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22/05/2019

Info-Miettes (33)

"Zoographie", sur l'animal dans l'art, à Fontcouverte (Aude)

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     Jean-Louis Bigou, l'animateur du blog sur "l'Art Improbable dans l'Aude et ses alentours" (voir en particulier sa note de mars dernier sur les poupées de Mme Ska présentes au musée du Jouet à Figueras en Espagne que l'on avait pu admirer pendant une expo sur "les Poupées" à la Halle St-Pierre il y a quelques années), annonce une expo sur un bestiaire illustré par de "l'art brut", art actuel (pour ne pas dire art contemporain?), art ethnique (pour ne pas dire "art primitif"), pour réfléchir sur les rapports entretenus par l'homme avec l'animal, longtemps considéré comme une machine, incapable de sensibilité et de capacités cognitives, voire d'une certaine forme de conscience. Cela dit, miam c'est bon, le cochon.

De l'individualisme dans l'art populaire, un article d'E.Boussuge dans la revue L'Autre Côté

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Sommaire du n°4 de la revue L'Autre Côté.

     Emmanuel Boussuge, dans le n°4 de cette revue qui se consacre à remettre en question une certain nombre de penseurs français consacrés (Foucault, Deleuze, Badiou, etc.), auxquels elle reproche un certain goût pour le vocabulaire abscons et des théories critiquables, a synthétisé deux notes qu'il avait naguère publiées sur ce blog (voir ici et ). Il illustre ses propos comme sur ce blog par des exemples pris dans les croix de chemin, les linteaux du Cantal et les sculptures de François Michaud, tailleur de pierre que j'ai, on s'en souviendra, maintes fois défendu.
      Pour prouver l'individualisme présent dans l'art populaire (et remettre en cause la thèse selon laquelle ce dernier doit être envisagé comme une masse de signes  culturels codifiés uniformes, il serait peut-être plus convaincant de rassembler – dans une somme dont la diversité ferait de fait davantage autorité – d'autres cas d'individualistes créatifs et populaires, pris dans d'autres secteurs de l'art populaire, et pas seulement dans les croix de chemins et autres linteaux.   
    Par ailleurs, on ne peut pas non plus passer sous silence qu'il y a bien de l'uniformité pour une grande part de l'art populaire, en raison de la pression sociale, des habitudes, des règles de l'artisanat, de l'habitude de copier les uns sur les autres, et sur les artistes de la ville que l'on démarquait en les réduisant naïvement... Au sein de la culture artistique populaire, les individualistes, à mon avis, restent des êtres d'exception (Nicolas Bouvier le met particulièrement en lumière dans son livre sur l'art populaire suisse – voir son édition chez Zoé) qui se détachent au milieu d'une production populaire respectueuse de divers "cahiers des charges" (pas nécessairement ennuyeuse du reste, malgré son "uniformité"). 
       Ces individualistes, présents dans différentes catégories d'art populaire, il faut les recenser, avant de passer à la polémique... 
 
Les 40 ans du sauvetage du Manège de Petit Pierre à la Fabuloserie, le 25 mai prochain à Dicy
 

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     La Fabuloserie à Dicy (Yonne) communique:
    Pierre Avezard (1909-1992) dit Petit Pierre – atteint d'une maladie génétique qui déforme son visage et rend toute communication orale très difficile – quitte très tôt l'école et travaille comme garçon de ferme. Bricoleur de génie, il crée son Manège avec du bois, de la tôle découpée, des objets de récupération et l'anime grâce à un ingénieux système de courroies et d'engrenages. Le dimanche, le public était accueilli sur le terrain pour découvrir ce chef d’œuvre de l'art populaire. Vieillissant, Petit Pierre ne peut plus en assurer l'entretien et le Manège est en danger.

    Après de nombreuses péripéties, il est accueilli à La Fabuloserie en 1987 par Alain Bourbonnais, qui en entreprend le patient démontage et transport, avec une équipe de bénévoles. Il décède malheureusement l'année suivante et ne verra pas le résultat de ces efforts. En 1989, reconstruit à l'identique et restauré, le Manège est inauguré dans le parc du musée.

 Pour célébrer cette aventure, La Fabuloserie propose une exposition photographique des grands moments de l'épopée et vous invite bien entendu à admirer le manège en activité avec une animation toutes les heures.
    Par ailleurs, le spectacle "Petit Pierre", mis en scène et joué par Maud Hufnagel, se déroulera dans la salle polyvalente du village (10€/adulte ou 5€/enfant en sus à régler sur place avec réservation obligatoire par mail à lafemme@loeilabarbe.fr).

   Enfin, la collection permanente de plus de 1000 œuvres a fait l'objet d'un nouvel accrochage, avec la mise en avant de superbes dessins de Jaber dans le "Tunnel".
  Pour clôturer la journée de façon conviviale, une collation sera offerte aux visiteurs par l'équipe du musée. 

Autocar Paris - Dicy
Samedi 25 mai:
Départ 10h30 Porte d'Orléans (derrière station Total)
retour à Paris vers 20h30.
servation obligatoire sur fabuloserie89@gmail.com
Chèque 30€/personne (trajet+visite)
à l'ordre de: La Fabuloserie
à adresser :52 rue Jacob 75006 Paris

   

 

 

 

 

    Si l'on vient par ses propres moyens à l'heure du repas, il faut prévoir son pique-nique (solution de repli à l'abri en cas de mauvais temps). Un autocar depuis Paris est prévu (voir ci-contre), mais je ne sais s'il reste encore des places.

Pascale Roux et Sarah V. chez Alain Dettinger à Lyon

     Alain Dettinger est un grand défenseur des artistes féminines, comme on sait. J'ai reçu deux nouveaux cartons illustrant ce fait. L'un reproduit un dessin à l'encre sur carton intitulé "Santa Rata penada" (Sainte rate punie?) de Pascale Roux, faisant partie d'une expo sur le thème de "l'amour à mort", curieuse image semblant représenter une sorte de chauve-souris aux ailes tatouées de silhouettes masculines (d'anciens amants?), des enfants la flanquant de part et d'autre, un autre lui sortant  par le bas...

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Pascale Roux, Santa Rata Penada, 100 x 70 cm, encre sur carton, 2018.

    L'autre, me plaisant davantage, reproduit comme une vulve sublimée par des couleurs vaporeuses, résultant d'un dessin aux crayons de couleur, cependant intitulé "Ventre glacier"... Là, l'expo a deux thèmes: "Vierges ouvrantes" et "traversées". Tout un programme...

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Sarah V., Ventre glacier, 34 x 34 cm, crayons de couleur sur papier, 2018.

 

Du samedi 8 juin au 29 juin 2019, 4 place Gailleton, Lyon 2e ardt, tél 04 72 41 07 80.

Une grande exposition de plasticiens contemporains et singuliers à la Coopérative Collection Cérès Franco à Montolieu, "Croqueurs d'étoiles"

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Vue extérieure de la Coopérative Collection Cérès Franco, photo © Jacques-Yves Gucia.

 

   Françoise Monnin, par ailleurs rédactrice en chef de la revue Artension, est commissaire d'exposition à Montolieu (Aude) pour une expo réunissant 86 artistes sur le thème du voyage dans la Lune (nous sommes à 50 ans de l'arrivée de l'homme sur la Lune en 1969 ; une autre expo, très différente, et il faut bien le dire, bien moins vivante, est aussi montée sur le même thème au Gand Palais à Paris), conçu de manière extensive, tourné davantage sur l'évocation imaginaire et métaphorique de l'astre. L'expo est intitulée "Croqueurs d'étoiles". Car l'adage ne le dit-il pas, les artistes ont la tête dans les étoiles...

    Il y a à boire et à manger dans ce rassemblement, mais si l'on se fonde sur la mosaïque affichée sur le site web de la Coopérative, l'ensemble reste fort stimulant. Voici un tout petit choix (on se réfère au lien à la ligne précédente pour en découvrir plus) :

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Art populaire mexicain, sans titre, bois peint, Collection Cérès Franco.

jean-louis bigou,zoographie,bestiaire dans l'art,emmanuel boussuge,l'autre côté,art populaire individualiste,madame ska,fabuloserie,petit pierre,galerie dettinger,pascale roux,sarah v.,art féminin Mirabelle Dors, Consensus, Plâtre et pâte fixés sur bois, 38 x 45 x 2 cm, 1975, Collection Cérès Franco.

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Eli Malvina Heil (il me semble que cet artiste a été montré au Musée de la Création franche de Bègles, me trompé-je?), sans titre, peinture vinylique sur toile, 55 x 73 cm, 1974, Collection Cérès Franco.

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Jeannine Mongillat, Sans titre, collage et papier mâché, 24 x 34 x 9cm, 1990, Collection Cérès Franco.

 

    On y aperçoit en particulier un large panorama des nouvelles créations d'André Robillard, qui, à l'évidence, ne sont plus de son seul fait, et bénéficient de l'aide souterraine du collectionneur qui le mécène. Robillard, ce n'est plus de l'art brut, mais une nouvelle forme d'art contemporain ayant couché avec l'art brut, quelque chose d'hybride. Le langage autonome de Robillard se brouille dans ces réalisations un peu trop maîtrisées, je trouve.

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André Robillard (et autres?), OVNI Fusée martienne, 15 x 39 cm, 2012, collection particulière.

 

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André Robillard (et autres?), Soucoupe volante, 150 x 350 x 350 cm, feutres sur bois, 2008, collection particulière.

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André Robillard (et autres?) et une partie de ses assemblages, 1999-2019, collection particulière photo © FL-Alain Machelidon

"Les Croqueurs d'étoiles", Coopérative collection Cérès Franco, Montolieu, du 20 avril au 3 novembre 2019. 

Jano Pesset à l'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier tout l'été

    Paris avait pu admirer certaines de ses oeuvres il n'y a pas si longtemps à la Fabuloserie-Paris. Il y était en compagnie de quelques trop rares oeuvres de son épouse Loli. C'est au tour de Montpellier de pouvoir aller admirer son travail, des assemblages de bois de lierre et de noisetier travaillés et teints où se détachent des personnages drolatiques et des inscriptions diverses, philosophico-anarchisantes, durant tout l'été. A noter la remarquable notice que lui avait consacrée Laurent Danchin, reproduite sur le flyer d'annonce de l'exposition (voir ci-dessous, mais pour le lire mieux voir ici le PDF).

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     Jano Pesset (né en 1936) incarne un type d'artiste d'origine populaire qui s'est fait artistiquement en solitaire (un prolo self-made man...), ayant rompu avec les formes usuelles dans l'art populaire, et influencé par les cultures véhiculées par les révoltes de mai 68. Il a exposé dès le départ avec la Fabuloserie, dont il est un des artistes emblématiques.

14/05/2019

Rue de Seine ou rue Elzévir, à Paris, deux façons de découvrir l'art imaginatif, singulier ou brut

     La rue de Seine, depuis quelque temps, voit régulièrement de l'art brut, ou singulier, voire "outsider" pour parler franglais comme à la galerie Hervé Courtaigne¹, se présenter sur ses cimaises, est-ce le début d'une tache d'huile?

      En face de chez Courtaigne, on peut voir ainsi en permanence des bruts et de l'art populaire de curiosité dans la petite galerie qui fait l'angle avec la rue de l'Echaudé de Laurent de Puybaudet (42 rue de Seine, www.laurentdepuybaudet.com). Plus loin, dans la galerie Les Yeux Fertiles, animée par Jean-Jacques Plaisance et Benoît Morand (27 rue de Seine), on aime aussi de temps à autre glisser un "brut" (Charles Boussion, Thérèse Bonnelabay, Madge Gill ou Gabritschevsky) parmi des surréalistes historiques (Jacques Hérold par exemple), ou quelques visionnaires (Fred Deux), voire quelques grands Singuliers (comme Yolande Fièvre, Ursula, Philippe Dereux... Marilena Pelosi à l'occasion). Dans l'ensemble, ces galeristes restent cependant prudents, préférant miser sur des valeurs déjà consacrées dans le milieu des amateurs d'art d'autodidactes inspirés. C'est le cas avec l'exposition Bruts et Raffinés, apparemment, qui commence bientôt, dans deux jours, le 16 mai et qui s'achèvera le 16 juin à la galerie Hervé Courtaigne.

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      Les artistes ou créateurs présentés sont Anselme Boix-Vives, Jacqueline B. (Jacqueline Barthes), Gaston Chaissac, Ignacio Carles-Tolrà (dont il y a eu récemment une rétrospective au Musée de la Création franche, et dont il y aura une exposition très prochainement, à ce que m'a dit mon petit doigt, à la galerie de la Fabuloserie-Paris, dans la rue Jacob qui est perpendiculaire à la rue de Seine...), Philippe Dereux, Fred Deux, Gaël Dufrêne, François Jauvion, Yolande Fièvre, Antonio Saint-Silvestre, André Robillard (incontournable...), Robert Tatin, Augustin Lesage, Germain Vandersteen, Pépé Vignes, et Scottie Wilson. Cherchez les véritables bruts dans le tas... Et amusez-vous à rendre à César ce qui appartient à César (rien à voir avec le Nouveau Réaliste spécialiste des compressions) sur la mosaïque de l'affiche courtaignesque ci-dessus... A part Dufrêne, récemment mis en avant par la galerie, et peut-être cet Antonio Saint-Silvestre que personnellement je ne connais pas, les autres sont comme on le voit un peu connus déjà...

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Affiche de l'exposition prochaine de l'Escale Nomad rue Elzévir ; oui, je sais, c'est pas très alléchant, mais soyez curieux, ne vous arrêtez pas à ce pauvre habit, et vous ne serez certainement pas déçus...

 

      Sur la rive droite, se tiendra, plus confidentielle, une seconde exposition intitulée assez immodestement, je dois dire – quoique probablement avec humour mégalo...– "Petit tour du monde de l'art brut" par Philippe Saada, dans le cadre de sa galerie ambulante, Escale Nomad. Il loue la galerie Six Elzévir (au 6 de la rue Elzévir comme de juste... L'adresse est dans le nom de la galerie ; on est dans le Marais, 3ͤ arrondissement parisien) du 4 au 9 juin prochains. Cette fois, Philippe Saada est parti un peu plus loin que l'Inde et le Maroc, ses terrains de "chasse" de prédilection (même si le Maroc est encore présent dans cette expo avec Babahoum et deux créateurs apparemment nouveaux pour moi). Il annonce des trouvailles réalisées en Belgique, aux USA et au Japon (il est parti loin, ce coup-ci, Escale Nomad devient globe-searcher d'art brut). Je ne peux pas dire grand-chose des créateurs annoncés à part Babahoum que j'apprécie particulièrement et dont j'ai souvent parlé sur ce blog, voir en suivant ce lien... C'est une galerie et un dénicheur à suivre, prenant des risques avec tous ces noms inconnus (et de plus, les déguisant sous des affiches vraiment trop moches!). Mais suivez mon conseil, allez-y jeter un œil... C'est souvent derrière cette discrétion très particulière que se cache le pot-aux-roses...

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Babahoum, dessin aux crayons et à l'aquarelle (?) sur papier, 26 x 37 cm, vers 2018, ph. et coll. Bruno Montpied.

 _____

¹ Dans le laïus de la galerie Courtaigne, il nous est dit ceci à propos des "outsiders": "Dubuffet a affirmé que les artistes "outsider" (même si le nom n'existait pas à son époque, évidemment), en échappant à la "culture" des mouvements établis, étaient les dépositaires de la véritable innovation qui est l'essence du travail artistique." Rappelons tout de même que le terme d'art outsider a été inventé par l'ancien surréaliste Roger Cardinal en 1972 à l'occasion d'une expo montée en Grande-Bretagne. Il servait à englober à cette époque aussi bien l'art brut que l'art d'artistes contemporains autodidactes et marginaux. Dubuffet était encore vivant à l'époque (il meurt en 1985)... Donc le nom d'outsiders existait bien "à son époque"... Les Singuliers de l'art, titre de l'expo de 1978 au musée d'art moderne de la ville de Paris, au titre trouvé paraît-il par Alain Bourbonnais, au fond, était un terme synonyme des outsiders de Roger Cardinal. Ce dernier terme pourrait se traduire par art alternatif.

07/05/2019

Avec le printemps, revient le festival Hors-champ du "film d'art singulier", le 22e du nom...

    C'est à Nice, en trois lieux, que l'association Hors-champ, animée par Pierre-Jean Wurst et quelques autres acolytes restant usuellement dans l'ombre, monte son festival annuel, dans les tout premiers jours de juin. Voici l'affiche de cette 22e édition...

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     Trois lieux, disais-je, la Bibliothèque municipale Louis Nucéra, la librairie Masséna et l'auditorium du Musée d'art moderne et d'art contemporain... En effet, au départ le festival n'était prévu que pour le samedi, avec une programmation se voulant foisonnante et multiple – ce qui avait pour conséquence de la part de son programmateur de sélectionner avant tout des films courts pour pouvoir en placer un maximum dans la matinée et l'après-midi ; de plus une programmation variée et multiple a l'avantage de moins fatiguer les spectateurs... Mais, à la longue, plusieurs réalisateurs, auteurs et amateurs de cinéma documentaire (les fictions sont toujours "blacklistées" en effet, on ne sait pourquoi, la durée de ces films-là n'en étant pas la seule cause ; on sait qu'il existe de nombreux films de fiction ou des "biopics" sur des auteurs d'art brut ou d'art naïf, Ligabue, Aloïse, Séraphine, récemment Cheval, Pirosmani...). ont fait valoir que Hors champ pourrait tout de même faire un effort du côté des moyens métrages (50 minutes) voir longs métrages (il n'y en a pas eu des masses jusqu'à présent, un de 90 minutes environ, sur Robillard, l'année dernière, d'Henri-François Imbert, et un tout récemment (mars 2019) de l'animateur de ce blog (Bruno Montpied) et de Jacques Burtin, intitulé Eric Le Blanche, l'homme qui s'enferma dans sa peinture, de  80 minutes environ, consacré à une nouvelle découverte d'un peintre intime s'étant exprimé en partie sur les murs intérieurs de son logis – j'y reviendrai dans les semaines qui viennent, car là aussi il y aura projection publique ; j'ai mise en ligne l'année dernière une photo de ses fresques dans la note qui se cache sous ce lien).

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Le programme...

 

     A ne pas manquer dans cette programmation, projeté à la bibliothèque Nucéra : le film de Luc Ponette sur Gabritschevsky (que l'on peut trouver en DVD dans le catalogue de l'exposition de 2018 à la Galerie Chave), ce Max Ernst spontané, interné pendant près de 40 ans en Allemagne, plus près du surréalisme que de l'art brut. Ne manquez pas non plus un film, plus merveilleux encore, le court film sur une révélation bien peu connue par nos contrées, l'Ecossais Angus Mc Phee, tisseur d'objets en herbe séchée, lui aussi disponible en DVD. Si l'on veut savoir comment se définit l'art brut (je pense à un commentaire récent de M. Kolotoko), eh bien, là, on y est en plein. En guise d'hommage à Jacques Trovic récemment disparu, sera (re?)projeté le film de Jean-Michel Zazzi qui lui avait été consacré (où l'on aperçoit le célèbre mais discret Pierre-Jean). Le petit film d'animation de Jeunet et Segaud est tout à fait charmant et sympathique. Deux films de Mario Del Curto et Bastien Genoux, sur des créateurs que je ne connais pas ne peuvent que susciter la curiosité car ces auteurs nous ont habitué depuis longtemps à leur curiosité bien orientée.

 

23/04/2019

Robillard, une apothéose dans l'art de manipuler un auteur d'art brut, et, accessoirement, l'art brut lui-même

"André Robillard
Le dernier artiste contemporain découvert par Jean Dubuffet. A l’occasion de l’exposition « Jean Dubuffet - un barbare en Europe », organisée par le Mucem et consacrée au fondateur de l’art brut, la Galerie Polysémie présentera une sélection de sculptures et dessins réalisés par André Robillard, génial artiste contemporain.

André Robillard est le dernier membre survivant de la collection originale de Dubuffet et l'un des artistes les plus célèbres de l'univers Art Brut / Outsider. Il est né le 27 octobre 1931 à Gien. Suite à des problèmes de comportement, à l'âge de huit ans il est placé dans une école rattachée à un hôpital psychiatrique et à 19 ans il est hospitalisé. C’est pendant cette période qu’il commence à créer, en utilisant la sculpture et le dessin, pour exprimer son univers intérieur à travers un langage personnel.

Fusils réalisés avec des matériaux de récupération, planètes, satellites, cosmonautes, animaux…. ses thèmes de prédilection sont d’une grande variété. André Robillard nous démontre avec brio que le handicap n’existe pas dans la création plastique."

 

     Belle annonce n'est-il pas? Pleine de bons sentiments, et pétaradante : "génial artiste contemporain"... Déjà, relevons l'apposition maligne "artiste" et "contemporain"... Robillard est ainsi mis dans la même catégorie qu'un Jeff Koons ou d'un Anish Kapooranish_kapoor_kamel_mennour_exposition_critique_12-1_large2.jpg (voir ci-contre une de ses réalisations à la galerie Kamel Mennour). Après tout, Polysémie en aurait le droit, puisque Françoise Monnin, la grande prêtresse d'Artension, a bien publié  récemment des "entretiens" avec l'artiste Robillard, très volontairement placé ainsi au même rayon que les artistes patentés professionnels avec qui des "entretiens" sont pour certains d'entre eux de rigueur (ça fait partie de l'image de marque du monstre sacré).  Et puisqu'ici et là, André Robillard est enrôlé dans des shows divers et variés, avec les Endimanchés d'Alexis Forestier pour des pièces de théâtre musical, par exemple, ou des "performances" racontant sa vie, terriblement cadrées, avec Alain Moreau, autre exemple...

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    Les marchands continuent donc leur entreprise d'absorption de l'art brut qu'ils désirent soluble dans un art contemporain qui a besoin de rafraîchir ses marchandises.

    Mais, au delà de ça, qu'est-ce qui se cache derrière tout ce micmac robillardesque ? Sait-on que Robillard est d'abord un type gentil, brave comme pas deux, qui ne ferait pas de mal à une mouche comme on dit (et que je ne qualifierai pas de mon côté "d'handicapé", Mister Polysémie) ? Et qu'à cause – d'autres diront "grâce à" – cela, toutes sortes de manipulateurs en tous genres, depuis des années, lui ont sauté dessus, comme la misère sur le pauvre monde, pour le transformer en une marionnette de l'art dit brut ? Au fond, Robillard ne fut véritablement "brut" qu'au début seulement, dans les années 1960, lorsqu'il fabriqua quelques fusils (assemblés à partir de matériaux divers récupérés de manière à figurer un fusil, de la même manière que les enfants se bricolent des armes de jeu à partir de bricoles recyclées à la va-comme-je-te-pousse), montrés à Dubuffet qui les intégra aussi sec dans sa collection.

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Voici un "fusil" d'André Robillard, déjà mis en ligne par moi sur ce blog auparavant ; il date apparemment de l'époque où Robillard se remit à faire des fusils après avoir visité la Collection de Lausanne; il fut acquis par son premier collectionneur à l'Aracine au milieu des années 1980. Sa simplicité touchante, bien éloignée de ses assemblages plus connus, devenus de rigueur auprès des collectionneurs peu regardants, avait quelque chose de rare...

 

     Il arrêta après ces premiers "jets", quelques années. Ce ne fut qu'au début des années 1980 qu'il recommença, après une visite à la Collection de l'Art Brut qui venait d'ouvrir dans son mirifique "Château" de Beaulieu à Lausanne. Déjà, ce "recommencement" avait perdu de son élan originaire, à savoir brut (sans concession au goût du public extérieur), puisqu'il était motivé par la découverte que ses "œuvres" avaient plu, avaient été intégrées à un musée (que l'endroit en question se soit voulu un "anti-musée", je ne pense pas que Robillard s'en soit pénétré particulièrement). Il se remit à produire – cette fois en série – des fusils, devenant presque une usine à lui tout seul. Cette apparente "industrialisation" de ses bricolages ont fini par donner des idées à d'autres, bien moins honnêtes au fur et à mesure que passaient les années. On m'a raconté qu'un aigrefin lui aurait ainsi proposé récemment de dessiner au feutre indélébile sur des abats-jours sphériques en verre blanc. 50€ pour André Robillard, et vendus dix fois plus ensuite par l'aigrefin (c'est tellement gros que cela mériterait confirmation)... Des commanditaires lui ont jeté le grappin dessus. Quand vous allez le voir, il n'y a rien chez lui. Tout est déjà préempté par les commanditaires qui, de plus, sans doute pour le surveiller de près, l'invitent chez eux pour qu'il travaille avec les matériaux qu'ils mettent à sa disposition, crosses toutes calibrées, câbles, scotch, et tutti quanti...

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Collection de fusils de Robillard exposés à un moment au LaM de Villeneuve-d'Ascq, ph. Bruno Montpied, 2011.

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Des pistolets de Robillard à présent..., ph. Galerie Polysémie.

 

     André est gentil, disais-je, il ne dit pas non. Il y gagne de quoi vivre, il est nourri, blanchi... Il vous rétorquera d'un air désarmant que ses productions actuelles (les fusils sont trop chers? Qu'à cela ne tienne, on lui fait faire des pistolets, moins de matériaux, moins de temps passé à les ficeler et, donc, un prix plus "accessible"...) sont des ouvrages réalisés "en collaboration". Certes... Mais a-t-on encore à faire à un auteur d'art brut? Bien sûr que non! Acheteurs, collectionneurs, ce que l'on vous vend actuellement, c'est tout simplement du sous-Robillard, du simili art brut comme il y a du simili cuir, fruit de petites manipulations lamentables, où tout le monde tripote avec ses mains sales dans la sauce... Mais quand lui flanquera-t-on enfin la paix!

     D'autres comme vous ont déjà tenté le coup avec Aloïse dans les années 1960. Elle s'en était laissé mourir, plus difficile qu'André....

 

Pour vérifier... Exposition à la galerie Polysémie à Marseille, du 25 avril au 25 mai 2019.

23/03/2019

Imam Sucahyo à Marseille

     J'ai déjà évoqué le nom d'Imam Sucahyo, il me semble. Mais sans en dire grand-chose, et surtout sans dire tout le bien que j'en pense. Il n'est pas Balinais comme je l'avais dit trop vite dans un premier temps, mais originaire de Tuban (près de Surabaya, cette ville dont le nom sonne dans une chanson de Brecht et Weil, accolé à celui d'un certain "Johnny") et vivant à Java.podcast
Tout cela toujours en Indonésie, état-archipel, comme on sait.

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Imam Suchyo ; photo Georges Breguet dans la galerie Cata Odata à Ubud (île de Bali).

Imam Sucahyo, sans titre, 39x27cm, 2015, coll B. Montpied (2).jpg

Imam Sucahyo, sans titre relevé, technique mixte sur papier, avec inscription au bas de la composition, 39 x 27 cm, 2015, ph. et coll. Bruno Montpied.

 

     Sa peinture est très foisonnante, très colorée, très embrouillée aussi parfois, mais toujours très rude et brute. D'après différentes sources trouvées sur la Toile, il semblerait que l'artiste soit au carrefour de la culture islamique de sa communauté d'origine et de croyances plus animistes, le conduisant à des rapports étroits avec les morts. C'est en Indonésie qu'existe un endroit, le pays du Toraja, dans le sud Sulawesi (île plus connue sous le nom d'îles Célèbes), où l'on installe les morts (plus exactement, les représentations des morts) au balcon de cavités creusées dans les falaises. J'en ai déjà parlé à propos de l'auteur de buissons de figures dessinées sur papiers enfilés sur des fibres de bambou, la créatrice brute, Ni Tanjung (à signaler une expo consacrée à cette dernière très prochainement, pour laquelle j'ai un peu aidé en faisant l'intercesseur, à la Fabuloserie-Paris, avec des œuvres prêtées par Georges Breguet ; ce sera la première expo de Ni Tanjung à Paris!).

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Statues représentant des morts au Toraja ; photo extraite du blog de voyages One chaï.

 

     La vie d'Imam Sucahyo aurait été plutôt accidentée jusqu'à présent. On parle d'usage de drogues à une époque de sa vie. L'art serait ainsi perçu par lui comme une planche de salut à laquelle il se raccroche pour se consoler et fuir  une société où ses semblables ne lui ont guère fait de cadeau jusqu'à présent.

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Ima Sucahyo, dessin exposé à la Biennale de l'Art partagé de Jean-Louis Faravel, à St-Trojan-les-Bains, en 2017.

 

     On rencontre de nombreuses inscriptions mêlées aux circonvolutions de ses figures, dans une ornementation dense. Ce serait des bribes de conversations entendues au vol autour de lui. Son graphisme et sa production variée (il est capable d'installations qui n'ont rien à envier comparées à celles d'artistes occidentaux, je pense par exemple à Roger Ballen, qui occupera en septembre 2019 la Halle Saint-Pierre,, sur les deux niveaux s'il vous plaît (on lui déroule le tapis rouge à celui-ci !)) pourraient  le faire rapprocher d'auteurs d'art brut, mais il paraît plus exact de le comparer, plutôt, avec des artistes marginaux, comme Noviadi Angkasapura, qui a été exposé naguére au Musée de la Création franche à Bègles.

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Installation d'Imam Sucahyo. DR

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Exposé chez Polysémie à Marseille.

 

    La galerie Polysémie, qui se tourne de plus en plus souvent vers des créateurs et artistes extra-occidentaux (Afrique, Iran, Indonésie), vient de commencer de consacrer une exposition à Imam Sucahyo. Cela se tient depuis le 9 mars, et est prévu pour durer jusqu'au 20 avril (dommage que cela n'ait pas été en même temps que l'expo "Dubuffet, un barbare en Europe", qui devrait commencer en mai au MUCEM, les amateurs auraient pu faire d'une pierre deux coups). Voici le dossier de presse.

14/01/2019

AME, sculpteur, peintre, designer, et roi du pneu... dans "Création Franche" n°49

     "Je reviens d'une tournée avec deux amis dans le Nord de la France et en Belgique, à la recherche comme d'habitude de curiosités, bizarreries, œuvrettes de plein air, sites et environnements insolites, etc. C'est ainsi que je conçois les voyages. Dériver dans les provinces en quête de merveilles populaires ou autres surprises...

    On musardait en direction de Gravelines et de Dunkerque, à la recherche d'un endroit où casser la croûte, lorsque notre attention fut attirée brusquement par des grandes statues noirâtres, indéniablement peu communes, qui étaient installées sur un terre-plein sur fond de magasin peint en un jaune clinquant, faisant office de dépôt-vente et d'entrepôt spécialisé dans la "déco". On aurait pu faire mieux comme écrin pour ces sculptures.

     Ce qui m'avait frappé lorsque notre voiture était passée, assez vite, à la hauteur de ces œuvres, c'était la curieuse matière dans laquelle étaient façonnées les "statues". En revenant à pied vers elles, il fallut se rendre à l'évidence : c'était du pneu, de l'assemblage de pneu, qui a priori, me disais-je, ne devait pas être un matériau facile à maîtriser, et à façonner. L'auteur y était pourtant parvenu, et de main de maître...

     Nous finîmes par apprendre son adresse, il habitait non loin, un peu plus à l'intérieur des terres. Pour aller vers ce point, il fallait nous dérouter, rentrer davantage dans l'intérieur du pays, mais l'appât d'une possible rencontre nouvelle avec un créatif nous en convainquit..."

      (Bruno Montpied)

Pour lire ce texte, dans une version complète, alternative, veuillez vous reporter au dernier numéro de la revue Création Franche, le n°49, qui vient de sortir (écrire au Musée du même nom, 58 ave du maréchal de Lattre de Tassigny, 33130 Bègles, prix 8€)...! On retrouve au sommaire d'autres contributeurs que votre serviteur bien entendu, comme Dino Menozzi, Ans Van Berkum (dont on apprend qu'elle collabore avec le  nouveau musée d'art outsider d'Amsterdam sur un projet d'exposition consacrée à Willem Van Genk ; on se souviendra en effet qu'elle anima un temps le défunt musée d'art outsider de Zwolle, dont les collections sont aujourd'hui repliées sur le museum du Dr.Guislain, à Gand en Belgique), ou encore Dominique Jeanson (pas au plus haut de son inspiration, j'ai trouvé) ou encore une évocation du "Schizomètre" de Marco Decorpeliada (en roman-photo).

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Quelques photos inédites des œuvres d'Amadou Ba, dit AME, dont parle mon article de Création Franche :

 

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Amadou Ba, une bête devant le magasin de déco, non loin de Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph. Bruno Montpied, juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête devant sa maison à Nortkerque, assemblage et sculpture de pneus, ph.B.M.,  juillet 2018.

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Amadou Ba, une bête dans le jardin, assemblage et sculpture de pneus, ph. B.M., juillet 2018.

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Amadou Ba, sans titre (un cortège...), huile sur toile, sd (vers 2018), ph. B.M., juillet 2018 ; car AME ne fait pas que sculpter les pneus, il peint aussi.

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Amadou Ba, sans titre, huile sur toile, vers 2018, ph. B.M. juillet 2018.

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Portrait d'Amadou Ba, par le photographe Jean-Baptiste Joire, 2014.

20/11/2018

Emile Jouve et René Rigal, deux artistes rustiques modernes de plus

   "La peinture rustique moderne", c'est un terme inventé par Gaston Chaissac dès 1946¹, pour qualifier sa propre peinture, avant de connaître Dubuffet et son Art brut². C'était pas mal trouvé, du point de vue de ce que ça signifiait. Un peu moins du point de vue publicitaire. L'"art brut", certes, cela a une autre allure sur le plan de la "communication" (pour quelque chose, le brut, qui ne se préoccupait pas spécialement de communiquer, comme le soulignait autrefois avec délectation Michel Thévoz). Exactement comme le "réalisme intellectuel" pour l'art naïf, terme inventé par Georges-Henri Luquet et repris par Georges Schmits, très précis dans ce qu'il voulait désigner mais peu aisé à mémoriser. Cette nécessité d'être repérée facilement, immédiatement, du public est souvent cause que telle ou telle invention conceptuelle, désignée de façon trop précise, est négligée et, peu à peu, tombe dans l'oubli.

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Gaston Mouly (1922-1997), peinture sur bois (acrylique ou huile), ph. B.M. 1989 (chez Gaston Mouly), non localisée actuellement (peinture exécutée, donc, avant que l'auteur ne se mette à systématiquement dessiner aux crayons de couleur après une demande de Gérard Sendrey pour sa galerie Imago qui préfigura le Site, puis le Musée, de la Création Franche à Bègles) ; Mouly, ancien entrepreneur en maçonnerie d'origine rurale, marqué par la fréquentation d'artistes modernes qui avaient été ses clients (Bissière, Zadkine), à la retraite, se mit à peindre sur bois et sculpter le ciment, puis par la suite à dessiner ; il était conscient d'être un autodidacte, de culture rurale occitane, mais se piquait de faire "moderne" dans ses œuvres, adoptant une posture indubitablement artistique, se confrontant à d'autres formes d'art( lorsqu'il "montait" de sa région lotoise jusqu'à Paris par exemple ; je peux en témoigner, l'ayant souvent accompagné dans des galeries ou musées de la capitale).

 

     Pour Chaissac – et cela peut s'appliquer à d'autres (Gaston Mouly par exemple, actif entre 1982 et 1997, alors que Chaissac était disparu depuis 1962) – il s'agissait de créer dans le respect d'une certaine tradition populaire, avec des naïvetés, des raccourcis expressifs, des couleurs franches, etc., tout en cherchant à faire nouveau (un sens de la composition encore plus affranchi du réalisme que dans l'art naïf, par exemple). Ce désir de novation s'enracine dans une imitation de l'attitude observée chez les artistes modernes, cherchant à s'affranchir des valeurs établies de leur temps.

     Dans mon Gazouillis des éléphants, consacré à des créateurs œuvrant essentiellement en plein air, entre leur habitat et la route le bordant, on pouvait ainsi découvrir deux cas de créateurs populaires influencés par l'art moderne, Maurice Guillet à Olonne-sur-Mer (Vendée) – un ferronnier mêlant du démarquage de Calder à de l'imitation de nouveaux réalistes sans oublier une pratique de la sculpture allégorique ou symbolique – et François Llopis, de Céret (en pays catalan français), qui a produit des sculptures et autres bas-reliefs ou mosaïques, influencé par l'exemple des artistes qui fréquentaient autrefois sa ville comme Braque ou Picasso, mais surtout par des exemples artistiques plus lointains (les mosaïques de Ravenne, voire des croix de chemins de sculpteurs régionaux).

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Chez Maurice Guillet, à l'arrière de sa maison, à Olonne sur-Mer, ph. Bruno Montpied, 2008.

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François Llopis, une Vierge inspirée semble-t-il des Madones de croix de chemin du Massif Central, Céret ; ph. B.M., 2014.

 

      Mais on peut également songer à rallier à ce corpus de l'art rustique moderne ("art", parce que cela ne se limite pas à la peinture, mais englobe aussi la sculpture) deux autres cas, d'origines ouvrière ou rurale.

      René Rigal tout d'abord, ancien cheminot originaire de Capdenac, qui arrivé à la retraite se prit d'amour pour les branches choisies parmi les plus filiformes d'entre elles, qu'il écorçait scrupuleusement et interprétait ensuite en leur trouvant à chaque fois une incarnation. C'était une sorte de Giacometti populaire, qui pouvait en sculptant enfin se permettre, loin des trains où il avait bossé toute sa vie, de "dérailler" en toute liberté. C'est du reste ce qu'évoque le titre de l'article que j'ai publié à son sujet dans le n°36 de la revue Création Franche en juin 2012 : « René Rigal, hors des rails ». Certes, on peut lui trouver des ressemblances avec d'autres sculpteurs populaires travaillant comme lui à partir de la forme des arbres et arbustes ( par exemple Michel Maurice à Cornimont, dans les Vosges, voir le "Musée des Mille et une racines" dont j'ai aussi parlé dans le Gazouillis des éléphants et dans Création Franche n°45, en décembre 2016), mais il a un style qui lui est propre, avec ses figures systématiquement longilignes (voir ci-dessous). Cette signature plastique proche d'une certaine forme d'"abstraction" est peut-être la cause de son adoption par les galeries aveyronnaises, comme celle de la Menuiserie, de Jeanne Ferrieu, à Rodez, qui l'ont régulièrement exposé au milieu d'artistes contemporains. Peu d'amateurs d'art populaire ou d'art brut ont su le repérer jusqu'à présent. Personnellement, je le découvris grâce à un film de messieurs Pennet et Macary, "René ne tape pas la belote" (2000),  vu au Festival de cinéma autour des arts singuliers organisé par l'association Hors-Champ à Nice. En projetant ce film dans un contexte de documents autour des arts spontanés, les animateurs de ce festival réintroduisaient malicieusement (et peut-être sans y penser plus que ça?) René Rigal parmi les créateurs spontanés, où est sa véritable place, à mon sens.

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Salle d'exposition dans la maison de feu René Rigal, ph.B.M., 2012.

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Livret de "petites histoires et anecdotes" (des témoignages des uns et des autres qui ont connu René Rigal) paru aux éditions La Menuiserie en juillet 2016, archives B.M.

 

     Cela faisait plusieurs années que, par ailleurs, j'avais entendu parler d'Emile Jouve, sculpteur et peintre autodidacte qui habitait St-Côme d'Olt dans l'Aveyron et qui était né plus haut, en Aubrac, à Laguiole, ville célèbre pour un excellent fromage souvent associé au Cantal même s'il est fabriqué dans l'Aubrac voisin. Jean Estaque, le sculpteur de la Creuse, m'avait évoqué ce Jouve, connaissant mon goût pour ces créateurs de l'ombre venu des milieux populaires, mais sans pouvoir me montrer des images de ses œuvres. Il avait été éleveur de bovins la plus grande partie de sa vie, les bovins qui sont une autre spécialité de Laguiole où un fier taureau trône sur la place du village, spécialité qui ne doit pas faire oublier cependant l'autre produit qui a fait la renommée du lieu, le couteau avec son célèbre design...peinture rustique moderne,art rustique moderne,chaissac,gaston mouly,maurice guillet,françois llopis,rené rigal,emile jouve,galerie la menuiserie,art naïf,art singulier,le gazouillis des éléphants,croix de chemin,poésie naturelle interprétée,association hors-champ

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Emile Jouve, sans titre (il me semble), 50x0cm, technique mixte, coll. privée (Aveyron), ph. B.M..

Emile Jouve, ss titre, 40x60cm, technique mixte,, coll Alain Christofle_edited (2).jpg

Autre tableau d'Emile Jouve, sans titre (il me semble), pastel ou craie sur bois, 40x60cm, coll. privée (Aveyron), ph. B.M.

 

    Je finis par tomber sur deux de ses tableaux par hasard, chez un sympathique amateur de bonne chère et de vie au grand air, habitant tout près de Marcillac (Aveyron encore), au secret d'une gorge oubliée...

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    Là encore, cet artiste autodidacte avait été exposé (plusieurs fois, semble-t-il) à la galerie La Menuiserie  de Jeanne Ferrieu. Mais, loin de Rodez, comment le savoir? Il aurait fallu scruter tous les jours la presse régionale du coin, où de rares magazines relayant l'information artistique en province (comme Artension, dont c'est un des principaux mérites). La femme de René Rigal, Micheline Rigal, intervint opportunément en me prêtant le catalogue que là encore la Menuiserie avait édité sur ce créateur d'origine populaire (édition de 2001).

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Catalogue consacré à Emile Jouve par la galerie La Menuiserie, Rodez, 2001.

 

    L'ouvrage contenait, un peu comme dans le cas du livret récemment édité sur Rigal (voir ci-dessus), de nombreux témoignages et surtout plusieurs illustrations en couleur, de peintures mais aussi, ce qui achève de permettre de se faire une opinion favorable sur les talents de ce monsieur Jouve, de sculptures peintes réalisées à partir de bois trouvés et de bois flottés qui sont, à mon goût, ce que Jouve a fait de mieux, dans l'état actuel de mon information. On sent chez cet homme de pleine nature un appétit évident pour les recherches formelles qui l'apparente aux élaborations sophistiquées d'artistes des villes.

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Emile Jouve, Le Dragon du Golfe, 30cm de hauteur ; reproduit (en image compressée) d'après le catalogue de la Menuiserie.

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Emile Jouve, Brigitte Bardot et les animaux, 20 cm de hauteur. Extrait du catalogue de la Menuiserie (image compressée).

 _____

¹ Cf. Gaston Chaissac, "Peinture rustique moderne", paru initialement dans le n°3 de la revue Centres, 1946, et réédité dans Je cherche mon éditeur, Rougerie, 1998.

² Dubuffet enrôlera, au début de sa collection, Chaissac dans l'Art Brut avant de l'en retirer, à juste titre si l'on se rapporte à ses critères (art brut = inventivité hors des milieux artistiques), pour le verser dans la collection annexe rebaptisée "Neuve Invention" par la suite. Chaissac lui était apparu au fil du temps trop en contact avec les milieux littéraires et artistiques (avec lesquels cependant Chaissac pratiquait des rapports relativement réservés). Cela n'empêchait pas ce dernier de développer, selon moi, une expérimentation à tout va, et de déployer une grande inventivité plastique et littéraire.

17/11/2018

Caroline Dahyot au café-galerie La Potinière, Dieppe

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Expo Dahyot, photo et affiche Darnish, La Potinière, 18 rue du 19 août, Dieppe.

 

    L'ami Darnish m'assure que la nouvelle expo de Caroline, la femme peintre de la Villa Verveine à Ault-Onival (pas loin de Dieppe), dans un café-galerie qui lui est cher dans le centre de Dieppe, La Potinière, vaut le détour. Faisons-lui confiance. Caroline a investi le lieu au point de faire oublier, paraît-il, la destination initiale du lieu d'exposition qui lui est offert temporairement, en y projetant ainsi un pan de son univers d'Ault, où l'on baigne, une fois entré dans sa maison, décorée du sol au plafond, dans son graphisme, son imaginaire, ses obsessions affectives.

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Caroline Dahyot envahit les murs et grimpe au plafond... Ph. Darnish, 2018.

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Caroline Dahyot, le plafond est conquis, les portes aussi, ph. Darnish, 2018.

   

     Caroline aime à s'essayer à des formes d'art total, à de multiples formes d'expression. Elle a logiquement tendance, dans ses accrochages, à se répandre, à ruisseler, à occuper le terrain. Donc, en matière d'introduction à son univers, un petit tour à la Potinière s'impose...

 

Expo Dahyot, Café-Galerie La Potinière, 18 rue du 19 août, Dieppe, du 13 novembre au 14 décembre 2018.

16/11/2018

Exposition galerie Rizomi de quelques artistes de la Création Franche, dont votre serviteur...

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     Dino Menozzi, critique d'art naïf et d'art singulier (outsider) italien, monte une expo à la galerie Rizomi à Parme du 24 novembre jusqu'au 15 décembre prochain (normalement), galerie connue en Italie pour exposer souvent des auteurs d'art brut. Or, en l'occurrence les artistes exposés, sous la bannière d'Adam Nidzgorski, mis en tête de gondole apparemment, par un choix subjectif du "curateur" Menozzi, sont tous des artistes, et des singuliers, ce qui est synonyme de "créateurs francs", ou de Neuve Invention (étiquette usitée à Lausanne en annexe de la Collection d'Art Brut), plutôt que des auteurs d'art brut au sens strict.

      J'ai été moi-même associé à cette monstration, et, à ce que j'ai découvert grâce à l'affiche ci-dessus, mis à l'honneur par un détail d'une des  huit peintures que j'ai envoyées là-bas. Cela n'est pas indiqué sur l'affiche malheureusement. Je dis "malheureusement", car il serait souhaitable que les concepteurs de l'affiche ne découpent pas une œuvre sans en informer les spectateurs de l'affiche (et l'auteur de la peinture!). Les spectateurs sont en effet logiquement fondés à croire que l'œuvre est bornée à l'image que l'on nous présente ici. Et, par conséquent, que "le songeur en aparté", titre apposé à droite dans le fond blanc en réserve, se rapporte à la femme jaune en jupette juchée sur des chaussures à talons qui se trouve juste à côté, alors que dans la peinture originale, il n'en est rien... Comme on pourra le constater ci-dessous, en zieutant la dite peinture...

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Bruno Montpied, Songeur en aparté, 30,5x23cm, 2018 ; Le "songeur" ce n'est donc pas la femme jaune, mais le personnage violet au profil gigantesque triangulaire qui domine la scène en haut à droite... (Son corps se limite à une tête colossale, sa crinière, plus une forme serpentine, et un bras qui tâte une poitrine de femme naissante...) ; on mesure l'étendue du tranchage rizomiesque qui ne le signale nulle part sur l'affiche...

 

    C'est un exemple de la nuisance qu'un affichiste indélicat peut apporter en tronquant la reproduction d'une œuvre. Sans compter qu'avec le titre de l'expo, un lecteur inattentif et non connaisseur peut également croire que la peinture est d'Adam Nidzgorski, l'artiste mis en tête de gondole dans le titre de l'expo.

    On va dire que je râle toujours, mais avouez que je  n'ai pas tort pourtant de faire cette remarque. Non? Il y va d'une forme de respect aux artistes. Faut-il toujours ne rien dire et s'écraser mollement?

Gestation dans la matrice rouge, 32x24cm, 2018 (2).jpg

Bruno Montpied, Gestation dans la matrice rouge, 32x24 cm, 2018 ; autre peinture sur papier également proposée à la galerie Rizomi et à Dino Menozzi.

12/11/2018

7e Biennale de l'Art partagé à Rives (Isère), plus que quelques jours...

     J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de parler des biennales "d'art partagé" organisées par Jean-Louis Faravel dans le cadre de son association Œil-Art. Tantôt installées dans l'Île d'Oléron, à St-Trojan-les-Bains, tantôt, comme en ce moment et pour quelques jours encore (cela se termine le 18 novembre prochain), à Rives, en Isère, pas très loin de Grenoble, là où fut fondée la première de ces expositions, me semble-t-il.

     Le grand intérêt de ces biennales est de nous faire découvrir à chaque fois, et à des prix la plupart du temps modiques, plusieurs créateurs ou artistes aux œuvres parfaitement attirantes. La dernière édition de cette Biennale (la 7e, pour celles qui sont organisées à Rives) ne déroge pas à la règle, comme en témoignent ci-dessous les quelques images reprises du site web d'Œil-Art parmi les plus frappantes que l'on peut voir, nombreuses, sur le site. On soulignera que ces festivals montés par Jean-Louis Faravel et son équipe, mêlant artistes singuliers et créateurs handicapés ou bruts, voire naïfs, sans hiérarchie aucune, constituent véritablement le haut du panier en ce qui concerne l'ensemble des festivals d'art singulier ou "hors-les-normes" qui se montent ici et là en France. A suivre donc, impérativement.

 

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Thomas Schlimm (un créateur handicapé allemand).

 

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Gabriel Evrard

 

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Imam Sucahyo, un auteur aux limites de l'art brut, indonésien, déjà exposé à la dernière biennale de St-Trojan-les-Bains ; il devrait être incorporé à une grande exposition d'art brut qui est en préparation en Indonésie, avec Ni Tanjung.

 

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Raymond Goossens, créateur qui décline une série d'images campant un détective prénommé Raymond, sorte de projection de lui-même dans un univers de film policier... (Merci à Alain Dettinger et Fatima-Azzahra Khoubba qui me l'ont signalé dans la sélection de Jean-Louis Faravel)

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Didier Hamey

 

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Farchat Mobin, peintre naïf du genre "visionnaire", apparemment d'origine slave ; la scène ci-dessus se déroule durant la révolution russe de 1917 (la prise du Palais d'Hiver).

 

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Et... Gilles Manero, un habitué, toujours habité, des biennales de Jean-Louis Faravel... Un surréaliste qui s'ignore, j'ajouterai...

 

 

 

02/10/2018

Actualités de la Création franche...

     Le musée de la Création Franche à Bègles continue d'être très actif. Je n'ai pas signalé le dernier numéro de leur revue, le 48, de juin 2018, où j'avais passé un article sur Joseph Donadello, vu seulement à travers  son activité picturale (car il est  génralement plus connu pour ses autres interventions, en trois dimensions, dans son jardin en bordure de route). Parmi les autres articles, on trouve notamment un long texte fort charpenté d'Anic Zanzi sur Ernst Kolb dont j'ai déjà parlé sur ce blog il n'y a pas si longtemps. Et l'on découvre également le travail intéressant du peintre naïf Francesco Galeotti présenté par le critique d'art Dino Menozzi.

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Une vue d'ensemble des peintures de Joseph Donadello telles qu'il les exposait en mars de cette année, dans sa véranda, à côté de ses trophées de champion bouliste, ph. Bruno Montpied, 2018.

 

      Le musée béglais monte aussi des animations de temps à autre, je les évoque en leur temps, quand je peux. Cet automne, il soutient un colloque intitulé "L'art brut, un objet inclassable?" qu'il organise conjointement avec l'université de Bordeaux. Cela dure deux jours, le 4  (à la Maison de la Recherche à l'université de Bordeaux, voir ci-dessous) et le 5 octobre, (au Musée de la Création Franche) soit dans deux jours donc.

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      Dans la série des interventions, j'ai repéré celle de Mme Claire Margat, dont le titre en forme de question ("L'art brut : un art sans artiste?") paraît vouloir proposer une réponse (une réfutation?) à ma présentation du Gazouillis des éléphants, où je qualifie l'art des inspirés des bords de routes d'art sans artiste. On aimerait pouvoir lire le texte de cette intervention. Les actes du colloque sont prévus pour être publiés par la suite dans un numéro hors-série de Création Franche...

      La question du titre du colloque est dans l'air du temps. L'année prochaine (au mois de mars), à la Fondation Bost, à La Force (près de Bergerac), le musée de la Création Franche sera également partenaire d'un autre colloque, prévu pour durer, je crois, au moins quatre jours, avec expositions à la clé, au siège de cette Fondation, dans plusieurs musées, dont celui de Bègles, mais aussi à Besançon, à Villeneuve d'Ascq. Cela s'appellera "L'art brut existe-t-il?". Muss es sein? Es muss sein!, aurait répondu l'autre (Léo Ferré, derrière Beethoven).... 


 

     Le musée de la Création Franche propose aussi en exposition de groupe cet automne (du 22 septembre au 2 décembre 2018) une nouvelle édition de ses récurrentes, mais à chaque fois différentes, "Visions et Créations dissidentes".

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    Dans le catalogue de cette manifestation, j'ai personnellement été intrigué par les œuvres de Riet Van Halder (présentées par un texte liminaire d'Ans Van Berkum), et celles d'Heinz Lauener (présentées par Max E. Ammann), où l'on peut déchiffrer sur le "Zeppelin" ci-dessous, l'effigie de Donald Trump, flanquée d'une légende ma foi assez judicieuse : "Der Beserwisser" (qu'il faut lire plutôt comme Der Besserwisser)... "Donald Trump, Le Monsieur Je-sais-tout"... Très drôle, et tellement bien vu, non?

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Heinz Lauener, extrait du catalogue "Visions et Créations dissidentes" 2018, Musée de la Création franched

01/10/2018

Sculpture lippue, sculpture désabusée ?

       Mail du 28 juin 2016 :
 
      "Je possède une tête sculptée dont je recherche l’origine...
      Au départ, je lui trouvais un petit côté art roman... genre corbeau d’église... Mais il manque un débord et semble un peu haute... Je me demande si je ne dois pas me retourner vers une solution contemporaine. Eventuellement de l’art brut... Dans l’esprit de Jan Křížek  ?  
      Il s’agit d’une pierre de type calcaire... elle proviendrait de la région de Poitiers... Mais sans certitude... Hauteur 41 cm.
      Auriez-vous une piste à me conseiller  ?
      Bien à vous.
      Denis"

sculpture populaire anonyme, art brut, art immédiat, jan krizek, autodidacte, lippue, désabusé

Anonyme, tête sculptée, h 41 cm, sans date, collection privée.

 
      Réponse du 30 juin 2016 :
 
       "Bonjour Monsieur,
       "La tête dont vous m'envoyez plusieurs reproductions [de face, de dos, de profil, etc.] ne me paraît pas provenir d'une église. On dirait, comme ça, à première impression, plutôt un travail profane.
       De "l'art brut"? Le mot est employé à toutes les sauces. En sculpture, de plus, on peut ranger certaines pièces taillées à la diable tantôt dans l'art brut tantôt dans l'art naïf, tantôt dans l'art populaire.
       Je dis cela parce qu'effectivement, on dirait bien qu'il s'agit d'un travail d'autodidacte qui s'est ingénié à tailler une tête, comme pour se faire la main. 
       Il existe tant de pièces orphelines semblables à ce genre de sculpture, très stylisées, très sobres, pour ne pas dire sommaires, qu'il est peut-être vain de chercher à les situer. Pourquoi ne pas la laisser à elle-même?
       Elle a une expression amusante, je trouve avec cette lippe un peu épaisse qui semble comme l'expression d'un dégoût, ou de quelqu'un qui paraît désabusé... Et ces yeux faits comme des grains de café hypertrophiés, c'est curieux, et cela donne un caractère particulier.
     Ces grains de café, c'est même eux qui me font penser à un essai de taille qui pourrait être le fait d'un autodidacte s'exerçant pour la première fois sur un bloc de pierre...
     Désolé de ne pas pouvoir mieux vous aider,
    
     Cordialement,
     B.Montpied"
 
Et vous, chers lecteurs de ce blog, avez-vous un autre avis sur cette pierre (qui n'est selon moi, ni un Krizek, ni un Barbu Müller)...?
 

26/09/2018

Info-Miettes (32)

La Maison sous les Paupières

    Revoilà l'antre sous les paupières qui se remet à pondre de l'expo(-pière). Son animatrice, Anne Billon, est passée dans le village perché du Carla-Bayle en Ariège où il y a, outre le très joli petit musée enchanté des Amoureux d'Angélique (art populaire et naïf et brut), tout plein d'artistes.

    Le Carla-Bayle, c'est un peu St-Paul-de-Vence avant les touristes et l'artifice. Sera donc exposée du 6 au 28 octobre, à Rauzan (7 rue du Pont-Long), bourg de l'Entre-deux-Mers, la très inspirée Mélissa Tresse au nom comme un programme (autre que pileux).

La_Joute Eau-forte et aquatinte, 30x40cm, 2017.jpg

Mélissa Tresse, la Joute, eau-forte et aquatinte, 44x30 cm, 2017.

 

Curzio Di Giovanni, une exposition proposée par Lucienne Peiry à Lausanne

Lucienne Peiry, l'ancienne responsable de la collection de l'Art Brut, même si elle fut "débarquée" par le syndic de Lausanne en 2012, d'une façon bien peu fondée, n'en continue pas moins de s'intéresser à l'art brut, bien entendu. Et je dois dire que, prisant passablement ses goûts en cette matière, j'accorde toujours beaucoup d'intérêt à ses choix de créateurs. Elle est un bon guide... Elle propose à partir du 26 septembre jusqu'au 22 novembre 2018, à Lausanne, à la HEP Vaud, une expo consacrée à Curzio Di Giovanni et à ses têtes aux étranges conformations. Elle comportera une soixantaine de dessins issus de collections privées, dont celui ci-dessous.

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L'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier expose Helmut Nimcewski 

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Ph. Bruno Montpied, 2016.

     Ce musée aux collections d'art brut et d'art singulier bien sympathiques (surtout en ce qui concerne l'art brut) monte des expositions temporaires en sus de ses collections permanentes (au cœur desquelles on trouve un important fonds consacré à l'artiste singulier Fernand Michel qui constitue le socle du musée).

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    En voici une qui ouvrira bientôt ses portes du 3 octobre prochain au 10 janvier 2019, consacrée au créateur Helmut Nimcewski, féru de représentations de foules aux petits personnages serrés en rangs d'oignon, le tout dans des couleurs de bonbons acidulés. C'est un type de représentations que l'on retrouve souvent dans l'art brut et l'art naïf. Certaines sont même nettement plus poussées dans ce domaine, Berthe Coulon par exemple...

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L'Atelier-musée se situe 1 rue Beauséjour, à Montpellier, tél: 04 67 79 62 22, mail: <CONTACT@ATELIER-MUSEE.COM> . Le site internet du musée est annoncé en (perpétuelle?) construction...

 

Monsieur Jacques Burtin en balade à travers l'Espagne...

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Goya, gravure, communiquée par Jacques Burtin.

 

    "Hier, à Saragosse, la rencontre (...) avec l’une des gravures de Goya que je mets au-dessus des autres : « Légèreté et audace de Juanito Apiñani dans la Corrida de Madrid» (1814 -1816). Elle définit le mieux à mes yeux la situation de l’artiste. Non point le moment de la mise à mort : je laisse à ses partisans et à ses adversaires l’inutile, le vain plaisir de se combattre. Mais ce moment d’élévation où l’on risque sa vie pour la beauté d’une figure impossible."

 

"Histoires de femmes" aux Yeux Fertiles, de l'art brut et surtout de l'art singulier...

         "Histoires de femmes", la nouvelle exposition de la galerie Les Yeux Fertiles rue de Seine (Paris VIe ardt ; du 2 octobre au 3 novembre) est sous-titrée "Art brut, art singulier".

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     Mais, à part deux ou trois  créatrices effectivement cataloguées dans l'art brut (Thérèse Bonnelalbay, Madge Gill, et... Sol (Solange Lantier)), toutes les autres relèvent plutôt de de l'art moderne, voire d'un art contemporain de plus en plus éloigné de ce que l'on appelle art singulier. Certaines sont devenues au fil du temps de vraies "vedettes", comme Yolande Fièvre ou Ursula, géniale artiste, qui a déjà été présentée à la galerie les Yeux fertiles. On peut même avancer que ces deux-là sont désormais entrées dans le Panthéon de l'art moderne, non loin des surréalistes, dans la grande cohorte des assembleurs, des collagistes, des artistes fidèles à l'imaginaire (Unica Zürn peut en être rapprochée). Les autres artistes ici présentées, comme Isabelle Jarousse ou Josette Rispal, voire Ody Saban et Christine Sefolosha, se hissent même aisément dans les rangs des artistes contemporaines. Le mot "singulier", qui comme l'art brut, combine une notion esthétique (pas de volume, des aplats, une grande stylisation dans le rendu des figures, invention des techniques d'expression) à une notion sociologique (autodidacte, situation de l'artiste en dehors du milieu professionnel de l'art, influence de l'exemple moral et esthétique de l'art brut), selon moi, ne s'applique pas vraiment ici, devenant, en l'occurrence, passablement galvaudé.

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Madge Gill, image du carton d'invitation à "Histoires de femmes".

 

De l'art brut (et "outsider", c'est-à-dire "singulier") iranien à la Galerie Polysémie à Marseille

     La Galerie Polysémie file de temps à autre vers des contrées lointaines où l'on ne pense pas d'habitude que l'on puisse rencontrer de l'art dit brut.

    La galerie propose ainsi de l'art brut de Chine continentale en ce moment je crois, mais ce choix me paraît personnellement de qualité fort moyenne, étant donné qu'il s'agit, j'en ai bien l'impression, à voir ce qui est proposé, pour la plupart de peintures du même genre que celles qu'on a pu voir à la dernière Biennale Hors-les-Normes de Lyon,  en provenance d'ateliers pour handicapés (à Marseille, il me semble que François Vertadier, responsable de Polysémie, a fait appel au Nanjing Outsider Art Studio), et donc de créateurs stimulés par des animateurs dans ces ateliers, ce qui est souvent en contradiction avec le principe même de l'art brut – une expression irrépressible, surgie de façon autonome, comme le chiendent parmi une végétation disciplinée. Mais, surtout, c'était, à Lyon, des œuvres peu originales, peu surprenantes, en dépit d'un certain savoir-faire.

     La galerie présentera cependant bientôt (du 6 octobre au 3 novembre prochain) des créateurs plus étonnants, en provenance d'Iran donc, plus en rapport avec ce qui correspondrait  à de l'art brut, tel que défini plus haut.

    J'ai déjà eu l'occasion par le passé, sur ce blog, de citer des créateurs originaires de l'ancienne Perse, comme Mokarammeh, Akram Sartakhti, ou plus connu depuis quelque temps dans les milieux de l'art brut, Davood Koochaki (que l'on retrouve ici à Polysémie). A la dernière exposition de groupe montée à l'Île d'Oléron en 2017 par Jean-Louis Faravel, j'avais aussi remarqué un autre créateur, Mehrdad Rashidi (également présent à l'expo à venir chez Polysémie). J'accueille donc cette expo marseillaise avec grand intérêt et je la conseille à tous ceux qui cherchent de l'art à la fois bruto-naïf et original.

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Mahmoodkhan, trois dessins de 50x70cm, extraits du dossier de presse de la galerie Polysémie

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Trois œuvres de Reza Safahi.

 

      Le dossier de presse fourni par la galerie énumère les artistes et créateurs exposés. Personnellement, dans l'échantillon proposé je retiendrai essentiellement les dessins de Mahmoodkhan, commencés à plus de 70 ans, Reza Safahi, visiblement instruit et cultivé mais ayant conservé dans son graphisme une grande fraîcheur de tracé "brute" ou "naïve", et aussi Zabihollah Mohammadi, à l'inspiration plus empreinte de références à de grands récits épiques iraniens. On retrouvera dans l'expo cela dit aussi Davood Koochaki et ses esprits noirâtres, ainsi que Mehrdad Rashidi. Chacun pourra se faire sa propre opinion en consultant le dossier de presse.

 

Le livre d'Hervé Couton sur "Las Pinturitas" bientôt présenté par son auteur à la Halle Saint-Pierre

         "La Pinturitas", "la  Petites peintures", c'est cette femme, de son nom d'état-civil Maria Angeles Fernández Cuesta qui depuis des années (depuis 2000) réalise en Espagne, en Navarre, non loin du Pays Basque, une œuvre picturale sur le support des murs d'un bâtiment désaffecté à la sortie de la ville d'Arguedas. Ses fresques sont immenses, mixtes de street art sauvage et d'environnement brut, en constant renouvellement. C'est pourquoi le photographe Hervé Couton a trouvé nécessaire de fixer depuis huit ans ce work in progress, dont l'éphémère est la marque de fabrique. Il viendra en parler à l'auditorium de la Halle St-Pierre le 27 octobre prochain, à 15 h. Toutes précisions sont à retrouver sur le site web de la Halle St-Pierre. 

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Charles "Cako" Boussion sur le mur de la boutique d'Antoine Gentil jusqu'à début octobre

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     Une vingtaine d'œuvres de l'ami Boussion, en provenance de la Pop Galerie de Pascal Saumade, sont actuellement exposées chez Antoine Gentil au 75 bis bd de Rochechouart, dans le IXe à Paris (Sur R-V.: tél: 06 58 34 72 09). Restent quelques jours seulement... 

 

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Le mur et son miroir, boutique d'Antoine Gentil, Paris, ph. Bruno Montpied.

 

Et des dessins  d'Evelyne Postic sur photos de Joseph Caprio chez Alain Dettinger...
 
      Pour cette dernière expo, il ne reste que très peu de temps, cela s'arrête le 29 septembre, à la fin de cette semaine à Lyon, 4 place Gailleton, à la galerie d'Alain Dettinger. C'est plutôt pour mémoire donc... Des dessins exécutés sur des photos de corps bien cuivrés, d'origine africaine, apparemment. On s'en fait une idée avec la photo ci-dessous...

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Evelyne Postic-Joseph Caprio, dessins-photographies

30/08/2018

Montpied multiplié par cinq...

     L'automne sera montpédestre ou ne sera pas, et l'on pourra dire par conséquent que j'ai pris décidément la grosse tête... Mais le hasard veut que plusieurs manifestations auxquelles je participe ont décidé de converger toutes en cette même saison (j'exagère un peu bien sûr).

N°1 : Exposition personnelle Bruno Montpied, intitulée "L'alchimie du regard", avec 47 œuvres, dont une grande peinture sur bois, une plus petite sur carton entoilé, alors que tout le reste consistera en techniques mixtes sur papier de moulin, l'ensemble installé sur les deux niveaux de la galerie parisienne de la Fabuloserie, 52 rue Jacob, dans le VIe ardt. Cela durera du 8 septembre (c'est un samedi, jour du vernissage, prévu à partir de 16h) au 6 octobre (qui est la Saint Bruno, mais on s'en bat un peu...). Un petit dépliant est édité à cette occasion. La galerie est ouverte les après-midi du mercredi au samedi, quatre jours par semaine donc.

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Surprise, 30,5x23cm, 2018 (2).jpg

Bruno Montpied, Surprise!, technique mixte (encre, marqueurs, crayons...) sur papier pour multi-techniques, 30,5 x 23 cm, 2018. Exposé à la Fabuloserie Paris.

 

N°2 : Le Groupe surréaliste de Paris organise une exposition collective consacrée au "Collage surréaliste en 2018", à la galerie Amarrage à St-Ouen (les lecteurs de ce blog, particulièrement attentifs, se souviendront que c'est dans ce même local que j'ai organisé voici deux ans une expo collective intitulée "Aventures de lignes"). La liste des participants se découvre sur l'affichette réalisée par le groupe. Personnellement, j'exposerai trois collages réalisés il y a plusieurs années, entre 1981 et 2002 (c'est donc pas tout à fait en 2018...). J'en présente un ci-dessous.

Collages surrealistes en 2018 bis-1.jpg

Rêve d'éveil, 24 x 32 cm, 1999 (2).jpg

Bruno Montpied, Rêve d'éveil, 24 x 32 cm, collage sur papier Canson, 1999. Exposé à St-Ouen.

 

N°3 : Je participe également au Salon ArtCité qui se tiendra dans trois lieux de Fontenay-sous-Bois, la Maison du Citoyen (où j'exposerai cinq petits formats sur papier), l'Hôtel de Ville et la Halle Roublot. Il s'agit là d'un rassemblement d'artistes plasticiens contemporains, rien à voir avec une exposition présentant une ligne précise. C'est du 20 septembre au 20 octobre.

Salon Invitation Artcité 2018 avec soulignements.jpg

Maison du Citoyen, du lundi au vendredi de 9h à 21 h, samedi de 9h30 à 16h30, 16 rue du RP Lucien-Aubry, Fontenay-sous-Bois.

Localisation.JPG

Sarabande sous la pluie, 17x24 cm, 2016, carton (2).jpg

Bruno Montpied, Sara bande sous la pluie, 17x24 cm, 2016, technique mixte sur carton fort. Exposé à ArtCité.

 

N°4 : Par ailleurs, j'exposerai douze photos consacrées à des créateurs d'environnements populaires spontanés aux Tours de Merle en Corrèze (c'est même, pour être encore plus pointu, "au cœur de la Xaintrie corrézienne"...), pour accompagner la projection du film documentaire Bricoleurs de paradis que j'ai co-écrit avec son réalisateur Remy Ricordeau en 2011, projection qui me permettra d'en débattre avec le public qui voudra bien venir à cette projection. L'exposition des photos se tiendra le week-end du 27-28 octobre prochain, et la projection aura lieu le dimanche 28. Cette animation s'inscrira dans le cadre d'une exposition des statues de l'autodidacte Antoine Paucard prêtées par le musée Antoine Paucard de Saint-Salvadour (20 octobre au 4 novembre). L'idée de ces animations provient de Laurent Gervereau et de Mme Nathalie Duriez.

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Bruno Montpied, photo originale tirée en 40 x 60 cm, consacrée à l'environnement créé par Wladyslaw Gaça à Audun-le-Tiche, ph. 2013. Exposée aux Tours de Merle.

 

N°5 : Un peu plus tard cet automne, j'exposerai également de 4 à 6 œuvres sur papier à la Galerie Rizomi à Parme, dans le cadre d'une expo collective organisée par le critique d'art et collectionneur Dino Menozzi. Cela se tiendra du 24 novembre jusqu'au 15 décembre. L'idée de la manifestation est de présenter des auteurs qui gravitent dans la perspective de la Création franche. Devraient être ainsi représentés Gérard Sendrey (fondateur de l'appellation Création franche), Adam Nidzgorski, Claudine Goux, Pierre Albasser, Franck Cavadore et donc, mézigue, Bruno Montpied. Un catalogue est prévu de paraître à cette occasion.

Gestation dans la matrice rouge, 32x24cm, 2018 (2).jpg

Bruno Montpied, Gestation dans la matrice rouge, 32 x 24 cm, technique mixte sur papier, 2018. Sélectionné par moi pour l'expo de Dino Menozzi.

 

13/07/2018

La Fabuloserie, aperçu au "Consulat", espace open de style berlinois à Montparnasse

     Très actif depuis quelque temps, Antoine Gentil, qui s'était déjà fait remarquer  par des organisations d'expo au MAHHSA (musée de Ste-Anne émanant du Centre d'Etude de l'Expression), a invité la Fabuloserie à taper l'incruste dans un sacré foutoir installé provisoirement (quelques mois) dans une espèce de friche industrielle, aux murs nus, tout près de Montparnasse, dans ce quartier où les aménagements de Ricardo Bofill, il y a déjà longtemps (1985), avaient contribué à enfoncer le clou de l'effacement, vingt ans auparavant, de tout un quartier de petites maisons et d'ateliers d'artisans qui ne surent et purent résister – à rebours des habitants qui le réussirent plus loin, dans ce même XIVe arrondissement, du côté de la rue des Thermopyles et de la Cité Bauer. Ce sont les chantiers de l'actuelle gare Montparnasse (gare qui ne ressemble à rien),  en effet, qui avaient entraîné en 1965, par exemple, la disparition  du bâtiment où se trouvait l'atelier du Douanier Rousseau, rue Perrel, que l'on aperçoit dans l'admirable film de Jacques Brunius, Violons d'Ingres (1938) – atelier qui fut, par la suite, également, le lieu de travail de Victor Brauner.


podcast

Formulette recueillie par Jacques Brunius dans un recueil (de comptines et formulettes) resté inédit (merci à Lucien Logette de  nous l'avoir communiqué) ; lue par B.M., 2018

 

      Le "Consulat"¹, donc, est un vaste espace sur deux niveaux, prêté pour quelques mois, où l'on trouve disséminés sur des centaines de m², une friperie, des buvettes, un restaurant, une salle de concert, des tables de ping-pong, des chaises dépareillées et des canapés défoncés distribués au petit bonheur, des espaces d'exposition (au 2e étage) où voisinent, dans deux espaces distincts qu'on ne pouvait confondre, art contemporain d'une part, présenté anonymement, tel des puces, sous l'autorité d'un texte liminaire d'une prétention insondable (intitulé le "blind marché", titre d'un snobisme au ridicule achevé), et d'autre part, l'art hors-les-normes de la Fabuloserie, exposé jusqu'au 15 août, et mêlant lui-même art brut (Emile Ratier, Pierre Petit, Giovanni Battista Podesta, Guy Brunet, Jean Tourlonias, François Portrat, Edmond Morel, un grand tableau de fleurs, assez rare, d'Abdelkader Rifi) et artistes singuliers (Le Carré Galimard, Nedjar, Francis Marshall, Alain Bourbonnais, Verbena).

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Des éléments de l'environnement créé par François Portrat dans les années 1980, ph. Bruno Montpied, 2018.

 

       Si l'on oublie cependant le contexte désordonné de la première exposition, la zone dévolue à la Fabuloserie permettait de découvrir des ensembles d'œuvres souvent méconnues. Dommage cependant qu'on n'ait pas souhaité, du côté du responsable des expos  (un certain Samuel Boutruche), laisser les animateurs de la Fabuloserie, ainsi que le commissaire d'exposition, Antoine Gentil (le bien nommé), apposer tout de suite les noms des auteurs exposés, dès le vernissage (cela a changé par la suite), au nom d'un anonymat revendiqué (l'anonymat paraît devenir par les temps qui courent un argument à la mode, ici employé très superficiellement (comme souvent, avec tout ce qui est à la mode), puisque les noms des artistes circulent par dessous...).

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Emile Ratier, deux musiciens, ph. B.M., 2018.

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Michel Nedjar, quatre assemblages de tissus colorés, ph. B.M., 2018

 

       Pour ma part j'ai découvert dans l'expo de la Fabuloserie, parmi les cinq pièces d'Emile Ratier – des maquettes  et machineries de bois brun, faites au départ pour être actionnées –, trois dispositifs qui sont des machines à produire des sons, en fait des instruments de percussion ultra bricolés à ranger au nombre des instruments de musique alternatifs. J'ai été également  surpris par des assemblages de tissus colorés de Michel Nedjar, exposés seulement le jour du vernissage, que j'ai trouvés bien plus séduisants, et moins montrés que ses sempiternels "chairdâmes", sorte de poupées noirâtres d'exorcisme imaginaire, qui personnellement me dégoûtent, et qui sont faites pour dégoûter (scandale facile à produire). Hélas, l'artiste, victime d'un caprice de diva, a fait retirer ses œuvres les jours suivants, n'appréciant pas l'exposition voisine semble-t-il. Je publie ci-dessus les quatre assemblages dont je parle plus haut, présentés dans l'expo, donc, de façon éphémère. Même si le voisinage avec l'expo d'art contemporain assez inconsistante était discutable, il n'en reste pas moins que l'idée de montrer l'art hors-les-normes de la Fabuloserie en un tel lieu fréquenté par la jeunesse et par un public n'ayant peut-être jamais entendu parler de l'art brut l'art singulier, etc., n'en était pas moins une bonne initiative. Il faut tenter ce genre de passerelle, pour que les transmissions s'effectuent entre générations. Et peut-être aussi détourner le public de l'art contemporain absurdement mis en avant par les temps qui courent par toutes sortes d'intérêts capitalistiques². Il y va d'une forme de résistance.

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Pierre Petit, Laboratoire Frela, ph. B.M., 2018.

 

       L'accrochage, dans le fond,  à droite, sur un mur où ils sont seuls, de divers éléments provenant de l'environnement créé par François Portrat à Brannay dans l'Yonne (voir mon Gazouillis des éléphants où je lui ai consacré une notice), agencé par Marek de la Fabuloserie, frappait l'esprit du visiteur. Podesta était également présent par des peintures qui relèvent davantage de l'art naïf, en tout cas inattendus. Surtout, on restait charmé par le "Laboratoire Frela" et ses personnages délicieusement angéliques, humanoïdes ineffables, du retraité Pierre Petit, qui vivait autrefois à Bourges, et dont nous avons ici quelques maquettes et autres "maisons de poupée" d'un nouveau genre.

     Rien que pour cette exposition, rare à Paris – reléguée en marge de tout le reste dans ce labyrinthe de béton, de façon cohérente au fond, car on n'a pas affaire ici à de "l'art hors-les-normes" pour rien! : il reste en marge quel que soit le contexte d'exposition – il faut se rendre dans ce Consulat, en traversant jusqu'à l'espace fabulosant ces 3000 m² d'un trait, sans se disperser outre mesure dans les autres espaces, plutôt vides de sens (si ce n'est pour aller se boire une bière sur une terrasse aux herbes sauvages poussant sous des gratte-ciels ou des immeubles du genre cages à lapins, en rêvant des fantômes de Rousseau et de Brauner).

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Abdelkader Rifi, sans titre, env. 1m sur 1,20m, sans date, ph.B.M., 2018.

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¹ Ce "Consulat", nous apprend un article du Quotidien de l'Art, "est issu de l’association GANG, dirigée par Lionel Bensemoun, petit-neveu du fondateur des casinos Partouche. Il a créé avec l’artiste André Saraiva son agence événementielle La Clique et le club Le Baron, et vient de s’installer à Paris dans le 14e, pour une nouvelle saison (jusqu’en octobre 2018), dans l’espace des futurs Ateliers Gaîté de 3000 m2..." L'adresse de ce Consulat éphémère est au 2 de la rue Vercingétorix, 14e ardt donc.

² A ce sujet, on lira avec fruit le livre  d'Annie Le Brun, Ce qui n'a pas de prix, récemment paru chez Stock.

07/07/2018

Le mariage du paysage et de l'imagination, un exemple

      Pour compléter ma réponse à "Etienne" parue en commentaire à la suite de la note précédente consacrée à un tableau de Soutine, je me suis souvenu que j'avais rassemblé dans mes archives photos toutes les images que j'ai pu trouver, illustrant le thème des "paysages". Voici deux œuvres, une de 2013, et une plus ancienne, de 2003, qui me paraissent correspondre avec ce que j'envisage quand je parle de mariage de la perception du monde extérieur avec expression détachée de ce même monde.

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Bruno Montpied, La Montagne de la Tête, technique mixte sur papier, 29,7x21 cm, 2013.

Tableau 8F, Le pont des fées,  2003 (2).jpg

B.M., Le Pont des Fées, 8 Figure, technique mixte sur carton toilé, 2003.

 

     Ces deux œuvres me plaisent tellement que je ne les ai jamais mises en vente et que je les garde par devers moi, comme des talismans...

 

27/06/2018

Deux anciennes artistes d'"Aventures de lignes" se manifestent cet été : Marie Audin, Caroline Dahyot

    A l'automne 2016, j'avais rassemblé quelques artistes à part dans une galerie associative de St-Ouen, la Galerie Amarrage, dans une expo que j'avais intitulée "Aventures de lignes" (titre inspiré d'un texte d'Henri Michaux). Parmi eux, quelques-uns continuent d'exposer, je ne signale pas tout le temps quand ni où. Une fois n'est pas coutume, je vais en rassembler deux qui exposent durant cet été en deux points distincts du territoire.

Expo à Laval 2018.jpg

 

     Marie Audin a été repérée par la directrice du Musée d'arts naïfs et d'arts singuliers de Laval, Mme Le Falher, durant l'exposition que j'avais montée à Saint-Ouen avec d'autres artistes. Je n'en suis pas peu fier... Une fois une donation effectuée dans ce musée en bonne et due forme (une vingtaine d'œuvres), deux ans plus tard, voici que le MANAS (cet acronyme vous a des allures de ville amazonienne, je trouve...), lui consacre une expo en insistant (à juste titre) sur ce qui fait la singularité de cette artiste autodidacte (au départ dermatologue) : la technique originale qu'elle s'est bricolée en solo, le pricking (piquage à l'aide d'une aiguille dans le support, dessous, dessus...) avec broderie, peinture à l'encre et à l'aquarelle (cette technique provient bien entendu de son métier). Rappelons que c'est le Musée de la Création franche, à Bègles, qui avait exposé en premier Marie Audin (alors nommée Marie Adda), c'est d'ailleurs là que je l'ai à mon tour découverte (puis que j'ai publié un article sur elle dans la revue du musée, au titre éponyme de Création Franche). Je n'ai fait au fond que le passeur.

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Marie Audin, sans titre, mai 2014, ph. et coll. Bruno Montpied ; dans les travaux de Marie Audin, j'ai une préférence pour ses compositions semi abstraites, semi figuratives, dans des compositions poussées.

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Marie Audin (sans références) ; ici on rencontre en une seule image un ensemble de techniques mises au point par l'artiste: pricking, aquarelle, broderie, dessin... Marie Audin n'est pas toujours allée aussi loin dans ses œuvres ultérieures que dans l'œuvre ci-dessus. 

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Caroline Dahyot.jpg

Caroline Dahyot, un travail récent (et à chacun ses marqueurs, moi, je n'utilise pas ceux que l'on voit sur cette table).

 

     Autre femme à avoir exposé avec nous à St-Ouen, Caroline Dahyot. Elle sera tout l'été au Petit Casino d'Ailleurs (en compagnie du photographe – et cinéaste – Jean-Marc Gosse). On suppose qu'on y retrouvera ses peintures sur papier, sur tissu, ses reliquaires à poupées démantibulées, et ses appels à aimer dont elle n'est pas avare (voir les cœurs en escadrille ci-dessus). C'est ouvert sur rendez-vous et le mercredi matin au moment du marché...

11/06/2018

Infos-Miettes (31)

Briantais et Estaque chez LFLF2015 à St-Malo-de-Guersac

       Du 1er au 31 juillet prochain, ces deux artistes, dont j'ai plus d'une fois mentionné l'existence et les œuvres, rapprochent ces dernières pour une espèce de dialogue... Dans le cadre d'un de ces lieux comme il en apparaît régulièrement dans les mailles serrées du patchwork des petites communes françaises. Le vernissage est prévu pour le 7 juillet à partir de 16h. LFLF2015 (oui je sais, c'est plutôt cabalistique, et il faut trouver le coin où aura lieu l'expo : 56 ile d'Errand, Loire-Atlantique St-Malo-de-Guersac, tél: 06 18 97 13 63).

 

Créations populaires en Mayenne

      Et revoici une production de l'association CSN (Création Singulière et Naïve) – qui semble avoir laissé tomber le numéro de département qui flanquait son acronyme précédemment (53, le département de la Mayenne).

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Cénéré Hubert, un moulin illustré, photo Michel Leroux.

 

     Elle propose une exposition de quatre autodidactes singuliers , aux lisières de l'art naïf et de l'art brut, Gustave Cahoreau (dessinateur et sculpteur, bof...; voir ci-contre la tête chapeautée)bernard briantais,jean estaque,lflf2015,art singulier, Patrick Chapelière (passablement inégal, et souvent "décoratif" depuis quelque temps semble-t-il ; voir ci-contre œuvre de 2018)bernard briantais,jean estaque,lflf2015,art singulier, Raymond Lemée (ce dernier paraît recycler les crucifix : moi, je dis beurk!) et Céneré Hubert, à mon avis le plus intéressant des quatre (Michel Leroux et Jean-Louis Cerisier, qui interviennent dans cette association, ont souvent défendu ce dernier qui est un peu leur découverte ; ils m'ont du reste aidé à illustrer la notice que j'ai consacrée dans mon livre Le Gazouillis des éléphants à ce créateur, également l'auteur d'un environnement naïvo-brut à St-Ouën-des-Toits). L'expo se tiendra du 13 juillet au 26 août, à la Bergerie du château de Sainte-Suzanne, fort joli village mayennais, paraît-il.

(Ce sera ouvert tous les jours, de 10h00 à 19h00. Entrée libre. Un catalogue accompagne la manifestation. Il sera disponible (offert par le CIAP) à la librairie du château, face au lieu d’exposition).

 

"L'envol ou le rêve de  voler" à la Maison Rouge

      Du 16 juin au 28 octobre prochain, aura lieu à Paris une expo conjointement organisée par Antoine de Galbert et la collection ABCD sur le thème du rêve de voler. Ce sera la dernière de la Maison Rouge... Il y sera question sans doute, et entre autres, de Gustav Mesmer, cet aviateur en herbe, renouvelant le rêve des pionniers de l'aviation avec leurs drôles de machines volantes dont ont déjà parlé diverses autres publications et expositions fournies autrefois par la Collection de l'Art Brut. On se rappelle en particulier l'expo et le catalogue de "L'Art Brut dans le monde" qui contenait six petits courts-métrages dont un sur ce Mesmer. Mais ce ne sera pas le seul "Icare" de représenté dans cette expo puisque le dossier de presse annonce 130 artistes et créateurs, dont les œuvres (on en annonce 200) relèvent tantôt de l’art moderne, tantôt de l'art contemporain, tantôt de l'art brut, voire de l'art ethnographique ou populaire. Un peu du méli-mélo en somme, comme l'aime Antoine de Galbert...

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Gustav Mesmer

 

Carlés-Tolra, et l'amour, au Musée de la Création Franche cet été

      Deux expos en effet, distinctes, quoique dans un même lieu cet été à Bègles. "Le monde selon Carlés-Tolrá" d'une part, véritable rétrospective de cet artiste, grand ancien de l'art singulier (terme que l'on peut présenter comme synonyme de "neuve invention", voire de "création franche" – même si cette dernière expression cherche à intégrer également l'art brut, l'art naïf, même certaines expressions surréalisantes), du 15 juin au 2 septembre 2018, et "All I need is love" pour l'autre part, du 15 juin au 19 mai 2019. Sur l'expo Carlés-Tolrá, voici ce que précise le musée: "Pour la 90e année de cet auteur majeur de la collection Création Franche, le Musée lui consacre 6 salles où seront présentés, outre des œuvres du fonds de collection, des prêts exceptionnels du créateur comme ses premières peintures, des lettres échangées avec Jean Dubuffet dont il était proche et des œuvres de sa collection personnelle." On notera cette mention d'œuvres venues de la collection de l'artiste, chose qui reste peu connue chez Carlés-Tolra.

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Ignacio Carles-Tolrá.

 

     Dans le cadre de "All I need is love", qui est une sélection, un ré-accrochage  des collections permanentes du musée sur le thème de l'amour (votre serviteur  y a des œuvres présentées, je ne sais lesquelles, je rappelle que le musée conserve une donation de 129 (à peu de choses près...) de mes peintures et collages), une playlist a été proposée, en réalisation collaborative, à tous les internautes que cela stimulait. A signaler que l'animateur de ce blog y est allé également de ses propositions. Un petit jeu  peut donc s'esquisser (mais il n'y a pas de prix à gagner cette fois...). A vous de deviner au moins un morceau proposé par le Poignard... Cependant il me semble qu'il faut posséder un abonnement à Deezer, ou alors il faut écouter au musée toute la playlist (au moins 177 morceaux...).

 

Collection de l'Art Brut à Lausanne, nouvelle expo : "Acquisitions 2012-2018"

     Du 8 juin au 2 décembre 2018, vient de commencer la présentation d'une sélection d'œuvres acquises par la Collection depuis que Sarah Lombardi en est devenue la directrice. Cela donne plus de 150 œuvres en exposition. En même temps, paraît le fascicule de l'Art Brut n°26, avec des mini monographies sur certains créateurs récemment entrés dans la Collection, Charles Boussion, Gaël Dufrène,  Dunya Hirschter, Mehrdad Rashidi, Bernadette Touilleux, Royal Robertson, Michel Nedjar (pour la deuxième fois ; car il avait déjà fait l'objet d'une notice dans le fascicule n°16 en 1990, décidément Lausanne lui voue un véritable culte), etc.

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Charles "Cako" Boussion, "Tzar de jadis... Icône revisitée d'après un tableau sur bois, de Charles Cako Boussion, Montpellier, novembre 2011 à l'âge de 86 ans", peinture sur papier, 42x29,7cm ; ph. et coll. Bruno Montpied.

24/05/2018

Asmah à vendre...

     Une nouvelle œuvre à vendre, à voir dans la boutique du Poignard subtil....

09/05/2018

Info-Miettes (30)

Cartographies imaginaires avec Serge Paillard et des élèves angevins 

            A3 Cartographie Imaginaire.jpg           Flyer A5 verso - Cartographie imaginaire.jpg

      Exposition de cartographies imaginaires de Serge Paillard, mais aussi de Sophie Bouchet, auxquels, si j'ai bien compris, ont été adjoints des travaux exécutés sur le même thème par des élèves et des enseignants d'écoles situées en Anjou, dans les villages portant les doux noms de Pouancé Ombrée-d'Anjou et de Noyant-la-Gravoyère... Vernissage le 26 mai, expo du 27 mai au 15 juillet 2018, présentée à Nyoiseau dans le Maine-et-Loire, dans les locaux d'une association appelée Centrale 7...

 

La revue Jardins n°7 : une renaissance...

       "Après une pause de deux ans, la revue Jardins reprends sa route. Pour continuer à la publier, une maison d’édition a été créée, "Les pommes sauvages", qui a vocation à éditer d’autres publications sur le jardin et le paysage. L’esprit de la revue n’a pas changé : il s’agit, comme dans les six premiers numéros, d’explorer le jardin et le paysage dans leurs dimensions poétique, philosophique et existentielle. Dans chaque numéro, artistes, jardiniers, philosophes, historiens… sont invités à approfondir un thème.

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      Chaque voix qui interroge le jardin, comme l’annonçait le n°1 en 2010, y a sa place, chaque regard aimant qui, sans stériliser son objet, sans prétendre le cerner, fait apparaître son mystère, son genius lociPour les fidèles, le format de la revue n’a pas changé non plus, si ce n’est que nous avons décidé d’illustrer les articles avec des photographies. Le numéro qui vient de paraître est consacré au « chemin » : allées, sentiers, berceaux, escaliers, parcours labyrinthiques ou linéaires, ombragés ou ensoleillés, éléments toujours centraux dans la composition du jardin et dans la trame d’un paysage, porteurs de récits toujours inédits car sans cesse renouvelés.

    Vous pouvez découvrir le sommaire et des extraits des articles sur le site https://lespommessauvages.fr

Prix du numéro : 16 euros (+ 2 euros de participation aux frais de port. Abonnement à 3 numéros (3 ans) : 40 euros (+5 euros de participation aux frais de port). La revue peut se commander sur le site internet ou par chèque, accompagné de votre nom et de votre adresse : Editions les pommes sauvages, Les Gachaux 77510 Verdelot, France. "

(Rédaction de cette note : la revue Jardins de Marco Martella).

N-B : Le thème de ce numéro, "le chemin", est également au sommaire d'une autre revue, tout aussi littéraro-esthétique, la revue Mirabilia, dans son dernier numéro paru, le n°12,  de Vincent Gille et Anne Guglielmetti.

 

Joël Gayraud dédicace sa Paupière auriculaire à la Halle St-Pierre

      Joël Gayraud, qui a aussi collaboré à la revue que je citais précédemment, Mirabilia (dans son numéro 11 spécial "Italie"), a publié récemment un recueil d'aphorismes, de thèses et autres pensées, sous le titre La paupière auriculaire, aux éditions José Corti. Il vient à la Halle St-Pierre le samedi 12 mai, soit dans trois jours donc, à 12h30 (apparemment dans l'auditorium), pour le dédicacer aux amateurs. Je rappelle que j'avais consacré une note à son recueil de nouvelles Passage public, publié naguère aux éditions L'Oie de Cravan.

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 Stéphanie Sautenet à la Galerie Dettinger-Mayer

      Retour de cette artiste qui louche du côté du chamanisme, bref, d'une attitude visionnaire, dans la galerie d'Alain Dettinger où elle avait déjà exposé (en 2009). Son œuvre, très touffue, se reconnaît tout de suite à sa signature graphique très personnelle, et ses coloris atténués, donnant l'impression d'une brume dans laquelle baigneraient en permanence ses nombreux personnages, grouillant. Je réclame plus de contraste chaque fois que j'en vois, mais j'ai peut-être tort, car ce serait au fond récuser l'originalité de ces dessins saturés d'apparitions comme évanescentes, plongées dans une sorte de laiteuse lumière d'où émergent des tons verts et orangés singuliers.

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Exposition Stéphanie Sautenet, 4 place Gailleton, Lyon 2e ardt, du 19 mai au 9 juin 2018. Vernissage 18 mai, 18h30. Ouv. du mardi au samedi 15h-19h30. Tél : 04 72 41 07 80.

 

Jean Smilowski toujours exposé fidèlement par l'association La Poterne (et autres) à Lille

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Ci-dessus, la fresque peinte par Jean Smilowski transférée depuis son ancien "ranch" jusqu'à l'entrée de la mairie du Vieux-Lille ; ph. Bruno Montpied, septembre 2017.

 

Invasion de grenouilles à la Médiathèque La Grande Nouvelle à la Ferté-Macé

cartographies imaginaires,serge paillard,art enfantin,revue jardins n°7,éditions les pommes sauvages,mirabilia,chemins,art visionnaire,stéphanie sautenet,galerie dettinger-mayer,jean smilowski,cinéma et arts populaires      Marc Décimo, spécialiste du "fou littéraire" Jean-Pierre Brisset, originaire de La Ferté-Macé , monte une exposition de cartes postales qu'il a réunies sur le thème de la "grenouille minérale", en hommage sans doute à Brisset qui avait élaboré de savantes théories linguistiques (à base de jeux de mots) pour prouver que l'homme descendait de la grenouille. Il expose sa collection de cartes postales à la médiathèque de la ville du 26 mai au 16 juin prochains.

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(Médiathèque La Grande Nouvelle Le Grand Turc, 8 rue Saint-Denis 61600 La Ferté-Macé)

 

03/04/2018

D'Anglefort à Demin, nouvelle exposition chez Alain Dettinger à Lyon : deux univers originaux à découvrir...

     C'est une riche et originale exposition qui va bientôt commencer à la galerie d'Alain Dettinger au 4 place Gailleton à Lyon dans le 2e arrondissement (du 7 au 28 avril 2018).

Carton d'invitation à expo d'avril 18 chez Dettinger.png

Yves d'Anglefort, sans titre (mais qui doit être pourvu d'un numéro d'ordre non indiqué sur ce carton d'invitation...), 30x42cm, crayons de couleur et encre sur papier, 2017.

Carton d'invitation à la galerie Dettinger, avril 18.png

Demin, D 43, 29x42cm, stylo et crayon de couleur sur papier, 2017. Image du carton d'invitation.

 

     Les deux artistes présentés (en deux expositions parallèles dans les deux salles de la galerie : je parie pour d'Anglefort dans la première, ouverte sur la rue, et Demin – titre de son expo : "Les Altérations chimériques" - dans la seconde, plus intime) me sont chers en effet depuis quelque temps, m'ayant apporté la révélation de deux univers nouveaux et singuliers, tout en maintenant un rapport avec des traditions figuratives spontanées plus anciennes. C'est d'ailleurs la marque unificatrice de ces deux créations, outre le regard du galeriste émérite qu'est Alain Dettinger, dont j'ai maintes fois souligné le talent de dénicheur sur ce blog.

     Yves d'Anglefort a déjà exposé en plusieurs endroits : la Galerie Isola de Francfort ou la Galerie du Marché à Lausanne (c'est par eux que je suis tombé une première fois sur son œuvre). Pour en savoir plus sur sa biographie dont il ne fait pas mystère, on peut se reporter au site web qu'il anime lui-même. Il dessine en majorité (jusqu'à aujourd'hui tout du moins) des sortes de plans remplis de détails, de figures schématiques et d'inscriptions diverses, souvent aux thématiques historiques, le tout dans de vifs coloris. On peut se sentir désorienté de prime abord devant ces dessins multicolores où l'œil ne sait où se poser dans l'immédiat. Cela, du reste,  a été relevé par Sylvie Gallin-Lambert qui vient de lui consacrer un livre joliment illustré avec de nombreuses analyses détaillées de plusieurs dessins ¹. L'auteur, qui se qualifie lui-même "d'artiste art brut" (il a raison, il est un des rares à en avoir le droit, j'y reviens plus loin), se moque avec la plus grande des désinvoltures de la logique historique, en mélangeant les allusions, les citations à différentes périodes de l'histoire, comme le montre par exemple le dessin ci-dessous qui appartient à la collection ABCD...

Yves d'Anglefort ds la coll ABCD.JPG

Yves d'Anglefort, sans titre, coll. ABCD ; Cette "carte du courage.com" fait se rencontrer une cartographie romaine avec des références aux armées napoléoniennes, l'auteur se moquant allégrement de la continuité historique, cédant à tous ses caprices, pratiquant un dessin citationnel automatique au gré de sa fantaisie, souvent non dénué d'un besoin de provocation...

Yves d'Anglefort (Ferradou), dessin n°170, 2014 (2).jpg

Yves d'Anglefort, dessin n°170 (tous les dessins de d'Anglefort ont un numéro d'ordre plutôt qu'un titre, même si le recto dessiné comporte des encarts bourrés de texte, et le verso très souvent des commentaires fort développés (voir -ci-dessous)), 31x42 cm, 2014, ph. et coll. Bruno Montpied.

Yves d'Anglefort, C'est un plan pour envahir l'île de Ré...(2).JPG

Yves d'Anglefort, verso du dessin n°170 : "C'est un plan pour envahir l'île de Ré..." ; le dessin au recto représente les armées de Napoléon s'apprêtant à attaquer l'Ile de Ré pour aller délivrer l'aimée du dessinateur...

 

     Le dessinateur dit ne pas mettre de titre, trouvant cela l'apanage des faiseurs et des prétentieux (opinion discutable, il me semble), mais il strie ses compositions, et les versos de ses œuvres, de commentaires, de remarques marginales, qui ressemblent à des titres, comme autant de rebondissements produits par associations d'idée. Je me suis laissé dire que la galerie Dettinger-Mayer avait l'intention de placer dans son expo certains textes des versos à côté des œuvres exposées, ce qui est en effet une bonne idée .

N° 356 Plan du dessin du destroyer... vers 2017.jpg

Yves  d'Anglefort, dessin n°356, "plan du dessin du destroyer qui combat les ennemis de toi...", 31x42cm, vers 2017 ; comme on le voit, ce ne sont pas seulement des cartes que concocte Yves d'Anglefort, mais aussi des véhicules, des gros animaux...

 

    Yves d'Anglefort se dit "artiste art brut". On sait que, personnellement, je trouve ce mot d'artiste confusionniste, lorsqu'on l'applique aux auteurs d'art brut. On ne retient, en disant cela, que l'aspect de plasticien de ces individus créatifs, en évitant de rappeler que pour correspondre complètement à ce terme d'artiste, il faut aussi un numéro d'INSEE par exemple, vendre soi-même ses œuvres, en faire profession, démarcher des galeries, être reconnu par la société sous cette raison sociale, et aussi s'auto évaluer ainsi (comme me le faisait remarquer récemment un connaisseur du problème, Marc Décimo). Tout ceci peut s'appliquer à Yves d'Anglefort, mais beaucoup moins à la majorité des créateurs dont les œuvres sont collectionnées à Lausanne ou à Villeneuve-d'Ascq. Peut-on, cela dit, continuer à classer notre dessinateur dans l'art brut? La question est plus délicate. L'homme n'est absolument pas dépourvu de culture, notamment artistique, quoique l'histoire paraisse être sa discipline préférée. On a affaire à un homme qui s'est forgé sa propre culture sans passer par les grandes écoles et les universités. Il semble que ce soit par la complexité de ses compositions, parfois passablement foutraques, tout emplies de coq-à-l'âne visuels et écrits, que l'on peut tout de même le ranger aux côtés d'autres bruts. Complexité qui a peut-être quelque chose à voir avec le caractère bipolaire de sa personnalité, avoué par l'intéressé lui-même.

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Demin, dessin sans titre (dialogue de deux monstres ?), stylo et crayons de couleur, 29,7x42 cm, fév. 2018, ph. B.M.

 

    En ce qui concerne le second dessinateur exposé à la galerie Dettinger à partir de samedi prochain, il s'agit d'une autre tisane... L'homme dessine depuis seulement quelques mois, après avoir d'abord tenté la sculpture comme on peut en voir des exemples sur son site internet (encore un qui maîtrise la chose). Ces statues, ainsi que des peintures de Marie Morel, avaient d'ailleurs causé quelque émoi durant le dernier festival d'art singulier à Aubagne, lorsque les édiles municipaux (de droite) avaient demandé leur retrait pour "pornographie", ce qui avait provoqué la fin du festival, ses organisateurs n'acceptant pas la moindre censure. Personnellement, indépendamment de cette question de censure - idiote et rétrograde, cela va sans dire –, j'avais trouvé les statues, quelque peu "expressionnistes", assez peu réussies (c'est le moins que je puisse dire). Alain Dettinger me mit alors, à la fin de l'année dernière, deux dessins du même Demin sous les yeux et je fus au contraire tout de suite conquis, en en acquérant immédiatement un.

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Demin, dessin sans titre (l'auteur pour le moment ne met aucun titre, ni rien qui permette d'identifier ses œuvres), 40x29,7cm, stylo et crayons de couleur sur papier vers 2017, ph. et coll. B.M.

 

      Certes, Demin est par ailleurs psychanalyste (il n'en fait pas mystère). On pourrait croire par voie de conséquence à une inspiration qui serait brochée sur les hallucinations de ses clients. Il paraît particulièrement pressé de faire connaître son œuvre: cela a pour effet de provoquer la méfiance chez plusieurs médiateurs des arts spontanés, se demandant s'ils n'auraient pas affaire à une sorte d'arriviste. L'intéressé répond qu'il doit cela à sa posture d'hyperactif. Il faut que ça pulse...! Il expose ainsi dans plusieurs endroits, galeries, librairie, biennales... Moi, je ne veux regarder que le résultat de ses recherches graphiques, ces monstres obsessionnellement dessinés, sans titre, sans qualifications, aux extrémités souvent bourgeonnant en phallus de toutes tailles, en zigzags coralliens, en guirlandes de crocs... Ils se dressent face au regardeur, les yeux quelque peu hagards, comme fous et hilares, brindezingues au plus haut point, un peu hindous, un peu asiatiques...

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Demin, sans titre (la cage-poisson, titre que je lui donne à part moi), 42x29,7 cm, fév. 2018, ph.B.M.

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Demin, autre dessin sans titre (la femme et l'escargot?), vers 2017, ph. Demin.

 

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¹ Sylvie Gallin-Lambert, Yves d'Anglefort. Un aperçu de son œuvre, Einblick in Sein Werk, auto-édition, bilingue français-allemand, sans lieu ni date (2017 en fait). Ce livre est un premier document précieux sur les dessins d'Yves ; une seule fausse note : une couverture à l'illustration fort mal choisie, qui n'invite pas à ouvrir le livre (voir ci-dessous). On se procurera le livre auprès de divers sites de vente par internet en tapant les mots-clés "Yves d'Anglefort".

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30/03/2018

La Fabuloserie parisienne voit double: expositions Sylvia Katuszewski et Simone Le Carré-Galimard

     La Fabuloserie se dédouble ces temps-ci, ou met les bouchées doubles, comme l'on voudra... Travaillant toujours avec les artistes qui l'aiment, qui fréquentaient parfois son ancienne galerie historique précédente (l'Atelier Jacob pour ne pas le nommer), ou des artistes disparus dont elle possède des œuvres qu'elle veut bien céder (la Fabuloserie en Bourgogne a besoin de faire face aux lourdes charges financières qui lui incombent, surtout depuis la disparition de Caroline après son mari Alain Bourbonnais), la voici qui présente dans deux endroits distincts à Paris Sylvia Katuszewski et Simone Le Carré-Galimard.

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Portrait de Simone Le Carré-Galimard, ph. archives Fabuloserie, reproduite par A. Gentil en carte postale d'annonce de son exposition.

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Verso de la carte d'annonce de l'expo.

 

     Cette dernière, qui exposa à l'Atelier Jacob en 1976, est à voir rive droite, dans une curieuse boutique (57 bis, boulevard de Rochechouart, 9e ardt, à côté de l'ancien emplacement du cirque Médrano, M° Pigalle), présentée sur un mur peint en noir, à côté de diverses fripes (qui sont la marchandise usuelle de l'endroit), et hébergée par un jeune passionné d'art brut et apparentés, Antoine Gentil (que l'on a déjà remarqué comme commissaire d'exposition au MAHHSA et comme guide conférencier au sujet de Daniel Cordier à la dernière OAF), du genre individu haut en couleur, et plutôt inclassable (puisque fripier et commissaire d'exposition), à l'image des créateurs et artistes qu'il aime présenter ou collectionner... L'expo ne dure que jusqu'au 7 avril, il faudra donc vous dépêcher. Les œuvres présentées, une grosse quinzaine environ, sont de tout premier ordre. Il vaut mieux prendre rendez-vous, si vous venez de loin notamment, car l'animateur de la boutique peut parfois s'absenter.

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Les œuvres de SLG à la friperie du 57 bis boulevard de Rochechouart, ph. Bruno Montpied.

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Sylvia Katuszewski, œuvre en céramique, ph. Fabuloserie.

 

     Rive gauche, dans les locaux de la Fabuloserie parisienne, rue Jacob, dont j'ai déjà eu maintes fois l'occasion de parler, Sophie Bourbonnais et Marek Mlodecki, ce dernier toujours aussi ingénieux en matière de scénographie et d'accrochage, ont donc choisi d'attirer l'attention sur une artiste céramiste et dessinatrice, Sylvia Katuszewski, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, puisque dans son œuvre, je suis principalement partisan de ses travaux graphiques, crayon et pastel, à la thématique semble-t-il volontairement limitée (les femmes, les mères et les filles).

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Sylvia Katuszewski, dessin aux crayons (mine de plomb?), au titre non relevé par moi à l'expo de la Fabuloserie, ph.B.M.

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Sylvia Katuszewski, dessin au pastel sur papier, titre non relevé, ph.B.M.

 

    Ce qui est curieux, chez cet artiste, c'est le chemin vers la naïveté et l'innocence qu'elle a choisi, face à un mari, lui aussi dessinateur (et un fortiche, qui plus est!), Marcel Katuchevsky, qui se dirige plutôt vers des compositions complexes, fouillées, presque cérébrales dans certains cas. Je dois avouer que je suis plus sensible à cette quête d'ingénuité – "la pierre angulaire de l'ingénuité", disait, il me semble, André Breton – qu'à la pente vers la complexité, même si je sais reconnaître, et admirer, la virtuosité qui l'accompagne.

L'exposition de Sylvia Katuszewski, "Terre, pastel, dessin", dure du  24 mars au 5 mai 2018. La Fabuloserie Paris, 52 rue Jacob Paris 6e ardt, 01 42 60 84 23, du mercredi au samedi 14h-19h.

29/01/2018

PIF, PAF, POUF

    "PIF (Patrimoines Irréguliers de France) est une association ayant pour objectif la protection et la mise en valeur d’univers inventés par des irréguliers de l’art. Bâtis, sculptés et/ou dessinés, ces patrimoines fleurissent dans les banlieues du système culturel, qu’ils court-circuitent pour leur résistance à être saisis, à être catégorisés. Ils associent plusieurs techniques, médiums et disciplines et évoluent avec les auteurs qui les créent, suivant le flux de leurs rêveries. Réels et irréels à la fois, ils sont donc évolutifs, éphémères, interdisciplinaires, inclassables. Ils demeurent souvent dans la clandestinité, risquant l’oubli. A travers des rencontres, des expositions et des publications, Patrimoines Irréguliers de France vise à faire sortir de l’ombre ces lieux autres, qui ouvrent une brèche dans le réel, en suggérant que la vie est rêve."

    C'est le laïus que m'a envoyé récemment la fondatrice, Roberta Trapani, avec deux autres acolytes, de cette association qui veut développer un certain flair (hi, hi) en matière d'"environnements singuliers", comme elle préfère dire pour désigner les "univers" de créateurs populaires ou d'artistes marginaux.  En effet, je souligne ce terme d'univers qui nous indique qu'il ne s'agit pas seulement d'attirer l'attention des amateurs sur des environnements ou des sites, mais aussi sur des objets. On peut supposer en effet que les animateurs de ce PIF (PAF¹-POUF) s'intéressent aussi bien à des œuvres morcelables qu'à des ensembles de pièces créées pour être solidaires dans l'espace, comme dans le cas des environnements spontanés des habitants-paysagistes bruts ou naïfs. Quoique jusqu'à présent, d'ailleurs, l'association ait passablement mis l'accent sur des artistes singuliers plutôt que sur des créateurs populaires – comme Jean Linard (et sa "Cathédrale" en mosaïque, mal digérée de visites chez Picassiette, mixée à de vagues architectures de tipi amérindiens) – que personnellement je ne considère pas du tout comme faisant partie des environnements populaires spontanés, ou de l'art brut. On devine en tout cas qu'il s'agit pour cette association, au fond, de ne pas élever de distingo entre artistes et créateurs, comme je le fais personnellement, tout au contraire, sur ce blog (et dans mes livres), soucieux que je suis d'attirer l'attention sur une inspiration qui naît en milieu non artiste. Car cela remet en cause la division du travail chez les artistes patentés, et la notion commune que nous avons tous de l'art, généralement perçu comme une activité plus ou moins sacralisée, praticable seulement par une caste d'élus. Ce n'est donc pas seulement un caprice terminologique de ma part. 

Expo Jean-Luc Johannet à la HSP février 2018.jpg

Le  dessin qui sert d'illustration à ce carton relève a priori d'une iconographie illustrative fantastique, proche de la bande dessinée (genre Fred) des années 1970, de la revue Planète aussi, d'un  certain psychédélisme futuriste et alternatif... ; elle ne rend pas trop compte des autres productions de cet artiste, qui me paraît avoir créé, aussi, si je me souviens bien,  des machines imaginaires.

 

     Le PIF présentera du 1er février au 25 février prochain une exposition, dans la galerie de la Halle Saint-Pierre, consacrée plutôt, justement,  à un artiste marginal (synonyme à mes yeux d' "artiste singulier"), Jean-Luc Johannet.

 

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Ce que fait de plus original, je trouve, l'artiste : cette maquette d'une ville de rêve... Expo dans la galerie au rez-de-chaussée de la Halle St-Pierre, ph. Bruno Montpied, février 2018.

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¹ Le PAF reste à créer en effet... Le Patrimoine Anarchique de France... Et le POUF : Patrimoine Oublié Ubuesque de France?

 

07/01/2018

Benjamin Péret à la Halle Saint-Pierre, quelques événements pour un riche retour sous la lumière

      Du 8 au 28 janvier, la Halle Saint-Pierre accueille une évocation de Benjamin Péret dans sa "galerie" du rez-de-chaussée, centrée sur les voyages qu'il fit entre 1955  et 1956, fasciné par les arts des Indiens et l'art populaire du Brésil. En effet, les éditions du Sandre, au même moment où elles publiaient mon Gazouillis des Eléphants – qui traite aussi d'art populaire – a sorti en novembre 2017 un beau livre consacré à Benjamin Péret et intitulé Les arts primitifs et populaires du Brésil, photographies inédites, qui illustre une fois de plus le profond intérêt qu'éprouvait le poète surréaliste pour l'art primesautier où qu'il se manifeste dans le monde. Si la galerie de la Halle présente sept vitrines d'exposition de différents documents et objets relatifs à cette période de la quête pérétienne, le tout sous le titre "Du merveilleux, partout, de tous les temps, de tous les instants", il convient de signaler – outre le vernissage (en entrée libre, comme tout ce qui concerne ces événements) autour de Péret qui aura lieu le jeudi 11 janvier prochain de 18h à 21h – également une après-midi consacrée à la présentation du livre, ainsi qu'à celle du dernier numéro  (le n°6) des Cahiers Benjamin Péret dans l'auditorium de la Halle, au sous-sol, le dimanche suivant 14 janvier, à 15h. Cela se fera en présence de Leonor de Abreu et de Jérôme Duwa, co-responsables du livre des éditions du Sandre, ainsi que de Gérard Roche (président de l'Association des amis de BP), celui-là même qui vient de signer la magnifique et vivante édition de la correspondance André Breton-Benjamin Péret chez Gallimard (2017).

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Une correspondance fascinante, pleine de vie, qui restitue les deux poètes avec une spontanéité et une chair que l'on ne rencontre pas de la même manière dans leurs autres écrits (même si Péret écrivait comme il respirait) ; certainement un des meilleurs volumes de la correspondance jusqu'ici parue concernant Breton. A n'en pas douter, ce furent eux les piliers du château étoilé...

 

     Il faut dire que l'actualité éditoriale est richement consacrée au retour de Benjamin Péret dans nos esprits et dans notre mémoire en ce moment. Il ne faut pas oublier de mentionner en effet la très bonne biographie de Barthélémy Schwartz, Benjamin Péret, l'astre noir du surréalisme, parue en 2016 chez Libertalia¹, qui permettra à tous ceux qui apprécient cet enfant terrible de la poésie, de l'amour sublime et de la révolte, s'ils ne savent pas de qui il s'agit exactement, de faire un copieux tour du personnage, documenté de faits, d'analyses et d'anecdotes savoureuses comme celle qui campe Péret, sortant de chez André Masson, et qui, chaque fois qu'il passait devant la loge où les concierges laissaient voir leur repas en famille, lançait : "Alors? Elle est bonne la merde?", ou encore cette autre, racontée par Marcel Duhamel, où, déambulant en voiture avec Tanguy, Prévert et Duhamel, il tirait au revolver en l'air au long des routes, comme un fêtard mexicain...

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Photo de Benjamin Péret extraite du livre aux éditions du Sandre ; Lampião et Maria Bonita, céramique polychrome, Mestre Vitalino, Caruaru, État du Pernambouc, coll. Museu de Arte Popular, Recife.

 

    Benjamin Péret, comme le souligne pertinemment Schwartz dans sa biographie, était un des rares autodidactes du mouvement surréaliste, avec Yves Tanguy, par ailleurs d'origine bretonne comme lui (Péret était nantais). Cela est à mettre en liaison directe avec son goût jamais démenti pour les techniques automatiques surréalistes, lui servant à lâcher les rênes d'une inspiration qui ne mettait jamais longtemps à traîner dans la boue les autorités, le clergé, l'armée, les juges, tout ce qui s'opposait à l'exercice de la liberté et de l'amour. Et cela explique aussi, outre le fait qu'il était de par ses origines prolétaires anti élitiste et anti bourgeois, sa compréhension profonde pour les arts populaires, les mythes et légendes dont il prisait essentiellement l'esprit magique, le merveilleux sous toutes ses formes (voir par exemple cet article qu'il consacra dans Minotaure aux armures délirantes de la Renaissance, ou aux automates) et vers la dernière partie de sa vie, pour deux figures importantes de l'art singulier (aux limites de l'art brut), Robert Tatin et Gaston Chaissac.

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    En effet, si l'on connaît le texte qu'il consacra à Chaissac, daté de 1958, dans l'édition de luxe des Inspirés et leurs demeures de Gilles Ehrmann, L'homme du point du jour, tel qu'édité dans le livre d'Henri-Claude Cousseau sur l'œuvre graphique de Chaissac chez l'éditeur Jacques Damase en 1982, texte différent (on découvre en effet des paragraphes alternatifs d'une version  à l'autre...) de la version intitulée Sur Chaissac dans Benjamin Péret, Œuvres complètes Tome VI (Association des amis de Benjamin Péret/libraire José Corti, 1992), on connaît bien moins le texte étonnant qu'il écrivit pour présenter Robert Tatin en 1948 (il venait de rentrer du Mexique en France), découvert par hasard semble-t-il, dans une galerie rue du Petit-Musc à Paris. Ce texte – inédit dans ses Œuvres Complètes – avait été proposé à Jean Dubuffet pour le projet d'Almanach de l'Art brut que ce dernier décida finalement de ne pas publier, en raison probablement de son désaccord ultérieur avec Breton. Il vient d'être (enfin) publié (en 2017, là aussi), en reprint d'après les tapuscrits, par la Collection de l'Art Brut, l'Institut Suisse d'Etude de l'Art et 5 Continents. Il nous montre que Péret n'eut de cesse de veiller aux irruptions de poésie sauvage qu'elles proviennent des jungles amazonienne ou mexicaine, ou de zones marginales de la créativité populaire en France. Voici un passage qu'il écrit au sujet de Tatin, alors seulement céramiste et peintre, et n'ayant donc pas commencé son environnement ébouriffant et syncrétique de la Frénouse à Cossé-le-Vivien en Mayenne (il recroisera la route des surréalistes au début des années 1960, ce que Péret n'aura  pas su puisqu'il décédera en 1959) : "Sa peinture a en effet  la force primitive de tous les arts archaïques (...) Robert Tatin revient donc aux origines mêmes de l'art, au point d'intersection qui contient en puissance l'infini des possibilités."  (L'Almanach de l'Art Brut, p. 473). Dans ce même Almanach, on trouve un autre texte sur les peintures populaires des cafés mexicains où l'on buvait de la pulque (alcool d'agave), Enseignes de pulquerias. Il me semble qu'il a été édité dans ses Œuvres complètes, dans le tome VII (à vérifier). A propos de ces Œuvres complètes (sept jusqu'à présent), on notera aussi un texte qu'il consacra à l'architecture délirante de Gaudi à Barcelone.

     Péret aurait vécu plus longtemps, nul doute qu'il aurait fait un tour plus appuyé du côté de tous les inclassables de l'art et autres poètes plastiques de la spontanéité apparus après les années 1960, du côté de l'art brut et dans ses marges. De l'art brut, je n'ai relevé jusqu'à présent qu'une  mention par Péret. Elle figure dans son texte contre l'art abstrait, La soupe déshydratée, paru dans l'almanach surréaliste du demi siècle (réédité par Plasma en 1978). Et il est dit quelque part (un texte d'exégète dans la récente édition de l'Almanach de l'art brut ? J'avoue avoir la flemme d'aller retrouver la source...) qu'il accompagna Breton et Dubuffet aux Puces lorsqu'il s'agit d'aller acquérir des masques en coquillage de Pascal-Désir Maisonneuve vers 1948, à l'époque où tout allait encore bien entre le pape de l'art brut naissant et le chef de file du mouvement surréaliste...

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¹ On rappellera aussi le film de Remy Ricordeau, déjà signalé sur ce blog, Je ne mange pas de ce pain-là, Benjamin Péret poète c'est-à-dire révolutionnaire, sorti en DVD, production Seven Doc, sorti en 2015. La première partie de son titre est repris du titre d'un des recueils de Péret, tandis que la deuxième récupère un autre titre, celui  d'une émission de radio de Guy Prévan de 1999, elle-même, comme il est précisé dans les commentaires ci-après par R.R.., reprenant un fragment du Déshonneur des poètes, ce livre de Péret contre la poésie de circonstance qui fit scandale chez les Aragonéluards en 1945, puisqu' y étaient visés les poètes stalino-nationalistes qui à la Libération confisquaient la vie culturelle à Paris.

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Association des amis de Benjamin Péret 
50, rue de la Charité
60009 Lyon

20/12/2017

La Fabuloserie Paris en pleine forme: expos Marie-Rose Lortet et Michaël Golz, deux événements pour finir l'année en beauté

     On entend dire ici et là qu'il n'y aurait qu'une galerie d'art brut à Paris. Mais on dit tellement de bêtises. On oublie notamment de prendre en compte la Fabuloserie qui a ré-ouvert une antenne parisienne rue Jacob dans le VIe arrondissement en plein Saint-Germain-des-Prés, certes récemment en ce qui concerne cette réouverture, mais en renouant avec un passé nommé "Atelier Jacob" (1972-1982). Ce fut d'ailleurs cet Atelier Jacob qui représenta dans la capitale  la première galerie d'art brut, ou "hors-les-normes" comme préféra vite dire son animateur Alain Bourbonnais.  Je me suis déjà fait l'écho de certaines des précédentes expositions de cette nouvelle "Fabuloserie Paris".

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     Sophie Bourbonnais et Marek Mlodecki qui l'animent, sont fort dynamiques ces temps-ci, en dépit des efforts qu'ils doivent consentir pour tenir la baraque, comme on dit. Ils ont monté une très bonne exposition des broderies fort inspirées de Marie-Rose Lortet, une ancienne de l'art singulier ou hors-les-normes, excellent exemple de ce que peut avoir de mieux à fournir l'art dit singulier, si galvaudé dans tant de festivals de province, où le moindre barbouilleur amateur de têtes à Toto, né de la dernière pluie, s'improvise facilement artiste à la Chaissac (sans bien sûr avoir rien compris à ce dernier). L'expo Lortet court jusqu'au 30 décembre, il faut donc se presser. On y retrouvera des "masques" de fil, parfois multiples au sein de compositions élaborées (ce qui me touche personnellement plus particulièrement), mais aussi quelques "architectures" de fil blanc comme celles qu'on avait pu admirer dans une exposition passée  à la Halle St-Pierre il ya quelque temps ("Sous le vent de l'art brut 2", 2014).

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Marie-Rose Lortet, Les ptites têtes en l'air, ph. Bruno Montpied, 2017.

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Marie-Rose Lortet, achitectures de fil présentées à l'étage de la Fabuloserie Paris, ph. B.M., 2017.

 

       Mais les Fabulosiens de la rue Jacob ne se sont pas contentés d'une seule expo. Eblouis, à juste titre, par la récente découverte de Michaël Golz, créateur allemand d'un pays imaginaire, l'Athosland, décliné en dizaines de fragments de cartographie s'emboîtant les uns aux autres dans un puzzle sauvage qu'ils ont décidé d'exposer dans une scénographie proliférante, comme contaminante, ils ont obtenu de la galerie voisine, de l'autre côté de la rue, qui fut autrefois le siège de l'Atelier Jacob d'Alain Bourbonnais (berceau de l'entreprise fabulosienne, je le répète), la galerie Eric Mouchet, qu'elle les laisse l'envahir avec le plan proliférant étonnant  du "pays d'Athos" créé par Michaël Golz (expo prévue pour durer jusqu'au 11 janvier 2018).

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"Athosland", la carte du pays imaginaire, comme un tsunami cartographique! Ph. B.M., 2017 ; "Une fois ses différentes parties assemblées, elle atteint une surface d'environ 14 x 17 mètres"... (texte de présentation sur le carton d'invitation à l'exposition de la collection de l'Art Brut à Lausanne du 9 juin au 1er octobre 2017).

 

      L'œuvre de ce dernier, outre le prodige mémoriel qu'elle représente (Golz semble se faire une représentation mentale complète du plan dont il assemble les parties sans erreur, les continuant sans problème de jointure autre que des manques en matière d'outils : pastel, feutres, crayons...), vaste plaine parcourue de nœuds d'autoroutes et de voies de chemins de fer, et couverte d'une mosaïque de terres agricoles et de ville tentaculaire, le tout traversé d'un gigantesque fleuve, vaut avant tout par le récit qu'il en fait et dont on a recueilli seulement quelques fragments, là encore, dans des témoignages écrits (voir le catalogue de l'exposition du kunstmuséum de Thurgovie – Kartause-Ittingen à Warth, Suisse – transférée ensuite à la Collection lausannoise de l'Art Brut), voire dans l'interview qu'en a fait Philipe Lespinasse dans son documentaire, Athosland (33 mn.) présent sur le DVD "Paul Amar, Michaël Golz, Josef Hofer, Anna Zemankova" (Lokomotiv Films/Collection de l'Art Brut Lausanne), film qui constitue une première porte d'entrée dans l'univers fantastique de Golz fabuloserie paris,galerie d'art brut,marie-rose lortet,michaël golz,sophie bourbonnais,marek mlodecki,philippe lespinasse.

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Athosland, la même carte que ci-dessus, présentée différemment lors de l'exposition au musée de Thurgovie.

 

      Le petit catalogue édité par le musée de Thurgovie, sous la direction de Markus Landert et Christiane Jeckelmann donne des indications précieuses sur le travail que poursuit Michaël Golz depuis son enfance, en compagnie ici et là de son frère Wulf (les auteurs du catalogue avancent la date de 1977 pour le départ définitivement intense de la création). Son pays de fantaisie emprunte au monde réel tout en étant parfaitement investi des désirs imaginatifs de son auteur. C'est un pays de liberté totale où le merveilleux est monnaie courante. Tout le monde y porte les cheveux longs.  On peut y prendre des congés à volonté, les robots accomplissant le travail à la place des humains (cela rappelle certains rêves situationnistes). On peut payer provisoirement  avec des brins d'herbe, des boutons ou des feuilles d'arbre quand on manque de monnaie (des marks alternatifs). On peut même ressusciter  temporairement ses proches décédés, dès qu'on en a envie, en appuyant sur des boutons dans les cimetières (Golz ajoute: "Quand vous en aurez assez, rapportez les morts au cimetière. Les Broutsch viendront les chercher pour les remettre en terre et les plongeront dans un profond sommeil, jusqu'au prochain réveil.")... Ce pays n'est pas que merveilleux, le mal y rôde aussi, sous la forme de sortes de démons, les "Teufels-Ô-Ifiche" (= "diables-Ô-Ifichen", l'auteur forgeant souvent des néologismes), que soutiennent des "indigènes malveillants" et des "Glätschviecher" (="Bêtes-glassiaires"), à la gueule gelée. Golz paraît fasciné par moments par la cruauté, en décrivant des bains de sang bouillonnant, des enfants arrachés à leurs mères à la naissance directement depuis l'utérus pour être engoncés de force dans d'étranges combinaisons de caoutchouc dont ils ne sortiront plus jamais.... Une pollution, causée par des fumées noires et puantes crachées par des usines, menace régulièrement l'atmosphère d'Athosland. Certains lieux portent l'empreinte de personnes qui ont compté dans l'histoire de l'auteur, inclinant le spectateur à penser qu'il se trouve, devant cette topographie en perpétuelle évolution (Golz collant parfois des versions nouvelles des fragments les uns par dessus les autres), en réalité devant une image gigantesque de la mémoire de son créateur, fondue avec la carte d'un territoire et d'un monde utopiques.

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Couverture du catalogue de l'exposition Michaël Golz au musée de Thurgovie et à la collection de l'Art Brut de Lausanne.

 

      Ce pays imaginaire, concrétisé par des images et des mots à parts égales donc, progresse sans cesse. Elle n'est pas sans me rappeler la création monumentale et multiple d'Henry Darger aux USA qui lui aussi se plongea tout entier dans la peinture d'un univers alternatif imaginaire, théâtre d'une guerre entre adultes et enfants, qu'il représenta sous forme de livre immense, Dans les royaumes de l'irréel. On peut également penser à Wolfli et à son univers infini où il régnait en super-empereur.

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Les classeurs de Michaël Golz à la Fabuloserie Paris, ph. B.M., décembre 2017.

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Michaël Golz, trois œuvres exposées à la galerie de la Fabuloserie, ph. B.M., déc.2017.

 

     Il apparaît d'ores et déjà difficile de mesurer toute l'étendue de cette invention topographique, l'auteur l'imaginant aussi vaste et proliférant, perpétuellement métamorphosé, que le monde réel. A part sa carte, il produit aussi des dessins isolés, en noir et blanc et en couleur, des classeurs remplis de dessins et d'inscriptions (voir ci-dessus) qui apparaissent comme les pendants narratifs de la carte, donnant beaucoup de précisions, notamment sur les personnages, les "bêtes-glassiaires" et les "diables" par exemple. L'ensemble est très proche de la forme d'une bande dessinée, et comporte de nombreuses onomatopées. Il semble que trois "héros" y figurent en permanence, peut-être des avatars de Golz lui-même avec son frère Wulf et sa sœur Dorothée. Certains de ces classeurs sont déjà dispersés du fait de ventes, mais Golz, qui veut les retravailler sans cesse garde des photos de ses pages sur son ordinateur. Si Golz en avait créé huit au moment de l'exposition au musée de Thurgovie, il planifiait d'en réaliser vingt au total... De plus, comme nous l'apprend le catalogue du musée de Thurgovie (épuisé, mais dont j'ai obtenu, grâce à la gentillesse de Sophie Bourbonnais et de Marek Mlodecki, la version française fort précieuse pour établir cette note), Michaël Golz a rédigé un tapuscrit en 2012, encore inédit à ce jour, qui permet de se faire une idée plus précise d'Athosland par un récit se présentant sous la forme d'un glossaire.

     La Fabuloserie Paris a réussi un coup de maître en parvenant à faire venir cette création incroyable en plein Paris, c'est là sans doute sa manière de nous faire un splendide cadeau de Noël.

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     On signalera également que la galerie parisienne de la Fabuloserie propose aux visiteurs un comptoir avec différents ouvrages en rapport avec l'art brut ou l'art hors-les-normes (comme quelques titres de la collection La Petite Brute), dont bien sûr divers livres liés à l'actualité de la Fabuloserie (comme la correspondance Bourbonnais-Dubuffet parue chez Albin Michel très récemment). Le Gazouillis des éléphants y est également présent.

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12/10/2017

Deux autres expositions à voir: "Pop collection" et Michel Zimbacca à l'Usine

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Couverture du carton annonçant l'exposition-vente de la collection de Pascal Saumade à l'Arts factory (11 octobre- 17 novembre 2017)

 

    J'ai un petit rab d'annonces à faire concernant deux expos. Rue de Charonne, dans la galerie de l'Arts factory, connue jusqu'ici pour être "le premier espace d'envergure entièrement dédié à la scène graphique contemporaine",  ils ont invité Pascal Saumade de la Pop galerie (galerie nomade, qui s'expose notamment à l'Outsider art fair ; une nouvelle édition est d'ailleurs pour bientôt, à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt à Paris). J'ai eu l'occasion de parler de lui, qui fut l'organisateur de plusieurs expos en collaboration avec le musée des arts modestes de Sète. Une partie de sa collection – le tiers paraît-il  – est présentée rue de Charonne. Cela part dans tous les sens, bien en accord avec l'éclectisme revendiqué du galeriste-collectionneur, amateur en gros de tout ce qui constitue l'art populaire contemporain, autre nom de l'art modeste.

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Jean Pous dans Pop Collection, photo Bruno Montpied.

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Rnord (?), portrait d'une femme, crayon graphite, ph. B.M.

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Philippe Jacq, assemblage et terracotta, 2015-2017. Ph. B.M.

       On trouve des posters du Ghana (ils furent exposés par l'Arts Factory au temps où ils étaient installés rue d'Orcel dans le XVIIIe), des paños chicanos, de l'art "outsider" afro-américain (S.L. Jones par exemple), des artistes graphistes divers (Javier Mayoral, Anne Van Der Linden), de l'art brut (quatre dessins de Jean Pous, Guy Brunet - affiches, portraits -, Charles Boussion, Yves Jules, Patrick Chapelière, Jean Tourlonias, Pépé Vignes...), des dessins d'inconnus (R Nord), de l'art populaire sétois (Aldo Biascamano dont le tryptique sur la "pêche à la traïne" fait beaucoup penser aux faux ex-voto de Gérard Lattier), de l'art singulier (François Burland,  Jaber, Nidzgorski, Angkasapura, Sendrey, Jacqui, etc.), de l'art naïf même (Germain Tessier) et ce que Saumade et l'Arts factory appellent du "Rock'n'Folk Art" (voir liste ci-dessous). Tout cela mélangé dans une grande arlequinade de 300 œuvres où personnellement j'aurai tendance à opérer un tri, car tout ce qui est produit là n'est pas de la même provenance sociologique – l'usage social de l'art définissant aussi celui-ci. Sans compter que tout n'y est pas toujours de premier ordre au point de vue poético-esthétique. Il reste qu'on a toujours intérêt à suivre les curiosités de Pascal Saumade, qui est de la race des grands fureteurs.

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Liste des exposants à l'Arts factory, expo "Pop Collection".

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Michel Zimbacca à l'Usine

      Sous ce titre, j'ai l'air de vouloir renvoyer Zimbacca en arrière, il y a très longtemps au temps du travail. Car cela fait un bout de temps qu'il a pris sa retraite, quoique pas celle du merveilleux. Surréaliste discret (depuis son arrivée dans le groupe dès 1949) – ultra discret même –, on connaît surtout de lui des films, qui ont été réunis récemment en DVD, dont  L'invention du monde, très connu auprès des cinéphiles amateurs de documentaires sur l'art, et, en l'occurrence, sur le monde des arts tribaux (le commentaire était de Benjamin Péret). Certains seront projetés d'ailleurs le 28 octobre à 20h à la galerie L'Usine de Claude Brabant (102 boulevard de la Villette, dans le XIXe ardt parisien).

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     Cette même galerie a en effet l'insigne honneur de nous proposer une exposition rare d'autres œuvres de Michel Zimbacca : des peintures, des dessins, des collages et des objets. J'en suis personnellement curieux, moi qui recopiais récemment un récit de rêve de 1998 où justement j'interrogeais Zimbacca sur les travaux graphiques et autres qu'il avait pu faire et sur lesquels ils se montrait fort discret. Je l'ai toujours imaginé, se réservant pour lui et ses proches les fruits variés et éclectiques de ses flâneries mentales, de ses digressions et rêveries intimes, si profondément intimes qu'elles durent peut-être lui paraître de nature à être réservées au cercle de sa vie quotidienne. Ce qui provient de l'inconscient et du hasard en effet apparaît bien souvent comme risquant de se galvauder au contact du monde extérieur. C'est affaire de pudeur et de scrupules qui sont également pratiqués par les auteurs d'art brut et qui expliquent que l'on découvre les œuvres de ces derniers bien souvent de façon posthume. La galerie l'Usine, galerie pour happy few, au charme secret lui aussi, est sans doute l'endroit idéal pour présenter, de façon anthume heureusement, les résultats des prospections mystérieuses du poète Michel Zimbacca. Avis aux amateurs, l'expo ne dure que deux semaines...

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Une curieuse production spontanée de Michel Zimbacca, réalisée à la fin d'un repas sur un bout de nappe en papier qui fut partiellement brûlée, coll. B.M., 2002 ; un oiseau passablement dépenaillé est jeté en travers du papier déchiré, celui-ci adoptant – involontairement? – la forme d'une tête dont la bouche est soulignée par la couleur du papier brûlé, les yeux étant figurés pour le premier par un cercle dans une serre de l'oiseau et pour le second par l'œil de l'oiseau lui-même.

02/10/2017

Expositions en pagaille tous azimuts

      L'automne est là, les feuilles roussissent, avant de se faire bientôt ramasser à la pelle, les marrons commencent à jaillir de leurs bogues, je ne vous apprends rien, et, comme d'habitude, l'actualité des expositions connaît l'emballement habituel des rentrées. Cela me donne des scrupules : par lesquelles commencer? C'est du boulot, et je renâcle à me faire le complaisant écho de ces manifestations qui toutes ne me font pas sauter en l'air, surtout quand elles participent d'un certain ron-ron au point de vue du choix des exposants (j'en ai un peu marre de voir parler des mêmes artistes ou créateurs : Robillard et ses sempiternels fusils pour investisseur  en poncifs de l'art brut, Joël Lorand ou Ody Saban, les arbres qui cachent la forêt de l'art singulier). Alors, j'ai envie aujourd'hui de mettre plusieurs expos dans une même note, en vrac, sans trop de commentaires, et dieu, comme on dit (je n'irai pas jusqu'à lui mettre une majuscule), reconnaîtra les siens.

     Toutes celles que j'indique ci-après, cependant, après un tri rigoureux, me paraissent dignes d'intérêt, et sont donc une sélection automnale non exhaustive de ce qui a trait à l'art singulier, brut, outsider, spontané, surréaliste spontané, etc.

      Exposition Outsider Art III, "Art brut haïtien contemporain" : Charles Djerry, Jean-Baptiste Getho, Frantz Jacques dit Guyodo, Alexis Peterson, Fanfan Romain, Pierre-Paul Lesly. Du 5 octobre au 4 novembre 2017. Galerie Claire Corcia et Polysémie.

Outsiders haïtiens à la galerie Corcia, Guyodo.jpg

Guyodo à la galerie Corcia ; à noter qu'on a découvert cet artiste autodidacte (dont les graphismes, intéressants, ressemblent tout de même pas mal à d'autres œuvres déjà vues ailleurs dans le domaine de l'art brut, vous savez, tous ces dessins griffonnés au stylo Bic...) à l'expo du Grand Palais, "Haïti, deux siècles de création contemporaine" (19 novembre 2014-15 février 2015), où il était présenté avant tout comme un sculpteur, un récupérateur de matériaux variés, unifiant ses assemblages sous des couches de pulvérisation d'aluminium (technique qui fait beaucoup penser à celle des Staelens en France qui unifient également leurs assemblages de même manière, quoique en rouge, ou minium). A priori donc, ne relevant pas strictement, pour des raisons sociologiques de l'art brut annoncé sur l'intitulé de l'expo. A noter qu'on parle rarement d'art brut haïtien, plutôt d'art naïf. Ou d'art vaudou. Ces délimitations terminologiques sont bien délicates...

 

     Claude et Clovis Prévost exhibent leur "exposition multimédia (photographies, films et œuvres d'artistes depuis 1963), avec la contribution des Rocamberlus de Georges Maillard, en son jardin de pierres d'Osny dans le Val d'Oise" à la Villa Daumier à Valmondois. Ouvert le week-end du 9 septembre au 15 octobre 2017. C'est bien sûr à l'occasion de la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, aux Belles Lettres. Sur leur carton d'invitation, une photo non légendée (voir ci-dessous) montre un monsieur barbu d'allure distinguée posant devant une sorte de portail germinatif qui paraît indiquer une inspiration naturelle, quoique mâtinée d'une certaine culture, donc relevant à mes yeux du corpus des environnements singuliers (genre Robert Tatin). Ce doit être, par élimination de ce que nous connaissons déjà des trouvailles de Claude et Clovis Prévost, le dénommé Georges Maillard avec ses "Rocamberlus". Mais on aimerait que les Prévost le confirment.

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Photo Clovis Prévost.

 

      La Galerie Les Yeux Fertiles pour sa part s'apprête à établir des "Connexions" entre art brut, surréalisme et art singulier. A ses visiteurs de rendre à César... ce qui appartient à chacune des étiquettes en question. Deux cas parmi les exposants que je situe mal, les dénommés "L. Smith" (créateur populaire afro-américain?) et "D.Valdés-Lilla" Au chapitre du surréalisme, on rangera seulement Masson et les Cadavres exquis, Mirabelle Dors (qui inventa une éphémère "tendance surréaliste populaire") et en prenant quelques libertés, Louis Pons. Du côté de l'art singulier, je placerai personnellement, Bettencourt, Rispal, Sefolosha et Chomo (souvent abusivement rangé dans l'art brut). A noter cinq contemporains dans cette liste, Pons, Sefolosha et Rispal, voire Charles Boussion, un authentique créateur d'art brut d'aujourd'hui, avec Lubos Plny aussi. Pourquoi avancer, dès lors, M. Morand, que la galerie ne se tourne pas vers l'art contemporain? Vous avez le contemporain sélectif? (Pourquoi pas, d'ailleurs?).

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A la nouvelle galerie de la Fabuloserie à Paris, l'expo d'automne est consacrée à Genowefa Magiera, seule cette fois.guyodo,art brut haïtien,art naïf haïtien,claud eet clovis prévost,environnement ssinguliers,georges maillard,rocamberlus,villa daumier,outsider art 3,galerie les yeux fertiles,surréalisme,art brut,art singulier On se souviendra en effet qu'elle fut une première fois présentée dans l'expo d'art brut polonais précédente, à la galerie parisienne et plus récemment à la Fabuloserie dans l'Yonne. C'est une trouvaille de Sophie Bourbonnais en compagnie de Marek Mlodecki, suite à des explorations en Pologne. Expo du 8 septembre au 21 octobre. Voir le lien. J'aime beaucoup ce genre de peinture d'une fraîcheur et d'une ingénuité absolues.

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Geneviève Magiera en vrac...

 

      Et la Maison sous les Paupières, à Rauzan, dans l'Entre-deux-mers, que devient-elle, me direz-vous (enfin, ceux qui suivent...)? Après une longue éclipse due à des petits problèmes de dérapage sur verglas cet hiver, son animatrice, Anne Billon a repris l'activité. Elle expose Bernard Briantais, le singulier Nantais dont personnellement j'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog. C'est du 7 au 29 octobre. Le vernissage ce sera samedi prochain le 7, à 18h (ouverture de la galerie dès 14h). Adresse de la Maison sous les paupières... voyez l'affichette ci-dessous :

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      Sans transition, signalons aussi l'exposition plurielle de visionnaires et créateurs dissidents que concocte chaque mois de septembre, depuis des années, le Musée de la Création Franche à Bègles. Si la plupart des créateurs ou artistes présentés me sont inconnus, et je ne peux donc rien en dire de particulier, à part signaler leur présence, on notera tout de même qu'en fait partie Solange Knopf que j'ai plusieurs fois défendue ici même et aussi dans les colonnes de la revue du musée : je fais allusion à l'entretien que j'avais réalisée avec elle dans Création Franche n°41, en décembre 2014 (« Quelques questions à Solange Knopf au-delà des ténèbres »). "Visions et créations dissidentes", musée de la Création franche, du 30 septembre au 3 décembre 2017. A noter qu'à l'issue du vernissage qui a eu lieu le 30 septembre dernier, le nouveau maire de Bègles, Clément Rossignol Puech, a remis symboliquement les clés du musée au Président de Bordeaux Métropole, en l'occurrence Alain Juppé. Je crois qu'on espère au musée que ce transfert de propriété des locaux (et non pas de l'entité administrative et artistique qui reste l'apanage de la ville de Bègles) ouvrira la porte à des travaux d'extension dont la collection a bien besoin, étant donné son étendue croissante.

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Dessin de  Solange Knopf présenté sur le site de la galerie d'Ys en Belgique où elle a une exposition parallèle à celle de Bègles (du 8 au 29 octobre).

 

     

      Ailleurs, c'est la folie qui requièrent les efforts de deux organisateurs d'exposition et pas des moindres, d'une part le MAHHSA (Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, anciennement Musée Singer-Polignac ; on annonce pour bientôt son déménagement dans de nouveaux locaux, la Chapelle de l'hôpital...  – désertée pour cause de mort de Dieu?), pour deux expos dont une déjà en cours, "Elle était une fois, Acte I" (du 15 septembre au 26 novembre 2017) et "Acte II" (Du 1er décembre 2017 au 28 février 2018) – c'est "l'Acte I "qui est commencé – et d'autre part,  la Maison de Victor Hugo place des Vosges qui va bientôt présenter une formidable exposition, montée avec l'appui de diverse collections et fondations, et intitulée "La folie en tête, aux racines de l'art brut". Cette dernière, comme son sous-titre l'indique, se veut comme une mise en perspective de quatre collections psychiatriques du XIXe siècle (celle écossaise du Dr. Browne – une des plus anciennes, puisque fondée en 1838 –, celle d'Auguste Marie – qui fut un des premiers en France à créer un Musée de la folie, à Villejuif il me semble –, et celles de Walter Morgenthaler et de Hans Prinzhorn). Ces collections existaient  donc bien avant que la collection d'art brut de Jean Dubuffet ne se monte elle-même (à partir de 1945), parfois en s'incorporant justement certaines anciennes collections de psychiatres (comme celle du professeur Ladame, par exemple). L'exposition se tiendra du 16 novembre 2017 au 18 mars 2018 (vous avez le temps donc). La commissaire d'exposition, en dehors du directeur de la Maison de Victor Hugo, Gérard Audinet,  en est Barbara Safarova, présidente de l'association ABCD. On note la présence, au sommaire du catalogue, de contributions de Savine Faupin et de Thomas Röske entre autres. Mais je m'étonne de ne pas retrouver de contributions de Vincent Gille qui travaillait encore il n'y a pas si longtemps à la Maison de Victor Hugo et avait contribué à plusieurs reprises à tisser de fructueuses collaborations du musée avec la collection d'ABCD.

 du vernissage, le Maire de Bègles, Clémen

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Exposants au MAHHSA dans le cadre d'"Elle était une fois Acte I".

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Visuel proposé par la Maison de Victor Hugo pour l'expo "La folie en tête".

 

25/08/2017

Cyril Constantin, un artiste total très méconnu...

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Un ouvrage d'art récemment paru (2016) sur un artiste savoyard oublié.

 

     Le mot "singulier" est parfois un peu accommodé à toutes les sauces. Cyril Constantin, géant barbu qui n'aima guère quitter les bords du Lac du Bourget, fut un artiste que, je parie, peu de gens connaissent, un artiste certes autodidacte, mais assez difficilement rattachable au corpus des artistes dits singuliers (dont le père tutélaire est peut-être Gaston Chaissac). C'est un prototype d'artiste ayant fait carrière avant tout dans sa région. Né en 1904 à Chambéry, il passa la plus grande partie de son existence à Aix-les-Bains, avec une parenthèse à Tresserve, près du Lac, où il se bâtit sa propre maison qui se voulait un Temple de l'Art et un "Empire de Cyrilie" avec une monnaie propre. Il décède à Aix en 1995 à 91 ans.

     Certes, il n'a pas de formation en écoles des beaux-arts. C'est un autodidacte qui a des intuitions géniales. Au départ, il se crée une affaire de confection et chapellerie, il est sportif, et passionné de mécanique, suffisamment pour pouvoir construire un petit avion en kit qu'il appelle le "Pou du ciel". En 1937, il dépose un premier brevet d'invention. Ce goût de l'invention est sans doute ce qui le caractérise en premier, même si la plus grande partie de son existence se passe à la lumière de l'art. Lors de son mariage, il se déclare d'ailleurs avant tout "inventeur". La peinture lui est venue, écrit Geneviève Frieh-Giraud, sur "un coup de tête", en 1943. Il peint une grande toile, reproduite curieusement partiellement dans le livre, alors que cela paraît son œuvre-clé, en 1944, "Satan conduit le bal".

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Le peintre âgé devant sa toile "Satan conduit le bal", peinte dans sa jeunesse, photo extraite du livre Cyril Constantin artiste singulier ; il y a du Ensor dans ce tableau-là, qui fut offert par la suite à la ville d'Aix-les-Bains.

 

     Il va, semble-t-il, rencontrer un certain succès  dans les milieux parisiens, il expose en galerie, l'Etat lui achète deux tableaux "pour les Collections nationales". Il fréquente Frédéric Delanglade, le peintre surréaliste qui était aussi ami du Dr. Ferdière. Mais il ne paraît pas s'entendre avec ce milieu de galeristes parisiens, il s'embrouille lors d'un accrochage à la galerie de Katia Granoff. L'homme a du caractère, peut-être trop ? Il va surtout se contenter dans ces années d'après-guerre de créer un mouvement d'artistes dans sa région natale. C'est un bon vivant, il a tout du rapin friand d'agapes et de beuveries, les canulars ne sont pas pour l'effrayer. Il projette à un moment d'aménager le Lac du Bourget de façon révolutionnaire.

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Cyril Constantin projetait d'araser une montagne, la Dent du Chat, pour en faire une pyramide ; les roches enlevées serviraient de fondations pour des îles artificielles : l'Ile au trésor, l'île déserte, l'île aux rats, L'île Liputienne, le belvédère des dieux, etc. ; plan extrait du livre de Geneviève Frieh-Giraud.

 

    Sa peinture a quelque chose d'à la fois naïve et expressionniste. Hélas, si l'on se base sur ce que met en avant le livre de Geneviève Frieh-Giraud, les sujets qu'affectionnent le peintre manquent passablement d'imagination, se complaisant fréquemment dans l'iconographie chrétienne ou les autoportraits qui trahissent chez Constantin une admiration sans borne pour son reflet. C'est peut-être cette faiblesse d'inspiration dans les sujets qui ont rejeté ce peintre dans l'ombre. Il faudrait une exposition rétrospective bien choisie qui nous présenterait ses œuvres les plus originales pour se faire une idée plus juste. Car, c'est un des mérites du livre, on voit, de ci de là, tout de même, surnager quelques pépites, des tableaux, mais aussi des résultats d'expérimentations de tous ordres, la vocation initiale d'inventeur ayant fini par reprendre le dessus au cœur de l'art. Constantin grave, tripatouille la matière, invente un nouvel alliage, le cyrillium, qu'il trouve le moyen  de fondre avec le verre en compagnie d'un maître-verrier de ses amis.  Il mène toutes sortes d'expériences, il a un côté alchimiste. Puis il paraît abandonner à un moment, dans les années 1960, la peinture pour se consacrer à ce qu'il appelle la "cyrillovision", projection lumineuse de couleurs et de formes aléatoirement mélangées, en mouvement. L'époque où il se lance là-dedans est celle de l'art cinétique, d'autres sont aussi intéressés que lui par la création avec la lumière (Asger Jorn, le peintre danois, par exemple fixe sur des toiles les trajectoires de faisceaux lumineux qu'il a tracées dans l'air).

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     Cyril Constantin a quelque chose de l'Italien Giuseppe Pinot-Gallizio, autre créateur autodidacte (à la base, il était pharmacien) peu connu en France, alors que ce fut un créateur génial, situationniste (au début du mouvement), promoteur d'une "caverne de l'anti-matière" aux parois couvertes de peinture, et initiateur de la peinture explosive, puis de la peinture industrielle produite par une machine crachant aléatoirement de la peinture sur des dizaines de mètres de rouleaux de toile blanche, le but étant la destruction du marché de l'art... Constantin participait ainsi - le sut-il? - des expérimentations de son époque, mais encore une fois, le sujet souvent religieux de ses peintures l'éloigne de toute velléité de rapprochement rigoureux avec les autres artistes d'avant-garde que j'ai cités, parfaitement athées, eux, et ennemis de toute adhésion à une quelconque religiosité.

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Cyril Cosntantin, exemple des résultats obtenus par le procédé de projection de la "Cyrillovision", photo extraite (comme celles ci-dessus) du livre de Geneviève Frieh-Giraud.

 

     Cependant, il peut être curieux de chercher à mieux connaître la vie et l'œuvre de ce personnage "singulier" que je ne fais ici qu'effleurer et que restitue au plus près l'ouvrage de Geneviève Frieh-Giraud, car l'homme était à n'en pas douter un phénomène hors du commun, quoique fils de son époque.

 

Pour se procurer le livre, on ira voir à la librairie de la Halle Saint-Pierre (à partir de septembre, car en août ils sont fermés), et sinon, on peut le commander directement à l'Association pour la sauvegarde du patrimoine de Tresserve, Mairie, 40 chemin de Belledonne, 73100 Tresserve.

13/07/2017

Petit séjour créatif dans l'Entre deux mers à "la Maison sous les paupières"

     D'un autre coup d'ailes avec mon chauffeur privé, je me suis blotti un mois à l'intérieur de "La Maison sous les paupières", cette galerie-maison installée au cœur du village girondin de Rauzan parmi les vignes, fondée par Anne Billon, ex animatrice du Musée de la Création Franche à Bègles. Histoire d'échapper à la canicule (délicieuse fraîcheur des anciennes demeures) et de prendre tout de même sur le coin de la figure, comme tout un chacun en juin, des seaux d'eau qui parfois jouaient leur petite musique expérimentale dans les dessins que j'y ai produits (en les oubliant dans le jardin). Une série de photos de quelques-uns des dessins créés a été insérée sur le Facebook de "la Maison sous les paupières", genre de plateforme à laquelle je ne m'abonne pas personnellement, mais si ça intéresse quelques lecteurs, c'est par ici qu'il faut cliquer...

 

Le visage dans la rose (2).jpgBruno Montpied, Le visage dans la rose, photo prise dans le jardin de "la Maison sous les paupières", 2017.

 

08/07/2017

Une parabole sur les rapports France-Afrique

     Cela fait plusieurs fois qu'avec divers interlocuteurs je vante les bénéfices (intellectuels...) qu'il y aurait à monter une exposition exclusivement consacrée à de brillants anonymes de l'art, naïfs, populaires, bruts, voire rien de tout cela, tout simplement autres, pourvus que les œuvres soient véritablement singulières et originales. Beaucoup de collectionneurs et chineurs invétérés possèdent de ces tableaux ou sculptures qui ont su capter leur attention, tout en étant bon marché très souvent, du fait qu'il est difficile de faire entrer ce genre de marchandise dans une quelconque démarche d'investissement... Pas de cote possible, on ne connaît rien de l'auteur, c'est déjà bien beau si on a une signature. Dans ce dernier cas, il est cependant passionnant d'essayer de retrouver l'auteur, dans le passé ou le présent. Je connais des amis du côté des Pyrénées qui n'hésitaient pas à une époque à rechercher dans le bottin toutes les personnes du même nom qu'ils avaient relevé sur une toile chinée dans un vide-greniers, et puis ensuite à appeler toutes les personnes... dans l'espoir de retrouver "l'artiste" inconnu. Sur ce blog, le lecteur a dû se convaincre que c'est le genre de recherche que nous sommes quelques-uns à aimer poursuivre (voir récemment le nom d'un sculpteur sur sable du début XXe siècle qui nous a interpellés : Winter Querée... Ou encore le cas du nommé Pierre Dange dans l'Yonne, sur lequel j'apporterai une information nouvelle dans mon livre, Le Gazouillis des éléphants, à paraître en novembre en librairie).

Anonyme d'origine africaine (2), Je te donne la friperie et le médicament, tu me donnes la forêt et le pétrole, ça colle....jpg

Anonyme, Je te donne la friperie et le médicament. Tu me donnes la forêt et le pétrole ; Ça colle ?, 52 x 67 cm, sans date, crayons graphite et couleur sur papier, coll. et photo Bruno Montpied.

 

     Ces anonymes œuvrent sans se soucier de se faire connaître. Ils sont de styles très divers, et ne se rangent pas nécessairement du côté de l'art dit brut. J'en donne un exemple ci-dessus. C'est le galeriste lyonnais Alain Dettinger qui est tombé sur ce dessin, parmi d'autres (une petite dizaine d'œuvres retrouvées). Aucun renseignement de la part du vendeur sur l'auteur. Est-il d'origine africaine? On ne sait. Il vivrait cependant en France... Tous les dessins comportent des textes qui commentent les scènes, représentées avec un bon coup de patte graphique, je trouve. Je n'ai pas photographié l'ensemble malheureusement, je me souviens de l'un d'entre eux qui comportait le texte suivant (je cite de mémoire): "Ma femme a accouché comme une chèvre"... Celui dont je mets la reproduction ci-dessus, dénonçant visiblement l'arrogance et la condescendance occidentale vis-à-vis de l'Afrique, est d'une causticité pince-sans-rire magnifique. Si quelque lecteur du blog en connaissait par hasard davantage sur cet auteur, qu'il n'hésite pas à intervenir en commentaire ou en privé.

Anonyme, Je te donne la friperie et le médicament. Tu me donnes la forêt et le pétrole ; ça colle (détail).jpg

     Quel responsable de lieu d'exposition aura l'audace d'organiser une manifestation uniquement consacrée aux anonymes de l'art, les véritables purs de l'art, créant avant tout pour eux-mêmes par amour de l'art et de l'expression? Ce serait la démonstration de l'existence de cette pulsion créatrice errante qui naît au sein de la vie quotidienne sans recours à une recherche de gloriole, au rebours des artistes cabotins avant tout préoccupés d'exhiber leurs nombrils...