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02/11/2017

"Le Gazouillis des éléphants", premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, par Bruno Montpied, paraît aujourd'hui

      Trente-cinq ans que je le méditais cet inventaire... Longtemps, je me suis dit que je n'y arriverais jamais. Et puis un soir... A la Maison de Victor Hugo, j'ai fait une rencontre, j'ai fait connaissance avec le responsable des éditions du Sandre, Guillaume Zorgbibe, qui accompagnait un vieux camarade à moi, Joël Gayraud. Guillaume éditait alors la revue de Marco Martella, Jardins, qui cessa malheureusement après six numéros. Martella m'avait invité à publier un article pour son n°2. Par la suite j'en fis un autre dans le n°5. Bref, les Editions  du Sandre, c'était donc déjà mon éditeur... Je le signalai en souriant à l'ami Guillaume. Il me semble qu'il m'a regardé avec curiosité, mais peut-être mon souvenir enjolive, mythifie ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Ce fut le début de notre collaboration plus étroite autour d'un projet qui m'était cher depuis longtemps, faire l'inventaire des environnements spontanés français...

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Après Eloge des jardins anarchiques en 2011...

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Andrée Acézat, oublier le passé, en 2015...

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Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, en 2016...

 

Voici donc :

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Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, etc., éditions du Sandre, novembre 2017.

 

     Ce projet d'inventaire des environnements populaires spontanés français (= "inspirés des bords de  routes", "habitants-paysagistes", "bâtisseurs de l'imaginaire"...) me trottait dans la tête depuis des décennies. Chaque fois que je commençais à accélérer dans l'idée de le finaliser en m'y mettant sérieusement, un livre sortait sur la question, parcellaire, toujours insuffisant à mon avis (par exemple le Bonjour aux promeneurs d'Olivier Thiébaut chez Alternatives en 1996), ou mixé de façon peu judicieuse (mais commerciale!) avec des sujets insolites plats  (par exemple Le Guide de la France insolite de Claude Arz chez Hachette en 1990, où le sujet était mêlé à l'évocation de lieux hantés, de trésors cachés, de musées de l'épicerie, de la sorcellerie de bazar...).

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Le Gazouillis présent à l'étalage du stand de la Halle St-Pierre à la dernière Outsider Art Fair, du 19 au 22 octobre dernier, où il fit une apparition temporaire en avant-première... pour une dédicace.

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Le Gazouillis ouvert sur une notice consacrée à Denise Chalvet en Lozère. Ph. B.M.

 

     En rassemblant tous les sites recensés dans les différents ouvrages d'un certain volume traitant de la question, il me semblait toujours qu'on ne dépassait pas la centaine de créateurs environ, tout compris, dispersés qui plus est sur plusieurs ouvrages distincts publiés à des années de distance. En outre, les découvertes se renouvelaient fort lentement (je ne veux pas jeter la pierre à Claude et Clovis Prévost, mais au fil des années, ils ne nous ont parlé que des mêmes 15 créateurs, dont certains, comme Chomo, Tatin ou Garcet étaient plutôt des artistes singuliers et marginaux que des créateurs totalement hors système des Beaux-arts). Dans Eloge des Jardins anarchiques, moi-même, je n'évoquais qu'une cinquantaine de sites (dont plusieurs avec une seule photo).

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Couverture de Jardins n°5, 2014 ; avec un texte de Bruno Montpied sur la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan)

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Alexis Le Breton, dans son arboretum de La Mare au Poivre, Locqueltas, ph. Bruno Montpied, 2010.

 

       Ainsi, si l'on voulait se faire une idée de l'ensemble des sites qui avaient existé, existaient encore, ou étaient en train d'apparaître, l'information était éclatée, parfois dans des publications devenues très difficiles de se procurer, uniquement consultables pour beaucoup en bibliothèque, ou bien se trouvait sur des cartes postales anciennes rarement rassemblées en un livre unique (la collection de cartes postales sur les Inspirés de Jean-Michel Chesné, si elle fut dévoilée dans la défunte revue Gazogène de Jean-François Maurice, ne paraît l'avoir été que de façon fragmentaire et, là aussi, éclatée sur les différents numéros ; de plus ce rassemblement de documents anciens, séparé d'un rassemblement plus général qui aurait montré la continuité des sites présents sur les cartes postales, donnait une impression tronquée du phénomène). Ces cartes postales anciennes (en l'occurrence, venues de ma propre collection), il me semblait nécessaire – c'est une autre caractéristique importante de mon inventaire - de les associer dans mon livre à une iconographie en couleur illustrant les mêmes sites conservés jusqu'à l'époque présente, ainsi, bien sûr, que des sites nettement plus récents. D'une manière  immédiate, devant ce noir et blanc confronté à la couleur, le lecteur comprend que les environnements existent depuis bien avant le Palais Idéal du Facteur Cheval (commencé en 1879) et se poursuivent aujourd'hui...

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Bas-relief de Louis Licois, daté de 1843, toujours présent sur la façade d'une maison à Baugé (Maine-et-Loire), Photo B.M., extraite du Gazouillis, 2009.

 

       J'ai longtemps déploré dans mes débuts de recherche de ne pas trouver une ressource qui me permettrait d'avoir la liste complète des lieux existants ! C'est une question qui m'a souvent été posée au cours des débats que j'ai pu faire à la suite de la sortie d'Eloge des jardins anarchiques : comment faites-vous pour trouver ces sites? Pour aller voir ces sites étonnants, c'est un truisme,  il faut d'abord apprendre qu'ils existent, et trouver l'endroit où on les évoque. Ce sont des lieux privés, où il y a une exhibition certes, mais qui restent des lieux privés, des habitats  supposant une approche discrète et respectueuse des habitants. Dans les années 1980, années où j'ai commencé ma quête, il n'y avait bien sûr pas d'annuaire des inspirés! Ce dernier n'est d'ailleurs pas souhaitable. J'ai patiemment cherché, sans me presser (cette lenteur m'a toujours paru essentielle ; aujourd'hui les nouveaux venus dans ce genre de recherche, habitués à tout trouver très vite sur internet, sont trop pressés...), accumulant des fiches, des références... Une bibliographie condensée et fournie, commencée dans Eloge des JA, et légèrement augmentée dans mon nouveau livre, fait office à mes yeux de premier signe de pistes... Il n'est pas aventuré ou has been de considérer cette recherche des Inspirés hors système des Beaux-Arts comme une longue dérive au sein d'un labyrinthe... Un sens préservé du merveilleux est à ce prix.

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Entrée du Paradis, chez son auteur, Léopold Truc, à Cabrières d'Avignon (Vaucluse), ph. B.M. (extraite du Gazouillis), 1989.

 

      Le Gazouillis n'est donc pas un annuaire. Je n'y ai donné des adresses que lorsque j'étais sûr que cela correspondait au désir des créateurs inventoriés, ou des collections qui préservent des fragments d'environnements (comme la Fabuloserie dans l'Yonne, la collection de l'Art Brut à Lausanne, le LaM de Villeneuve d'Ascq à côté de Lille, ou le Jardin de la Luna Rossa à Caen). C'est plutôt une immense stimulation à découvrir la création primesautière française se déployant hors les cadres des beaux-arts traditionnels, et aussi, point remarquable, hors du marché de l'art (ce qui explique qu'on n'en parle pas tant que cela!).

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Les Ruines de la Vacherie, exemple de carte postale ancienne (début de XXe siècle), montrant un site réalisé par un récupérateur de gravats nommé Auguste Bourgoin, alentours de Troyes (Aube), aujourd'hui disparu, coll. B.M.

 

      Il rassemble, avec discrétion et parfois un peu de mystère, en un seul volume, tout ce que j'ai pu voir et trouver dans des ouvrages ou des revues, pas forcément des publications spécialisées en art brut d'ailleurs, et  tout ce que j'ai découvert de mon côté, ou éclairé, ou remis en perspective. A partir de ce rassemblement, il me semble qu'on pourra se faire une idée plus précise du phénomène des créations d'autodidactes en plein air, entre habitat et route, associables tantôt à l'art brut, tantôt à l'art naïf, sur le territoire métropolitain en France.

      Le Gazouillis des éléphants recèle ainsi jusqu'à 305 notices consacrées à ces créations d'hier et d'aujourd'hui. En donnant l'état des lieux, dans la mesure de mes connaissances, et en particulier les solutions diverses qui ont été trouvées pour sauvegarder ou prolonger, en partie ou en totalité, divers sites. Depuis quelque temps, il me semble en effet que la notoriété de l'art brut et des environnements d'inspirés allant en augmentant, le public se montre de plus en plus sensibilisé à la question du prolongement à donner aux environnements spontanés post mortem. Ce que les héritiers de ces décors foutraques auraient jeté naguère, il arrive plus fréquemment qu'il soit désormais conservé ou, quand on veut à tout prix s'en débarrasser, au moins mis en vente par exemple (voir le cas du site d'André Hardy en Normandie).

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André Hardy, lion en ciment peint et collage de faux crin, ph. B.M. en 2010.

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Le même lion d'André Hardy dans les réserves du LaM à Villeneuve d'Ascq, après acquisition et en attente de restauration, © photo LaM 2011.

 

    Fidèle à mon angle habituel pour aborder ces créations de plein air, je  me suis cantonné  dans cet ouvrage aux environnements populaires, en écartant tous les environnements créés par des artistes modernes ou singuliers (marginaux), hormis quelques cas-limites qui permettent de faire ressortir la spécificité du corpus retenu (comme par exemple le jardin de Monsieur X dans la Presqu'île de Crozon en Bretagne, de son vrai nom Jacques Boënnec - je donne à présent son nom car il vient de disparaître ; auparavant, il m'avait demandé de taire son identité, d'autres que moi n'avaient pas eu ce respect...). Pas de Cyclop de Tinguely, ou de musée Robert Tatin, pas davantage de maison de "Celle qui peint" (Danielle Jacqui), manifestant une culture artistique préalable (Jacqui m'a toujours donné l'impression de connaître Picassiette, par exemple).

     Primo, il fallait circonscrire à tout prix le champ d'étude (déjà, arriver à 305 notices m'a amené à un livre-monstre qui fait 930 pages avec plus de mille photos, pour un poids de 2,7 kgs...). Secundo, j'ai un faible pour les créations d'autodidactes populaires, qui œuvrent artistiquement sans se revendiquer artistes, et dont les travaux, détachés de toute attitude référentielle – y compris quand il leur arrive de démarquer ou de copier/transposer des œuvres d'art vues à la télé ou dans les magazines –, gardent une fraîcheur authentique. Fraîcheur brute ou naïve, je ne fais pas de hiérarchie sur ce point, si l'œuvre me surprend et m'enchante (critère premier!).

     C'est ce qui explique que l'Introduction du Gazouillis insiste sur ce slogan que je reprends régulièrement, depuis quelque temps, dans mes textes : il s'agit bien d'un Art sans artistes. Comme on parla à une époque d'une architecture sans architectes.

     Bon vagabondage à tous!

 

Bruno Montpied, Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, excentriques, loufoques, brindezingues, ou tout simplement inventifs, passés, présents et en devenir, en plein air ou sous terre (quelquefois en intérieur), pour le plaisir de leurs auteurs et de quelques amateurs de passage, Editions du Sandre, 2017. 950 pages, 220x240x70 mm, plus de mille photos couleurs et noir et blanc. Disponible au prix de 39€ dans toutes les bonnes librairies (si vous ne le trouvez pas, faites-le commander par votre libraire favori) à partir de la première semaine de novembre. Diffusion Harmonia mundi.

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Les professionnels des éditions du Sandre, sans qui il n'y aurait jamais eu de multiplication du Gazouillis, de gauche à droite: Guillaume Zorgbibe, Stefani de Loppinot et Julia Curiel, ph. B.M., 2017 ; merci à eux! Heureusement que ces gens existent...

 

QUELQUES DATES A RETENIR :

Durant tout le mois de novembre, exposition de photos et d'objets de la collection de Bruno Montpied dans la librairie Atout-Livre, 203 bis avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement. Causerie et débat avec le public le vendredi 24 novembre à 19h30, en présence de B.M. et de Régis Gayraud, camarade d'enquête de B.M.

Le samedi 9 décembre, à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, à 15h, projection de photos extraites du livre (rangées par ordre chronologique de dates de création) et débat avec le public en présence de B.M. Suivie d'une dédicace. Organisée en partenariat avec  la librairie de la Halle St-Pierre.

Le mercredi 20 décembre, au Musée de la Création franche à Bègles, à 19h30, projection de photos et rencontre-débat avec le public dans le cadre du LAB et en partenariat avec la librairie bordelaise La Machine à lire.

 

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Dessin de Jade, 8 ans (qui sert de cul-de-lampe à quelques endroits du Gazouillis, notamment sur les pages de garde)

25/10/2017

Après le Gazouillis (2): Le Jardin du Cuirassier de Clément V. (b), photos complémentaires

     Grâce à l'amabilité et à la complicité de Jean-Michel Chesné, fameux chineur et collectionneur de cartes postales anciennes consacrées aux environnements bruts, naïfs ou singuliers, nous avons donc la possibilité de voir deux autres prises de vue consacrées à la fois au Jardin du Cuirassier mentionné dans ma note précédente et à la maison de son auteur. Deux cartes postales des mêmes années 1950...

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Le Jardin du Cuirassier, à B., coll. Jean-Michel Chesné ; avec un oiseau en plus à droite du fait du plan plus large.

Clément vanneau autre carte coll chesné 2, la maison aux paons.jpg

Et probablement en se retournant, une vue de l'entrée de la maison de l'auteur du jardin, le vigneron Clément V. ; on découvre deux paons magnifiques de part et d'autre de l'entrée, des jardinières et murets pour plates-bandes recouvertes de mosaïque de bouts de faïence et de coquillages ; le chien posé à droite sur le tricycle est sans doute un des deux modèles qui sont statufiés dans le jardin ; coll. Jean-Michel Chesné. 

24/10/2017

Après le Gazouillis (1): Le Jardin du Cuirassier, à B. de Clément V. (a)

Mise à jour du 13 août 2021, motivée par la visite finalement rendue, quatre ans après la note ci-dessous, à ce jardin (grâce à une faveur spéciale). Les habitants m'ayant gentiment demandé de ne pas les localiser, afin de repousser les visites fatigantes à leur âge. Le jardin n'est pas accessible de la rue, c'est une propriété privée.

 

      Le Gazouillis des Eléphants, mon inventaire des environnements populaires spontanés en France n'est pas encore diffusé en librairie (c'est officiellement pour le 2 novembre), mais me démange l'envie de parler d'un site récemment découvert, à travers un petit morceau de papier de 10 x 15 cm, appelé communément carte postale, que j'ai chiné ces jours-ci. Encore un site dont je n'avais jamais entendu parler (et pourtant, je vous prie de croire que je suis bien documenté sur le sujet...).

       Ce site fera à n'en pas douter partie de mon futur supplément au Gazouillis.

 

Clément V. (1877-1952), "Le jardin du cuirassier", à B.

 

Le Jardin du cuirassier à Bou, Loiret (années 50) (2).jpg

"Curiosités régionales : le jardin du cuirassier", cp, éditions R. Guibout, Combleux.

 

           Situé près d'Orléans, soit non loin de la propriété excentrique de Marcel Lambert (voir Le Gazouillis des éléphants dans la région Centre) et de la petite maison du sculpteur et dessinateur brut André Robillard à Fleury-les-Aubrais, ce village de B. possède un site curieux qui ne m’a été révélé, dans un premier temps que par une unique carte postale, paraissant dater des années 1950-1960 étant donné ses bords dentelés caractéristiques de ces périodes.

          On y découvre un jardin structuré apparemment autour d’une allée principale, au bout de laquelle on repère la statue du cuirassier qui donna sans doute son nom au jardin. D’autres statues de style plutôt naïf se laissent également voir ça et là au milieu des plantes, de même que des socles supportant deux chiens de grandes dimensions, des vasques, des jarres, des maquettes, et des jardinières, le tout le plus souvent recouvert de coquillages et de bouts de faïence. De part et d’autre de l’allée, on distingue deux autres statues, des enfants. Les deux personnages ont la tête couverte, celui de gauche portant une casquette à grande visière et l’autre un chapeau rond. Les symboles des cartes à jouer paraissent avoir de l’importance pour l’auteur de ce décor. On découvre en effet un losange en forme de carreau dessiné par des fils placés en l’air, et un trèfle dessiné par un évidement au sein d’un support placé par-dessus un énorme vase installée comme à la croisée d’allées, à un point central du jardin. Enfin, tandis qu’à droite de l’image on note la présence d’une pompe antique, à gauche, on devine un tonneau à demi dissimulé derrière un tronc d’arbre ou un pan de mur.

          Hormis le surnom du jardin et le nom de la commune, on ne trouve sur la carte aucune indication qui donne le nom de l’auteur de cet environnement, la date de sa création, les significations qui s’attachent à ces sculptures. L’idée de représenter un cuirassier me paraît insolite dans les années 1940-1950. Ce type de soldat, faisant partie de la cavalerie, exista au moins jusqu’à la guerre de 1914-1918. La cavalerie devenant progressivement blindée au XXe siècle, le terme fut conservé ici et là pour certains régiments, mais l’uniforme traditionnel avec la cuirasse disparut en même temps que les chevaux. La statue que l’on devine au fond de l’allée, au torse pourvu d’une armure et la tête, semble-t-il, coiffée d’un casque à plumet, se réfère visiblement aux cuirassiers anciens, probablement à ceux qui furent engagés durant la première guerre. Peut-être est-ce un souvenir d’un vétéran de ce conflit qui, sur ses vieux jours, le dressa pour mémoire au milieu de son jardin ?

*

      J'en étais là de mes réflexions sur ce site, ne trouvant pas d'informations Google sur l'existence préservée de nos jours quand Régis Gayraud m'affirma que si!... On trouvait un article de 2015 de la République du Centre signalant que le site existait toujours. Par quel miracle cet article avait-il pu faire son apparition sur le moteur de recherche alors qu'il y a quelques jours encore on ne trouvait rien? La première mise en ligne de la présente note avait-elle repêché et relié l'article? C'est fort possible. En tout cas, on apprend que le site, créé en 1940, existe toujours, protégé apparemment par les héritiers de Clément V. – l'ancien vigneron qui fut son auteur – sa petite fille Ginette et son mari Robert. Il avait bien représenté – mon intuition ci-dessus est bonne – son petit-fils et sa petite-fille (les enfants chapeautés) dans le jardin, cette dernière étant sans doute la dame que l'on voit sur la photo ci-dessous, à 80 ans passés... Cette même photo en faible résolution qui montre aussi que le fameux cuirassier est toujours debout.

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Photo Jean-Paul Huber

 

 

12/10/2017

Deux autres expositions à voir: "Pop collection" et Michel Zimbacca à l'Usine

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Couverture du carton annonçant l'exposition-vente de la collection de Pascal Saumade à l'Arts factory (11 octobre- 17 novembre 2017)

 

    J'ai un petit rab d'annonces à faire concernant deux expos. Rue de Charonne, dans la galerie de l'Arts factory, connue jusqu'ici pour être "le premier espace d'envergure entièrement dédié à la scène graphique contemporaine",  ils ont invité Pascal Saumade de la Pop galerie (galerie nomade, qui s'expose notamment à l'Outsider art fair ; une nouvelle édition est d'ailleurs pour bientôt, à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt à Paris). J'ai eu l'occasion de parler de lui, qui fut l'organisateur de plusieurs expos en collaboration avec le musée des arts modestes de Sète. Une partie de sa collection – le tiers paraît-il  – est présentée rue de Charonne. Cela part dans tous les sens, bien en accord avec l'éclectisme revendiqué du galeriste-collectionneur, amateur en gros de tout ce qui constitue l'art populaire contemporain, autre nom de l'art modeste.

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Jean Pous dans Pop Collection, photo Bruno Montpied.

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Rnord (?), portrait d'une femme, crayon graphite, ph. B.M.

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Philippe Jacq, assemblage et terracotta, 2015-2017. Ph. B.M.

       On trouve des posters du Ghana (ils furent exposés par l'Arts Factory au temps où ils étaient installés rue d'Orcel dans le XVIIIe), des paños chicanos, de l'art "outsider" afro-américain (S.L. Jones par exemple), des artistes graphistes divers (Javier Mayoral, Anne Van Der Linden), de l'art brut (quatre dessins de Jean Pous, Guy Brunet - affiches, portraits -, Charles Boussion, Yves Jules, Patrick Chapelière, Jean Tourlonias, Pépé Vignes...), des dessins d'inconnus (R Nord), de l'art populaire sétois (Aldo Biascamano dont le tryptique sur la "pêche à la traïne" fait beaucoup penser aux faux ex-voto de Gérard Lattier), de l'art singulier (François Burland,  Jaber, Nidzgorski, Angkasapura, Sendrey, Jacqui, etc.), de l'art naïf même (Germain Tessier) et ce que Saumade et l'Arts factory appellent du "Rock'n'Folk Art" (voir liste ci-dessous). Tout cela mélangé dans une grande arlequinade de 300 œuvres où personnellement j'aurai tendance à opérer un tri, car tout ce qui est produit là n'est pas de la même provenance sociologique – l'usage social de l'art définissant aussi celui-ci. Sans compter que tout n'y est pas toujours de premier ordre au point de vue poético-esthétique. Il reste qu'on a toujours intérêt à suivre les curiosités de Pascal Saumade, qui est de la race des grands fureteurs.

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Liste des exposants à l'Arts factory, expo "Pop Collection".

*

Michel Zimbacca à l'Usine

      Sous ce titre, j'ai l'air de vouloir renvoyer Zimbacca en arrière, il y a très longtemps au temps du travail. Car cela fait un bout de temps qu'il a pris sa retraite, quoique pas celle du merveilleux. Surréaliste discret (depuis son arrivée dans le groupe dès 1949) – ultra discret même –, on connaît surtout de lui des films, qui ont été réunis récemment en DVD, dont  L'invention du monde, très connu auprès des cinéphiles amateurs de documentaires sur l'art, et, en l'occurrence, sur le monde des arts tribaux (le commentaire était de Benjamin Péret). Certains seront projetés d'ailleurs le 28 octobre à 20h à la galerie L'Usine de Claude Brabant (102 boulevard de la Villette, dans le XIXe ardt parisien).

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     Cette même galerie a en effet l'insigne honneur de nous proposer une exposition rare d'autres œuvres de Michel Zimbacca : des peintures, des dessins, des collages et des objets. J'en suis personnellement curieux, moi qui recopiais récemment un récit de rêve de 1998 où justement j'interrogeais Zimbacca sur les travaux graphiques et autres qu'il avait pu faire et sur lesquels ils se montrait fort discret. Je l'ai toujours imaginé, se réservant pour lui et ses proches les fruits variés et éclectiques de ses flâneries mentales, de ses digressions et rêveries intimes, si profondément intimes qu'elles durent peut-être lui paraître de nature à être réservées au cercle de sa vie quotidienne. Ce qui provient de l'inconscient et du hasard en effet apparaît bien souvent comme risquant de se galvauder au contact du monde extérieur. C'est affaire de pudeur et de scrupules qui sont également pratiqués par les auteurs d'art brut et qui expliquent que l'on découvre les œuvres de ces derniers bien souvent de façon posthume. La galerie l'Usine, galerie pour happy few, au charme secret lui aussi, est sans doute l'endroit idéal pour présenter, de façon anthume heureusement, les résultats des prospections mystérieuses du poète Michel Zimbacca. Avis aux amateurs, l'expo ne dure que deux semaines...

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Une curieuse production spontanée de Michel Zimbacca, réalisée à la fin d'un repas sur un bout de nappe en papier qui fut partiellement brûlée, coll. B.M., 2002 ; un oiseau passablement dépenaillé est jeté en travers du papier déchiré, celui-ci adoptant – involontairement? – la forme d'une tête dont la bouche est soulignée par la couleur du papier brûlé, les yeux étant figurés pour le premier par un cercle dans une serre de l'oiseau et pour le second par l'œil de l'oiseau lui-même.

09/10/2017

L'armée des singes

      Très bel objet, très curieux que celui ci-dessous procuré par ce formidable chineur qu'est Alain Dettinger, par ailleurs excellent galeriste à Lyon, comme on sait. Son auteur est à n'en pas douter un maître –  resté inconnu jusqu'ici apparemment – tant ce portrait caricatural est abouti au point de vue du travail du bois.singeries dans l'art, singe peintre, singe musicien, singe soldat, j.marbois, adjudant chef A. Travers, anti militarisme, caricature, art populaire insolite, galerie dettinger-mayer,régiment de blindé, armée, militaria L'idée du singe soldat (on ne sait pas si c'est un gradé qui est représenté ou un simple bidasse ; enfin, si... c'est un gradé, voir commentaires) fait écho – quoique peut-être ici très involontairement – à une tradition picturale (active du XVIIe au XIXe siècle) montrant des singes peintres, des singes musiciens, botanistes, etc., destinée à moquer les attitudes vaniteuses de l'être humain,  et en particulier les artistes prétentieux qui réalisent des mauvaises  imitations, des plagiats sans esprit.

J. Marbois, soldat-singe, dédicacé en 1960 (2).jpg

Signé "J. Marbois", 28x22 cm, sculpture sur panneau de bois, dédicacé au dos: "Recevez Monsieur Ponteret ma tête de singe en souvenir Adjt Chef A. Travers"..., et daté d'avril 1960 (la date pouvant très bien ne se rapporter qu'à l'époque de la dédicace, distincte de la date de l'œuvre), coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied.

 

      Dans le cas de ce portrait, limité à une tête, il semble cependant qu'on ait affaire, soit à un portrait-charge d'un gradé par un soldat placé sous son commandement (le képi qui arbore à son sommet l'entrelacs, dit "nœud hongrois", désigne de fait un gradé), soit à un désir antimilitariste qui mène à représenter le guerrier sous un aspect simiesque. Le personnage montre les dents et ne paraît pas particulièrement bien disposé. On ne peut exclure non plus une interprétation de type raciste qui chercherait à stigmatiser l'apparence d'un soldat d'origine africaine (pourtant, je n'y crois guère). Sur le col de la vareuse, on peut lire les lettres "R.B.", qui peuvent désigner un soldat d'un "régiment de blindés" (merci à Régis Gayraud pour cette hypothèse). L'uniforme me fait personnellement penser aux années 1940.

J. Marbois, dédicace 1 au dos avec date (2).jpg

La dédicace au dos du panneau sculpté, ph. B.M..

 

     L'inscription au dos paraît signé par un certain "Adjt Chef A. Travers" aux prénom et nom relativement comiques. "Ma tête de singe", dit ce texte, pouvant désigner le panneau sculpté représentant une tête de singe ou la tête de celui qui écrit la dédicace. Dans cette dernière hypothèse, il faudrait supposer que l'adjudant-chef Travers aurait pratiqué l'auto dérision, ce qui paraît hautement rare de la part d'un galonné. Quelque chose me dit qu'est plutôt évoquée, derrière le possessif, simplement la sculpture insolite dont il était le propriétaire, et qu'il remet "en souvenir" à ce monsieur Ponteret. Car l'adjudant chef Travers n'a pas signé la sculpture au recto, c'est "J. Marbois" qu'on lit, dans une signature bien affirmée et lisible, dénonçant un sculpteur désireux de pérenniser son nom (visiblement conscient de son art)... et peu soucieux d'une quelconque répression de la part de l'hypothétique gradé qu'il aurait caricaturé. Travers ne fut, apparemment, qu'un propriétaire de l'œuvre, offerte et dédicacée à un troisième "larron" en 1960.

       C'est du moins les hypothèses que j'émets pour le moment. Comme d'habitude, si des lecteurs avaient des informations ou d'autres idées au sujet de ce singe soldat, je reste preneur...

 

02/10/2017

Expositions en pagaille tous azimuts

      L'automne est là, les feuilles roussissent, avant de se faire bientôt ramasser à la pelle, les marrons commencent à jaillir de leurs bogues, je ne vous apprends rien, et, comme d'habitude, l'actualité des expositions connaît l'emballement habituel des rentrées. Cela me donne des scrupules : par lesquelles commencer? C'est du boulot, et je renâcle à me faire le complaisant écho de ces manifestations qui toutes ne me font pas sauter en l'air, surtout quand elles participent d'un certain ron-ron au point de vue du choix des exposants (j'en ai un peu marre de voir parler des mêmes artistes ou créateurs : Robillard et ses sempiternels fusils pour investisseur  en poncifs de l'art brut, Joël Lorand ou Ody Saban, les arbres qui cachent la forêt de l'art singulier). Alors, j'ai envie aujourd'hui de mettre plusieurs expos dans une même note, en vrac, sans trop de commentaires, et dieu, comme on dit (je n'irai pas jusqu'à lui mettre une majuscule), reconnaîtra les siens.

     Toutes celles que j'indique ci-après, cependant, après un tri rigoureux, me paraissent dignes d'intérêt, et sont donc une sélection automnale non exhaustive de ce qui a trait à l'art singulier, brut, outsider, spontané, surréaliste spontané, etc.

      Exposition Outsider Art III, "Art brut haïtien contemporain" : Charles Djerry, Jean-Baptiste Getho, Frantz Jacques dit Guyodo, Alexis Peterson, Fanfan Romain, Pierre-Paul Lesly. Du 5 octobre au 4 novembre 2017. Galerie Claire Corcia et Polysémie.

Outsiders haïtiens à la galerie Corcia, Guyodo.jpg

Guyodo à la galerie Corcia ; à noter qu'on a découvert cet artiste autodidacte (dont les graphismes, intéressants, ressemblent tout de même pas mal à d'autres œuvres déjà vues ailleurs dans le domaine de l'art brut, vous savez, tous ces dessins griffonnés au stylo Bic...) à l'expo du Grand Palais, "Haïti, deux siècles de création contemporaine" (19 novembre 2014-15 février 2015), où il était présenté avant tout comme un sculpteur, un récupérateur de matériaux variés, unifiant ses assemblages sous des couches de pulvérisation d'aluminium (technique qui fait beaucoup penser à celle des Staelens en France qui unifient également leurs assemblages de même manière, quoique en rouge, ou minium). A priori donc, ne relevant pas strictement, pour des raisons sociologiques de l'art brut annoncé sur l'intitulé de l'expo. A noter qu'on parle rarement d'art brut haïtien, plutôt d'art naïf. Ou d'art vaudou. Ces délimitations terminologiques sont bien délicates...

 

     Claude et Clovis Prévost exhibent leur "exposition multimédia (photographies, films et œuvres d'artistes depuis 1963), avec la contribution des Rocamberlus de Georges Maillard, en son jardin de pierres d'Osny dans le Val d'Oise" à la Villa Daumier à Valmondois. Ouvert le week-end du 9 septembre au 15 octobre 2017. C'est bien sûr à l'occasion de la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, aux Belles Lettres. Sur leur carton d'invitation, une photo non légendée (voir ci-dessous) montre un monsieur barbu d'allure distinguée posant devant une sorte de portail germinatif qui paraît indiquer une inspiration naturelle, quoique mâtinée d'une certaine culture, donc relevant à mes yeux du corpus des environnements singuliers (genre Robert Tatin). Ce doit être, par élimination de ce que nous connaissons déjà des trouvailles de Claude et Clovis Prévost, le dénommé Georges Maillard avec ses "Rocamberlus". Mais on aimerait que les Prévost le confirment.

Georges Maillard peut-être, ph Clovis Prévost.jpg

Photo Clovis Prévost.

 

      La Galerie Les Yeux Fertiles pour sa part s'apprête à établir des "Connexions" entre art brut, surréalisme et art singulier. A ses visiteurs de rendre à César... ce qui appartient à chacune des étiquettes en question. Deux cas parmi les exposants que je situe mal, les dénommés "L. Smith" (créateur populaire afro-américain?) et "D.Valdés-Lilla" Au chapitre du surréalisme, on rangera seulement Masson et les Cadavres exquis, Mirabelle Dors (qui inventa une éphémère "tendance surréaliste populaire") et en prenant quelques libertés, Louis Pons. Du côté de l'art singulier, je placerai personnellement, Bettencourt, Rispal, Sefolosha et Chomo (souvent abusivement rangé dans l'art brut). A noter cinq contemporains dans cette liste, Pons, Sefolosha et Rispal, voire Charles Boussion, un authentique créateur d'art brut d'aujourd'hui, avec Lubos Plny aussi. Pourquoi avancer, dès lors, M. Morand, que la galerie ne se tourne pas vers l'art contemporain? Vous avez le contemporain sélectif? (Pourquoi pas, d'ailleurs?).

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A la nouvelle galerie de la Fabuloserie à Paris, l'expo d'automne est consacrée à Genowefa Magiera, seule cette fois.guyodo,art brut haïtien,art naïf haïtien,claud eet clovis prévost,environnement ssinguliers,georges maillard,rocamberlus,villa daumier,outsider art 3,galerie les yeux fertiles,surréalisme,art brut,art singulier On se souviendra en effet qu'elle fut une première fois présentée dans l'expo d'art brut polonais précédente, à la galerie parisienne et plus récemment à la Fabuloserie dans l'Yonne. C'est une trouvaille de Sophie Bourbonnais en compagnie de Marek Mlodecki, suite à des explorations en Pologne. Expo du 8 septembre au 21 octobre. Voir le lien. J'aime beaucoup ce genre de peinture d'une fraîcheur et d'une ingénuité absolues.

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Geneviève Magiera en vrac...

 

      Et la Maison sous les Paupières, à Rauzan, dans l'Entre-deux-mers, que devient-elle, me direz-vous (enfin, ceux qui suivent...)? Après une longue éclipse due à des petits problèmes de dérapage sur verglas cet hiver, son animatrice, Anne Billon a repris l'activité. Elle expose Bernard Briantais, le singulier Nantais dont personnellement j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog. C'est du 7 au 29 octobre. Le vernissage ce sera samedi prochain le 7, à 18h (ouverture de la galerie dès 14h). Adresse de la Maison sous les paupières... voyez l'affichette ci-dessous :

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      Sans transition, signalons aussi l'exposition plurielle de visionnaires et créateurs dissidents que concocte chaque mois de septembre, depuis des années, le Musée de la Création Franche à Bègles. Si la plupart des créateurs ou artistes présentés me sont inconnus, et je ne peux donc rien en dire de particulier, à part signaler leur présence, on notera tout de même qu'en fait partie Solange Knopf que j'ai plusieurs fois défendue ici même et aussi dans les colonnes de la revue du musée : je fais allusion à l'entretien que j'avais réalisée avec elle dans Création Franche n°41, en décembre 2014 (« Quelques questions à Solange Knopf au-delà des ténèbres »). "Visions et créations dissidentes", musée de la Création franche, du 30 septembre au 3 décembre 2017. A noter qu'à l'issue du vernissage qui a eu lieu le 30 septembre dernier, le nouveau maire de Bègles, Clément Rossignol Puech, a remis symboliquement les clés du musée au Président de Bordeaux Métropole, en l'occurrence Alain Juppé. Je crois qu'on espère au musée que ce transfert de propriété des locaux (et non pas de l'entité administrative et artistique qui reste l'apanage de la ville de Bègles) ouvrira la porte à des travaux d'extension dont la collection a bien besoin, étant donné son étendue croissante.

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Dessin de  Solange Knopf présenté sur le site de la galerie d'Ys en Belgique où elle a une exposition parallèle à celle de Bègles (du 8 au 29 octobre).

 

     

      Ailleurs, c'est la folie qui requièrent les efforts de deux organisateurs d'exposition et pas des moindres, d'une part le MAHHSA (Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, anciennement Musée Singer-Polignac ; on annonce pour bientôt son déménagement dans de nouveaux locaux, la Chapelle de l'hôpital...  – désertée pour cause de mort de Dieu?), pour deux expos dont une déjà en cours, "Elle était une fois, Acte I" (du 15 septembre au 26 novembre 2017) et "Acte II" (Du 1er décembre 2017 au 28 février 2018) – c'est "l'Acte I "qui est commencé – et d'autre part,  la Maison de Victor Hugo place des Vosges qui va bientôt présenter une formidable exposition, montée avec l'appui de diverse collections et fondations, et intitulée "La folie en tête, aux racines de l'art brut". Cette dernière, comme son sous-titre l'indique, se veut comme une mise en perspective de quatre collections psychiatriques du XIXe siècle (celle écossaise du Dr. Browne – une des plus anciennes, puisque fondée en 1838 –, celle d'Auguste Marie – qui fut un des premiers en France à créer un Musée de la folie, à Villejuif il me semble –, et celles de Walter Morgenthaler et de Hans Prinzhorn). Ces collections existaient  donc bien avant que la collection d'art brut de Jean Dubuffet ne se monte elle-même (à partir de 1945), parfois en s'incorporant justement certaines anciennes collections de psychiatres (comme celle du professeur Ladame, par exemple). L'exposition se tiendra du 16 novembre 2017 au 18 mars 2018 (vous avez le temps donc). La commissaire d'exposition, en dehors du directeur de la Maison de Victor Hugo, Gérard Audinet,  en est Barbara Safarova, présidente de l'association ABCD. On note la présence, au sommaire du catalogue, de contributions de Savine Faupin et de Thomas Röske entre autres. Mais je m'étonne de ne pas retrouver de contributions de Vincent Gille qui travaillait encore il n'y a pas si longtemps à la Maison de Victor Hugo et avait contribué à plusieurs reprises à tisser de fructueuses collaborations du musée avec la collection d'ABCD.

 du vernissage, le Maire de Bègles, Clémen

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Exposants au MAHHSA dans le cadre d'"Elle était une fois Acte I".

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Visuel proposé par la Maison de Victor Hugo pour l'expo "La folie en tête".

 

09/09/2017

Une fiction sur le Facteur Cheval bientôt au cinéma : la mode "Séraphine"

     Le Séraphine de Martin Provost a été un succès et a contribué à faire connaître Séraphine Louis, la peintre visionnaire naïvo-brute de Senlis. Oui? Je commanderai bien un sondage pour savoir combien de spectateurs après le film seront allés se plonger dans les quelques livres existant sur la peintre (signalons au passage une référence récente, fort sérieuse, enrichie de témoignages de première main, le Séraphine Louis,  d'Hans Körner et Manja Wilkens, paru chez Reimer/Benteli en 2009). Le film permettait en tout cas de découvrir de nombreux tableaux de Séraphine, magnifiquement photographiés, mais souffrait du choix de l'actrice, Yolande Moreau, au physique marqué par la gourmandise et l'épicurisme, qui ne correspondait en rien, selon moi, à l'austère physique de la véritable Séraphine de Senlis, confite dans la frustration et le refoulement, ce qui la conduisit vers les exubérantes turgescences de ces bouquets de fleurs hésitant entre l'enfer et le paradis...

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Séraphine Louis, les seules photos que l'on ait d'elle, prises il me semble par Anne-Marie Uhde (sœur de Wilhelm Uhde ; à signaler: le LaM préparerait une expo sur ce critique d'art-collectionneur pour bientôt).

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Yolande Moreau, photographe non identifié.

     Les producteurs de cinéma ont dû se dire, tiens? Séraphine, ça a marché, pourquoi ne pas continuer? Si on allait chercher aut'chose du côté des Bruts... Et c'est tombé sur le Facteur Cheval. Le réalisateur qui a été sollicité est Nils Tavernier, le fils de Bertrand, qui a avoué ne pas connaître un mot sur le fameux Facteur il y a un an. Je ne reprocherai rien à ce sujet. Après tout, tout le monde peut faire un bon film ou un bon livre sur un thème qu'il a découvert depuis peu. Non, ce qui m'amuse dans cette histoire de tournage, c'est le casting, là encore. Si je n'ai rien contre Jacques Gamblin, que je trouve tout à fait adapté au personnage de Ferdinand Cheval, j'ai plus de réticences vis-à-vis de l'actrice destinée à jouer sa femme : Laetitia Casta... Et pourtant, j'apprécie cette actrice, belle et intelligente. Mais, le physique, là aussi, ne correspond guère. Et mieux que de longues palabres, autant confronter la femme du rôle et le modèle original en photo. C'est comme si, comme me le suggérait un camarade récemment, on proposait Paméla Anderson pour jouer la femme de Picassiette (au nom de cette théorie que peu importe la ressemblance physique, un acteur peut tout jouer...)!

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La Famille Cheval, la femme de Ferdinand qui avait l'air brave mais pas très sexy.. (Tandis que la fille, Alice. n'avait pas l'air de rigoler tous les jours...)

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Et Laetitia Casta en mannequin qui va certainement apporter un autre souffle à la vie de Ferdinand...

 

 

08/09/2017

Votez pour la réfection de l'Ermitage du Mont-Cindre, un jardin de rocailles impressionnant

      L'Association qui défend la restauration du jardin de rocailles construit par Emile Damidot entre 1878 et 1913, me demande d'appeler à la soutenir auprès du magazine Pélerin-magazine qui dans le cadre d'une campagne de soutien présente trois patrimoines en péril. Ce magazine met en compétition ces trois œuvres à protéger (personnellement, je trouve que les trois mériteraient de l'être à égalité, en particulier le "plus vieux" manège de chevaux de bois français situé aux Gets (Haute-Savoie) et cité sur la page internet du lien, et donc que cette compétition ne se justifie guère...), une seule d'entre elles pouvant bénéficier de subsides, si j'ai bien compris...

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Photo Bruno Montpied, 2014.

     Je trouve ce jardin du Mont-Cindre, sur les hauteurs de Lyon, fort spectaculaire, dépassant de loin sa portée religieuse initiale, comme je l'ai déjà dit sur ce blog. Pour aider à ce qu'on le restaure, il faut donc aller voter pour lui en cliquant sur ce lien.

07/09/2017

Une exposition consacrée à Marcel Vinsard dans le cadre de la 7e Biennale Hors les Normes de Lyon

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Exposition de Marcel VINSARD 14 septembre au 20 octobre 2017

Taxis Lyonnais

(où, paraît-il, quelques statues seront présentées dans les bureaux, mais aussi, initiative plus étrange, dans un vieux taxi - qui devrait peut-être circuler dans Lyon??)

Lundi au vendredi : 10h-12h / 14h-18h, 83, Rue Jean Jaurès – 69500 Bron T2- arrêt Bron Hôtel de Ville

 

     Dans le cadre de la 7e Biennale Hors-les-Normes de Lyon (aux dates variées selon les événements dont elle est partenaire), va se tenir une exposition consacrée aux pièces sculptées par Marcel Vinsard, le créateur d'un environnement de mille statues, naguère installé à Pontcharra en Isère, et qui a été démantelé à l'été 2016, après sa mort survenue en juillet de la même année.

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Démantélement du site de Marcel Vinsard, ph. Fatimazara Khoubba en août 2016 ; on aperçoit, très abîmé, au centre du cliché un portrait de Gérard Depardieu tout ruiné...

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Le même portrait de Depardieu du temps de sa "splendeur"; Marcel Vinsard collait souvent dans un coin de ses compositions des photos de ceux qui lui avaient servi de "modèles", ph.B.M., 2013.

 

 

      Les animateurs de l'association La Sauce Singulière, Loren, Jean-François Rieux et autres, prévenus par le sculpteur Jean Rosset, qui est de la région, connaissaient comme moi cet environnement, et ont eu le temps de récupérer environ deux cents pièces. De mon côté, j'en ai récupéré quelques-unes aussi, dont certaines sont allées au musée des Arts Buissonniers à Saint-Sever-du-Moustier dans l'Aveyron. D'autres sont chez quelques collectionneurs (qui les ont acquises durant une précédente expo à Lyon, déjà organisée par la BHN en 2015). Personnellement j'en conserve six, dont un de Gaulle que j'avais acquis directement auprès de Marcel Vinsard. J'ai gardé aussi, abîmé, le panneau où Vinsard avait inscrit des jeux de mots près de son chalet.

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Marcel Vinsard, de Gaulle, coll. et photo Bruno Montpied, 2013.

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Marcel Vinsard, masque vert, polystyrène peint, créé vers 2013, ph. et coll. B.M. (devant la galerie Dettinger), 2016.

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Marcel Vinsard, "Coiffeur à la retraite...", panneau en polystyréne peint, années 2000, coll. et ph. B.M., 2016

 

     Marcel Vinsard, j'en ai causé sur ce blog le 3 février 2015, après l'avoir rencontré en juillet 2013 en compagnie d'un camarade, suite à un signalement par Alain Dettinger et Fatimazara Khoubba. C'est le type même de créateur d'œuvres éphémères qui installent leurs artefacts en plein air en négligeant absolument la question de la pérennité de leurs œuvres. Il est probable, en outre, que Vinsard ne se faisait aucune illusion sur la suite que donnerait sa famille à ses excentricités... Mais il reste tout de même emblématique de l'attitude toute empreinte d'immédiateté d'une majorité de ces créateurs autodidactes, étrangers  aux milieux artistiques. Leurs environnements vivent aussi longtemps qu'eux. Lorsque ces derniers pensent avoir atteint la fin (de leur art et de leur vie, c'est tout un), tout part en quenouille... Les matériaux qu'employait Vinsard, le polystyrène, les mousses polyuréthanes dans une grande majorité des œuvres (il recourut cependant aussi au bois, au Siporex et au ciment-colle par exemple), n'arrangeaient pas les choses, non plus! Il est donc vain de traiter les familles ou les héritiers de ces sites avec des noms d'oiseaux – comme le font certains sur des sites web que je ne nommerai pas...

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Marcel Vinsard, vue des abords de son chalet d'habitation en 2013... Ph. B.M.

Après, le chalet nettoyé... (2016) (2).jpg

...et après le démantèlement, le vide, l'ennui... ph. B.M., 2016.

 

     A signaler que dans l'expo on pourra trouver mon livre paru l'année dernière dans la collection La Petite Brute aux éditions de l'Insomniaque, Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles. Ne pas hésiter à le demander à l'accueil...! Très beau, pas cher... Il contient de nombreuses photos du site prises en 2013, à son apogée quasiment.

Couv livre Vinsard.jpg

 

 

28/08/2017

La Vallée de Yelang en Chine Populaire, un château de rêve

Vallée Yelang-photo SHEN Jiaxin .jpg

La "Vallée du Yelang", un château de fantaisie pour concrétiser le mystère, créé par Song Peilun ; photo Shen Jiaxin

 

Vidéo trouvable sur internet montrant le château de la vallée du Yelang (ouest de Shanghai) et faisant parler son auteur, Song Peilun.

 

       Grand renfort de trompettes dans le cadre de la Biennale Hors-les-Normes à Lyon (du 28 septembre au 8 octobre prochains), on y a décidé de monter une expo de photographies consacrées à un environnement chinois, un "château" de fantaisie, bâti par un certain Song Peilun, qui me fait personnellement beaucoup penser, comme ça, de loin, au parc de Chandigarh conçu par l'artiste autodidacte indien Nek Chand. Il y a en effet là une tentative de créer un ensemble architectural se référant à des traditions mythologiques dans un style quelque peu onirico-hallucinatoire, avec de nombreuses tours en forme de têtes, l'ensemble prenant à la longue l'aspect d'un parc de loisirs. Ce n'est apparemment pas le travail du seul Song Peilun. Sans qu'on nous explique, dans la vidéo ci-desssus, comment le maître d'œuvre s'y est pris pour diriger son petit monde, il est évident qu'il a réussi à enrôler dans sa construction les villageois de son patelin, situé à l'ouest de Shanghaï, et cerné depuis peu par une université dont l'architecture jure avec son château.Situation de la vallée de Yelang.JPG

       D'après ses confidences dans le même film, il semble que Song Peilun s'inspire de fêtes et de masques de la région d'où il est originaire, le Guizhou (région nettement plus à l'ouest, au centre de la Chine). Autre détail que l'on entend à un moment je crois, le créateur, qui marque par ailleurs son attachement aux équilibres naturels, confie avoir été fasciné par les châteaux de cette région dans son enfance... Ah bon ?, me suis-je dit, et à quoi donc devaient ressembler ces châteaux de Chine? Nul doute que quelque spécialiste de l'ancien Empire du Milieu rôdant dans les parages de ce blog ne va tarder à nous mettre au parfum... 

L'annonce de l'exposition dans le programme général de la 7e Biennale Hors-les-Normes de Lyon (29 septembre-8 octobre 2017, "et un peu avant, et un peu après"... Comme i' disent...) donnait au départ le Palais Idéal du Facteur Cheval comme lieu d'exposition. Mais un contretemps oblige les organisateurs à changer d'endroit pour montrer les photos du site : ce sera à l'Université catholique de Lyon, 10 place des Archives 69002 Lyon (vernissage le 4 octobre à 20h ; expo tous les jours de 9h30 à 17h30).

 

 

***

 

     Des commentateurs (voir ci-après) sont venus comme de juste nous apporter d'autres informations, notamment RR, sinophile averti apparemment, qui nous a donné un lien vers le site de Guizhou China International Travel Service qui présente différents types d'architectures traditionnelles, pas vraiment des "châteaux", ni des "forteresses", mais qui peuvent en effet être les types d'architectures que Song Peilun veut rappeler à ses concitoyens, et qui prouvent par ailleurs, qu'en Chine, il serait fort désolant que les autorités n'interviennent pas pour protéger ce genre de monuments. Exemple ci-dessous:

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Architectures traditionnelles du Guizhou, photo Guizhou CITS.

 

09/08/2017

Pierre-Antoine Bosse, poète de l'athlétisme

      Je ne déteste pas suivre les spectacles télévisuels sportifs, n'en déplaise à certains. Et hier soir, j'étais devant la fantastique finale du 800 m des Mondiaux d'athlétisme gagné de façon assez inattendue par cet étonnant athlète nommé Pierre-Ambroise Bosse, dont le nom plaît évidemment aux journalistes toujours prêts aux jeux de mots faciles en rapport avec ce patronyme. Avant la finale, pendant les séries de qualification, il m'avait déjà séduit par ses propos au sujet de sa décision de ne plus mettre au point la moindre tactique avant ses courses. Il est connu par ailleurs pour ses déclarations fantaisistes, souvent marqués par la spontanéité, et un humour naturel, qui ne s'embarrassent généralement pas des rigides codes de bienséance si présents à la télévision. Hier soir, à la faveur de sa victoire étonnante, ce fut un festival.  Il se lança dans le récit d'une anecdote embrouillée d'où il ressortait que la veille de la finale, à minuit, il avait mouillé son lit avec une bouteille d'eau mal fermée. "Vous vous rendez compte, faire une inondation dans son lit, et sans une fille encore...!", déclara-t-il à l'ampoulé Nelson Montfort que quelques minutes  plus tôt il avait commencé par imiter (fort bien). Derrière, on entendit un journaliste pudibond se récrier "Ah, c'est élégant...". Nelson Montfort enchaîna alors, pour tenter d'effacer ce qu'on n'allait pas tarder à qualifier dans les infos pourries de Yahoo comme une "gaffe", et mal lui en prit. Bosse est célèbre parmi les journaleux pour parler de son chat qui se prénomme paraît-il RAB's. Montfort, cherchant à poursuivre sur le sujet, si mignon et cucul, comme on aime en tartiner à la télévision française, demanda à Bosse ce que ça voulait dire ce nom. "Rien A Branler", lui répondit l'athlète. Et pan dans les dents. Ça pouffait et ricanait désormais derrière, en off, les micros étant mal fermés...

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Pierre-Ambroise Bosse au micro de Nelson Montfort, Renaud Lavillenie derrière lui, après la finale du 800m aux mondiaux d'athlétisme à Londres.

 

     Mais, là où à mon avis, il fallait accorder toute notre admiration à Pierre-Antoine Bosse, c'est quand il se lança dans le récit de sa course. Ses adversaires, dont un Polonais au nom a priori imprononçable, Kszczot, que les commentateurs appelaient "Tchott", avaient compris que, face à ce dernier, connu pour sprinter et être imbattable dans les derniers 100 m dès que le train est trop lent, il fallait imposer un train rapide dès le départ. Ce qu'ils firent. Arrive le dernier virage avant la ligne d'arrivée où se dénoue généralement le drame des vainqueurs et des vaincus surprises, Bosse place un démarrage surprenant auquel on ne peut accorder que stupéfaction, car on se dit que, vu ses qualités du moment (il a fait des séries moyennes), ce genre d'initiative ne peut qu'être suicidaire. Il va exploser dans la ligne droite, c'est sûr.... Lui-même raconte cela comme un coup de folie, ou plutôt un coup de poker foudroyant qui s'est imposé à lui, intuition de pur feeling. Il file devant les autres, et ne pense plus, il est dans le "flow", comme disent les escaladeurs à main nue, il n'est plus dans le stade olympique de Londres, il vole, il est en apesanteur, déconnecté de ses jambes qui galopent, indépendantes de lui, et il se dit que les autres vont bien finir par le rattraper, tout en franchissant la ligne d'arrivée dans le brouillard de l'irréalité la plus complète! Mais où sont-ils donc  passés, tous les autres? Kszczot s'est rendu compte trop tard du danger, démarrant de trop loin, il est venu mourir à quelques mètres du Français qui a résisté jusqu'au bout au retour de ses adversaires, porté par un corps que la tête avait oublié, et peut-être ainsi libéré...

    Liberté que Pierre-Antoine Bosse préserva, lâché qu'il était en roue libre, jusque devant les caméras et les micros de la télévision qui étaient à ses pieds. L'occasion était trop belle. Il se déverrouilla et déballa tout ce qui lui passait par la tête, sans censure, avec humour, prodige primesautier. Et ça faisait du bien d'entendre cette parole fraîche et spontanée sur cet écran habitué aux langues de bois des plus constipées usuellement...

08/08/2017

Le mystère du graffitiste cinéphile de Douarnenez

    Il y a plusieurs manières de visiter une ville. A la touriste appliqué, comme nous un matin (Régis Gayraud et moi) à Locronan, ce village breton aux vieilles maisons, défiguré et exagéré par le commerce exploitant éhontément son ancienneté "typique". Ou, comme nous encore, de manière "dérivante", à la fin de la même journée, arpentant le pavé de Douarnenez (qui n'aime pas beaucoup les touristes, tant mieux).

 

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Le graffitiste cinéphile de Douarnenez, inscriptions sur des poubelles : Les bœufs carottes, Le dernier diamants (sic), L627, les Daltons, L'empire des loups, etc., photo Bruno Montpied, 2017.

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Witness, La louve... Ph.B.M., 2017.

 

    J'étais alors fatigué et j'écoutais distraitement mon camarade qui me paraissait pérorer à propos d'inscriptions à la peinture blanche qu'il avait déjà aperçues la veille sur le pont de Tréboul (du nom du petit port qui jouxte Douarnenez de l'autre côté d'une ria). Cette fois, il s'en laissait voir toute une flopée sur les parois de containers à verre dans la cour d'une cité que l'on traversait en lisière de Tréboul. Ce n'était que titres de films, de téléfilms ou de séries TV. Les caractères étaient tracés de façon distincte, toujours en capitales, aisément lisibles donc. Parfois, les titres étaient précédés de numéros et de flèches orientées dans tous les sens. Les films cités étaient pour la plupart récents, mais on en rencontrait quelques-uns d'un peu plus ancien. Sous le soleil, Zodiaque, Le fruit défendu, L'affaire Rachel Singer, Ma sorcière bien-aimée, Promotion canapé, Le Poulpe, Un amour de sorcière, Dolmen, Le pigeon (titre de film plus ancien), La vague, OSS 117 Rio ne répond plus, Fast and furious, The magdalene sisters, 5e élément, etc...  Sur le moment, je rétorquai à Régis, qui me paraissait s'exciter pour pas grand-chose, que tous ces titres provenaient probablement de films visionnés en cassettes vidéo, ou dvd, ou vod, et que cela pouvait émaner d'adolescents se livrant à des jeux de comparaison, des listes établies dans la perspective d'un quelconque quizz qui leur était propre...

graffiti,graffitiste cinéphile de douarnenez,tréboul,titres de films,cinéma    Mais, en continuant notre marche et en revenant en particulier sur Douarnenez, je commençai de me rendre à l'évidence. Ces inscriptions étaient véritablement bizarres. La ville paraissait en être couverte, et à chaque fois dans des espaces marginaux, de ces portions de l'espace urbain sur lesquelles l'œil glisse : petites armoires électriques, poteaux, marges des panneaux de signalisation, distributeurs de poches plastiques pour crottes de chiens, poubelles, containers, bornes d'incendie, tuyaux de gouttière où le graffitiste traçait ses titres à la verticale. Je me persuadais petit à petit qu'il s'agissait d'un seul individu, hypothèse qui était partagée par Régis ; tous deux pensâmes en même temps à Alain Rault, ce SDF qui graffite des noms d'hommes célèbres sur les murs de Rouen.  Il y avait là, à n'en pas douter, vu l'étendue des zones d'inscriptions, une manifestation d'acharnement des plus singulières qui ne relevait pas d'un simple goût du jeu maniaque. On établissait sur les murs de la ville une liste de titres d'œuvres cinématographiques qu'il fallait, semble-t-il, ne pas oublier, comme les pense-bêtes que les lycéens se tatouent dans le creux de leurs paumes.

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Hubert et le chien (graffito adapté à son support, une boîte d'étuis plastifiés pour ramasser des crottes de chien), Reckless, Léon, La vengeance aux 2 visages, etc., ph.B.M., 2017.

 

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Microbe et gas-oil, En immersion, Le sourire des femmes... Ph.B.M., 2017.

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Miss Marple, Le sexe faible... Ph. B.M., 2017.

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Le légionnaire, Les associés... Ph.B.M., 2017.

 

     Etait-ce un homme atteint de troubles mentaux, d'une perte de mémoire progressant vers la dissolution, à travers la perte des connaissances, de la personnalité, comme ce qui arrive, dit-on aux schizophrènes ? Dans l'art brut, certains de ceux-ci sont connus pour leurs tentatives de dressage de listes à coloration encyclopédique : Gregory Blackstock et ses planches thématiques où il aligne en rangs d'oignons une série d'objets ou d'êtres, Arthur Bispo de Rosario et ses entassements d'objets, ses capes couvertes d'inscription, ses objets emmaillotés, Alain Rault lui-même réinscrivant sur les murs de Rouen la panoplie interminable des noms qui le fuyaient peut-être par ailleurs, tentative pathétique de raccrochage des épaves qui se détachaient sans cesse davantage de lui...

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Essaye-moi (inscrit deux fois, en rouge et en blanc en dessous ; à noter qu'on rencontre souvent du tricolore dans les peintures employées)... Ph.B.M., 2017.

 

     Par moments, certains titres faisaient signe, me disais-je. Essaye-moi, inscrit de façon insistante, ou cet autre titre à l'accent de manifeste : L'extraordinaire vie de Monsieur Tout le monde (voir ci-dessus la deuxième photo à partir du début de la note), tracé par les doigts d'un autre monsieur "Tout-le-monde" qui rêvait peut-être d'une vie justement moins ordinaire.

     Sur un panneau à l'écart, un titre retenait également l'œil, d'abord parce qu'il était seul inscrit, et aussi en raison de sa catégorique déclaration aux allures de terrible conclusion : RIEN NE VA PLUS...

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Ph.B.M., Douarnenez, 2017.

 

26/07/2017

Enseignement médical par l'image

Anonyme (2), enseigne africaine médicale naïve, 61x81cm, sd (années 50 ptêt).jpg

Panneau-enseigne médicale, provenant d'Afrique (probablement de l'ouest, même si on me l'a d'abord décrite comme venant de Madagascar...), peinture sur bois, sans signature, sans date (années 1950?), avec inscriptions, 61x81 cm, photo Bruno Montpied, coll. privée.

 

    "Déparasitage - purgatif (les vers intestinaux) / Insuffisance rénale (limbago [sic] - maux de hanche / Les hernies"... La litanie des maux - soignés dans le dispensaire où était accrochée cette peinture explicative, peut-être aussi éducative? - est peinte avec un impitoyable vérisme qui fait presque tout son charme : une cascade de vers sous ce derrière à la raie fort longue (puisqu'elle remonte jusqu'à la nuque du souffrant...), la femme en boubou penchée,  appuyée sur sa canne, vers l'homme qui chie son ténia (sans gêne alors qu'il est en public), comme si elle s'apprêtait à lui faire une importante déclaration, la nudité du bas du corps de l'homme de droite (seule la femme a le droit de rester vêtue, la pudeur lui étant sans doute réservée), avec son poing sur l'aine, désignant peut-être une hernie inguinale qui affecte l'aine, et peut aussi, si elle s'aggrave, descendre dans le scrotum - ce qui explique peut-être les attributs sexuels de l'homme exposés sans fard, et notamment les testicules peut-être sur-traités... La pâleur de ces corps joue leur partie en ajoutant de l'étrangeté (car enfin, sont-ce des Noirs  ou des Blancs qui sont représentés? Les caractères typiques africains ne paraissent pas particulièrement marqués). Il y a des détails insolites, comme les tongs aux pieds qui subsistent même quand tout le reste du corps est dénudé., ou les coupes de cheveux qui dénotent sûrement une mode datée (on pense un peu aux enseignes actuelles des coiffeurs africains de Château d'Eau, ou Château Rouge à Paris, qui présentent en devanture des mosaïques de modèles de coiffures disponibles. Le bleu pâle du fond (le ciel ?) joue aussi dans l'attraction qu'on éprouve vis-à-vis de ce tableau pourtant pas fait au départ pour distiller une impression avant tout esthétique. L'homme à droite, comme au garde-à-vous, avec sa jolie chemise blanche impeccablement repassée, regarde le spectateur droit dans les yeux, semblant le prendre à témoin, avec son poing sur la hanche comme s'il semblait vouloir dire : "Hein? Qu'est-ce que vous dites de ça?...". Curieuse peinture, en vérité, trouvée de façon inattendue dans une brocante le long de la Gironde, où je me demande encore comment elle avait pu y échouer... 

17/07/2017

Parution du livre de Benoît Jaïn, "Pierre Jaïn, un hérétique chez les Bruts"

     Comme on va me rétorquer que, puisque j'en ai écrit la préface, et que j'ai été à de nombreuse reprises l'instigateur de redécouvertes du sculpteur d'art brut douarneniste Pierre Jaïn (entre autres, sur ce blog), il n'est pas étonnant que je défende l'édition du livre de Benoît Jaïn récemment paru sur son grand-oncle (et l'on ne s'embarrassera pas alors pour me reprocher mon copinage...), je répondrai que c'est parce que j'ai toujours été profondément intrigué par l'œuvre et la personnalité de Pierre Jaïn que je défends toutes les entreprises  qui visent à faire connaître ce créateur hors-normes. Donc, pas de souci, nulle complaisance ici.

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     Il est logique que je vous conseille de vous procurer Pierre Jaïn, un hérétique chez les "Bruts", aux éditions YIL, surtout si l'on aime la problématique de l'art brut, de ses liens avec l'art populaire rural d'autrefois, et accessoirement l'imaginaire traditionnel breton. Cela vient tout juste de sortir, et ce ne sera peut-être pas très facile de se le procurer partout  (pour le moment, la librairie de la Halle Saint-Pierre en possède quelques exemplaires, et sans doute le trouve-t-on en différents points de la Bretagne, mais sa diffusion paraît d'ores et déjà restreinte, du genre bouche à oreille, ou d'un mail à l'autre ; le mieux étant, pour ceux qui seraient loin de Paris et de la Bretagne - il y en a... -, de le commander à ce lien : http://yil-edition.com/produit/pierre-jain-un-heretique-c...). J'en profite au passage pour signaler l'exposition qui se tient en ce moment dans son village natal, à Kerlaz (Finistère), non loin de Douarnenez (voir le carton ci-dessous). Que les gens passant par là-bas durant la semaine qui vient ne manquent pas l'événement, cela se termine  le dimanche 23 juillet. On doit sûrement y trouver le livre de Benoît Jaïn.

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     Pierre Jaïn, ce "colosse boîteux", comme le surnomme Benoît dans son livre, m'est apparu très tôt, avant même que je ne découvre le cas du sculpteur creusois François Michaud – lui-même au carrefour entre l'art populaire rustique et l'art brut (mais plus tôt que Jaïn ; si ce dernier a commencé grosso modo après guerre la sculpture, sur pierre, puis sur bois, et enfin sur os après la mort de sa mère en 1964, et trois ans avant sa propre mort,  on sait que François Michaud a œuvré dans la deuxième moitié du XIXe siècle) –, comme un cas que les défenseurs sourcilleux de l'art brut orthodoxe ne voulaient envisager que sous un seul aspect, le plus conforme à leur vision de l'art brut. La même chose s'est reproduite ailleurs avec le dessinateur bourguignon Maugri que l'animatrice principale de l'Aracine, Madeleine Lommel, refusait d'envisager dans toutes ses dimensions, de dessinateur naïf, dessinateur visionnaire, et dessinateur automatique (et donc "brut"), ne privilégiant que la dernière veine. Selon mes vues, il me paraît fort partial et injuste de découper en tranches l'œuvre d'un homme. L'information se doit d'être la  plus complète à son sujet, quitte à donner ses préférences dans un second temps.

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Pierre Jaïn, La femme et le dragon, bloc de bois sculpté représentant le diable avec une femme (sorcière?), coll. particulière, ph. Bruno Montpied, 2013.

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Pierre Jaïn, personnage sculpté dans la pierre, placé dans un tube de métal, ancien élément de la "batterie" du sculpteur (merci à Benoît qui m'a donné cette précision), jardin de Kérioré-Isella, Kerlaz, ph. B.M., 1991.

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Pierre Jaïn, os d'omoplate taillée et colorée, coll. de l'Art Brut, Lausanne, ph. Arnaud Conne.

 

     Benoît Jaïn ne l'entend pas de cette oreille et il nous donne avec cet ouvrage un portrait des plus complets, dans l'état actuel des informations disponibles, de son grand-oncle, à l'inspiration éclectique, visant selon lui à un projet universaliste qui fut parfaitement incompris de ses contemporains (et ajoutons-le, toujours aussi méconnu des contemporains actuels). Son livre dévoile un grand nombre d'œuvres de Pierre, le plus souvent détourées, mariées ainsi plus intimement à son texte, où, seul bémol que j'apporterai quant à la maquette typographique, l'on peut s'agacer de l'usage répété du gras dans les caractères soulignant inutilement les membres de phrases sur lesquelles l'auteur veut attirer l'attention du lecteur par une espèce de tic didactique.  On oublie cependant vite ce défaut bénin, à mesure que l'on suit Benoît, nous déroulant progressivement comme dans une balade séduisante  le labyrinthe de cette œuvre hétéroclite restée  longtemps inédite, expérimentale souvent, mais aussi déployant des sortes de transposition d'après diverses sources iconographiques que le sculpteur kerlazien recueillait pieusement dans sa maison.

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Œuvre sculptée de Pierre Jaïn, démarquée des photographies illustrant le livre de Denise Paulme et Jacques Brosse, Parures africaines (éd. Hachette.), ph. B.M., 2013.

 

     En effet, nombreuses paraissent être les œuvres qui s'inspirent de modèles dénichés dans les livres dont le sculpteur aimait à s'entourer. Benoît publie dans son livre une petite partie de sa bibliothèque telle qu'elle a pu être malaisément reconstituée, à la fois pour montrer sans détour la manière de procéder de son aïeul et à la fois pour démontrer que l'autodidacte ne dédaignait pas de se construire ses propres références, s'intéressant aux peuples africains, à la cryptozoologie (science des animaux à l'existence controversée), à l'astronomie, aux mysticismes divers (il avait des relations avec les Témoins de Jéhovah), car il était très pieux, à l'histoire, à la préhistoire, et à la musique. Pour cette dernière, il pratiquait, chantait en s'accompagnant sur une batterie bricolée dont Benoît nous détaille dans le livre les différents éléments, ce qui intéressera les amateurs de musique brute qui croisent de temps à autre sur ce blog.

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     C'est aussi l'occasion pour Benoît Jaïn d'insister sur l'environnement de sculptures et installations diverses que son grand-oncle avait fini par constituer autour de la ferme familiale, où, aujourd'hui encore, subsistent quelques-unes des ses pierres sculptées (à ce titre, le jardin figurera dans mon prochain livre, Le Gazouillis des éléphants, à paraître en novembre). S'il y avait organisé sa "batterie" loufoque le long d'une clôture, il avait disposé aussi une hutte contenant une femme nue sculptée, des sortes de galettes de ciment incrustées de divers accessoires, un totem dont il ne reste aujourd'hui que la tête (voir ci-dessous)...

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Benoît Jaïn présentant la tête, vestige de l'ancien totem du jardin (pour voir l'aspect du totem complet dans le jardin, se référer à mon livre à paraître en nov.17), ph.B.M., 2013.

 

      Le livre propose aussi, heureuse initiative, un lexique des principales catégories artistiques auxquelles on pourrait rattacher l'œuvre de Pierre Jaïn, avec leurs définitions et les caractéristiques que l'œuvre possède en rapport avec ces catégories.

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Une page, la 91, de Pierre Jaïn un hérétique chez les "Bruts", avec un Yéti, un Néandertalien, un dinosaure... 

 

      En conclusion, cet ouvrage est aussi une éclatante réponse de la famille du "colosse boiteux" aux rumeurs propagées au départ par le Dr.Maunoury, puis par Michel Thévoz et Michel Ragon, ayant exagéré la destruction  par les proches de Pierre Jaïn des œuvres décrétées les plus originales par eux. S'il y a bien eu des pièces rejetées et perdues (certaines sont parfois retrouvées par Benoît en fouillant le sol autour de la ferme, quand il a l'occasion de se faire archéologue de l'art brut), cela ne paraît concerner en définitive qu'une minorité d'œuvres. Et c'est finalement du sein de la famille qu'est sortie la voix la plus habilitée pour défendre la mémoire de Pierre Jaïn, hérétique par rapport à l'art brut, hérétique par rapport à toutes les religions, et ajoutons-le, par rapport à toutes les catégories artistiques.

     Enfin, un dernier point à signaler. Cet ouvrage, commandé par moi au départ à Benoît Jaïn, aurait dû être le cinquième opus de la collection La Petite Brute que je dirigeais aux éditions de l'Insomniaque et qui a cessé de paraître, faute de lecteurs, de presse, de diffusion, etc. Pour mémoire... (D'un certain point de vue, cela fut une bonne chose pour cet ouvrage, car son auteur, Benoît, a pu ainsi réaliser lui-même la maquette de son ouvrage, profitant de sa compétence d'infographiste).

*

On consultera si l'on veut être tenu au courant des actualités autour de Pierre Jaïn le site internet suivant, créé par Benoît: http://pierrejainartbrut.com/

08/07/2017

Une parabole sur les rapports France-Afrique

     Cela fait plusieurs fois qu'avec divers interlocuteurs je vante les bénéfices (intellectuels...) qu'il y aurait à monter une exposition exclusivement consacrée à de brillants anonymes de l'art, naïfs, populaires, bruts, voire rien de tout cela, tout simplement autres, pourvus que les œuvres soient véritablement singulières et originales. Beaucoup de collectionneurs et chineurs invétérés possèdent de ces tableaux ou sculptures qui ont su capter leur attention, tout en étant bon marché très souvent, du fait qu'il est difficile de faire entrer ce genre de marchandise dans une quelconque démarche d'investissement... Pas de cote possible, on ne connaît rien de l'auteur, c'est déjà bien beau si on a une signature. Dans ce dernier cas, il est cependant passionnant d'essayer de retrouver l'auteur, dans le passé ou le présent. Je connais des amis du côté des Pyrénées qui n'hésitaient pas à une époque à rechercher dans le bottin toutes les personnes du même nom qu'ils avaient relevé sur une toile chinée dans un vide-greniers, et puis ensuite à appeler toutes les personnes... dans l'espoir de retrouver "l'artiste" inconnu. Sur ce blog, le lecteur a dû se convaincre que c'est le genre de recherche que nous sommes quelques-uns à aimer poursuivre (voir récemment le nom d'un sculpteur sur sable du début XXe siècle qui nous a interpellés : Winter Querée... Ou encore le cas du nommé Pierre Dange dans l'Yonne, sur lequel j'apporterai une information nouvelle dans mon livre, Le Gazouillis des éléphants, à paraître en novembre en librairie).

Anonyme d'origine africaine (2), Je te donne la friperie et le médicament, tu me donnes la forêt et le pétrole, ça colle....jpg

Anonyme, Je te donne la friperie et le médicament. Tu me donnes la forêt et le pétrole ; Ça colle ?, 52 x 67 cm, sans date, crayons graphite et couleur sur papier, coll. et photo Bruno Montpied.

 

     Ces anonymes œuvrent sans se soucier de se faire connaître. Ils sont de styles très divers, et ne se rangent pas nécessairement du côté de l'art dit brut. J'en donne un exemple ci-dessus. C'est le galeriste lyonnais Alain Dettinger qui est tombé sur ce dessin, parmi d'autres (une petite dizaine d'œuvres retrouvées). Aucun renseignement de la part du vendeur sur l'auteur. Est-il d'origine africaine? On ne sait. Il vivrait cependant en France... Tous les dessins comportent des textes qui commentent les scènes, représentées avec un bon coup de patte graphique, je trouve. Je n'ai pas photographié l'ensemble malheureusement, je me souviens de l'un d'entre eux qui comportait le texte suivant (je cite de mémoire): "Ma femme a accouché comme une chèvre"... Celui dont je mets la reproduction ci-dessus, dénonçant visiblement l'arrogance et la condescendance occidentale vis-à-vis de l'Afrique, est d'une causticité pince-sans-rire magnifique. Si quelque lecteur du blog en connaissait par hasard davantage sur cet auteur, qu'il n'hésite pas à intervenir en commentaire ou en privé.

Anonyme, Je te donne la friperie et le médicament. Tu me donnes la forêt et le pétrole ; ça colle (détail).jpg

     Quel responsable de lieu d'exposition aura l'audace d'organiser une manifestation uniquement consacrée aux anonymes de l'art, les véritables purs de l'art, créant avant tout pour eux-mêmes par amour de l'art et de l'expression? Ce serait la démonstration de l'existence de cette pulsion créatrice errante qui naît au sein de la vie quotidienne sans recours à une recherche de gloriole, au rebours des artistes cabotins avant tout préoccupés d'exhiber leurs nombrils...

 

04/07/2017

Des Joseph Donadello à vendre

      Aperçues récemment chez un ami collectionneur qui souhaite s'en défaire, voici quelques peintures de Joseph Donadello sur panneaux de bois, dans des dimensions variant entre 32 x 38 cm et 30x50 cm (voir les dimensions exactes par œuvre ci-dessous. On sait que ce dernier a créé un environnement de statues et maquettes, pour leur majorité en ciment coloré en Haute-Garonne, je lui ai consacré un chapitre dans mon livre de 2011, Eloge des jardins anarchiques, et il est également mentionné, plus succinctement, par une notice dans mon prochain ouvrage, Le Gazouillis des Eléphants.

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Le jardin de Joseph Donadello en 2008, ph. Bruno Montpied.

 

    Ces dernières années, Joseph Donadello, persuadé que ses œuvres ne lui survivraient pas si elles restaient autour de ou dans sa maison, en a cédé et vendu un nombre assez considérable. Le musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle dans l'Ariège en possède une sélection conséquente. Personnellement, j'en conserve aussi. Les œuvres ci-dessous mises en ligne sont à vendre, au nombre de cinq. Leurs prix sont peu élevés (me contacter en privé), c'est surtout une affaire d'aficionados attachés à préserver la mémoire de cette création particulière d'Occitanie et qui revendent des œuvres acquises sans idée spéculative.

01 Ciovana (2), AOUT 2013, signé au dos Bepi Donald, 32x38cm.jpg

Joseph Donadello, Ciovana (sic, en réalité, ce doit être le prénom Giovanna), peinture sur bois aggloméré (1 cm d'épaisseur), daté août 2013 et signé au dos "Bepi Donald" (le surnom de Donadello), 32 x 38cm, ph. B.M. VENDUE

03 Silvie (2), fait le 8 10 2001, 31x40cm, signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Silvie, "fait le 8 10 2001", 31 x 40cm, signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE

04 Sisi (Sissi) (2), Fait le 10-9-1988, 46X35 env.,signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Sisi (Sissi), "Fait le 10-9-1988", 46 X 35 cm env., signé au dos, peinture sur panneau de bois (1 cm d'épaisseur ; au verso, on trouve un essai de coulure, expérimentation dont Donadello était de temps à autre adepte), ph. B.M. PLUS A VENDRE

05 Ss titre (2), le 7-11-1999, 30x50cm,  signé au dos.jpg

Joseph Donadello, sans titre, "le 7-11-1999", 30 x 50cm,  signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE.

02 Le beau Richard (2), tempé moins 4; fait le 4 12 1998, (repeint le 9 7 2011 ptet), 32x44 cm.jpg

Joseph Donadello, Le beau Richard (titre donné au verso en dépit du prénom Pierre apposé sur le personnage au recto, Donadello n'est pas à une contradiction près), avec, marqué au verso: "tempé moins 4; fait le 4 12 1998", (tableau probablement repeint le 9-7-2011, comme il est indiqué sur le panneau en bas à gauche ; il est également probable que les inscriptions du verso correspondent à un état plus ancien du tableau), 32 x 44 cm, peinture et collage sur panneau de 0,5 cm d'épaisseur, ph.B.M. PLUS A VENDRE

 

30/06/2017

L'art partagé à Saint-Trojan (île d'Oléron), codicille

      Je me suis décidé entre les trois manifestations dont je vous causais récemment, j'ai commandé mon pilote-chauffeur, le jet est arrivé sur mon toit, et d'un coup d'aile je me suis propulsé à St-Trojan-les-Bains, où il pleuvait fort ma foi...

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Vue sur l'allée centrale de la troisième édition de l'Art partagé à Saint-Trojan, ph. Bruno Montpied, juin 2017.

 

       Peu importait, le soleil était à l'intérieur de l'entrepôt à festivals avec plein d'œuvres de belle qualité, sélectionnées par l'Association Œil-art, dirigé de main de maître par Jean-Louis Faravel, qui organise en alternance avec ses biennales de Rives en Isère cette autre manifestation, également tous les deux ans sur l'île d'Oléron. Celui-là travaille passionnément, et ne compte pas ses heures pour choisir ce qu'il veut montrer, le présenter de façon soignée, avec encadrements étudiés et accrochés par lui. Pour connaître le nom des artistes ou créateurs exposants, on se reportera à ma note précédente...

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Pierre Albasser n'a pas manqué de faire son apparition sur les cimaises, plus coloré qu'autrefois..., ph. B.M.

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Vue au fond de l'allée centrale, œuvres sous globe de Gilles Manero, et derrière, de droite à gauche sur les paravents blancs, d'Irène Gérard, de Mehrdad Rashidi, et d'Imam Sucahyo ; ph. B.M.

 

        Certes, on pourrait trouver qu'il y a beaucoup (trop) d'œuvres venues des centres d'aide par le travail et autres foyers d'aide sociale. Ce serait oublier qu'Œil-art les sélectionne dans leur majorité avec rigueur et exigence. Cela nous change de tant de lieux où l'on se contente de peu, remplissant la voiture sans grand souci de tri, avec la paresse de n'avoir pas cherché ailleurs qui plus est. Avec ces expos d'"Art partagé", une des grandes raisons de venir les voir, pour les amateurs, collectionneurs, et prospecteurs de tous calibres (les prix n'y sont pas trop élevés, c'est à noter pour les passionnés qui ne se recrutent pas nécessairement et uniquement chez les cossus - peut-être même ne se rencontrant que très rarement de ces côtés-là...), tient au fait qu'on est à peu près sûr d'y faire des trouvailles de tous premiers ordres, certes pas sous des noms connus (ce qui éloigne à coup sûr investisseurs et spéculateurs, et bon débarras, restons entre gens de bonne compagnie...!), mais manifestant une inventivité hors du commun.

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Imam Sucahyo, sans titre (des cavaliers guerroyant semble-t-il, mais sur... des chevaux?... des moutons?), ph. B.M.

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Mehrdad Rashidi, sans titre, crayon à dessin sur papier (environ 50x65 cm) ; ph.B.M.

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Un des dessins de Gilles Manero exposé à St-Trojan, ph. B.M.

 

        Allez donc à St-Trojan toutes affaires cessantes, l'exposition ne durant qu'assez peu de temps (jusqu'au 16 juillet). C'est le moment d'y découvrir, peut-être comme moi (mais je ne vous impose rien...), par exemple... : les œuvres d'un nouveau venu balinais, Imam Sucahyo, des dessins aux stylos bic multicolores étourdissants, côtoyant les dessins au crayon à dessin simple de l'Iranien Mehrdad Rashidi qui n'ont rien à envier à notre Gaston Chaissac, l'ancêtre de l'art singulier français ; les saynètes étagées sous globe de Gilles Manero, qui expose aussi, accrochés au mur, de fort beaux dessins visionnaires et presqu'abstraits, "minéralogistes", où il n'a pas oublié les frottages de son maître Max Ernst ; les puissants dessins de Dimitri Pietquin ; les travaux éclectiques de Marie-Jeanne Faravel ; les touffus dessins aquarellés de couleurs sépia de Jean-Christophe Humbert (le fils de Raymond et Jacqueline Humbert, qui a donc de qui tenir, on s'en convaincra en allant faire un tour au musée de Laduz cet été où Jacqueline monte une nouvelle exposition consacrée aux anciennes œuvres de son mari Raymond) ; les magnifiques dessins fouillés en blanc sur noir de Catherine Garrigues (également exposée à Lyon chez Alain Dettinger en ce moment...) qui font un peu penser à Unica Zürn ; les non moins magnifiques peintures d'une inconnue à mon bataillon, Hélène Blondin, active dans le Sud-Ouest à ce que m'a dit Jean-Louis Faravel, qui peint un peu comme moi en ce moment, des figures peu nombreuses sur un fond laissé en réserve ; les dessins naïfs, mais riches d'un point de vue graphique d'un créateur venu d'Allemagne, Christian Gautier...

 

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Quatre peintures sur papier d'Hélène Blondin (elle excusera, j'espère l'aspect sombre de ma photo...), ph. B.M.

 

     Je ne vous cite là que ceux qui m'ont littéralement tapé dans l'œil, pour le reste, reportez-vous, si vous voulez en savoir plus au site de l'association organisatrice, Œil-art, on y trouve un texte (d'Emmanuel Merle) et une image pour chacun des exposants.

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Marie-Jeanne Faravel, sans titre (il me semble), une histoire de nouage..., ph. B.M.

20/06/2017

La folle complainte, une chanson que je verrai bien à mon enterrement

      Daniel Darc, l'interprète (et sorte de dandy rock plus ou moins fracassé...) de la chanson La folle complainte de Charles Trénet, que j'écoutais par hasard ce matin, a si parfaitement raison d'affirmer (dans un murmure, au début de l'enregistrement, qui va en s'évanouissant) que c'est  la "chanson la plus belle de tous les temps...." Ou, du moins, l'une des plus belles... Elle me colle à la peau en tout cas, je m'y retrouve moi aussi, et je la trouve digne de ces morceaux que l'on diffuse lors du clap de fin dans les cimetières ou les incinérateurs...


podcast

12/06/2017

Tourisme brut et populaire en été, poésie de l'immédiat (1) : Visitez le Musée alsacien à Strasbourg

     L'époque des transhumances s'approche, au temps béni des grandes vacances, avec ses riches et insoupçonnées possibilités de découvertes au cours de nos baguenaudages et autres dérives interminables. Un bon fil rouge à suivre me paraît constitué, comme autant de perles distribuées sur un collier sans fin, par les lieux voués à la présentation des curiosités de l'art populaire, de l'art brut, ou encore de l'art naïf, voire de l'art singulier, musées historiques, ou collections méconnues, voire sites d'art insolite et primesautier en plein air, sans oublier que dans les intervalles il n'est pas interdit de repérer les inscriptions curieuses, les noms prédestinants, les caviardages volontaires ou involontaires, les affichages naïfs, les noms de communes hilarantes, les graffiti, distribués au hasard de vos promenades rêveuses, les coques des navires vues comme des tableaux surréalistes ou abstraits... Ouvrons l'œil!

Musée alsacien (2), vu de la cour intérieure.jpg

La cour intérieure du Musée alsacien, avec les coursives, où sont accrochés entre autres les dégorgeoirs de moulins et une série de dossiers de chaises en bois sculptés de divers motifs ornementaux (qui avaient, paraît-il une fonction propitiatoire vis-à-vis de l'homme qui s'y asseyait, fonction qui dépendait du motif ornemental), ph. Bruno Montpied, mai 2017.

Le sonneur de cloche (2), musée alsacien.jpg

Sur cette statuette de sonneur de cloche, installé sur un balcon au Musée alsacien, je n'ai pas trouvé d'explication ; est-ce un vestige de jacquemart, automate articulé pour que son bras puisse venir frapper la cloche?, ph.B.M., 2017.

 

    A Strasbourg, belle ville légèrement empesée (un peu comme sa gastronomie, c'est une ville roborative), on trouve par exemple entre autres sources d'émerveillement le labyrinthe d'escaliers et de coursives du Musée alsacien, tracé dans les étages d'une vieille maison de style Renaissance achetée par une société d'amateurs d'art traditionnel au début du XXe siècle, à un moment où l'Alsace ayant été annexée par les Allemands, certains de ses habitants, des écrivains et des artistes,  s'inquiétaient de la sauvegarde de la culture alsacienne. Une amie québécoise m'avait, il y a déjà quelque temps, alerté sur l'importance de ce musée (et de la Revue Alsacienne Illustrée qui avait inspiré sa fondation, lui qui fut un des premiers parmi les musées d'arts et traditions populaires de France, avec le museo Arlaton de Frédéric Mistral à Arles) qui contient beaucoup d'objets (cinq mille œuvres). J'insiste sur le mot, car ce fut une des toutes premières collections, semble-t-il, à collecter, outre des preuves de la culture populaire immatérielle (chansons, coutumes, croyances...), aussi des preuves des productions matérielles (ex-voto, peintures sur coffres, verres gravés, mobilier, reliquaires, bannières, panneaux commémoratifs, etc....). Plusieurs amateurs et collectionneurs, comme par exemple Robert Forrer, rassemblèrent des ensembles d'objets qu'il serait, paraît-il, impossible de retrouver aujourd'hui.

Sirène de verrou de fût, musée alsacien.jpg

Verrou de fût en forme de sirène, Musée alsacien, ph.B.M., 2017.

Trois déversoirs (2) de moulin.jpg

Trois dégorgeoirs de moulin, Musée alsacien, ph. B.M., 2017.

 

       Forrer, qui était antiquaire, a fait en effet don au musée, dès 1902, avant qu'un lieu soit trouvé pour les présenter, d'ensembles d'objets qui aujourd'hui encore, parce qu'ils sont particulièrement beaux et insolites, font la fierté de ce musée. Au premier rang desquels on trouve les verrous de fûts, avec leurs sirènes à double queue. Ou bien encore les déversoirs – aussi appelés dégorgeoirs, ou dégueuloirs – de moulins, sculptés en forme de têtes aux bouches largement ouvertes, qui avaient semble-t-il une fonction propitiatoire, visant à protéger le son qui s'écoulait par leurs bouches des contaminations qui causaient cette maladie appelée "mal des ardents", consistant en troubles convulsifs et psychotiques que Matthias Grünewald a représentés dans le retable d'Issenheim conservé au musée Unterlinden de Colmar (autre lieu à visiter, du reste, entre autres, avec l'Ecomusée d'Ungersheim, près de Mulhouse ; le musée de Mulhouse lui-même recèle des œuvres d'art tout à fait passionnantes par ailleurs...).

Déversoir de moulin, ill Philippe Fix Il y a cent ans déjà.jpg

Sur cette illustration de Philippe Fix, pour son livre à destination de la jeunesse intitulé Il y a cent ans déjà (Gallimard, 1987 ; à noter que cette référence n'est pas signalée dans le musée), on aperçoit un déversoir au débouché de la cuve ; ces sculptures, que l'on peut rapprocher des gargouilles de cathédrales, datent des XVIIIe et XIXe siècles.

Déversoirs de moulin.jpg

Toute une série de dégorgeoirs, tels qu'on peut les découvrir magnifiquement présentés dans le livre grand format édité à l'enseigne du Cabinet de l'amateur (n°3, intitulé Effroyables gardiens, figures protectrices de moulins dans le Rhin supérieur, musée alsacien ; édition des musées de Strasbourg, 2015 ; dans cette édition brochée, par contre, est indiquée la référence à Philippe Fix...).

un déversoir.jpg 

Un autre dégorgeoir du Musée alsacien ; ces masques (involontairement des masques) font penser à ceux de la tragédie grecque... Ph. B.M., 2017.

 

      Il y aurait beaucoup d'objets (ainsi que des situations liées à des coutumes d'autrefois) à décrire, conservés au gré des salles de ce charmant musée, mais ce n'est pas l'endroit idéal pour ce faire. Je me contenterai de citer un peu en fonction de mes propres goûts, tel reliquaire d'enfant-Jésus dans une boîte vitrée, telles statuettes du même Jésus (quoique un peu plus vieux), des ex-voto peints mais aussi sous l'apparence de figurines en métal noir présentées en panoplie, ce qui les rehausse en les apparentant à ces silhouettes découpées connues sous le nom de canivets (la Suisse proche a vu cet art-là se développer avec beaucoup de raffinement, que l'on se reporte au magnifique livre l'Art populaire de Nicolas Bouvier aux éditions Zoé), une lanterne en verre gravé où caracole un cerf dont le dessin se réfléchissait sur les murs, donnant probablement une illusion de mouvement, dès qu'on allumait la lanterne, des verres décorés de gravures en couleur, des aquarelles sur papier, soit des commémorations de campagnes militaires, soit des images pieuses, etc.

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Lanterne aux parois de verre gravées de dessins, Musée alsacien, ph.B.M., 2017.

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Reliquaire avec enfant-Jésus, Musée alsacien, ph. B.M., 2017.

 

      On trouvera à la sortie de la visite un catalogue très bien fait, et richement illustré permettant d'emporter un souvenir plus permanent des collections. C'est grâce à lui que j'ai pu documenter cette note. A signaler aussi un prix de visite tout à fait modeste (et les retraités sont bénéficiaires de réductions dès l'âge de 60 ans... Attention délicate à laquelle j'ai été fort sensible...). Couv catalogue du musée alsacien.jpg 

05/06/2017

Ce blog a dix ans jour pour jour ce 5 juin : grand rassemblement d'éléphants de tous poils pour fêter l'événement, et en hommage précoce à un certain "Gazouillis" à venir bientôt...

Les éléphants sont étonnants. Les éléphants sont intrigants.

cp match avec joueurs de football univ de Loyola.jpg      Ils ont des nez très longs, des airs pachydermiques (et pour cause), des grosses pa-pattes avec des gros ongles et le dessous des pieds plat. Deux grandes quenottes qui leur sortent des deux côtés de la bouche, que toute une série de gens mal intentionnés veulent leur arracher. Des portugaises comacs pour ceux d'Afrique, mais plus riquiqui pour ceux d'Asie, qui me font penser à des feuilles de choux.

A-Robillard,-Dafrique-un-él.jpg

André Robillard, un éléphant dafrique (sic ; cette bête-là a dû être coupée avec un cocker on dirait), env. 40x50cm, coll. et ph. Bruno Montpied.

Calder, éléphan, sculpture en bronze, 1973t.jpg

Sandy Calder, un éléphant  de bronze en mobile, 1973.

 

     Ils ont la peau rugueuse, paraissant avoir des milliers d'années, comme une peau fossile. Des airs de vieux, vieux sages revenus de tout. Il ne faut cependant pas leur courir sur le haricot, ils s'énervent facilement. Et en  même temps, ils sont attentionnés avec leurs cornacs, qui leur peignent dessus parfois (c'est du plus bel effet, ils devraient être tout le temps  peints).

    Ils marchent avec des airs balourds, l'air grommelant de traîneur de savate.

    L'éléphant fascine petits et grands. Il y eut Babar bien sûr (voir ci-contre un exemplaire par le sculpteur naïvo-brut Joseph Donadello (en Hte-Garonne), ph. B.M., 2008).Babar par Donadello.jpg Et des jouets (voir ci-dessous un à roulettes ayant appartenu à un rassemblement d'objets du brocanteur Philipe Lalane),Jouet, éléphant à roulettes, réun Lalane, mai 2016.JPG des éléphants de dessin animé et de publicités improbables...

 

Anonyme, poupée éléphante (2), peut-être ukrainienne, coll BM.jpg

Poupée-éléphant, peut-être d'origine ukrainienne, ph. et coll. B.M.

 

Soyez bon avec les animaux (2), cadeau Bon Marché.jpg

Le Jardin d'Acclimatation, Constructions enfantines, cadeau du magasin Le Bon Marché (merci à Guillaume pour la permission de photographier la chose), ph.B.M.

Néocide la terreur des moustiques, Lille.jpg

Vu à Lille dans une brasserie, reproduction d'une ancienne affiche publicitaire, où l'éléphant chasse les moustiques en courant, ph.B.M.

Affiche cappiello le Nil, ext L.Jacquy.jpg

Affiche de Capiello reproduite sur le blog Les Beaux dimanches de Laurent Jacquy

Affiche l'orchestre des éléphants, F Appel 1890.jpg

Affiche "l'orchestre des éléphants", F Appel, 1890.

 

     L'éléphant est tellement sympathique et fort, avec une réputation de mémoire légendaire que les publicitaires et inventeurs de logos ont bien souvent songé  à lui...

Elephant logo sur un camion qq part en Lorraine.jpg 

Cherchez-le, ici en logo d'une société de transport (en Lorraine?) qui cherche à donner une image de force et de puissance, ph. B.M.

 

      Mais ceux qui ont adoubé le pachyderme qui hante nos rêves restent avant tout les artistes, les créateurs anonymes et populaires, naïfs, les enfants aussi qui adorent "croquer" les éléphants, et puis, au bout de la chaîne, ceux qu'on a appelés tour à tour inspirés du bord des routes, habitants-paysagistes ou créateurs d'environnements spontanés. Ces derniers en sèment très souvent dans leurs jardins, soit dans un recoin de l'espace dont ils disposent entre habitat et route, soit en majesté avec toute la lumière désirable braquée sur eux... Tant et si bien, que, dans le  volumineux livre que je vais faire paraître aux Editions du Sandre en octobre prochain, intitulé de façon cohérente Le Gazouillis des Eléphants, qui est une tentative d'inventaire des environnements populaires spontanés d'hier et aujourd'hui en France (voir projet de couverture  actuel ci-contre), je suis souvent amené à publier de nombreux exemples de cette étrange mascotte des inspirés.

 

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       L'éléphant qui gazouille, formule démarquée d'une stèle installée dans la "Seigneurie de la Mare au Poivre" d'Alexis Le Breton à Locqueltas dans le Morbihan, y servira de virgule visuelle, et de métaphore programmatique du propos de l'ouvrage : une défense et illustration de l'imaginaire gracieux des plébéiens bien souvent perçus et méprisés par l'intelligentsia comme des lourdauds et des bourrins de l'art...

Eléphant, (copie) Coli, 2011.jpgDessin d'enfant d'environ 7 ans, 2011.

Idriss Bigou 1.jpg

Dessin d'Idriss Bigou, un éléphant dont la trompe ressemble à une paille...

 

Marionnette à fil africaine, un éléphant, coll Veyret.JPG

Marionnette à fil africaine, coll. Joëlle et Jean Veyret, ph.B.M., 2016.

 

Cyrille Augeard, art de la Passerelle, les éléphants, feutres, 45x32, 2012.JPG

Cyrille Augeard, Les éléphants, feutres sur papier, 32x45 cm, 2012,  atelier La Passerelle, Cherbourg.

 

Eléphant (2), décor de Guimonneau,vase aux chinois, la reine bérengère.jpg

Un éléphant représenté sur un vase "aux Chinois", dû à l'artisan Pierre-Innocent Guimonneau de La Forterie, vers 1786,  musée de la Reine Bérengère, Le Mans, ph.B.M.

 

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Jean Bertholle, silhouettes en tôle découpée et peinte, montées sur girouette, parc de la Fabuloserie, ph.B.M., 2011.

 

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Eléphant (détouré) du Facteur Cheval, couloir intérieur du Palais Idéal, Hauterives (Drôme), ph.B.M., 2011.

 

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Morris Hirschfield, éléphanteau avec jeune garçon, env. 44 x 22 cm, 1943.

 

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Chez André Hardy, outre une baleine bleue, et divers autres bestiaux, il y avait ce magnifique pachyderme à l'œil extatique, ph.B.M., 2010.

 

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Anonyme, éléphants de la fontaine à Cléon d'Andran (Drôme), ph. B.M., 1994.

 

Fernand et Marie-Louise (2), par Prévost, années 70.jpg

Marie-Louise et Fernand Chatelain (Fyé, Sarthe) posant devant l'objectif de Clovis Prévost ; derrière on reconnaît les éléphants de la fontaine de Chambéry, celle des "4-100-Q".

fontaine des éléphants chambéry, un éléphant.JPG

L'éléphant de la fontaine de Chambéry, en effet dépourvu d'arrière-train...

 

      Quelquefois, c'est la nuit qu'ils surgissent, travestis en buissons, et arpentant la ville comme des fantômes...

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Art topiaire à Londres en nocturne, photo sans référence transmise par Julia (merci à elle).

    

      Même sur les sablières des églises bretonnes, il arrive qu'on en rencontre...

Sablière-chapelle-St-Pierre.jpg

Sablière d'une chapelle Saint-Pierre (pas plus de référence...).

 

     Le "yarn bombing" (si je ne me trompe pas d'orthographe), cet enrobage de formes en plein air (mobilier urbain, troncs d'arbre...) par d'habilles mains tricoteuses, s'en prend aussi aux pachydermes...

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Yarn bombing en Espagne, pas plus de références...

 

     L'homme, à l'évidence, entretient un rapport fusionnel à l'éléphant, qu'on en juge avec cette statue funéraire consacrée à un dompteur et à un dompté :

Tombe de dompteur-dresseur, (2) cim Méza Kapi, Riga, ph André Chabot.jpg

Tombe d'un dresseur-dompteur au cimetière de Méza Kapi, Riga, ph André Chabot.

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Et un éléphant par Yves d'Anglefort, qui se dit "artiste d'art brut" (dans son cas, le terme paraît coller) ; 32x41 cm, technique mixte sur Canson, coll. privée, Grenoble.

 

    Les éléphants sont innombrables. Il faut bien conclure (provisoirement? La suite du feuilleton se proposera-t-elle au prochain anniversaire décennal ?). En attendant cet hypothétique et beau jour, voici un enregistrement où nos héros ne gazouillent pas vraiment... (capté à la Fondation Cartier, enregistrements de Bernie Krause) :


podcast

    Et encore, un cadeau en sus, la reproduction d'une carte postale peu connue (je ne pense pas que les autres amateurs cartophiles, collectionnant les autodidactes inspirés, à supposer qu'ils la connaissent, l'aient mise quelque part en ligne...) :

Winter Duerec (2), sculpteur sur sable, vue redressée.jpg

L'auteur de ces sculptures sur sable paraît se nommer Winter Duerec (ou Duérée? Ou bien, peut-être plus probablement Querée? Voir ci-dessous dans les commentaires l'hypothèse de Régis Gayraud) : "Artiste autodidacte, modeleur de bêtes sauvages Attention à la nouveauté", est-il proclamé sur la banderole tendue derrière la scène sculptée ; Winter Querée est sans doute l'homme accroupi au centre des animaux féroces (au moins trois félins avec un éléphant, un homme étant sur le point de se faire dévorer...).


 

21/05/2017

Festival du film d'art singulier à Nice: "C'est quoi"?

      "C'EST QUOI?", sous cette question brutalement formulée en grosses capitales, se présente le programme du 20e festival organisé par l'association Hors-Champ chaque année au début du mois de juin à Nice, dans l'auditorium du MAMAC, à la librairie Masséna,, voire depuis peu de temps dans les locaux de l'Hôtel Impérial où, à chaque fois, est projeté un nouveau film de Guy Brunet, cette fois-ci sur Marcel Pagnol... Demandez le programme... Avant que je ne me fende de quelque laïus ou réclamation...

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      Bon, il y a des choses classiques, les Prévost qui viennent signer la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, comme ils l'ont fait naguère à Paris. Guy Brunet, la mascotte du festival, le raton-laveur incontournable... Les nouveaux courts-métrages de Philippe Lespinasse (Zemankova, connue au bataillon, Mikaël Glotz, beaucoup moins, et que se cache-t-il sous le titre "A bâtons rompus"? C'est là qu'un petit dossier de presse avec explicitations et visuels à la clé ne serait pas de trop, mister Wurtz! Voilà, c'était ma réclamation, c'est parti plus vite que je ne l'aurais voulu...)... Les incontournables de l'art singulier, Ody Saban et Adam Nidzgorski (manque juste Joël Lorand)... Le tapis rouge déroulé en matinée au MAMAC pour Pierre Albasser, le Chaissac du carton alimentaire (pour un film de 52 minutes, mazette, qu'est-ce qui s'est passé? Albasser a vampé Wurtz, on dirait, lui qui n'en voulait pas des moyens-métrages au début...)

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Dessin de Pierre Albasser, ph. Bruno Montpied, 2007.

 

      Et côté art brut stricto sensu (non, pas "sangsue"...), on a deux petits opus (opi?) sur Smilowki, et Sylvain Fusco (celui-ci m'intrigue, et le film sur lui, d'Eric Duvivier, me paraît du genre rare).

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Sulfateuse retapée à l'aide d'une pompe à vélo, collection du "raccommodage rustique" à l'écomusée de Cuzals (Lot), ph. B.M., 1991.

 

     Enfin, on annonce dans ce même programme un film sur les "ingénieux du Lot" produit et réalisé par l'Ecomusée quercynois de Cuzals. Et cela m'interpelle, me rappelant que j'ai mentionné un jour (conversation? texte ancien?)  les objets rapetassés ingénieusement pendant l'Occupation dans le Quercy (ç'aurait pu être ailleurs tout aussi bien), que cet Ecomusée – que j'avais visité avec Gaston Mouly à la fin des années 1980, puis avec Jean-François Maurice au début des années 1990 – conservait judicieusement. Ils appelaient cela je crois me souvenir "le raccommodage rustique". Il me semblait alors que ce corpus était peu retenu et étudié, encore moins préservé (est-ce que cela a beaucoup changé depuis, j'en doute...). L'Ecomusée de Cuzals était en 1991 le seul que je connaisse à avoir entrepris une telle sauvegarde. J'avais fait deux photos lors de ma visite, je suis allé en repêcher une pour ce blog (la sulfateuse ci-dessus)... Par contre je ne sais pas du tout si le film annoncé à Nice a un quelconque rapport avec cette section des objets rapetassés ingénieusement par des anonymes qui était remisée un peu à l'écart à Cuzals. A vérifier pour ceux qui pourront aller sur place... Mais "ingénieux du Lot", si on ne doit se fier qu'aux titres, ça fait penser avant tout à ces "raccommodages", dont un de mes amis brocs (la Patience) a le chic de collecter des exemples au hasard de ses chines.

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Objets collectés par Philippe Lalane (La Patience), chaussures faites en morceaux de pneus récupérés ; hypothèse aventurée par moi: cela servait pour aller marcher dans l'eau des rivières sans se blesser les pieds sur les cailloux... ; ph. B.M., 2016.

 

 

18/05/2017

Art brut polonais à la Fabuloserie (dans l'Yonne)

CollectionAndrzejKwasiborski-Fabuloserie.jpg

      Pour la belle saison, la Fabuloserie, cettte année, a choisi de présenter 130 œuvres de 25 créateurs et artistes issus de la collection "turbulente" d'Andrzej Kwasiborski, tous polonais (même le nommé Kosek qui n'est pas le créateur tchèque Zdenek Kosek, mais plutôt sans doute le Polonais Ryszard Kosek). C'est la poursuite de l'intérêt porté par les Bourbonnais et leurs complices, Marek Mlodecki et aussi Radek Labarszewski, pour des créateurs qui sont nombreux dans un pays où longtemps ils ne furent pas identifiés comme pouvant se situer dans ce que l'on a appelé depuis 1945, en France, l'art brut. Jusqu'à ces  dernières années, on les classait du côté de l'art populaire, et de l'art naïf. Ce qui n'était pas complètement usurpé, cela dit. Depuis quelques années, on a cependant remarqué, par exemple, les œuvres d'Edmund Monsiel, d'Henrik Zarski (dont des œuvres semblent exposées à Dicy cette année,collectionneurs turbulents, la liste des créateurs.JPG voir la liste des créateurs et artistes exposés ci-dessous), et autres, qui ne relèvent pas d'une révérence marquée à une peinture de genre, manifestant plutôt une fantaisie figurative déconnectée de la perception visuelle du monde, mettant en jeu en somme une figuration autre, dont les règles s'élaborent dans le jeu libre des lignes, des couleurs et des formes dans un cadre et sur un support qui sont des mondes en soi...

Collectionneurs turbulents, l'art brut polonais 2017.jpg

Patchwork proposé par la Fabuloserie à Dicy actuellement jusqu'à la fin de l'été.

 

      Il est à remarquer que les œuvres sont exposées, mêlées, dans le parcours de la Fabuloserie, aux œuvres de la collection permanente, dans une volonté de les faire dialoguer. 

Collectionneurs turbulents, laïus.JPG

On note que cette exposition a plusieurs titres ; ici, on nous parle de "collectionneurs turbulents, art hors-les-normes sans frontières 1", comme qui dirait un sous-titre, ou comme le titre d'une nouvelle série d'expos consacrées aux collectionneurs d'art hors-les-normes (donc "turbulents" pour faire référence au fondateur de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais) dont cette expo est le premier exemple.

 

     C'est donc une seconde occasion de découvrir plus amplement la création brute polonaise, "seconde", parce qu'il y avait déjà eu il n'y a pas si longtemps, au Musée de la Création franche, à Bègles, une exposition similaire, intitulée (pieusement) "Les saints de l'art polonais" (voir la chronique que j'en avais faite sur ce blog). On retrouve quelques noms communs dans les deux expositions d'ailleurs, comme Zarski, Dembinski, Glowala et Kosek, tout en découvrant majoritairement des noms de créateurs nouveaux par nos contrées. A noter en particulier une créatrice déjà présentée dans l'antenne parisienne de la Fabuloserie, que j'ai trouvée exceptionnelle, Genowefa Magiera, vieille dame peignant au sein d'une  maison de retraite à ce que j'ai compris. On peut se faire une idée des œuvres présentées en feuilletant le catalogue sur Calameo.

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Genowefa Magiera, sans titre, peinture et collage sur carton, 42x19cm, vers 2016, coll. privée, Paris ; ph. Bruno Montpied

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La créatrice en action...

 

26/04/2017

Jacques Reumeau et ses amis, une exposition à Laval, terre dont Reumeau ne paraît pouvoir s'échapper...?

      Ce fut le titre de l'expo montée récemment (du 1er au 16 avril derniers, une trop courte quinzaine de jours...) au musée de la Perrine, que je n'ai pu voir, mais dont je possède le catalogue, friand que je suis de recueillir le maximum d'informations supplémentaires sur ce personnage, ancienne figure lavalloise de l'art singulier et visionnaire qui a marqué de nombreux autres artistes de la même région. Ce sont du reste certains d'entre eux qui, au sein de l'association CNS 53 ("Création Naïve et Singulière en Mayenne"), dont j'ai déjà eu l'occasion à maintes reprises de parler ici (de même que de Reumeau), ont organisé l'exposition et édité le catalogue, au premier rang desquels Jean-Luc Mady et Marc Girard.

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Jacques Reumeau, Naissance du singe (pour Reumeau, le singe était-il donc ovipare?), 75x100cm, MANAS de Laval ; Reumeau allait observer les primates au petit zoo du Jardin de la Perrine à Laval... Sa peinture reflète, par une de ses séries, cette passion pour les singes.

 

      Il semble que ce projet  au musée de la Perrine fut surtout l'occasion de confronter la peinture de certains de ses amis ou connaissances à celle de Reumeau. C'est du moins l'impression que je retire en parcourant le catalogue. On y découvre, entre autres,  les œuvres curieuses de Barbâtre ou celles, plus naïves-véristes, de Philippe Le Gouaille, qui fut l'instituteur du jeune Reumeau, et qui, à ce titre, exerça une influence non négligeable sur sa vocation ultérieure de peintre, si l'on suit les confidences du peintre Barbâtre dans le catalogue. Ce Le Gouaille est parfaitement inconnu, et possède pourtant, semble-t-il, une œuvre forte, proche par son style de celle d'un Jean Eve par exemple.

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Jacques Reumeau, Le monde fantastique des oiseaux, 75x100cm, MANAS de Laval ; Reumeau eut envie, à un moment, de composer des paysages en quelque sorte habités par ses visions ; ce mixage entre réalité visuelle et fantasmes visionnaires était une piste originale, mais Reumeau alla-t-il assez loin dans ce domaine? Il est permis d'en douter si l'on regarde les exemples procurés dans le catalogue cité ci-dessus...

 

      Qu'il est mystérieux pour moi de constater à quel point l'aura de Jacques Reumeau n'a toujours pas dépassé le cercle de la Mayenne. Hormis quelques rares expos en dehors de cette zone (La Baule, Angers, voire une galerie parisienne sur l'île St-Louis...), l'activité de Reumeau se cantonna à Laval où il prit, on l'a dit suffisamment souvent, une dimension de figure locale. L'aspect hétéroclite de sa production est probablement cause de l'étroitesse géographique de sa réception... Et, de plus, aujourd'hui, ses œuvres ne tournent pas, puisque la majorité d'entre elles se trouvent conservées dans les réserves du Musée d'Art Naïf et d'Arts Snguliers de Laval (le MANAS), d'où elles sortent rarement pour voyager loin de la Mayenne. Ses amis n'ont-ils pas tendance, aussi, à le cantonner à sa région, comme si cette dernière était une île culturelle...?

*

     Par ailleurs, son ami, le peintre et critique Jean-Louis Cerisier nous a récemment confié un nouveau texte, publié aussi sur le site web Tiens, etc., de Jean-Claude Leroy, où il pointe, entre autres, les liens unissant Reumeau au thème de l'animalité...

 

Jacques Reumeau

Le paysage, le corps, l’animal

  

          Le peintre Jacques Reumeau sera passé comme une comète dans l’univers de la création inspirée autodidacte. Né en 1949, il n’aura vécu que 38 ans. Pourtant, il aura eu le temps de produire dans une sorte de fièvre créatrice une œuvre imposante, souvent dérangeante, puissante, parfois cruelle, parfois désespérée, malicieuse même à certains moments.

          Jacques a œuvré dans un état de possession. On comprend qu’il fut si sensible à l’environnement rural mayennais où les pratiques de sorcellerie et de magie noire avec ses guérisseurs et ses rebouteux étaient encore présentes dans les modes de pensée et de vie de l’époque. Le peintre était fasciné par les forces contraires. Il manifestait ce penchant dans ses recherches et ses choix de lecture à la bibliothèque municipale où je le côtoyais. Il arborait une apparence sombre dans son expression, son allure, sa silhouette, sa tenue vestimentaire.

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Jacques Reumeau en compagnie de Jean-Louis Cerisier, photo tirée d'un film Super 8 de 1987 (que pour la petite histoire j'ai aidé à rendre possible, à ce que je crois me souvenir, en prêtant une caméra Super 8).

 

          Cet univers obscur peuplait surtout ses œuvres, leur conférant un aspect mystérieux et inquiétant. Les paysages, traités à la sanguine noire, plus rarement délavés, sont perçus comme des lieux habités par des esprits, sinon hantés. Les esprits malins, la malice, le maléfice, le mal, ne sont jamais loin. Domine le noir, cette non-couleur dans laquelle s’affichait le peintre quand lui-même hantait les rues de Laval de sa démarche nerveuse, pressée, à l’affût d’on ne sait quelle force souterraine.

          Le peintre a bien perçu les caractéristiques du paysage mayennais avec son bocage dense, ses arbres resserrés formant des barrières végétales, ses successions d’espaces circonscrits. La perception du paysage par Reumeau est pourtant plus qu’une affaire de regard. Elle est de l’ordre de la vision.

          Œuvrant pendant 20 ans à peine, il aura mené sa carrière artistique de manière endiablée, s’y consacrant corps et âme, quand les tourments de son corps et de son âme justement lui laissaient quelque répit. Car il lui fallait composer avec cela aussi : un corps en souffrance ou en attente, rarement détendu, un esprit en désordre et un cœur qui saignait des plaies de son âme et de ses manques affectifs. Le corps et l’âme enlacés comme une double chaîne de vie et de mort.

          Reumeau était habité par une fièvre comparable à celle d’un héros dostoïevskien, tel Raskolnikov, insomniaque, agité en proie à d’insolubles conflits pour finir par se résoudre à une recherche de rédemption. Reumeau ne pouvait pas faire autrement que de pousser jusqu’au déraisonnable les limites de l’excès, excès de boisson et de tabac, excès d’insomnies, excès de violence, j’en passe… pour finir par chercher le chemin improbable d’une aurore fuyante.

          Le corps souffrant, éprouvé, l’esprit fiévreux, Reumeau s’en servait aussi de gisement, à l’image de ces Carrières de l’âme, titre du recueil de poèmes de son ami Gérard Bodinier, publié en 1976, illustré par le peintre. Le corps est omniprésent, d’abord symbolique dans les premières représentations prenant l’aspect de divinités, puis celui de petits personnages, de diablotins s’agitant sur des échelles, tels des fourmis au service de l’âtre de Lucifer. Ces personnages butinent littéralement le paysage pour en extraire la sève féconde. Enfin le corps métamorphique, kafkaïen, ayant fait exploser le schéma corporel se trouve réduit à ses viscères munis d’un œil, d’une bouche et d’un cloaque.

           Une autre constante habite l’œuvre de l’artiste, celle de l’animalité. Qui a à voir d’ailleurs avec le corps. Car dans sa démarche de démembrement du corps humain, Reumeau ne cherchait-il pas à se libérer de cet encombrant humain, le réduisant à l’envi à l’état d’homoncule ou de mandragore, pour aller plus avant encore vers la primitivité, la source de lui-même afin de débusquer la bête qui s’était installée en lui, à son corps défendant dans l’inconscient d’une enfance tourmentée. Les blessures avaient fait de lui un animal traqué. La bête qui précède l’homme, la poursuivre en la représentant, n’était-ce pas mettre en lumière tous les manques affectifs de sa jeunesse.

          Ce corps réduit, cette bête traquée, ces paysages hantés vont pourtant livrer bataille… jusqu’au bout. En la personne du peintre  qui, bien que sevré de médicaments, n’abdiquera pas. Parsèment les œuvres de la dernière période de Reumeau des couteaux, des coups, des membres arrachés, du sang, le combat tribal, le retour à l’origine de la vie et du monde, celui-là même qui depuis la nuit des temps lutte pour sa survie. La vie, celle-là même née de l’informe, des formes incertaines, de l’organique. Reumeau, défiant l’abattement qui le guettait, a réussi par son art à donner une forme à son désarroi et à ses visions.

 

Jean-Louis Cerisier, 2016.

24/04/2017

Notre nouveau président

Asselineau Vaseline président ph Eugène.jpg

Vaseline président, photo Eugène, avril 2017. 

20/04/2017

Le dessin-mystère du jour

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Anonyme, sans titre, sans date (XIXe siècle?), crayon sur papier, 23,5x34 cm, coll. privée, photo Bruno Montpied.

 

      Déniché récemment par le galeriste lyonnais Alain Dettinger, grand chineur devant l'Eternel, voici un dessin anonyme au papier jauni, par les ans semble-t-il, ressemblant fortement à une caricature, avec ses cinq personnages aux allures insolites.

      A moins que ce ne soit une ruse du dessinateur. Je me demande en effet si l'on n'a pas affaire à une apparence de caricature, comme si un dessinateur du XXe siècle s'était amusé à pasticher un caricaturiste du XIXe siècle, tout en glissant dans l'image des éléments infiniment plus modernes, du genre qui découle du passage du surréalisme dans l'histoire des représentations artistiques. Il y a du Topor dans ce dessin-là, si l'on considère les deux têtes croquées à droite de la composition. Ce genre d'équilibristes – comme d'un individu que l'on aurait enfoui dans le sable, ne laissant que la tête dépasser du sol, obligée de tenir sur son front une sorte de poire sur laquelle est fichée, miraculeusement stable, une assez longue dague (un poignard subtil?), sur la poignée de laquelle est fichée une seconde pointe, celle d'une lame triangulaire qui paraît avoir pour manche une autre tête dans la bouche de laquelle est planté le fin tuyau d'une pipe qui fume... –, ce genre d'équilibrisme serait furieusement en avance sur son temps s'il avait été imaginé au XIXe siècle. Mais cela se peut. Cette époque n'a-t-elle pas vu Grandville, par exemple...?

      Les trois personnages de gauche, le trapu s'appuyant sur une béquille tel un personnage pitoyable de Brueghel, le grand maigre aux longs bras et aux jambes grêles, se donnant malgré tout des airs de poète dandy, une cape jetée négligemment sur l'épaule, le badaud bedonnant les observant  de profil, fier de lui (et de sa prospérité), mais inconscient de son physique qui pourrait paraître ridicule (ce ventre, ce postérieur rebondi dans un pantalon moulant...), sont-ils responsables de la situation périlleuse du personnage à la tête menacée par cette dague qui pourrait glisser et la transpercer à tout moment ? On se perd en conjectures...

12/04/2017

L'art brut en Finlande, la collection Korine et Max Ammann au musée de la Création Franche à Bègles

Affiche-Art-brut-en-Finlande.jpg

 

Affiche de l'exposition béglaise avec, au centre, un détail d'une œuvre d'Ilmari (ou Imppu) Salminen.

 

      Le musée de la Création Franche, se détachant provisoirement de l'art singulier, qui est tout de même d'habitude son "cœur de cible", ou sa cible de cœur, revient à l'art  brut stricto sensu, ou plus exactement à l'"I.T.E." (encore une nouvelle étiquette...), du 14 avril au 11 juin. Qués aco? C'est du finnois, Itse Tehty Eläma en toutes lettres, c'est-à-dire en anglais self made life. Et en français? : la vie faite par soi, en somme la vie fait maison? L'art de la vie en autodidacte? Cela dit, dans un livre que je possède, publié en 2011,  l'auteur (Seppo Knuuttila), dans son édition en anglais, parle, comme synonyme pour l'art de l'ITE, d'"art populaire contemporain", ce qui nous rapproche aussi de l'art modeste, terme utilisé par Di Rosa (dans une acception plus large). Un musée existe en Finlande qui défend cette catégorie d'art, The ITE contemporary folk art in Finland.

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Le livre de Seppo Knuuttila, éd.Maahenki, Helsinki, 2011, avec des photos de Veli Granö (à noter que je ne sais pas pour l'instant si à Bègles, dans l'exposition Ammann, on retrouve des œuvres de quelques-uns des 23 créateurs recensés dans cet ouvrage, probablement... (puisqu'on en y retrouve au moins un, Ilmari Salminen,dont un détail paraît avoir servi pour l'affiche béglaise) ; la sculpture en couverture du livre est de Martti Hömppi (né en 1935) ; elle fait penser par association aux guitaristes de André Morvan au Bar du Mont Salut dans le Morbihan, qui recoure pour sa part davantage aux formes trouvées dans les arbres.

 

     Le laïus du musée de la Création Franche nous explique que les créateurs collectionnés par le couple Ammann sont des individus quelque peu retirés de la société de consommation traditionnelle, "la majorité d'entre eux vivant en pleine nature, très souvent dans des cabanes au milieu des forêts nordiques", et utilisant pour s'exprimer de ce fait les matériaux qui se trouvent à leur portée immédiate. On connaît quelque peu ce genre de créateurs ici en France. Plusieurs créateurs de bord des routes font de même, à l'écart des chemins de l'art contemporain. Il est facile de tracer de nombreux parallèles entre créateurs populaires finlandais et français, que ce soit dans la propension à dresser des statues naïves au milieu de son jardin ou dans le traitement visionnaire appliqué à des matériaux naturels bruts, comme les branches ou les racines.

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Pentti Mäkäräinen, photo Teijo Määttänen (dans ITE Art in Finland), à mettre en parallèle avec...

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....Emille Chaudron, œuvres en brindilles d'épines ou de mirabelliers, musée municipal de Lafauche (Haute-Marne), photo Bruno Montpied, 2016.

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Et cette installation primesautière en plein champ avec piquets sculptés et peints de manière anthropomorphe, dû à Niilo Rytkönen (né en1928 ; photo de Minna Haveri empruntée à l'ouvrage ITE Art in Finland), qui comporte en arrière-plan une autre série de figures, des épouvantails venus à plusieurs, pour cette dernière idée, est à rapprocher des...

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...épouvantails-mannequins, en France, de Denise Chalvet et Pierre-Maurice Gladine à Rimeizenc en Lozère, ph. B.M., 2014.

      Parmi les créateurs finlandais recensés par ITE Art in Finland, on trouve aussi des naïfs, du genre visionnaire, comme par exemple les trois cas ci-dessous:

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Rauha Ryynänen (née en 1921), photo Pentti Potkonen (dans ITE Art in Finland)

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Tuula Huusko (1946-2004), ph.Pekka Agarth (dans ITE Art in Finland)

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Tyyne Esko (née en 1920) ; photo Aki Paavola, dans ITE Art in Finland

    Mais l'incontestable vedette, tout au moins parmi les créateurs d'environnements finlandais, est Veijo Rönkkönen (1944-2010), qui a dressé près de 500 statues cherchant à magnifier le corps humain, en particulier le sien propre, qu'il entretenait avec un amour immense, à ce qu'il semble. Dans son parc de statues, une partie est consacrée à 250 postures de yoga, discipline qu'il pratiquait (voir ci-contre).art brut en finlande,collection ammann,création franche Cette zone du parc est, comme il l'a confié une fois, "un monument dédié à la mémoire de son corps à l'état jeune". 250 variations d'hommage à la jeunesse de son anatomie... C'est ce qui s'appelle s'aimer. Mais cela ne l'empêcha pas de ne plus se réveiller après une sieste, à 66 ans seulement. Une sieste affreusement "crapuleuse" pour le coup...

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Veijo Rönkkönen (1944-2010), ph. Veli Granö, dans ITE Art in Finland.

      Pourquoi, me dira-t-on, illustrer cette évocation succincte de l'"art brut en Finlande" avec des illustrations venues d'un livre extérieur aux œuvres exposées? Outre le fait que, comme je l'ai déjà dit, certaines œuvres doivent être communes aux deux ensembles, il faut savoir que mon information venue du musée est pour le moment déficitaire question visuels. Sur leur page Facebook, il y en a peut-être plus, mais je refuse de m'inscrire sur ce réseau, n'en appréciant ni la forme, ni les pratiques. Il est à imaginer que l'exposition de la collection Ammann doit recéler plus de travaux en deux dimensions qu'en trois, question de commodité de transport... J'invite donc chacun à aller vérifier tout cela sur place à Bègles. Le vernissage est dans deux jours, le 14 avril.

     Et tiens, pour finir, et pour adresser un clin d'œil-trait d'union à ma note précédente sur mon éloignement proclamé vis-à-vis des maquettes par trop réalistes, voici une autre nef, finlandaise, faite en os cette fois....

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Jussi Tuklainen (né en 1934), photo Sanni Seppo, dans ITE Art in Finland.

 

 

 

 

25/03/2017

Carnaval chez les chiens

Les chiens déguisés, oct 13, ave Vellefaux (recadré).jpg

Chiens habillés, Paris Xe ardt, photo (prise à la volée) Bruno Montpied, octobre 2013.

 

      M'avaient frappé l'esprit, ces deux clebs vêtus par un automne commençant sans doute fraîchement, à tel point que je décidai de les saisir avec leurs beaux atours anthropomorphes... Aujourd'hui, retombant sur cette image, je me dis qu'il serait fort amusant, probablement, de colliger toutes les photos qui existeraient sur le même sujet, de façon à débuter d'envisager un carnaval de médors accoutrés de la manière la plus excentrique.

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      Il doit bien y avoir parmi ces vêtures insolites, des plus brutes que les autres, reflétant comme chaque fois la mentalité de leurs maîtres, car bien sûr, en principe...

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09/03/2017

Jeanne Giraud, brodeuse d'îles de songe

      Jean-Luc Giraud et Laurent Danchin ont créé l'année dernière une petite collection de titres jusque là consacrée à certains de leurs écrits ou à Chomo, artiste singulier auquel Danchin aura été fidèle toute sa vie (on sait qu'il vient de disparaître en janvier dernier). Cela s'appelle "les bonbons de Mycélium", du nom du site web de l'association basée à Nantes. Jusqu'ici je n'ai pas été très sensible aux sujets traités dans cette collection, mais j'attendais avec une certaine impatience la parution du quatrième titre consacré aux broderies de Jeanne Giraud, la mère de Jean-Luc Giraud.

Jeanne Giraud couv des bonbons de mycélium.jpg

Doigts de fée, les broderies de Jeanne Giraud, collection Les bonbons de Mycélium, éditions Lelivredart, novembre 2016 ; le livre est disponible en particulier à la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris.

 

    "Ce qui est sûr, c'est que ma mère ne se prenait pas du tout pour une artiste. Il ne pouvait y avoir qu'un artiste dans la famille et c'était évidemment son fils, dont elle était si fière.

     Ses broderies n'étaient d'ailleurs pas de l'art, mais un support à la méditation."

    (Jean-Luc Giraud ; on sait que ce dernier est peintre, entre autres, car je crois qu'il fait aussi du cinéma d'animation).

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Jeanne Giraud, œuvre reproduite dans le livre Doigts de fée.

 

    J'aime infiniment ce genre de travail dit "méditatif" (faute de terme plus adéquat peut-être?). On avait déjà remarqué avec la publication d'un article de Jean-Luc Giraud dans le fascicule n°20 de l'Art Brut¹ (1997) cette œuvre si fortement empreinte d'intimisme, réalisée avec les matériaux les plus simples et les moins coûteux (dans le texte liminaire de ce petit livre, repris du texte déjà édité dans le fascicule n°20 de 97 – l'autre texte du livre étant constitué de ses réponses à un questionnaire de Laurent Danchin – Giraud rappelle que sa mère "n'avait jamais acheté une bobine de fil ailleurs qu'au marché aux puces (la modicité du prix guidant le choix de la couleur), ni brodé sur un autre support que des chiffons provenant des chemises usagées de mon père"). M'avait frappé dans ce fascicule l'aspect insulaire des mondes représentés, carrés d'herbes folles d'où surgissait un arbre, un étang, avec un être humain campant à côté, exerçant une activité bénigne, peu importait, ce qui comptait étant de restituer avant tout le caractère de merveilleux de l'évocation (cette insularité, nous la rencontrons aussi dans les dessins tirés de l'observation visionnaire de pommes de terre par Serge Paillard). Parfois, la composition aux modestes fils de couleur se concentrait toute entière à magnifier un mot cousu : "confiance"... Il y entrait donc un peu de magie blanche dans cette occupation. Décidément, oui, Jean-Luc Giraud a raison, sa mère n'était pas une "artiste", au sens où elle exerçait ses talents dans un rapport fusionnel avec ses productions brodées. C'est comme si elle avait fait une œuvre avec la sève même de sa mémoire.

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Jeanne Giraud, œuvre brodée reproduite dans Doigts de fée.

 

      Car la broderie apparaît parfaitement adaptée à cette mission de remémoration enchantée, qui s'accompagne semble-t-il inévitablement d'un aspect vaporeux et flou, comme le cinéma Super 8 également peut nous le procurer. Les traits sont comme tremblants, et rendent les images assez analogues à des mirages objectifs qui surnagent, comme des îles séparées de toute continuité, tels que nous apparaissent nos souvenirs au fond, proches de morceaux de banquise brisée, dérivant sans souci d'une quelconque chronologie... 

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¹ Les œuvres de Jeanne Giraud sont entrées dans la Collection de l'Art Brut de Lausanne en 1986, grâce à Laurent Danchin qui les avait présentées à Michel Thévoz. Avec Germain Tessier, Marcel Storr, Petit-Pierre, ou encore Youen Durand, elle fait partie des quelques créateurs naïfs ou bruts dont Laurent Danchin aura su se faire le passeur émérite (j'en excepte Chomo qui n'est pas à mes yeux un créateur brut ou naïf, mais plutôt un artiste de la mouvance "singulière").

03/03/2017

Le site de Picassiette vandalisé!

     Est-ce un signe des temps obscurs qui approchent, je ne sais, mais comment expliquer cet incroyable fait-divers rapporté par l'Echo Républicain (merci à M. Bézelin qui me l'a communiqué), selon lequel l'œuvre de Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, a été vandalisée par un individu qui a sauté les grilles de clôture du site dimanche 26 février, entre 17h et 18h (il a été filmé par des caméras de surveillance). Il s'en serait pris essentiellement – l'article n'est pas très disert sur l'étendue du saccage – à la maquette de la cathédrale de Chartres qui est scellée sur  le tombeau dans la Cour Noire, juste après la maison, si je me souviens bien de la disposition des lieux. Il l'aurait brisée en une quarantaine de fragments...

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La maquette de la cathédrale de Chartres au-dessus du tombeau, ph. Jérémie Fulleringer, parue dans l'Echo républicain.

    Bien sûr, on peut imaginer que le vandale, probablement passablement déséquilibré, qui a commis cet acte aberrant sera retrouvé, puisqu'il a été filmé, et l'on en saura peut-être alors davantage sur ses motivations. S'il ne s'en est pris qu'à la cathédrale en miniature, c'est peut-être déjà une indication.. L'acte a en tout cas quelque chose de particulièrement révoltant lorsqu'on veut bien se rappeler tout ce qu'a pu endurer déjà de son vivant Picassiette lui-même, en butte aux moqueries de toutes sortes de la part de gens à l'entendement limité (pour ne pas dire plus). Et cela nous prouve aussi que le fait de bâtir ou de créer en plein vent des œuvres ou des monuments d'art anticonformiste n'a pas tant que cela le vent en poupe. II y a toujours quelques (?) crétins qui rôdent. Et certains partis politiques aux conceptions culturelles bornées ont peut-être plus d'influence qu'on ne le croit généralement sur ce genre d'excités.

poésiepasmorte6, Picassiette,1961.jpg

Extrait de Poésie pas morte, 1961.

 

     Les internautes qui en sauraient plus à Chartres même sont priés de nous faire savoir les développements de l'affaire...  

17/02/2017

Sirènes, quelques images de plus, pour répondre à Darnish et pour ajouter un codicille au vagabondage d'Emmanuel Boussuge

      Il n'y a pas beaucoup d'avantage au fait de vieillir, et je ne sais pas si on ne doit pas y ajouter le phénomène des amis qui sont ravis de vous faire découvrir quelque chose que vous aviez déjà vu il ya longtemps, en l'occurrence, il y a très exactement 28 ans... Il faut faire comme si on ne savait pas, pour leur laisser le plaisir de la révélation qu'ils vous offrent.  Mais à de certains moments, on ne peut s'empêcher de se conduire en malotru, et de se moquer grassement du jeune cuistre. Qu'il nous en excuse donc, c'est ici un moment de ce genre... Le pilier de l'église de Varengeville, sculpté d'une sirène affleurant du granit - une des plus touchantes ondines qui se puisse voir dans une église - ... n'a visiblement pas changé depuis 1989, lorsque, avec une étudiante de Dieppe, Laure Lemarchand, qui m'y avait mené pour voir le singulier pilier décoré de sujets profanes placé au beau milieu du sanctuaire, je le photographiai (à l'argentique). Je saisis sous mon objectif  la sirène, la coquille St-Jacques (signalant sans doute aux pèlerins que le bâtiment pouvait les héberger), et les profils ultra naïfs qui entouraient l'ondine archaïque (probablement des portraits de donateurs ?). Darnish en 2015 me confirma que le pilier était bien toujours  en place. J'étais venu visiter l'église de Varengeville uniquement pour ce pilier sculpté ; Braque... Je ne m'en souviens pas... Il faut avouer qu'à l'époque, je m'en moquais éperdument. Et je crois bien que je n'aie guère changé depuis...

Pilier sculpté 2 église de Varengeville, 1989, détails, sirène, profils, coquille st-j.jpg

Pilier sculpté de l'église de Varengeville, ph. Bruno Montpied, 1989.

Sirène église de Varangeville (2), ph Darnish 2015.jpg

Sirène du pilier, plus près, ph. Darnish, 2015.

*

    Bon, ceci dit, après avoir fait mon vieux schnock, revenons à l'Auvergne, ses sirènes bicaudales (pas très poétique tout de même ce dernier adjectif, même si il est très précis) et autres ondines en pleine terre. Il n'y a rien de surprenant à en trouver en de tels endroits. Outre le fait que, comme le dit Emmanuel dans son texte, l'imagination a bien le droit de disposer des thèmes mythologiques comme bon lui semble, il faut se rappeler que les croyances se portaient aussi vers les sirènes d'eau douce.

       Je voudrais ajouter ici un exemple de sirène non repérée par Emmanuel, cette fois hors d'une église, en plein milieu du plateau de l'Aubrac, dans le village de Saint-Urcize, qui, malgré son apparente austérité et sa solitude au milieu d'un pays resté somme toute encore assez sauvage, m'est inexplicablement cher (je n'y suis passé que deux fois dans ma vie).

St Urcize, Fenêtre avec sculptures (recadré) (2).jpg

Fenêtre d'un maison fort ancienne (Moyen-Age?) à Saint-Urcize (Aubrac), ph. B.M., 2016.

St-Urcize, Sirène (2) sur une fenêtre.jpg

Détail de la fenêtre précédente, la sirène, en train de jouer d'un instrument probablement à cordes (un plectre?) ; à noter que de l'autre côté de la fenêtre est sculpté un personnage jouant lui aussi de la musique ; peut-être que la maison était celle d'un musicien et que ces motifs fonctionnaient comme des enseignes ? ph. B.M., 2016.