Bruno Montpied
Gaston Mouly, Sans titre (le Chabrot), crayons de couleur sur papier Arches, 46x61 cm, vers 1989, coll. BM
13:05 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaston mouly, doriane mouly, recensement de l'oeuvre de gaston mouly, art rustique moderne, art singulier, guerre de 14-18, chabrot | Imprimer
05/12/2014
Alain Dettinger invite Solange Knopf à Lyon
L'œuvre produite sous le signe du merveilleux par Solange Knopf poursuit son bonhomme de chemin en atterrissant cette fois à Lyon, place Gailleton, dans le cadre d'une exposition intitulée "Animus/Anima", organisée par la galerie d'Alain Dettinger, qui est comme on le sait consacrée sur deux rangs à "l'art primitif" (essentiellement africain) et à "l'art contemporain" (au sens où celui-ci, Darnish, désigne bien l'art d'aujourd'hui et non pas "l'art communicationnel" à la François Pinault et autres grands argentiers du moment).
Solange Knopf, carton d'invitation à l'exposition de la galerie Dettinger
Cela durera du 5 décembre 2014 au 3 janvier 2015. Dans le même temps, signalons qu'on trouvera dans le dernier numéro 84 de la revue internationale (anglophone) Raw Vision un article sur Knopf, rédigé par Edward B. Gomez, tandis que moi-même livrerai bientôt dans le n°41 de la revue Création Franche, prévue probablement pour la fin de cette année, une interview de la même Solange.
Série Behind the darkness, coll. privée, Paris
Série Botanica, coll. privée, Paris
Solange Knopf entretient des parentés stylistiques (c'est en effet plus la forme qui l'apparente que le contenu) avec des créatrices telles Guo Fengyi ou Josefa Tolra (cette dernière aura des dessins bientôt exposés à la Halle St-Pierre à partir du 21 janvier dans le cadre de la prochaine expo consacrée à la revue Les Cahiers Dessinés). Poudreuses traces d'un imaginaire qui surgit sur le papier à la limite du mirage, car on a parfois l'impression devant ces dessins qu'ils sont en instance d'évanouissement. La galerie d'Alain Dettinger, qui repère tant de créateurs originaux depuis des lustres, ne pouvait passer à côté de cette créatrice à l'univers séduisant, et donc en cette fin d'année, il faut faire le voyage de Lyon...
Solange Knopf, série Behind the darkness
A signaler le site web de Solange Knopf que j'ai oublié d'ajouter à cette note, comme me le rappelle le commentaire ci-dessous de la mère Molitor. On peut y découvrir nombre d'autres reproductions du travail knopfien et des images du vernissage qui a eu lieu jeudi 4 décembre
10:01 Publié dans Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : galerie dettinger-mayer, solange knopf, art contemporain, art communicationnel, raw vision, revue création franche, josefa tolra, art singulier, behind the darkness | Imprimer
01/12/2014
Marie Audin revient au musée de la Création Franche
Du 5 décembre 2014 au 1er février 2015, on pourra aller découvrir les petites œuvres faites selon la technique du pricking, mise au point par la créatrice, Marie Audin (-ex Marie Adda), au musée de Bègles. Une centaine d'œuvres sont accrochées, en même temps que se tient une seconde exposition parallèle d'Albert Louden (gros bonshommes en apesanteur...), sujet britannique, comme une moitié de Marie Audin, dont la mère était anglaise. J'ai déjà présenté cette créatrice, complète autodidacte, dont le métier est dermatologue, ce qui a un rapport étroit avec ses réalisations (qui a dit que les éléments biographiques n'avaient aucune importance pour comprendre une œuvre artistique?). C'était dans Création Franche n°33, en 2010 ("Marie Adda: sous la peau des images"), suite à ma découverte de ses œuvres exposées déjà à Bègles (c'est ce musée qui l'a révélée en 2009 ; de même que c'est sa visite qui quelques temps auparavant avait révélé à Marie les différentes formes d'expression affranchies de l'art académique qu'il contient, réveillant en elle le désir de reprendre des velléités créatrices qui s'étaient alors rendormies).
Marie Audin, un de ses prickings, avec inscriptions, "Help", "Hope and glory", "Don't give up the fight!", ph. Bruno Montpied, 2014
Marie joue avec des supports qu'elle chipe la plupart du temps dans les restes de matériaux qu'elle manipule à son travail, elle les piquète (d'où le mot anglais de "pricking") à l'aide d'aiguilles et de seringues. Dessous-dessus, et dessus-dessous. Cela ne donne pas les mêmes trous. Parties depuis le dessus, les perforations ont des bords légèrement boursouflés qui les apparentent aux pores de la peau, ou à une chair de poule. L'aiguille ayant traversé depuis le dessous, les trous s'apparentent à de simples points (J'ai rappelé dans mon article de 2010 que Marie avait gardé un brillant souvenir d'avoir admiré des tableaux de Seurat et Signac... Des pointillistes comme de juste!).
Marie Audin, sans titre, deux personnages affrontés, pricking et broderie, aquarelle, ph BM, 2014
Marie Audin, sans titre, composition aquarellée, brodée et pricking, ph BM, 2014
Marie Audin, sans titre, composition abstraite, par pricking, ph BM, 2014
Ses compositions sont tantôt abstraites, ressemblant parfois à des géographies, des photos aériennes de campagnes agricoles, Marie aimant à se perdre dans des jardins austèrement ratissés à la Ryoân-Ji , tantôt elles sont figuratives, campant des grosses têtes sommaires sans détail superflu, ou bien tantôt encore ses œuvres combinent un peu les deux séries, ce que personnellement je préfère chez elle. Ce sont du reste ces dernières œuvres qui pourraient la faire ranger dans l'art brut, en raison de leur tension inventive, tandis que les autres, les grosses têtes, la feraient plutôt ranger du côté des Singuliers, autodidactes sans formation artistique créant des figurations sans volume, dans un graphisme proche de l'art enfantin ou du moins d'une certaine stylisation, mais non dénuées de références à la culture artistique (à commencer par d'autres singuliers, comme Chaissac, Sanfourche, Macréau, Basquiat, Chomo...). Avec ses "grosses têtes", elle entretient un cousinage inconscient avec un Pierre Albasser, lui aussi révélé au musée de la Création Franche du reste. L'œuvre piquetée, sur un fond préalablement aquarellé, elle ajoute parfois aussi du fil et rajoute de la broderie dans ses compositions (les plus complexes). Et puis elle passe beaucoup de temps à les cadrer grâce aux passe-partout qui jouent un rôle primordial dans ses œuvres.
Marie Audin dans ses efforts de cadrage, ph. BM, 2014
Marie Audin, sans titre, deux figures en broderie et pricking, ph BM, 2010
C'est donc à une seconde peau que s'en prend Marie Audin, avec ses aiguilles, et le vocabulaire dermique peut facilement venir à l'aide en ce qui la concerne. C'est une curieuse acupuncture en effet à laquelle elle se livre, sur le corps symbolique de l'image, et parfois aussi de curieuses sutures avec sa broderie. A qui prodigue-t-elle en premier ce qui s'apparente à des soins avec ses seringues et ses aiguilles? Quelles plaies recoud-elle? S'agit-il des spectateurs, ou d'elle-même? Probablement des deux.
La boule aux aiguilles variées, qui sont les outils de la créatrice ; à noter aussi dessous le set de table avec ses sillons concentriques qui ressemblent à certaines des compositions de Marie Audin, ph BM, 2014
00:42 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie audin, création franche, art brut, art immédiat, art singulier, acupuncture, sutures, dermatologie, peaux, pores, aiguilles, seringues, pointillisme, pricking | Imprimer
06/09/2014
Mon oeuvre... et l'exposition "Sous le vent de l'art brut 2"
Petit rappel, c'est pour le 16 septembre à la Halle Saint-Pierre le début de l'exposition consacrée à la collection néerlandaise De Stadshof, collection hébergée depuis le début des années 2000 à Gand en Belgique au Museum du Dr. Guislain, suite à la fermeture du local où elle était primitivement hébergée à Zwolle aux Pays-Bas. C'est une collection d'art brut, d'art naïf et d'art singulier. On utilise ce dernier terme de plus en plus souvent pour désigner les artistes marginaux de l'art contemporain qui sont influencés par l'exemple esthétique et moral des créateurs de l'art brut. Dans l'exposition "Sous le vent de l'art brut 2", ceux qui relèvent directement de cette catégorie sont (à ma connaissance bien sûr) par ordre alphabétique Azéma, Burland, Katuszewski, Koczÿ, Lamy, Lortet, Montpied (mézigue), Nedjar, Nidzgorski, Sefolosha. Nombre de créateurs néerlandais restent des inconnus et donc il ne faut pas se cacher que peut-être parmi eux se cachent quelques artistes plus proches de l'appartenance au corpus des singuliers qu'au corpus de l'art brut stricto sensu. Mais, autre caractéristique de la collection De Stadshof, par ailleurs apparemment construite avec exigence (qu'on en juge en parcourant leur site web, que j'ai mis en lien au début de cette note), c'est la présence de nombreuses œuvres naïves, c'est-à-dire relevant de ce que l'on appelait au début du siècle dernier, le "réalisme intellectuel". Les trois catégories se mélangent ainsi avec harmonie au service de la poésie visuelle. Et c'est donc une très bonne chose que Martine Lusardy soit partie rechercher à Gand cette collection que l'on avait tendance à oublier.
Le catalogue de l'exposition est déjà prêt, mais je n'ai pas eu le temps de le compulser en détail, hormis le fait que j'y ai reconnu une peinture de moi assez ancienne qui y est reproduite (assez inexactement je dois dire, car elle est floue et ses couleurs ne correspondent pas à la réalité, je n'ai pas eu de chance). Je la reproduis un peu plus exactement ci-dessous.
Bruno Montpied, Une actualité chargée comme un canon (Golfe, Yougoslavie), peinture sur papier contrecollée sur panneau de bois peint 60x80 cm, 1991 ; dans le catalogue de l'expo "Sous le vent de l'art brut 2" il est dit que cette peinture est "sans date", or cette dernière est inscrite au milieu en bas (du moins si mes yeux sont encore bons) ; la photo ci-dessus, compressée, a un tirage original sur papier, un tout petit peu plus net que la photo publiée dans ce catalogue (provenant des animateurs de la collection De Stadshof)
C'est une des quatre peintures que recèle la collection De Stadshof, suite à une donation que je leur avais faite en 1995. Ce sera la seule des quatre qui sera présentée durant l'exposition parisienne. A côté d'elle - ce que je préfère! - douze œuvres de ces dernières années, d'une écriture sensiblement différente de celles des années 1990. Parmi elles, il y aura une œuvre accomplie à deux mains, avec la peintre et photographe tchèque Petra Simkova (titre: "L'enfer, c'est le paradis").
Bruno Montpied, La démarche comme une frégate, voici la belle emportée..., 40x30 cm, 2013 ; exposée à la Halle St-Pierre
Du reste, s'il y a des lecteurs qui s'intéressent plus particulièrement à ma peinture et mes dessins, je signale qu'existe sur ce blog depuis juillet 2013 un photoblog entièrement consacré à ma production picturalo-graphico-plastique (on le trouve dans la colonne de droite de la page d'accueil de ce blog, à peu près vers le haut de la colonne, au-dessus de la rubrique "Notes récentes"). J'y raconte mes œuvres à la manière d'un carnet de bord autobiographique qui serait centré sur l'activité artistique de son auteur, d'où peut-être parfois un ton qui pourrait passer pour narcissique ce qui, j'espère, n'agacera pas trop à la longue...
Bruno Montpied, La cigogne, Grandes Oreilles et l'angoissée, 8 figure, 2001 ; c'est l’œuvre qui est présente à la date de cette note sur la page d'accueil du photoblog)
Si l'on veut voir l'ensemble des photos d’œuvres présentées, on part de la première visible sur la page d'accueil du photoblog et on remonte de l’œuvre la plus récente à la plus ancienne (mises en ligne par date de la plus proche d'aujourd'hui jusqu'à l’œuvre la plus ancienne, c'est donc une remontée dans le temps). Et si l'on veut regarder les archives on va plutôt à cet endroit. Qu'on se le dise.
19:39 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : sous le vent de l'art brut 2, halle saint-pierre, de stadshof, bruno montpied, zwolle, museum du dr.guislain, martine lusardy, art singulier, art naïf, carnet de bord artistique | Imprimer
02/08/2014
Info-miettes (24): expos tour de France avec un détour par la Suisse
Musée de la Création Franche à Bègles (Gironde)
Pendant l'été, jusqu'au 7 septembre, se tient à Bègles l'exposition "Côtes Ouest" qui confronte huit créateurs français et espagnols et huit créateurs américains de la côte californienne. Il semble qu'il s'agisse de confronter les travaux produits dans des ateliers ouverts où il y a du passage, et où l'intimité peut de ce fait être relative, et les œuvres créées dans des espaces plus secrets par des individus isolés. Les noms des créateurs exposés sont sur l'affiche. "Cako" Boussion râle parce qu'il aurait pu en faire partie, vu qu'il est originaire de la côte ouest française, C'est un Basque, Cako.
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Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier
Les Arts Buissonniers y vont aussi de leur expo estivale. en plus, ils ont un étage de plus pour la collection permanente, avec un espace dévolu aux boîtes coquillées de Paul Amar. C'est depuis le 12 juillet et cela dure jusqu'au 1er novembre. Saint-Sever c'est tout près de St-Affrique, dans l'Aveyron, pas loin de l'Aude, à côté des monts de Lacaune. Il y aura entre autres Patrick Chapelière, Sylvain Corentin, Anaïs Eychenne,Chris Hipkiss, l'incontournable Joël Lorand, Jean Tourlionas...
Anaïs Eychenne au Musée des Arts Buissonniers
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Solange Knopf exposée à Paris
Enfin une occasion pour les Parisiens de voir en réalité les travaux de l'excellentissime Solange Knopf qui, grâce à la galerie Polysémie (de Marseille) qui a loué l'espace, va exposer à partir du 30 septembre jusqu'au 5 octobre à la Galerie B&B (6 bis, rue des Récollets, à côté du Canal St-Martin, près du Square Villemin pour ceux qui connaissent Paris). Elle sera avec un certain H.Ripley, pas connu de moi, mais qui a l'air intéressant. Mais je préfère ici dire mon plaisir de pouvoir découvrir en vrai les œuvres enchantées de Knopf.
Ci-contre Solange Knopf, Femmes n°7, 2012, crayons de couleur, 182x7cm, Galerie Cavin-Morris (à New-York) ; cette œuvre ne sera pas à Paris
Solange Knopf, ce dessin sera lui par contre à l'expo de Paris
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Collection de l'Art Brut, Lausanne, fin de règne
A Lausanne, un tournant serait-il pris dans la politique à la fois d'acquisition de la Collection et de gestion de son personnel ? Lucienne Peiry, après avoir été conservatrice de la Collection pendant treize ans, et avoir été nommée ensuite directrice des relations internationales, vient de se voir remerciée par le syndic de Lausanne, Daniel Brélaz, qui paraît lui reprocher trop d'acquisitions, et de plus menées trop loin de l'Europe... La Collection croulerait sous les acquisitions? Eh bien tant mieux! L'art brut existe dans le monde entier, il a un côté universel donc, c'est un fait. Il semble que ce responsable lausannois ne veuille pas de l'idée d'un agrandissement des collections, au prétexte que la ville aurait des petits moyens économiques. Quel esprit étriqué! Pourquoi, chers amis helvétiques, devant un si patent manque d'ambitions, ne pas réfléchir dès lors à un transfert des collections vers un autre endroit plus vaste et une ville plus audacieuse? Gageons en tout cas que Lucienne Peiry saura réagir et rebondir dans un autre cercle pour continuer à nous faire part de ses recherches.
Affiche de l'expo de la CAB avec Gustav Mesmer et ses engins volants bricolés
Actuellement, on peut voir à la Collection la dernière exposition montée par Lucienne Peiry, la bien nommée "L'Art Brut dans le monde" (qui a fait l'objet d'un magnifique catalogue ; du 6 juin au 2 novembre) où l'on peut découvrir plein de nouveaux venus, et une autre expo sur "Joseph Baqué", l'homme des monstres merveilleux dont j'ai déjà parlé ici (du 6 juillet au 26 octobre).
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Le Musée du Veinazès expose les dessins de René Delrieu
Les curieux avaient peut-être remarqué les dessins naïfs de Delrieu à la récente exposition Recoins dans la galerie de la Halle Saint-Pierre. C'est un créateur dont j'ai déjà eu également à causer sur ce blog. Le musée du Veinazès de Bernard Coste qui a mis à l'abri plusieurs de ces œuvres et qui l'expose souvent a décidé cet été, du 14 juillet au 28 septembre, de présenter l'intégrale des dix dessins conservés par lui, graphismes qualifiés à juste titre par lui de "petit trésor cantalien", faisant écho aux sculptures métalliques que le musée conserve également par ailleurs. Vous aviez deviné ce musée, c'est dans le Cantal.
René Delrieu, Labour et maréchalerie, coll. Musée du Veinazès
17:09 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : création franche, collection de l'art brut, côtes ouest, arts buissonniers, art singulier, solange knopf, lucienne peiry, art brut dans le monde, joseph baqué, rené delrieu, musée du veinazès | Imprimer
23/06/2014
"Sous le vent de l'art brut 2", sous le vent, oui, mais pas forcément pour autant tous "bruts"
La Halle Saint-Pierre a confié sa communication à une agence (Pierre Laporte Communication) pour sa prochaine grande exposition prévue à la rentrée de septembre (à partir du 17 septembre exactement, et devant durer jusqu'au 17 janvier 2015). On commence à recevoir dans les boîtes e-mail un laïus à ce sujet, ce qui est peut-être un peu tôt, mais c'est sans doute pour prévenir le grand "oublioir" de la période estivale qui s'annonce à grands pas....
Ce sera pour moi l'occasion de revenir étrenner les cimaises de la Halle, dans ses deux grands espaces pour expositions principales du rez-de-chaussée (la zone noire) et du premier étage, où, présenté par deux petites toiles à ce dernier niveau du reste, je n'étais pas revenu depuis l'expo "Art Brut et cie" de 1995-1996 (où j'étais exposé dans la section consacrée à la Création Franche). Cette fois, on m'exposera une douzaine de peintures et dessins, dans le cadre de cette manifestation destinée à faire mieux connaître la collection néerlandaise "De Stadshof", autrefois présentée à Zwolle en Hollande et dorénavant hébergée depuis 2002) au Muséum du Dr. Guislain à Gand, animée aujourd'hui par Liesbeth Reith et Frans Smolders (après l'avoir été initialement par Ans Van Berkum, nom qui a été "curieusement" oublié dans la présentation de l'agence de com').
Bertus Konkers, maquette sculptée de l'ancien bâtiment qui hébergeait la collection "De Stadshof" à Zwolle aux Pays-Bas donc initialement
Bruno Montpied, Les fumeurs de pipe, collage, acrylique et stylo sur papier et bois, env. 60x80 cm, 1990 ; ce tableau n'est pas reproduit sur le site internet de la collection De Stadshof mais fait bien partie de la donation que je leur ai consentie dans les années 90 (il ne sera pas exposé à la Halle St-Pierre)
Un site internet, plutôt bien fait, permet de se promener parmi les œuvres des créateurs faisant partie de cette collection. Dont mézigue, qui ai fait une donation de quatre œuvres plutôt anciennes à la collection hollandaise du Stadshof. Tellement anciennes que la directrice de la Halle, Martine Lusardy m'a gentiment proposé d'opérer en quelque sorte une mise à jour de mes travaux apparus bien après cette donation (effectuée dans les années 1990). Dont acte, et ce dont je la remercie publiquement ici.
Bruno Montpied, Bande-toi les yeux pour mieux voir, 24x18cm, encre et mine de plomb sur papier, 2013 (fait partie de la sélection pour "Sous le vent de l'art brut 2")
Cependant, il me faut aussi apporter quelques précisions à propos de la communication actuellement transmise par newsletter par l'agence ci-dessus citée. La collection "De Stadshof" se proclamait autrefois collection "d'art naïf et outsider", ce dernier qualificatif ayant fait place plus récemment sur son site à "art brut". Même si "art outsider", à ce qui se répète souvent, serait l'équivalent dans le monde anglo-saxon du terme "art brut", il faut rappeler que pour les Anglo-saxons (que les Hollandais en l'occurrence imitaient) le mot sert surtout à mixer toutes sortes de corpus et de formes d'expression relevant de différentes catégories, comme l'art naïf, l'art populaire, l'art brut, les environnements populaires spontanés, et les artistes marginaux que l'on aurait plutôt tendance par nos contrées à qualifier "d'artistes singuliers" (terme que je ne dédaigne pas d'employer pour présenter mon propre travail graphique, même s'il me paraît passablement galvaudé par les temps qui courent). Le but principal étant de mettre en lumière une création plastique hors circuit officiel. L'agence Pierre Laporte Communication dans son laïus transmis actuellement par e-mail, dans une envolée généralisatrice, extrêmement discutable de mon point de vue à la fois de créateur et de critique, écrit ceci: « Martine Lusardy, directrice de la Halle de Saint Pierre avec Liesbeth Reith et Frans Smolders, conservateurs de la collection De Stadshof, ont sélectionné 350 oeuvres de 40 artistes emblématiques : peintures, sculptures, dessins, installations, broderies, signées par des figures incontournables de l’art brut (c'est moi qui souligne). »
Eh bien, JE NE SUIS PAS une "figure incontournable de l'art brut" en ce qui me concerne. Incontournable, en termes d'embonpoint, je ne dis pas, mais en tout cas en ce qui concerne l'art brut, il y aurait malhonnêteté à me présenter ainsi. Et parmi les "40 artistes [toujours ce terme confusionniste] emblématiques", il doit bien y avoir d'autres personnes également peu concernées par ce label que l'on applique décidément trop à la louche par les temps qui courent: par exemple Marie-Rose Lortet, Christine Sefolosha, Philippe Azema, François Burland, Sylvia Katuszewski, Adam Nidzgorski, pour ne citer que ceux dont je connais (et respecte) le travail qui sera donc présent à la Halle Saint-Pierre à l'automne. Ces derniers noms recouvrent plutôt des artistes marginaux, effectivement situables dans une sorte d'orbite autour de l'art brut (orbite passant aussi sans doute autour d'autres corpus comme le surréalisme, le mouvement Cobra, and so on...). Je ne connais pas bien tous les créateurs hollandais présents dans la sélection, mais il y a fort à parier que plusieurs d'entre eux ont aussi à voir avec l'art naïf plutôt qu'avec l'art brut. Mais comme l'épithète "naïf" ne fait plus vendre, n'est-ce pas, on préfère "brut"... Donc, "Pierre Laporte Communication", si vous voulez être pris au sérieux, encore un effort, cernez davantage le champ proposé cet automne à la Halle Saint-Pierre.
Bruno Montpied, Barbu bestial, encre et marqueurs divers sur papier, 21x29,7 cm, 2013 (Œuvre exposée à la Halle Saint-Pierre dans "Sous le Vent de l'Art Brut 2")
Et pour être complet voici la sélection des artistes et créateurs retenus pour cette exposition d'automne à la Halle St-Pierre (cela fera 350 œuvres exposées):
ACM (France), Yassir AMAZINE (Etterbeek, Belgique), Anonyme, Philippe AZEMA (France), Okko BOSKER (Pays-Bas), Herman BOSSERT (Pays-Bas), Bonifaci BROS (Espagne), François BURLAND (Suisse), Aaltje DAMMER (Pays-Bas), Siebe Wiemer GLASTRA (Pays-Bas), Martha GRUNENWALDT (Belgique), Lies HUTTING (Pays-Bas), Bertus JONKERS (Pays-Bas), Sylvia KATUSZEWSKI (France), Truus KARDOL (Pays-Bas), Jan KERVEZEE (Indonesia), Saï KIJIMA (Japan), Rosemarie KOCZY (USA), Davood KOOCHAKI (Iran), Marc LAMY (France), Hans LANGNER (Allemagne), Pavel LEONOV (Russie), Marie-Rose LORTET (France), Bonaria MANCA (Italie), Markus MEURER (Allemagne), Bruno MONTPIED (France), Michel NEDJAR (France), Adam NIDZGORSKI (France), Donald PASS (Royaume-Uni), Hans SCHOLZE (Pays-Bas), Christine SEFOLOSHA (Suisse), Joseph SELHORST (Pays-Bas), Paula SLUITER (Pays-Bas), William VAN GENK (Pays-Bas), Henk VEENVLIET (Pays-Bas), Roy WENZEL (Pays-Bas), Johnson WEREE (Liberia), Karin ZALIN (U.S.A), Anna ZEMANKOVA (République Tchéque).
20:22 Publié dans Art collectif, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : halle st-pierre, sous le vent de l'art brut 2, bruno montpied, de stadshof, art singulier, art outsider, art brut, art naïf, musée du dr. guislain, pierre laporte communication | Imprimer
07/06/2014
Dessins de José Guirao
Il y a quelque temps j'avais publié une photo au "couteau subtil" de José Guirao, datant d'une époque déjà ancienne. Et le voici qui dessine à présent. J'en profite pour inaugurer une catégorie nouvelle (voir colonne de droite), sans commentaires, que j'intitule "Tel quel" (je sais, ça existe déjà, mais là je l'emploie dans le sens ordinaire).
Le dernier a un petit côté Albert Louden, je trouve (ah, zut, j'avais dit, pas de commentaire...)
23:31 Publié dans Art singulier, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : josé guirao, dessin, autodidacte, photos de josé guirao, art singulier | Imprimer
28/05/2014
17e festival du film d'art singulier à Nice
Des films "d'art singulier", dit l'affiche de l'association Hors-Champ, animée entre autres par Pierre-Jean Wurtz... Mais cette étiquette est ici comprise comme englobant à la fois des sujets en rapport avec des auteurs d'art brut et des sujets concernant des artistes plus ou moins marginaux, ce qui ajoutera à la confusion ambiante dans la réception par le public non prévenu des créateurs mis en lumière dans ces films. Le "singulier" est entendu ici comme ce qui relève de l'originalité, une inventivité sincère vécue à plein, sans que les animateurs de Hors-Champ ne s'attardent beaucoup sur la médiatisation donnée par les auteurs eux-mêmes à leurs travaux.
"C'est pas le moment de fermer les yeux", affiche du 17e festival concoctée paraît-il par Fabienne Hyvert
Il y a de tout dans cette sélection printanière et niçoise (c'est sans doute la spécialité de la salade du même nom qui a prévalu), qui s'étendra sur deux jours: l'éditeur Robert Morel, le petit musée de Pierre Martelanche, Antonio Roseno De Lima (un inconnu de moi), Arthur Bispo de Rosario, Guy Brunet qui revient avec des "Templiers", et Jean-Marie Massou tel que filmé par Antoine Boutet (et fort défendu par moi sur ce blog), tout ceci de 14h à 17h30 à l'auditorium de la Bibliothèque Louis Nucéra. A la librairie Masséna, de 19h à 20h30 il y aura un supplément avec un film sur Mary Barnes, en présence d'Alain Bouillet (qui on l'espère s'est remis d'un problème de santé).
Samedi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince iront peut-être voir de 10h 30 à 12h, les "Visions singulières" de Mario Del Curto et Bastien Genoux (avec je crois Yvonne Robert et Joël Lorand?). Après un bon petit repas entre intervenants (Hors-Champ a la spécialité de faire venir les réalisateurs, voire les créateurs, les ayant-droits, etc., pour parler du contexte des films), la séance reprendra à 14h pour aller jusqu'à 17h30 avec ACM par Guillaume Cliquennois, Gustav Mesmer (cet homme qui s'était mis en tête de voler comme les oiseaux, à la façon peut-être des pionniers de l'aviation?), un "balayeur de vélodrome" (le programme n'en dit pas plus, mais ce genre de titre par son côté énigmatique est fait pour nous allécher), Jean Branciard (que mes lecteurs ont appris à connaître sur ce blog je pense), une petite rareté sur Pierre Avezard filmé sur son lieu d'origine par Marie-Louise Plessen et Daniel Spoerri (rien que cela mériterait un aller-retour Paris-Nice), et ce ne sera pas tout, consultez le programme. Comme chaque année, une programmation fertile en surprises, et en petits aperçus précieux sur l'art primesautier.
22:05 Publié dans Art Brut, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés, Littérature | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : hors-champ de nice, festival du film d'art singulier, pierre-jean wurtz, petit-pierre, daniel spoerri, art singulier, cinéma et arts populaires, acm, gustav mesmer, le balayeur du vélodrome, jean branciard | Imprimer
17/05/2014
Info-Miettes (23)
Mini-musée de Louis Ame en Ille-et-Vilaine
Je ne crois avoir jamais parlé de ce (gentillet) petit musée consacré à des maquettes de camions américains, œuvre d'un ancien camionneur passionné. Un correspondant me demande de "signaler que le mini-musée "américain" de Louis Ame (35, La Quesmière 35, Hirel) fêtera ses 20 ans à l'occasion des portes ouvertes du dimanche 18 mai (demain, certes mais le musée sera ouvert encore après...) de 10h à 18h. Contact : Louis Ame 02 99 48 82 03." Ben voilà, c'est fait.
Dans ce mini-musée, je ne sais pas si je ne préfère pas davantage l'extérieur avec ses lettrages juxtaposés foutraques à son intérieur nettement plus kitsch, ph. Bruno Montpied, 2009
Louis Ame en 2009, ph. BM
Petit bonhomme de chemin: les "Bricoleurs" continuent de se balader
Le film de Remy Ricordeau, Bricoleurs de paradis, que j'ai coécrit avec lui, va être projeté bientôt (le 31 mai à 16h) dans une librairie libertaire à Lille. "L'Insoumise", qu'elle s'appelle la librairie, c'est situé au 10 rue d'Arras. Sur leur site web, ils disent que le film illustre le livre, Eloge des Jardins Anarchiques, tout ça parce que le film était joint en DVD au livre. Mais, puis-je le dire?, il y a beaucoup plus de choses dans un livre que jamais un film ne pourra pleinement illustrer ce me semble. Non, c'était plutôt deux travaux parallèles, l'un plus développé par l'écrit, et l'autre tentant d'esquisser quelques problématiques liées à ces fameux environnements populaires.
J'écris "c'était", peut-être avez-vous remarqué? Le livre EJA est en effet officiellement épuisé, il n'en reste plus que quelques exemplaires à la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris par exemple. Et donc le film en DVD est épuisé aussi. Par contre, pour les amateurs de ce dernier qui voudraient le voir ou le revoir, il est à souligner qu'ils pourront bientôt le télécharger en vision louée ou en achat sur le site de téléchargement des Mutins de Pangée.
Autres date et lieu pour pouvoir voir le film dans une salle, il y aura aussi le 28 juin à la Médiathèque Marguerite Yourcenar dans le XVe ardt à Paris. Tous les renseignements pratiques sont à trouver LÀ.
Solange Knopf: de plus en plus séduisante...
Nouvelle exposition (du 1er mai au juin), à la galerie new-yorkaise Cavin-Morris certes, ce qui n'est pas la porte à côté pour les amateurs français notamment, mais d’œuvres tirées par Solange Knopf de ses deux séries toujours en cours à l'heure où je vous parle, "Spirit Codex" et "Derrière la ténèbre". Je ne résiste pas au plaisir de reproduire quelques images tirées du site web de la galerie, proprement ensorcelantes (c'est pour ça qu'on ne peut résister...).
Solange Knopf, Derrière la ténèbre I, 73 x 79 cm, 2013, galerie Cavin-Morris, New-York
Solange Knopf, Derrière la ténèbre II, 49,5 x 64,8cm, 2013, galerie Cavin-Morris
Solange Knopf, Femmes n°7, 2012, crayons de couleur, 182 x 7cm
Les femmes créatrices toujours, Brigitte Maurice à Carquefou
Brigitte Maurice, je ne connais pas trop, mais je fais confiance à Chantal Giteau qui assure la programmation de l'Espace d'exposition du Manoir des Renaudières à Carquefou. Elle expose du 24 mai au 29 juin prochain. A signaler que c'est peut-être une artiste à mettre en parallèle avec les explorations picturales naïvo-figurativo-expérimentales d'un Jean-Louis Cerisier qui, lui, connaît mieux cette peintre.
Le Musée de la Création Franche circule...
"La Création Franche s'emballe" était déjà le titre d'une précédente exposition préfiguratrice de celle-ci qui est montée au Centre d'Art Raymond Farbos du 28 mars au 14 juin à Mont-de-Marsan. Elle est la première étape d'un cycle d'expos décentralisées de la collection fondée par Gérard Sendrey et désormais animée par Pascal Rigeade. Elle devrait en effet continuer de se déplacer en Aquitaine essentiellement. Les responsables du musée m'indiquent très obligeamment que deux de mes propres peintures ont été retenues dans la sélection qui comprend cent trois œuvres et quarante auteurs.
Bruno Montpied, Guetteurs fin-de-siècle, 8F, 2000, coll. Musée de la Création Franche (ce n'est pas forcément celui-ci qui est exposé actuellement à Mont-de-Marsan)
Regards éblouis au Musée Ingres du 17 avril au 16 juin 2014
Il y a toujours de l'éblouissement à glaner à Montauban quand arrive le printemps, avec les sélections éclectiques concoctées par Paul Duchein et les siens. Le carton d'invitation n'en dit pas trop, il faut examiner à la loupe les six vignettes qu'il reproduit, un Jules Godi? Un Labelle? Sanfourche, c'est facile à reconnaître... Peut-être un Abdelkader Rifi? Et un Ciska Lallier...? On dirait un jeu... Mais il n'y a rien à gagner, ou du moins rien d'autre à gagner que de la surprise et du ravissement peut-être. Alors allez-y voir. D'autant qu'y paraît que là-bas aussi on voudrait projeter "Bricoleurs de paradis", mais pas de date précise d'avancée, juste une rumeur dans La Dépêche du Midi.
Armand Schulthess au Centre Dürrenmatt de Neuchâtel
Avant d'être remerciée quelque peu séchement (pour des raisons budgétaires officiellement) de son poste de responsable des relations internationales à la Collection de l'Art Brut de Lausanne par les responsables culturels de la mairie, Lucienne Peiry aura eu le temps d'organiser, conjointement avec la Collection de l'Art Brut, une exposition décentralisée au Centre Dürrenmatt de Neuchâtel sur "le labyrinthe poétique d'Armand Schulthess". Ce Centre clôt là un cycle d'expositions toutes organisés sur le thème du labyrinthe.
Vue de l'expo Armand Schulthess, apparemment les obsessions ont été détaillées, examinées, étalées, sacralisées par la grâce muséale, on se croirait dans un musée ethnographique...
Ce dernier 1901-1972) était connu pour avoir constitué, à partir de ses 50 ans, une installation hétéroclite et obsessionnelle, reflet de ses connaissances encyclopédiques qu'il voulait afficher dans l'environnement de son habitat situé dans le Tessin.
Situation originelle des montages et assemblages de textes en pleine nature d'Armand Schulthess
Panneaux de métal peint, assemblages mobiles, livres, collages, affichages en tous genres alternaient sur son terrain comme par une hantise de l'auteur de possiblement tout oublier. Lucienne Peiry a monté là la plus grande exposition jamais consacrée à cet auteur qui a déjà fait l'objet d'une longue notice dans un des fascicules de la collection d'art brut. Un catalogue paraît à cette occasion.
17:46 Publié dans Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art populaire contemporain, Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : louis ame, bricoleurs de paradis, bruno montpied, solange knopf, brigitte maurice, manoir des renaudières, galerie cavin-morris, art contemporain acceptable, art singulier, paul duchein, armand schulthess, centre dürrenmatt, environnements spontanés, lucienne peiry | Imprimer
11/05/2014
Une rétrospective Michel Nedjar à la galerie Berst
Cette note contient une mise à jour du 14 mai, 23h35...
Voici ce que l'on pouvait lire à un moment donné sur le site web de la galerie Berst (avant que ce soit modifié par le galeriste peu de temps après, peut-être suite à la note présente?) à propos de la prochaine exposition (du 23 mai au 12 juillet) de Michel Nedjar dans ses murs:
"Nedjar naît en 1947 à Soisy-sous-Montmorency (Val d’Oise) de parents juifs. Troisième d’une famille de 7 enfants, il se passionne très tôt pour le tissu, confectionnant des robes pour les poupées de ses sœurs -poupées avec lesquelles il joue en cachette- et accompagnant sa grand-mère vendre des tissus usés au Marché aux Puces. Adolescent, il prend douloureusement conscience de l’horreur de la Shoah, de l’histoire de sa famille, en grande partie victime du nazisme : ses poupées en sont la réminiscence. Par la suite, il entreprend plusieurs voyages et est fasciné, au Mexique, par les momies : « Ce n’était pas mort. Elles avaient leurs costumes, leurs robes collées sur la peau.» C'est à son retour qu'il fabrique ses premières poupées de cordes, de haillons et de plumes qu'il trempe dans un bain de terre. Bientôt, sa créativité s'étend au dessin. En même temps qu'il découvre son propre besoin de produire, Nedjar rencontre l'art brut : enthousiaste, il se lance à rechercher lui-même de nouveaux créateurs, à réunir leurs œuvres et co-fonde L’Aracine. Ainsi, Nedjar entre doublement dans l'histoire de l'art, en tant que découvreur d’art brut et, surtout, en tant qu'artiste : rapidement repéré par Jean Dubuffet, Roger Cardinal –l’auteur du terme « outsider art »- lui consacre un article de fond dans les Fascicules de l’Art Brut. Il est aujourd’hui l’artiste brut le plus exposé au monde ; ses créations, incontournables, figurent parmi les plus grandes collections d'art dont celle, grâce à la donation Daniel Cordier, du Musée National d’Art Moderne (Paris)."
Ce texte, je n'avais rien à y redire jusqu'à la lecture de la dernière phrase. Comment un homme "entré doublement dans l'histoire de l'art, en tant que découvreur d'art brut" et en tant "qu'artiste" peut ensuite être qualifié "d'artiste brut"? Il y a là une contradiction énorme, au service d'un tour de passe-passe qui consiste à nous faire croire que ce qu'on appelle l'art brut peut être pratiqué par des artistes conscients de l'être, cultivés, et eux-mêmes médiateurs (puisque découvreurs d'art brut comme l'a été Nedjar en fondant et en animant l'Aracine aux côtés de Madeleine Lommel de nombreuses années). Eh bien, non! L'art brut n'a rien à voir avec Nedjar. C'est un artiste estimable, souvent inventif (mais aussi souvent malin, sachant s'inspirer de toutes sortes de formes d'expression vues à travers ses voyages, momies, art brut, artistes autres), mais il ne correspond en aucune manière au profil du créateur brut. J'écris créateur comme d'habitude car cela représente plus exactement ce qui se trame sous l'art brut, un art pratiqué en urgence par des individus la plupart du temps en souffrance, hors système des Beaux-Arts, des gens totalement étrangers à l'art réfléchi, incultes en termes d'art, marginalisés, asociaux, etc. On n'a pas affaire aux artistes dans l'art brut, que cela vous plaise ou non, messieurs les marchands, on a affaire à des individus dominés par des pulsions d'expression bien incapables d'assurer leur propre promotion, ne cherchant en rien à faire leur propre publicité, tellement ils sont avant tout en plein dans leur acte créatif.
De qui est ce dessin ? De Michel Nedjar vraiment? Ou bien de n'importe quel griffonneur habitué des expos d'art brut où l'on présente ce genre d’œuvre assez faible comme un marqueur d'art brut, comme un poncif permettant de reconnaître à coup sûr l'art brut par les clients qui autrement bien entendu ne pourraient que difficilement s'y retrouver, étant donné qu'il n'y a pas d'esthétique brute donnée, facilement estampillable comme telle
Non, Nedjar n'a rien à voir avec les créateurs de l'art brut. Je n'ai personnellement jamais compris pourquoi il avait été adoubé par Dubuffet dans sa collection principale, et pas rangé plutôt dans la collection annexe, dite ensuite "Neuve Invention", bref dans "l'art singulier" où pourtant il serait infiniment mieux à sa place. Le père Dubuffet avait dû avoir une vacance de sa rigueur ce jour-là...
NB: Toutes les illustrations de cette note proviennent du site web de la galerie Berst
00:24 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : michel nedjar, galerie berst, art brut ou non, art singulier, neuve invention, donation cordier, dubuffet | Imprimer
26/02/2014
Un peu d'éclairage supplémentaire du côté de Martine Doytier
Un de mes lecteurs me signale, grand bien lui fasse, du nouveau du côté de Martine Doytier dont j'ai déjà parlé ici à plusieurs reprises. Le galeriste Jean Ferrero a donné en décembre dernier à la ville de Nice plus de huit cents œuvres de l'Ecole de Nice (César, Arman, Ben, et tutti quanti) à condition que celles-ci puissent être montrées dans un local à part. Ce serait dans un bâtiment situé au cœur de la vieille ville (local auparavant lié à l'urbanisme). L'Ecole de Nice, moi personnellement, ça ne m'emballe que fort modérément (Ben par exemple à mes yeux est une véritable supercherie). Mais dans le tas, il y a des tableaux de Martine Doytier, dont un que l'on aperçoit dans une vidéo un temps diffusé sur le site de Francetvinfo et sur une photo qui paraît représenter l'artiste, les yeux comme morts, assez effrayants, au milieu des figures connues de la dite "Ecole". Ce tableau semble être celui qu'une autre correspondante m'a récemment décrit comme "le dernier" aperçu par ma correspondante dans l'atelier de Martine Doytier avant le suicide de cette dernière.
Jean Ferrero, devant une toile de Martine Doytier (dont n'est montrée qu'une partie), sur le site de FrancetvInfo
Décidément, plus je vois d’œuvres de Martine Doytier, plus je me dis qu'elle s'est fourvoyée dans ce milieu de l'Ecole de Nice, où elle manifestait infiniment plus d'originalité que tout le reste de la bande...
23:36 Publié dans Art moderne méconnu, Art moderne ou contemporain acceptable, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean ferrero, école de nice, martine doytier, art singulier, figuration poétique, art naïf | Imprimer
19/02/2014
Jean-Louis Cerisier s'exporte en Silésie
Jean-Louis Cerisier, sans titre, 2008 ; un très beau Cerisier où l'on voit à l'œuvre l'influence de l'authentique art naïf
Comme vient de me l'écrire Jean-Louis Cerisier, notre fameux peintre primitiviste lavallois souvent évoqué sur ce blog, le Musée de Silésie à Katowice (Pologne) lui fait l'honneur d'une exposition personnelle du 20 février au 4 mai 2014. Il devrait y présenter une quarantaine de créations des années 70 à aujourd'hui.
Jean-Louis Cerisier, Portrait de Bruno Montpied au paradis, date? (Jean-Louis est bien bon de me croire une place plutôt réservée au paradis qu'en enfer...), ou le portrait d'un Singulier par un Naïf...?
Voici un extrait du texte écrit à cette occasion sur Cerisier par Sonia Wilk, la commissaire de l'exposition: "Jean-Louis Cerisier a commencé à peindre au début des années 70. Il rencontre en 1974 le peintre Jacques Reumeau, qui exerce une énorme influence sur son imagination et sur sa façon d’envisager sa propre création. Grâce à l’amitié nourrie de fréquentes discussions partagées avec Reumeau, il comprend que dans l’art l’imitation doit être rejetée absolument, qu’il faut en revanche exprimer avant tout sa personnalité, ses pensées, son rapport au monde. L’art devient alors une réalité parallèle, d’une part créée par l’imagination et, d’autre part, une mise au jour de ce qui est profondément caché. La création s’avère alors pour Cerisier une façon de conduire un discours sur lui-même et avec lui-même. A l’intérieur du principe de réalité et directement à travers les œuvres, le peintre opère une sélection dans le monde surréaliste de ses propres rêves, sentiments et souvenirs. Dans la peinture Les chimères de Saint Lyphard, nous voyons ainsi le souvenir d’un voyage familial en voiture. et, dans Situations : carnaval de banlieue, un ciel bleu s’étendant au-dessus d’un visage dirigé vers lui. Ce sont certainement des souvenirs tangibles, ayant des racines dans des situations de la vie de l’artiste. En surface, les deux images sont claires, résolument sentimentales, mais nous sentons instinctivement que nous ne sommes pas associés à ce « quelque chose d’agréable » vers lequel l’auteur revient volontiers. La composition, les relations mutuelles entre les sujets et les objets permettent en passant au destinataire d’essayer de comprendre ce qui s’est passé, ce que propose l’auteur. Soudain, celui-là repère un élément intriguant : une échelle tournée vers le ciel, une voiture en feu sur le bord de la route. Habilement, le peintre établit une atmosphère, diffuse des émotions."
Jean-Louis Cerisier, Situations: Carnaval de banlieue, 23 x 30, 1995
16:38 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean-louis cerisier, art naïf, figuration poétique, primitivisme lavallois, jacques reumeau musée de silésie de katowice, sonia wilk, art singulier | Imprimer
16/01/2014
"Une après-midi avec Bruno Montpied" à Montauban, le 25 janvier
Sera-ce une des dernières rencontres autour de l'Eloge des Jardins anarchiques? Avant de continuer les années suivantes avec un nouveau projet? Si les petits cochons ne me mangent pas, ce pourrait être une bonne prédiction...
Donc, rendez-vous samedi 25 janvier, dans dix jours, à tous ceux que cela intéresse pour une nouvelle projection dans l'auditorium de la Mémo, la médiathèque de Montauban, du film Bricoleurs de paradis (le Gazouillis des Eléphants) de Remy Ricordeau, acccompagné pour suivre d'un débat de votre serviteur avec le public qui sera présent. La rencontre prend place dans une petite série d'animations organisées autour de l'exposition des œuvres de Jacques Chaubard, dit Babar, intitulée "Babar, bricoleur de bonheurs" (3 novembre 2013 au 1er mars 2014), à la Mémo (expo montée avec le concours de Maurice Baux, libraire-bouquiniste à Montauban, et Daniel Piquemal).
C'est ainsi aussi que le 1er février prochain sera montée dans le même auditorium la pièce de théâtre de Suzanne Lebeau sur Petit-Pierre, l'homme du fameux Manège qui est conservé dans le parc de la Fabuloserie.
09:34 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : babar, jacques chaubard, mémo médiathèque de montauban, éloge des jardins anarchiques, bricoleurs de paradis, remy ricordeau, bruno montpied, environnements spontanés, habitants-paysagistes naïfs, art singulier, petit-pierre, maurice baux librairie | Imprimer
01/12/2013
Naïfs et Singuliers de Mayenne à Minsk, nul ne serait prophète en son pays?
Jean-Louis Cerisier, auto-bombardé ces temps-ci président d'une nouvelle association des Créateurs Naïfs et Singuliers de la Mayenne (CNS 53), me transmet l'information d'une exposition fort intéressante qui va se monter en Biélorussie à Minsk. Génial, les populations de là-bas pourront découvrir ce qu'ici en France on ne paraît pas capable de découvrir, à savoir qu'a existé, qu'existent encore, à Laval et dans sa région, une pléiade de créateurs et d'artistes talentueux et originaux, à la figuration tantôt poétique tantôt singulière (j'en ai déjà plusieurs fois parlé sur ce blog, voir plus loin). Nul ne serait décidément prophète en son pays, l'adage ne cesse de se vérifier dans notre beau pays qui paraît condamné à s'exporter pour se faire reconnaître. Comme me le disait récemment Jean-Louis, il y a de la frilosité dans ce pays. En témoignent, entre autres, toutes ces expositions d'art brut japonais, britannique, américain, italien, serbe, etc., qui se succèdent à Paris, tandis que pas une ne se consacre à nous montrer l'art brut français. Quoi? Qu'ai-je dit? On dirait presque un gros mot. Vous avez bien écrit: l'art brut français? Mais il ne faut pas y songer, nom d'une pipe. Cela ne peut être envisagé, ou bien alors il faut le faire à l'étranger, mis à distance, on acceptera peut-être de considérer la question. Je me demande aussi quelquefois si ces expos d'art brut de plus en plus exotiques ne se font pas surtout pour permettre aux commissaires et "curateurs" (ouh, le vilain mot à la mode) des collections d'art brut de se payer des voyages aux frais de la princesse... Parler de ce qui se produit en France serait-il forcément une attitude nationaliste? Ne serait-ce pas plutôt lié à notre volonté de parler de nos voisins créatifs, de ceux qui vivent sur un territoire quotidien que nous connaissons bien, dans un pays qui est le nôtre, autour de nous où nous pouvons facilement voyager, les distances étant courtes...? Ne serait-ce pas parler d'une création démocratique se manifestant dans l'immédiat et de façon directement poétique?
Voici la lettre qui annonce l'événement. Avec le bon de souscription pour commander le catalogue qui aura 56 pages et 31 illustrations (si l'on veut imprimer le bon de commande plus nettement on clique ici). L'exposition qui va être montée à Minsk prendra place au Musée National des Beaux-Arts de Biélorussie du 2 décembre 2013 (demain) au 6 janvier 2014. Elle devrait présenter en tentant d'en expliciter les rapports et les filiations les œuvres du Douanier Rousseau (le grand ancêtre d'où tout découle... Et ceux qui exposeront à ses côtés en sont grandement honorés), Henri Trouillard (un Naïf visionnaire trop méconnu dont on peut admirer au musée de Laval les chefs-d’œuvre), Jules Lefranc (fondateur en 1967 du musée d'art naïf de Laval grâce au don de ses propres œuvres et d'une partie de ses collections d'art naïf d'autres créateurs), Jacques Reumeau, Robert Tatin, Alain Lacoste, Brigitte Maurice, Serge Paillard, Jean-Louis Cerisier, Céneré Hubert (un habitant-paysagiste populaire, une fois n'est pas coutume), Patrick Chapelière (pour le coup pas originaire de Laval je crois).
Jean-Louis Cerisier, sans titre, février 1976, coll privée, version avant retouche restauratrice (avec traces de maculation), Laval, ph. Bruno Montpied
La même peinture sans titre, stylo bille et gouache, 29,7x21 cm, 1976, retouchée et rénovée, coll. privée, Laval, ph. J-L.Cerisier
Il faut espérer, et faire une petite prière pour que le musée de Laval, entre autres, par la suite accepte d'héberger cette exposition pour laquelle il prête des Reumeau, des Trouillard, et des Lefranc. Après tout ce musée qui s'ouvre depuis quelque temps déjà à l'art singulier, sautant depuis l'art naïf dans la chronologie des arts d'autodidactes à pieds joints par-dessus l'art brut, poursuivrait sa mise en valeur des artistes régionaux qui ont peut-être été à l'origine de sa mue actuelle. Car plusieurs d'entre eux sont déjà accrochés aux cimaises du musée (en plus des trois déjà cités et prêtés, on notera que Cerisier, Lacoste et Tatin sont présentés en parmanence au musée).
Henri Trouillard, Le Yéti, 1962, Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier du Vieux-château, Laval, ph. BM
Il serait urgent de mettre en lumière ce que j'ai appelé dans le n°49 de la revue 303, Arts, recherches et Créations, en 1996, il y a déjà quatorze ans, "l'Ecole de figuration poétique lavalloise" qui, du fait de ses artistes consacrés de l'Art Naïf, Rousseau, Trouillard et Lefranc, naquit petit à petit, se développant en direction de formes d'art figuratif poétique ou singulier avec les Tatin, Reumeau, Lacoste, puis les Cerisier, Paillard et tutti quanti, et s'ancrant dans la région mayennaise sans se couper pour autant d'autres régions (Lefranc entretenait des rapports avec la Vendée par exemple, où il prit contact avec Elie-Séraphin Mangaud et Gaston Chaissac, encore deux créateurs dont les liens avec Lefranc n'ont pas fait l'objet de beaucoup de recherches parmi ceux qui s'intéressent aux arts singuliers).
Serge Paillard, Pomme de terre dite de la petite lampe, 2007
Enfin, voici en prime un petit documentaire de la télévision biélorusse diffusé ces jours-ci je pense, que je ne peux vous traduire (M. Gayraud nous éclairera peut-être en commentaire) mais qui présente en arrière-plan quelques-unes des œuvres de l'expo, des Trouillard, des Paillard, des Reumeau, des Cerisier, etc., ainsi que des vues du Vieux Château à Laval. Merci à Jean-Louis Cerisier qui nous a communiqué le lien et l'info. Le tapis rouge est décidément déroulé à Minsk pour nos chers Lavallois!
14:02 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : art naïf, art singulier, jean-louis cerisier, cns53, mayenne à l'oeuvre, musée national des beaux-arts de minsk, douanier rousseau, henri trouillard, jules lefranc | Imprimer
18/11/2013
Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche
C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée:
Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entièrement consacrés à l'art brut au sens strict du mot, à part les premières plaquettes éditées par la Galerie René Drouin en 1947-48, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules édités depuis le début des années 1960 sous l'égide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu véritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu'à aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immédiat, Les Friches de l'Art, Gazogène, jusqu'à Zon'art et Création Franche, toutes ne parlèrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentées (art naïfs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se référant également à des artistes singuliers rangés ailleurs dans la Neuve Invention (à Lausanne) ou dans la création franche (à Bègles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettoïsant...
Bulletin de l'Association Les Amis de François Ozenda
La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu sérieux, qui s'intéressait à la fois au surréalisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttéraiires, aux divertissements littéraires, à la sculpture populaire, à l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus évoqués sur la couverture du n°4/5 de 1985, bien avant que Gérard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le même Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilité d'avoir poussé Mouly vers le dessin...)
Le n°2 et le n°1 de L'Art Immédiat, ma deuxième revue, de 94 et 95, cette fois plux axée sur les arts populaires spontanés
Création Franche
Gazogène, le numéro plus récent, n°35
De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-édition du fait de la Collection elle-même (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont édités conjointement avec In Folio éditions), ne sont pas à proprement parler analogues aux "fanzines", éditions qui se caractérisent généralement par une certaine pauvreté de moyens, étant le fait de chercheurs et de passionnés le plus souvent désargentés, indépendants des cercles professionnels du journalisme et de l'édition.
Il était cependant tentant d'aller porter un peu l'éclairage de ce côté, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionnés en France –dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie– de faire de l'information sur les phénomènes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naïf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appelé art modeste, d'un certain surréalisme spontané, de la littérature ouvrière, des fous littéraires, des environnements spontanés, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas été possible en France, et ce jusqu'à présent, de monter une grande publication périodique qui se consacrerait à l'étude et à l'information sur tous ces aspects de la créativité autodidacte spontanée, publication qui aurait fait appel à toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus évoquées, très probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spécialisées sur les arts populaires, pas nécessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant régulièrement publié des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'Œil, Artension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (très soigneusement édité ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps à autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou études publiés ici et là sur le thème des arts d'autodidactes inventifs.
Annonce de la publication de la revue Recoins n°5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontanés), parution 2013
Sans compter que d'ici très peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numérisée sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grâce à ce médium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait à la masse d'informations dont il disposait, une fois passée l'époque "héroïque" des premiers fanzines des années 80 et 90).
Pour suivre cette journée, il semble prudent de réserver auprès du Musée de la Création Franche.
00:27 Publié dans Art Brut, Art forain, Art immédiat, Art inclassable, Art naïf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Fous littéraires ou écrits bruts, Graffiti, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : fanzines, art brut, art singulier, surréalisme spontané, la chambre rouge, l'art immédiat, collection de l'art brut, création franche, crab, déborah couette, zon'art, ozenda, recoins, gazogène | Imprimer
06/11/2013
A Carquefou, Ruzena et Jean Branciard s'envolent, Montpied reste à terre
Que voilà un titre tarabiscoté... Mais fondé. Je vais le 16 novembre prochain participer au vernissage de la double exposition Ruzena-Branciard à l'espace d'exposition du Site des Renaudières à Carquefou (périphérie de Nantes), deux artistes véritablement inspirés que je défends depuis belle lurette (avec Branciard, on s'est connu par ce blog d'ailleurs). Je participe, mais pas seulement en allant engloutir des petits fours et en mondanisant. Je présente un peu avant le vernissage, qui commence officiellement à 16h, le film de Remy Ricordeau, Bricoleurs de Paradis, que j'ai co-écrit avec lui et qui est inséré dans mon livre Eloge des Jardins Anarchiques, traitant du même thème que le film à savoir les environnements spontanés populaires et que donc je présenterai par la même occasion. A signaler que ce livre est sur le point d'être épuisé après son deuxième tirage (en fera-t-on un troisième, on hésite...).
Ruzena et ses "rêves éveillés" au Site des Renaudières, Carquefou, 16 novembre-15 décembre 2013
Jean Branciard et ses "véhicules rêvés" au Site des Renaudières à Carquefou, mêmes dates que Ruzena
Les images que la Direction des Affaires Culturelles de la mairie de Carquefou a choisies de publier sur le carton d'invitation montrent pour Ruzena un de ses désormais habituels personnages nus quoique prudemment striés d'ombre en train de s'échapper du cadre vers le ciel et pour Jean Branciard une sorte d'avion déglingué, constitué comme le préfère l'artiste de bouts de métal rouillé et de morceaux de grillage, demi hélice, trous dans la carlingue qui part en morceaux, etc. Nos deux amis, sans se concerter probablement, semblent s'être donc pris de passion pour les airs. Quant à moi, je resterai prudemment à les regarder depuis le plancher des vaches où mes habitants-paysagistes s'enracinent.
Carton d'invitation avec une erreur dans le libellé de présentation du "film" Eloge des Jardins anarchiques"...
A signaler cependant une erreur dans le carton d'invitation (ci-dessus) puisqu'il écrit que sera présenté à 14h30 le samedi 16 novembre le film "Eloge des Jardins anarchiques", suivi d'un débat avec son "réalisateur" à savoir moi... On a fait là évidemment une confusion entre le livre et le film. J'insère ci-dessous le carton tel que je l'ai corrigé et tel que l'on aurait dû le publier (j'espère que la Direction des Affaires Culturelles ne m'en tiendra pas rigueur)...
Exposition "Les véhicules rêvés, les rêves éveillés", Ruzena et Jean Branciard, du 16 novembre au 15 décembre 2013, espace d'exposition du Site des Renaudières, Carquefou. Ouv. les mercredi, samedi, dimanche de 14h à 18h o usur RDV. Renseignements: Direction de l'Action Culturelle de la Ville de Carquefou: 02 28 22 24 40 ou culture@mairie-carquefou.fr
09:45 Publié dans Art singulier, Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ruzena, jean branciard, site des renaudières, carquefou, art singulier, véhicules rêvés, rêves éveillés, bricoleurs de paradis, éloge des jardins anarchiques, bruno montpied | Imprimer
27/10/2013
Salon d'art alternatif, Hôtel le A
Enigmatique appellation, isn't it? Ce serait pourtant l'exacte traduction d'"Outsider Art Fair", ce salon organisé par Andrew Edlin, par ailleurs directeur de la galerie du même nom à New York, galerie qui se consacre à diverses découvertes classables ou non dans l'art brut.
On sait qu'aux USA, le terme d'art brut est difficilement traduisible, et pas seulement le terme, mais la notion elle-même. On lui préfère "outsider art" qui sert à regrouper dans un vaste pot-pourri l'art des pionniers (limners naïfs américains des XVIIIe et XIXe siècles), art populaire, art des environnements, et art d'individus autodidactes marginaux (pensionnaires d'asiles, médiumniques, et une sacrée tripotée de zinzins mystico-visionnaires, qui paraissent florissants aux States). Derrière cette étiquette, mêlés sans aucun distingo aux créateurs autodidactes non artistes professionnels, se cachent cependant aussi toutes sortes d'artistes en voie de professionnalisation, visionnaires étranges, marginaux à l'intérieur de l'art contemporain, que l'on aurait pu aussi bien voir revendiqués par le surréalisme en un autre temps.
Les Américains ont donc décidé de venir à Paris pour quatre jours (ça se termine ce dimanche) rassembler dans un petit hôtel quatre étoiles de six étages, rue d'Artois, à deux pas des Champs-Elysées et de la FIAC, 24 galeries plus ou moins spécialisées dans les divers champs de ce qu'ils appellent l'art outsider, galeries venues d'Amérique ou d'Europe. Le prix d'entrée est du même genre qu'à la FIAC, 15€, pour venir voir si l'on peut dépenser plus dans les galeries présentées (!), et encore plus cher pour avoir le droit de venir au vernissage (re-!). Tout ça n'étant pas, comme s'en convaincront les lecteurs du Poignard Subtil, very, very democratic. Il fallait certes rembourser les frais de location de l'hôtel 4 étoiles. Mais qui obligeait ces messieurs à investir un hôtel si chic (autour de 500 € la nuit d'hôtel)? Hormis la nécessité à leurs yeux d'offrir l'art des miséreux, des aliénés et des souffrants de l'âme aux privilégiés et aux favorisés de la vie (à la recherche d'un peu de réalité et de bonne conscience probablement?), fréquentant les Champs et accessoirement croisant du côté de la FIAC proche?
Mais oublions ces propos un peu amers, et reconnaissons aussi, comme Philippe Dagen dans une chronique qu'il a donnée au Monde ces jours-ci, que l'on pouvait vite oublier ce paradoxe lamentable au fur et à mesure que l'on découvrait, grâce à nos coupe-files (Dagen oublie de le dire), d'étage en étage, des créateurs passionnants présentés de façon succincte mais fort soigneusement. L'idée d'un hôtel, dans l'absolu, du reste, était amusante et déroutante. Chaque galerie possédait une chambre, le lit n'en avait pas été déménagé, les œuvres se distribuaient tout autour, la situation, lorsque la charmante hôtesse qui s'y trouvait vous ouvrait la porte -comme me le fit remarquer RR que j'avais invité à me suivre dans cette étrange foire- pouvant relever d'une certaine confusion des sentiments. On entrait après tout dans des chambres décorées d'art brut, invitées par une charmante jeune fille, le lit trônant comme une invite au centre de la pièce, certains pouvaient hésiter entre elle et lui (l'art brut)...
Janet Sobel en action, 1948, Raw Vision n°44, ph. Ben Schnall
Janet Sobel, galerie Gary Snyder, New-York
Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis que j'ai fait une visite à ce salon. Qu'en surnage-t-il? Pas les gribouillages de Dan Miller en tout cas, contrairement à M.Dagen, que je trouve toujours bien trop proches d’œuvres de la modernité plastique pour être honnêtes (façon de parler...). Non, c'est avant tout la découverte de Janet Sobel dont je n'avais jamais vu de peintures et qui a fait l'objet d'un article apparemment fourni dans un vieux numéro (le n°44) de Raw Vision vers 2003. Si j'ai bien compris, je ne suis pas fortiche en anglais, cette dame, Juive d'origine ukrainienne et émigrée aux USA, disparue en 1968, fut à la fois perçue comme appartenant à l'expressionnisme abstrait, ayant influencé peut-être Pollock, et redécouverte comme une "outsider" plusieurs années plus tard (une situation qu'elle partage avec quelques autres grands aérolithes inclassables, tel Jan Krisek par exemple). Ses œuvres sont tout à fait remarquables. J'en montre ci-dessus et ci-dessous quelques exemples que je dois à l'obligeance de la galerie Gary Snyder qui la représentait dans ce salon.
Janet Sobel, sans titre, technique mixte sur papier
Janet Sobel, galerie Gary Snyder
Par contre, j'ai été fortement déçu par les photos d'Eugen Von Bruenchenhein (par ailleurs aussi exposées actuellement à la galerie Christian Berst à Paris, galerie représentée à l'Outsider Art Fair), que finalement je trouve assez banales, n'ayant pas d'intérêt, ni d'un point de vue érotique, ni d'un point de vue photographique. Ses meubles en os assemblés sont pour le coup bien plus intrigants. Mais il n'y en avait pas à l'Hôtel le A.
La galerie d'Hervé Perdriolle montrait pour sa part de l'art populaire indien contemporain, notamment toute une série de petits papiers dessinés genre "patua", à fonction magique, destinés par des peintres anonymes ambulants à permettre aux défunts de se libérer des démons qui auraient voulu traîner leurs âmes en enfer (je récite, approximativement sans doute, la leçon que me fit la charmante hôtesse de la galerie). Les patua sont aussi des rouleaux narrant des histoires terrifiantes appuyant visuellement les récits de conteurs-peintres ambulants (voir ci-contre ce rouleau extrait du site web de la galerie). La galerie d'Hervé Perdriolle donne là-dessus ses éclaircissements.
Dessin de Radmila Peyovic, extrait du catalogue de l'exposition "Ai Marginali dello Sguardo" de 2007 en Italie
Philippe Eternod et David Mermod formaient un couple de galeristes extrêmement passionnés à un autre étage, gambadant mentalement d'un créateur à l'autre d'une manière tourbillonnante qui donnait l'impression d'une valse aux murs tapissés de dessins d'Aloïse, de Gaston Teuscher, de Jules Fleuri, de Raphaël Lonné, d'Abrignani, de Radmila Peyovic, etc. Au milieu de cette valse, apparut brusquement le visage du créateur ACM qui me serra la pogne dans un flash ultra fugitif qui me donna le regret de ne pas en savoir plus. Ces initiales mystérieuses avaient tout à coup un visage.
Un dessin de Susan King, extrait d'un catalogue chez Marquand Books à Seattle
Richard Kurtz, extrait du site web du créateur
D'autres révélations me furent prodiguées, l'ex-boxeur Richard Kurtz au dernier étage chez Laura Steward, les cahiers de croquis étonnants de la Néo-zélandaise Susan Te Kahurangi King qui métamorphose constamment un petit personnage publicitaire de la marque de soda Fanta, le vagabond David Burton (1883-1945) qui dessinait sur les trottoirs (il fit l'objet d'un sujet dans les archives d'actualités de la firme Pathé, un beau motif de quête pour l'ami Pierre-Jean Wurtz, ça, n'est-il pas?), représenté par la galerie anglaise de Rob Tufnell, le naïf grec Giorgos Rigas, représenté par la galerie C.Grimaldis de Baltimore, et cet étonnant créateur brut, Davide Raggio (voir ci-dessous l'œuvre sans titre de 59 x 47 cm de 1998), travaillant avec trois fois rien, des matériaux fragiles à portée de main, friables, aux limites de l'évanescence et de l'inconsistance, créateur qui s'est fait connaître par ses figurations faites de peaux de carton décollées et déroulées de manière à produire des silhouettes plus claires par contraste avec la teinte kraft plus sombre des cartons. Sur le salon, on en trouvait à la fois chez Rizomi, la galerie turinoise, et à la Galerie lausannoise du Marché chez Eternod et Mermod. Ce créateur a ceci de remarquable qu'il a pratiqué en dépit de sa situation d'enfermé (en asile) diverses techniques d'expression toujours marquées par le sceau de la précarité mais enfin fort variées ce qui est rare chez nos grands obsessionnels.
Enfin, chez Cavin Morris, galerie new-yorkaise, on pouvait admirer du coin de l’œil sur le mur et étalés sur la courtepointe quelques magnifiques dessins de Solange Knopf, œuvres que j'aime décidément beaucoup.
Solange Knopf, Botanica, 2013
Solange Knopf, Spirit Codex, 180x100 cm, 2013
15:23 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Confrontations, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : outsider art fair, hôtel le a, andrew edlin, janet sobel, davide raggio, art brut, outsiders, art singulier, hervé perdriolle, patua, art populaire indien, collection eternod-mermod, radmila peyovic, susan king, richard kurtz, david burton, galerie rizomi, solange knopf, galerie cavin morris | Imprimer
27/09/2013
Le retour de l'art brut marocain
Il y a quelques années, certains s'en souviendront, la mode fut un moment à la découverte des artistes dits naïfs d'Essaouira, l'ancienne Mogador au Maroc où fut tourné l'Othello d'Orson Welles et où résidèrent à une époque beaucoup d'artistes et d'écrivains occidentaux (dans les années 70, la ville vit passer Jimmy Hendrix, Cat Stevens et le Living Theater, entre autres). Les autodidactes singuliers paraissaient littéralement y pulluler, certains d'entre eux firent connaître leur nom au delà des frontières du pays, comme Ali Maimoun, Mohamed Tabal, Abdallah Elattrach, Rachid Amarhouch ou Mostapha Assadeddine. Une grande exposition tourna en France en 1999, à Strasbourg, Barbizon, Bourges, La Rochelle, Lyon (galerie des Terreaux), Pézenas, Saint-Etienne et Paris (dans un espace Paul Ricard qui d'après moi maintenant n'existe plus, rue Royale près de la Concorde, au-dessus du café chez Maxim's). Elle présentait Boujemâa Lakhdar (1941-1989), ancien conservateur du musée des Arts Populaires d'Essaouira et en même temps peintre, comme le pionnier et le doyen des peintres de la ville. Sa peinture était naturellement inspirée des arts et traditions populaires de cette région, il s'intéressait à la magie, aux chants traditionnels, à la sculpture, à l'artisanat et à l'histoire de la ville. Certaines de ses œuvres figurèrent dans la fameuse exposition Les Magiciens de la Terre qui se tint en 1989 au Centre Beaubourg et à la Grande Halle de la Villette, expo où il fut le seul représentant du Maghreb. Il semble qu'il ait été un des grands initiateurs de la peinture autodidacte populaire moderne dans cette ville d'Essaouira, véritable pépinière de peintres singuliers, ressemblant un peu à Haïti et ses nombreux artistes autodidactes.
Ces créateurs se firent connaître à l'étranger grâce à l'activité dynamique de la galerie Frédéric Damgaard qui les exposa dès le début des années 90. Hélas aujourd'hui, cette galerie semble avoir cessé sa médiation et son entreprise de communication énergique en leur faveur (son propriétaire n'étant apparemment plus en état de la continuer). On n'entend du coup plus parler des "Naïfs" d'Essaouira, qui sont en réalité plus proches de l'art brut. Pourtant récemment, Darnish, de passage au Maroc, a retrouvé certains d'entre eux. Ali Maimoun est toujours actif, et avec d'autres, a fondé une "Association des Couleurs des Mouettes Naïves d'Essaouira" dont le nom plaide assez peu pour leur travail il est vrai (il paraît que le terme marche mieux en arabe) mais qui leur permet de retrouver un peu plus de visibilité, en dépit des lamentables critiques venues de certains intellectuels arabes arcboutés sur leurs privilèges élitistes comme ce peintre académique d'Essaouira nommé Houssein Miloudi qui, selon Darnish, les traita en 1999 dans un de ses textes de "canassons analphabètes", ce que confirma Abdelwahab Meddeb (comme c'est souligné par Darnish dans un récit que je publierai bientôt) en déclarant dans une émission à la gloire de ce Miloudi diffusée il y a peu sur France Culture: "ces malfaisants n’ont laissé aucune trace"...
Ahmed Fellah, œuvre reproduite sur le carton d'invitation de la Galerie Dettinger-Mayer
En attendant que Darnish veuille bien nous faire un reportage sur son voyage, nous pourrons ronger notre frein de façon féconde en allant voir ce que nous ont dénichés deux chercheurs de talent de première, le galeriste Alain Dettinger et sa collaboratrice Fatima-Azzahra Khoubba, qui ont ramené de Tanger quatre créateurs nouveaux, tout aussi autodidactes que ceux d'Essaouira, Ahmed Fellah, Zohra Saïdi, Mohamed Larbi Amarnis et Abdelaziz Hakmoun, vivant dans la médina. Ils vont être exposés dans la Galerie Dettinger-Mayer (4, place Gailleton, dans le 2e ardt de Lyon, tél: 04 72 41 07 80) du samedi 28 septembre au samedi 19 octobre.
Zohra Saïdi, titre non identifié (il semble qu'il s'agisse d'une scène de rue dans la vieille ville de Tanger, avec des collines montagneuses en arrière-plan, un liseré de ciel longeant le bord supérieur du tableau ; les deux têtes à gauche correspondraient aux visages d'enfants curieux de la scène se passant dans la ruelle), ph. Bruno Montpied, expo chez Dettinger 2013
Je n'ai pas pu voir l'ensemble de l'expo en avant-première, mais j'ai tout de même entraperçu quelques beaux morceaux prometteurs que je vous livre en guise d'avant-goût. Les deux plus étonnants dans cette bande des quatre, à mon humble avis, c'est surtout Zohra Saïdi (qui paraît signer quelquefois Saïda) qu'une rumeur présente comme une nouvelle Chaïbia, et Abdelaziz Hakmoun.
Zohra Saïdi, œuvre (sur papier?), ph.BM, expo chez Dettinger 2013
Abdelaziz Hakmoun, pas de titre identifié, pas de date non plus, ph. BM, expo chez Dettinger 2013
Etonnantes et fortes images, ne trouvez-vous pas?
Zohra Saïdi a une façon toute particulière et très libre, en véritable affranchie de la représentation picturale et graphique, de restituer ses observations, sans souci de la ressemblance autre que propre à son ressenti, à sa vision des choses. Ce visage est coulant? Ses pieds ressemblent à des pattes de chameau? Peu importe si cela marche dans la composition, si cela tient et doit être conservé par le peintre. Ce n'est pas une traduction immédiate de la vision, c'est plutôt un jeu avec les couleurs et les formes qui prenant prétexte d'une restitution de paysage extérieur s'affranchit des règles de ressemblance et se déploie dans un accord étroit avec le ressenti immédiat de la créatrice, analogue avec sa façon de vivre le monde au jour le jour. C'est cela que j'entrevois quand je parle d'art de l'immédiat, M. Gayraud.
Abdelaziz Hakmoun, sans titre identifié, ph.BM, expo chez Dettinger 2013
Abdelaziz Hakmoun est plus sombre, comme plus tourmenté, aimant plonger ses faces de carême (ou de ramadan en l'occurrence) dans un maelström de cercles embrumés et flasques.
Mohamed Larbi Amarnis, une pierre, ph BM, expo chez Dettinger 2013
Mohamed Larbi Amarnis procède autrement encore, en grand obsédé des formes naturelles des pierres qui le sollicitent fortement. Comme le Français Serge Paillard qui fait de la divination d'après pommes de terre, Amarnis est visionnaire dans le minéral. Il peint une pierre en tentant d'en révéler le mystère. La roche apparaît inexorablement, peinte sur verre, tel un bloc quelque peu abstrait, comme un aérolithe tombé du ciel. Les pierres magiques "lui chuchotent des histoires. La forme de ses pierres le guide dans l'interprétation de rêves prémonitoires. Il voit dans ces formes des messages qu'il dessine avec des plumes de pigeon, en gris métallisé sur des fonds noirs. Plus loin des fleurs fragiles se dressent dans des vases aux formes asymétriques et des chandeliers sans bougies éclairent un pigeon..." (Fatima-Azzahra Khoubba).
01:15 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : naïfs d'essaouira, ali maimoune, abdelwahhab meddeb, art brut marocain, galerie dettinger-mayer, fatima-azzahra khoubba, alain dettinger, abdelaziz hakmoun, darnish, frédéric damgaard, art immédiat, art singulier, serge paillard | Imprimer
03/08/2013
Création Franche n°38
Juste avant le mois de juillet et le départ sur les routes des plus chanceux est paru le dernier numéro de la revue Création Franche émanant du musée du même nom.
Création Franche n°38, juin 2013
Au sommaire, on retrouvera un nouvel article de mézigue, consacré à un site d'art brut en plein air très peu décrit et présenté. Je crois bien avoir ici publié le premier texte à son sujet. Mon article s'intitule "Un carnaval permanent dans l'Aubrac, les "épouvantails" de Denise et Pierre-Maurice". J'étais allé le visiter, après avoir été alerté à son sujet par une page du catalogue du Musée des Amoureux d'Angélique à Le Carla-Bayle et la recommandation également de François Sarhan.
Dense et Pierre-Maurice, la colline aux mannequins dans l'Aubrac, 2012, ph. Bruno Montpied
Denise et Pierre-Maurice, dont je ne donne pas les patronymes puisqu'il m'a semblé qu'une certaine discrétion était demandée par les auteurs (mais tant d'autres ne se donneront pas ce mal, soyez-en assurés), Denise et Pierre-Maurice sont des habitants ruraux des contreforts de l'Aubrac. Denise a pris plaisir, à la suite de la confection d'épouvantails destinés classiquement à faire fuir les rapaces qui s'attaquaient à leur volaille, à les faire se multiplier hors de cette fonction, peut-être pour épouvanter d'autres types de prédateurs...
Cela leur fait en tout cas de la compagnie, et constitue un panorama à coup sûr insolite sur la colline où elle les installe l'été, bien nippés et assez ressemblants à une armée de morts-vivants chorégraphiés figés. De quoi sont-ils les emblêmes ou les symboles? Des esprits anciens de la nature? Des aïeux passés comme nous passerons à notre tour? Du dérisoire statut d'êtres provisoirement installés sur cette Terre? Un peu de tout ça certainement...
Denise et Pierre-Maurice, mannequins ayant l'air de dire "nous ne sommes que de passage"..., 2012, ph.BM
Denise les aime propres, ses mannequins (ce sont davantage désormais des mannequins que des épouvantails) ; dès qu'ils s'abîment, elle les détruit par le feu, redonnant vie par la même occasion à la tradition des feux de la Saint-Jean ou de la mort du roi Carnaval que l'on brûlait je crois après Carême. Les vêtements, les nippes dont ils sont affublés, c'est sa partie à elle, Pierre-Maurice son mari se spécialisant plutôt dans la taille des masques en bois qu'elle peint ensuite de façon assez sauvage, souvent dans les mêmes couleurs, rouge, blanc et noir, les mêmes teintes qu'elle applique ausi à certains petits sujets en bois et matériaux recyclés qu'il lui arrive de céder moyennant quelque don en échange. Un tronc est aussi placé bien en vue pour ceux qui s'aventurent à prendre des photos. On ne vient pas pour prendre seulement...
Masques taillés par Pierre-Maurice et peints par Denise, 2012, ph.BM
Denise et Pierre-Maurice ont aussi des espaces de stockage qu'ils ont organisés en salles d'expositions particulièrement populeuses, dans un ancien garage et une ancienne étable ; ces ruraux développent ainsi des pratiques créatrices qui tout en s'inspirant de pratiques anciennes traditionnelles (les épouvantails) les subvertissent savamment, allant jusqu'à reconvertir tous les anciens espaces à leur disposition, remettant en cause leur fonction (la colline, l'étable, le garage, la nature)...
Au même sommaire de ce numéro 38 de Création Franche, on trouvera des articles de Jean-Louis Cerisier (première participation, ce me semble) sur Jacques Trovic, de Paul Duchein sur Fernand Michel, de Denis Lavaud sur Mr.Imagination, d'Anic Zanzi qui réussit l'exploit de publier dans Création Franche le même texte sur Yves-Jules Fleuri, quoiqu'illustré différemment, que celui qu'elle vient d'insérer dans le dernier fascicule de la Collection de l'Art Brut (n°24), etc... Pour plus de détails, on se reportera au site web du Musée de la Création Franche auprès duquel on trouvera les moyens de se procurer le numéro (également en vente en ce moment à la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris).
04:04 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire contemporain, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : denise et pierre-maurice, musée des amoureux d'angélique, association gepetto, environnements spontanés, art singulier, revue création franche, épouvantails, carnaval, jean-louis cerisier, jacques trovic | Imprimer
13/07/2013
"Un Albasser pour tous!", crie la foule nantaise en délire...
Mardi 9 juillet: "Bonjour, amis et voyageurs,
L’exposition de Pierre Albasser à la Galerie Antireflets, 2, place Aristide Briand, à Nantes, est prolongée jusqu’au 7 septembre 2013. Mais la galerie sera fermée pour vacances du 27 juillet au 19 août (et les lundis). Passez un bel été ! Cordialement, G.+ P. Albasser".
Vendredi 12 juillet : "Félicitations... Un succès sans doute au delà de vos rêves les plus fous...Des files d'attente interminables avec des fans en délire: "Albasser, c'est chic, on en veut, laissez nous passer"... Devant ce raz-de-marée la direction ne reculant devant rien a décidé la prolongation de la fête...Amitiés, Bruno"
Pierre Albasser, sans titre, dessin de 2008 monté sur pieds métalliques
Samedi 13 juillet : "Cher Bruno, ta perspicacité nous réjouit ! La place Aristide Briand est grande, mais la foule devant Antireflets gêne quand-même la circulation. On nous rapporte qu’il y a des fanas tellement emballés qu’ils essaient de passer une deuxième fois pour voir les œuvres. Et le voisinage semble excédé par les cris « un Albasser pour tous ! ». Finalement, le galeriste hésite de partir en vacances pour ne pas frustrer le public. Qui l’aurait cru chez Lustucru – que nous ne consommons que des pâtes Barilla (pour leurs cartons) ? Amitiés, Gudrun, Pierre.
PS: Si tu te rends à Nantes, demande-nous à temps un laisser-passer pour éviter la file d’attente."
11:50 Publié dans Art singulier, Correspondance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galerie anti-reflets, pierre albasser, gudrun albasser, correspondance, art singulier | Imprimer