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18/10/2016

Signature à l'Outsider Art Fair du 4e titre de la Petite Brute par Bruno Montpied, "Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles"

       Je fais une pause dans l'accrochage de l'exposition que j'organise à St-Ouen dans la galerie Amarrage ("Aventures de lignes", rappel : le vernissage c'est ce samedi 22 à partir de 15h, jusqu'à 19h, au 88 rue des Rosiers).

Couv livre Vinsard.jpg      Jeudi 20 octobre, dans deux jours donc, j'irai à la première journée de l'OAF (en français, ça donne le "Salon de l'art brut - et apparentés", ce qui nous parle tout de même davantage que le jargon américain, en plus, "OAF à de (vieilles) oreilles françaises, ça sonne tout près de "OAS", acronyme de sinistre mémoire...). Je serai en effet présent sur le stand de la librairie de la Halle Saint-Pierre qui me donne aimablement l'hospitalité. Je dédicacerai mon livre sur Marcel Vinsard, inspiré du bord des routes dont l'environnement, qui détenait le record du nombre de statues naïvo-brutes en plein air, vient juste d'être démantelé et dispersé, suite à son décès le 23 juillet dernier.

Portrait Marcel Vinsard (2).jpg

Marcel Vinsard en ses œuvres, photo Bruno Montpied, juillet 2013 : Adieu, Marcel...

 

    C'est le 4e titre de la collection la Petite Brute, collection, qui, soit dit entre parenthèses, cherche désormais un autre éditeur, capable de la reprendre. Son premier éditeur, l'Insomniaque, jette en effet l'éponge...

15/10/2016

Gérald Stehr ne voit que du bleu, expo chez KO21, rue Haxo

      "KO, rue Haxo", on dirait un titre pour roman noir, n'est-il pas? Et pourtant, rien à voir... Ou plutôt si, il y a quelque chose à voir : les toiles rorschachiennes de Gérald Stehr, notre ami peintre visionnaire périodiquement épris de gigantisme pictural. KO 21, c'est le nom de la galerie qui l'expose en ce moment jusqu'au 22 octobre (tiens, c'est justement la date du jour où débute l'exposition collective que j'organise à St-Ouen, voir note à paraître le 18 octobre)... Quelle organisation sans faille...). Rue Haxo, c'est dans le 20e ardt, pas loin de la Porte des Lilas. Oui, rencontrer la création contemporaine inventive nécessite un certain goût du labyrinthe urbain...

Trois peintures rorschachiennes chez KO21 (2).jpg

Gérald Stehr, galerie KO 21, octobre 2016, ph. Bruno Montpied

 

     Gérald Stehr aime nager dans le bleu d'où il fait surgir ses figures de rêve ou de cauchemar, ses "homo rorschachiens", à roulettes ou non, hybrides parfois, greffés d'éléments zoomorphes, ou parfois comme repêchés d'on ne sait quels fonds marins d'exploration subconsciente, quelquefois aussi juxtaposés à des textes manuscrits qui leur composent un fond (ce que je goûte moins, en ce qui me concerne, préférant les figures seules sur fond uni, bien plus frappantes).

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Gérald Stehr, "Homo rorschachien" qui sera exposé à la galerie Amarrage bientôt, à partir du 22 octobre, ph. B.M., 2016

 

     On l'aura reconnu, Stehr utilise le fameux pliage symétrisant les taches d'huile (ou d'acrylique?) bleue, que l'on connaît plus communément sous le nom de "test de Rorschach". Il a réussi à l'étendre à de grandes surfaces et à des supports toilés, où viennent s'ébattre ses poulpes humanoïdes, ses escargots dubitatifs, ses insectes hypnotiseurs, ses monstres aux origines mythologiques imaginaires (ou non), découverts dans le pays de Rorschachie (qui a peut-être des frontières limitrophes avec la Patatonie du Lavallois Serge Paillard ? ).

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Gérald Stehr, "Homos rorschachiens" se multipliant à la galerie KO 21, ph.B.M., oct. 2016

 

Gérald Stehr, exposition "Et par trois fois vainqueur...", galerie KO21, 78 rue Haxo, Paris 20e ardt. Du 6 octobre au 22 octobre 2016. 

13/10/2016

Eloge des jardins anarchiques, deux exemplaires qui s'attardent...

      Pour les amateurs qui cherchent encore mon livre, Eloge des jardins anarchiques, désormais épuisé chez l'éditeur (l'Insomniaque), je signale avoir vu ce jour, dans la Librairie des Jardins, à l'entrée des Tuileries (côté Concorde), à Paris bien entendu, deux exemplaires du livre, en bon état, et qui traînaient encore, cinq ans après sa sortie, parmi les autres livres traitant des jardins (ce avec quoi mon propre ouvrage n'entretient que des rapports lointains)... Avis, donc, à ceux qui le cherchent et se plaignent de ne pas le trouver.
 

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La librairie en question, qui dépend du musée du Louvre, apparemment...

 

     J'en profite pour préciser qu'il n'est pas au programme d'en éditer un troisième tirage, car l'année prochaine sortira mon autre projet sur le même thème, une tentative d'inventaire des environnements spontanés populaires en France, qui devrait être un gros livre destiné à s'intituler Le Gazouillis des éléphants (pour ceux  que ce titre intriguerait, je préciserai que l'éléphant apparaît,  en raison de sa présence dans de très nombreux sites, comme la mascotte des Inspirés  du bord des routes...).  Dans ce prochain ouvrage, il y aura beaucoup plus d'environnements représentés que la petite trentaine de sites qui étaient dans l'Eloge... J'en reparlerai bien sûr, le moment venu.

08/10/2016

Marjolaine Larrivé, l'Aubrey Beardsley de la savonnette sculptée

      Ça m'énervait, je n'arrivais pas à retrouver le nom de ce sculpteur sur savon, particulièrement brut dans la facture, que j'avais découvert à une exposition à la Halle St-Pierre voici quelques années... Et puis ça m'est revenu... Jeffrey Hill, un Américain de New-York, taulard, qui, pour s'occuper et exprimer ses désirs d'homme enfermé avait ciselé des savons avec un incontestable sens de la stylisation et de l'ambivalence des formes, réussissant des scènes érotiques réalistes (le savon implique, peut-être avant tout, des rêves d'amour, par l'évocation des soins corporels?) qui simultanément présentaient une géométrisation à la limite du pictogramme et du symbole.

Jeffrey Hill scène d'amour à trois coll sz, hey n°6, juin 2011.jpg

Jeffrey Hill, la même sculpture sur savon, vue sous deux angles différents, représentant une scène d'amour à trois ; ph. extraite de la revue Hey! n°6, 2011, se référant à l'exposition des œuvres de Jeffrey Hill dans l'exposition, la même année, à la Halle Saint-Pierre, "Sous le vent de l'art brut: la collection Charlotte Zander"

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Marjolaine Larrivé, Impalas (qui sont des antilopes ; à noter que seuls les mâles ont des cornes en forme de lyre chez les impalas, paraît-il, mais ici, l'artiste semble avoir fait exprès de renverser la proposition à l'occasion de ses créatures hybrides, à la fois humaines et animales) ; carton d'invitation à l'exposition "Secrètes savonnettes" à la galerie Dettinger du 8 octobre au 29 octobre 2016 

 

     Je cherchais à retrouver ce nom et cette occurrence, parce qu'en passant récemment à la galerie Dettinger, place Gailleton, à Lyon, son animateur me parla de sa prochaine exposition consacrée à l'œuvre de "Secrètes savonnettes", alias Marjolaine Larrivé. Rien que son prénom, déjà, fleurait bon le matériau employé. Je me dis, logiquement, qu'il y avait un dossier sur le savon sculpté à ouvrir sur ce blog. Comme me le confia l'artiste, une fois celle-ci contactée, la sculpture sur savonnette existe depuis fort longtemps, depuis au moins le XIXe siècle lorsque des concours de sculpture sur des matériaux insolites (savons, mais aussi marrons...) étaient organisés auprès de la population , sans doute par des magazines du style le Magasin pittoresque, Lectures pour tous, ou La Nature.

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Marjolaine Larrivé, les mêmes impalas, éclairés par derrière...

 

      Cette artiste, basée sur Lyon, utilise le savon dans un style plus baroque et moins brut que Jeffrey Hill, elle joue par exemple des transparences en mettant une lumière derrière ses œuvres. Elle avoue aussi être grandement admiratrice des illustrateurs fin XIXe ou début XXe (Beardsley? Edmond Dulac? Pour Beardsley, c'est particulièrement vérifié dans certaines affiches qu'il lui arrive également de réaliser, car Mlle Larrivé est illustratrice à côté de ses savonnettes). La mollesse et la tendreté du matériau incline probablement le sculpteur à la virtuosité et à une précision bénédictine digne des chefs-d'œuvre de compagnons.

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Marjolaine Larrivé, Daphné en lauriers, image en provenance du site web de l'artiste ; cette dernière apporte un soin particulier à la mise en valeur de ses savonnettes ciselées en les incluant dans des boîtes

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Marjolaine Larrivé, Silver III, photo extraite du site web de l'artiste (comme la précédente)

 

      Et puis, pour prolonger un petit peu plus loin la connaissance de cette jeune artiste lyonnaise, et l'entendre parler de la "douceur lyonnaise" et de sa difficulté, dans les débuts, de se dire "plasticienne", difficulté que je partage avec elle, je dois dire, même à mon âge bien plus élevé... on regardera la vidéo ci-dessous:


Vidéo, source YouTube, auteur: Résonance Chronique ; au début légère introduction à propos de l'exposition d'œuvres de Marjolaine Larrivé à la Demeure du Chaos... La musique est grandiloquente, mais ça ne dure pas très longtemps, l'interview de l'artiste dans son atelier suit très vite...

 

L'exposition des savonnettes de Marjolaine Larrivé s'accompagne d'une autre consacrée  à des dessins de Béatrice Elso (même durée d'exposition). A signaler aussi que dans le dernier numéro de Hey! (n°27 je crois), paru très récemment, le travail de Marjolaine Larrivé a fait lui aussi l'objet d'une note, comme dans le cas de Jeffrey Hill, cinq ans plus tôt, ce qui a ravi l'artiste, m'at-elle confié...

03/10/2016

Gilbert Peyre, quand les objets s'amusent sans les hommes...

       La nouvelle grande exposition d'automne de la Halle Saint-Pierre à Paris s'est ouverte récemment sur le théâtre d'objets et les automates de Gilbert Peyre, un ancien artiste de Montmartre qui avait autrefois son atelier non loin de la Halle à Montmartre, rue Durantin. Les deux niveaux de la Halle lui sont consacrés, et pour une fois, il n'y a pas de différence de qualité d'un étage à l'autre (c'est parfois en effet meilleur en bas, ou supposé tel...).

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Gilbert Peyre, Danseuse du ventre, électromécanique, 1985, ph. Bruno Montpied, 2016

 

      Je suis resté un peu sur ma faim, je dois dire, en visitant en avant-première l'exposition. Serai-je devenu trop blasé? Bien sûr, il doit y avoir de cela, un béotien découvrant pour la première fois cet ensemble d'œuvres d'art automatisées (ou pas), fait de bouts de fils de fer et d'autres matériaux récupérés, serait bien entendu tout ébaubi. Ah, on peut faire ça, se dirait-il, émerveillé ? Ce serait oublier les coups d'essai préalables, le cirque de Calder  des années 1930-1950 (merveille de poésie précaire qu'ont restituée deux cinéastes dont Jean Painlevé, déjà cité sur ce blog)DVDCirque Calder.jpg, les œuvres des années 1970 de Roland Roure, ou bien le manège de Petit-Pierre sauvegardé à la Fabuloserie. Si on peut trouver une beauté étrange aux sculptures "électromécaniques ou électropneumatiques" de Gilbert Peyre, il reste qu'elles prennent avant tout plus de charme lorsqu'elles s'animent. Même si toutes ne relèvent pas d'une inspiration égale. Certaines ne s'élèvent pas au-delà d'une plaisanterie de type potache, comme celles qui s'intitule "Aquarium" (1990) et "Nounours pisseur" (2010-2016). D'autres font dans le style fantastique, du type "ange exterminateur" de Bunuel (où une main se déplaçait toute seule), voir "Le  bras" de 2010-2016.

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Détail de "l'Aquarium" de Gilbert Peyre ; les boîtes de sardines se déplacent comme poissons rouges dans un aquarium... Oui, bon... ; ph. B.M.

 

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Gilbert Peyre, Le Bras ;  un bras détaché se déplace seul... Avec une belle main comme en cire... ; ph. B.M.

 

      Le meilleur dans l'exposition est plutôt à rechercher du côté des théâtres d'objets, ou de ce que l'artiste appelle une "SculpturOpéra". Là, on va beaucoup plus loin et l'on atteint à quelque chose de profond et, disons-le, d'inquiétant. Car cette entreprise, où Peyre déchaîne les objets, les poupées décapitées, les armoires batttantes, les lapins naturalisés en folie (réminiscence du lapin en retard d'Alice au Pays des Merveilles sans doute?), paraît prophétiser un univers proche où les objets auront pris le pouvoir, une fois peut-être que l'homme aura achevé de leur greffer des cerveaux électroniques aux performances d'intelligence plus sophistiquées que celles qu'il peut se permettre lui-même. Les théories transhumanistes venues d'Amérique semblent le confirmer : des robots perfectionnés vont venir, remplaçant les hommes. N'ayant plus d'affects ni d'émotions, n'ayant plus besoin d'air, de nourriture, mais juste d'énergie, leur intelligence leur permettant de veiller à leur maintenance éternelle, ils pourront aller coloniser les étoiles, une fusée plantée dans le derrière... Et nous abandonner à notre pauvre boulet de chair pantelante...

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Gilbert Peyre, une poupée digne de Chucky? (Elle n'était pas animée lors de mon passage), ph. B.M.

 

      C'est ce à quoi je méditais en contemplant les extraits de films projetés dans une salle du rez-de-chaussée, comme "Le piano" (réalisation Eric Garreau, 2011 ; le film montrait "La petite forme", une première étape de la sculpturOpéra, "Avant le combat - version originale"), ou l'animation au premier étage de la sculpturOpéra intitulée "Cupidon propriétaire de l'immeuble situé sur l'Enfer et le Paradis", qui était une présentation réduite par rapport à la représentation intégrale (de 60 minutes) qui a tourné en divers lieux théâtraux, avec des acteurs incorporés à des déguisements animés, jouant des rôles paraissant ridiculiser l'homme justement (voir ci-dessous un bout de film visible à son propos sur YouTube).

     

 

"Cupidon", SculpturOpéra de Gilbert Peyre, Vidéo 3'43, Bâle, Septembre 2011

 

       L'intelligence artificielle triomphante, les anti-humanistes (je me demande parfois si la Halle St-Pierre ne leur fait pas trop souvent les yeux doux) pavoiseront, leur homme vu comme un super-prédateur qui fait tout mal sera sur le point d'être rangé aux poubelles de l'histoire (qui sera pour le coup bien achevée, puisque les robots auront-ils encore besoin d'une histoire, en dehors d'un simple archivage de faits bruts?). Le singe perfectionné sera enfin proclamé roi.


Gilbert Peyre, Singe...

 

Expo "Gilbert Peyre, l'électromécanomaniaque", du 16 septembre 2016 au 26 février 2017 (c'est long...), Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard, 75018 Paris.

28/09/2016

Silburn et Mooky, Régis Gayraud mène l'enquête

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Silburn, Souvenir de Fresnes, 28-7-1940, coll. et photo Régis Gayraud

 

      J’ai déniché ce petit tableau il y a un peu plus de deux ans, aux Puces des Salins de Clermont-Ferrand. L’hiver, j’y passe presque chaque dimanche et n’y repère pas grand-chose, mais ce matin-là, cette œuvre sous verre modestement encadrée de ruban adhésif rouge m’a attiré par son aspect inhabituel sur un stand encombré de toute sorte de vieilleries comme on en trouve partout, pots à lait, rouets, vieux verres, cendriers, portemanteaux… Je ne connaissais pas le vendeur et ne l’ai jamais revu, et comme de juste, quand je lui demandai la provenance de cette œuvre, il me répondit qu’elle avait été tirée d’un grenier après un décès, « sur Clermont », qu’il en ignorait l’auteur mais qu’il se renseignerait et pourrait m’en dire davantage une fois prochaine, ce qui, bien sûr, n’était qu’une manière d’éluder la question sans avouer son incapacité.

      Plusieurs choses m’ont séduit dans cette image dessinée à l’aquarelle et, semble-t-il, au tire-ligne, sur un papier assez fin de médiocre qualité, qui s’est révélé ensuite adossé sur un morceau de carton publicitaire (apparemment, pour une revue technique automobile) réemployé comme fond, au dos duquel on avait collé une attache pour l’accrocher à un mur. C’était, tout ensemble, l’aspect général, cette imagerie précise, détaillée, et ingénieuse dans son naïf savoir-faire (le rendu du métal du seau, celui de la lampe, la forme précise des supports de l’étagère, par exemple), l’harmonie des couleurs sourdes, convenant parfaitement à l’atmosphère, cette atmosphère même, démoralisante, angoissante, et enfin, bien sûr, ce que racontait le tableau, qu’expliquaient les textes qui l’accompagnaient, et en faisaient pour ainsi dire un monument historique. Le personnage représenté était sans doute ce Mooky dont le nom apparaissait sur la valise placée devant lui en guise de table. Le même nom se trouvait signer la proclamation écrite en bas au crayon rouge comme un titre : « Quand j’étais victime de la guerre. Captif des Allemands, la prière et l’amour soutenaient mon courage ». A gauche, sur le lit, la mention « Souvenir de Fresnes 28/7/1940 » faisait surgir dans mon souvenir que la Gestapo incarcérait à Fresnes, dès 1940, toute sorte de récalcitrants. La signature n’était pas totalement lisible.

       J’ai acheté ce tableau pour une somme modique. Chez moi, j’ai tôt fait de découper légèrement le ruban adhésif pour séparer le tableau de son cadre, à la recherche d’une indication. Au dos, je découvre la mention d’une adresse, au crayon, où le nom de l’auteur de la peinture, jusque-là conjecturé, est cette fois clairement orthographié : « J. Silburn 59 A avenue Horace Vernet Le Vésinet S. & O. » Je remarque aussi que l’inscription en rouge signée par le nommé Mooky n’a pas été écrite directement sur le papier qui supporte le dessin, mais sur un autre papier plus grossier qui est collé au bord inférieur de celui-ci. J’en déduis que le tableau dessiné par Silburn et représentant Mooky a été offert par son auteur à ce même Mooky, qui, l’ayant accroché chez lui, y a ajouté son commentaire. Et j’imagine alors que Mooky et Silburn étaient compagnons de cellule, à Fresnes, en juillet 1940. La précision de la date, et aussi l’abondance de détails me suggèrent que le dessin n’a pas été réalisé de mémoire, mais a été fait là, dans cette geôle infâme. Mooky posait, et le temps de la pose était comme une pause dans l’horreur, pour le dessinateur qui travaillait comme pour le modèle qui affirmait sa dignité. L’émotion me prend à l’idée que je tiens entre les mains le témoignage d’un compagnonnage d’angoisse qui a pris tout son temps pour, ce matin, sur l’étalage d’un brocanteur négligent, me trouver.

      Par sa méticulosité, on dirait que l’artiste s’est ingénié à instaurer chez son compagnon et lui-même une sérénité qui voulait dire : « Nous survivrons ! ». Mais qui était-il, ce Silburn, capable, au moment d’être arrêté, de prendre avec lui sa boîte d’aquarelle ? En cherchant « Silburn Le Vésinet » sur l’Internet, je trouvai assez vite plusieurs mentions d’une Lilian Silburn, née à Paris en 1908 et décédée au Vésinet en 1993. Ce n’était pas n’importe qui. Directrice de recherches au CNRS pendant de longues années, elle était une indianiste réputée, sanskritiste, spécialiste du shivaïsme. Sur elle, on a écrit un livre, et elle-même en a écrit plusieurs. Initiée au soufisme, la scientifique était aussi une mystique, maillon dans une chaîne de maîtres et de disciples, et il semble qu’au Vésinet, autour d’elle, se soit aggloméré un petit groupe d’admirateurs fervents unis par ces exotiques croyances. Mais n’oublions pas que l’initiale du prénom portée sur le tableau est J. Je trouve alors une possible solution sur un site de généalogie. Dans un arbre en accès libre, on trouve le nom d’un James Henry Alexander Silburn, né à Londres en 1881 et mort lui aussi au Vésinet, en 1950. Les dates concordent. J’imagine bien un homme d’une soixantaine d’années tenir ce pinceau ferme et reposé. James Silburn était étalagiste. C’est un métier soigneux où il arrive qu’on conçoive de petits décors, ce qui explique peut-être cette familiarité avec l’aquarelle. Par ailleurs, James est le cousin de ladite Lilian. La famille Silburn, britannique, paraît s’être installée en France au début du XXe siècle et a fait souche, semble-t-il, au Vésinet. Née en France, Lilian, elle, était déjà française.

       Je sais qu’en 1940, parmi les premiers emprisonnés – et souvent par la police française qui aidait plutôt deux fois qu’une la police allemande - se trouvaient de nombreux ressortissants de l’Empire britannique, et souvent des « métèques » dudit Empire, que l’on traitait sans le moindre ménagement. Je me dis alors que c’est peut-être la raison – être sujets britanniques - qui précipita dans la geôle de Fresnes James Silburn et Mooky. Qui était Mooky ? Un autre Britannique ? Peut-être d’origine indienne ? Fais-je un délire d’interprétation si je décèle en lui des traits qui pourraient être indiens ?

      Qui était Mooky ? A moins que J. Silburn et lui ne soient qu’un seul et même homme (ce que je ne pense pas), le vieil homme à la chemise impeccable, au sage chandail gris-clair, silencieux dans son face-face stoïque avec les latrines puantes, conservera son secret. 

 

     PS : J’ai trouvé aussi une photo d’une cellule de Fresnes qui ressemble à s’y méprendre au décor du tableau, qui se révèle ainsi criant de réalisme.

 

      Régis Gayraud

 

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24-4-1913, prison de Fresnes, intérieur d'une cellule, photographie de presse, Agence Rol, base Gallica de la BNF

 

21/09/2016

La fête à Robillard, à Villefranche-sur-Saône

     On me disait récemment qu'il y avait deux collectionneurs qui étaient aux petits soins pour André Robillard – l'homme aux fusils faits d'objets Le premier a même été accusé par une certaine rumeur d'infléchir la production de notre héros vers du commercial avec des produits plus accessibles au point de vue de leur valeur monétaire (je pense que c'est à cause des pistolets qui étaient à vendre à l'Outsider art fair de l'année dernière ; c'était bien vu, des pistolets, c'est plus petit, il y a moins de choses à assembler, c'est moins cher...). Les objets fabriqués chez ce collectionneur, sorte de mécène pour un créateur brut en quelque sorte (du coup, le "brut" devient-il moins "brut"?), on les appelle dans un certain milieu non plus des Robillard, mais des Robillux, mot-valise plaisant qui enregistre le nom du dit collectionneur... C'est oublier cependant que Robillard, outre qu'il tire toujours son épingle du jeu, tellement ce qu'il fait reste marqué au coin de sa personnalité irréductible, a toujours été content de recevoir des regards sur son travail, presque dès le départ.

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Exposition André Robillard, plus divers événements en parallèle, à Villefranche-sur-Saône

     Après sa production initiale de fusils des années 1960, par exemple, il paraît avoir fait une pause, qui s'acheva du jour où il découvrit ces mêmes fusils exposés à la Collection de l'Art Brut de Lausanne. Cela lui donna un coup de fouet, semble-t-il (cela mériterait précision), il se remit de plus belle au travail. De cette seconde époque, témoignerait le "proto-fusil" que j'ai récemment mis en ligne sur ce blog, proto-fusil qui inaugura peut-être sa seconde période de création. L'apparition, puis le développement de la collection de l'Aracine, à partir de 1982, le conforta dans sa création. Et il ne s'arrêta plus. Avec le "premier collectionneur" évoqué plus haut, il semble qu'il se soit tourné davantage vers d'autres réalisations, comme des spoutniks ou des pieuvres en trois dimensions, voire des costumes de cosmonautes. Son activité graphique continuait de se développer en parallèle.

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     Le deuxième collectionneur dont on me parla récemment, ça doit être Alain Moreau, un admirateur sincère d'André Robillard, qui lui aussi ne résista pas à l'envie de lui proposer de travailler sur un support inédit, des galets en l'occurrence. Je n'en ai en effet jamais vu ailleurs que dans la collection de Moreau. Ce sont de belles pièces, qui font heureusement écho avec d'autres pierres, peintes par toutes sortes d'autres artistes et créateurs (il faudrait faire des livres ou des expos rien que là-dessus).

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Trois galets dessinés par André Robillard, coll. Alain Moreau, ph. Bruno Montpied, 2009

 

      Alain Moreau a décidé de tresser un joli petit collier d'événements autour de Robillard. Voyez plutôt le programme ci-dessous. Le vernissage était lundi 19 septembre pour l'ensemble des manifestations (exposition du 12 septembre au 1er octobre ; spectacle ; rencontre ; projection des films de Philippe Lespinasse et de Claude et Clovis Prévost).

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"Découvert  par Jean Dubuffet", dit le carton, moi, j'ai tout de même envie de citer d'abord le docteur Paul Renard qui montra initialement les fusils de Robillard à Dubuffet.

   

     J'ai rencontré André Robillard avec des amis récemment. On l'a invité à casser une graine avec nous dans un de ses bistrots du coin favoris. Un de ses fusils, paré d'une splendide plaque de pub pour le Ricard, trônait d'ailleurs en majesté au-dessus du bar. Je me suis laissé aller moi aussi à l'influencer, à lui passer commande de quelque chose. Cela a été sans doute proportionné à la valeur monétaire de notre "mécénat" (un menu ouvrier...). Je lui ai fait remarquer qu'à ma connaissance il n'avait jamais représenté de Martien. Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'on l'entend parler martien. Philippe Lespinasse dans son film lui en parle à un moment (film André et les Martiens). Hélène Smith, elle, qui recopiait des éléments de langue martienne, a eu l'audace d'en dessiner quelques spécimens (voir ci-contre l'étrange personnage semblable à un berger, avec une face fort large, une magnifique jupe à bretelles et de solides sandales).andré robillard,art brut,fusils détournés,alain moreau,théâtre de villefranche-sur-saône,marsiens,robillux Mais André Robillard? Eh bien, il eut la gentillesse de m'en dessiner un sur un coin de notre nappe taché par la sauce des andouillettes qu'on venait d'engloutir. Voici, ci-dessous, en exclusivité mondiale, le résultat de cette remémoration graphique robillardesque.

André le Marsien (2), Bonjour MARSIEN, dessin sur nappe en papier, 2016, coll BM.jpg

André Robillard, dit "le Marsien", Bonjour MARSIEN, dessin au marqueur sur nappe en papier, 2016, coll. B.M. 

17/09/2016

La Fabuloserie remet un pied à Paris

     La Fabuloserie Paris est le nom de la galerie que vient d'ouvrir Sophie Bourbonnais à St-Germain-des-Prés, renouant avec les origines de la Fabuloserie, origines qui avaient pour nom l'Atelier Jacob, ouvert quant à lui de 1972 à 1982. Cette galerie fut la première à représenter l'art brut à Paris, alors appelé "art hors-les-normes", du fait des interdits de Dubuffet vis-à-vis de l'appellation qu'il se réservait (à un moment, en 1972, où sa collection de la rue de Vaugirard était en train de migrer vers Lausanne, migration qui mit six ans avant qu'on puisse la voir muséographiée au "Château" de Beaulieu).

     Le vernissage de la nouvelle galerie "fabulosante" a lieu aujourd'hui à partir de 15h... Voici les intentions qu'affichent sans ambages ses animateurs :

ouverture de la Fabuloserie Paris 17 9 16.JPGOuverture de la Fabuloserie-Paris, 17 sept 2016 (2).jpg

Œuvre de Michèle Burles

    C'est donc un nouveau souffle que se donne la Fabuloserie dont les rênes ont été reprises récemment, après la disparition de Caroline Bourbonnais en 2014 (le fondateur de l'Atelier Jacob et de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais, étant disparu beaucoup trop tôt, en 1988), par ses filles Agnès et Sophie. On pourra commencer par la galerie parisienne pour des expositions centrées sur des créateurs et artistes défendus par la collection de Dicy (Yonne) – en tout premier lieu cette fois Michèle Burles, artiste très inventive mais pas assez remarquée, je trouve –, en s'en servant comme d'un marchepied en quelque sorte pour rebondir ensuite à Dicy, pour visiter la collection princeps. Ou, tout au contraire, venu de Dicy, on viendra à Paris afin d'en apprendre davantage sur l'œuvre de tel ou tel découvert primitivement en Bourgogne. Les animateurs de l'endroit promettent cependant de ne pas s'en tenir aux artistes ou créateurs déjà collectionnés, mais d'ouvrir la nouvelle galerie à d'autres œuvres récemment découvertes.

     Une librairie annoncée sur l'art brut et apparentés, avec événements à la clé (dont des projections de films...), est une initiative supplémentaire heureuse, car les occasions de dénicher de la documentation et de la littérature sur les sujets qui nous occupent restaient rares jusqu'ici, en dépit de l'excellente librairie de la Halle St-Pierre.

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Alain Bourbonnais et ses "Turbulents" à la Fabuloserie, ph. Bruno Montpied, 2016

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14/09/2016

L'homme aux patates révèle de nouveaux éléments sur la Patatonie

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     Nouvelle exposition de Serge Paillard et de son ami archéologue et explorateur le professeur Caldnitz, je présume, le tout commençant dans quatre jours... De retour de cette contrée mythique de Patatonie dont Serge Paillard eut la révélation en dessinant d'innombrables pommes de terre. Ces dernières recélaient des messages venus de ce grand lointain intérieur... Et, bientôt, ne tardèrent pas à apparaître diverses trouvailles archéologiques que Serge Paillard a déjà exposées à quelques reprises, notamment à Montreuil en 2011. Voir ci-dessous quelques-unes de ses trouvailles, ainsi qu'une rare carte de la Patatonie (mais il existe aussi une "photo satellite de la Sidérie orientale"...). Ci-dessus, l'affiche de la nouvelle expo à la Maison Rigolote de Laval (ancienne maison qu'un artiste lavallois a léguée pour qu'on en fasse un lieu d'exposition pour les artistes qui lui succéderaient) nous montre une pierre qui présente une figuration quasi spectrale, qui me fait penser aux silex où Robert Garcet en Belgique, sous sa tour d'Eben-Ezer, voyait, en ce qui le concernait, des signes de civilisation disparue... En réalité, si on consulte le site internet de Serge, on apprend que cette pierre appartient à une "Grotte dite des Anciennes Existences".

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Vestiges patatoniens que l'on pouvait voir à un moment à Laval dans l'atelier de l'artiste, ph. Bruno Montpied, 2012

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Rare document, montrant la carte de la Patatonie, qui ressemble à la mappemonde d'une planète inconnue, Montreuil, ph.B.M., 2011

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Serge Paillard, Premier souvenir de Patatonie (émergence du Visage), dessin à l'encre sur papier, 29,7x21 cm, vers 2009, ph.B.M.

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La Maison Rigolote, à Laval, ph. B.M., 2016

11/09/2016

Si Cobra avait connu ce placard publicitaire, il en aurait fait ses choux gras...

Publicité murale, Metz, ph Beurk-Petersen 2016.jpg

Publicité murale, Metz, ph. Beurk-Petersen

 

    Ceci dit, les publicitaires ne sont pas avares d'emprunts au bestiaire, en particulier lorsqu'il s'agit de défendre les vaporisateurs anti-bestioles plus ou moins piqueuses. A côté du cobra, il y eut aussi ce petit éléphant tonique gambadant partout la bombe à la main... Peut-être capable de gazouiller?

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Affiche "Geigy", photographiée dans un bar de Lille

09/09/2016

Lieux aux noms prédestinants

      A Troyes, nous étions trois. La ville nous avait paru hostile et peu accueillante, en conséquence, nous nous étions enfuis plus loin. Peut-être ne faut-il jamais venir à trois à Troyes? Aujourd'hui, mon train s'arrête à Caen, et se bloque. Piège à temps, me dis-je... Partir de Caen.... Quand?

Jacques Bertin, une chanson: Louvigné-du-Désert

    Une petite chanson pour partager un moment mélancolique et de pure poésie, loin de cette poésie cérébrale que l'on imagine comme seule possible)... Par Jacques Bertin, poète-chanteur que j'apprécie énormément (il est né à Rennes, voici 70 ans cette année). 


podcast

Jacques Bertin, Louvigné-du-Désert, album "Une fête étrange" (1970)

06/09/2016

Tours de force

       Qui n'a jamais reçu d'un correspondant à la belle âme une de ces cartes de vœux où s'étale un tableau dont la légende vous dit qu'il est l'œuvre d'un artiste handicapé « peignant avec le pied », si ce n'est « avec la bouche » ? Il y a quelques dizaines d'années, on recevait régulièrement dans les boîtes à lettres parisiennes des prospectus vantant des expositions de telles œuvres. Une édition s'est même spécialisée dans la reproduction des travaux de ces peintres du pied ou de la bouche, paraplégiques, tétraplégiques, manchots ou hommes troncs.

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Un portrait de Louis J. C. Ducornet par un certain (ça ne s'invente pas, sur notre blog...) Robillard

 

       Mais savez-vous que ces peintres ont un devancier qui, s'il n'est plus très célèbre, a été fort apprécié en son temps ? Louis Joseph César Ducornet (1806-1856) était né sans bras. Il était né aussi sans fémurs et n'avait que quatre orteils à chaque pied. Avec ces moignons de pieds, il réalisait en peinture de véritables tours de force, comme on peut en juger en regardant ses tableaux de paysages ou ses études de nus, exposés notamment au Musée de Lille. On dit qu'il se déplaçait accroché au dos de son père, il recevait étendu sur un édredon, mais cela ne l'empêcha pas d'être apprécié à la cour de Louis XVIII, qui le pensionna, ni d'avoir de nombreuses commandes.

       Il eut aussi plusieurs élèves, et l'un d'entre eux se nommait... Auguste Allongé (1833-1898). On ignore quel membre il utilisait pour peindre.

 

       Régis Gayraud

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L.J.C. Ducornet, Etude de tête de jeune homme

 

 

03/09/2016

Une palme du calembour idiot sur le mot Art?

    Je ne me souviens plus si j'ai déjà évoqué les éruptions de boutons que me donnent les calembours crétins sur le mot ART qui fleurissent sempiternellement ici et là, le manque d'imagination aidant... Il me semble pourtant en avoir déjà parlé... En tout cas, en passant par la Lorraine, avec des gros sabots bien sûr, j'ai encore trouvé le panneau ci-dessous, où l'on peut dire que les organisateurs d'expo du lieu avaient fait dans le genre complexe...

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Ph. Bruno Montpied, Lafauche, 2016

    Et l'on finira bien par tomber sur celui ci-dessous, à force, quand tout aura été épuisé...

 

calembours faciles,caph'arts'naüm

29/08/2016

Un auteur d'art brut dans le goût du temps

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Anonyme aux petits carrés brodés, sans titre, ph. Régine Goret, 2016

 

     On m'a transmis récemment cette œuvre qui me laisse quelque peu sur ma réserve, je dois dire. Elle entre à n'en pas douter dans un certain corpus d'art brut tel qu'on peut parfois s'en convaincre en fouillant dans certaines sections de la vaste collection d'art brut ABCD – je pense en particulier à ces œuvres dues à un participant aux ateliers de la "S" Grand Atelier à Vielsalm en Belgique, nommé Joseph Lambert.

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Joseph Lambert, coll. ABCD

    Certes les dessins de ce dernier, composés de strates de signes entortillés patiemment superposées les unes aux autres (un jeu de patience certes plus minutieux que celui du tisseur ci-dessus, qui reste, pour le coup, plus "brut"...), participent d'une conception plastique toute différente. Mais le sentiment esthétique qui en résulte se rapproche de l'œuvre à petits cubes ligaturés du brodeur anonyme ci-dessus. On se perd  là dans des coupes géologiques, des stratifications avec une espèce de bonheur cérébral, voire d'hébétude mystique, que je ne suis pas sûr quant à moi de toujours partager, hormis les jours de grande canicule...

27/08/2016

Se ramasser en beauté?

Je me ramasse, Bar-sur-Aube (2).jpg

Relevé à Bar-sur-Aube (au nom plein de charme pour tout poètes alcoolisé), ph. Bruno Montpied (avec Régis Gayraud qui l'a vu le premier), 2016 ; un "me" qui fait toute la différence...

24/08/2016

Youen Durand et ses tableaux de coquillages à Lesconil, plus que quelques jours...

    Le temps file, c'est terrible, plus que quelques jours, cela s'arrête le 4 septembre au Temple des Arts à Lesconil-Plobannalec, près de Concarneau.

expo juillet-août 17 lesconil .jpg 

    Ils ont monté là-bas une grande exposition sur un des héros de la région, qui créa de magnifiques tableaux en mosaïque de coquillages (pesant parfois plus de 20 kg) dont le rendu n'a rien à voir avec la recherche de clinquant d'un Paul Amar, autre spécialiste de l'assemblage (plus arcimboldesque) de coquillages, puisque Youen Durand  cherchait avant tout à conserver aux coquillages leurs couleurs naturelles (il se limitait à passer un vernis incolore qui visait à valoriser ces couleurs ; le problème de ces vernis étant par contre parfois de recouvrir avec le temps l'ensemble des compositions d'un glacis jaune).

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Seul manuscrit retrouvé de Youen Durand, où il décrit sa technique ; extrait du livre de M-C. Durand, Yves Durand, l'art des coquillages, Calune éditeur, Kereun, 2015

 

    Youen Durand (ou Yves Durand), souvenez-vous, je l'ai déjà évoqué lorsque j'ai parlé de l'exposition récente du musée de Laval "De bric, de broc", où trois de ses tableaux étaient exposés. Né en 1922, avec une jambe handicapées, d'abord tailleur puis directeur de la criée de Lesconil, d'opinion communiste, il est disparu en 2005, trois avant que son exégète, Marie-Christine Durand, au nom homonyme, sans lien de parenté avec lui, elle-même artiste (spécialisée, semble-t-il, dans l'assemblage d'épaves) se passionne pour son œuvre qui jusque là végétait dans un débarras de la mairie.

youen durand,lesconil,temple des arts,mosaïque de coquillages,art modeste,marie-christine durand,paul amar,pierre darcel,callune éditeur     Elle en a fait un livre-album où elle donne beaucoup de renseignements sur la vie et l'œuvre de ce créateur autodidacte qui s'était constitué une solide culture en lisant et en visitant des expositions, comme par exemple du côté de Pont-Aven (cela aura été un des mérites de Paul Gauguin et de ses amis d'avoir pris fait et cause pour la culture populaire bretonne, et d'avoir dans un retour inattendu suscité aussi des intérêts artistiques chez des hommes du peuple).

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Yves Durand, Ballet aquatique, 67x78 cm, 1988, coll. privée ; extrait du livre de M-C. Durand

 

     A partir des albums de photos d'œuvres (datées et titrées) que Youen Durand avait pris soin de laisser derrière lui, le livre recèle un inventaire en photos et en fiches descriptives de ces tableaux aux thématiques diverses (maquettes de bateaux, ports, scènes mythologiques ou allégoriques, la musique, les animaux, les travailleurs de la mer, le cinéma, la famille, les enfants). On y trouve également une photo du grand tableau didactique où le collecteur de coquillages (apportés par les marins qui le connaissaient) donne toutes sortes d'explications au sujet des mollusques utilisés. Notons aussi que Youen Durand laissa derrière lui un certain nombre de tableaux naïfs que le livre présente en annexe. François Caradec, dans son livre Entre miens (Flammarion, 2010), au chapitre "Naïfs", consacre une notice  (datée de 1997) à ce créateur., où il souligne à quel point pour Durand son œuvre était en rapport avec la recherche de record (de poids, d'heures passées, etc.). On a déjà rencontré cette caractéristique chez de nombreux auteurs d'art brut ou d'environnements (Cheval, Charles Billy, Marcel Vinsard, etc.). Il est à rapprocher de Paul Amar (avec la différence que je pointe au début de cette note), et peut-être surtout d'un autre Breton, Pierre Darcel, que j'ai évoqué dans Eloge des jardins anarchiques et qui apparaît dans le film Bricoleurs de paradis, au milieu de ses statues et bas-reliefs en mosaïque de coquilles St-Jacques, palourdes et moules.

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Yves Durand, Le berceau, 100x80 cm, 1998, coll. municipale ; extrait du livre de M-C. Durand

*

Pour se procurer le livre de Marie-Christine Durand : "Les Amis de Youen Durand", Kereun, 29740, Plobannalec-Lesconil. Tél: 02 98 82 22 25, et lesamisdeyouendurand@orange.fr/. Voir aussi le blog http://latelierkereun.blogspot.fr, rubrique Yves Durand.

21/08/2016

Le Poilu et le fantôme de l'amour

Cette note contient une mise à jour

Le Poilu et la femme fantôme, tableau à Aillant sur Tholon (2).jpg

Tableau non signé, huile sur toile, autour de 5 Figure (27x35 cm), sans date, peut-être peint du temps de la Grande Guerre, ph. Bruno Montpied (sur la brocante d'Aillant-sur-Tholon), 2016

 

     Ce soldat, probablement un Poilu de la Guerre de 14-18, est en faction dans un bois alors que le crépuscule enflamme les sommets des arbres alentour. La forêt en devient rousse, tandis qu'un bleu tendre s'attarde encore dans le ciel. C'est peut-être le contraste entre cette tendresse céruléenne et la lueur fauve s'immisçant entre les fûts qui suscite le souvenir. Car ce n'est pas un spectre. C'est peut-être l'épouse laissée au pays, ou la jeune fille rencontrée juste avant la mobilisation. Une Alsacienne, si l'on remarque sa coiffe et le châle enveloppant son buste... La pénombre envahissante, jointe à la solitude de la sentinelle, et jointe peut-être aussi à sa hantise d'une fin prochaine, l'ont fait sortir du bois, ambiguë, aux limites de l'hallucination, tout en opposition avec les contours si réels et si nets du soldat. Elle glisse entre les troncs, comme une image aperçue  dans les flammes. Et lui l'examine, sachant bien que c'est son souvenir, son terrible besoin de la revoir, qui l'a fait revenir, au bord du néant qui le guette, dans ce bois qui ressemble à une fourrure, à une toison pubienne presque...

    Ou bien, autre hypothèse interprétative (pouvant parfaitement se superposer  à la précédente cependant), ce tableau est simplement une allégorie nationaliste, le bidasse rêveur n'étant autre que la France rêvant de reconquérir l'Alsace-Lorraine, symbolisée par la femme dans les bois, et perdue alors depuis 1871 au profit des Allemands.

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Art populaire naïf, un autre soldat de la guerre de 14-18, sculpture sur bois peinte, auteur anonyme, ph. B.M., coll. privée, Paris.

Codicille

     J'en étais là de mes interprétations, souhaitant intimement que ce soit plutôt la première qui l'emporte, mais un lecteur collectionneur de cartes postales s'est rappelé d'une carte ayant un rapport étroit avec le tableau anonyme:

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P. Petit-Gérard, La vision ; il existe une autre version de cette carte, en noir et blanc (ou bistre, m'écrit mon lecteur), qui précise que le tableau de Petit-Gérard fut exposé au "Salon de 1912" ; cependant, on constatera que le pantalon du soldat est bleu sur le tableau et non pas garance comme il l'était au début de la guerre de 14 ; doit-on imaginer que les pantalons des soldats étaient bleus encore en 1912, puis qu'ils devinrent rouges, en 14, le temps de transformer en écumoires les pauvres pioupious français? Carte postale, coll. privée.

    En voyant ce tableau, on constate que le tableau vu à Aillant-sur-Tholon n'était en réalité qu'une copie, du reste non signée, avec quelques menues différences dans la façon  de dessiner les troncs, les frondaisons, entre autres. Sur le tableau de Petit-Gérard, on voit que la scène se passe dans une forêt de sapins.

    Quant à la femme... Mon lecteur a eu l'amabilité de m'envoyer une autre carte qui est sur un sujet fort voisin, quoique nettement plus caractérisé dans le sens patriotique. Intitulée "Vison bénie", la carte proclame en vers : "Sur ton sol reconquis [c'est moi qui souligne], Alsace bien-aimée / Ta douce vision enchante ma pensée."

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Carte où le soldat retrouve son pantalon garance, mais peut-être est-ce une licence de l'éditeur qui préférait voir les soldats de 14-18 ainsi... Le texte parle du sol reconquis de l'Alsace et, donc, permet de dater la carte plutôt d'après la guerre...

     Il semble bien que, grâce à ce lecteur à la bonne mémoire, nous pouvons désormais conclure, vis-à-vis de notre rencontre d'Aillant-sur-Tholon, à un tableau patriotique, qui utilise pour les besoins de sa propagande le secours de l'art visionnaire et d'un certain romantisme. N'est-ce pas, Isabelle Molitor?

19/08/2016

Marcel Vinsard est mort et son jardin s'évanouit avec lui

      Cela commence à devenir un cliché chez les créateurs d'environnements naïfs-bruts en bord de route. On apparaît "médiatiquement" (en l'espèce, ça venait juste de commencer), parce qu'on a accumulé suffisamment d'œuvres pour être aperçu des passants, locaux, puis de proche en proche, nationaux, puis internationaux. On est âgé cependant, on a commencé souvent (en majorité) à l'âge de la retraite ; pour accumuler, il a fallu qu'une vingtaine d'années supplémentaires passe – la santé était toujours là, heureusement – et l'on arrive bientôt à 80 ans (Marcel Vinsard avait eu 86 ans en février). On n'est pas éternel, hélas. Et l'on salue la compagnie, on tire sa révérence, comme on dit, d'une formule qui oublie soigneusement de noter les souffrances qui vont avec parfois (ce fut le cas ici, apparemment).marcel vinsard,la petite brute,patrimoine d'art populaire,environnements spontanés,inspirés du bord des routes,polystyrène,biennale hors-les-normes,art immédiat,bruno montpied,pontcharra,vandalisme de l'art populaire,nécrologie des inspirés A peine a-t-on un peu fait parler de soi (Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, de Bruno Montpied, collection La Petite Brute, éditions de l'Insomniaque, sortira cet automne dans toutes les bonnes librairies, voir également ici), et voilà que l'on s'anéantit. Du site originel, il ne restera comme souvenir public, pour l'heur, que ce modeste livre-album. C'est pour cette raison qu'on me pardonnera de le mettre ici en avant...

 

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Dans sa cuisine, Marcel Vinsard en train de s'expliquer, ph. Bruno Montpied, 2013

 

    Marcel Vinsard est mort le 23 juillet dernier. Il n'aura pas eu le temps de voir le livre que je lui ai consacré et que je lui avais promis. Cela faisait un an qu'il déprimait, et six mois qu'il était hospitalisé. Il souffrait d'insuffisance cardiaque depuis environ quinze ans ans, ai-je appris, ce qui ne l'avait pas empêché de bâtir son œuvre fantaisiste autour de son "chalet" de Pontcharra, et de se balader à vélo dans le bourg et dans le pays environnant (c'était un grand amateur de cyclisme). J'ai écrit que le matériau de prédilection de ses statues (il était arrivé fin 2014 au chiffre record de 1000), le polystyrène, avait été choisi par lui afin de produire plus vite. A présent, j'ajouterai que très probablement la légèreté de cette matière précaire l'arrangeait aussi en raison de sa propre fragilité.

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Marcel Vinsard, les statues en polystyrène peint, ou en ciment-colle, ou en objets détournés, ou en bois, qu'on voyait en arrivant dans le jardin, ph. B.M., 2013

 

     J'aurais aimé que son œuvre lui survive. Hélas... La famille a eu envie de faire place nette, revendre la propriété, etc. (bien sûr, pendant l'été, cela se voit moins?). Les statues? Il semble que beaucoup d'entre elles, déjà pendant l'hospitalisation de Marcel Vinsard, se soient évanouies, entre les mains de passants, voisins, voyageurs, amateurs que l'on espère passionnés de cette forme d'art. D'après un témoin lecteur de ce blog, M. Rémi Bézelin, qui m'a contacté, en effet toutes les statues qui longeaient la grille de clôture du jardin avaient disparu bien avant la mort de leur créateur. Les plus belles pièces auraient été ainsi dispersées depuis quelque temps déjà, tandis que d'autres s'étaient grandement dégradées du fait du manque d'entretien par l'auteur devenu incapable de s'en occuper (la région a un climat froid, l'hiver). On aimerait savoir où les localiser. Il faudra malheureusement attendre de les voir resurgir au gré des brocantes, ou d'expositions... (comme l'année dernière à Lyon, où une trentaine était en vente). Et ce qui reste dans la propriété est en voie de destruction, quoique selon le fils de Marcel Vinsard, il s'agisse surtout de déblais venus de la maison.

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Marcel Vinsard, personnages avec un diable rouge dans la salle à manger de sa maison, ph. B.M., 2013

 

    Marcel Vinsard avait été exposé, ai-je dit, l'année dernière, dans un espace à part dans le cadre de la Biennale Hors-les-Normes de Lyon.expo-MJC 2015.jpg J'ai entendu dire que des responsables de cette Biennale souhaitaient récupérer des œuvres de Marcel, j'espère qu'ils pourront arriver assez tôt, et qu'ils auront l'amabilité de contacter ce blog. D'ores et déjà, j'appelle tous ceux qui sont soucieux de la mémoire de cette œuvre étonnante et hors du commun à se manifester pour signaler ici la présence de telle ou telle statue rescapée du grand massacre. J'n profite pour remercier ici notamment Jean-Michel Chesné qui m'a signalé que des achats d'œuvres de Vinsard avait eu lieu pendant l'expo de Lyon.

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Marcel Vinsard, ensemble de statues diverses installées au pied de son chalet, ph. B.M., 2013 ; à signaler que ce détourage, réalisé par mes soins et proposé à mon éditeur pour la couverture du livre de la Petite Brute, ne fut finalement pas retenu : dommage...

 

    J'ajouterai, pour ceux qui se montreraient étonnés que j'aie l'air de me mêler de ce qui ne me regarde pas en parlant d'un territoire en fin de compte privé, que l'on peut aussi considérer, en tant qu'amateurs d'art populaire en plein air, ce territoire comme participant d'un patrimoine collectif d'un genre très spécial. A ce titre, tout individu qui a aimé cette œuvre installée au vu et au su de tous les passants est en droit de demander des comptes à ceux qui furent responsables de sa disparition. Si l'œuvre  est faite aussi par celui qui la regarde, pour paraphraser Marcel Duchamp, alors, on peut considérer que cette œuvre nous appartient un peu à nous aussi...

18/08/2016

René Rigal à la Maison du Tailleu, chez Michelle et Jean Estaque

Expo Rigal à la Maison du Tailleu en 2016.png

Exposition René Rigal à la Maison du Tailleu du 1er août au 4 septembre 2016 (La Maison du Tailleu : Place de l'Église, 23000 (la Creuse), Savennes, France)

    "Jean et Michelle Estaque seront heureux de vous recevoir pendant la durée de cette exposition tous les week-ends et jours fériés de 15h à 19h et sur rendez-vous au 05 55 80 00 59".

     L'exposition dont il est question dans le petit message ci-dessus concerne l'œuvre de René Rigal, cet ancien cheminot de Capdenac qui sculpta des personnages filiformes dans de longues branches durant des années. Il chercha à les exposer dans des locaux et galeries de sa région, comme par exemple à la galerie La Menuiserie de Rodez, mêlant ainsi son œuvre d'autodidacte rustique – on pourrait aisément le ranger dans l'art rustique moderne avec Gaston Chaissac, qui inventa le terme, ou Gaston Mouly – à celles d'artistes contemporains provinciaux.

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René Rigal, Eve enlacée par le serpent, sans date, coll. privée Capdenac, ph. Bruno Montpied, 2012

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René Rigal, détail d'un bouliste, coll. privée Capdenac, ph.B.M., 2012

    Ses œuvres, dont bien des exemples sont conservés par sa femme au prénom – prédestinant pour un mari cheminot – de Micheline, sont variées et originales, recherchant l'audace dans leur conception.

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René Rigal, groupe de pèlerins de Saint-Jacques, coll. privée, ph. inconnu, archives famille Rigal

 

   Même parmi les nombreux cas de transformateurs de branches en figures fantastiques ou réalistes, il fait figure de novateur. Le plus proche de lui étant peut-être Emile Chaudron qui dans la Haute-Marne, à Prez-sous-Lafauche, sculptait les brindilles, les branchettes d'épines ou de mirabelliers, créant comme une écriture arachnéenne proche des idéogrammes asiatiques. Ce dernier, qui était sculpteur sur meubles à la base, naïf malgré tout, exposa dans des salons parisiens ou régionaux, tout en se constituant un petit musée personnel qu'il ouvrit au public à partir de 1961 dans son village.

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Emile Chaudron (disparu en 2014), autre sculpteur sur bois, rayonnages où sont désormais présentées ses œuvres dûment légendées dans le petit (et nouveau) musée "aux branches" municipal de Lafauche, ph. B.M., 2016

 

12/08/2016

Cecilia Gimenez et l'art naïf de certaines églises françaises (Journal de voyage en Espagne, 2)

    C'est l'été, je ne vous apprends rien. Et me revient tout à coup l'évocation que je fis sur ce blog du Christ restauré (rénové, je préfère dire!) par Mme Cecilia Gimenez dans une chapelle à Borja, non loin de Saragosse. Voir cette note (adornée de pas moins de 66 commentaires en son temps...). Les travaux préparatoires de cette restauration furent suspendus lorsque les paroissiens et les fanatiques du patrimoine religieux espagnol s'effrayèrent devant l'état transitoire de la dite restauration. Mais à mes yeux, et à ceux de quelques autres admirateurs de la geste brute, cet "état transitoire" paraissait une œuvre de plein droit, relevant involontairement de l'art brut. Elle est d'ailleurs restée en place (en tout cas, elle l'était encore à l'été 2015, lorsqu'une équipe du Poignard Subtil passa la voir), puisque, devenue phénomène de foire, attirant les foules en raison d'une notoriété ambiguë, la modification au départ vue comme sacrilège s'était transformée en bizarrerie digne d'être contemplée.

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Les deux états du Christ peint par un certain Martinez à gauche et par Gimenez à droite...

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Situation en 2015 du Christ de Mme Gimenez dans l'église du Sanctuaire de la Miséricorde, à côté de Borja, ph. Bruno Montpied

Le christ (2) restauré par C G, 2015, phénomène médiatique_edited.jpg

Le Christ refait par Mme Gimenez est sacralisé désormais par une plaque de verre destinée à le protéger, ph. B.M., 2015 

 

    Relevant involontairement de l'art brut... Ou de l'art naïf religieux. C'est une photo de tableau dans une église auvergnate, récemment transmise par le camarade Régis Gayraud, qui m'a fait faire le rapprochement. Je trouve qu'il y a un apparentement possible chez certaines figures de ce tableau avec le christ gimenézien. Comme si cette dernière avait été sur la voie d'une vision bruto-naïve...

Egliseneuve d'Entraygues, tableau religieux naïf, ph Régis.jpg

Tableau naïf dans l'église d'Egliseneuve d'Entraigues (Puy-de-Dôme), ph. Régis Gayraud, 2016

09/08/2016

Une affiche de la Collection de l'art brut fort originale

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Affiche éditée par la Collection de l'art brut de Lausanne à l'occasion de son exposition des 40 ans de sa fondation ; les auteurs d'art brut représentés dans les 17 médaillons encadrant la composition (où l'on reconnaît en bas le château de Beaulieu, qui abrite la Collection) sont, en partant de la gauche en bas : Carlo, Pascal-Désir Maisonneuve, Augustin Lesage, Joseph "Pépé" Vignes, Louis Soutter, Adolf Wölfli, Elisa Bataille, Laure Pigeon, Aloïse, Madge Gill, Simone Marye, Emile Ratier, Miguel Hernandez, Juva, Francis Palanc, André Robillard (seul vivant de la série), et Jules Doudin.

       L'auteur de l'affiche, les amateurs l'auront reconnu, est Guy Brunet qui a sans doute voulu, à cette occasion, gratifier la Collection d'un œuvre très originale, à la fois dans la perspective de sa propre œuvre, avant tout axée comme on sait sur un éloge dithyrambique du cinéma américain et français d'avant les années 1970, et à la fois dans la perspective de l'art brut. Il a été exposé l'année dernière en effet à Lausanne, qui, de ce fait, l'adoubait comme auteur d'art brut (terme que je préfère de loin à "artiste", bien que ce mot soit utilisé par Brunet lui-même dans les textes inscrits au bas de l'affiche ; "auteur" ou "créateur" sont en effet plus adaptés qu'"artiste" qui donne une fausse idée de l'usage social qui est fait de l'art par la majorité des individus collectionnés sous l'étiquette d'art brut). On conçoit donc que Guy Brunet se sente redevable vis-à-vis de cette Collection qui a consacré de manière si éclatante sa vision (il se campe en réalisateur de films documentaires  sur l'histoire du cinéma, les confectionnant avec les moyens du bord, et faisant converger en eux toute une "armée" de silhouettes peintes représentant acteurs et producteurs, qu'il fait bouger devant ses caméras, des fresques et des emboîtages peints pour les décors, et toute une flopée d'affiches peintes sur papiers divers de très grand format, qui sont des transpositions d'affiches ayant existé).

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Guy Brunet devant ses personnages découpés en silhouettes peintes, ph. Bruno Montpied, 2012

 

    Ce qui est original dans cette affiche dans la perspective des auteurs d'art brut, c'est que l'on rencontre ici un des premiers cas – voire l'unique cas – où un des auteurs de l'art brut peint une sélection  de ses congénères (17 personnages, choisis subjectivement). L'art brut, on le sait, est plutôt une collection d'individualistes forcenés, œuvrant avant tout pour eux-mêmes, sans souci des autres, ne cherchant pas nécessairement à être reconnus tant ils sont avant tout le siège d'une pulsion expressive qui ne s'accommode d'aucun besoin vénal, d'aucun besoin d'autres regards dans  l'immédiat ("dans l'immédiat", parce qu'il est entendu que, peut-être, sur un plan différé, absolu, ils recherchent obscurément un contact avec un autre quel qu'il soit, un autre qui soit à l'écoute). Ici, avec cette affiche, qui fut probablement commandée qui plus est (on aimerait le savoir) par les responsables de la Collection (qui eut l'idée? Sarah Lombardi?) – ce qui est aussi une première me semble-t-il à Lausanne –, on a poussé un auteur d'art brut à dialoguer par delà les âges avec d'autres auteurs, réalisant ainsi ce que j'avance dans la parenthèse ci-dessus, permettre enfin le contact sur un plan absolu de tous ces enfants perdus les uns avec les autres...

    Mais en passant cette commande, on peut se demander s'il n'y a pas eu remise en question implicite des caractéristiques autarciques de l'art brut, tel qu'il était conçu à l'origine par Jean Dubuffet ou Michel Thévoz. Et, curieusement, cette remise en question aura été opérée par les gardiens de la collection principale de l'art brut eux-mêmes... Et pourquoi pas?

06/08/2016

Jeu: saurez-vous identifier l'auteur du dessin ci-dessous?

    Un petit jeu au creux de l'été, pour voir s'il y en a qui suivent, pas complètement débranchés sur les plages les doigts de pied en éventail... : d'après vous, de qui est le dessin que je mets en ligne ci-dessous? Un indice, sinon, ce serait trop dur. Le nom de l'auteur a déjà été cité depuis que ce blog existe. Je sais... Etant donné que le Poignard Subtil a été fondé en juin 2007, il ya eu du monde à défiler sur cette colonne immense. Mais il y a votre sagacité, votre pénétration, un style particulier, tout cela devrait aider. A gagner, le dernier numéro de la revue Création Franche, le n°44, qui vient de sortir.

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02/08/2016

Des glands, des Degland...

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Photo Darnish, 2016 ; on suppose que notre botaniste planta beaucoup de chênes

28/07/2016

Le jardin de Tom, Athènes

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Photos prises fin juillet 2002 à Athènes. Le jardin de Tom, qui se dit réfugié politique nord-irlandais, est situé dans une  petite rue du centre d’Athènes, à Plaka, en retrait de la partie touristique du quartier (Joël Gayraud).

    Curieux foutoir, n'est-ce pas? Qui me confirme que se répand de plus en plus la tentation de laisser proliférer autour des lieux d'habitations traditionnels des espaces encombrés de matériaux et d'objets de rebut, plus ou moins organisés (plutôt moins...). L'art s'est perdu en milieu prolétaire. On goûtera cependant l'humour (involontaire?) de la proclamation affichée: "Keep Athens clean"... Et aussi cette autre inscription qui personnellement me ravit, moi qui suis amateur du gazouillis de ces pachydermes : "Parking for elephants only"...

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Photo Joël Gayraud, Athènes, 2002.

24/07/2016

Eugen Gabritschevsky, dans le silence de l'été parisien

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     Importante nouvelle d'exposition à Paris, mais curieusement, selon moi, assez discrètement surgie, la Maison Rouge du boulevard de la Bastille dans le XIIe arrondissement parisien propose du 8 juillet au 18 septembre une rétrospective en 250 œuvres de cet extraordinaire visionnaire, et peintre autarcique, rangé dans l'art brut, nommé Eugen Gabritschevsky. Nom qui dérouta peut-être le public français et l'empêcha de se pencher plus avant sur cette œuvre, pourtant exceptionnelle (m'est avis que la même chose est arrivée au peintre danois de Cobra et du mouvement situationniste, Asger Jorn, au nom trop exotique pour être adoubé dans la mémoire du Français moyen). C'est une exposition prévue pour voyager ailleurs qu'à Paris, ce qui explique peut-être son installation initiale durant cet été dans la capitale (il doit être difficile de trouver des dates qui satisfassent chaque institution...). Elle devrait ensuite faire halte à Lausanne à la Collection de l'art brut, partenaire de l'exposition, du 11 novembre 2016 au 19 février 2017, pour enfin atterrir à l'American Folk Art Museum de New-York du 13 mars au 13 août 2017 (la conservatrice du département art brut du musée, Valérie Rousseau, signe du reste un texte dans le catalogue de l'expo).

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Eugen Gabritschevsky, collection ABCD

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E.G., extrait du blog Graffink

     On trouve beaucoup d'information de type biographique sur Gabritschevsky, son métier de chercheur en génétique, son origine russe, une femme mystérieuse nommé "la muse" qui apparut et disparut au même moment où il commençait de sombrer dans la maladie mentale qui devait le conduire dans un hôpital allemand du côté de Munich en 1930 (il fut mis à l'abri dans un lieu privé de 39 à 45, ce qui lui évita de subir le même sort que tant d'aliénés allemands "euthanasiés"), son talent d'artiste depuis l'enfance (qui ne l'amena pas pour autant vers une activité professionnelle). Ce qui me séduit avant tout, c'est son œuvre, parfaitement visionnaire, surréaliste sans l'étiquette, quoiqu'elle ait pu attirer vers elle plusieurs personnalités de ce mouvement (Max Ernst acheta des œuvres de lui à la galerie d'Alphonse Chave, l'homme qui fit beaucoup pour classer, répertorier et montrer Gabritschevsky depuis 1960, date à laquelle elle lui avait été révélée par Jean Dubuffet; Georges Limbour écrivit à son sujet un texte en 1965, centré sur les techniques qu'il employait ; et depuis 1967 également, on trouve Annie Le Brun qui se passionne pour lui et sa recherche d'un "déferlement de la vie").

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E.G., sans titre, 14x18 cm,  (n°1268 de l'inventaire de la galerie Chave), coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied ; on remarque sur cette petite peinture les étranges arbres en train de contempler l'étrave d'un bateau flottant sur un fleuve ou un bras de mer, on les croirait comme chevelus (avec pour tous une frange bien taillée sur la nuque), et l'on repère aussi avec perplexité les rubans rouges noués autour de leurs cous-troncs...

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E.G. sans titre, œuvre reproduite dans le catalogue de la galerie Alphonse Chave pour leur exposition de 1998 ; on retrouve là aussi des rubans noués autour des troncs de ces arbres qui ressemblent furieusement à des asperges géantes... ; ce paysage me fascine essentiellement en raison de ces fûts énigmatiques.

 

     L'entrée dans la période de maladie (de celle-ci, malheureusement, une fois de plus, rien ne nous est dit qui permette de comprendre exactement ce qu'elle était ; on nous parle d'angoisses qui empêchèrent Gabritschevsky de continuer son métier de biologiste) coïncide avec une extension sans précédent de ses travaux graphiques (dans les années 1920, il pratiquait avec prédilection le fusain, plusieurs dessins de cette veine sont montrés dans l'exposition de la Maison Rouge). Une extension qui ressemble fortement à un lâchez-tout de l'imagination picturale et graphique, tant les champs explorés, les expérimentations pratiquées, l'amènent à produire des images variées et toutes plus surprenantes les unes que les autres. Un "lâchez-tout" qui fait personnellement de lui (que l'on me pardonne cet aparté)  mon maître, tant son exemple correspond à ce vers quoi je me dirige en matière de peinture, me limitant comme lui aux petits formats (en majorité), parce que c'est dans ces espaces réduits qu'on a le plus de chances de capturer l'éventuelle poésie du hasard.

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E. G., sans titre, gouache et aquarelle sur papier calque, 1942, coll. privée, New-York (exposé à la Maison Rouge)

 

     L'œuvre de Gabritschevsky est protéiforme, parfois abstraite avec recherche de composition de motifs ornementaux proches de cellules vues au microscope et dansant une sarabande, parfois paysagère visionnaire, parfois aussi visant à un réalisme poétique comme lorsqu'il s'adonne à la peinture de bestiaire, avec des animaux aux étranges tatouages de petits points, des dinosaures aux corps se résolvant en flammèches.E G site de la coll d'art brut.jpg Des taches ressemblant à des tests de Rorschach (qu'on a pu lui proposer dans le cadre de son asile, comme dit Annie Le Brun) sont montrées à la Maison Rouge, visiblement précisées par le peintre dans un sens plus figuratif et moins informe, représentant des insectes pourvus d'une grande présence (celui que je reproduis ci-contre est emprunté au site web de la Collection de l'art brut de Lausanne).

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E.G., sans titre, n°5247 de l'inventaire de la galerie Chave, 21x22,5 cm, gouache sur papier calque, 1942, Galerie Alphonse Chave.

    On n'en finit pas de voyager de fenêtres sur des paysages enchantés (pas toujours gais, parfois séjours enténébrés) en fenêtres vers d'autres landes à figures improbables. Comme si vous sautiez d'un caillou magique à un autre caillou magique pour traverser une rivière périlleuse.

    A signaler que la Galerie Alphonse Chave à Vence, de son côté, organise aussi une exposition Eugène Gabritschevsky du 27 juillet au 30 novembre 2016. A cette occasion, elle édite un nouveau livre (qui était en gestation depuis plusieurs années, confie-t-elle dans son carton d'invitation) qui fera 190 pages et comportera 300 illustrations. Il contiendra des textes originaux de Daniel Cordier, Florence Chave-Mahir, et Pierre Wat. On devrait aussi y retrouver divers documents d'archives de Georges Limbour, Dubuffet et Elie-Charles Flamand (encore un surréaliste celui-ci), des lettres d'Eugène et Georges Gabritschevsky (ces lettres, si elles sont de la même qualité et clarté que celles dont on peut trouver des extraits au gré des différents catalogues, seront fort éclairantes). Un film, joint en DVD aux 50 premiers exemplaires de cette édition, est également annoncé : Eugène Gabritschevsky, le vestige de l'ombre, de Luc Ponette et produit par Zeugma films (2013).

19/07/2016

La Petite Brute en voyage, quelques dates dans le Massif Central

    Remy Ricordeau, réalisateur du film Denise et Maurice, dresseurs d'épouvantails, présent dans le livre du même nom (puisque c'est lui aussi qui l'a écrit), vient projeter cet opus dans trois lieux du Massif Central incessamment sous peu. Le directeur de la collection La Petite Brute, mézigue, où est publié le livre (troisième de la collection)  l'accompagnera pour présenter la collection et son propos, en espérant que de riches débats se développeront à la suite. C'est ainsi que seront présentés en dédicaces les trois livres déjà édités (Andrée Acézat, oublier le passé, de Bruno Montpied, Visionnaires de Taïwan, de Rémi Ricordeau, et donc Denise et Maurice, dresseurs d'épouvantails), ainsi qu'en avant-première le quatrième titre de la collection, Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, écrit par Bruno Montpied. Pour ce dernier titre, un prix spécial sera consenti, pour fêter son avant-première.

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Voici les dates : le vendredi 22 juillet (dans trois jours donc), en soirée, vers 21 h, nous serons au Musée des Arts Buissonniers de Saint-Sever-du-Moustier. Le samedi 23 juillet, nous nous rendrons au cinéma de Millau (le Cinéode, 15, rue de La Condamine, dans le centre ville) pour une autre projection à 20h30 cette fois. Et enfin, le dimanche 24 juillet, c'est au cinéma d'Entraygues-sur-Truyère qu'aura lieu la troisième projection, à 21h (c'est le seul cinéma du bourg, y a pas à se tromper).

17/07/2016

Une Petite Chambre Rouge à vendre... Rare, pas chère...

    A vendre, à vendre une petite rareté. Un des quatre petits tirés à part de mon ancien fanzine La Chambre Rouge, extrait de la série intitulée par moi "La Petite Chambre Rouge" (le format faisait le quart d'un format A4). C'est sur le site Delcampe, où l'on peut l'acheter en enchérissant (le prix d'appel est à 10€...), que se trouve la petite merveille: Prose au lit de Joël Gayraud. Mais que les amateurs se dépêchent, il reste juste un jour et quelques heures pour acquérir cet immortel chef-d'œuvre (dont je tirerai un "slogan", qui ne grandit pas son auteur... : "Art brut = art net + tare"...).

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Le petit livre était en outre  illustré d'un dessin de l'animateur de ce blog (voir ci-dessous), réalisé par surlignage d'une photocopie qui reproduisait une partie du visage du dit animateur, celui-ci l'ayant appliqué sur la vitre de la photocopieuse au préalable (en la mélangeant à des tissus...). Le dessin emprunte son titre à Henri Michaux, "La vie dans les plis"... ; cette plaquette fut imprimée en décembre 1985 à 69 exemplaires.

La vie dans les plis, 29,7x21 cm, 1985 (ill pour Prose au lit).jpg

11/07/2016

A signaler : la boutique du Poignard Subtil...

    J'ai décidé de faire le boutiquier, car cela a tendance à déborder chez moi où s'est développé insidieusement un côté librairie que je n'avais pas vu venir. Donc, depuis quelque temps, j'ai ouvert une rubrique dans la colonne de droite de ce blog, intitulée "La Boutique du Poignard Subtil" (juste en dessous de mon photoblog consacré à une sélection de mes peintures, dessins et autres), où, dans un premier temps, je propose à la vente des titres de la collection La Petite Brute. Par la suite, d'autres ouvrages seront également proposés (des titres que j'ai en double, ou dont je veux me défaire, pour cause de déblayage). Et puis je me ferai aussi vraisemblablement l'intermédiaire de relations qui souhaitent se défaire de telle ou telle œuvre d'art brut ou d'art singulier. A suivre...

10/07/2016

Il existe des voitures-objets comme il y a des cercueils-images

      Les commentaires de Régis Gayraud qui ont suivi ma note sur les habitats en tonneau (et non pas "ma tonne sur les habitats en auto"), plus une référence donnée par celui-ci en privé, m'ont fait revenir en arrière au temps des caravanes publicitaires du Tour de France. C'est vrai que, fût une époque, on considérait les camionnettes construites dans la forme des marchandises qu'elles servaient à vanter comme de hideuses choses montées sur roues. On voyait la laideur de la marchandise avant tout.  Aujourd'hui que ces marchandises se sont un peu démodées, on aperçoit davantage ce que certaines de ces camionnettes-objets avaient d'insolite dans leur prétexte à publicité. Déconnectées de cet aspect, elles peuvent même, comme me l'a écrit Régis, revêtir un charme proprement onirique, un peu comme, par analogie, ces cercueils du Ghana sculptés en formes d'objets ayant un rapport avec le défunt.

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Un camion Bottin, le conducteur coincé en sandwich entre deux bottins... Extrait de ce site web où l'on trouve des exemples de voitures publicitaires des caravanes du Tour de France des années 1950-1960: http://customrodder.forumactif.org/t1182p15-les-vehicules...

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Camion du cirque Bonetti, un peu moins surprenant, cela dit...

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Le camion Bic, de style nettement plus futuriste-daté...

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La camionnette-bonbonne de Butagaz, un peu angoissante, et chère à Régis Gayraud

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Cette voiture-ci faisait-elle partie des caravanes du Tour de France? Cela est moins avéré ; à noter que son idée provient peut-être de la notion de queue de poisson...

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Et pour finir, un cercueil ghanéen en forme de poisson (image découlant logiquement de la précédente), peut-être pour un pêcheur défunt? Ph. Thierry Secrétan