16/01/2016
Benjamin Péret, la riche actualité d'un révolutionnaire surréaliste qui s'intéressait à l'art populaire
Le coffret avec le film de Ricordeau sur Benjamin Péret, coll.Phares, prod. Seven Doc
Robert Benayoun, inversage sur un portrait de Benjamin Péret, paru dans l'Anthologie du Nonsense du même Benayoun
La Légende des minutes
Deux autres ouvrages sortent également bientôt, une réédition du Déshonneur des poètes – ce brûlot contre les ex-poètes surréalistes, devenus communistes staliniens et épris de nationalisme qu'étaient Aragon et Eluard pendant l'Occupation – accompagné d'une réédition de Les syndicats contre la révolution (écrit avec Grandizo Munis) aux éditions Acratie, et une édition d'un récit de Péret peu connu Dans la zone torride du Brésil, visite aux Indiens, sorte de journal de son voyage en forêt amazonienne en 1955. Là, c'est publié aux éditions du Chemin de Fer.
Une des photos de Benjamin Péret à paraître aux éditions du Sandre
Ce sera publié par les éditions du Sandre, sur lesquelles je reviendrai bientôt à propos d'autres prochaines parutions nous concernant encore plus directement sur ce blog.Benjamin Péret face à Gaston Chaissac en 1959, photo de Gilles Ehrmann ; il l'appela le "dandy rustique", appelation qui plut à Chaissac
de Rémy Ricordeau, éditions Sevendoc
00:55 Publié dans Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : benjamin péret, seven doc, collection phares, poète révolutionnaire, art populaire et surréalisme, remy ricordeau, gaston chaissac, art populaire du brésil, envois, dédicaces, merveilleux | Imprimer
07/01/2016
Le mystère de la chaussette en boule
Sculpture involontaire, photo Bruno Montpied, janvier 2016
23:35 Publié dans Art immédiat, Art involontaire, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art involontaire, poésie du hasard, bruno montpied, chaussettes, sculpture involontaire, art fortuit | Imprimer
01/01/2016
Un jeu de nouvelle année: qu'ont fait ces gus?
Pour ce début 2016, faisons un nouveau jeu. J'ai photographié quelque part en Europe l'année dernière les photos de quatre personnages dont on avait éprouvé le besoin de faire figurer dans un lieu public les têtes. D'après vous, qu'est-ce qui justifiait cette exposition? Qu'avaient-ils fait pour se rendre célèbres?
Ph. Bruno Montpied, 2015
(A gagner un livre surprise)
22:23 Publié dans Jeux, Photographie | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : jeux, photographie de gens connus, énigme, notoriété | Imprimer
20/09/2015
Alain-Michel, disparu à la fin de l'été
“Il se produisait cette chose étrange : plus il utilisait cet appareil photographique, plus il lui semblait que les lieux de ses promenades quotidiennes perdaient petit à petit de leur réalité.
Il oubliait d’abord le nom des rues qu’il arpentait depuis toujours ; puis c’était jusqu’à la mémoire du nombre de fois qu’il les avait empruntées, de la partie de la ville dans lesquelles elles se trouvaient…
Un beau jour d’automne, se présenta à ses yeux une composition sortant de l’ordinaire, digne d’une de ces photographies dont on parlait.
Alors qu’il avait préparé un cadre minutieux sur un monument célèbre baigné d’une lumière rasante, des personnages firent irruption sur cette scène fugitive.
L’homme, en fauteuil roulant jouait de la trompette tandis qu’une petite fille dansait à ses côtés.
Leurs ombres, parfaites, s’étiraient jusqu’à se perdre dans une rangée de statues à l’orée du grand parc.
Une calèche s’éloignait lentement.
Ebloui, il captura l’instant, ou il lui parut qu’il l’avait capturé.
Toutes affaires cessantes, il porta la pellicule au laboratoire à côté de chez lui, et attendit avec impatience le jour fixé pour la restitution.”
(Journal d’un auteur-photographe)
Alain-Michel Boley (extrait de son blog Bolerophoto)
Rhapsodie, photographie d'Alain-Michel Boley
Alain-Michel Boley était une sorte de dandy vêtu à la diable que je verrai pour toujours sur un vieux biclou sillonnant fantasquement les rues de Paris, musardant le nez au vent, éternel (tu parles) flâneur, mon frère de ce point de vue... Il a fait partie des poètes que j'ai publiés dans mon ancien fanzine La Chambre Rouge n°4/5 en 1985. Il écrivait un peu à l'époque, et il avait commencé à faire des photos, activité qu'il intensifia dans la suite des années, après un épisode pictural aussi.
Deux pages consacrées à une intervention d'Alain-Michel Boley dans La Chambre Rouge n°4/5, 1985
Ses blogs en témoignaient, accueillant parfois de belles réussites, comme sa série "sans autofocus" sur son blog Bolerophoto, belles selon mon goût bien entendu.
Il vient de partir discrètement comme il a vécu, le 17 septembre 2015. Emportant avec lui un regard qui, en dépit du peu de réalité des lieux qu'il constatait fatalement au fur et à mesure qu'il les photographiait, apportait une reconstruction légère et poétique d'un monde qui plus que jamais en avait bien besoin.
00:05 Publié dans Hommages, Photographie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alain-michel boley, photographie poétique, bolerophoto, dandysme, flânerie, la vie est un songe | Imprimer
18/02/2015
Vue sur les Alpes sans bouger de Paris
Les Alpes de ma fenêtre à Montmartre, ph. Bruno Montpied, janvier 2013
00:36 Publié dans Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : poésue naturelle, délire d'interprétation, paysages dans des taches, au delà du réel, visions, hallucinations | Imprimer
15/02/2015
Trois récentes publications de l'auteur de ce blog (pour mon fan-club, si j'en ai un)
J'ai omis, pour mon auto-promotion – et désolé si ça fait grincer quelques dentitions peu amènes à mon encontre – de signaler trois de mes récentes publications. Pour mon fan-club, si du moins mon imagination narcissique a raison de me le suggérer, cela peut avoir son importance. Et puis ce blog sert aussi à ça.
Solange Knopf, Astral Odyssey (n°2), technique mixte sur papier, 72,8 x 55 cm, 2014 ; exposé à l'Inlassable Galerie (voir ci-dessous)
En un, je signale donc la publication dans le dernier numéro de Création Franche, le quarante-et-unième de la série (décembre 2014), d'un entretien de mézigue avec l'artiste belge Solange Knopf dont je vous ai déjà causé il y a peu ici et là. La revue nous a fort bien servis, nous consacrant plusieurs pages. Solange Knopf se dévoile un peu dans cet entretien exécuté par correspondance. "Un peu" parce que c'est là l'interview paradoxale d'une taiseuse.
Elle est par ailleurs actuellement exposée à Paris dans l'Inlassable Galerie rue de Nevers dans le VIe ardt (expo collective "L'autre intérieur", en compagnie de Guylaine Bourbon, Josette Exandier, Marcella Barceló, et l'abbé Coutant (l'erreur de casting de cette manifestation, parce que ce n'est pas parce qu'il fut en relation avec Chaissac qu'il fut automatiquement aussi inspiré que lui...), qui se déroule du 7 février au 16 mars ; 13 rue de Nevers, tél: 06 71 88 21 14 et 06 20 99 41 17).
En deux, je dois également signaler le n°33 de la revue Cultures et Sociétés (janvier 2015), édité chez Téraèdre/L'Harmattan où, sur la demande de Patrick Macquaire, pour un dossier qu'il y a constitué, "L'homme ou le travail à toutes fins utiles?", j'ai glissé un article intitulé "La retraite aux flambeaux", sous-titré "Les environnements populaires spontanés". J'y parle bien évidemment du moment souvent partagé par plusieurs créateurs d'environnements lorsque la prise de la retraite peut devenir traumatisante.
On se retrouve brutalement désocialisé, devenu inutile, comme plus bon à rien pour les autres. Et c'est parfois ce moment-là que certains anciens travailleurs choisissent pour se révéler créatifs, prenant le contrepied de leur mise au néant. Comme Picassiette qui avait œuvré pour sa part en opposition avec le cimetière de Chartres où il s'était trouvé employé. On m'a mis parmi les morts, vous allez voir ce que je peux faire pourtant... La retraite, autre petite mort, est ainsi grosse d'une possible renaissance. La société accorde aux travailleurs enfin l'occasion de vaquer à leurs occupations personnelles, au moment où leurs forces commencent à faiblir, c'est alors le moment de montrer ce que l'on est encore capable d'accomplir d'épanouissant et de créatif! C'est ce que ne manquent pas de faire nos créateurs d'environnements bruts ou naïfs. A noter que dans ce texte, j'annonce le projet en cours de la publication de mon inventaire des sites français d'art brut en plein air (le tapuscrit a été rendu, les options de financement sont à l'étude (comme on dit), et l'on a bon espoir...).
Pour acquérir le numéro (16 euros), écrire à L'Harmattan, 16 rue des écoles, 75005 Paris.
En trois, il s'agit d'une toute autre publication, cette fois nettement plus littéraire (quoique), un texte de souvenir relatif au XIe arrondissement qui fut longtemps un de mes arrondissements préférés dans Paris, tant qu'il resta populaire, lié aux artisans en tous genres.
Il me semble que cet aspect commença de changer vers 1986, à peu près au moment où l'on détruisit l'ancienne gare de la Bastille pour y mettre à la place la gigantesque molaire de l'Opéra. C'est à cette date que je déménageai du XIe pour aller dans le XVIIe puis très peu de temps après dans le XVIIIe. "Souvenirs de la Onzième Case", texte illustré de photos noir et blanc de José Guirao, avec qui j'écumai à un moment les rues entre la Roquette et Charonne pour garder traces de quelques paysages urbains appelés à disparaître (il vendit ensuite certaines photos à la Bibliothèque Historique de Paris), "Souvenirs de la Onzième Case" donc a été publié dans le n°6 de la revue de Anne Guglielmetti et Vincent Gille, justement nommée Mirabilia, numéro placé cette fois sous le thème du Temps, précisément...
Pour prendre davantage connaissance de la revue et de ses anciens numéros, pour consulter le sommaire de ce n°6, pour l'acquérir, il suffit de se reporter au site de la revue, ici même ou encore là. On la trouve également dans plusieurs librairies à Paris, notamment dans l'excellente librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard, au pied de la Butte Montmartre (XVIIIe ardt).
Photo José Guirao, vers 1986, (il me semble qu'elle fut prise dans le Passage de la Main d'Or), publiée dans Mirabilia 6
Une autre de José Guirao (vers 1986), non retenue dans l'édition de Mirabilia, "faute de place", parce qu'il faut bien qu'on en enlève une, et ce fut celle-ci, etc... ; moi, j'y vois un autocar en ruine
00:09 Publié dans Art singulier, Environnements populaires spontanés, Littérature, Paris populaire ou insolite, Photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : revue création franche n°41, solange knopf, bruno montpied, cultures et sociétés n°33, patrick macquaire, environnements spontanés et retraite, mirabilia, josé guirao, paris populaire, photographie | Imprimer
21/07/2014
Portrait brouillé à la Pointe Courte
L'adolescence, photo Bruno Montpied, Sète, 2014
19:55 Publié dans Art immédiat, Photographie, Tel quel | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : argo, adolescence, bruno montpied, la pointe courte, sète | Imprimer
17/05/2014
Les Rochers de l'Ermite de Rothéneuf: une source photographique différente des cartes postales
Cette note contient une petite mise à jour (en rouge)
Plaque photographique en verre réalisée par un anonyme, probablement une plaque de projection (positif sur plaque de verre), 8,5 x 10 cm: j'aurais envie de dater la photo entre 1910 et 1920, après 1918 en tout cas, vu les vêtements portés par les visiteurs des rochers, et donc après la mort de l'abbé Fouré (il semble que de son vivant il ne laissait pas souvent les photographes travailler sans sa présence sur les clichés ; il existe cependant des photos sur certaines cartes postales où il ne figure pas...) ; je rappelle que sa mort date de 1910 ; un autre détail milite pour une année d'après la mort de l'abbé, les piquets, troncs d'arbustes, qui servent de balises pour les sentiers où passer pour se rendre jusqu'aux moindres détails des roches sculptées ; il me semble que ces piquets apparurent du temps des exploitants des Rochers, la famille Brébion, soucieuse sans doute de sa responsabilité vis-à-vis des estivants qui s'aventuraient sur ses rochers peu faciles à arpenter, parfois glissants...
Le bras de mer à marée haute, vu depuis les rochers et du gisant de St-Budoc, là où se trouvaient les figurants de la plaque de verre récupérée par moi auprès d'un ami brocanteur ; c'est sur ses rochers situés en face des rochers sculptés qu'était placé le photographe
Qu'est-elle devenue, cette jeune fille dont le visage reflétait ce jour-là, pour le photographe situé par delà le gouffre, de l'autre côté du ressac, une expression peu commode? La photo paraissait faite pour eux, elle en robe légère, car il devait faire chaud) et son compagnon à la cravate nichée étroitement dans un haut col dur (qui devait passablement l'étrangler), ainsi que pour deux femmes sur leur gauche, moins concernées semblait-il...
Les deux femmes à droite, un peu avachies, accompagnaient-elles le couple qui faisait face au photographe?
Les plaques photographiques positives sur verre de taille 8,5x10 cm, ancêtres des diapositives, ont, paraît-il été utilisées fin XIXe début XXe siècle, avec possibilité d'avoir duré jusqu'en 1920-1930, ce qui paraît possible ici justement. Sur cette vue, les rochers sculptés ont bien moins d'importance que les humains, contrairement à beaucoup d'images, par exemple dans les cartes postales plus connues sur ces rochers taillés par le fameux abbé Fouré, dont j'ai déjà eu maintes fois l'occasion de parler sur ce blog.
De tous ces figurants des temps enfuis, reste-t-il le moindre survivant? Ils ont toutes les chances d'être partis au pays des fantômes, hormis peut-être la petite fille devant le gisant et le tombeau de Saint-Budoc, le patron de l'ermite, qui donne la main à sa mère prudente, et qui tient de l'autre peut-être un cornet de glace qu'elle déguste avec concentration... Si la photo date de 1920, elle aurait 100 ans aujourd'hui, car je lui suppose six ans à l'époque du cliché. Elle n'aurait de toute façon pas pu avoir de souvenirs de l'abbé, étant née après sa disparition. C'est du reste rappeler qu'il n'y a plus aujourd'hui la moindre chance de rencontrer encore quelqu'un qui aurait pu rencontrer l'abbé, du genre de ce vieil homme qui raconta dans les années 80 à un jeune homme que je croisai dans les rues de Rothéneuf (dans les années 90) qu'il se souvenait de l'ermite qui l'avait pourchassé dans les rochers, parce que l'enfant qu'il était alors avait commis quelque déprédation sur les sculptures sans doute. L'abbé courait après lui en poussant des sortes de borborygmes, en rapport peut-être avec sa surdité... Cette anecdote me pousse toujours à me représenter l'abbé tel une sorte de Quasimodo grotesque poursuivant simiesquement les importuns en sautant de roche en roche...
27/10/2013
Salon d'art alternatif, Hôtel le A
Enigmatique appellation, isn't it? Ce serait pourtant l'exacte traduction d'"Outsider Art Fair", ce salon organisé par Andrew Edlin, par ailleurs directeur de la galerie du même nom à New York, galerie qui se consacre à diverses découvertes classables ou non dans l'art brut.
On sait qu'aux USA, le terme d'art brut est difficilement traduisible, et pas seulement le terme, mais la notion elle-même. On lui préfère "outsider art" qui sert à regrouper dans un vaste pot-pourri l'art des pionniers (limners naïfs américains des XVIIIe et XIXe siècles), art populaire, art des environnements, et art d'individus autodidactes marginaux (pensionnaires d'asiles, médiumniques, et une sacrée tripotée de zinzins mystico-visionnaires, qui paraissent florissants aux States). Derrière cette étiquette, mêlés sans aucun distingo aux créateurs autodidactes non artistes professionnels, se cachent cependant aussi toutes sortes d'artistes en voie de professionnalisation, visionnaires étranges, marginaux à l'intérieur de l'art contemporain, que l'on aurait pu aussi bien voir revendiqués par le surréalisme en un autre temps.
Les Américains ont donc décidé de venir à Paris pour quatre jours (ça se termine ce dimanche) rassembler dans un petit hôtel quatre étoiles de six étages, rue d'Artois, à deux pas des Champs-Elysées et de la FIAC, 24 galeries plus ou moins spécialisées dans les divers champs de ce qu'ils appellent l'art outsider, galeries venues d'Amérique ou d'Europe. Le prix d'entrée est du même genre qu'à la FIAC, 15€, pour venir voir si l'on peut dépenser plus dans les galeries présentées (!), et encore plus cher pour avoir le droit de venir au vernissage (re-!). Tout ça n'étant pas, comme s'en convaincront les lecteurs du Poignard Subtil, very, very democratic. Il fallait certes rembourser les frais de location de l'hôtel 4 étoiles. Mais qui obligeait ces messieurs à investir un hôtel si chic (autour de 500 € la nuit d'hôtel)? Hormis la nécessité à leurs yeux d'offrir l'art des miséreux, des aliénés et des souffrants de l'âme aux privilégiés et aux favorisés de la vie (à la recherche d'un peu de réalité et de bonne conscience probablement?), fréquentant les Champs et accessoirement croisant du côté de la FIAC proche?
Mais oublions ces propos un peu amers, et reconnaissons aussi, comme Philippe Dagen dans une chronique qu'il a donnée au Monde ces jours-ci, que l'on pouvait vite oublier ce paradoxe lamentable au fur et à mesure que l'on découvrait, grâce à nos coupe-files (Dagen oublie de le dire), d'étage en étage, des créateurs passionnants présentés de façon succincte mais fort soigneusement. L'idée d'un hôtel, dans l'absolu, du reste, était amusante et déroutante. Chaque galerie possédait une chambre, le lit n'en avait pas été déménagé, les œuvres se distribuaient tout autour, la situation, lorsque la charmante hôtesse qui s'y trouvait vous ouvrait la porte -comme me le fit remarquer RR que j'avais invité à me suivre dans cette étrange foire- pouvant relever d'une certaine confusion des sentiments. On entrait après tout dans des chambres décorées d'art brut, invitées par une charmante jeune fille, le lit trônant comme une invite au centre de la pièce, certains pouvaient hésiter entre elle et lui (l'art brut)...
Janet Sobel en action, 1948, Raw Vision n°44, ph. Ben Schnall
Janet Sobel, galerie Gary Snyder, New-York
Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis que j'ai fait une visite à ce salon. Qu'en surnage-t-il? Pas les gribouillages de Dan Miller en tout cas, contrairement à M.Dagen, que je trouve toujours bien trop proches d’œuvres de la modernité plastique pour être honnêtes (façon de parler...). Non, c'est avant tout la découverte de Janet Sobel dont je n'avais jamais vu de peintures et qui a fait l'objet d'un article apparemment fourni dans un vieux numéro (le n°44) de Raw Vision vers 2003. Si j'ai bien compris, je ne suis pas fortiche en anglais, cette dame, Juive d'origine ukrainienne et émigrée aux USA, disparue en 1968, fut à la fois perçue comme appartenant à l'expressionnisme abstrait, ayant influencé peut-être Pollock, et redécouverte comme une "outsider" plusieurs années plus tard (une situation qu'elle partage avec quelques autres grands aérolithes inclassables, tel Jan Krisek par exemple). Ses œuvres sont tout à fait remarquables. J'en montre ci-dessus et ci-dessous quelques exemples que je dois à l'obligeance de la galerie Gary Snyder qui la représentait dans ce salon.
Janet Sobel, sans titre, technique mixte sur papier
Janet Sobel, galerie Gary Snyder
Par contre, j'ai été fortement déçu par les photos d'Eugen Von Bruenchenhein (par ailleurs aussi exposées actuellement à la galerie Christian Berst à Paris, galerie représentée à l'Outsider Art Fair), que finalement je trouve assez banales, n'ayant pas d'intérêt, ni d'un point de vue érotique, ni d'un point de vue photographique. Ses meubles en os assemblés sont pour le coup bien plus intrigants. Mais il n'y en avait pas à l'Hôtel le A.
La galerie d'Hervé Perdriolle montrait pour sa part de l'art populaire indien contemporain, notamment toute une série de petits papiers dessinés genre "patua", à fonction magique, destinés par des peintres anonymes ambulants à permettre aux défunts de se libérer des démons qui auraient voulu traîner leurs âmes en enfer (je récite, approximativement sans doute, la leçon que me fit la charmante hôtesse de la galerie). Les patua sont aussi des rouleaux narrant des histoires terrifiantes appuyant visuellement les récits de conteurs-peintres ambulants (voir ci-contre ce rouleau extrait du site web de la galerie). La galerie d'Hervé Perdriolle donne là-dessus ses éclaircissements.
Dessin de Radmila Peyovic, extrait du catalogue de l'exposition "Ai Marginali dello Sguardo" de 2007 en Italie
Philippe Eternod et David Mermod formaient un couple de galeristes extrêmement passionnés à un autre étage, gambadant mentalement d'un créateur à l'autre d'une manière tourbillonnante qui donnait l'impression d'une valse aux murs tapissés de dessins d'Aloïse, de Gaston Teuscher, de Jules Fleuri, de Raphaël Lonné, d'Abrignani, de Radmila Peyovic, etc. Au milieu de cette valse, apparut brusquement le visage du créateur ACM qui me serra la pogne dans un flash ultra fugitif qui me donna le regret de ne pas en savoir plus. Ces initiales mystérieuses avaient tout à coup un visage.
Un dessin de Susan King, extrait d'un catalogue chez Marquand Books à Seattle
Richard Kurtz, extrait du site web du créateur
D'autres révélations me furent prodiguées, l'ex-boxeur Richard Kurtz au dernier étage chez Laura Steward, les cahiers de croquis étonnants de la Néo-zélandaise Susan Te Kahurangi King qui métamorphose constamment un petit personnage publicitaire de la marque de soda Fanta, le vagabond David Burton (1883-1945) qui dessinait sur les trottoirs (il fit l'objet d'un sujet dans les archives d'actualités de la firme Pathé, un beau motif de quête pour l'ami Pierre-Jean Wurtz, ça, n'est-il pas?), représenté par la galerie anglaise de Rob Tufnell, le naïf grec Giorgos Rigas, représenté par la galerie C.Grimaldis de Baltimore, et cet étonnant créateur brut, Davide Raggio (voir ci-dessous l'œuvre sans titre de 59 x 47 cm de 1998), travaillant avec trois fois rien, des matériaux fragiles à portée de main, friables, aux limites de l'évanescence et de l'inconsistance, créateur qui s'est fait connaître par ses figurations faites de peaux de carton décollées et déroulées de manière à produire des silhouettes plus claires par contraste avec la teinte kraft plus sombre des cartons. Sur le salon, on en trouvait à la fois chez Rizomi, la galerie turinoise, et à la Galerie lausannoise du Marché chez Eternod et Mermod. Ce créateur a ceci de remarquable qu'il a pratiqué en dépit de sa situation d'enfermé (en asile) diverses techniques d'expression toujours marquées par le sceau de la précarité mais enfin fort variées ce qui est rare chez nos grands obsessionnels.
Enfin, chez Cavin Morris, galerie new-yorkaise, on pouvait admirer du coin de l’œil sur le mur et étalés sur la courtepointe quelques magnifiques dessins de Solange Knopf, œuvres que j'aime décidément beaucoup.
Solange Knopf, Botanica, 2013
Solange Knopf, Spirit Codex, 180x100 cm, 2013
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12/06/2013
Où nos collaborateurs trouvent-ils leurs idées?
Le Caylar (Hérault... – ou anti-Hérault ?), juillet 2012, ph. Bruno Montpied
06/05/2013
Iles, je jette mes chaussures par-dessus bord, car je voudrais bien aller jusqu'à vous...
Photo Giorgio Furla, extraite du livre pour la jeunesse de Bruno Munari, De loin on dirait une île, éditions Delphine Montalant, Gand, 2002
Cailloux roses ou translucides, bijoux d’un soir, de l’heure crépusculaire. La main, tentée tant de fois, cède par moments et cueille… Déception immédiate. Il faut les abandonner à leur écrin dans le sable comme du sucre roux, de même que furent répudiés ces brocs de bistrot dont les lettres désignant une marque d’alcool populaire avaient des caractères peints en bleu et saillant en léger relief. Ils avaient une si éclatante évidence qu’on aurait voulu en emporter un peu chez soi. Hélas, on se convainquait dans la minute suivante que, transplantés dans un autre décor rien n’en serait resté, le charme se serait enfui, comme celui d’une fleur coupée ou d’un insecte capturé.
Ces petites pierres composent autant d’îles, autant d’œuvres d’art sous la lumière rasante du soleil au déclin, bleuissant les vagues, dorant la plage. Si profondément mariés à leur situation que la vie prend enfin sa valeur poétique, alors que le reste du temps elle serait plutôt cachée. La voici dévoilée, pleine comme fruit juteux, vie mûrie, enceinte de ses gouttes d’instants précieux.
La plage est un tapis de cendres d’or, pailletée de signes trouvés, adorablement énigmatiques que seule la caméra pourra peut-être installer à tout jamais dans leur beauté vivante et en tant que telle fugace.
(Juillet 1988)
Ce livre publié en 2002, peu connu de Munari, par ailleurs auteur original de la littérature jeunesse, cherche à propager le goût des pierres trouvées en bordure de plage, les comparant à des petites îles, montrant leurs dessins étonnants, révélant le parti qu'on peut en tirer grâce à nos projections imaginatives, en les interprétant, en les peignant, en les assemblant, en les mettant en scène... ; je suis sensible depuis fort longtemps à ce genre de recherche et j'ai donc souhaité aujourd'hui, sous un titre emprunté à un poème de Blaise Cendrars, allier l'évocation de ce livre à un texte que j'avais écrit en 1988 sur une plage du côté de Royan, en marge d'un petit film Super 8 que j'avais intitulé Ecrins de sable, entièrement consacré à la poésie des objets naturels trouvés sur le sable en bord de mer, film resté secret...
12:52 Publié dans Littérature jeunesse, Papillons de l'immédiat, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bruno munari, poésie naturelle, bruno montpied, cinéma amateur, super 8, pierres trouvées, littérature jeunesse, blaise cendrars | Imprimer
04/05/2013
La vache cachée des Cévennes
La vache cachée des Cévennes, dessin numérique sur photographie numérique, 2011, Bruno Montpied
11:47 Publié dans Art singulier, Photographie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vaches, cévennes, bruno montpied, photographie modifiée, art sur ordinateur, art numérique, art singulier | Imprimer
05/04/2013
Art brut à Brest, Abbé Fouré, Pèr Jaïn, Gilles Ehrmann et autres bricoleurs de paradis...
Une manifestation nouvelle en Bretagne qui n'a, à ma connaissance, si loin en son cœur, que rarement montré de l'art brut va commencer le 5 avril à Brest. Cela s'intitule "L'art brut à l'ouest" – dans un beau pléonasme (assumé avec malice) car l'art brut en soi est naturellement à l'ouest – ensemble d'expositions et de représentations théâtrales prévues pour durer jusqu'au 29 juin.
L'événement convoque des documents concernant la création en plein air de l'abbé Fouré (les fameux "Rochers et bois sculptés" de cet ermite de Rothéneuf en Ille-et-Vilaine qui les sculpta entre 1894 et 1908, lui étant décédé en 1910), documents à base essentiellement de cartes postales et de reproductions d'articles de presse de l'époque que rassemble depuis quelque temps l'Association des Amis de l'Œuvre de l'abbé Fouré animée par Joëlle Jouneau. On se souviendra que j'ai moi-même documenté récemment dans la revue l'Or aux 13 îles n°1, en janvier 2010 (pour le centenaire de la disparition de l'abbé), l'ancien musée des bois sculptés que l'abbé avait créé dans le bourg dans son ermitage, à bonne distance de la côte où se trouvaient les rochers qu'il taillait à la belle saison, l'ermitage étant réservé pour les travaux d'hiver sur bois. Ces bois sculptés ont disparu par la suite dans les années 30 ou 40 dans des conditions restées mystérieuses. Ont seuls surnagé jusqu'à présent, parmi ces pièces en bois, quelques meubles sculptés, probablement ceux qui avaient quitté l'ermitage en 1910 après la vente aux enchères qui suivit la mort de l'abbé. Les rochers quant à eux se visitent toujours en dépit de leur grand état de dégradation. L'expo Fouré est prévue pour se tenir à la Bibliothèque d'Etude (22, rue Traverse à Brest, tél: 02 98 00 87 60).
Pierre Jaïn, une sculpture dans son jardin encore en place en 1991, ph. Bruno Montpied
Avec Fouré, sera présenté un autre "régional de l'étape", Pierre Jaïn (1904-1967), dit Pèr Jaïn dans la graphie bretonne, à l'initiative de son petit-neveu Benoït Jaïn, qui se consacre à défendre la mémoire de son aïeul depuis plusieurs années déjà (voir notamment les pièces qu'il avait prêtées à l'expo qu'avait organisée en 2001 l'association de Patricia Allio à Dol-de-Bretagne "L'art brut à l'ABRI"). Pierre Jaïn est bien connu des amateurs d'art brut qui se souviendront de la notice qui lui fut consacrée dans le fascicule n°10 de la collection de l'art brut en 1977 par le Dr. Pierre Maunoury (alias Joinul). Il fut sculpteur sur bois, pierre et os, les oeuvres sur ce dernier matériau ayant été peu conservées. La Collection de l'Art Brut à Lausanne en a conservé 9, la famille une douzaine (voir ici même la note que publia sur ce blog Benoît Jaïn en 2009). Il est connu aussi pour un petit orchestre de percussions bricolées qu'il avait installées à l'arrière de son jardin dans sa ferme à Kerlaz (voir ci-contre la photo qui fut publiée dans le fascicule n°10 de laCollection de l'Art Brut).
A côté de cette double exposition Fouré/Jaïn, on verra aussi dans un autre lieu, l'artothèque du musée des Beaux-Arts de Brest (24, rue Traverse, tél: 02 98 00 87 96), un panorama des photographies de Gilles Ehrmann consacrées aux "Inspirés" dans les années 50-60, photos qui donnèrent lieu à la publication du livre Les Inspirés et leurs demeures aux éditions du Temps en 1962. On pouvait y croiser Picassiette, l'abbé Fouré, Gaston Chaissac (qu'Ehrmann était allé voir avec Benjamin Péret en 1958, un an avant la disparition de ce dernier), Frédéric Séron, le meunier Louis Malachier, le pépiniériste Joseph Marmin (art topiaire), Hippolyte Massé, Alphonse Wallart, le Facteur Cheval et les "monstres de Bomarzo" en Italie.
Gilles Ehrmann avec son livre de 62 se trouve à un bout de la chaîne bibliographique qui unit les auteurs de livres sur les habitants-paysagistes populaires, chaîne dont je suis le dernier maillon pour l'instant avec mon Eloge des Jardins Anarchiques paru en 2011. Comme ce dernier livre, ainsi que le film de Remy Ricordeau Bricoleurs de paradis, traitent de nombreux créateurs de l'ouest de la France, j'ai trouvé normal de les proposer à la présentation au cours d'une rencontre-débat le 20 avril à 14h30 à l'auditorium du musée des Beaux-Arts, histoire de ne pas laisser croire au public breton que l'art brut dans la région appartiendrait au passé. Il y aura donc une nouvelle projection à la suite de laquelle on pourra évoquer plus particulièrement les sites bretons, comme ceux d'Alexis Le Breton dans le Morbihan, de l'abbé Fouré à Rothéneuf, d'André Gourlet à Riec-sur-Belon, d'Yvette et Pierre Darcel dans la région briochine ou encore d'André M. dans la région d'Auray.
Gilles Ehrmann, La maison à la sirène d'Hippolyte Massé, photo extraite des Inspirés et leurs demeures (1962)
Un peu plus tard, du 23 mai au 30 juin, au Centre Atlantique de la Photographie (dans le Quartz), Brest invitera aussi un photographe plus contemporain, Mario Del Curto, pour ses portraits des Clandestins de l'art brut. Il y aura aussi divers petits événements relatifs au manège de Petit-Pierre qui sera présenté sous la forme d'une pièce de théâtre de Suzanne Lebeau au Quartz de Brest. Pour le programme complet et plus précis, on peut le feuilleter en cliquant sur le lien ci-dessous:
http://issuu.com/bibliobrest/docs/art-brut-2013-brest-pro...
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13/01/2013
J'expose avec "l'Or aux 13 îles" à l'Inlassable Galerie
Cette note contient une mise à jour du 14 janvier
C'est pour bientôt, dans une galerie que je ne connaissais pas, l'Inlassable Galerie, divisée en deux parties, une où le public entre, au 13 bis, rue de Nevers (une des rues les plus étroites de Paris, digne d'une nouvelle de Jean Ray), et une autre cachée derrière une vitrine au n°18 de la rue Dauphine, le tout dans le VIe ardt à Paris, à deux pas de la rue Guénégaud, dans le quartier des galeries de la Rive Gauche. C'est une galerie, je le souligne, qui ouvre sur RENDEZ-VOUS (tél: 0620994117 ou 0671882114), en dehors du jour de vernissage s'entend, et l'après-midi de 14h à 20h tous les jours, même le dimanche.
La revue de Jean-Christophe Belotti, L'Or aux 13 îles, dont j'ai déjà plusieurs fois parlé ici (pour y avoir publié dans ses deux premiers numéros un dossier sur l'abbé Fouré et ses bois sculptés et un dossier sur une sélection d'art immédiat), présente quelques créateurs dans une ambiance de cabinet de curiosités de façon à attirer de nouveau quelque peu l'attention sur ce qui se joue en elle et autour d'elle.
Sur le verso de l'invitation ci-dessus, on retrouve une image de Jean-Pierre Paraggio
Bruno Montpied, La chamane entre en danse par le charleston, 43x30 cm, 2010 (un des trois dessins que j'exposerai, les deux autres s'intitulant le Charrieur et l'Idéaliste emplumé)
Cela ira des dessins d'un enfant de 7 ans, Alexandre Cattin, récente découverte de Mauro Placi qui en parlera plus largement dans le futur n°3 de la revue de Jean-Christophe, jusqu'à divers artistes surréalistes comme Jan Svankmajer (présent sous forme d'affiches), Jean Terrossian, Nicole Espagnol, Georges-Henri Morin, Josette Exandier, ou Alan Glass (dont Jean-Christophe présentera des photos des assemblages), en passant par des créateurs plus "singuliers" comme moi (j'exposerai trois dessins d'environ 40x30 cm), ou Charles Cako Boussion (voir ill. ci-contre), des photographies (Pierre Bérenger, Pierre-Louis Martin, Diego Placi, Alexandre Fatta - un commentateur habitué de mon blog, celui-ci - des cartes postales anciennes de l'Ermite de Rothéneuf - en provenance de ma collection - plus deux de mes photos montrant le site de l'abbé de nos jours), des créateurs héritiers de l'inspiration surréaliste comme Jean-Pierre Paraggio, Guylaine Bourbon, ou encore Jean-Christophe Belotti qui exposera à cette occasion certains de ses collages.
Pierre-Louis Martin, sans titre, photographie (exposée à cette occasion), vers 1996
Des artistes dont je connais moins le travail seront également présents, Mélanie Delattre-Vogt (voir le n°2 de l'Or aux 13 îles et image en noir et blanc ci-dessous), François Sarhan (artiste ayant plus d'une corde à son arc apparemment), Claude Variéras, et le poète Mauro Placi venu tout spécialement d'Helvétie. L'idée générale, on l'aura compris, est de rendre hommage à l'ensemble de ce qui a été présenté dans la revue depuis ses débuts en 2010.
Petite expérience appelée peut-être à grandement intriguer les passants de la rue Dauphine qui y circuleront entre 9h et 18h, derrière la vitrine du n°18 on pourra également voir Virgile Novarina se livrer, de façon diurne donc et devant les passants, à un sommeil destiné à provoquer des rêves qu'il notera et publiera peut-être à l'occasion (voir le n°2 de la revue où l'on parle de ses expériences précédentes). La "performance" en question aura lieu du 21 au 26 janvier. Autour de lui seront exposés différents éléments liés à la revue L'Or aux 13 îles.
La vitrine attendant la performance onirique de Virgile Novarina
Le vernissage, en même temps que le début de l'exposition, sont donc prévus pour le jeudi 17 janvier, et tous les lecteurs du Poignard Subtil sont bien entendu cordialement invités. La manifestation se déroulera jusqu'au 5 février 2013 (ouverture sur rendez-vous, téléphonique ou par mail, je le répète).
12:20 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier, Paris populaire ou insolite, Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'or aux 13 îles, jean-christophe belotti, l'inlassable galerie, abbé fouré, ermite de rothéneuf, bruno montpied, art immédiat, art singulier, josette exandier, jean-pierre paraggio, pierre bérenger, pierre-louis martin, charles cako boussion, jan svankmajer, georges-henri morin, nicole espagnol, diego et mauro placi, françois sarhan, mélanie delattre-vogt, virgile novarina, rêve en public, surréalisme | Imprimer
13/10/2012
Entrée des médiums, spiritisme et art de Victor Hugo à André Breton
Débutera le 18 octobre prochain l'exposition susdite à la Maison de Victor Hugo, place des Vosges à Paris, prévue pour durer jusqu'au 20 janvier 2013. On y découvrira du nouveau sur l'art médiumnique, notamment des dessins, gravures et documents jamais vus de Victorien Sardou.
Victorien Sardou, La maison du prophète Elie, vers 1857, encre sur papier, 47 x 60 cm, collection M. et Mme Claude de Flers, Paris, ©Studio Sébert
Ce dernier, comme le comte Le Goarant de Tromelin, Léon Petitjean, Augustin Lesage, fait partie des créateurs médiuniques évoqués par André Breton dans Le Message Automatique, texte de 1933 publié dans la revue Minotaure. Ils furent ensuite avidement recherchés par les thuriféraires de l'Art Brut.
Le Comte de Tromelin, sans titre (femmes et monstres), entre 1902 et 1907 (si l'on se base sur le catalogue d'une précédente exposition à la Halle Saint-Pierre à Paris en 1999, Art spirite, médiumnique, visionnaire, messages d'outre-monde), crayon sur papier, 38 x 51 cm, Collection de l'Art Brut, Lausanne, ©Claude Bornand
Léon Petitjean, sans titre, 1922, mine de plomb, encre et aquarelle sur papier, 32 x 17,4 cm, collection ABCD, Montreuil, © collection ABCD/ photo Patrick Goatelen
En fait, on va assister semble-t-il à une revue des principaux créateurs se revendiquant d'esprits désincarnés leur ayant intimé d'écrire ou de dessiner, voire parfois comme dans le cas de la médium Marthe Béraud de se servir d'eux comme truchement pour ectoplasmes (on l'avait déjà vu dans l'expo Le Troisième oeil. La photographie et l'occulte montée à la Maison Européenne de la Photographie à Paris en 2004-2005).
Hélène Smith, plante d'ornement martienne, [fin 1896-été 1899], aquarelle sur papier, 18,5 x 11 cm, Bibliothèque de Genève © Bibliothèque de Genève
Hélène Smith, la célèbre patiente du Dr Flournoy qui parlait le Martien et représentait à l'occasion des paysages de Mars, viendra refaire un tour également, ainsi que Madge Gill, bien connue dans l'art brut, et Fernand Desmoulin dont on a déjà vu au moins deux expositions à la galerie de Messine autrefois, puis à la galerie Christian Berst, sans compter les oeuvres plus post-impressionnistes visionnaires toujours visibles je pense au musée de Brantôme dans le Périgord où je les photographiai vers 1992 (voir ci-contre). Là, dans cette expo, plus axée sur le médiumnique, ce seront des dessins de Desmoulin plus "automatiques", venus de l'Institut de Métapsychique International ou de la collection ABCD, bien représentée une fois de plus dès que l'on parle de médiums.
Peut-être que la surprise sera à chercher plutôt du côté d'Hugo d'Alesi (semble-t-il une découverte de la collection ABCD) et d'un(e?) certain(e?) "SV" dont l'un des dessins faits de motifs floraux, qui ne sont pas sans faire songer à l'art spirite tchèque (tel qu'à Paris on avait pu également le découvrir à la Halle Saint-Pierre grâce à l'entremise d'Alena Nadvornikova), sert pour le carton d'invitation à l'expo.
On nous présente aussi un médium contemporain, Philippe Deloison, dont je ne trouve pas, si je ne me base que sur une reproduction insérée dans le dossier de presse de l'expo, que son esprit soit aussi bien inspiré que ceux de ses collègues médiums plus anciens...
Enfin, on a mêlé à ces productions d'autodidactes en matière de dessin des expériences automatiques de divers surréalistes, comme Man Ray, André Masson ou encore Robert Desnos (on sait qu'aujourd'hui encore des créateurs se revendiquant surréalistes, tel Jan Svankmajer en République tchèque, pratiquent des expériences dites médiumniques de création automatique).
Robert Desnos, Mort d'André Breton (peinture médiumnique), vers 1922-1923, huile sur toile, 46 x 55 cm, collection particulière © Gérard Leyris/Ville de Paris
01:51 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, andré breton, robert desnos, art spirite, art médiumnique, hélène smith, le comte le goarant de tromelin, augustin lesage, philippe deloison, photographie et occultisme, victorien sardou, fernand desmoulin, abcd, surréalsime, jan svankmajer, hugo d'alési | Imprimer
08/07/2012
Gabriel Albert et Roger Lanzac
Parmi les centaines de statues qu'a créées Gabriel Albert à Nantillé en Charente-Maritime, une d'entre elles, selon les auteurs de Gabriel Albert, l'univers poétique d'un créateur saintongeais¹, représenterait Roger Lanzac, ancien animateur de télévision, qui servit aussi de Monsieur Loyal dans la Piste aux Etoiles, émission consacrée au cirque. Je trouvais enfant que ce rôle du reste ne lui allait pas. Je ne voyais pas un Monsieur Loyal avec des valises sous les yeux aussi voyantes que les siennes. Tombant récemment sur un portrait dédicacé de Roger Lanzac, publié sur le savoureux blog de Laurent Jacquy, Les Beaux Dimanches, je me suis dit qu'il pourrait être fructueux de les confronter en images ici même.
Photo Bruno Montpied (détail), 2006
Photo empruntée au blog Les Beaux Dimanches
Il semblerait plausible de rapprocher le modèle et la statue, si l'on admet qu'Albert a accentué les traits caractéristiques du visage de Lanzac. Les sourcils de la photo sont nettement dessinés, Albert les a faits fournis. Les poches sous les yeux, qui étaient une véritable signature physique du présentateur sont bien visibles sur le visage de ciment. Les pommettes également sont rendues. Les proportions allongées de cette face lanzaquienne ont été aussi accentuées, par un souci d'expressivité ou simplement parce que Gabriel Albert voyait Lanzac ainsi, un homme à longue figure. Le dessin des lèvres assez sinueux a été de même bien relevé par le sculpteur-modeleur. Seul peut-être le menton, fort pointu chez Albert, a pu être exagéré par rapport au portrait original. Mais là aussi peut-être, on peut retrouver un désir albertien de caricature...
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1. Michel Valière, Fabrice Bonnifait, Thierry Allard, Yann Oury, Collection Inventaire du patrimoine n°266, éditions Région Poitou-Charentes et Geste Editions, 2011
12:31 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Confrontations, Environnements populaires spontanés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gabriel albert, environnements spontanés, habitants-paysagistes, roger lanzac, piste aux étoiles, monsieur loyal, michel valière, nantillé, laurent jacquy, les beaux dimanches, sculpture naïve, caricature | Imprimer
03/07/2012
Des jardins de fantaisie populaire à Dives-sur-Mer (presque) tout l'été
Je continue à présenter Bricoleurs de paradis (cette fois avec son réalisateur Remy Ricordeau), ainsi que mon livre Eloge des Jardins Anarchiques, le 10 juillet prochain à 20h à la Médiathèque Jacques Prévert de Dives-sur-Mer, dans le Calvados, ville où comme on sait se trouve la Maison Bleue d'Euclides da Costa Ferreira.
Euclides da Costa Ferreira, détail au caméléon, dans les décors en mosaïque de "la Maison Bleue" à dives-sur-Mer, ph. Bruno Montpied, 2011 (pas dans l'expo)
Cependant, il y a un bonus en supplément pour l'occasion, je prête également une petite exposition que j'ai conçue pour cette médiathèque, "Les jardins de fantaisie populaire", exposition prévue pour durer du 11 juillet jusqu'au 1er septembre. Il y aura vingt photos de votre serviteur consacrées à divers sites d'inspirés du bord des routes (vingt sites différents: Châtelain, Litnianski, Jean Grard, Darcel, Taugourdeau, Calleja, Guitet, Gourlet, Escaffre, Pastouret, Clément, Licois, Le Breton, Bernard Aubert, Pailloux, Vanabelle, Jenthon, da Costa Ferreira, l'abbé Fouré, Bernard Roux), plus quelques objets rescapés ou en provenance de divers sites (Taugourdeau, Pailloux, Clément, Céneré Hubert, Paul Waguet, René Jenthon, Donadello) et des affiches (des photos agrandies d'après le livre EJA). On pourra également se procurer des exemplaires de mon livre en vente sur place (sous l'égide d'une librairie de Caen).
Voici le texte qui est prévu pour accompagner l'expo (ici légèrement remanié):
Le propos de cette petite exposition, montée en prolongement de la présentation le 10 juillet en cette même médiathèque de Dives du film de Remy Ricordeau, Bricoleurs de paradis (Le Gazouillis des éléphants), film inséré dans le livre Eloge des Jardins anarchiques de Bruno Montpied, est d’inviter à une balade et à une prise de conscience face aux créations de plein vent qui sont disséminées discrètement à travers le territoire de la France. Œuvres de gens du commun, le plus souvent commencées à la retraite, comme par un désir de clamer au monde que non, tout n’est pas fini, ces espaces « corrigés » sont variés. On rencontre ainsi des mosaïstes de bouts d’assiette, comme da Costa Ferreira, bien connu à Dives-sur-Mer, des jardins de statues naïves, des accumulations d’objets et de matériaux hétéroclites, des installations en maquettes de tanks, canons, ou monuments du monde entier réassemblés dans un nouvel ordre, des rochers sculptés, des branches interprétées, des arboretums semés de plaisanteries taillées dans le granit, un jardin comme un conte d’Andersen, une forêt de moulinets multicolores, le vélo extraordinaire, sculpture ambulante, de M. Pailloux en Vendée, un habitat troglodytique couvert de bas-reliefs, un autre à thématique mythologique, des jardins « zoologiques », etc.
Aubade pour taureau (cornemuse, guitare, accordéon) par Alexis Le Breton, ph. BM, 2010 (pas dans l'expo)
Les ouvriers, les artisans, les paysans s’abandonnent à leur fantaisie, dans un espace intermédiaire entre habitat et route, entre chez eux et chez tous, dans une sollicitation de leur imaginaire qui se déploie à la fois intimement, comme dans les œuvres de l’art brut, et pour être montrée au vu et au su de tous ceux qui passent (sans qu’il soit nécessaire d’entrer). Ils font de l’art, puisqu’ils sculptent, peignent, bâtissent, assemblent, collent, sans être pour autant des artistes (au sens convenu du terme, et notamment marchand). Ils le disent, ils sont avant tout des créateurs modestes, ne voulant pas se distinguer du commun des mortels, ils créent sur place pour se donner des fêtes à eux-mêmes et aux passants, dans une geste gratuite, toute de dépense sans autre contrepartie que la reconnaissance de ceux qui les visitent. Ils ne vendent généralement pas leurs travaux qui font partie de leur vie, ils se sont peut-être assez vendus comme ça durant leur vie de labeur. Ils se donnent le luxe de ne pas se lancer dans un petit commerce sur le tard. Ils ont une galerie en plein vent où il n’y a pas de marchandise (ou alors, très marginalement).
Ils le savent, c’est le temps de la création qui est le meilleur de la vie.
Da Costa Ferreira le savait, lui qui n’eut jamais d’autre richesse. Venez voir ses frères et sœurs qui sont plus nombreux que l’on aurait cru.
Mais il ne faut pas oublier que la majorité de ces sites sont sur des terrains privés pas nécessairement ouverts aux visites. Dans ce domaine, il faudra faire preuve de tact et de respect à l’égard de créateurs atypiques montrant leur art sans inviter nécessairement à l'envahir…
23:21 Publié dans Environnements populaires spontanés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : environnements spontanés, habitants-paysagistes, da costa ferreira, andré pailloux, emile taugourdeau, pierre darcel, rené jenthon, jean grard, céneré hubert, pierre clément, paul waguet, médiathèque jacques prévert, les jardins de fantaisie populaire, bruno montpied | Imprimer
29/04/2012
Un DVD rien que pour Jacques Brunius
Brunius a désormais un DVD à lui seul consacré. C'est Doriane films et les films de l'Equinoxe (ces derniers étant les gérants des droits relatifs à Brunius, ils s'occupent aussi du fonds Denise Bellon, la photographe belle-soeur de Brunius, avec qui ce dernier collabora à plusieurs reprises, notamment sur le Palais Idéal du Facteur Cheval) qui patronnent cette sortie toute récente.
Couverture du DVD Jacques Brunius, Un cinéaste surréaliste, éd. Doriane Films et les Films de l'Equinoxe, sorti en mars 2012
Quatre films, tous des documentaires, sont ainsi édités dans ce DVD: Autour d'une évasion (ultra rare; 65 min., 1931), Violons d'Ingres (30 min. ; 1937 ; déjà réédité dans le triple DVD Mon frère Jacques de Pierre Prévert,), Records 37 (28 min, 1937), ces trois derniers films ayant été tous restaurés par les Archives Françaises du Film et le CNC, et enfin Sources noires (38 min. ; 1937 ; docu "artistique" sur l'industrie pétrolière).
Brunius, j'en parle souvent ici, c'est un homme qui me fascine et m'enchante. Par sa rigueur, son côté impitoyable aussi, dont on se fera une idée précise en lisant son livre de 1954, En marge du cinéma français, où il se livre en de certaines pages à des exécutions d'une rage inouïe (sur Cocteau notamment où sa verve anti Cocktail -un cocteau, des cocktails- fondée par rapport à certains des films de ce poète mondain -je pense notamment au Sang des Poètes d'une mièvrerie et d'un formalisme creux insupportables- dérape dans l'injustice lorsqu'il se livre à une descente en flammes de la Belle et la Bête ; on sait cependant à quel point Cocteau était haï des surréalistes, au point de faire dire à Philippe Soupault, comme le cite Jean-Pierre Pagliano dans son Brunius à l'Age d'Homme en 1987 (note 108, p.136): "Nous nous [les surréalistes] sommes éloignés du cinéma parce qu'il était aux mains de truqueurs comme Cocteau" ; ce genre de phrase est à retenir dans une histoire du cinéma et du surréalisme il me semble...). Brunius était un de ces passionnés, –de cinéma d'abord– qu'aucune tiédeur ne retenait de lâcher les chevaux. Son livre montre par ailleurs aussi quel redoutable théoricien du cinéma il pouvait être. La réunion des quatre films de ce DVD, mis en relation avec son livre, met en évidence en particulier son goût et son désir de promouvoir un cinéma de montage, au rythme particulièrement rapide (parfois même un peu trop rapide, empêchant de savourer les raccords, les analogies... comme dans Records 37, les plans sur le thème de la roue mise en parallèle avec les cercles concentriques générés par le jet d'un caillou dans l'eau par exemple). Il était là dans le droit fil des théories surréalistes s'inspirant de la phrase célèbre de Pierre Reverdy (que cite Brunius dans son livre, p. 128 de l'édition originale des éditions Arcanes): "[L'image poétique] ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique..." (Nord-Sud, mars 1918). Des "rapports lointains et justes", on les illustrera par exemple par ce rapprochement juste des formes des différentes roues avec des ronds dans l'eau, matières et objets pourtant éloignés les uns des autres dans la réalité.
Lui qui fut admiratif de cinéastes comme Jean Renoir (avec qui il collabora comme assistant -dans La Vie est à nous- et comme acteur -dans Partie de Campagne et Le Crime de Monsieur Lange), ou encore René Clair, Alberto Cavalcanti, Walter Ruttman, ou bien Luis Bunuel (dont il fut l'assistant sur L'Age d'Or), rêvait en effet d'un cinéma qui devait permettre, dans la continuité des films des avant-gardes des années 20, d'apporter un souffle nouveau basé sur les rapports égalitaires et complémentaires entre images toutes faites, tournées par d'autres (exemples des images d'actualités), musique, bruitage, et sous-titres. Brunius, en particulier voulait réformer l'usage du commentaire dominant par rapport aux autres langages du cinéma (image, bruits...).
Dans Records 37, l'oreille du spectateur entend médusée ces mots, "Ni dieu, ni maître..." chantés en arrière-plan sonore (à moins que ce ne soit au premier plan?) sur un poème de Paul Valéry, alors que le film continue simultanément et imperturbablement de dérouler sa litanie d'émerveillement devant les améliorations apportées au monde moderne par les différentes techniques ingénieuses qu'il nous présente.
Le livre En marge du cinéma français dont maints chapitres ont été rédigés apparemment les années précédentes paraît déplorer que les recherches de montage, notamment de bandes d'actualités (comme dans Autour d'une évasion, où Brunius récupéra des images de Silvagni tournées en Guyane d'après l'enquête d'Albert Londres sur les bagnes, ainsi que les images rares, volées, filmées de derrière des persiennes entrebaillées par Gaston Chelle, opérateur de Pathé-Gaumont, montrant l'embarquement de bagnards à Saint-Martin-de-Ré dans les années 20 (ceci est révélé dans l'instructif et synthétique livret du DVD par Nathaniel Greene), images qu'il entrelaça à des séquences qu'il filma à Paris avec Eugène Dieudonné, ancien anarchiste ayant fréquenté la Bande à Bonnot et condamné injustement au bagne en Guyane), le livre de Brunius déplore que ses recherches de montage n'aient pas été reprises par d'autres. Cependant, au même moment (au début des années 50) les lettristes, tels Isou avec son Traité de Bave et d'Eternité où bande-son et bande-image se séparent à un moment du film de façon discrépante comme le qualifia Isou, ou tel Guy Debord qui fit au même moment des films sans images (Hurlements en faveur de Sade) puis par la suite dans ses films situationnistes des films de montage de bandes d'actualités et autres films tout faits, publicitaires entre autres, qu'il détournait, représentent à l'évidence des héritiers des théories cinématographiques de Brunius et autres surréalistes.
Alphonse Benquet, portrait de sa femme Marie, 1889, coll. Rassat, ph. Bruno Montpied (sculpture inédite)
Brunius qui ne s'en tint pas là, comme je ne cesse de le rappeler ici et là, devançant également Dubuffet et l'art brut par son film de 1937 Violons d'Ingres qui évoque diverses figures de l'art populaire comme le Facteur Cheval, l'abbé Fouré, Alphonse Benquet, Auguste Corsin, Alphonse Gurlhie, le Douanier Rousseau, divers artistes naïfs, associés à des figures excentriques populaires (le Diable Rouge), des inventeurs et des artisans populaires, tous représentants d'une persistance du génie de l'enfance se prolongeant à l'âge adulte. Autour d'une évasion, film d'une audace étonnante pour l'époque, puisqu'il traite dans la suite des enquêtes d'Albert Londres (voir son livre sur Dieudonné, L'Homme qui s'évada et celui sur les bataillons d'Afrique, Dante n'avait rien vu, réédités au Serpent à Plumes), des conditions faites aux bagnards, montre à un moment dans les mains de Dieudonné un rouleau de peau humaine conservé en raison des tatouages qu'il recèle, tatouages que l'on voit dans un autre passage du film, dans les images de Silvagni en train d'être apposés sur les bras et les épaules des bagnards par des compagnons d'infortune.
Dieudonné déroulant la peau tatouée dans Autour d'une évasion
L'opération de tatouage dans Autour d'une évasion
Il reste à espérer que ce DVD soit le premier d'une série qui ne pourra se limiter sans doute qu'à deux compilations, la deuxième se consacrant à ses films tournés en Angleterre après la Seconde Guerre. Car on sait que Brunius, fuyant les Nazis, alla vivre là-bas, revenant de temps à autre après guerre voir ses amis et parents sur le continent, continuant à fréquenter le cercle surréaliste notamment, jusqu'à sa mort en 1967, la veille d'une grande exposition surréaliste à Londres qu'il avait grandement contribué à organiser (on le voit témoigner sur Jacques Prévert dans le film de Pierre Prévert Mon Frère Jacques en 1966, rare moment de présence personnelle devant une caméra, en dehors de ses rôles de comédien).
D'autres films furent réalisés par lui durant sa période anglaise (j'en ai évoqué un, Somewhere to live, dans la note ici et là en lien), et notamment un film pour enfants, To the rescue (A la rescousse) en 1952, qu'il fit avec Richard Massingham que Pagliano présente comme "une sorte de pionnier, réinventant le cinéma pour son usage personnel", une sorte de "cinéaste du dimanche", bourré d'humour et d'esprit carrollien, goût qu'il partageait avec Brunius qui réalisa pour la radio française en 1966, un an avant sa mort, une émission fleuve d'environ huit heures sur Lewis Carroll (rediffusée en 1986 sur France-Culture : faudra-t-il attendre 2016 pour la réentendre? Qu'attend-on pour l'éditer en coffret?). Ce film fut apparemment la seule incursion de Brunius dans le domaine de la fiction, sorte de poursuite burlesque, nous dit toujours Jean-Pierre Pagliano, en hommage au cinéma comique des premiers temps. Il reçut le prix du meilleur film pour la jeunesse au festival de Venise 1953. On aimerait bien le voir...
A noter en bonus: le Palais Idéal d'Ado Kyrou (1958, déjà réédité en même temps que le film de Claude et Clovis Prévost sur le Facteur Cheval dans un autre DVD produit par le Palais Idéal de Hauterives), surtout une éclairante "rencontre autour de Brunius" au Lux, scène nationale de Valence (le 16/10/2010), avec Eric Le Roy (CNC, Archives Françaises du Film, Films de l'Equinoxe), Christophe Bonin, l'ancien directeur du Palais Idéal aujourd'hui nommé à d'autres responsabilités culturelles dans la Creuse, et Jean-Pierre Pagliano (rencontre que j'avais signalée en son temps sur ce blog), une "chronologie" de J-B. Brunius et un diaporama de photos de films et de dessins de Brunius.
21/04/2012
Info-Miettes (17)
Encore et toujours Marie Espalieu
Cette fois les petits bonshommes en bois brut de Mme Espalieu quittent le Lot et vont voyager en Aveyron. Le Musée des Arts Buissonniers à St-Sever-du-Moustier a décidé d'en héberger quelques échantillons. Voir ci-dessous l'affiche de l'expo.
Des vinyls peints au pochoir
Certes... Mais je ne sais pas ce que ça vaut... Il paraît que c'est Cosmo qui les a fournis. Bon, mais qu'est ce que les artistes Gorellaume et FMR en ont fait? Je vous invite à aller vérifier avant moi, car je ne sais si j'aurai le temps d'aller voir rue Keller (ça se termine bientôt). Dans la série, microsillons peints... Tu vois, Gilles Manero, tu n'étais pas seul.
Caroline Dahyot au centre G.Désiré, tout un programme...
Oui, je n'invente rien, Caroline Dahyot a exposé au centre G. Déziré à Saint-Etienne-du-Rouvray près de Rouen (c'était ultra-court, du 10 au 14 avril dernier, j'ai pas eu le temps d'armer le tir). C'est amusant comme jeu de mots, le nom de ce centre. Je suppose que cette conjugaison au passé ne concerne, chère Caroline, que les œuvres montrées à cette occasion.
Un grand photographe présenté à la Galerie Dina Vierny à Paris
Il n'y a plus beaucoup de grands photographes qui m'attirent. Une exception notable, Franck Horvat, dont chaque image me surprend et m'enchante. Voici une expo qui s'annonce à la galerie Dina Vierny à St-Germain-des-Prés. A ne pas manquer donc. Du 25 avril au 20 juillet. "Promenade à Carrare", cela s'appelle (le personnage dans la photo ci-dessous est peut-être taillé dans le marbre du même nom?).
Galerie Dina Vierny, 36, rue Jacob, Paris VIe. Vernissage le 24 avril de 18h à 21h.
Jardins n°3 sort en librairie...
Je crois avoir signalé ma participation au n° précédent de cette séduisante revue littéraire qui était consacré au "Réenchantement". Le thème du n°3 est le "Temps" cette fois. Un vernissage pour la sortie de cette troisième livraison est prévu pour le 25 janvier de 18 h à 22 h dans la nouvelle librairie du Sandre, celle de la maison d'édition qui édite la revue comme de juste (5, rue du Marché-Ordener, Paris XVIIIe).
Michel Zimbacca et Choses Vues présentent leur dernière production...
ET Marian Koopen au Musée de la Création Franche, ne pas oublier...
J'aime beaucoup le graphisme de cette dame batave, j'ai même acquis un de ses dessins. La voici qui s'expose à Bègles (à côté de Phil Denise Smith, un Américain proche de Cobra), et c'est l'occasion de découvrir cette écriture très personnelle, en dépit de son aspect enfantin proche des graffiti. Cela tient de l'inscription comme angoissée où l'on n'aurait pas pour autant oublié toute enfance du regard. Cette rencontre d'une certaine noirceur, d'une hantise des nouages peut-être aussi, avec le tracé pur et simple de l'enfant assure un charme certain à ce que dessine Marian Koopen, que le Musée de la Création Franche défend avec beaucoup de raison, je trouve. Voir ici la plaquette que le musée lui a consacrée à l'occasion de cette exposition, avec un texte de Gérard Sendrey.
(L'expo se tient du 6 avril au 20 mai)
Et tiens, ci-dessous, voici le dessin de Koopen dans ma collec'...
Marian Koopen, 20,5x16,5 cm, coll.BM
Et puis, en voici encore un autre, que j'avais photographié au musée de la Création Franche, très enfantin seulement celui-ci pour le coup...
Marian Koopen, Musée de la Création Franche, Bègles
00:16 Publié dans Art Brut, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés, Littérature, Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : maire espalieu, marian koopen, création franche, art brut, art singulier, vinyls peints, art modeste, caroline dahyot, photographie, franck horvat, jardins n°3, michel zimbacca, surréalisme et cinéma | Imprimer
01/04/2012
Une photo marteau
Trés étonnante photo qui est apparemment d'Etienne-Jules Marey, l'inventeur au XIXe siècle de la chronophotographie, telle qu'on peut la découvrir sur le riche site de Martine Houze, experte en arts populaires pour les ventes aux enchères (voir le lien que j'ajoute aujourd'hui dans ma colonne de droite)...
Elle paraît bien plus riche au point de vue plastique que d'autres du même photographe, mais pourquoi n'est-elle pas plus connue?
22:19 Publié dans Art populaire insolite, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : martine houze, folkcollection.com, objets de curiosité, étienne-jules marey, histoire de la photographie | Imprimer
02/03/2012
Albasser et Santé Mentale
Pour la seconde fois, Pierre Albasser, le célèbre dessinateur sur cartons d'emballage alimentaire bien connu, vient d'illustrer de ces merveilleux dessins à base de feutres et autres marqueurs usagés les pages de la revue Santé Mentale (ici le n°164 de janvier 2012). Voici trois portraits comme autant de variantes sur les commentaires que cette publication pourrait susciter.
1.Pierre Albasser par Geha, 2012. Professionnel de l'illustration. Mais est-ce un manifeste en sous-entendu?
2. Un doute s'installe?, ph.Geha
3. Une possible interprétation ; ph. Geha retouchée par Bruno Montpied
13:02 Publié dans Art singulier, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre albasser, art singulier, geha, revue santé mentale n°164 | Imprimer
29/02/2012
Rumours au MADmusée plutôt que Josef Hofer à la Collection de l'Art Brut à Lausanne
Si on devait m'obliger à choisir, dans une espèce de victoire à un improbable, très improbable jeu télévisé qui consisterait à envoyer ses participants visiter obligatoirement une exposition d'art brut, entre l'expo "Josef Hofer et le miroir" qui se tiendra à la collection de l'Art brut à Lausanne du 9 mars au 13 mai 2012 et l'expo "Rumours, Morton Bartlett/Lee Godie/Loulou/Miroslav Tichy" qui se tiendra au MADmusée de Liège du 10 mars au 6 mai, je sais que c'est la seconde qui recueillerait tous mes suffrages. Hofer, je n'arrive pas à m'y intéresser. Graphiquement surtout, car je trouve cela d'un insupportable misérabilisme ethétique. Peut-être que c'est le discours autour de ce personnage qui en fait tout l'attrait pour certains, mais la barrière du graphisme maigrichon me tient en deçà. Tandis que du côté de Liège, oui, c'est plutôt excitant avec ces deux grands voyeurs poétiques que furent Bartlett, avec ses poupées de plâtre qu'il photographiait dans un théâtre mental qui lui était propre (et qu'on connaît mal de ce côté de l'océan Pacifique), et Tichy, le bricoleur d'appareils photo qui saisissait au vol les jolies femmes désirables qu'il regardait à la dérobée. Lee Godie, dont on nous dit dans le dossier de presse qu'elle vivait dans la rue, faisait des portraits et des autoportraits photographiques tout en se proclamant "impressionniste française". Loulou, alias Louise Tournay, décédée en janvier 2010, est plus connue depuis que l'Aracine l'a présentée dans ses expositions et sa collecion.
(Illustration: La fille en robe jaune, galerie Julie Saul, New York)
10:49 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, josef hofer, collection de l'art brut, morton bartlett, lee godie, miroslav tichy, louise tournay, madmusée, photographie | Imprimer
11/02/2012
Art de rue
Montmartre, sept 2011, ph. Bruno Montpied
23:48 Publié dans Art immédiat, Art populaire contemporain, Paris populaire ou insolite, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art de rue, street art | Imprimer
04/02/2012
Info-Miettes (15)
Clovis Prévost expose à la Galerie Maeght
C'est commencé depuis le 19 janvier et cela se terminera le 17 mars. Le photographe et cinéaste Clovis Prévost présente son parcours de photographe, ainsi que quelques films dans une salle à part, à la galerie Maeght pour qui il travailla longtemps à son département cinéma, faisant des films avec des artistes défendus par la célèbre galerie (Adami, Pol Bury, Calder, Chillida, Arroyo, Monory, Miro, Tapiés, Ubac, etc.). On trouvera également quelques évocations de créateurs plus autodidactes et populaires comme Robert Garcet et sa tour d'Eben-Ezer, le Facteur Cheval, l'abbé Fouré, monsieur G.... Des graffiti ont aussi fait l'objet des recherches de Prévost, de même que les architectures de Gaudi à Barcelone. A noter que le lien, qui aurait dû mener l'internaute, sur le site web de la galerie, vers un communiqué de presse, ne fonctionne pas. Le Poignard Subtil vous en donne plus... Ayant reçu du photographe le dossier de presse, probablement le même que celui qu'on devrait trouver sur le site de la galerie, je me fais un plaisir de vous le procurer, si vous voulez bien cliquer ici. A noter encore que sur les pages d'accueil de la galerie, on se garde bien de mentionner nos chers inspirés bruts, pas encore assez présentables peut-être?
(Illustration: Monsieur G., devant son autoportrait dans le Sanctuaire des Lasers à Nesles-la-Gilberde, Seine-et-Marne, 1977)
Martine Lamy, déesse avec arbre et oiseau?
Jusqu'à présent, je n'étais pas trop amateur des créations de Martine Lamy. Je trouvais ses dessins de petites filles un peu trop sages (les dessins, mais aussi les petites filles?). Voici qu'elle expose sous le titre générique suivant, "L'arbre, l'oiseau, la déesse" au Centre Culturel de Saint-Yrieix (dont elle est native) dans la Haute-Vienne du 14 janvier au 10 mars. Je n'ai qu'une affiche/dépliant pour me faire une idée. Il ne paraît plus y avoir dans ces compositions, tantôt broderies, tantôt peintures, qu'une seule petite fille, probablement la "déesse" promise par le titre. Toujours la même, clonée dirait-on, bizarrement "figée" comme dit Claudine Goux qui préface l'exposition, fillette modèle dont l'impassibilité finit par inquiéter. Poupée qui ne paraît pas voir le décor autour d'elle changer de façon presque vénéneuse. La nuit l'entoure, les branches de l'arbre serpentent comme langues de plantes carnivores ou lanières de fouet. Cette imagerie devient donc un peu plus inquiétante, et du coup plus attirante.
Le Répertoire 2011 des Macchabées célèbres, tomes I, II, et tombe III, est paru...
Je crois avoir annoncé l'année dernière la parution de ces listes dessinées par Laurent Jacquy à Amiens, qui s'amuse à une comptabilité graphico-nécrologique passablement déprimante de toutes les vedettes qui ont passé l'arme à gauche dans le courant de l'année écoulée. L'année 2011 s'avère avoir été plus remplie que la précédente en cette matière. Laurent Jacquy le souligne dans une note de son excellent blog Les Beaux Dimanches. Offre de troc originale pour l'occasion, il propose l'échange de ces répertoires avec ceux qui lui enverront une représentation de leur cru d'une de ces vedettes trépassées. Avis aux amateurs...
La vie et l'œuvre de l'abbé Fouré aux Forges de Paimpont
L'association fondée par Joëlle Jouneau continue de faire voyager ses documents, articles, cartes postales anciennes, sur le fameux abbé dont elle déplore qu'on ne connaisse pas mieux la vie et la signification de ses sculptures semées en plein vent sur la côte de Rothéneuf ainsi que par le passé dans le petit musée de l'ermitage qu'il louait dans le bourg (voir ici le lien vers la note qui renverra au dossier que j'ai concocté en janvier 2010 sur le sujet). L'expo est prévue pour débuter le 11 février tout proche et cette fois c'est à Paimpont qu'elle va. Et non, ce n'est pas un village de pompiers...
Les rochers de Rothéneuf à marée haute, ph. Bruno Montpied, 2010
Et deux nouvelles expos au Musée de la Création Franche, Natasha Krenbol et Yvonne Robert
Natasha Krenbol, j'aime bien ce qu'elle dessine, et depuis déjà longtemps (c'est même moi qui l'ai présenté le premier au musée de Bègles, en janvier 1996 dans Création Franche n°12, texte intitulé par la rédaction "Pour Natasha Krenbol" alors que le véritable titre était "Pour Natasha la Krenbol"... comme on disait "la" Callas, car c'est un peu une diva en effet, Natasha...). Voici qu'elle arrive avec pour la première fois une expo personnelle au musée de la Création Franche, pourquoi si tard, le dossier de presse ne nous le dit pas. C'est une peinture avec des silhouettes obtenues par évidement ou cernage de formes peintes dans de premières couches puis laissées en réserve, une peinture où souffle la note bleue du jazz, avec des petits esprits espiègles comme les Totopioks empruntés je crois aux Inuits, mais aussi des ânes qui trottent entre deux lignes, entre deux graffitis ressemblant comme deux gouttes d'eau à des improvisations au saxo. On pense aussi à Klee de temps à autre, lui qui était aussi pas mal obnubilé par la musique. Natasha exposera une centaine d'oeuvres au rez-de-chaussée du musée, peintures, dessins, et des planches de timbres également.
Natasha Krenbol, "Nous deux", technique mixte (extrait de la plaquette que lui consacre le musée)
Avec elle, à Bègles, on retrouvera aussi la chroniqueuse plus ou moins moqueuse de sa campagne, Yvonne Robert, nonante ans en juin de cette année, que l'on a rangée dans l'art brut, mais qui pourrait tout aussi bien figurer dans l'art naïf contemporain. Elle, c'est sa quatrième expo à Bègles! 60 peintures acryliques et 20 à l'huile, le tout récent.
Yvonne Robert, acrylique sur papier, 2011 (extrait de la plaquette que lui consacre le musée)
Comme d'autres raconteurs ruraux, elle croque ses voisins, les habitants de son pays vendéen, et a une prédilection aussi pour ceux qui ne font que passer en revanche, tout au contraire de ces sédentaires, à savoir les Gitans, les Romanichels, les Bohémiens, les Tziganes, les Roms, dont elle a tiré plusieurs fois le portrait dans des variantes multiples.
Pour tout savoir sur ces expos qui se tiendront du 3 février au 18 mars 2012 au musée de la Création Franche, lire ici le dossier de presse.
Des connivences dans le Marais
Au 15, rue de Thorigny, où gîte l'espace Topographie de l'Art, on nous annonce du 4 février (vernissage le 9) au 15 avril avoir aperçu des "connivences secrètes" entre les artistes Anémone de Blicquy (connais pas), Dado (connu, lui), Richard Greaves par l'entremise du photographe Mario Del Curto, Louis Pons, Judith Scott, Ronan-Jim Sévellec (des mises en boîte) et Davor Vrankic (connais pas non plus). Cette galerie avait déjà exposé par le passé l'excellent Marcel Katuchevsky.
23:59 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : martine lamy, clovis prévost, galerie maeght, monsieur g., abbé fouré, laurent jacquy, macchabées célèbres, joëlle jouneau, ermite de rothéneuf, création franche, natasha krenbol, yvonne robert, art immédiat, art brut, art naïf, totopioks | Imprimer
04/10/2011
Un Monch et un Paillard s'exhibent à Montreuil
Hasard du calendrier et des événements, deux créateurs fort inventifs vont bientôt pouvoir montrer aux curieux leurs productions que personnellement j'apprécie déjà hautement, sans attendre l'assentiment général. Dans la même ville, le même week-end, c'est-à-dire dans le XXIe arrondissement de Paris à Montreuil-sous-Bois.
Cela se passera les 15 et 16 octobre après-midi pour Serge Paillard, 12, rue des Sorins (c'est près du métro Croix-de-Chavaux). C'est dans le cadre des portes ouvertes des ateliers d'artistes de cette bonne ville. Serge Paillard expose depuis quelques années les images qu'il confectionne de retour de ses explorations dans un pays imaginaire créé par lui, la Patatonie. On nous promet rue des Sorins que l'on pourra à nouveau observer des "merveilles archéologiques" venues de cette Patatonie, "objets divers, gravures galactiques, empreintes pariétales, spectres circonspects, autant de fenêtres sur l'infini peaufinées par un vitrier hors circonstance, artiste extravagant, métaphysicien en culotte courte" (Jean-Claude Leroy). Peut-être seront-elles assez semblables aux dessins à l'encre ci-dessous.
Serge Paillard, Pomme de terre dite de la petite lampe, 2007
SP, Pomme de Terre en Cosmos, 2007
Ces Portes Ouvertes sont donc également un autre prétexte d'exhibition pour les travaux photographiques de Monch, que j'avais découverts je ne sais plus trop comment, par son intermédiaire direct je crois, par mail, voici déjà quelque temps. J'aime beaucoup le travail de celui-ci, tel qu'on peut le découvrir sur son site web. Surtout parce qu'il travaille sur les formes naturelles, des pierres ou du bois, faisant des séries de photos non retouchées des formes visionnarisées dans la nature (l'angle de vue, et l'instant où l'éclairage est propice, sont autant de "retouches" apportées au réel, ce qui remet quelque peu en cause l'aspect de "non retouché" absolu, qui est une vue de l'esprit en définitive ; il y a finalement toujours une projection de l'esprit du photographe). Ces visions naturelles, il les appelle des pareidolies, je ne connaissais pas le mot (pour la définition, allez faire un petit tour sur Wikipédia). Monch, connaissant les limites de l'objectivité humaine en matière de regard, compose aussi des séries de photos sciemment retouchées (mais si peu). Le photographe joue alors à se mesurer davantage avec l'inconscient naturel dans lequel il avait commencé à se plonger avec innocence (mais y a-t-il un inconscient naturel?).
Monch, Mais où est passée Mère-Grand
Une autre série sur le site de Monch concerne des portraits interprétés, réalisés à partir de photos que lui ont confiées volontairement divers amis ou relations. Je me suis personnellement prêté au jeu. Un des résultats de la métamorphose que m'a fait subir Monch est paru dans la revue L'Or aux 13 îles n°2 dont je parlerai bientôt sur ce blog. Voici l'autoportait de Monch de cette série:
Monch, Retour aux racines...
Comme on le voit, amateurs de poésie naturelle et autres pareidolies, le monsieur a un certain talent qui mérite un petit détour par Montreuil. Monch, 14h-20h, 15-16-17 octobre (vernissage le 15, à partir de 14h), à l'Usine Chapal, 2, rue Marcellin Berthelot, Esc. D, 4e étage, M° Crois-de-Chavaux, Montreuil.
Annonce expo Monch, "Emoi, émoi, émoi"
00:06 Publié dans Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : monch, poésie naturelle, pareidolies, photographie modifiée, serge paillard, art singulier, patatonie | Imprimer
02/08/2011
L'un dans l'autre
18:19 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bruno montpied, voyage | Imprimer
28/05/2011
Du côté des créatifs: Coco Fronsac et ses images cuisinées
Grâce à l'ami Philippe Lalanovitch, j'ai été mis sur le rail qui mène au blog aux multiples et variés albums d'images créées par Coco Fronsac, artiste qui manipule les objets et les images, la plupart chinés dans les brocantes qu'elle paraît hanter. Voici la liste de ces albums dans lesquels il est fort instructif d'aller zig-zaguer: Vision négative, les ex-voto de Coco Fronsac, les photos spirites de Coco Fronsac, the Zelda's sexy-girls, La mort n'en saura rien, les reliquaires de Coco Fronsac, Vive la mariée, les Momies de C.F., les poupées de C.F., les chamanes de C.F., l'érotisme sous globes de C.F., une image dans une autre par C.F., le cabinet de curiosités de C.F., les collages de C.F., les petites filles modèles de C.F...
Coco Fronsac, Quand est-ce qu'on mange?, collage, "une image dans l'autre"
Une des techniques préférées de l'auteur est le collage, par exemple du positif sur des négatifs, ou bien un fragment d'image posé sur une autre dans laquelle elle introduit un vacillement du sens, soutenu par un goût sans faille des accords de couleurs. Le "collage" peut s'exécuter aussi par le détour d'un gouachage plaqué sur des têtes de personnages qui posent sur des anciennes photos en noir et blanc dont l'artiste paraît avoir une collection illimitée. On est là à nouveau dans un goût de la modification moqueuse, et de la démystification, genre prisé de beaucoup d'artistes modernes (il y aurait d'ailleurs un beau projet d'exposition à monter sur ce thème, le "détournement et la modification dans l'art").
Coco Fronsac, "St-André Breton", ex-voto
Coco Fronsac, le facteur, ex-voto
Mais le collage s'étend aussi à la troisième dimension par des "reliquaires de voyage", des hommages à diverses figures tutélaires (dont l'André Breton que je lui emprunte ici, ou un Facteur Cheval) qu'elle appelle "ex-voto" ; des globes érotiques, des fausses pièces d'art premier, etc. La peinture est aussi mise à contribution dans son "cabinet de curiosités" où des portraits voulus bizarres évoquent parfois un art forain super-déviant.
Coco Fronsac, Curiosités
On sent que toute l'imagerie ancienne pourrait par contamination progressive passer ainsi à la moulinette de Coco Fronsac...
Coco Fronsac expose à Paris prochainement, expo "Chahut" à la galerie UN LIVRE UNE IMAGE (consacrée à la photographie), 17, rue Alexandre Dumas, Paris XIe. Du 10 juin au 2 juillet, vernissage le 9 juin de 16h30 à 21h. TLJ sauf dimanche de 14h à 19h.
17:02 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art singulier, Confrontations, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : coco fronsac, images modifiées, modification et détournement, collage, reliquaires, poupées, photographie spirite, ex-voto, andré breton, facteur cheval | Imprimer
15/05/2011
Les murs de Brassaï à Dubuffet
Grande première salle de la galerie Karsten Greve
Plus que quelques jours pour aller jeter un coup d'oeil sur l'exposition "Brassaï et Dubuffet" à la Galerie Karsten Greve (5, rue Debelleyme dans le IIIe ardt parisien) puisqu'elle se termine le 21 mai. Cela dit, on y trouve surtout de nombreuses photos des magnifiques graffiti que Brassaï captura depuis les années 1930, et un peu moins d'oeuvres de Dubuffet mises en regard, ce qui au départ paraissait pourtant promis par le prospectus de la galerie. Car c'est bien ce rapport très présent dans les années 40, où Dubuffet suivait de prés les relevés photographiques de Brassaï , qui est le sujet de cette exposition.
Brassaï, Graffiti de la Série V, Animaux: chimère, 1933-1956, tirage argentique, 50,8 x 40cm
On y trouve ainsi les planches du poème de Guillevic sur "les Murs" (1945) illustré des lithographies de Dubuffet qui pointent très noires des murs lépreux où se lisent des graffiti recopiés avec application par l'inventeur de l'art brut, à côté des pisseurs ci-contre par exemple. Le prospectus de la galerie avec raison rappelle en hélléniste conséquent que lithographie veut dire gravure sur pierre. Ce qui était pour Dubuffet un moyen parmi d'autres de s'affronter lui aussi avec le mur dont les incisions expressives populaires allaient le ravir à la suite de Brassaï. Il démarque à l'époque les bonshommes aperçus au hasard de ses promenades dans un Paris où les galeries et les musées ne montraient plus grand chose sous l'Occupation (les murs des rues devenaient par contraste une galerie alternative à ciel ouvert ; ci-contre un "Personnage" de Dubuffet datant de 1944, fait à "l'encre d'Inde sur papier, 26 x 21 cm", exposé à la galerie). Le mur l'inspira de plus non seulement pour ses graffiti mais aussi pour ses textures, comme le montre un tableau placé à l'entrée de la très belle première salle de la galerie (quel espace!).
Jean Dubuffet, Langage des caves XI, 1958, Huile sur toile, 90 x 116 cm, (exposé à la galerie Karsten Greve)
Si on n'a pas le temps de passer à la galerie, faute à mon retard à vous en parler, on se rattrapera en allant dénicher en librairie ou bibliothèque les Graffiti de Brassaï parus naguère chez Flammarion (en 1993 déjà), ou bien encore le catalogue Brassaï, la maison que j'habite de la très bonne exposition qui a tourné entre Nantes et Nancy de septembre 2009 à mai 2010, et qui parlait des maints aspects de la création chez Brassaï qui nous ravissent (poésie naturelle, objets, "transmutations", collages, graffiti, photos insolites d'atelier, nus, etc.).
Bruno Montpied, graffiti sur un platane à Bordeaux, 2010
19:41 Publié dans Art moderne méconnu, Graffiti, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brassaï, dubuffet, graffiti historiques, graffiti gravés, inscriptions sur les murs, écrits populaires, art enfantin, galerie kirsten grave | Imprimer
03/05/2011
Rémy et Bruno virent du côté de la librairie Libralire
Jeudi 5 mai, retenez cette date si vous n'en avez pas déjà assez de venir rencontrer Remy Ricordeau et moi-même autour du film Bricoleurs de paradis (le Gazouillis des éléphants) et du livre Eloge des jardins anarchiques. Nous ferons une projection au sous-sol de la librairie à partir de 18H30. Puis si les questions fusent, on fera un débat avec le public présent. Petite nouveauté dans le cadre de cette présentation, j'ai installé sur les murs de la librairie une mini expo de quinze photos de sites d'art brut, tirées au format 21 x 29,7 cm. Des affiches de format nettement plus grand complètent l'ensemble, de façon à frapper l'attention des visiteurs de la librairie. L'expo dure jusqu'à fin mai.
Emile Taugourdeau, 1991, photo Bruno Montpied
Voici la liste des créateurs dont l'oeuvre ou le portrait s'affichent actuellement sur les murs de la librairie : Fernand Châtelain (2002, avant la restauration du site), Jean Grard, Bohdan Litnianski, Arthur Vanabelle, Pierre Darcel, Alfonso Calleja, Emile Taugourdeau, Raymond Guitet, André Gourlet, René Escaffre, Baptistin Pastouret, M. Clément, Louis Licois, Alexis Le Breton, Bernard Aubert, André Pailloux.
Bernard Aubert, Maine-et-Loire, 2009, photo BM
La librairie Libralire se situe au 116 de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt à Paris.
11:00 Publié dans Cinéma et arts (notamment populaires), Environnements populaires spontanés, Photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bruno montpied, remy ricordeau, eloge des jardins anarchiques, le gazouillis des éléphants, environnements spontanés, cinéma et arts populaires | Imprimer
02/05/2011
Empreintes au Monte-en-l'air
Mystérieux ce titre, n'est-il pas? En réalité, Empreintes est le titre d'une revue imprimée avec entêtement en noir et blanc depuis quelques lustres déjà par l'animatrice de la galerie l'Usine, à Paris dans le XIXe ardt, Claude Brabant. Et Le Monte-en-l'Air est le nom d'une librairie sise dans ce même district, à Ménilmontant. Tout est expliqué dans le carton ci-dessous:
Tout? Enfin pas tout à fait. Faudrait peut-être donner l'adresse (et puis le lien vers la librairie où on la voit avec le plan pour y aller). C'est au 71 rue de Ménilmontant et au 2 rue de la Mare (ça fait un angle entre les deux rues je pense). Avis aux lecteurs du Poignard, m'est avis que l'aigre de Meaux devrait rôder dans le coin mardi soir...
15:16 Publié dans Littérature, Photographie, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : empreintes n°17, claude brabant, galerie l'usine, le monte-en-l'air, joël gayraud | Imprimer